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17 juillet 2025
par Mamadou Mbakhé Ndiaye
PLUS JAMAIS ÇA
Dans un pays où on se pâme de notre religiosité, de notre hospitalité légendaire et d’un humanisme que les chefs religieux nous auraient légué, ce qui s’est passé à Malika et à Diamaguène est une catastrophe
Dans un pays où on se pâme de notre religiosité, de notre hospitalité légendaire et d’un humanisme que les chefs religieux nous auraient légué, ce qui s’est passé à Malika et à Diamaguène est une catastrophe. Refuser à des concitoyens décédés d’avoir un enterrement digne après avoir été terrassés par une maladie, qui n’a pas encore dit son dernier mot, renseigne de l’affaissement de notre commun vouloir de vivre-ensemble.
La coupe est pleine. Les responsabilités doivent être situées pour que de tels agissements ne se reproduisent plus. Car le Covid-19 n’a pas encore épuisé toutes ses munitions. La guerre est toujours en cours. Il est vrai que les autorités sanitaires ont trop mis l’accent sur la prévention, sur les gestes barrières.
Des choses qui sont incontestablement nécessaires pour la lutte contre le Covid-19. Mais force est de constater qu’en plus de tuer, le coronavirus stigmatise. Et des informations distillées çà et là dans les réseaux sociaux rajoutent à la confusion. Certains soutiennent que le virus est contagieux même après la mort. Sans dédouaner les populations qui se sont tristement illustrées, il faut dire que la lanterne des Sénégalais n’a pas été bien éclairée sur cette question. Face à la prolifération des fausses informations, les scientifiques avaient l’obligation de communiquer aux Sénégalais qui n’ont pas tous le même niveau de compréhension des informations reçues.
N’oublions pas que nous sommes dans un pays où l’instruction est encore un luxe. Le gouvernement a eu tort de ne pas avoir bien insisté sur l’inexistence de danger liée aux enterrements des morts du Covid-19. Certaines personnes du troisième âgé, interrogées il y a quelques jours dans la banlieue, ont fait part de leurs inquiétudes. Pas de mourir du coronavirus, mais de ne pas avoir droit à un enterrement digne de ce nom. «C’est terrible parce que si tu meurs du Covid-19, tu seras incinéré», soutenait un sexagénaire, il y a quelques semaines. Donc sur ce sujet, l’information n’a pas été audible. Ce qui ne disculpe pas pour autant des populations de Bambey, de Malika ou de Diamaguène qui se sont montrées indignes face à l’épreuve. Car c’est dans l’épreuve qu’on reconnaît les grandes nations et par ricochet les grands peuples. Il ne faut pas qu’au lendemain de cette pandémie, toutes nos certitudes soient à terre.
Les notions de «Ngor», «Suturà» ne doivent pas être de vains mots. Et le contexte actuel est bien propice pour les revitaliser. Dans la langue Bantu, il y a une notion ‘’Ubuntu’’ qui est reprise maintenant par tous les humanistes du monde. Selon l’archevêque sud-africain, Desmond Tutu, quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, car il a conscience d’appartenir à quelque chose de plus grand». On ne peut pas revenir en arrière, mais on peut aller de l’avant.
Donc Ubuntu !
LES ÉTATS-UNIS APPELÉS À FAIRE CESSER LES MEURTRES POLICIERS D'AFRO-AMÉRICAINS
Le rôle que joue la discrimination raciale bien ancrée et omniprésente dans ces décès doit être examiné de façon approfondie, reconnu et traité de manière appropriée - COMMUNIQUÉ DE LA RESPONSABLE DES DROITS DE L'HOMME DE L'ONU
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué daté du 28 mai 2020, de la responsable des droits de l’homme de l’ONU, à propos des assassinats répétés d’Afro-américains par la police, illustré par le récent meurtre de George Floyd.
« La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a condamné jeudi le meurtre de George Floyd, un Afro-américain dont la mort en garde à vue lundi a été filmée et provoqué de graves protestations à Minneapolis.
"Il s'agit du dernier d'une longue série de meurtres d'Afro-américains non armés par des policiers américains et des particuliers", a déclaré Bachelet. «Je suis consterné d'avoir à ajouter le nom de George Floyd à celui de Breonna Taylor, Eric Garner, Michael Brown et de nombreux autres Afro-Américains non armés qui sont morts au fil des ans aux mains de la police - ainsi que de personnes comme Ahmaud Arbery et Trayvon Martin, tués par des citoyens. »
«Les autorités américaines doivent prendre des mesures sérieuses pour mettre un terme à ces assassinats et garantir que justice soit rendue lorsqu'ils se produisent. Les procédures doivent changer, des systèmes de prévention doivent être mis en place et, surtout, les policiers qui recourent à un usage excessif de la force doivent être inculpés et condamnés pour les crimes commis. »
"Je salue le fait que les autorités fédérales aient annoncé l’ouverture d’une enquête", a-t-elle déclaré. «Mais dans de trop nombreux cas par le passé, de telles enquêtes ont conduit à des assassinats justifiés pour des motifs douteux, ou seulement traités par des mesures administratives.»
«Le rôle que la discrimination raciale enracinée et omniprésente joue dans ces décès doit également être pleinement examiné, correctement reconnu et traité», a-t-elle ajouté.
Tout en comprenant la colère déclenchée par le meurtre de Floyd, Bachelet a exhorté les populations de Minneapolis et d'ailleurs à manifester pacifiquement.
«La violence et la destruction de biens ne résoudront pas le problème de la brutalité policière et de la discrimination», a-t-elle déclaré. «J'exhorte les manifestants à exprimer pacifiquement leurs demandes de justice et j'exhorte la police à faire très attention à ne pas enflammer encore plus la situation actuelle en recourant davantage à la force excessive.»
81 NOUVELLES CONTAMINATIONS RAPPORTÉES CE VENDREDI
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce vendredi, 81 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus.
Dakar, 29 mai (APS) – Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce vendredi, 81 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus.
Sur 1236 test effectués, 81 sont revenus positifs au Covid-19, soit un taux de positivité de 6,5%, a indiqué la directrice générale de la Santé.
Lors du point de presse quotidien sur la situation de la pandémie, Marie Khémés Ngom Ndiaye a précisé qu’il s’agit de 66 cas contacts suivis, 13 issus de la transmission communautaire à Dakar (10) et à Touba (3) et 2 cas importés.
