Le maire socialiste de Ndoulo, Kany Bèye, est choqué par les propos injurieux tenus par des responsables du régime. Des injures diffusées dans les réseaux sociaux et qui ont valu à Moustapha Cissé Lo, d’être exclu de l’Alliance Pour la République (Aps). Pour Kany Bèye, qui dit ne pas être surpris, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo iront en prison après le règne de Macky Sall.
«Ces comportements dignes de vrais sauvages démontrent que ceux qui nous gouvernent ne sont pas dignes d’être au sommet de l’Etat. Très peu de Sénégalais sont surpris par l’attitude des gens qui entourent Macky Sall. En vérité, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo ne méritent même pas d’être chefs de quartier dans ce pays», a martelé, hier, le maire de Ndoulo, Kany Bèye. Mais pour lui, la faute incombe en partie aux Sénégalais qui n’ont pas su faire les bons choix. «Les Sénégalais ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes parce qu’ils ont élu des gens incapables de diriger ce pays. Les Sénégalais n’ont pas encore assez de maturité pour distinguer les hommes capables de conduire les destinées de cette Nation. Jadis, les vrais hommes d’Etat se distinguaient facilement, même en apparence. Mais aujourd’hui, vous avez envie de vomir quand on vous présente un ministre, un député, un ambassadeur ou un quelconque autre responsable. C’est pitoyable», fulmine-til avant d’ajouter : «Moustapha Cissé Lô n’a surpris personne. Comment croire en quelqu’un qui a voulu manger à toutes les sauces servies par les différents régimes ? C’est un homme sans vergogne qui a été au Parti socialiste (Ps), ensuite au Parti démocratique sénégalais (Pds) et maintenant à l’Alliance pour la République (Apr).
Cissé Lo a été le premier à me dire au Point-Chaud, sur le Boulevard de la République, que Macky Sall mettrait Khalifa Sall en prison si ce dernier osait se présentait à l’élection présidentielle», s’indigne Kany Bèye d’après qui Yakham Mbaye serait atteint de déficiences mentales. «Quant à Yakham Mbaye, ce n’est pas un homme normal. Il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Il n’est même pas journaliste. C’est grâce à Cheikh Tidiane Dièye qu’il est entré dans la presse. Tous les membres de sa famille étaient des socialistes. Le grand frère de Yakham Mbaye, Cheikh Yama Mbaye, était à Paris en même temps que moi», renseigne-t-il.
Kany Bèye d’ajouter : «Pour Farba Ngom qui ne mérite même pas d’être un planton. Il démontre que Macky Sall est entouré par des gens sans vergogne. Mais il y a un adage qui dit : ‘’dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es’’. Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo peuvent s’insulter et proférer autant d’insanités qu’ils veulent, parce qu’à la fin du règne de Macky Sall, ils finiront tous en prison.»
«A L’APR, IL N’Y A AUCUNE IDEOLOGIE PERMETTANT DE CRISTALLISER LES MOBILISATIONS»
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel. Monsieur Diaw a ainsi indiqué qu’il n’y a aucune idéologie à l’APR, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations.
«L’AS» : Deux caciques de l’APR, Moustapha Diakhaté et depuis hier Moustapha Cissé Lo ont été exclus par les leurs. Cela n’annonce-t-il pas la fin d’un cycle politique pour le parti présidentiel ?
Moussa DIAW : Je n’irais pas jusque-là. Mais cela traduit un malaise à l’intérieur du parti. Ce qui est symptomatique de rivalités entre les différents leaders, des ambitions contradictoires et les enjeux de pouvoir, compte tenu de la situation et les possibilités d’accéder à des positions leur permettant d’accéder à des ressources. Mais cela augure quand-même un avenir incertain. Parce qu’on sait que c’est un parti relativement jeune qui n’a pas été structuré. Le Président Macky Sall n’a pas eu de temps d’organiser son parti, d’organiser un congrès et de structurer les instances. C’est pourquoi on assiste à une situation de conflictualité à l’intérieur du parti, de dénigrement. Parce que c’est un parti qui rassemble des personnalités venant d’horizons divers. C’est un agrégat d’individus qui sont mus par des intérêts politiciens. Ils ont une conception de la politique qui est celle de penser qu’on va s’enrichir ou qu’on peut avoir une consécration sociale et économique à travers une activité politique. C’est un parti qui redistribue des postes et également des ressources. Ce qui crée des tensions, des rivalités, des positionnements des uns et des autres. Et c’est dans cette guerre-là qu’apparaît justement le cas Moustapha Cissé Lo avec ses dérives verbales, son francparler et son tempérament difficile à maîtriser. Cette situation-là est aussi favorisée par le fait que le Président cumule les fonctions de président de la République et de chef de parti. Ce qui le met en première ligne parce que généralement d’ailleurs, cette position-là est souvent critiquée parce qu’on pense que quand on est président de la République, on joue le rôle d’arbitre. Donc, le parti n’a pas de numéro 1 ni de numéro 2. Et c’est ce qui explique d’ailleurs qu’il y ait des conflits de positionnement entre les leaders dans certains départements. Et aujourd’hui, normalement, c’est le dernier mandat du président de la République et cela va aiguiser les appétits des uns et des autres et va renforcer les dissensions au sein de l’APR.
Est-ce que ces dérives ver- bales ne traduisent pas une déliquescence des mœurs po- litiques au Sénégal ?
Oui tout à fait. Cette légèreté dans les propos etle vocabulaire utilisé traduit un manque de considération par rapport à la fonction et par rapport même à des gens qu’on a élus. Et cela traduit aussi le fait que le recrutement se fait n’importe comment. Ce sont des personnalités qui n’ont aucune compétence et qui sont dans ces positions parce qu’ils soutiennent une personne. Donc, ils ne sont pas mus par l’attachement à une idéologie, à des valeurs morales, et à une éthique. A l’APR, il n’y a aucune idéologie, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations autour de cet enjeu-là. Ce qui fait que les gens viennent de façon volontaire rien que pour accéder à des positions de pouvoir. Et ceux qui sont aujourd’hui concernés malheureusement par ce discours-là, cette violence verbale, sont dans le même cas. S’il y avait une unité autour d’un projet, d’une idéologie, on aurait dépassé ces contradictions de personnes. Parce que ce qui les lie serait plus fort que ce qui les différencie. Mais on n’assiste pas à cela aujourd’hui malheureusement. On influence et on est dans des réseaux pour se rapprocher du leader pour pouvoir obtenir des positions. Lesquelles positions contribuent justement à leur ascension sociale et économique de par leur proximité du pouvoir. Donc, c’est ça la conception qu’on a au sein de ces formations. Dans les vraies démocraties, on s’engage politiquement pour soutenir les positions du leader pour avoir un sens élevé de l’Etat, de la responsabilité et être au service des citoyens. Mais si on regarde ce qui passe actuellement, il est évident que les citoyens sont désabusés. Ces gens ternissent l’image des hommes politiques. En effet, dans un contexte particulier de lutte contre la pandémie, on note la guéguerre au sein du parti présidentiel pour des histoires de positionnement ou de redistribution de ressources ou de rivalités de personnes.
