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29 septembre 2025
BARÇA, LA FIN DU MIRAGE
Parce qu'il a oublié son ADN, parce qu'il a voulu copier un modèle qui ne lui correspondait pas, le FC Barcelone a fini dans le mur. Cette humiliation historique face au Bayern Munich (2-8) sanctionne sa longue agonie
Eurosport |
Martin Mosnier |
Publication 15/08/2020
Parce qu'il a voulu faire comme les autres plutôt que de cultiver sa différence, parce qu'il s'est reposé sur ses acquis plutôt que de chercher à s'améliorer et parce qu'il s'est bercé d'illusions, le FC Barcelone s'est pris un mur ce vendredi face au Bayern Munich (2-8). Une issue spectaculaire, mais inévitable.
Être le Barça ne suffit pas. Être le Barça n'a jamais suffi. C'est parce qu'il a oublié cette règle élémentaire que le FC Barcelone s'est peu à peu délité depuis plusieurs années. Parce qu'il a oublié son ADN, parce qu'il a voulu copier un modèle qui ne lui correspondait pas, le FC Barcelone a fini dans le mur. Cette humiliation historique face au Bayern Munich (2-8) sanctionne sa longue agonie. Les titres en Liga et les exploits de Lionel Messi ont entretenu un mirage qui ne lui a finalement pas rendu service. La réalité a fini par lui exploser au visage.
Comment en arrive-t-on à une telle déconfiture ? Comment en arrive-t-on à encaisser un doublé du joueur le plus cher de l'histoire du club et qui appartient toujours aux Blaugrana ? Ce vendredi n'est que la spectaculaire et douloureuse conséquence d'une somme de reniements et de mauvaises décisions. Cette défaite n'est pas un accident. De la leçon reçue par la Juventus en 2017 (3-0) à ce 8-2 en passant par les deux remontadas face à l'AS Rome et Liverpool, chaque saison de Ligue des champions est plus embarrassante que la précédente pour le Barça.
Neymar, la bascule
A priori, il ne pourra pas faire pire l'an prochain. Mais c'est parce qu'il n'a pas tiré les leçons de ses échecs successifs que le géant de Catalogne est devenu un souffre-douleur en Europe. Sa première erreur est de ne pas avoir su sécuriser Neymar en 2017 et de s'être exposé au départ de celui qui devait accompagner Messi avant de lui succéder.
Son départ a brisé la dynamique offensive et bouleversé les rapports de force. Parce qu'il n'a pas voulu perdre la face cet été-là, le Barça a joué contre-nature en surpayant deux joueurs (Coutinho et Dembélé) dont les performances avant et surtout après leur arrivée en Espagne ne justifiaient pas de telles dépenses...
EXCLUSIF SENEPLUS - Il n’y a pas d’époque plus belle qu’une autre. L’enjeu est la création d’un État visionnaire qui ne propose pas les posologies d’hier pour les maladies d’aujourd’hui
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 15/08/2020
« Nous devons nous évertuer à réduire les conflits mais non pas les supprimer. Leur existence même est essentielle à la société ouverte » (Karl Popper)
La querelle des anciens et des modernes remonte loin dans le temps. Nous avons encore en mémoire celle qui opposa, en Occident, les classiques, fidèles à l’antiquité et les modernes, adeptes du contemporain. Chaque génération pense que son époque est la meilleure.
La nostalgie, une manière de rester fidèle au passé, est un sentiment commun à tous les hommes. Elle fait resurgir notre vécu sous diverses formes et nous rappelle l’ancien temps comme si nous sommes incapables de changer de monde. Dans plusieurs domaines, la mode refuse de passer de mode.
Dans la musique, la littérature, le cinéma, le stylisme, l’art culinaire sans oublier les loisirs, ils sont nombreux ceux qui ont fait vocation de ressusciter le passé parce qu’il serait plus agréable à regarder. Tout se passe comme si le présent fait peur, et l’avenir incertain.
Comme s’il vivait dans une société en péril, l’homme urbain ou moderne donne l’impression de fuir ce qu’il a fait et surtout ce qu’il n’a pas réussi à faire, conscient que l’échec d’aujourd’hui aura un impact sur le futur. Cette manière de se désolidariser est une lâcheté pleine d’adeptes sous tous les cieux.
Comme lors de la bataille des classiques et des modernes, l’on est témoin aujourd’hui encore de débats houleux sur des moments historiques. Les pionniers de l’indépendance ou les pères fondateurs de nos États soupirent toujours, en rappelant la fierté qu’ils éprouvaient de protéger l’héritage qu’ils avaient honte de dilapider. Leurs suivants immédiats exprimaient leur peur de voir les derniers arrivés se ruer sur les mêmes biens avec une voracité sans exemple.
Les différences ne s’arrêtent pas qu’à l’intégrité. Elles touchent l’hygiène, le respect de l’environnement, le respect dû aux ainés, l’éducation, le savoir, le savoir-faire et le savoir être. Elles concernent aussi la musique et, par extension, l’art en général, les goûts culinaires, les loisirs, etc. Les disputes surviennent lorsqu’il s’agit de situer les responsabilités de la rupture.
Il est de mise que les ascendants reprochent aux descendants tous les défauts de la terre. Comme dans une situation de revanche ou de questionnement prolongé, les générations montantes imputent leurs supposées tares à ceux qui leur ont donné la vie.
Les héritiers rappellent aux prédécesseurs leurs propres récits sur la rigueur de leurs géniteurs. Ils soutiennent avoir été dressés pour cultiver en eux l’esprit civique, la solidarité, l’adhésion aux valeurs sociales auxquelles il fallait se plier sans murmure ni hésitation.
Autant ils ont été des êtres obéissants, préparés aux rigueurs de la vie, autant ils ont fait preuve de légèreté se courbant aux desiderata de ceux qui devaient prendre leur relève biologique, professionnelle et générationnelle. Ceux-ci brandissent la comparaison avec leurs grands-pères, présentés comme plus rigoureux, plus en phase avec leurs racines, plus portés sur les vertus que sur le clinquant du bien matériel. Ils disent n’avoir pas eu de modèles autres que ceux portés par la course effrénée à l’argent, aux maisons cossues, aux bolides, à la bonne chère. Un tel héritage ne laisse que peu de place au goût du travail bien fait, à la frugalité, au refus des réussites achetées, de l’argent non mérité et à la conscience morale ramollie.
Ils disent que leur legs est la vie facile, le moindre effort, les vacances assurées comme si leurs géniteurs voulaient rattraper les manques de leur enfance. Une manière non avouée de se dédouaner de l’ère spartiate d’autrefois, imposée pour maintenir la dignité et l’intégrité.
Les psychanalystes verraient, comme un transfert, cette obsession à donner à ses enfants ce que l’on a voulu arracher à un royaume onirique. On s’échine à le faire sans y mettre le préalable de l’effort qui permet de comprendre que la vie est lutte permanente plutôt qu’un long fleuve tranquille.
Cette propension à gommer les difficultés comme par enchantement trahit une tendance à la surprotection qui conduit à l’entrée tardive dans la vie adulte supposant la capacité de jugement et le sens des responsabilités. C’est ce que l’on appelle la préparation à affronter le réel.
En fermant les yeux, en refusant d’assumer leur part de responsabilité ou d’irresponsabilité, les parents accablent leurs enfants. Ils se demandent comment ils n’ont pas su relever des défis dont on ne leur a jamais fait soupçonner l’existence ni même la probabilité parce qu’on leur prévoyait une existence sans anicroches.