52 patients ont été déclarés guéris, selon Mme Ndiaye, soulignant que vingt cas graves sont en observation dans les services de réanimation.
A ce jour, le Sénégal a dénombré 3429 cas de Covid-19 dont 1738 guéris, 41 décès et 1649 patients sous traitement.
PAR Ibrahima Cheikh Diong
COVID-19 ET LEADERSHIP POLITIQUE, DES LEÇONS ÉMERGENTES
Le monde politique ne peut plus être tout simplement comme d’habitude car les politiciens ne peuvent pas continuer à se faire élire sur des promesses, puis s’en détourner et blâmer les autres une fois élus
Le leadership politique est défini par beaucoup comme «la capacité de guider les autres, sans force, et dans une direction ou une décision qui les laisse encore se sentir responsabilisés et accomplis. La tâche du leader est donc d’amener son peuple d’où il est à où il n’a pas été ».
Plus précisément, les quatre styles de leadership les plus connus sont : Autocratique, Participatif, Laisse-Faire et Paternaliste.
Puis vint la pandémie du Covid-19 ! Cette pandémie nous fait tous revisiter la définition ci-dessus et les styles de leadership.
Le leadership politique, à travers le monde, a géré la crise de Covid-19 avec des succès tangibles pour certains et d’autres avec des résultats mitigés. Ceci me fait penser aux qualités que nous devrions rechercher chez nos dirigeants politiques en temps de crise comme Covid 19..
Le monde politique ne peut plus être tout simplement comme d’habitude car les politiciens ne peuvent pas continuer à se faire élire sur des promesses, puis s’en détourner et blâmer les autres une fois élus, surtout en temps de crise.
Voici mes 10 points, Covid 19 oblige, qui guideront désormais mon appréciation des leaders politiques:
1. Une véritable compassion est fondamentale :
La Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme Jacinda Ardern, a émergé comme la dirigeante la plus efficace au monde pour faire face à la crise de Covid-19, grâce à sa capacité à transmettre une véritable compassion à ses compatriotes.
L’une des innovations d’Ardern a été les fréquents chats en direct sur Facebook qui parviennent à être à la fois informels et informatifs. Nos dirigeants politiques sont, après tout, des êtres humains et exprimer des émotions et de la compassion ne les fait surtout pas ressembler à des dirigeants faibles, mais les humanise tout simplement.
Partout dans le monde, les pertes d’emplois et les citoyens affamés semblent être devenus la norme, et pourtant les familles dévastées qui les sous-tendent méritent toute notre attention. Il est très édifiant et louable de noter un mouvement vaste et spontané à travers le monde avec toutes sortes d’initiatives pour soutenir les sans-abris, les chômeurs, les communautés vulnérables, etc. Cependant, au-delà de ces gestes spontanés, nos dirigeants politiques devraient développer, avec nos impôts, de fortes politiques de sécurité sociale et des programmes de solidarité pour soutenir les plus vulnérables en période de crise. Après tout, cela fait partie des raisons pour lesquelles la plupart ces politiciens, entre autres, ont été élus.
2. Une stratégie nationale concise est importante :
Tout le monde semble reconnaître que le Covid-19 a gagné le monde par surprise. Une question demeure : pourquoi quelques mois après le début de la crise, certains pays ont élaboré des stratégies et des directives nationales claires et concises tandis que d’autres envoient des messages contradictoires à leurs citoyens, maires et autres responsables locaux.
Les États-Unis en sont un bon exemple. Alors qu’après près de 100 000 morts et un taux d’infection instable, les gouverneurs des États exigent toujours une stratégie fédérale et des orientations claires tandis que le gouvernement fédéral continue de les blâmer pour toutes les lacunes constatées. Les grands perdants de ce genre de confrontation politique sont les populations.
En Afrique, le président Paul Kagame du Rwanda est reconnu pour avoir développé une stratégie nationale Covid-19 claire et concise qui a contribué à contenir la pandémie dans son pays.
Il est donc facile de développer des stratégies nationales d’avant crise, mais le véritable leader politique devrait avoir la capacité d’articuler et d’adapter clairement sa stratégie pendant la crise.
3. La transparence rassure :
Certains politiciens sont connus pour gonfler leurs résultats modestes, tout en étant défensifs sur leurs échecs afin d’éviter les retombées politiques négatives. Nous avons vu des pays où les données économiques sont manipulées pour montrer des taux de croissance économique élevés ou des taux de chômage plus faibles pour booster leur image politique.
Malheureusement, manipuler les données scientifiques relatives à la santé pendant une pandémie comme Covid-19 peut être mortel.
Les dirigeants politiques devraient donc être transparents avec leur population en partageant des données fiables et en prenant des décisions de politique publique en conséquence. Covid-19 nous a simplement appris l’importance de la transparence et d’une approche décisionnelle fondée sur la science car elle pourrait sauver des vies. Beaucoup de pays doivent, par exemple, être felicités pour leurs exposés quotidiens sur leur situation de Covid 19 fondés sur les faits par leurs ministères de la Santé.
Au-delà des données scientifiques, la transparence est également attendue pendant les acquisitions de biens et matériels chez les fournisseurs en temps de crise, car nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de faire face à une crise sanitaire comme Covid 19 et à des problèmes de gouvernance et d’éthique en même temps. Le leadership nécessite d’être au-dessus du lot en tout temps.
4. Acceptez la responsabilité avec humilité :
Ce sera long et délicat, après le Covid-19, pour évaluer les succès et les échecs dans la gestion de la crise, aux niveaux local, national, régional et international, et trouver des remèdes pour l’avenir. Pour l’instant, il est largement reconnu qu’en temps de crise de cette ampleur, les paroles de nos dirigeants politiques sont importantes car elles peuvent réconforter et/ou aggraver la situation.
Par exemple, malgré le fait que nous aimerions tous voir un traitement et un vaccin efficaces contre Covid 19, la responsabilité morale exige que nos politiciens s’abstiennent de promouvoir des traitements et / ou des médicaments non testés simplement parce qu’ils sont impatients de montrer quelques succès.
De mauvais conseils médicaux, provenant en particulier de personnes non agréés médicalement, peuvent tuer. Par exemple, le débat sur l’efficacité de la Chloroquine sur les patients infectés de Covid 19 devrait être laissé à la communauté scientifique qui conseillera éventuellement les décideurs politiques sur les actions nécessaires à adopter.