Au-delà des insultes, Moustapha Cissé Lo a fait des révélations de taille sur la gouvernance et la gestion de certains projets. Ne devrait-il pas y avoir une auto saisine du Procureur pour éclairer certaines choses ?
Normalement, c’est ce qui devrait se faire dans un Etat où il y a une vraie séparation des pouvoirs. Mais généralement ici, malheureusement, le Procureur agit sur instruction. Il y a une confusion des rôles. Et il n’y a pas une vraie séparation des pouvoirs dans sa pratique. C’est l’Exécutif qui influence le Judicaire. Et c’est un peu problématique, dans ce cas précis, qu’il y ait une auto saisine du procureur de la République. Peut-être que cela pourrait se faire. Mais en temps normal, dans un Etat démocratique, quand on tient ces propos, le lendemain, vous êtes convoqués par la Justice pour en savoir davantage sur ce que vous dites, la véracité des propos et les preuves pour faire de telles allégations. Mais ici, on est dans un contexte où la séparation des pouvoirs est un peu difficile à réaliser. Et il est très rare qu’il y ait cette saisine de la Justice pour pouvoir tirer au clair les propos de Moustapha Cissé Lo. Mais peut-être que cela pourrait se faire. On ne sait jamais. De toute façon, on verra quelles sont les positions des uns et des autres ; est-ce qu’il y a vraiment une volonté de clarifier les choses et d’éviter de telles exagérations, de telles dérives verbales qui n’augurent pas un bon avenir du politique dans ces formations. Tout dépendra de la volonté des uns et des autres, soit de clarifier le jeu, soit de tourner la page et de penser à autre chose.
Par Cheikh KANTé
NUL N’EST ECONOMISTE S’IL EST PROTECTIONNISTE
Cette pauvreté de l’Afrique, inacceptable sur le plan éthique dans ce 21ème siècle finissant, est la résultante de politiques économiques inadaptées, mises en œuvre depuis les Indépendances, et qui engendrent un ensemble de comportements
La conviction du ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) est qu’on ne peut asseoir le développement d’une Nation à partir des rentes attendues des matières premières. Dans un éditorial retentissant paru dans le dernier numéro du magazine Tam Tam de l’émergence, Dr Cheikh Kanté explique que l’Afrique doit nourrir les Africains, et les décideurs africains doivent mettre en place un financement efficient du système social, pour arriver à une croissance durable, mais également inclusive et équitable.
A quelque chose malheur est bon. L’homme, sage, sait tirer du malheur et des épreuves de salutaires leçons pour l’avenir. La moralité de ce proverbe, en usage déjà au XVIIème siècle, est que souvent le malheur affermit l’expérience de l’homme de bien et a une influence certaine sur l’état de son âme. La crise de la COVID 19, qui affecte profondément tous les systèmes productifs et la croissance économique de nos pays, a renforcé ma conviction qu’un malheur procure parfois quelque avantage imprévu. Cette pandémie inédite nous offre, en effet, l’opportunité d’initier un débat objectif etlarge, afin d’évaluer nos politiques, et d’analyser les perspectives essentielles qu’il nous faut réinventer et réaliser. Pour nous relever de cette situation lourde de dangers, et mettre en œuvre les transformations structurelles qui s’imposent, nous devons bâtir une vision stratégique et consensuelle, soutenue par des politiques économiques et sociales réalistes. Au demeurant, on ne peut asseoir le développement d’une Nation à partir des rentes attendues des matières premières. L’Afrique doit nourrir les Africains, et les décideurs africains doivent mettre en place un financement efficient du système social, pour arriver à une croissance durable, mais également inclusive et équitable. La problématique des priorités africaines, pour une croissance inclusive et durable qui doit nous mener vers l’émergence, doit être reconsidérée sur le plan individuel et collectif, en tirant la leçon des apprentissages de la crise que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit d’une question de dignité, de souveraineté, et de volonté politique qui doit se fonder sur l’amour de sa patrie, et du Continent. L’équation est pourtant simple : comment sortir le paysan, l’éleveur et le pêcheur africains de la pauvreté, et les mettre en situation de nourrir l’Afrique ? La résolution de cette équation est fondamentale, et la COVID 19 a bousculé nos certitudes et mis à nu nos multiples fragilités sectorielles, individuelles et collectives. Le Coronavirus a bouleversé les bases mêmes de l’humanité, et nous a fait prendre conscience que les immenses richesses naturelles dont dispose l’Afrique doivent être exploitées par les Africains.
FACE A L’AFRIQUE, LA SOLIDARITE INTERNATIONALE A TOUJOURS ETE TIMIDE
Notre continent ne doit plus être cette gigantesque arène de prospérité où s’affrontent les gladiateurs occidentaux, et où se côtoient les espérances d’émergence des populations africaines et les désespoirs qu’engendrent la faim, les guerres et le terrorisme. Face à l’Afrique, la solidarité internationale a toujours été timide. La communauté internationale promet et prend des engagements qu’elle peine à respecter. Depuis la Conférence Internationale sur le financement du développement de Monterrey, en Mars 2002, en passant par la Déclaration de Rome, en 2003, celle de Paris, en 2005, et l’importante Déclaration d’Accra, en 2008, qui confirmait toutes ces mesures par l’ « Agenda d’Accra pour l’action», les engagements des pays donateurs pour favoriser le financement du développement de l’Afrique n’ont jamais, ou très peu, été suivis d’effets. La Déclaration de Doha de Décembre 2008, tout comme les engagements de Doha de 2013, suite à l’Examen mutuel de l’efficacité du développement en Afrique, examen initié par les décideurs africains et les Partenaires au développement pour financer une croissance inclusive en Afrique, sont restés lettre morte, obligeant certains de nos pays à revoir leurs ambitions à la baisse, et à s’endetter pour financer leurs plans de développement. La dette vis à vis de l’Afrique est lourde et inique. Elle remonte à l’esclavage et à la colonisation qui ont institutionnalisé une pauvreté chronique et structurelle. On ne doit pas fonder la stratégie de croissance inclusive d’un pays sur une rente attendue des matières premières.