Le souhaitable ne coïncidant pas toujours avec le possible, le déphasage fait tomber les désillusions d’une vie que l’on voulait lisse comme un œuf. C’est ainsi que dès l’enfance, ils ont été dorlotés dès leur berceau par des fées, mis à l’abri, à l’adolescence par des parents faibles et tout obtenu à l’âge adulte sur un plateau d’or.
Les nouvelles générations n’ont pas reçu l’armure qui permet de faire face aux assauts de l’imprévu sans chuter.
Lorsque l’enfant paraît, il est déjà le fruit d’une histoire et d’une géographie et donc d’une société avec ses forces et ses faiblesses. Il devient propriétaire de tout ce que les générations précédentes ont bâti hier pour faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Pour créer un être prêt à la vie, il faut le construire comme un bâtiment imprenable, avec des pierres solides et sans tache.
On observe à l’heure actuelle que les munitions devant la nouveauté, les agressions de l’environnement du 21è siècle n’ont pas été à la hauteur des menaces. A aucune étape, les jeunes n’ont été au contact des aspérités de la vie, des sorties de route, des choses qui ne se déroulent pas comme elles avaient été attendues. Tout imprévu devient un dilemme. La recherche de solution se transforme en une angoisse avec son corollaire de crises de nerfs chez un caractère non trempé, habitué à croire que les difficultés sont le lot des autres.
Est-il raisonnable ou tout simplement juste de leur demander de donner ce qui ne leur a pas été donné. Très tôt, les géniteurs les ont aidés à rompre le cordon ombilical avec leur terre-mère.
A la décharge des parents, sans être une excuse, il faut reconnaître qu’ils ont été projetés, sans transition, de leur univers mental rural à un nouveau mode de vie entre l’Afrique et l’Occident. La brutalité du choc a déteint sur la formation des héritiers. A commencer par la langue maternelle, signe « d’arriération » alors qu’elle est le premier rempart contre l’aliénation.
De même, s’ils ont jamais existé, les retours aux sources, tendent à disparaître, à force d’être espacés. La conséquence immédiate est le changement de repères spatiaux et de références culturelles qui viennent désormais des pays qui n’accueillent que des vacances scolaires, des endroits vus comme « l’eldorado ». Cette interruption de la transmission de relais rend aléatoire le passage de témoin entre générations.
Le gap constaté explique le quiproquo que l’on décèle dans les accusations réciproques, chacun tenant l’autre pour responsable du chainon manquant. Les plus âgés se plaignent de l’extraversion des jeunes, qui, tout en le reconnaissant, à leur tour leur en rendent responsables avec force arguments.
Ce malentendu explique aussi pourquoi les attentes sont déçues. L’on ne peut donner ce que l’on n’a pas reçu d’un milieu où l’on n’a ni expérience ni racine. Les disputes deviennent récurrentes, chacun jetant la pierre à l’autre.
Les parents lancent, pêle-mêle, le manque d’initiatives des plus jeunes, leur paresse intellectuelle, leur manque de concentration sur l’ouvrage, leur inclination au gain facile, leur incorrigible irrévérence due à la perte des valeurs traditionnelles comme le respect, l’intégrité et la probité morale.
Les jeunes reprennent la pierre qui leur est jetée avec leurs répliques cinglantes. Ils rétorquent que les parents font tout ce qu’ils interdisent : achats de leurs diplômes, passe-droits, goût immodéré du luxe, achats des consciences pour les votes, tripatouillages des constitutions, trucage des élections, élimination des adversaires politiques, absence de loyauté.
Au registre des anti-valeurs, les jeunes citent aussi la mise au pas des institutions chargées de départager vainqueurs et vaincus, les comptes en banque garnis à l’étranger, sans compter les résidences de luxe et les véhicules rutilants. Les mêmes travers, en grandeur nature, qui servent de modèles à ceux chargés de pérenniser la civilisation, d’assurer la continuité de l’État et la préservation de la nation en voie de dislocation.
Avec leur tempérament d’affranchis, portés de plus en plus sur le verbe, les jeunes décrivent l’âge d’or tant vanté par leurs parents, qui ont tourné le dos aux vertus de leur époque, comme un mythe depuis qu’ils ont échappé à la tutelle de leurs ascendants et qu’ils ont remplacé leurs cases en toits de chaume par des villas avec piscine. Autre habitat, autre mentalité.
Au fait, nous ne le savons tous, il n’y a pas d’époque plus belle qu’une autre. Toutes sont grandes ou petites selon les moments de l’histoire. En revanche, il y a des gens de valeur dans toutes les générations tout comme ceux de moralité douteuse. La vie est ainsi faite que l’on ne peut pas inculquer durablement ce que l’on n’est pas soi-même.
Les enfants qui viennent après ne font pas qu’écouter et obéir. Ils regardent et comparent ce qui est dit avec les actes posés. Ils font le tri entre les valeurs enseignées et celles appliquées. Chaque génération devient le produit de son héritage et veut que sa vérité soit entendue et même reconnue.
L’enjeu est la création d’un État visionnaire qui ne propose pas les posologies d’hier pour les maladies d’aujourd’hui ni ne tente de gommer tous les problèmes. L’enjeu est aussi de sauver nos sociétés modernes qui sont le pointillé des sociétés rurales encore relativement à l’abri des grands bouleversements mondiaux. Dans cette tâche dantesque, il faut prêter une oreille attentive à Karl Popper : « Nous devons nous évertuer à réduire les conflits mais non pas les supprimer. Leur existence même est essentielle à la société ouverte »
Derrière la démission fracassante du monument de la cancérologie, Papa Touré, se cache un malaise très profond qui risque de saper le moral de bien des membres du corps médical de cet hôpital censé être de référence
Si c’était une personne, on aurait dit qu’elle marche sur une seule jambe, ou même une béquille. De l’extérieur, l’hôpital Dalal Jamm n’a rien à envier aux plus grandes structures hospitalières du Sénégal. Bien au contraire ! Une superficie qui s’étend à perte de vue ; de belles constructions ; des équipements de pointe… Dalal Jamm a tout pour bousculer la hiérarchie des hôpitaux sénégalais.
Hélas, plus de 4 ans après son ouverture, l’établissement ne décolle toujours pas. Au grand dam de certains médecins. L’espoir très grand, ils avaient regagné leur poste dans le nouvel hôpital, avec beaucoup d’enthousiasme. Jusqu’à présent, la plupart peinent à être opérationnels. ‘’Pour dire vrai, les choses n’ont pas encore vraiment démarré. Pour le moment, la plupart des services ne font que des consultations et quelques explorations, pas d’hospitalisation. Il n’y a donc pas encore d’activité hospitalière au vrai sens du terme. C’est peut-être pourquoi les populations ne sentent pas vraiment l’impact’’, témoigne cet agent sous le couvert de l’anonymat.
Entrée de l’hôpital. Il est presque 13 h. Quelques agents filtrent minutieusement les entrées. Un véritable bunker. A l’intérieur, très peu de mouvements. Une pléthore de personnels se charge de l’accueil et de l’orientation des visiteurs. Pour les lettrés, pas de grande difficulté pour se retrouver. Des plaques indiquent la direction de chaque service. Alors que certains sont pris d’assaut, d’autres sont déserts. Pour un hôpital de niveau 3, il n’y a ni bloc opératoire ; urgences chirurgicales ; ni une imagerie médicale performante. ‘’En fait, il n’y a pas ce pourquoi on parle d’imagerie : notamment le scanner. Aussi, il n’y a pas d’unité de réanimation. Avec la Covid-19, ils ont mis en place une unité, mais vous imaginez que c’est uniquement pour les patients atteints de Covid-19’’.