5. L’approche inclusive compte en temps de crise:
Covid-19 a démontré qu’une réponse efficace à une crise de cette nature doit être inclusive (gouvernements, secteur privé, société civile, chefs religieux, etc.). Bien sûr, la vraie démocratie exige qu’un pays accueille des opinions différentes, mais en période de crise majeure qui nous touche tous, se rassembler derrière le drapeau national est la seule issue.
Au Sénégal, par exemple, le président Macky Sall a pu rallier, autour de lui, la plupart des dirigeants politiques, de la société civile, du secteur privé et des religieux pour élaborer une réponse nationale au Covid-19. Bien sûr, cela ne remet pas en cause les obligations législatives et les responsabilités des partis d’opposition, mais la population ne peut tout simplement pas se permettre de voir des gens mourir et souffrir pendant que les hommes politiques se chamaillent.
Les dirigeants politiques devraient donc avoir cette capacité de s’élever et de trouver les mots de consensus en temps de crise pour favoriser la contribution des tous les acteurs politiques, civils, économiques et religieux, entre autres, car une pandémie comme le Covid-19 ne fait pas de discrimination.
6. Le temps est venu de favoriser les solutions locales :
Nous avons vu des pays, y compris des pays développés, lutter pour obtenir les équipements de protection individuelle (EPI) dont ils ont tant besoin, car ils proviennent principalement de la Chine. Les systèmes mondiaux de la chaîne d’approvisionnement ont simplement été perturbés car personne ne semble avoir prévu qu’il y aurait un moment où le monde entier s’approvisionnerait en même temps auprès de la Chine.
Pour aggraver les choses en Afrique de l’Ouest, la France a décidé d’arrêter les exportations de certains médicaments essentiels vers nos pays en vue de satisfaire leurs propres besoins. Par conséquent, en l’absence d’une industrie pharmaceutique locale viable, nous nous dirigeons vers une perturbation majeure de nos systèmes de chaînes d’approvisionnement médical. Par conséquent, il est temps que nos dirigeants politiques dépassent les slogans industriels et commencent à encourager sérieusement le développement de solutions industrielles locales pour le secteur de la santé. Après tout, nous avons le capital humain, les entrepreneurs et les instruments de financement pour produire localement les médicaments dont nous avons besoin. Il suffirait tout simplement d’un engagement politique fort et soutenu, et d’un environnement des affaires favorable.
7. Les bons dirigeants sont bien entourés :
Personne ne s’attend à ce que nos dirigeants politiques sachent tout, mais tout le monde s’attend à ce qu’ils s’entourent de compétences nécessaires pour prendre de décisions idoines au nom du peuple.
Le charisme pourrait peut être vous faire élire mais gouverner nécessite une expertise et un savoir-faire, donc un vrai leader politique à devrait, avec humilité et modestie, bien s’entourer. Avoir des gens plus intelligents autour de vous et leur créer un espace pour mettre en valeur leurs talents ne fait que vous élever en tant que leader.
Il est fondamental de reconnaître que certaines des personnes qui ont contribué à faire élire sont pas forcement outillées à vous aider à gouverner, c’est donc uniquement en élargissant vos horizons que vous pouvez attirer des talents externes, surtout en temps de crise.
8. Prendre des décisions saines :
Les données de Covid 19 ont montré que les pays qui avaient hésité à fermer leurs aéroports et leurs frontières a temps pour contenir le virus et à faire face aux cas existants ont le plus souffert. En période de crise, la capacité de prise décision de nos dirigeants politiques peut sauver des vies. Bien sûr, il y a une différence entre prendre une bonne décision et la précipitation dans la prise de décisions, mais en cas de crise nous attendons de nos dirigeants politiques qu’ils prennent des décisions éclairées basées sur des informations avérées.
Columbia University (mon ancienne université) a dévoilé une étude pertinente qui montre que les États-Unis auraient pu sauver plus de 30000 vies si la distanciation sociale et le port de masques étaient strictement observés et obligatoires au début du virus aux États-Unis.
9. Gouverner c’est anticiper :
Gouverner, c’est bien anticiper, mais peu importe à quel point vous prévoyez une catastrophe, elle peut et va toujours frapper. Par exemple, qui aurait pensé que Covid-19 paralyserait le monde comme il l’a fait. La gestion des risques devrait faire partie de tout plan de développement national.
Heureusement, il existe des instruments qui permettent aux pays de se préparer, de se rétablir et de réagir en cas de catastrophe naturelle. En Afrique, par exemple, l’Union africaine a créé une agence spécialisée (www.africanriskcapacity.org) pour aider ses pays membres à renforcer leurs compétences en matière de gestion de catastrophes naturelles (sècheresse, cyclone, épidémie, etc.) à et à accéder à des instruments de financement innovants.
10. Un leader rassemble ses troupes :
Une des choses que les pays ne peuvent simplement pas se permettre en temps de crise comme Covid-19 est une réponse gouvernementale chaotique par laquelle un ministre énoncerait des lignes directrices et un autre dirait le contraire, laissant la population générale s’interroger sur la position officielle du gouvernement.Ce genre de situation est tout simplement une recette pour un désastre, donc je suis un ardent défenseur d’un porte-parolat bien informé ou un groupe de travail du gouvernement qui peut parler d’une seule voix.
Par exemple, le gouverneur de l’État de New-York a gagné tant d’admirateurs aux États-Unis et au-delà pour ses exposés concis, clairs et simples, au cours desquels il est entouré de tous les services techniques concernés. Au Sénégal, le Ministre de la Santé briefe la nation quotidiennement, entouré de ses services techniques. En période de crise comme le Covid-19, la concurrence politique et le positionnement devraient être au dernier rang et laisser la place à l’efficacité, aux résultats et à la franchise.
Disons simplement qu’il n’y a pas de leaders politiques parfaits mais en tirant les leçons du Covid-19, nous pouvons au moins nous attendre à ce que nos dirigeants politiques, en temps de crise, affichent certains de ces attributs : compassion, réflexion stratégique, transparence, responsabilité, état d’esprit unificateur, champion des solutions locales, esprit d’équipe, approche décisionnelle éclairée, excellentes compétences en planification et en gestion
Dans le monde du marketing politique et de la communication, vous pouvez vous faire élire sur des slogans et promesses, mais gouverner, en particulier en période de crise, nécessite plus que cela car la population est devenue de plus en plus exigeante en termes de clarté, transparence, résultats, compassion, d’humilité, valeurs et civilité
Restez en sécurité !