La COVID19 a confirmé que la malédiction des matières premières, connue sous le concept de « Durch disease», est une pathologie qui peut s’étendre par contamination à d’autres secteurs comme le tourisme, le secteur informel, le commerce, les transports aérien, terrestre et maritime, les transferts de la diaspora, entre autres. La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole, résultant de la crise sanitaire, en est une preuve palpable. Les pays comme l’Angola, l’Algérie, le Nigéria, la Guinée équatoriale, entre autres, sans oublier les petits producteurs comme la Côte d’Ivoire, le Congo, le Tchad, le Gabon, le Ghana, et le Kenya ont vu leurs planifications bouleversées et leurs rêves brisés. De multiples programmes d’investissement sont rangés dans les tiroirs, à l’image des projets gaziers et miniers, dans des pays comme le Mozambique, l’Afrique du Sud, la RDC et la Zambie. Selon les estimations des professionnels du secteur, le pétrole et le gaz naturel devraient être durablement affectés. Les pays africains ne produisent pas assez pour nourrir leurs populations, et procèdent à des importations massives de denrées de première nécessité qui pèsent négativement sur leurs balances commerciales.
L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DOIT ETRE UNE PRIORITE
La production locale est souvent découragée par l’importation des produits subventionnés, en provenance des pays industrialisés, qui inondent les marchés africains. Plusieurs filières prometteuses comme le coton, le riz, le maïs, l’arachide, la tomate, le lait et produits dérivés, la viande, les fruits et légumes, entre autres, ne résistent pas à ces produits subventionnés et meurent, accroissant la misère dans nos villes et campagnes africaines. Il est plus facile, à court terme, d’importer que de produire.
Par ailleurs, les «commissions» enrichissent certains individus, et des taxes importantes renflouent les caisses des Etats. Les objectifs de développement agricole doivent être corrigés et doivent prendre en compte les questions cadastrales et le statut foncier, les intrants, les semences, la motorisation et la mécanisation, les infrastructures de stockage et de conservation, l’organisation des marchés pour une bonne distribution, la formation du capital humain et les prix, l’autonomisation des femmes et la responsabilisation des jeunes. Dans ce processus, le commerce intra-africain, encore trop faible (moins de 15%), doit jouer un rôle important par le biais des programmes communautaires.
Cette pauvreté de l’Afrique, inacceptable sur le plan éthique dans ce 21ème siècle finissant, est la résultante de politiques économiques inadaptées, mises en œuvre depuis les Indépendances, et qui engendrent un ensemble de comportements sociaux, culturels et politiques. Cette pauvreté institutionnelle rejoint quelque part la définition du philosophe français Michel Onfray. Dans son ouvrage « Politique du rebelle, Traité de résistance et d’insoumission», Paris, Grasset 1997, il distingue trois cercles centrés sur la pauvreté : le premier qui correspond à celui des damnés (la tribu des mendiants qui ne survit que grâce à l’aumône); le second cercle correspond à celui des éprouvés (malades, délinquants, clandestins et refugiés); enfin le dernier cercle correspond à celui des exploités (emplois précaires, déplacés, prolétaires et paysans sans terre ou éleveurs sans troupeaux). Les conséquences économiques de la COVID19 nous permettent de mieux comprendre la position anglaise du protectionnisme.
L’économiste britannique, William Nassau Senior, «un des plus grands économistes anglais de son temps» et héritier d’Adam Smith, soutient que : «Nul n’est économiste s’il est protectionniste ».Evidemment, vivant comme ses contemporains dans un monde profondément protectionniste, ce n’était ni un blâme, ni même un reproche. Il se cantonnait à expliquer sa conviction profonde que l’économiste doit favoriser le libre- échange, et en faisant baisser les prix, il améliore le pouvoir d’achat des populations. Par contre, le protectionniste, en empêchant la concurrence, avantage certains secteurs au détriment des consommateurs.
Dans la logique économique qui motive son raisonnement, le rôle de l’économiste est de concevoir les politiques qui améliorent la situation globale de la population. Dans ce cadre, le protectionniste est celui qui choisit de favoriser une partie de la population au détriment de l’autre. Son raisonnement n’est pas faux. Les décideurs anglais de l’époque connaissaient bien ces théories économiques, mais avaient courageusement choisi de défendre leur production nationale de blé, pour plusieurs raisons : d’abord, pour garantir le pouvoir, la richesse et le statut social des Nobles, propriétaires terriens, ensuite, pour s’assurer qu’en cas de nouveau blocus continental, comme celui mis en place par Napoléon 1er, l’Angleterre serait en mesure de nourrir sa population. Cette observation empirique pose le problème épistémologique du fondement d’une décision et, au-delà, pose le débat, toujours d’actualité, de la perception de l’économiste face au discernement du décideur politique.
L’économiste développe sa logique en termes de coûts de production et de pouvoir d’achat, le décideur politique prend sa décision en considérant d’autres paramètres. C’est bien le sens que je donne au bien-fondé des décisions du Président Macky Sall, soutenues par une logique cartésienne d’organisation et de méthode. Il découle de ces postulats que l’économiste ne doit pas influencer l’action du décideur par ses théories, mais il doit lui fournir tous les outils et les moyens d’analyser la situation, de prendre les actes utiles pour les populations, et d’évaluer les conséquences de ses décisions.
Par transposition expérimentale, et analysant les conséquences de la pandémie COVID 19 sur l’Afrique, il est aisé de noter un taux élevé de dépendance globale des économies africaines, à tous les niveaux. Si cette crise inédite se prolongeait, l’Afrique pourrait connaître une asphyxie généralisée, engendrant la famine, d’autres pandémies, des ré- voltes et bouillonnements sociaux indescriptibles. Il est donc urgent de repenser et de promouvoir des politiques essentielles, susceptibles de réaliser pleinement le potentiel de développement de nos pays. La cause de la sous-performance économique de l’Afrique doit être analysée, afin de faire revenir nos pays sur le chemin d’une croissance économique durable.
L’ELEVAGE SENEGALAIS ET LE PSE
Ainsi, avant la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), le sous-secteur de l’élevage a souffert de l’absence d’une démarche participative, et d’une volonté politique forte d’allouer à ce secteur des ressources suffisantes, sur la base d’une concertation institutionnalisée et d’un dispositif de participation plus ancrée dans le groupe socio-culturel des acteurs à la base. Les acteurs privés, producteurs et organisations intéressés ont, en effet, rarement été impliqués dans la définition des programmes et réformes qui devaient les conduire à se mobiliser autour d’objectifs dynamiques de croissance et de productivité. C’est pourquoi, dans la définition du Programme National de Développement de l’Elevage (PNDE), les consultations à la base, au niveau des communautés rurales, ont été privilégiées. Cette démarche nouvelle a permis de construire un consensus avec tous les acteurs, validé au cours d’un atelier, en juin 2013. Au Sénégal, l’élevage contribue largement à la réduction de la pauvreté. En 2018, il est évalué à hauteur de 4,4% du PIB national, et il compte pour 25%de la valeur ajoutée de l’agriculture.