Financé à coups de 50 milliards de francs CFA, Dalal Jamm avait pour vocation d’être national. Pour le moment, il peine même à s’imposer à Ficc Micc, quartier populaire où il a été construit. Sur la route qui mène vers Tally Bou Mak, à 200 m environ de l’hôpital, juste en face de l’école Ndiarka Diagne, un groupe d’une dizaine de jeunes garçons devisent tranquillement autour du thé. Rares sont ceux qui ont mis les pieds à l’intérieur de Dalal Jamm. A la place, certains préfèrent Roi Baudoin, un hôpital plus éloigné et de niveau inférieur. D’autres fréquentent Dominique, qui est un centre de santé situé à Pikine. A en croire Cheikh Fall, ce n’est pas de gaieté de cœur. ‘’Dans les grands hôpitaux, les services fonctionnent tous les jours. Ici, j’y ai emmené mon père à deux reprises et il a été éconduit. C’est par la suite que j’ai commencé à l’emmener à Dominique. Depuis, je vais directement là-bas. Je ne vois pas l’utilité de me rendre dans un hôpital où j’ai plus de chance de ne pas trouver un médecin. En vérité, nous ne sentons pas la présence de cet hôpital. Demande-leur (il désigne ses amis du doigt). Personne, ici, ne va là-bas. C’est comme si les gens ne savent pas que l’hôpital existe. On l’entend juste de nom’’, fulmine-t-il.
Selon les jeunes, il leur est arrivé, à trois reprises, qu’un de leur camarade se fracture la jambe au cours d’un match de football. Une fois à Roi Baudoin, on les évacue directement à Dakar. ‘’Nous ne savons pas pourquoi. Nous savons juste que les évacuations de Roi Baudoin, c’est Le Dantec, Hoggy ou Principal. Je n’ai jamais vu une évacuation à Dalal Jamm. Nous ne savons rien de cet hôpital. Aussi, depuis qu’il a commencé à fonctionner, je n’ai jamais vu quelqu’un quitter la morgue pour être amené dans notre mosquée, en vue de la prière mortuaire. Je ne l’ai jamais vu’’, insiste M. Fall.
Dans ce quartier situé en plein cœur de Guédiawaye, la plupart des femmes qui doivent accoucher se rendent au niveau du poste de santé du coin, chez une certaine Mme Ndoye. Après plus de quatre ans de mise en service, Dalal Jamm ne fait toujours pas d’accouchement. Faute de bloc opératoire. Le directeur Moussa Same Daff précise : ‘’Il faut savoir que la maternité fonctionne. Il y a les consultations prénatales, les consultations postnatales, l’échographie, la colposcopie… Il y a juste les accouchements qu’on ne fait pas encore, à cause de l’absence du bloc opératoire.’’
Une explication qui a du mal à passer auprès des populations. ‘’C’est inadmissible pour un hôpital qui se respecte, peste Ousmane. Il suffit d’aller à la Polyclinique qui se trouve à côté pour se rendre compte que cet hôpital ne fonctionne pas comme il se doit. Cette clinique privée est tout le temps remplie. Nous sommes dans une zone où les populations n’ont pas beaucoup de moyens. Il faut que l’Etat nous aide à mettre aux normes cette structure. D’autant plus que l’on nous dise qu’il y a de très grands spécialistes là-bas’’.
Médecine de luxe
C’est dans ce contexte qu’est intervenu le fameux projet de bâtir deux centres dédiés respectivement à la procréation médicalement assistée et à la greffe de moelle. En claquant la porte avec fracas, le désormais ancien président du Conseil d’administration, Pr. Papa Touré, n’a fait que porter à la connaissance du grand public un débat jusque-là étouffé à l’intérieur des murs de l’hôpital. Le hasard aura voulu que l’affaire soit tombée à quelques jours du terme de son mandat. D’après les témoignages, le professeur a bâti sa réputation sur du béton.
Décrit comme un homme intègre, très à cheval sur les principes, l’homme disait, dans sa lettre de démission adressée au président de la République : ‘’Le centre national hospitalier Dalal Jamm, ouvert maintenant depuis 5 ans et destiné à être un des fleurons de notre système de santé hospitalière, fonctionne encore comme un centre de santé. Les structures essentielles de son plateau technique (laboratoires, imagerie médicale, réanimation, blocs opératoires, services d’urgences, etc.) ne sont toujours pas fonctionnelles.’’
Et d’ajouter : ‘’C’est devant une telle situation que nous apprenons votre décision d’accorder à l’hôpital Dalal Jamm une subvention d’un milliard et demi de francs CFA pour la construction de deux bâtiments destinés à abriter un centre de greffe et un centre de procréation médicale assistée. Une telle décision que je ne saurais défendre ne répond ni aux besoins immédiats de cet hôpital ni à l’urgence qu’impose la pandémie ni à nos impératifs de santé publique.’’
Ainsi, lui demande-t-il gentiment de le décharger de ses fonctions. Une décision certes symbolique, mais qui a tout son sens, selon son ancien collaborateur, l’anesthésiste-réanimateur, Dr Oumar Boun Khatab Thiam. Il déclare : ‘’C’est un homme à qui on doit rendre hommage. Toute sa vie, il s’est battu pour des principes. Avec tout ce qu’il a fait pour la médecine au Sénégal, il ne pouvait cautionner un tel acte. C’est comme ça qu’il faut comprendre sa démission. C’est quelqu’un qui s’est battu pour que Dalal Jamm soit un hôpital au top. Au lieu de l’accompagner avec des moyens, on prend plus d’un milliard pour la procréation et la transplantation de moelle épinière. Je pense qu’il a parfaitement raison de claquer la porte pour marquer son désaccord.’’
Egalement président de l’Alliance nationale pour la sécurité des patients, Dr Thiam ajoute : ‘’Je pense que tout le monde a intérêt à ce que cet établissement réponde à sa véritable vocation. C’est une structure qui a d’énormes potentialités, vu les sommités qui y ont été affectées. Mais il faut reconnaitre qu’il n’est pas encore un hôpital au vrai sens du terme. C’est encore comme un centre de santé. Dans ces conditions, nous sommes tous interpellés, quand on veut y instaurer cette médecine de luxe. Je ne dis pas que ce n’est pas important. Mais il y a beaucoup d’autres priorités pour Dalal Jamm.’’
En fait, selon des sources bien au fait du dossier, dans cette affaire, c’est le chef de l’Etat lui-même qui a donné des instructions allant dans le sens de la construction de ces deux centres. Loin de nier la pertinence de ces projets, nos interlocuteurs mettent surtout l’accent sur le sens des priorités.
A l’instar de Dr Thiam, cet agent se désole : ‘’Comment on peut approuver un projet pour procréation assistée (donc pour les gens nantis), alors que la majorité des femmes enceintes à Guédiawaye et partout au Sénégal peinent à accoucher correctement, faute d’équipements et d’infrastructures. Les gens semblent ne pas se soucier de la santé des populations.’’ Pour d’autres, la source véritable de toute cette confusion, c’est le manque de concertation. ‘’L’idéal aurait été que toutes les parties prenantes réfléchissent ensemble pour avoir un consensus sur les priorités. La version officielle est que c’est une injonction venue du sommet de l’Etat... D’autres versions ont ensuite été servies. Toujours est-il que beaucoup ont pensé que l’urgence était de permettre à l’hôpital de démarrer. Après seulement, on peut aller sur les projets plus ambitieux’’, souligne un de nos interlocuteurs.