PAR Mouhamadou Moctar Sourang
RÉFLEXIONS ET PROPOSITIONS A PROPOS DE L’OUVERTURE PROGRAMMÉE DES CLASSES
Comment attendre des écoliers de bas-âge l’observance stricte des gestes-barrières quand ils sont livrés à eux-mêmes, à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs établissements, quelles que soient par ailleurs les mesures d’encadrement prises ?
La situation de l’Ecole en cette période de pandémie du Cornavirus, en particulier à la veille de la réouverture des classes d’examens, décidée par le gouvernement pour le 02 juin prochain nous inspire quelques réflexions que nous voulons partager.
La faisabilité de la décision, au vu de la complète désorganisation qui prévaut dans les prémices de sa mise en œuvre, apparait plus que problématique, voire irréalisable. Il y a lieu de s’alarmer de ce que les opérations entreprises pour le convoyage des enseignants à leurs lieux de travail respectif soient sujettes de risques fort élevés de circulation du virus que l’on est censé combattre ! Toutes choses qui ne rassurent pas les parents d’élèves et inquiètent les enseignants eux-mêmes. Comprenant le souci des autorités publiques de « sauver » l’année scolaire, nous les invitons instamment à étudier les réaménagements idoines à opérer dans les meilleurs délais.
A cet égard, il nous parait particulièrement dangereux d’inclure dans cette réouverture imminente de l’Ecole, les classes du niveau élémentaire. Comment en effet, attendre des écoliers de bas-âge l’observance stricte des gestes-barrières quand ils sont livrés à eux-mêmes, à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs établissements, quelles que soient par ailleurs les mesures d’encadrement prises ? Une telle décision prend-elle en compte le dénuement de bon nombre des établissements scolaires qui peuvent manquer même de toilettes adéquates, voire d’eau courante ?
Une telle décision, telle qu’elle est déclinée, pose dans sa conception même, le problème d’égalité de chances dès lors que les élèves vivant avec une maladie chronique sont exclus dans le processus. Qu’en sera-t-il alors de leur sort, de la suite de leur cursus scolaire ?
Par contre les élèves de Terminale, postulant au baccalauréat, sont suffisamment matures pour être pris en compte et organisés pour une reprise des cours en début juin. L’examen du BAC pourrait ainsi être envisagé au mois d’août, pour permettre aux nouveaux bacheliers de postuler aux grandes Ecoles de pays étrangers, avant le début de la nouvelle année académique.
Pourquoi ne pas attendre le mois de septembre le temps d’évaluer la situation et de tester l’expérience des terminales pour la réouverture des autres classes, tout en prévoyant d’organiser les contrôles du second semestre de l’année en cours et les évaluations de passage en classe supérieure au mois de Novembre ?
La prochaine ouverture des classes pourrait alors être envisagée au plus tard en janvier 2021.
LE SENEGAL SORT LENTEMENT LA TETE DE L’EAU
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), l’activité de production industrielle du Sénégal s’est redressée de 3,3%.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), l’activité de production industrielle du Sénégal s’est redressée de 3,3%. La production totale au cours des trois premiers mois de 2020 a, informe-t-elle, augmenté de 1,0% comparée à celle de la période correspondante de 2019…
Après deux mois de baisses consécutives en janvier (-3,5%) et février 2020 (-0,9%), l’activité industrielle du Sénégal a sorti lentement la tête de l’eau en mars 2020, enregistrant une augmentation de 2,9% en rythme mensuel, selon les données établies par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). « Cette performance est portée par les industries chimiques, alimentaires et de production d’énergie », a expliqué l’Ansd.
L’activité de production des industries chimiques a augmenté de 16,5% en liaison avec le relèvement de la fabrication des produits pharmaceutiques et de savons, détergents, produits d’entretiens (+70,4%) qui sont très sollicités pendant cette période de crise sanitaire. Le relèvement des activités de raffinage pétrolier (+33,3%) a aussi contribué à la performance des industries chimiques.
Par rapport à mars 2019, l’Ansd signale que la production des industries chimiques s’est bonifiée de 23,7%. La production au cours du premier trimestre 2020 a par contre baissé de 0,3% en référence à celle de la période correspondante de 2019. Au niveau de la production des industries alimentaires, un redressement de 7,3% est noté en mars 2020, découlant de la bonification de l’activité de transformation et conservation de fruits et légumes (+64,5%), de boissons (+34,0%) et de fabrication de condiments et assaisonnements (+21,8%).
Cependant, l’activité de production s’est réduite dans une bonne partie des sous-secteurs de l’agroalimentaire en l’occurrence la production de tabac (-44,4%), de confiseries et chocolats (- 28,2%), de corps gras (-22,2%), de conserve de poissons, crustacées et mollusques (- 20,8%) ainsi que la production d’aliments à base de céréale. sur un an, la production des industries alimentaires a progressé de 1,9%.
Le cumul sur les trois premiers mois de 2020 a fléchi de 0,3% comparé à celui de la période correspondante de 2019. Concernant la production d’énergie, une hausse de 3,1% est relevée durant la période sous revue. Le relèvement de l’activité de traitement et de captage d’eau (+8,1%) explique la hausse de la production d’énergie.
Par contre, l’Ansd a observé un léger recul de 0,1% de l’activité de production et de distribution d’électricité. Comparée à celle de mars 2019, l’activité de production d’énergie a augmenté de 6,2%. Rapportée à celle de la période correspondante de l’année précédente, la production totale au cours des trois premiers mois de 2020 a progressé de 9,3%. Hormis ces trois secteurs, tous les autres sont ressortis en baisse avec des degrés divers. L’activité de production des industries textiles et du cuir a ainsi chuté de 83,6% en mars 2020 en relation avec le cycle de production du coton. Comparée à celle de mars 2019, l’activité de production des industries textiles et du cuir a fortement augmenté.
Rapportée à celle de la période correspondante de l’année précédente, la production totale au cours du premier trimestre de 2020 s’est relevée de 14,5%. De son côté, l’activité de production des industries mécaniques a reculé de 14,3% en mars 2020.
Selon l’Ansd, ce résultat découle de la baisse de 81,1% de la production sidérurgique sur la période sous revue. Au même moment, il est noté un redressement de 34% de l’activité de fabrication d’autres ouvrages en métaux. Comparée à mars 2019, l’activité de production des industries mécaniques s’est réduite de 49,3%. La production totale au cours des trois premiers mois de 2020 a diminué de 25,9% par rapport à celle de la période correspondante de l’année 2019.