Cette activité touche 28,2% des ménages, dont 73,9% en milieu rural, et 26% en milieu urbain. L’essentiel des enjeux de ce sous-secteur porte sur la qualité et la quantité des différentes productions animales, la sécurisation des systèmes pastoraux et agropastoraux, l’approvisionnement régulier des marchés des industries animales et leurs développements, la santé animale et la professionnalisation du secteur.
Depuis les indépendances, les politiques de promotion du sous-secteur peuvent se résumer en dix (10)temps forts :
- 1970 : Période des grands projets du Ferlo : PDESO et SODEP (Projet de commercialisation du bétail suivant une stratification des productions animales par zones) naissance en zone pastorale, réélevage en zone agropastorale et embouche en périurbain ;
- Années 1980 : Plans d’ajustement structurel et nouvelle politique de forages ;
- Fin des années 1980 : Création de ré- serves sylvo- pastorales et déclassement concomitant de superficies importantes comme Déaly, Boulal, MBéggé etc., en faveur d’exploitants agricoles ;
- Années 1990 : Création du PAPEL (projet d’appui à l’élevage) et mise en place des Unités Pastorales (UP),Ranchs et Fermes modernes, Projets de Laiteries Industrielles comme Nestlé ;
- 2004 à 2008 :Nouvelle initiative sectorielle pour le développement de l’élevage avec la promotion de fermes privées, mise en place du Centre d’impulsion et de Modernisation de l’Elevage (CIMEL), création du Fonds d’appui à la stabulation (FONSTAB);
- 2008 : Crise alimentaire et restructuration du MEL, intégration de la CDMST : gestion axée sur le résultat(GAR);
- 2009 :Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA);
- 2011 : Plan National de Développement de l’Elevage (PNDE), suivi d’une relecture en 2013 ;
- 2014 : préparation de la loi foncière et rédaction et discussion du code pastoral ;
- 2015 : Mise en œuvre du projet d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPAS) 2015-2017.
CONCLUSION
Sans aucun doute, le PSE a fortement contribué à renforcer la dynamique de générations de politiques en matière d’élevage. Les résultats probants obtenus sont en parfaite adéquation avec la priorité accordée par le Président Macky Sall à cette activité importante, en étroite interaction avec l’agriculture.
«UN DEFI ET UNE ENORME OPPORTUNITE…»
Daniel Thioune est le nouvel entraîneur de Hambourg (D2 Allemagne). Agé de 45 ans, le Sénégalais d'origine devient en même temps le premier entraîneur noir à diriger une équipe professionnelle en Allemagne.
Daniel Thioune est le nouvel entraîneur de Hambourg (D2 Allemagne). Agé de 45 ans, le Sénégalais d'origine devient en même temps le premier entraîneur noir à diriger une équipe professionnelle en Allemagne. Lors de son point de presse d'hier, l'ancien entraîneur du VfL Osnabrück a décliné les grandes lignes de son programme.
LES AMBITIONS AVEC HAMBOURG
«C'est un grand jour pour moi. Je suis très heureux de pouvoir m'asseoir ici. Je remercie le VfL Osnabrück d'avoir rendu cette étape possible. C'est une tâche passionnante, un défi et une énorme opportunité. Je suis reconnaissant de pouvoir profiter de cette confiance et j'attends avec impatience. Il y a eu de bonnes discussions avec le directeur sportif, Jonas Boldt, ces derniers jours au cours desquels on m'a montré où le HSV pouvait aller. C'est un projet passionnant avec des joueurs passionnants. Je suis quelqu'un qui veut aller de l'avant, qui est ambitieux et qui a aussi un certain degré d’humilité.»
DEVELOPPER LE POTENTIEL
«J'ai travaillé intensément avec le HSV ces derniers jours. Il est évident qu’il y a un potentiel dans cette équipe. Et pas seulement avec les jeunes joueurs. De nombreux joueurs sont encore en mesure de passer à l'étape suivante. Je pense que je rencontrerai une équipe qui a la volonté de franchir cette prochaine étape. C'est à moi de développer ce potentiel. Par conséquent, l’environnement actuel me convient. Parce que si vous êtes autorisé à développer quoi que ce soit, personne n'est satisfait de votre situation.»
PLUS FOOTBALLEUR QUE COACH
«Nous essayons de faire progresser tout le monde. Cela inclut à la fois l’empathie et l’expertise. Et à la fin, c'est à moi de déclencher quelque chose sur les joueurs. Les garçons veulent être sur le terrain et gagner des matchs de football. Je partage totalement cette attitude. A cet égard, je suis un peu plus footballeur que coach. Les garçons doivent être disposés à agir avec passion.»
LA MOTIVATION DU GROUPE
«Un certain niveau d’humilité est approprié. Lorsque vous parlez d’objectifs, vous ne vous contentez pas de les atteindre en parlant. Vous pouvez en vouloir tellement, à la fin, vous devez le faire. J’ai eu de nombreuses conversations avec les responsables et les joueurs. Tout le monde ici est intrinsèquement motivé à vouloir en faire plus.»
PAPE GUEYE, LE GENTIL GEANT
L'OM doit permettre à ce joueur talentueux de seulement 21 ans d'accélérer sa progression. Un nouveau défi qu'il aborde avec sérieux et l'envie de franchir un palier.
L'OM doit permettre à ce joueur talentueux de seulement 21 ans d'accélérer sa progression. Un nouveau défi qu'il aborde avec sérieux et l'envie de franchir un palier.
Boubacar Kamara est tout heureux. Non seulement l'OM vient de recruter un joueur appelé à évoluer en sentinelle devant la défense, lui qui a si souvent dépanné à ce poste-là la saison dernière, mais celui-ci est en plus l'un de ses potes de la génération 1999. Le minot de la Soude s'est rapproché de Pape Guèye dans les rangs des équipes de France U18 et U19 couvées par Bernard Diomède. Une belle génération peuplée par les Lafont, Zagadou, Diaby et autres... Cuisance, qui était également dans le viseur d'André Villas-Boas et ce, depuis l'hiver dernier.
Pas facile pour Guèye de se faire une place au sein de ces escouades quand on évolue seulement avec un pensionnaire de Ligue 2, quand bien même Le Havre, son port d'attache depuis ses 13 ans, figure parmi les meilleurs centres de formation de l'Hexagone.
L'OM doit lui permettre d'accélérer sa progression. « L'OM, c'est un bon choix, une bonne étape », évalue Johann Louvel, ancien directeur de la pouponnière du club doyen qui a dirigé Guèye en équipe réserve. «Je trouve toujours dommage qu'un garçon parte à l'étranger directement, après son club formateur. À Marseille, des garçons vont l'encadrer, lui apporter leur expérience. Il va avoir besoin d'un temps d'adaptation, mais il est très intelligent, ce qui va lui permettre de très vite franchir le cap. L'OM va aussi forger son caractère», a-t-il ajouté. Une constante dans le parcours de celui qui découvrira l'élite sous les couleurs ciel et blanches et non pas à Watford.