Professionnalisme et compétence des agents
Pour lui, il y a, à Dalal Jamm, des personnels de très grande qualité qui n’attendent que les conditions soient réunies pour donner le meilleur d’eux-mêmes. ‘’C’est tout ce que nous demandons. Il faut le minimum nécessaire pour démarrer l’activité, répondre aux besoins des populations. Après, les gens pourront penser à la médecine de prestige. Actuellement, il faut le dire : on ne soigne pas grand monde. Il ne faut pas oublier que cet hôpital a également pour vocation de contribuer à la formation des étudiants. Mais pour ce faire, il faut des services qui fonctionnent. On ne peut prendre quelqu’un qui apprend la chirurgie sans un service de chirurgie’’.
Malgré les nombreux impairs dus à la non-disponibilité de certains équipements, certaines populations saluent le professionnalisme et la compétence des agents. Trouvée dans sa boutique où elle expose des aliments de bétail, mère Ndiaya se réjouit : ‘’Moi, je fréquente Dalal Jamm. J’y accompagnais un parent qui habite Louga. C’était pour des massages. Honnêtement, on s’était très bien occupé de lui. Il y a d’excellents médecins. De plus, l’accueil est magnifique. C’est un hôpital très bien organisé.’’
Un des services les plus fréquentés, la rhumatologie, fait partie des fiertés de Dalal Jamm. Mais pour être consulté, il faut se munir de patience. Un des secrétaires médicaux explique : ‘’Le service fonctionne du lundi au jeudi. Tous les jours, on prend 15 personnes. Mais en cas urgence, on les prend. Il y a une très forte demande. Pour vous donner une idée : ceux qui viennent aujourd’hui auront rendez-vous pour le 2 septembre prochain.’’ D’autres services comme la pédiatrie et la cancérologie sont également très prisés par les patients. Avec deux appareils de radiothérapie fonctionnels, l’hôpital prend en moyenne 50 patients par jour. Les délais d’attente sont évalués à 15 jours. Mais le nœud du problème reste l’absence de bloc opératoire qui plombe toute l’activité. ‘’C’est pourquoi nous avons moins d’impact que certaines structures de moindre niveau. Il est impératif de faire bouger les choses’’, confie un médecin.
LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE, L'EXEMPLE SÉNÉGALAIS
Le Sénégal est souvent cité comme un exemple de démocratie apaisée en Afrique de l’Ouest. Le pays n’a pas connu de coup d’Etat militaire depuis le 4 avril 1960, date de son indépendance. Une exception dans la région
Le processus démocratique au Sénégal est un exemple en Afrique de l’ouest. Pour Babacar Guéye, professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, plusieurs raisons expliquent cette exception sénégalaise.
En 60 ans d’indépendance, le Sénégal n’a en effet enregistré aucun coup d’Etat militaire. Une exception selon Babacar Guéye.
"Nous avons une armée qui est une armée républicaine. Nous avons des officiers qui ont été formés dans les meilleures académies du monde, qui ont une certaine idée de l’Etat et qui savent que le pouvoir militaire est normalement soumis au pouvoir civil. Une autre raison vient de ce que les militaires les plus gradés sont assez-bien lotis et que notre classe politique est également une classe extrêmement très politisée et consciente de l’importance du pouvoir civil."
Des coups de force manqués
L’histoire politique du Sénégal a toutefois connu des tentatives de coups de force sous le régime du premier président, Léopold Sédar Senghor.
La première, en 1962, suite à un différend entre l’ancien président du Conseil, l’ancien premier ministre Mamadou Dia, et Léopold Senghor.
La deuxième tentative remonte aux années 80 avec des rumeurs de tentative de coup d’Etat qui n’ont jamais été matérialisées.
"Le Sénégal a toujours su créer cette synergie entre les partis politiques idéologiquement de gauche, de droite, libéraux ou d'extrême gauche. Et ils ont toujours su gérer ensemble le pouvoir. Cela se voit aujourd’hui puisque le président de la République, Macky Sall, bien qu’étant libéral, est soutenu par la coalition politique Benno Bokk Yakaar qui est un conglomérat de partis de gauche. C’est ce qui fait l’exception sénégalaise et qu’il ne peut pas y avoir de velléités de coup d’Etat", a expliqué Momar Thiam, analyste politique.
Au-delà de l’exception sénégalaise, rappelle Momar Thiam, le pays dispose d’organisations comme les mouvements de la société civile.
Sans oublier les confréries religieuses et les leaders d’opinion qui jouent le rôle de médiateur entre le pouvoir politique, les militaires, l’opposition et la population.
LE FINANCEMENT DU PREMIER RESPIRATEUR ARTIFICIEL SÉNÉGALAIS APPROUVÉ
Le comité exécutif du Fonds à frais partagés (FFP) exécuté par l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) a approuvé une convention de financement de la fabrication des premiers respirateurs artificiels du Séné
Dakar, 14 août (APS) – Le comité exécutif du Fonds à frais partagés (FFP) exécuté par l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) a approuvé une convention de financement de la fabrication des premiers respirateurs artificiels du Sénégal, a-t-on appris d’un communiqué.
’’L’objectif de cette convention est la subvention de la fabrication des premiers respirateurs artificiels sénégalais conçus par les élèves de l’Ecole Polytechnique de Thiès, dans le cadre des mesures de soutien prises suite à la pandémie du Covid-19’’, renseigne le document parvenu à l’APS.
Il s’agit d’un produit conçu et fabriqué au Sénégal et qui s’adapte aux besoins des structures médicales de base, notamment aux besoins des médecins, souligne le texte.
’’Ce respirateur a une grande facilité d’utilisation, sans contrainte sur la mobilité du médecin qui peut faire la surveillance et le contrôle de ses patients à distance’’, fait valoir la même source.
’’Le respirateur peut être surveillé ou contrôlé depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Il peut également fonctionner à l’énergie solaire, ce qui constitue une autre innovation tangible’’, ajoute-t-elle.
La signature de cette convention de financement est une occasion de développer l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes étudiants de l’Ecole polytechnique de Thiès, rapporte le communiqué.
’’Elle sera un vecteur de promotion d’emplois à haute valeur ajoutée et grâce à ce produit, l’on pourrait envisager à terme, quand la demande nationale sera satisfaite, l’exportation vers des pays de la sous-région’’, peut-on y lire.
LE BAYERN PULVÉRISE LE BARÇA
C'est un match qui fera date. Irrésistible, le Bayern Munich a offert une véritable leçon de football à un FC Barcelone complètement dépassé ce vendredi (8-2) en quarts de finale de C1
Un statut de grand favori plus que jamais confirmé: le Bayern Munich, en surclassant mercredi 8-2 le FC Barcelone de Lionel Messi en quart de finale de Ligue des champions, a délivré une nouvelle leçon de football, s'affirmant comme l'équipe à battre dans la compétition européenne.
Un statut de grand favori plus que jamais confirmé: le Bayern Munich, en surclassant mercredi 8-2 le FC Barcelone de Lionel Messi en quart de finale de Ligue des champions, a délivré une nouvelle leçon de football, s'affirmant comme l'équipe à battre dans la compétition européenne.