La production des industries extractives affiche une réduction de 9,2%
La production des industries extractives a, pour sa part, affiché une réduction de 9,2% en variation mensuelle. « Ce résultat est consécutif à la diminution de l’activité d’extraction de pierre, de sables et d’argiles (- 49,1%) induite par la fermeture des carrières avec l’avènement du Covid-19 », souligne l’Ansd.
Par ailleurs, la réduction de la production de sel et natron (-10,4%) a favorisé la contreperformance des industries extractives. Tout de même, l’activité d’extraction de phosphate a enregistré une hausse de 9,6% sur la période. En référence à celle de mars 2019, la production des industries extractives s’est contractée de 26,5.
Le cumul sur les trois premiers mois de 2020 s’est replié de 10,5% comparé à celui de la période correspondante de 2019. Quant à l’activité de production des industries des matériaux de construction, elle s’est repliée de 8,6% en mars 2020 du fait de la baisse de la production de ciment. En référence à celle de mars 2019, la production des industries des matériaux de construction s’est réduite de 3,4%. La production totale au cours du premier trimestre 2020 s’est, en revanche, hissée de 1,8% par rapport à celle de la période correspondante de l’année précédente. Comparativement au mois de février 2020, la production des industries du papier et du carton a connu une baisse de 4,6%, sous l’effet de la diminution de la production de sacs en papier.
Par rapport à mars 2019, l’activité des industries de production des industries du papier et du carton a reculé de 27,9%. La production totale au cours des trois premiers mois de 2020 a chuté de 10,6% par rapport à celle de la période correspondante de 2019. Globalement, en référence à mars 2019, l’Ansd note que l’activité de production industrielle du Sénégal s’est redressée de 3,3%. La production totale au cours des trois premiers mois de 2020 a augmenté de 1,0% comparée à celle de la période correspondante de 2019.
LA PREMIER LEAGUE REPRENDRA LE 17 JUIN
Comme la Bundesliga, la Liga NOS ou encore la Liga, la Premier League va reprendre dans quelques jours après plusieurs semaines d’arrêt. Les clubs se sont mis d’accord ce jeudi avec les différentes instances pour une reprise le 17 juin
Comme la Bundesliga, la Liga NOS ou encore la Liga, la Premier League va reprendre dans quelques jours après plusieurs semaines d’arrêt. Les clubs se sont mis d’accord ce jeudi avec les différentes instances pour une reprise le 17 juin, renseignent plusieurs médias occidentaux parcourus par IGFM
Si le football s’est complètement arrêté en France cette saison, suite à la décision de la Ligue de Football Professionnel prise le 30 avril dernier, celui-ci revient petit à petit chez nos voisins. La bundesliga a déjà repris depuis deux semaines, et la Liga NOs (Portugal) va suivre avec un retour à la compétition le 3 juin.
En Espagne, la Liga doit reprendre ses droits la semaine du 8 juin, avec certainement les premières rencontres le dimanche 14. Enfin, en Italie, les clubs doivent se réunir ce jeudi pour définir une date de reprise. Mais alors où en sommes-nous de l’autre côté de la Manche, en Angleterre ? Alors que certains joueurs étaient contre une reprise des entraînements, le gouvernement et les autorités sanitaires ont autorisé ces derniers à retrouver les terrains pour l’entraînement. La reprise des entraînements collectifs avec contacts avait même été votée ce mercredi. On commence donc à y voir plus clair dans le Royaume, et les dernières révélations du Telegraph vont ravir les fans de Premier League.
Un choc Manchester City-Arsenal pour bien reprendre
D’après le média britannique, les clubs se sont réunis ce jour pour discuter de la reprise et la Premier League va faire son grand retour le mercredi 17 juin avec deux matches en retard, à savoir une opposition entre Aston Villa et Sheffield United, mais aussi et surtout un choc attendu : Manchester City-Arsenal ! Le week-end suivant, les 19 et 20 juin, se disputera la 30e journée, première des neuf journées qu’il reste à disputer pour en terminer avec la saison anglaise 2019-2020. A ce stade, l’hyper leader Liverpool, déjà qualifié pour la prochaine Ligue des champions, compte 25 points d’avance sur Manchester City (un match en moins). Suivent Leicester (3e) et Chelsea (4e), tandis que Bournemouth (18e), Aston Villa (19e) et Norwich (20e) sont relégables.
Bonne nouvelle pour Sadio Mané
En ce qui concerne la fin de la saison, la Premier League aimerait que tout soit terminé lors du premier week-end du mois d’août, à savoir le samedi 1er et dimanche 2 août. Bien entendu, toutes les rencontres restantes se joueront à huis clos et avec des règles sanitaires très strictes. Mais la saison va bel et bien se terminer en Angleterre. Une bonne nouvelle pour Liverpool qui vise son premier titre de Premier League depuis 30 ans. Ça l’est aussi pour l’international sénégalais, Sadio Mané qui veut être sacré pour la première fois après avoir déjà remporté la Ligue des Champions, la super Coupe d’Europe, le Mondial des Club sans oublier le ballon d’or africain un trophée individuel. Surtout que les Reds leaders, distancent de 25 points leur dauphin Manchester City. Le meilleur footballeur africain s’apprête donc à vivre la meilleure période de sa carrière.
Par Moussa Kamara
CHIENLIT !
A lire les gazettes, nous avons l’impression qu’il y a des sénégalais qui ignorent ou défient les lois de la République. Tantôt un groupe d’individus se lève pour décréter tout bonnement une interdiction d’inhumer !
Qui l’eut cru ? Une grève en pleine pandémie de Covid-19 est la menace brandie par des transporteurs dirigés par un Gora Khouma sans peur ! Grève de soutien clament-ils mais le lien est vite fait avec les fonds de soutien généreusement distribués ailleurs.
Le sénégalais raffole d’argent depuis vingt ans que les Libéraux règnent. Nous avons tous vu le précédent résident distribuant abondamment et généreusement des millions à d’heureux sénégalais et étrangers.
Des lutteurs aux footballeurs et basketteurs sans compter les sinistrés et victimes des inondations dignement logés à Jaxay ; les planches à billets avaient bien fonctionné. Nonobstant le cactus et le rictus créés par l’opération Segura, foireuse et malheureuse, l’opinion découvrait que la corruption était une règle non écrite chez plusieurs de nos dirigeants. Alors avec les sous du fonds Convid-19, tous les pauvres diables du Sénégal se croyaient élus.