Le natif de Montreuil a longtemps eu tendance à se reposer sur son seul talent. «Quand il était en classe foot en 6e-5e, je l'ai bougé assez souvent », rembobine Philippe Lemaître, son éducateur au Blanc-Mesnil, en région parisienne, de ses 6 ans jusqu'à son départ pour la Normandie. «Il était un peu nonchalant, je lui demandais de combattre ce trait de sa personnalité. Le talent ne doit pas être une fin. Chez nous, il jouait en 10. Son pied gauche, c'était déjà une main. On sentait qu'il y avait un petit truc», renseigne Lemaître.
Le Havre a flairé la bonne affaire et jeté son dévolu sur lui. «C’est un super gamin qui a reçu une bonne éducation. Le papa ne rigolait pas », poursuit Lemaître. Le joueur d'origine sénégalaise ne connaîtra pas de hic au HAC.
Sur le terrain, sa patte gauche subtile enchante les siens et martyrise ses adversaires. «Il était très sérieux, très doué pour son âge et avait notamment une qualité de passe impressionnante, aussi bien dans le jeu court que le jeu long », décrypte Louvel. « Il s'est très bien adapté au Havre, était très apprécié de ses copains et l'équipe encadrante car il était très sociable, doté d'une gentillesse naturelle. « Un trait de sa personnalité qui a trop tendance à se répercuter sur le pré», ajoute-t-il.
Ses entraîneurs le poussent dans ses retranchements pour que cette gentillesse s'efface, pour que le doux récupérateur se mue en harceleur permanent. « Il était très discret, ne faisait pas de vague», reprend Louvel. «En plus d'améliorer sa vitesse gestuelle, le travail consistait à ouvrir sa personnalité, à le rendre plus agressif. Je l'ai beaucoup piqué à l'entraînement pour le mettre en colère et gagner en niaque, je ne l'ai jamais mis dans le confort.
À force de le provoquer et quand il a compris que c'était pour son bien, il a assimilé et commencé à s'imposer », détaille l'ancien directeur de la pouponnière du club doyen qui a dirigé Guèye en équipe réserve. Il a gagné des galons jusqu'à devenir un pilier du Havre et l'un des vice-capitaines du groupe façonné par Paul Le Guen. Le tout à seulement 21 ans.
Le voilà au pied d'un nouveau défi, d'une nouvelle ampleur. Il l'aborde avec le sérieux qui le caractérise et l'envie de franchir un palier. Mais pas que. « Sa nonchalance est aussi une force car il n'a jamais la pression et joue tranquille. Son détachement va lui servir», prédit Philippe Lemaître.
Source : La Provence
OULD ABDEL AZIZ SOMMÉ DE S'EXPLIQUER SUR SA GESTION
L’ancien président de la République islamique de Mauritanie, devra comparaitre jeudi prochain 9 juillet dans les locaux de l’assemblée nationale devant la commission d’enquête parlementaire suite à une convocation de celle-ci
L’ancien président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed O. Abdel Aziz devra comparaitre jeudi prochain 9 juillet dans les locaux de l’assemblée nationale devant la commission d’enquête parlementaire suite à une convocation de celle-ci.
Dans une lettre qui lui est adressée et dont nous avons reçu copie, la commission d’enquête parlementaire déclare : «par souci d’établir la vérité, et en fonction des prérogatives qui nous sont confiées, nous vous convoquons jeudi 9 juillet 2020 à 11 heures du matin dans les locaux de l’assemblée nationale afin de nous donner les informations et les éclaircissements en votre possession à propos de ces questions». Dans cette lettre, «la commission d’enquête parlementaire l’informe que son nom a été cité dans des affaires et actes pouvant constituer une atteinte grave à la constitution et les lois de la République islamique de Mauritanie».
En effet, l’ancien président Mohamed O. Abdel Aziz sera interrogé sur un certain nombre de dossiers au cours de ses mandats successifs. La comparution s’inscrit dans le cadre du travail de la commission parlementaire ayant précédemment entendu de nombreux ex-ministres et anciens fonctionnaires dont certains proches de l’ancien président.
UN BUSINESS DU SANG ET DE LA MORT
L’avortement clandestin est devenu l’ultime recours pour certaines jeunes filles et même adultes. Et pour y arriver, diverses personnes (amis, sage-femme, pharmaciens, médecins) sont sollicitées moyennant quelques billets de banque
L’avortement clandestin est devenu l’ultime recours pour certaines jeunes filles et même adultes. Et pour y arriver, diverses personnes (amis, sage-femme, pharmaciens, médecins) sont sollicitées moyennant quelques billets de banque. Pis, la plupart des sujets qui épousent cette voie sont des élèves et étudiants. Sur les traces d’un crime organisé, un business de sang et de la mort mise à nu… Enquête.
La tête baissée mais d’une voix ferme, Rose Pouye se confie : «je ne voulais pas de cet enfant. Je voulais continuer mes études ». De sa voix fine, telle sa corpulence, l’on ne pouvait imager d’où elle pourrait puiser cette luciférienne force de venir à bout d’un fœtus de 04 semaines. « Lorsque j’ai su que j’étais enceinte, je voulais juste me suicider. Imaginant la réaction de ma mère qui s’échine de jour comme nuit pour que je réussisse dans la vie, c’était clair dans ma tête. Soit c’est l’enfant que je porte ou c’est moi-même qui trépasse» a fait savoir Rose. C’est ainsi, de ses 21 ans, l’étudiante orchestre d’une stratégie mesurée et calculée ; une véritable scène de crime. «J’ai informé le père qui, non seulement après avoir refusé la grossesse, me demanda d’avorter. Au lendemain de l’appel, j’étais déjà sur sa liste noire, je n’arrivais plus à joindre son numéro. C’est en ce moment que j’ai décidé d’en parler à une amie, une grande sœur du quartier. Cette dernière m’a rassuré et m’a proposé un rendez-vous», explique-t-elle.
Et de poursuivre avec une voie peu à peu tremblante : «après notre rencontre, elle m’a expliqué qu’elle connait un ami qui travaille dans une pharmacie de la place et qui pourrait m’aider à me débarrasser de cette grossesse. J’ai opiné favorablement, mais cette dernière me demanda une somme de 50.000 francs cfa pour le médicament nécessaire pour me faire avorter. Je n’avais pas cette somme». Devant cette équation financière dont la résolution devrait conduire à l’effectivité d’un avortement clandestin, son amie, la «grande sœur du quartier» lui a prêté la somme contre un deal futur inavoué. Ainsi, «j’ai reçu après quelques jours, 04 boites d’un médicament.