Trop fort, trop rapide, trop puissant. A l'image de l'inusable Thomas Müller, fer de lance du rouleau-compresseur bavarois avec un doublé (4e, 31e), le Bayern a encore une fois fait étalage de sa force de frappe inégalable depuis la reprise des compétitions.
Après avoir dominé l'opposition en Allemagne avec un doublé coupe-championnat et balayé Chelsea au tour précédent (3-0; 4-1), le géant allemand a poursuivi contre Barcelone sa série d'invincibilité en Ligue des champions cette saison, pour un bilan de neuf victoires en neuf matches, 39 buts marqués contre 8 encaissés. Tout simplement monstrueux.
Loin d'une "finale avant l'heure", ce classique contre le Barça a tourné à la démonstration à tous points de vue, un peu comme le triomphe 7-1 de l'Allemagne face au Brésil au Mondial-2014.
"Lors du 7-1 au Brésil nous n'avions pas eu autant le contrôle, nous avions été bons, certes, mais ce soir, nous avons été brutalement dominateurs", a savouré Müller.
Cette humiliation risque de précipiter le limogeage de Quique Setién sur le banc catalan, au terme d'une saison catastrophique de bout en bout. Le président Josep Maria Bartomeu, grandement fragilisé, a promis "des décisions" dans les prochains jours.
"Un match horrible. Une sensation néfaste. De la honte", a réagi le défenseur catalan Gerard Piqué, abasourdi au micro de la chaîne espagnole Movistar. "On a touché le fond."
- Première demi-heure fatale -
C'est la première fois depuis 2007 qu'aucun club espagnol n'atteint les demi-finales de la C1. Et à chaque fois que le Bayern et le FC Barcelone se sont affrontés en phase éliminatoire d'une Coupe d'Europe, le vainqueur de ce duel a remporté ensuite la compétition. Présage heureux pour les Bavarois ?
Avec des entames de matches aussi supersoniques, symbolisées par une ouverture du score dès la 4e minute, le PSG, Leipzig, Manchester City et Lyon, derniers adversaires encore en lice, ont en tout cas de gros soucis à se faire.
Sur un contre, Ivan Perisic trouve Müller à l'entrée de la surface, qui réussit un enchaînement de toute beauté: après avoir feinté la reprise de volée, le champion du monde allemand arrive à s'appuyer sur Lewandowski, pris en étau dans la surface, pour reprendre du gauche instantanément. Imparable !
Mais coup de théâtre dans la foulée. Le Bayern remet brièvement son adversaire dans le match quand Alaba, en voulant enlever le ballon promis à Luis Suarez, a vu son tacle défensif se transformer en but contre son camp (1-1, 7e).
Après cette égalisation heureuse, Suarez aurait pu donner l'avantage à son équipe dans la foulée (9e)... tout comme le centre-tir de Messi, qui a fini sur le poteau du portier allemand (10e) !
Deux grosse occasions en trompe-l'oeil, toutefois, tant le Bayern a monopolisé le ballon et dominé les débats.
- Doublé de Müller... et Coutinho -
Et à force d'accentuer la pression, les Bavarois ont fini par trouver la faille à la suite d'un ballon récupéré dans le camp adverse puis transformé par Perisic, d'un tir du gauche surpuissant que n'a pas pu dévié Ter Stegen (2-1, 21e).
La leçon s'est poursuivie avec le 3e but signé Gnabry (3-1, 27e) puis le quatrième, synonyme de doublé de Müller, plus agressif que Clément Lenglet pour couper le centre de Joshua Kimmich (4-1, 31e).
De quoi plier l'affaire en une demi-heure de jeu, et infliger au Barça sa pire défaite en compétition européenne.
Si Suarez a marqué le but de l'espoir au retour des vestiaires (4-2, 57e) sur un exploit individuel, Alphonso Davies a vite éteint les rêves de "remontada".
Après un incroyable numéro sur son côté gauche où il a enrhumé Nelson Semedo, le supersonique latéral s'est enfoncé dans la surface pour adresser un centre en retrait parfait pour Kimmich (5-2, 63e).
L'ex-Barcelonais Philippe Coutinho, auteur d'un centre parfait pour Robert Lewandowski (6-2, 82e) après son entrée, a conclu le récital par un doublé express (7-2, 85e; 8-2, 89e). Enièmes actions de classe d'une partie à sens unique.
QUAND LES PARTIS POLITIQUES FAISAIENT ÉCOLE
Dans le cadre de la formation des militants, le PS et le PDS, mais aussi la Gauche historique se sont fait remarquer. Toutefois, certains responsables lient le niveau du débat politique à la carence de la formation au sein de ces structures
Au Sénégal, en matière de formation des cadres et des militants, le Parti socialiste (Ps) est cité en exemple. D’après Cheikh Sadibou Sèye, son secrétaire permanent, le Ps s’est doté, dès 1976, d’une école du parti. Cette dernière était dirigée par Me Mbaye Jacques Diop qui en était le directeur des Études et des Programmes. Elle s’appelait l’École des cadres du parti. En 1978, Mamadou Faye, alors secrétaire permanent et directeur de ladite école, a pris le relais de M. Diop. L’établissement avait changé de dénomination pour devenir l’École du parti afin de répondre aux exigences des masses. M. Faye, témoigne M. Sèye, a conduit à la décentralisation de l’École du parti pour former les militants à la base, notamment à l’installation des antennes régionales du parti. «Nous avions une antenne dans chaque région mais aussi des relais de formation au niveau de chaque département et de chaque coordination», rapporte M. Sèye qui était le responsable de la formation. Quant à Cheikh Tidiane Dièye, il était le directeur des Études de l’École. Plus tard, M. Dièye sera remplacé par Saliou Mangane. En 2007, le Pr. Gorgui Ciss a pris le relais de Mamadou Faye à la tête de l’établissement. Il était secrétaire à la formation et en même temps directeur de l’École du parti. M. Ciss laisse sa place à Alioune Ndoye lors du congrès de 2014. Ce dernier est présentement le secrétaire national à l’Éducation et à la Formation permanente et directeur de l’École du Ps qui a son siège à la Maison du parti Léopold Sédar Senghor.
Partenariats
Dr Malick Dieng est, lui, le secrétaire national du Parti démocratique sénégalais (Pds) chargé de la formation et de l’idéologie mais aussi le directeur général de l’Institut libéral de formation supérieure Abdoulaye Wade qui a commencé à fonctionner depuis 2010. Avant cet Institut, explique-t-il, le Pds avait une école de formation depuis sa création. Cette dernière était dirigée par Alassane Cissokho, précise-t-il. L’Institut libéral de formation supérieure Abdoulaye Wade, qui est basé à la permanence nationale «Mamadou Lamine Badji» du Pds, dote les militants de connaissances leur permettant de faire face à l’évolution du monde. Dans ce monde, soutient Dr Dieng, ce sont les idées qui gouvernent. À l’en croire, le niveau des débats politiques actuels reflète la carence de la formation dans les partis politiques. «Nous voulons surtout des débats d’idées», fait-il remarquer non sans estimer qu’avec la prolifération des partis politiques -près de 400- la formation laisse à désirer. «Beaucoup d’écoles de parti ont disparu et c’est dommage, parce qu’elles jouaient le rôle de formateurs, d’encadrement des militants», soutient M. Dieng. Il est persuadé qu’un parti politique dépourvu de siège et de programme «ne peut pas former ses militants». Avant le Ps et le Pds, la Gauche historique sénégalaise (Pai, Pit, Ld, Aj…) misait aussi et surtout sur la formation, d’abord clandestine et ensuite régulière, de ses militants.