Déçus de n’avoir rien reçu, ils s’adonnent à une forme de bataille. Sans travail, pas de graille pour ces chauffeurs qui content leurs malheurs devant les micros et dans les studios. Avec cette grève, ils espèrent être entendus et reçus pour de futures négociations. Rien que ça !
A lire les gazettes, nous avons l’impression qu’il y a des sénégalais qui ignorent ou défient les lois de la République. Tantôt un groupe d’individus se lève pour décréter tout bonnement une interdiction d’inhumer !
En vertu de quoi ? C’est notre quartier, pas d’étrangers ni de victimes du coronavirus pour reposer éternellement sans notre quitus ! Quand les ignares prennent la barre, on en arrive à ce stade d’incompréhensions qui entrainent des exactions sur les biens des forces de l’ordre, les ambulances des sapeurs-pompiers en l’occurrence.
Toujours dans cette chronique sur la pandémie, y a aussi le cas Rangou. Cette fille qui se vend sur le Net par des photos suggestives a, au mépris de tout, convoqué ses gogos pour un « yendu » torride dans un hôtel de la place. Et la DIC d’intervenir pour faire tout capoter (sans jeu de mots !). A ce rythme de transgression des règles de la vie faut-il craindre la chienlit ?
Par Mamadou Oumar NDIAYE
LE BON PLAISIR DU ROY MACKY SALL…
Au moment où on quémande des annulations ou des remises de créances, donc, on octroie sur le plan intérieur des privilèges coûteux pour les finances publiques. Macky a l’art de danser à contretemps
Comme nous l’écrivions il y a deux semaines, au lendemain de sa décision d’assouplir certaines restrictions prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, le président de la République a décidément le talent inouï de danser à contretemps ! Nous avions notamment moqué sa valse à contretemps.
En effet, alors que la pandémie était au plus bas et n’avait encore fait aucune victime, il avait pris des dispositions de confinement ubuesques. Et lorsque la même pandémie grimpait allègrement vers les sommets après avoir fait des dizaines de morts, il avait entrepris de déconfiner !
En tout cas assoupli son confinement. Un peu comme les banquiers dont on dit qu’ils vous prêtent un parapluie par beau temps et vous le retirent dès que l’orage éclate ! Mieux, et pour en revenir à notre président, alors que toutes les troupes de ce pays sont au front de la lutte contre le coronavirus, le Généralissime qu’il est jouait tranquillement au Ludo avec sa famille. Et le faisait savoir au peuple moutonnier que nous sommes…
Eh bien jamais deux sans trois puisque c’est encore en plein état d’urgence sanitaire, alors que ses gouverneurs et préfets avaient fermé tous les « loumas » du pays, accentuant la misère dans le monde rural, et décrété une ouverture alternée kafkaïenne des marchés des autres localités, précarisant davantage les acteurs de l’informel, alors que des secteurs entiers de l’économie sont à l’arrêt ou agonisent, c’est donc ce moment particulièrement grave que notre Connétable a choisi pour encore octroyer des privilèges. A une courtisane cette fois-ci. Car enfin, quelle urgence y avait-il à sortir un décret pour nommer Mme Aminata Tall présidente honoraire de ce machin qu’est le Conseil économique, social et environnemental ? Je n’entrerai évidemment pas dans la querelle byzantine voire picrocholine consistant à savoir s’il y a eu un faux décret ou un décret falsifié voire un décret détourné de son objet.
Peu m’importe également que le décret instaurant l’honorariat pour les anciens présidents de ce Conseil ait été signé par l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. Au demeurant, je savais bien que ce dernier avait octroyé ce statut particulièrement juteux en termes pécuniaires et d’avantages matériels à son pote big Fam. Là n’est pas le problème !
Il se trouve dans le fait que même si Wade, avec sa prodigalité légendaire, à eu à donner un tel statut et les privilèges qui vont avec, le président Macky sall, plébiscité par les sénégalais pour, entre autres missions, mettre fin aux dérives dépensières de son prédécesseur, ait pu continuer à distribuer à tour de bras des privilèges ruineux pour les finances publiques. C’est encore plus grave à ce moment précis où, investi des pleins pouvoirs de chef de guerre, il est chargé de mener la bataille contre un terrible ennemi invisible appelé Covid-19.
Une guerre pour les besoins de laquelle il a organisé un grand « mastata fi sabililahi » au niveau national ayant parfois pris des allures d’un braquage genre « la bourse ou la vie ! » pour financer son plan de riposte contre la pandémie. Le geste du président de la République fait d’autant plus désordre et est d’autant plus inopportun qu’il est intervenu après que le même président Macky sall s’est autoproclamé « leader » de la cohorte de présidents africains mendiants mise sur pied pour solliciter de la communauté internationale l’annulation de la dette publique des pays du continent.
Au moment où on quémande des annulations ou des remises de créances, donc, on octroie sur le plan intérieur des privilèges coûteux pour les finances publiques. Macky a l’art de danser à contretemps, on vous dit. Et pas seulement du « wango » ou du « wathiatha » !
Privilège royal
Car enfin, président honoraire du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ce n’est malheureusement pas qu’un titre ronflant. C’est aussi une foultitude d’avantages qui, cumulés, coûtent bonbon au contribuable. Et c’est justement cela qui heurte la morale et insulte l’éthique en plus d’être carrément indécent.
Pendant que le peuple se serre la ceinture, mange son pain noir et est même à l’article de la famine dans le monde rural, tandis qu’une grave récession se profile, notre Président, dont on pensait qu’il était tout entier absorbé par la guerre contre la pandémie et ses terribles conséquences sanitaires et économiques, trouve non seulement le temps de jouer au Ludo mais encore de faire les samba Linguère ! Car tel est son bon plaisir… Côté symboles et provocations — voire insultes — au peuple, je ne vois que deux précédents illustres dans l’Histoire qui ressemblent, toutes proportions gardées bien sûr, à l’acte que vient de poser en catimini le président de la République.
Le premier, c’est lorsque la reine de France Marie-Antoinette avait déclaré, soit avec morgue soit par sottise, ceci : « Le peuple n’a plus de pain ? Il n’a qu’à manger de la brioche ! » Une phrase prêtée à tort à l’Autrichienne (Jean-Jacques Rousseau l’aurait mise dans la bouche d’une princesse d’un de ses livres) même si d’aucuns soutiennent qu’elle aurait contribué à déclencher la Révolution française !