Sur la boîte je lisais «misoclear». Mon amie, m’a ordonné de mettre 04 sous la langue à deux reprises, ensuite 02 dans ma partie génitale et de porter des couches. Ce que j’ai fait et juste après quelques minutes, j’ai ressenti de violents maux de bas, de la fièvre… Une fois aux toilettes après 4 tours d’horloge, je vis du sang giclé de mon sexe et j’ai compris que c’était fini !». Pour sa défense, l’étudiante argumente que «si je n’avais pas avorté, ma mère m’aurait achevé. Je sais que c’est mauvais, mais c’était une erreur et désormais je prends mes précautions». Et en ce qui concerne sa «grande sœur du quartier », experte en la matière, Rose déclare qu’elle n’est pas la première qu’elle a fait avorter. «Je sais que ce n’est une bonne fille, mais elle m’a sauvé d’une situation très grave. Je ne suis pas la première qu’elle a fait avorter. Elle a apparemment cette réputation dans le quartier».
Et de poursuivre : «d’ailleurs, elle a un carnet d’adresse très fourni. Elle connait des médecins, pharmaciens, sage-femme et même des étudiants en médecine qui l’aident à solutionner ce genre de situation…».
Comme elle, Khady Sène, jeune élève en classe de première sans d’autres formes de procès a décidé de se débarrasser d’une grossesse non désirée. «Je n’avais que 16 ans», confie-t-elle. Et d’ajouter : «c’est mon copain qui a tout organisé. Il était beaucoup plus âgé que moi. J’ai pris des médicaments et après j’ai eu très mal. Je ne peux décrire cette douleur. Après, je me suis mise à saigner. Cela à durer plusieurs jours» résume Khady. Le comble, à la suite de cette opération, Khady avoue qu’elle a eu à se faire avorter «2 fois encore et avec les mêmes médicaments...» Et d’indiquer d’un ton assuré que «mon copain est ami avec des infirmières et sagesfemmes. Dès fois je regrette, mais quelques fois je me dis, pourquoi la France légalise l’avortement et pas le Sénégal ? On copie dans ce pays tout de la France alors copions aussi ça. C’est injuste et c’est ce qui nous pousse à le faire en cachette».
DE FAUSSES ORDONNANCES :
Dr Badji Youssouf explique et tranche Pour commettre l’interdit, certaines personnes vont jusqu’à falsifier des ordonnances. «Nous savons qu’il y a des ordonnances non authentiques, mais aujourd’hui, il n’y a pas de moyen de vérifier une ordonnance. Le cachet du médecin fait foi». Et de poursuivre : «si vous connaissez le médecin prescripteur, c’est facile. Dans le cas contraire, même si vous cherchez à appeler le numéro figurant sur l’ordonnance, soit, ils ne décrochent pas ou c’est le secrétariat qui répond et ne peut rien dans ce sens-là». En effet, «lorsqu’une personne se pointe au comptoir d’une pharmacie avec une ordonnance, on lui sert tout simplement» déclare le pharmacien, Dr Badji Youssouf. Et d’expliquer : «comme son nom l’indique, c’est un ordre, «ordonnance». A moins que le produit ne soit pas disponible, sinon, on n’a pas le droit de choisir ne pas vendre un médicament prescrit sous ordonnance».
Ainsi, face à cette prolifération des ordonnances falsifiées, la blouse blanche recommande à l’État «de réserver la prescription de certains médicaments qu’à des spécialistes et non aux généralistes. Je pense que ce faisant, on pourrait limiter la fraude. Mais toujours est qu’il serait possible de passer entre les mailles. Même dans les pays développés, tel est le cas». Le pharmacien est également contre la dépénalisation de l’avortement. Il soutient plutôt, «l’autorisation d’un avortement médicalisé, si la vie de la mère est en danger». «On les conduit à la police, si c’est un avortement provoqué…» Si sur d’autres cieux, le fait de vouloir volontairement mettre fin à une grossesse est tout à fait légal, la loi sénégalaise est ferme et claire : c’est un crime puni de six mois à deux ans de prison et d'une amende comprise entre 20.000 et 100.000 F CFA!
Même une grossesse non désirée issue d'un viol ou d'un inceste ne fait pas exception à cette règle. Et le châtiment est prévu dans l'article 305 du code pénal. Sagefemme de son état, Nam Oumy Khairy Mbaye est en service dans le district Nabil Choucair logé au quartier Patte d’Oie. Interrogée par rapport au cas d’avortement, la jeune sage-femme explique que « si c’est un avortement provoqué, on le constate. Le flux de sang est plus abondant et même au cours de l’interrogatoire, on peut arriver à une telle conclusion».
Et d’ajouter : «quelle qu’en soit la nature de l’avortement, on demande une échographie pour voir le volume du débris qui reste. S’il y a lieu d’aspirer on le fait et idem pour une intervention plus spéciale ». Par ailleurs, elle fait savoir que « si l’avortement est provoqué, on appelle la police. On avait des cas et la police s’en est chargée». Sans vouloir attester formellement que certains de ses collègues s’adonnent à la pratique, elle admet que «c’est possible. Mais personnellement j’en connais pas». Non sans recommander aux jeunes filles de faire recours aux méthodes contraceptives, si «elles ne peuvent pas s’abstenir».
CISSE LO CONSERVE LÉGALEMENT SON MANDAT DE DÉPUTÉ
Le professeur de droit Mouhamadou Ngouda Mboup indique que Cissé Lô peut attaquer la Commission de discipline « pour excès de pouvoir devant la Cour suprême»
Interpellé hier, lundi 6 juillet sur les conséquences juridiques de l’exclusion de Cissé Lo, le professeur de droit Mouhamadou Ngouda Mboup a expliqué que celui-ci conserve légalement son mandat de député. Mieux, il a indiqué que Cissé Lô peut attaquer la Commission de discipline « pour excès de pouvoir devant la Cour suprême».
«Le dispositif concernant la protection du député est fixé par la Constitution. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en précise la mise en œuvre. En vertu de l’article 60 de la Constitution et de l’article 7 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, «Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat ».
En d’autres termes, ce que la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ont prévu, c’est le cas d’un député démissionnaire de son parti en cours de législature et non de celui exclu de son parti en cours de législature», a-t-il souligné avant d’ajouter. «N’ayant pas présenté sa démission de l’Apr et n’ayant pas été déclaré démissionnaire de l’Apr par les instances du parti, le député Moustapha Cissé Lo ne se trouve dans aucun cas prévu par l’article 60 de la Constitution et l’article 7 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Même exclu de l’Apr, il conserve légalement son mandat de député. Une démission de l’Apr aurait amené l’Assemblée nationale à prendre acte de la déchéance de son mandat».
JURIDIQUEMENT, CISSÉ LÔ «PEUT ATTAQUER CETTE DÉCISION POUR EXCÈS DE POUVOIR DEVANT LA COUR SUPRÊME».
Par ailleurs, se prononçant sur la portée juridique de la décision d’exclure Cissé Lô de l’Apr, le professeur Ngouda Mboup a indiqué que celle-ci «n’est pas exempte des griefs». Soulignant que le droit des partis politiques est soumis aux principes constitutionnels et aux exigences conventionnelles du droit à un procès équitable, l’enseignant chercheur affirme que du point de vue du droit «cette exclusion n’est pas exempte des griefs de violation des principes du respect des droits de la défense, de la contradiction et d’impartialité qui s’imposent dans le droit associatif et particulièrement dans le droit des partis politiques».
Poursuivant son exposé, Mouhamadou Ngouda Mboup affirmera que, juridiquement, Cissé Lô «peut attaquer cette décision d’exclusion au moyen du recours pour excès de pouvoir devant la Cour suprême». Cependant, abordant la question relative à d’éventuelles poursuites judiciaires à l’encontre du député Cissé Lô, l’enseignant-chercheur de Droit public à la Fcjp/Ucad fait remarquer qu’il y a des obstacles qu’il faudrait forcément surmonter en citant notamment l’immunité parlementaire qui est, selon lui, d’ordre public
«En vertu de l’article 61 de la Constitution et de l’article 51 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, hors le cas classique du flagrant délit, lorsqu’elle ne fait pas l’objet d’une demande de levée, l’immunité des députés est permanente car elle s’apprécie au regard de la durée du mandat. L’immunité s’étend sur toute la législature», a-t-il expliqué. Toutefois, il a précisé qu’une demande en vue de lever l’immunité d’un député peut être adressée au président de l’Assemblée nationale ».
MACKY SALL ENTRE DEUX FEUX
La guéguerre qui fait rage dans l’APR ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président de la République ?
La guéguerre qui fait rage dans l’Alliance pour la République (Apr) ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président Macky Sall ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative au vu de la situation économique fortement impactée par la pandémie de la Covid-19, ajoutée à cela la guerre des tranchées à laquelle se livrent des ténors du parti et qui écorne l’image de la République. Quid de la question du mandat qui continue d’émailler la mandature actuelle du président Macky Sall ?
Le chef de l’Etat, Macky Sall, ne sera pas de tout repos pour son deuxième et «dernier» mandat, très chahuté par beaucoup de facteurs, qu’ils soient exogènes ou endogènes à son parti, à savoir l’Alliance pour la République (Apr). La dernière en date est cette querelle au ras de pâquerette qui a abouti à l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo, Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, du parti présidentiel.
La commission de discipline du Secrétariat exécutif national de l’Apr a prononcé l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Apr aux motifs qu’il a tenu des propos indécents qui «récusent la morale et la bienséance sociale». De l’avis des partisans du chef de l’Etat, ces écarts de langage «entachent gravement l’image du parti».
En effet, l’on entend l’ancien président du parlement de la Cedeao injurier copieusement certain de ses camarades de parti. Bien avant, l’on se rappelle des échanges de propos très durs entre Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo au sujet de la campagne arachidière et de la distribution de l’engrais. Selon certaines indiscrétions, ce serait ce différend qui s’est poursuivi au point d’en arriver à ces injures partagées dans les réseaux sociaux. La question du mandat présidentiel avec son corollaire, la chasse à l’homme au sein du parti présidentiel, fait partie des éléments qui vont également fortement impacter le mandat en cours du chef de l’Etat, Macky Sall.
Déjà, des voix se lèvent pour avancer la thèse du coup de balai au sein de l’équipe gouvernementale avec des sanctions envisagées contre des ministres accusés de refuser de défendre le chef de l’Etat, Macky Sall, attaqué de tout bord dans la gestion de la pandémie de la Covid-19. Pis, des ténors sont accusés de comploter contre le président, à savoir Amadou Ba et Aminata Touré. Ce qui trahit le sentiment de ceux-là qui parlent de complot, sinon pourquoi comploter contre un président qui fait son second et dernier mandat et qui ne doit pas se représenter ?
De toute évidence, Sory Kaba et Moustapha Diakhaté ont déjà payé pour leur position contraire à celles de Boun Abdallah Dionne et Mbaye Ndiaye. Vient s’y ajouter Moustapha Cissé, même si le motif évoqué pour son exclusion est tout autre. Il avait lui aussi fait une sortie pour se porter-en faux contre un troisième mandat du président Macky Sall. Macky Sall serait-il fatigué de protéger un compagnon encombrant ou plutôt un «insulteur public» ? Au-delà de ces éléments qui sont propres au parti présidentiel, à savoir les querelles internes à même de s’ajouter au climat général de mécontentement, il y a d’autres facteurs exogènes non maitrisés par le chef de l’Etat. Déjà, le président Sall avait annoncé la couleur en revoyant à la baisse ses prévisions économiques pour 2020.
En invoquant un contexte économique défavorable et les dépenses faites en réponse à la riposte à Covid-19, il avait prévu une croissance ramenée à 1% en 2020, contre 6,8% initialement prévue. Bien avant l’arrivée de la pandémie du Coronavirus, les réalisations avaient commencé à connaitre un coup de frein parce que la situation économique était tendue, depuis longtemps. Le TER en poussière, le BRT pas encore démarré, le Fmi qui enjoint à l’Etat du Sénégal de faire attention à son volume de dette, le rapprochement dangereux du seuil autorité par l’Uemoa, au maximum 70%, montrent à suffisance une situation financière difficile. Que dire de la hausse de certains prix, notamment celui du carburant, puis du ciment, sans oublier celui de l’huile et du riz qui ont flambé ? Ce qui ne manque pas d’impacter le panier de la ménagère et par ricochet s’ajouter au mécontentement populaire. Toute chose qui met le chef de l’Etat dans une situation inconfortable car étant entouré de deux feux : d’une part, un parti miné par des querelles internes écornant l’image du parti et de la République elle-même, de l’autre, une situation économique pas des meilleures, susceptible de généraliser le mécontentement populaire. Le président parait esseulé, surtout après la suppression du poste de Premier ministre.
par calame
JAMAIS DEUX SANS TOI
Il faudrait un grand bouleversement car le terrain politique est miné, et n’y évoluent que des politiciens professionnels aux profils similaires, aux ambitions semblables, aux aspirations de pouvoir et pour certains d’argent
L’incontinence comportementale et langagière de certains hommes et femmes qui nous gouvernent sont de notoriété publique. Le rayonnement du Sénégal a toujours, dans le passé, été fonction de sa capacité à porter une parole forte, indépendante et digne de foi. Ce sont les idées et leurs mots qui nous valurent à certains moments de l'histoire, le respect. Parce que la parole est un atout précieux, tout ce qui la galvaude, tout ce qui la « trivialise » affaiblit et discrédite.