À propos de la formation, les partis politiques ont noué des partenariats avec d’autres structures à l’international. Ainsi, le Ps a collaboré avec la Fondation Friedrich Ebert, notamment entre 1982 à 1992. Toutefois, explique Cheikh Sadibou Sèye, des structures comme la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Friedrich Nauman ou le Ndi (États-Unis) élaborent des programmes auxquels elles associent des partis politiques dont le Ps. Toujours dans le cadre de la formation, le Pds, rappelle Malick Dieng, a aussi noué des partenariats avec des structures comme l’Institut stratégique de Paris, la Fondation Friedrich Nauman, l’International libérale, le Réseau libéral africain, le Ndi, le Réseau libéral de Stockholm, etc.
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
LA CEDEAO CONTRE LES PEUPLES
EXCLUSIF SENEPLUS - L’organisation fonctionne effectivement comme un syndicat. Au Mali aujourd’hui, comme au Togo hier, le peuple qui s’est soulevé contre le pouvoir en place se sent trahi
La médiation de la CEDEAO dans la crise qui oppose les partis d’opposition et les organisations de la société civile du Mali rassemblés au sein du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5 –MRP) et le gouvernement de M. Ibrahima Boubacar Keita, cherchait-elle vraiment à mettre en place un consensus entre les deux partis ?
On peut en douter tant les recommandations du sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du 27 juillet dernier font la part belle au président malien.
Le sommet recommande en effet un gouvernement « d'union nationale, sur la base du consensus", dont « 50% des membres seront issus de la coalition au pouvoir, 30% de l'opposition et 20% de la société civile » qui reste donc sous le contrôle du président de la République.
Alors que le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) demandait la nomination d’un Premier ministre indépendant par rapport au président de la République et la démission de ce dernier, on ne fait aucune recommandation pour équilibrer le pouvoir exécutif.
Alors que la répression des premières manifestations, les 10 et 11 juillet dernier, avait fait 11 morts au moins ainsi que l’indique Amnesty International , on se contente de recommander l’ouverture d’une enquête, sans exiger que celle-ci soit indépendante et sans imposer un calendrier pour la présentation des résultats.
Concernant la Cour Constitutionnelle qui avait été le détonateur de la crise en annulant les résultats de 30 bureaux de vote à l’issue des dernières élections législatives de Mars et Avril 2020, on recommande seulement qu’elle soit reconstituée rapidement et qu’elle réexamine les résultats proclamées.
Rien n’est dit pour, par exemple, prévenir une nouvelle collusion avec l’exécutif.
Aussi, le Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), refusa-t-il "d'adhérer" à ces propositions qui "ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées…et portées par l'écrasante majorité du peuple malien".
Dès lors la médiation s’est enlisée.
Tout consensus devenait impossible.
Est-ce là précisément l’effet recherché par la médiation de la CEDEAO ?
S’agissait-il de casser délibérément l’élan insurrectionnel pour donner au camp du président le temps de regrouper ses forces et de reprendre l’initiative ?
C’est ce qui s’est passé au Togo.
L’intervention de la CEDEAO à travers les présidents Alpha Condé de Guinée et Nana Akufo-Addo en Juin 2017 pour « faciliter le dialogue » entre la coalition des partis de l’opposition demandant la démission de Faure Eyadema et le camp du président n’eut d’autre résultat que de geler les manifestations, de laisser libre cours à la répression, de semer la confusion et de démobiliser les militants. On sait aujourd’hui que c’est pendant la période du gel des manifestations qui a suivi la médiation des chefs d’Etat que les services togolais ont infesté les téléphones des dirigeants de l’opposition avec le logiciel israélien Pegasus et espionné leurs communications.
Le gouvernement togolais refusa ensuite d’appliquer « la feuille de route de réformes » préconisée par la CEDEAO visant à réformer le code électoral et la Commission Nationale Indépendante et organisa ses élections législatives en décembre 2018. La CEDEAO se félicita pourtant du bon déroulement de ces élections.
M. Faure Eyadema se fit ensuite plébisciter en Février 2020 pour un 4eme mandat.
De même, voyez comment la CEDEAO est sans réaction face au soulèvement des partis politiques et de la société civile de Guinée contre le projet du président Alpha Condé de s’accorder un 3eme mandat !
Elle n’élève même pas la voix face aux arrestations arbitraires et aux tueries régulières de manifestants.
Pourtant, le Protocole sur la Bonne Gouvernance et la Démocratie adopté en 2001 et qui sert de cadre aux initiatives de médiation est un outil tout à fait adéquat, observent les analystes comme le Centre d’Etudes Stratégique de l’Afrique (C.E.S.A) un think tank du département de la Défense des Etats-Unis.
Ils mettent plutôt en cause le pouvoir exclusif du président en exercice et de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement dans le fonctionnement de l’organisation notamment en matière de médiation. Toutes les décisions dépendent entièrement des inclinaisons des chefs d’Etat et en premier lieu du président en exercice qui prend toujours en compte l’intérêt bien compris de chacun de ses pairs.
Si bien que l’organisation fonctionne effectivement comme un syndicat.
Au Mali aujourd’hui, comme au Togo hier, le peuple qui s’est soulevé contre le pouvoir en place se sent trahi par la CEDEAO.
Comment dès lors aider les Maliens à sortir de la crise pour restaurer l’Etat et faire face à l’islamisme et au séparatisme ?
Les sociétés civiles de chacun des Etats de la région pourraient faire pression sur leurs chefs d’Etat respectifs pour initier une médiation qui prendrait en considération les demandes du M5-RFP.
Une lettre ouverte de la société civile du Sénégal dans ce sens devrait être adressée au président Macky Sall.
La société civile du Sénégal et celles des autres pays de la CEDEAO devraient aussi exprimer ouvertement leur solidarité aux partis et organisations de la société civile membres du M5-MRP et les encourager dans leur combat.
Car en fait, c’est le rapport des forces sur le terrain qui est déterminant.
On l’a vu avec l’insurrection populaire qui a renversé en quelques heures le régime de Blaise Compaoré en Octobre 2014.
par Masse Lô
SAVOIR PARTIR À TEMPS EST (AUSSI) UN ACTE DE LEADERSHIP
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous revient en mémoire l’image de ces anciens leaders, qui, parce qu’ayant libéré leur pays de la colonisation, se sont comportés comme si le peuple leur devait tout et qu’ils avaient un droit de vie et de mort sur leurs compatriotes
« Quitting is (also) Leading ». C’est l’une des huit leçons de leadership, selon Nelson Mandela. C’est aussi l’une des facettes du leadership sur laquelle, l’accent est mis, en renforcement des capacités en développement personnel et en leadership transformationnel.
Alassane Dramane Ouattara, l’actuel président de Côte-d’Ivoire, vient d’annoncer sa décision de briguer un troisième mandat, passant outre les dispositions de la constitution ivoirienne. Il ne semble pas avoir retenu le viatique de Mandela, car il y a juste quelques mois, il déclarait sur son compte twitter, je cite : « Je voudrais annoncer solennellement, que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération ». Adama Bictogo, un de ses proches collaborateurs au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti présidentiel, avait réagi en soutenant que : « C’était l’expression d’un grand homme, un homme d’honneur… ; alors qu’il a tout pour rester au pouvoir, il s’en va. C’est une leçon pour tous les présidents africains et les anciens présidents », (Jeune Afrique, 05 Mars 2020).