Le second s’était passé en Ethiopie, pays qui abrite depuis 1963 le siège de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue UA. En 1973, pendant que le pays était frappé par une terrible sécheresse et que les gens mouraient de faim, la Télévision montrait le Négus (ou empereur) Haïlé sélassié en train de donner des quartiers de viande de bœuf à ses lions !
Un geste en comparaison duquel, sans doute, le privilège du roi Macky sall à une courtisane déchue peut apparaître à priori comme un péché véniel ou un geste banal. A priori seulement !
par Abdou Latif Coulibaly
LES RÈGLES DU JOURNALISME SONT-ELLES DIVISIBLES ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le texte publié il y a moins d’une semaine par le Monde Afrique sur le pétrole sénégalais, est un tissu d’erreurs factuelles qui étonnent à plus d’un titre
J’ai lu dans la journée du mercredi 27 mai 2020 un article publié sur le site du Monde Afrique et portant sur le secteur pétrolier au Sénégal. Titré : « Au Sénégal, les perspectives d’exploitations pétrolières s’éloignent une fois de plus », et rédigé à deux mains par Théa Ollivier (Dakar, correspondance) et Mariama Darame, le texte qui a été publié en ligne, il y a moins d’une semaine, est un tissu d’erreurs factuelles qui étonnent à plus d’un titre. Nul n’a besoin d’une lecture attentive pour s’en rendre compte, tant celles-ci nous paraissent grossières. On pourrait croire que les deux rédacteurs de cet article ont voulu ériger en faits, des opinions radicales pour construire on ne sait quelle vague de discrédit autour des politiques économiques. Au fond de moi, je me suis posé la question de savoir : est-ce que certains journalistes en Occident, n’en sont-ils pas arrivés, dès lors qu’ils parlent de l’Afrique, à croire que les règles qui s’appliquent à leur métier peuvent être divisibles. Une divisibilité qui fonctionnerait selon qu’on est en Europe ou en terre africaine. Sinon, Théa Olivier et la personne avec qui il a travaillé, auraient pris le minimum de précautions, pour vérifier auprès des autorités du pays le fondement des fausses informations publiées sur leur site. Quand c’est en Afrique, le doute professionnel s’envole, l’empathie qui assure une bonne communication avec tout interlocuteur et la distance qui sauvegarde et protège la neutralité et l’objectivité procédurale ont alors vite fait de déserter le terrain. Je n’ai nullement envie de dénoncer des comportements ou de répondre à des journalistes qui ont estimé devoir faire leur travail comme ils ont cru devoir le faire au Sénégal, mais j’ai plutôt envie de débattre avec eux, pour que je sois définitivement édifié, quant à la question de savoir si le journalisme a changé au cours de ces dix dernières années. Je sais que l’Internet est passé par là, toutefois, même si on constate impuissant les effets dévastateurs que ce nouvel outil porte à la crédibilité de ce métier, je ne pourrais me résoudre à l’idée que ce que le site en ligne du Monde Afrique a écrit est normal.
Quelle est la première erreur factuelle notée ? Un expert du nom de M. Omgba, consulté par les journalistes, je me demande il est expert de quoi, affirme de façon péremptoire : « Le rêve pétrolier et gazier s’éloigne encore un peu plus pour les Sénégalais. Initialement prévue en 2020, l’exploitation des deux principaux projets d’hydrocarbures, le champ pétrolier Sangomar offshore et le gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) partagé avec la Mauritanie – tous deux découverts en 2014 – avait déjà été retardée à trois reprises. La pandémie de la Covid-19 vient à nouveau de repousser d’un an, à la fin de 2023, le lancement de la production commerciale ». Nulle part dans les documents officiels publiés par le Sénégal et ses partenaires, une exploitation des hydrocarbures n’a été envisagée en 2020. Même pas imaginé. La date d’exploitation le plus tôt avancée a été fixée pour l’année 2022. On a d’ailleurs le plus souvent parlé de fourchette : 2022-2023. On parle d’erreur factuelle, pour éviter d’avoir un gros mot pour qualifier la liberté prise avec les faits. Les opérations de développement (construction des plateformes d’exploitation) ayant démarré en 2019, comment le Sénégal pouvait-il attendre des recettes pétrolières en 2020 ? En fait, je constate, pour ma part, que ce sont les journalistes, eux-mêmes, qui se trompent quand, ils pensent pouvoir avec leur expert, informer sur le pays de la manière dont ils l’ont fait. La question de perte de recettes pétrolières qui porterait un rude coup aux attentes du Sénégal est une vue de l’esprit de l’expert du site Monde Afrique, une pure invention. Nulle part dans la loi de programmation triennale qui détermine les investissements publics au cours des trois années (2017-2020) des recettes provenant du pétrole ou du gaz n’ont été prévues, encore moins dans le budget en cours (2020). Pour le collectif budgétaire en cours, le tableau ci-après donne le profil des prévisions de recettes : « Le budget général pour l’année 2020 s’élève à 3 122,55 milliards FCFA en recettes et à 3 573 milliards de FCFA en dépenses. Les recettes budgétaires sont composées des grandes masses suivantes : recettes fiscales : 2 675 milliards de FCFA (en hausse de 9,9% par rapport à la LFR1) ; recettes non fiscales : 124 milliards de FCFA (en hausse de 0,5% par rapport à la LFR1) ; recettes FSE : 30 milliards de FCFA ; - tirages sur dons - projets : 260,5 milliards de FCFA ; - dons budgétaires : 33 milliards de F CFA ». Nulle part ne figurent des recettes provenant de nos champs gaziers ou pétroliers.
Quelle est la deuxième erreur factuelle ? L’expert consulté par le Monde Afrique prétend que, dès que l’annonce de découvertes d’hydrocarbures a été faite, les salaires des fonctionnaires ont été augmentés. Une augmentation de salaire n’est pas intervenue dans la Fonction publique sénégalaise depuis le 11 août 2009. La dernière augmentation est intervenue dans ce secteur public, à la suite d’un protocole tripartite signé entre les centrales syndicales, le Patronat et l’Etat. Ce qui est constant, c’est une baisse d’impôts de l’ordre de 15000 FCFA, en moyenne qui avait impacté tous les travailleurs du secteur public et privé. Cette baisse a été actée en 2013, à la suite de la refonte globale du Code général des Impôts. La baisse des impôts des particuliers avait été prévue dans le protocole tripartite tantôt évoqué. Le Monde Afrique confond (sciemment ?) l’augmentation de salaire négociée et actée dans le secteur privé en 2019, avec la Fonction publique. Signalons que le secteur privé était resté dix ans sans aucune augmentation des traitements.