En matière de grossièretés, d’insanités, il y a assurément des spécialistes incontestés, dignes d’occuper une chaire d’injurologie, si dans les universités ou les grands instituts de formation, cela existait. Comparés à ceux d’aujourd’hui, les spécialistes d’hier (dont les invectives portaient généralement sur la nature du régime), apparaissent comme des enfants de chœur. Non seulement les textes de loi qui contraignent le peuple à rendre son langage et son comportement plus policés ne leur sont pas appliqués, mais il faut y ajouter, la facilité avec laquelle ils échappent aux conséquences de leurs impudents étalages de vulgarité qui ne les empêchent nullement de « réussir » en politique, qui à y regarder de plus près, n’est que l’apologie de l’autochtonie, du village et des figures tutélaires de la tradition religieuse ou culturelle contre l’innovation, le changement et les cultures urbaines, de la rébellion et de la contestation.
Dans le caniveau sonore qui circule dans les réseaux sociaux, l’auteur profère des injures à deux camarades de parti, fait des « victimes » féminines, menace de dénoncer des malversations, se hisse au sommet de la médiocrité prêtée « aux menteurs » à qui il s’adresse et qui sont eux-mêmes de grands insulteurs, tous prenant leurs égos pour une cause nationale. Il ne s'agit pas d'une haine hygiénique, que trois hommes s'offrent, tel un salutaire et régénérant bain de boue. Nous n'avons pas affaire à des intermittents de la détestation-thérapie. Leur exécration, même s'il est arrivé qu’elle prenne des formes plus « douces et diplomatiques », semble permanente. Inoxydable autant qu'impérieuse. Elle, au moins, ne connaît pas de faiblesses. Des phrases au vitriol, des aigreurs mâchées et remâchées, mettent à jour l’atmosphère qui prévaut entre camarades d’un même parti. Cette absence de tenue et de retenue d’hommes n’ayant ni allure ni allant, fait de ce pays, un objet de risée. Et cela devient récurrent.
Que l’on se gausse, ou que l’on s'exaspère, l'atteinte portée à l'image du pays par l'irresponsabilité langagière ou le comportement de certains de nos dirigeants est grave. Si les règles, les principes, les valeurs ne sont plus représentés par eux, ce ne sont pas non plus des conflits « classiques » qui éclatent devant nos yeux et à nos oreilles, mais une décomposition sociale dont on ne connait pas l’issue. Une classe politique en décombres, grotesque et autiste.
La démocratie, nous dit-on est le moins mauvais des systèmes, parce qu’elle est toujours à parfaire. Personne ne trouverait à redire et ne verrait que des avantages, si les politiques qui nous gouvernent, brisent les codes pour parler vrai. Gavés de langue de bois, overdosés de double langage, lassés de ces parlers politiciens faits de promesses fallacieuses, qui tuent jusqu'à l'envie de tendre l'oreille, les Sénégalais ont soif de mots francs. Sur fond de politiques publiques impuissantes voire aggravantes, les rodomontades qui conduisent à occulter les réalités au profit d’un récit politique qui prend des libertés avec la vérité, ajoutent aux tourments du pays.
Les Sénégalais semblaient avoir triomphé du Parti Socialiste et du président Diouf, puis du Parti démocratique sénégalais et d’Abdoulaye Wade, dans la mobilisation quasi parfaite de coalitions de différents intérêts, qui promettaient d’abord le « Sopi » puis « la rupture ». Cette dernière paraissait porteuse de l’immense espoir de la démocratisation de l’espace public, de la moralisation des modes d’actions politiques, de la réforme de l’appareil politique, des modalités de gestion, d’administration et d’allocation des ressources économiques et symboliques.
En bref, il était permis de penser que le régime de l’Alliance pour la République allait rééllement procéder à un nettoyage dont la fonction principale était la rupture des pratiques, interventions, opérations politiques, économiques et sociales et le principal résultat serait la restitution de la décision politique à la population, en procédant à une meilleure institutionnalisation et des mises à l’épreuve des capacités citoyennes. Les attentes ont été déçues. L’espoir s’est envolé et les rêves de changements se sont effondrés comme des châteaux de cartes.
A la place, des « ôte-toi que je m’y mette», les dossiers mis sous le coude, le recyclage des transhumants, les effets des luttes partisanes au sein de l’APR sur l’appareil d’Etat, les manipulations des appartenances et allégeances religieuses, un pays promis à la découpe, les opérations de guérillas administratives, politico-judiciaires contre des adversaires vrais ou supposés, la corruption et l’effilochement des procédures bureaucratiques et militaires qui ont pendant presque un demi siècle assurer la «success story» sénégalaise.
L’Alliance pour la République offre le spectacle d’une arène sénégalaise, accentuant les luttes de positionnement, la fragmentation en de multiples groupes de pression qui, recourant au chantage et à la violence, provoquent des interventions de son chef dans le champ des luttes politiques aussi bien internes qu’externes à son parti. Une situation qui a banalisé sa position - dans le parti et dans l’Etat - et fragilisé son pouvoir d’arbitrage et de recours ultime et, en dernière instance les institutions qu’il est censé servir : l’Exécutif, le législatif et le judiciaire. Instables, mises en question quotidiennement et affaiblies par les interventions multiples et intempestives, elles sont secouées par des scandales et délégitimées par l’incompétence et le patronage. Il faudrait un grand bouleversement car le terrain politique est miné, et n’y évoluent que des politiciens professionnels aux profils similaires, aux ambitions semblables, aux aspirations de pouvoir et pour certains d’argent. Ce sont les mêmes têtes qu’on voit depuis des lustres, aux arguments éculés, aux programmes faméliques. Pas de saine et de sage gouvernance. Pas de progrès pour les citoyens. Ne parlons pas de justice et de réformes salutaires, ni d’assainissement de budget.
A cela, il faut ajouter les mises en mal de la culture politique qui a assuré au Sénégal, une identité démocratique particulière en Afrique (la « success story » de D. Cruise O’Brien, professeur d’études politiques à Londres, auteur de « La construction de l’Etat du Sénégal (Karthala) - décédé en 2012) ou la capacité à procéder à une « révolution passive » décrite par Robert Fatton dans son ouvrage intitulé : « la fabrication d’une démocratie libérale : Révolution passive du Sénégal, 1975-1985».
Apparemment résignés, les Sénégalais se sont habitués aux styles passés et présent Aujourd’hui, pour restituer le capital politique et civique, accumulé au cours de l’histoire politique de ce pays, il est urgent et nécessaire d’entreprendre un (lent) travail de refabrication d’une communauté nationale dans sa diversité, ses rêves et angoisses et promouvoir une citoyenneté responsable et en constant devenir. En bref, il s’agit de procéder à une réforme morale de l’institutionnalisation des modes d’actions politiques dont la principale et désastreuse conséquence est la transformation du champ politique en un champ de cacahouètes où s’accumulent pouvoir, incivilités et richesses suspectes.