Quelques semaines plus tard, c’est le même Alassane Ouattara, qui annonce sa candidature à l’élection présidentielle, prenant comme prétexte le rappel à Dieu de son Premier ministre et poulain Amadou Gon Coulibaly. Le décès soudain de Coulibaly sur lequel il s’appuie pour justifier son virage à 180 degrés, n’est pas un argument solide. En homme d’Etat averti, il a dû penser à une solution de remplacement, une sorte de plan B au cas où, l’option Coulibaly ne marchait pas pour une raison ou pour une autre. Le fait qu’il soit revenu, en si peu de temps, sur sa décision de ne pas se présenter à la prochaine élection, me fait penser qu’il était lui-même la solution de « remplacement ». Sinon la doublure, si Coulibaly devait être élu président de Côte d’Ivoire. Autrement dit, Alassane Ouattara n’a jamais envisagé de s’éloigner du pouvoir suprême en Côte d’Ivoire. Tout porte à croire qu’il voulait installer son poulain au poste et puis continuer à conduire les destinées du pays de derrière, comme Poutine a réussi à faire avec Medvedev. C’est lui qui, très probablement, allait être le véritable dépositaire du pouvoir, si Coulibaly n’était pas décédé et était élu président de Côte d’Ivoire. Coulibaly, ne disait-il, pas lui-même, que ceux qui pensaient que Ouattara allait se retirer de la vie politique, se trompaient.
Ouattara est arrivé au pouvoir en 2010, au prix d’une guerre civile, qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes et une grave crise politique, économique et humanitaire. Pour arriver à bout de son adversaire, le président Laurent Gbagbo et accéder au pouvoir, il a dû s’allier avec les « Forces Nouvelles», affiliées à Guillaume Soro et a bénéficié de l’appui indirect des forces des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et des forces françaises de l’opération Licorne.
S’il prend le risque de se présenter à un troisième mandat, c’est qu’il pense pouvoir bénéficier de nouveau du soutien de ses alliés d’hier. Le soutien le plus probable pourrait venir des français qui comptent sur lui comme tête de pont dans leur combat pour torpiller le projet de monnaie communautaire souveraine de la CEDEAO. Mais, il ne pourra pas compter sur l’appui de ses anciens alliés des Forces Nouvelles – les fameux Com-Zone intégrés dans l’armée nationale – qui seront plus promptes à répondre à l’appel de leur mentor Guillaume Soro. Ce dernier vient de lancer un appel aux ivoiriens à défendre l’indépendance – bafouée – de la Côte d’Ivoire.
Parlons un peu de l’autre protagoniste de la prochaine crise ivoirienne, Henri Konan Bédié. Voilà quelqu’un qui n’avait pas hésité, lorsqu’il était président de Côte d’Ivoire, à faire modifier le code électoral de son pays, en y introduisant le concept d’ivoirité, dans le seul but d’écarter Alassane Ouattara que beaucoup d’ivoiriens avaient fini de faire passer pour un Burkinabè. L’intrusion du concept d’ivoirité dans la société avait abouti à des clivages entre populations du Nord, majoritairement musulmans et les autres ivoiriens, majoritairement chrétiens.
Autant Alassane Ouattara n’a pas droit à un nouveau mandat si l’on se réfère à la constitution ivoirienne ; autant la sagesse interdit à Henri Konan Bédié de briguer un nouveau mandat, à cause de son âge avancé. Ce sont ces protagonistes dont les actions ont fait perdre quelques 4 400 milliards de FCFA à l’économie ivoirienne qui se font face, chacun affinant ses stratégies et aiguisant ses armes dans la perspective des prochaines joutes électorales.
En Guinée, la situation est presque similaire. Alpha Condé est sur le point de commettre le même forfait en voulant briguer un troisième mandat. Comment un intellectuel de sa trempe, au parcours si remarquable – militant de la cause noire dans les années 50, opposant historique à plusieurs présidents guinéens dont Sékou Touré, incarcéré dans les années 2000, puis libéré grâce à la mobilisation des organisations des droits de l’homme, de plusieurs institutions régionales et internationales – a pu se transformer, au point de fouler aux pieds, les droits de l’homme les plus élémentaires, d’embastiller ses opposants, de changer la constitution de son pays dans le seul but de briguer un troisième mandat.
Ouattara tout comme Condé, ont en commun d’avoir attendu pendant longtemps avant d’arriver au pouvoir : 20 ans pour le premier, 30 ans pour le second. Peut-être souhaitent-ils rester au pouvoir aussi longtemps pour les mêmes raisons ? Nous revient alors en mémoire l’image de ces anciens leaders de la trempe de Robert Mugabe, qui, parce qu’ils ont libéré leur pays de la colonisation, se sont comportés comme si leur peuple leur devait tout et qu’ils avaient un droit de vie et de mort sur leurs compatriotes.
Il est difficile de comprendre ce qui les motive, mais pour le bien de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et de l’Afrique de l’Ouest tout entière, aucun de ces personnages atypiques ne devrait être « autorisé » à briguer un troisième mandant. Tout doit être mis en œuvre pour les en empêcher. Et dans ce rôle, rien ne vaut la mobilisation sociale ; les sociétés civiles et les peuples sont les derniers remparts de la lutte pour la sauvegarde des acquis démocratiques.
Les institutions régionales ont fini de montrer leur limite dans la résolution de tels problèmes. La CEDEAO s’est montrée particulièrement ambivalente à chaque fois que la gouvernance démocratique était en jeu. En Guinée, les pressions de l’organisation de la Francophonie ainsi que celle de l’Union Africaine ne semblent pas avoir d’effets sur Alpha Condé qui poursuit son bonhomme de chemin vers un troisième mandat, contre vents et marées. Même l’exemple de son camarade de l’international socialiste, le président Issoufou du Niger, qui lui a pris la décision sage de ne pas briguer un troisième mandat, ne semble pouvoir le dissuader.
Quid du président Macky Sall. On lui prête l’intention de vouloir suivre les pas de ses homologues ivoirien et guinéen, aidé qu’il est par les thuriféraires de son régime. Mais, bien qu’il ait déjà déclaré qu’il ne se présentera pas pour un nouveau mandat, il y a des raisons de ne pas le croire sur parole : il a fait le contraire de tout ce qu’il avait promis de changer une fois au pouvoir. Pas besoin d’énumérer toutes les promesses qu’il a faites et qui n’ont pas été suivies d’effet, ce serait fastidieux tellement la liste est longue. Mais si l’envie lui prend de vouloir forcer le destin pour se présenter une nouvelle fois, il n’y aura pas lieu d’épiloguer : il encourt la même sanction que le président Wade, lorsqu’il a voulu faire avaler aux sénégalais son projet de dévolution monarchique. Il y a un tel ras le bol qu’il vaudra mieux laisser la place à un nouveau leadership, en 2024.
LE DRAME SOCIAL DU REFUS DE LA PATERNITÉ
Bien des familles se remettent difficilement de ce déchirement exacerbé par les considérations socioreligieuses et un environnement juridique laissant peu de possibilités d’action à la femme
La naissance d’un enfant est pour beaucoup un rayon d’espoir ; et pour d’autres, une descente aux enfers surtout quand celui qui est supposé en être le père refuse la paternité. Bien des familles se remettent difficilement de ce déchirement exacerbé par les considérations socioreligieuses et un environnement juridique laissant peu de possibilités d’action à la femme.