Troisième erreur factuelle. Écoutons l’expert du site du Monde Afrique pour comprendre : « Depuis 2012 et l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, la dette publique du Sénégal est passée de 42,9 % à 67 % du PIB en 2020, selon le Fonds monétaire international (FMI). Cet accroissement s’explique d’abord par les investissements massifs dans des projets d’infrastructures et de développement réalisés dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE), mais pas seulement. Le pays a augmenté les salaires des fonctionnaires dès 2018. Il a aussi mis en place des subventions en faveur du secteur énergétique, malgré une hausse des cours », précise M. Omgba. Quand Macky Sall arrivait au pouvoir, la subvention accordée par l’État au secteur de l’énergie dépassait les 200 milliards par an. Il a maintenu les subventions qui sont allouées à ce secteur depuis pratiquement le premier choc pétrolier de 1973. Comment un expert qualifié peut-il ignorer cela ? En 2011, au-delà des subventions actées chaque année, les locations de barges de production électrique pour suppléer les défaillances de Senelec en la matière, avaient, au bas mot, coûté 300 milliards de nos francs. Pour un expert, la qualité de la prestation est tout sauf brillante.
Quatrième erreur factuelle : « En juin 2019, une affaire de corruption sur ces contrats impliquant le frère du président sénégalais, Aliou Sall, avait indigné la population. En réponse, le gouvernement de Macky Sall a promulgué un nouveau code pétrolier promettant de respecter les intérêts du pays ». Faux ! La réforme du Code pétrolier a été adoptée le 24 janvier 2019. C’est dire donc, six mois avant cette affaire de corruption que vous évoquez non sans malice. La réforme de ce Code pétrolier procède d’une politique d’Etat de réformes en profondeur des secteurs minier, pétrolier et gazier du pays. C’est d’abord la réforme du Code minier qui a été réalisée deux ans avant que n’intervienne en janvier 2019 la réforme du Code pétrolier. Un nouveau Code gazier distinct du Code pétrolier a été dans la foulée adoptée. C’est cela la stricte vérité.
De la faute de goût professionnel. Apparemment, pour le site du Monde Afrique, les autorités qui ont été mises en cause et vilipendées n’ont pas droit à la parole. Ainsi, les opposants peuvent trôner sans contradicteurs. C’est la ronde des contempteurs. Ousmane Sonko fidèle à son discours de dénonciations tous azimuts, a encore sonné la rengaine pour le Monde Afrique. C’est Fatou Diop qui enchaîne. Sans trop d’idées nouvelles dans la critique. « Malgré les incertitudes liées à ce projet, le Sénégal avait tout misé sur le pétrole. Il a perdu, estime la militante ». Inexact de dire que le Sénégal a tout misé sur le pétrole. Si le Sénégal a tout misé sur le pétrole, pourquoi alors s’est-il employé à construire de grandes centrales solaires à Ten Mérina (Ngaye Mékhé) avec 30 mégawatts, à Bokhol (20 MW) à Malicounda (22 MW) ? Et que dites-vous du parc éolien de Taïba Ndiaye ? Au contraire, le Sénégal étant conscient des dangers du tout pétrole, mise plutôt sur le mix énergétique. Ainsi, dès 2017, le pays a mis en service cinq nouvelles centrales solaires qui ont porté le taux des énergies renouvelables à 21%. Avec les premiers 50 MW du parc éolien de Taïba Ndiaye et les 100 MW du programme scaling Solar, ce taux sera porté à 30% en 2018. En 2019, quatre autres centrales photovoltaïques hybrides ont été inaugurées dans les îles du Saloum, précisément à Bettenty, Djirnda, Bassoul et Dionewar dans le département de Foundiougne, là où justement le pétrole de Sangomar a été découvert. C’est quoi tout misé sur le pétrole ? C’est se préparer à une exploitation rationnelle et optimale de la ressource, en mettant en place les moyens et les conditions indispensables à cette fin ? Si c’est cela, heureusement alors que le pays mise toujours et raisonnablement sur son pétrole. C’est légitime. « Il a tout perdu », dit la militante. J’espère que ce n’est pas là un souhait du cœur de sa part. Je souhaite conclure, en soulignant que je m'agace souvent, face à une certaine pratique de type latin du journalisme. Une pratique souvent marquée par une avalanche d'opinions sentencieuses martelées avec certitude, voire arrogance par des pontifes qui ne doutent jamais. Les faits pour eux sont secondaires, pour ne pas dire relégués sous les décombres d'un métier un peu trop malmené, ces temps-ci, par le déferlement quotidien de productions de nouvelles de toutes sortes venant des réseaux sociaux, mais provenant aussi de tous les supports disponibles sur Internet. Le site Monde Afrique m‘a semblé cette fois-ci un peu léger, en se montrant peu digne de l'aura et du professionnalisme de son père géniteur : Le Monde. Ce que j'aime dans la pratique anglo-saxonne, c'est son attachement encore effectif au fait. Je ne me fais cependant aucune illusion. Je vois bien que là également, on peut s'organiser pour tenter de travestir le fait, en le plongeant dans un magma d'opinions dévastatrices qui en dénaturent totalement le sens et la signification.
En tout état de cause, les règles du journalisme, nous semble-t-il, changent dès lors que l'Afrique est en cause. La pandémie en cours en donne une parfaite illustration. Ainsi, à défaut de pouvoir ramasser à la pelle des morts dans les hôpitaux du continent noir, on s’évertue à trouver des angles d'attaque « ingénieux », en se demandant, par exemple, pourquoi les Africains ne meurent pas encore en masse du Covid-19 ? Comme si les journalistes qui ne sont pas des scientifiques, ni médecins - les seuls susceptibles de répondre, et encore, à cette interrogation, pouvaient eux trouver la réponse. L'information, c'est : les Africains meurent, du Covid-19 mais ils en meurent aujourd’hui beaucoup moins que les autres. C'est cela le fait. Toute autre chose dite est de la spéculation. Une opinion, ni plus ni moins.