Arame Faye voyait la vie en rose jusqu’au jour où elle a basculé pour en faire une douloureuse traversée. «Une erreur de jeunesse» l’a plongée dans les vicissitudes de l’existence humaine. Le récit de cette femme d’âge mûr exacerbe la déchirante douleur d’une époque tumultueuse : «J’ai eu un enfant hors des liens du mariage. Quand j’en ai parlé à la mère de mon amant, elle n’y a pas cru. Mon fils, aujourd’hui âgé de 25 ans, connaît la famille de son père mais n’entretient aucune relation avec elle. Pire, lorsqu’il y va, on le traite comme un pestiféré. En le déclarant, je lui ai donné le nom de sa famille paternelle. Son père ne s’occupe même pas de lui». Cette femme ne larmoie plus sur son sort mais reste affectée par celui qui frappe son fils et l’insensibilité de ce vieil amour de jeunesse. «Je suis passée par toutes les émotions : le dégoût, la haine, la résignation, l’apaisement… J’en ai voulu à l’homme qui prétendait m’aimer, puis j’ai détesté mon fils. Je me suis faite violence avant d’accepter cette situation et de la vivre dignement. Mais ce sont des choses qui ne s’oublient pas. Les gens seront toujours là pour te rappeler que tu as mis au monde un enfant naturel», confie-t-elle, le regard perdu.
De douloureux souvenirs refluent quand elle repense à ce qu’elle assimile à une «erreur de jeunesse» commise en pleine période de vacances sur l’enflammée Petite Côte. Soutenu par sa mère, le «géniteur» nie être l’auteur de la grossesse. Le monde s’arrête pour Arame Faye. Comme pour la narguer, celui qui lui promettait monts et merveilles se marie avec une autre femme. Une autre dame, qui préfère garder l’anonymat, a vécu la même mésaventure. Elle entretient son fils de trois ans dans la douce illusion d’un long voyage de celui qui n’a jamais reconnu être son père. «Ceux qui me courtisent ne voient jamais en moi une fille sérieuse. Ils cherchent juste à passer du bon temps car, pour eux, je suis une personne souillée qui n’a rien à préserver comme si je ne devais pas à cet enfant un minimum de dignité», dit la jeune mère, amère.
«Je suis comme un boulet pour mon prétendu père»
Les enfants naturels sont également en proie au chagrin. En plus de porter le poids du regard de la société, le rejet de la famille paternelle peut être un violent choc psychologique. Gilbert continue d’en subir les conséquences. «À l’âge de 17 ans, j’ai voulu me rapprocher de la famille de celui qui est censé être mon père. Celui-ci, issue d’une famille musulmane, a été plus réceptif à mon approche que ses parents. Ayant été élevé par ma grand-mère de foi chrétienne, je me suis toujours consacré à cette religion. Cela n’a sans doute pas facilité les choses. Le fait que cette famille soit plus nantie que la mienne a certainement jeté la suspicion sur une visée ambitieuse alors que je ne cherchais qu’à connaître celui que ma mère, dans la confidence, m’avait présenté comme mon père», confie ce quadragénaire à la mémoire suppliciée. Aujourd’hui, Gilbert a renoncé par découragement. Son orgueil était plus fort que ce désir ardent de connaître davantage son père qui ne l’a jamais reconnu, pour, pense-t-il, «sauvegarder son prestige social. J’étais comme un boulet pour lui. Ma mère, stoïque, a souffert en silence jusqu’à son dernier souffle. C’est la douloureuse impression que j’ai eue quand, pour la première fois, j’ai vu mon père. J’ai fait le premier pas mais je crois que la pression familiale a été plus forte que son envie de rectifier le tir».
Le refus de paternité est un drame social qui frappe plusieurs familles sénégalaises. Les pesanteurs sociales et le rapport à la religion poussent certains hommes au déni de la réalité. Lamine Daff est de ceux qui ont confessé leurs torts quand le remords est devenu obsédant et que l’âge a porté conseil. «J’étais un fougueux et insouciant jeune homme qui croquait la vie à pleines dents. J’ai engrossé une fille à l’âge de 21 ans. Pour ne pas m’embarrasser de cette responsabilité, j’ai nié en être l’auteur. Quand la petite et innocente fille a eu cinq ans, il devenait difficile de ne pas reconnaître l’évidence, mais je m’obstinais à ignorer cette ressemblance qui attirait les railleries de mes amis», dit-il, heureux toutefois d’être revenu à la raison. Cependant, le mal était déjà fait. La mère refuse toute relation entre le père et le fils gagné par la «rancune». La société sénégalaise avait trouvé des réponses à la question de la paternité lorsque la conception d’un enfant avait blessé les convenances. «Avant, lorsque cette situation se produisait, la famille de la fille allait voir celle du garçon afin de trouver un terrain d’entente. Si le garçon accepte, on lui propose alors de l’épouser après l’accouchement. S’il ne choisit pas cette option, l’enfant portera quand même son nom. Rares sont les fois où l’homme refusait car toute sa famille prenait part aux discussions. Il faut aussi regretter l’attitude des filles volages qui sèment le doute dans l’esprit de leurs amants», laisse entendre la griotte Ndèye Samb qui déplore l’éclatement de la cellule familiale où les jeunes sont, de plus en plus, laissés à eux-mêmes. Et d’innocents enfants à leur sort et égarement.
Le Code de la famille encourage-t-il le phénomène ?
Au Sénégal, le refus de paternité est courant car les possibilités judiciaires ne sont pas trop larges pour les mères célibataires. Le Code de la famille en offre davantage aux hommes. L’article 196 du dudit code précise que la recherche de paternité est interdite. Ainsi, l’établissement de la filiation paternelle est interdit à tout enfant qui n’est pas présumé issu du mariage ou n’a pas été volontairement reconnu par son père. Selon le professeur en Droit, Isaac Yankhoba Ndiaye, «c’est inadmissible que dans un pays comme le Sénégal qu’on refuse à un enfant de rechercher son père. Pire, il n’y a aucune possibilité judiciaire». Si le père décide de ne pas reconnaître son enfant, assure cet éminent juriste, aucun rapprochement paternel ne sera fait. La loi l’interdit. Isaac Yankhoba Ndiaye préconise une mise à jour du Code de la famille qui date de 1972. «Entre temps, la science a évolué et permet de déterminer avec précision la filiation paternelle», avance-t-il. D’après lui, «l’enfant naturel perd tous ses droits au Sénégal dans la mesure où il ne succède à personne». Ceci est, pour lui, un paradoxe dans la mesure où le Sénégal a ratifié toutes les conventions relatives à l’enfant interdisant toutes formes de discrimination.
Toutefois, le législateur a prévu une exception. L’article 211 prévoit que «l’enfant pourra établir sa filiation paternelle si le prétendu père a procédé ou fait procéder à son baptême ou lui a donné un prénom. Toutefois, ne pourront être entendues comme témoins que les personnes ayant assisté au baptême invoqué ou à l’imposition du prénom. La preuve contraire pourra être rapportée par tous moyens», indique le Code de la famille.
L’abrogation de l’article 196 préconisée
De l’avis d’Awa Cissé, membre de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), le Code de la famille permet la non reconnaissance d’un enfant naturel. «Ni le juge ni aucune autre personne ne sauraient y obliger le père.» Ainsi, la solution pour mettre fin au refus de paternité repose sur la refonte juridique notamment du Code de la famille. L’Ajs plaide pour l’abrogation de l’article 196 pour une harmonisation avec la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, de même que la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant.