Disparition mystérieuse d’un Principal de Collège à Thiès
Au Collège d’Enseignement Moyen (CEM) Ousmane Ngom de Thiès, la tristesse et l’étonnement sont les sentiments les mieux partagés. Et pour cause, le Principal Sadiouka Mbodji, âgé de 59 ans, a disparu mystérieusement. C’est à son domicile sis au quartier SOM qu’il a été vu pour la dernière fois le dimanche dernier, aux environs de 15 heures. Et depuis lors, il n’a plus fait signe de vie Sa famille l’a attendu en vain toute la soirée du dimanche, avant de penser sérieusement à la disparition. Et en partant, il a laissé son téléphone portable chez lui. C’est ainsi qu’une ambiance de deuil a régné au niveau de l’établissement hier matin et l’affaire était sur toutes les lèvres. Professeur d’histoire et de géographie, Sadiouka Mbodji a servi pendant longtemps au Lycée Malick Sy de Thiès comme professeur, avant de se retrouver à la tête du CEM Ousmane Ngom depuis quelques années.
Mort suspecte d’un talibé de 13 ans à Louga
La situation des enfants talibés constitue une véritable préoccupation. Dans la région de Louga. Alors qu’on n’a pas encore fini d’épiloguer sur l’affaire du meurtre du talibé Fallou Diop âgé seulement de 11 ans, voilà qu’un autre cas commence à défrayer la chronique dans cette partie nord du pays. Il s’agit d’un enfant talibé du nom d’Abiboulaye Camara âgé de 13 ans. En effet, Abiboulaye Camara aurait été sévèrement réprimandé par son maître coranique.
Mort suspect d’un talibé de 13 ans à Louga (bis)
Les coups reçus lui ont été fatals puisque l’enfant a rendu l’âme. La famille du défunt ne compte pas rester les bras croisés. Elle entend aller jusqu’au bout pour que lumière soit faite sur cette affaire. Elle demande purement et simplement l’autopsie. Selon notre source, le corps sans vie de l’enfant, qui se trouve depuis hier à la morgue de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, sera acheminé dans les prochaines heures sur Dakar pour une autopsie. Seulement au début de l’affaire, selon nos sources, l’enfant avait confié être blessé en jouant au football. Mais cuisiné par son oncle, il a changé de version en soutenant avoir été battu par son marabout alors qu’il était au lit. Amené à l’hôpital, il a succombé quelques heures plus tard.
Avortement clandestin à Ziguinchor
Une infirmière nommée E. S. officiant à l’institut sanitaire «Hopital Silence de Ziguinchor», âgée de 35 ans, ainsi qu’une de ses patientes, habitante du quartier Goumel et âgée de 18 ans, croupissent depuis hier en prison. Elles ont été déférées au parquet par le commissaire central de Ziguinchor, Adramé Sarr, respectivement pour avortement clandestin et complicité. Selon des sources de «L’As», la dame M.H.S s’est rendue au centre de santé pour une consultation. Mais à sa grande surprise, le médecin constate des traces de sang révélatrices d’un avortement. Soumise au feu des questions, elle crache le morceau en révélant avoir avorté avec l’aide de l’infirmière E. S. Interrogée à son tour, elle a nié les faits dans un premier temps avant de passer aux aveux. Elle aurait effectué l’interruption de la grossesse moyennant un tissu et 3 500 francs. Le Commissaire central Adramé Sarr a déferré la patiente et l’infirmière au parquet de Ziguinchor.
Un accident de minicar à Sinthiane dans le Matam
Un minicar de transport en commun s’est renversé hier vers 15h à l’entrée du village de Sinthiane dans le département de Matam. En effet, le minicar qui roulait à vive allure a tenté de suivre le cortège du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall. L’un des pneus avant du véhicule a éclaté avant qu’il ne se retrouve dans le décor. On a dénombré quelques blessés. Informé, le Garde des Sceaux est allé au chevet des blessés qui ont été acheminés à l’hôpital de Ourossogui où ils bénéficient de soins qu’il a entièrement pris en charge. Aux dires des médecins, il y a eu plus de peur que de mal. Rassuré, Me Malick Sall a continué sa tournée.
Retour de parquet pour Ardo Gningue
Le président du mouvement «Sénégal va mal», Ardo Gningue, arrêté vendredi dernier à Tivaouane avant d’être transféré à la Division des investigations criminelles (Dic), a été déferré hier au parquet de Dakar. Mais son face-à-face avec le procureur n’a pas eu lieu. Il a bénéficié d’un retour de parquet. Selon Me Khoureysi Ba, on reproche à son client d’actes de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles politiques graves. A l’en croire, il s’agit de faits graves qui nécessitent l’ouverture d’une enquête. Ce qui est ahurissant dans cette affaire, d’après Me Ba, c’est qu’on parle d’actes, alors qu’il s’agit en réalité d’une vidéo. Dans ce dossier, dira-t-il, c’est la liberté d’expression qui est encore frappée de plein fouet. Car il n’y a pas d’actes. Pour Khoureysi Ba, les grilles du Palais ne sont pas un sanctuaire et tout Sénégalais peut aller se plaindre.
Fermeture des frontières aux transporteurs sénégalais
Le Syndicat des Transporteurs Gambiens (GNTU) met ses menaces à exécution. A compter du 19 février, aucun véhicule de transport en commun en provenance du Sénégal ne franchira les frontières gambiennes. Le président du syndicat, Omar Ceesay s’est confié au correspondant de iradio à Banjul, à l’occasion d’un point de presse. Cette mesure radicale est la conséquence de plusieurs incidents au poste frontalier de Karang où, à maintes reprises, des transporteurs sénégalais qui exercent dans ce secteur ont intercepté des bus de la compagnie de transport public gambien (GTPC). Vendredi dernier, un bus de la GTPC a été intercepté par des chauffeurs sénégalais et a échappé de peu à un saccage. Pour les transporteurs de Karang, un seul bus gambien est autorisé à embarquer à partir de Banjul pour se rendre à Dakar. Une position battue en brèche par les transporteurs gambiens. Ces derniers estiment qu’il n’y a aucune restriction en la matière et qu’une telle mesure constitue une violation flagrante du principe de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO.
Parution d’un ouvrage du Pr Daha Chérif Ba
Un nouvel ouvrage dans les rayons. Le Directeur de l’Enseignement Supérieur Public, Pr Daha Chérif Ba, a écrit un livre qui mène sur les traces de Labbo Méry, un boisselier du village de Méryal Sayboobe, recueilli dès son jeune âge à Kayes, un hameau destiné à devenir une florissante escale à la croisée des chemins et des eaux du Haut-Sénégal. Autrement dit, l’auteur revisite l’histoire de la navigation sur le fleuve Sénégal, le long des côtes atlantiques africaines, la revue des bâtiments commerciaux et militaires sortis des chantiers navals de la Rochelle, de Bordeaux, entre autres, qui animèrent une vie de relation particulièrement dense et florissante.
Insécurité à Wakhinane 03 de Pikine-Est
Les agresseurs et les voleurs hantent le sommeil des habitants du quartier Wakhinane 03 de la Commune de Pikine-Est, établis près des emprises du Train Express Régional(Ter). Ils sont obligés de veiller toute la nuit même s’ils doivent aller au travail. Une situation insupportable qui les a poussés à crier secours pour bénéficier d’une protection des services de sécurité.
Victimes du Plan Jaxaay
Les victimes des inondations de 2005 devant recevoir leurs logements au plan Jaxaay attendent toujours leurs clés. Irrité par la situation, le délégué de quartier de Djidah 02, Saliou Ndir, a profité d’une réunion préparatoire pour l’inauguration d’une maison communautaire de la zone 05 dont il sera le parrain, pour interpeller les autorités sur la question. A l’en croire, cette affaire est devenue un casse-tête pour certaines familles qui arrivent difficilement à joindre les deux bouts avec la cherté de la location.
Altercation mortelle à Rosso Sénégal
Une altercation entre deux talibés a viré au drame à Rosso Sénégal. M. B âgé de 19 ans a poignardé à mort A. S âgé de 23 ans. Selon les sources de «L’As», après une bataille sanglante, les belligérants se sont rendus au Poste de santé de la localité pour se soigner. Après avoir reçu tous les deux des soins, le plus jeune, à savoir M. B., apostrophe A. S qui, selon lui, a l’obligation d’acheter son ordonnance de 4 000 francs pour l’avoir grièvement blessé. Ce que A.S n’entend pas faire. C’est ainsi que M.B arrache brusquement un couteau de cuisine des mains d’un enfant talibé pour le planter sur A.S. Ce dernier, grièvement blessé, retourne sur ses pas pour se rendre encore au poste de santé dans l’espoir de se soigner. Mais il s’affale près du robinet du poste de santé avant de mourir. On nous apprend que le présumé meurtrier M.B a été arrêté et déféré au parquet pour homicide volontaire.
Marché central au poisson de Pikine
Les mareyeurs s’impatientent de la mise en place du comité de gestion du Marché central au poisson de Pikine qui avait été validé par un arrêté signé par le ministre Oumar Guèye, le 17 janvier 2019. Ils espèrent qu’avec l’arrivée du nouveau ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, ce problème sera résolu définitivement pour une gestion plus collégiale de l’équipement marchand.
Aminata Sèye drogue son copain toubab….
De nationalité française, Alain Plache a connu la dame, Aminata Sèye via Facebook. C’est ainsi qu’ils sont devenus des amis. A chaque fois que le premier séjournait au Sénégal, Aminata Sèye lui tenait compagnie dans son domicile à Ngaparou. La nuit du 7 au 8 janvier dernier, Alain avait encore invité sa copine à la petite côte pour une partie de jambes en l’air. Après avoir passé de bons moments intimes, Aminata lui aurait remis une canette Red Bull dans laquelle elle a mis de la drogue. Après l’avoir bu, Alain s’est endormi. La fille en a profité pour emporter 17 millions de francs. Au réveil, Alain a constaté que son argent avait disparu. Sur ce, il ne s’est pas fait prier pour porter plainte à la gendarmerie de Somone. Revenue à Dakar, Aminata Sèye retrouve son petit-ami Mamadou Moustapha Niass qui est aussi le père de son enfant de 3 ans. Elle lui remet l’argent afin qu’il le dépose dans le compte de son père. Par la suite, les mis en cause ont été arrêtés le 8 février dernier.
Lui soutire 17 millions qu’elle remet à son autre copain
Hier, Aminata Sèye répondait des chefs de vol avec effraction commis la nuit, administration de substance nocive dans la boisson, et son petit-ami Mamadou M Niass pour usurpation de fonction, détention de chanvre indien et blanchiment de capitaux. Devant le prétoire, Aminata Sèye reconnaît le vol mais nie la somme avancée par le plaignant. A l’en croire, elle a dérobé 4 000 Euros estimé à 2, 6 millions francs. «Ce jour-là, il s’est endormi après les ébats sexuels. J’ai quitté sa maison vers les coups d’une heure du matin pour me rendre chez mon copain à Pikine-Guinaw Rail », explique-elle. Mamadou Moustapha Niass, agent radié de la police, réfute la détention de drogue et déclare que sa copine ne l’avait pas informé de son forfait. Le parquet a rappelé que celui-ci avait proféré des menaces contre la partie civile. Mieux, dit-il, il s’est fait passer pour un agent de la police en service. « Lors de la perquisition de sa chambre, les limiers ont trouvé une uniforme de police, une paire de menottes et une quantité de chanvre indien », renseigne le parquet. L’avocat de la partie civile quant à lui a réclamé 20 millions FCfa pour la réparation du préjudice à payer solidairement. Suite à ses observations, le ministère public a requis 3 ans ferme contre les prévenus. L’avocat de la défense a demandé la relaxe en faveur de Mamadou Moustapha Niass et une application bienveillante de la loi pour Aminata Sèye. Délibéré le 24 février prochain.
par Awa Ngom Diop Telfort
MOTION D’INDIGNATION
Notre société, que j’aime tant pour tout le bonheur qu’elle m’a procuré jadis, est devenue méconnaissable. Combien ? Combien de femmes, combien d’enfants seront sacrifiés à l’autel du « ndeyssane », du « tchey adina » et du « ndoguelou yalla » ?
Encore une fois, ma plume a tremblé, comme à mon habitude, comme à chaque fois que je suis sous le choc. A l’instar de ma plume, moi aussi, je tremble, sous l’emprise de l’affliction et de l’ire sourde qui battent dans ma jugulaire et résonnent dans mes tempes.
Africaine, Sénégalaise surtout, je suis issue d’un peuple, j’appartiens à une patrie, je fais partie d’une nation avec une diverse et riche culture. Cela représente un héritage précieux, indélébile, éternel, transcendant la simple mortelle que je suis. Je dis bien un héritage. Pas dans le sens d’un bien cédé mais d’un ensemble de valeurs à moi confié par des hommes et des femmes de qualité, proches et non proches, qui ont marqué toutes les étapes de ma vie.
De la maison à l’école, du bureau au marché, partout où je suis passée, dans ce pays où je suis née, où j’ai vécu, grandi et me suis accomplie, j’ai rencontré des gens formidables, Sénégalais et Sénégalaises extraordinaires, qui m’ont toujours fait ressentir une vraie joie de vivre et la grande chance d’être des leurs. De décrire l’attachement et l’estime que j’éprouve à leur égard, « samay nitt[1] », me fait plonger dans une émotion grisante, pour dire combien ils me sont chers, ceux que j’appelle affectueusement mes pairs de patrie, que je les connaisse de près, de loin ou pas du tout, juste parce que ce sont mes compatriotes, juste parce que je me sens liée à eux par ce fil abstrait mais profondément sacré, juste parce que me sentant partie de ce grand ensemble.
Au cours de mes voyages et dans toutes mes interactions, je ne taris pas d’éloges sur eux. Avec une mention particulière pour la Femme Sénégalaise, celle-là même dont j’aime évoquer avec fierté la combativité, la détermination et sa capacité à être une épouse modèle, respectée et convoitée jusque chez nos voisins. Cette mère dotée d’un sens du sacrifice sans pareille, cette amazone du travail qui ne rechigne à aucune tâche. Celle qui, bandant ses poings face à la misère, ne lésine sur rien pour préserver sa dignité et celle de sa famille, gardant toujours la tête haute, le sourire large et une bonne humeur contagieuse.
Je parle aussi des enfants de chez moi. Je décris leur beauté et leur intelligence, combien ils sont espiègles et amusants, vibrants de joie et de gaîté. Les regarder vivre et exister me remplit de bonheur. J’aime leur compagnie, j’aime me laisser corrompre par leur vitalité et leur insouciance.
Dans mes conversations enfin, j’invite toujours à visiter mon Sénégal, que je dépeins comme une terre bénie et guérisseuse, où tous les maux disparaissent tellement les gens sont accueillants, fins d’esprit, moulés de sagesse et de spiritualité.
Comme j’aurais voulu prêter à mes enfants mes yeux pour qu’ils voient le Sénégal de mon enfance et de ma jeunesse, où nous flânions à toute heure de la journée et sans crainte dans les rues de nos quartiers. Comme j’aurais voulu qu’il soit resté inaltéré !
Je suis nostalgique de ces années, où dans mon rituel de socialisation, je sillonnais les artères du centre-ville. Du Boulevard de la République où j’ai étudié et travaillé jusqu’au marché Soumbedioune où j’avais mes habitudes de ravitaillement, j’allais allègrement chaque jour, me faisant, avec beaucoup d’amusement, emboîter le pas par mon trio de petits talibés que j’aimais chouchouter ; m’arrêtant souvent pour rire des histoires de Seynabou, la vendeuse de légumes, qui prenait les symptômes de sa ménopause non diagnostiquée pour des tentatives de sorcellerie de sa coépouse. Saluant Diallo, le marchand de fruits en faction devant l’école Ste Jeanne d’Arc, qui m’avait vue grandir depuis la maternelle et chez qui j’ai acheté des fruits pendant 20 ans. Au détour, je me faisais gentiment harceler par Serigne, mon vendeur ambulant préféré, qui cherchait coûte que coûte à me refourguer sa quincaillerie contre un petit billet, et aussi pour alléger le poids de sa boutique mobile qu’il portait à bout d’épaule toute la sainte journée.
Bref, j’ai eu des moments de bonheur simple, teinté de légèreté et d’insouciance, sans menace majeure. Une vie de « Mademoiselle Sans Soucis », ce surnom dont m’avait affublé M. Coly, mon professeur d’éducation physique au collège.
Cette époque, hélas, évoque un passé très récent mais qui, pourtant, s’éloigne à grand pas de façon inquiétante. Lorsque je détourne la tête de mes souvenirs d’enfance pour tenter d’entrevoir le futur, tous mes heureux repères ont changé. Ce que je vois à la place est un tableau de mauvais goût, un système à l’envers et méconnaissable qui renvoie à une image d’œufs brouillés. Ce que j’entends, ce sont des histoires sordides qui me donnent des spasmes et des insomnies. À les lire ou à les écouter, je ne peux m’empêcher d’invoquer la miséricorde divine en psalmodiant nerveusement « Soubhanallah, Soubhanallah, Soubhanallah », comme pour conjurer le mauvais sort.
Et je souffre. Dans mon âme.
Et je souffre encore. Dans ma tête.
Et je souffre toujours. Dans toute ma chair.
Je souffre en imaginant la misérable corvée de cette sage-femme mandatée pour constater les parties génitales défoncées de la petite fille de quatre ans qui a été violée hier.
Je souffre en imaginant la triste journée de travail de son collègue médecin légiste qui a examiné le crâne de la fille du maçon, fracassé pour une malheureuse pièce de 25 Fcfa, l’avant-veille.
Il y a trois jours, j’ai souffert de mon impuissance à m’interposer entre la receveuse de Dakar Dem Dikk et ce passager manifestement agité qui venait de l’empoigner et de lui asséner une violente gifle, avant de lui arracher sa perruque.
Il y a une semaine, ma douleur a atteint son paroxysme quand j’ai ressenti 64 coups de couteaux dans le ventre.
Je me souviens, encore fraîchement, des chaudes larmes que j’ai partagées, il y a quelques mois, avec Thiabe, pour pleurer la mort de notre sœur Dibe, retrouvée pendue, la tête ouverte et sanglante.
Et, oh comme j’aurais voulu m’agenouiller pour consoler la mère du petit Fallou, quand on est venu lui annoncer que son fils ne rentrera pas du Daara où il a succombé à des coups infligés à cause d’une désobéissance mineure.
Le coup de grâce m’est venu de Wuhan lorsqu’on m’a annoncé sans finesse que « sauver le soldat Ryan[2] » était « hors de portée » de mon Sénégal.
Notre société, que j’aime tant pour tout le bonheur qu’elle m’a procuré jadis, est à vrai dire devenue méconnaissable. Et je me pose bien des questions sur ce que nous avons fait de travers.
Une autre question me turlupine : combien ? Combien de femmes, combien d’enfants seront sacrifiés à l’autel du « ndeyssane[3] », du « tchey adina[4] » et du « ndoguelou yalla[5] ? Combien de femmes Sénégalaises devront se barricader chez elles pour ne pas devenir des Bineta, des Fatoumata, des Ndioba ? Ces survivantes-là, auront-elles alors au moins la sécurité quand il leur faudra aller acheter les linceuls de leurs fils, ramenés corps sans tête pour avoir eu le malheur de croiser un diabolique trafiquant d’organes sur le chemin de la boutique, ou ceux de leurs filles, fauchées par un chauffard sirouman[6] en revenant de l’école ?
Notre pays, le Sénégal, est-il en passe d’atterrir sur la liste des destinations infréquentables et à risques, où prendre une vie est devenu une banalité, un fait divers de plus à la rubrique des chiens écrasés ?
Une loi a été votée, me direz-vous. Protègera-t-elle vraiment nos enfants et nos femmes au-delà de l’effet d’annonce qu’elle a suscité ? Posons le débat autrement. En attendant que cette loi soit débattue, amendée, questionnée jusque dans ses points virgules, en attendant qu’elle soit réellement applicable et effective, dans cet intervalle où elle ne sera utile qu’à épaissir le registre de lois, que faisons-nous ???
Allons-nous abdiquer et reconnaître que nous avons failli dans la transmission de cet héritage à nous confié ? Allons-nous accepter de faire pour nos enfants moins que nos parents et grands-parents ont accompli ? Pourrons-nous assumer d’être la génération qui aura inscrit dans son passif la dérive et la déperdition de notre système social ?
C’est une question sérieuse qui exige une réponse de la même teneur !
Pour tenter d’y répondre, je suis allée puiser au plus profond de ma « Sénégalité » pour dénicher ce que je pense pouvoir faire la différence, juste en attendant que lois et règlements se mettent en place.
C’est ainsi que dans mon introspection, il s’est révélé à moi quelque chose de sublime, d’inédit, de parfait pour la circonstance. Une chose que nous avons tous en commun, à laquelle rien ni personne ne peut porter atteinte et dont, qui plus est, nous pouvons user sans risquer le couperet de l’offense à quiconque.
Cette chose, c’est notre droit inaliénable à l’indignation !
Car je considère que s’indigner est un bon début quand le corps social est en déluge. « La colère », écrira Victor Hugo, « peut être folle ou absurde ; on peut être irrité à tort mais on n'est indigné au fond que lorsqu'on a raison par quelque côté ».
Alors indignons-nous !
Indignons-nous d’abord, en tant que parents, pour être en train de faillir à transmettre avec décence et rigueur le trousseau des valeurs léguées par nos ancêtres ;
Indignons-nous, en tant que parents encore, de ne pas veiller scrupuleusement à l’éducation sociale et comportementale, à la protection, la sécurité et l’intégrité physique et morale de nos filles et garçons dans nos foyers ;
Indignons-nous, en tant que parents enfin, de ne pas contrôler et restreindre l’exposition pernicieuse de notre progéniture à des modèles importés de culture de masse ;
Indignons-nous, en tant que Père de la Nation, de céder à la renonciation et au fatalisme sur des questions vitales et de nous en contenter à défaut comme d’un pis-aller ;
Indignons-nous, en tant qu’enseignants, de ne pas persister à inculquer, de la Case des Tout-Petits à l’Université, la valeur du savoir, du respect de l’autre et du bien commun ;
Indignons-nous, en tant que tenants et conquérants du pouvoir, de ne pas nous associer, dans une démarche concertée, civile et sereine, pour ancrer dans la conscience citoyenne une notion objective de la normalité, sans chercher ni gloire, ni buzz, ni mandat ;
Indignons-nous, en tant qu’automobilistes, de faire fi de la prudence routière et par conséquent de la vie des piétons et des passagers ;
Indignons-nous, en tant que guides suprêmes religieux, Khalifes généraux et Cardinaux, de ne pas être farouchement inflexibles sur la préservation du patrimoine spirituel que les dévots reposant dans nos cimetières ont pétri au prix de leur liberté ;
Indignons-nous, en tant que leaders d’opinion et porte-voix, de manquer, dans nos débats, d’examiner les questions sociétales sous un angle rigoureusement sociologique et non politique, ni partisan, ni activiste ;
Indignons-nous en wolof, en pulaar, en diola, en soninké, en sérère, en toucouleur, en malinké, chez les Mourides, Tidianes, Khadres, Layènes et Niassène confondus et unis, dans nos chambres, salons et cours, dans nos bureaux et nos commerces, sur nos étals et nos boulevards, dans nos écoles et pendant nos assemblées de prières.
Indignons-nous enfin pour reconquérir notre unicité Sénégalaise et redorer le blason de ce qui nous lie.
Puissions-nous tous user de notre capacité d’indignation et de notre droit à l’exprimer afin de déployer collectivement et froidement les fondations d’un modèle de société viable, qui nous soit propre et qui profitera à tous, Sénégalais, résidents, émigrés, visiteurs et sympathisants, par amour pour notre Sénégal. Que la paix soit avec nous.
Awa Ngom Diop Telfort est spécialiste en communication
[6] Rabatteur de véhicule de transport en commun qui n’est pas doté d’une grande expérience ou qui ne détient pas un permis de conduire en bonne et due forme
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
AMINATA MBENGUE NDIAYE, CHEVAL DE TROIE DE MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS - Incapable de gagner Dakar par les urnes, le président s’adonne, par le biais des alliés panurgistes du PS, à des entourloupes pour mettre la main sur la capitale frondeuse
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 18/02/2020
« Dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a opté pour une politique de décentralisation prudente, progressive et irréversible. » Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales
Il est à croire que Docteur Cheikh Diallo, fondateur de l’école d’art oratoire de Dakar, est un conseiller politique officieux pour ne pas dire occulte du président Macky Sall. En effet, il est de notoriété publique que chaque fois que l’ancien théoricien de la génération du concret fait une sortie médiatique en y émettant certaines idées iconoclastes, le président Macky Sall ne manque pas de s’en approprier quelques-unes pour les mettre en application.
Cheikh Diallo, conseiller occulte de Macky ?
Quand dans l’édition de l’Observateur du 13 mars 2017, il avait suggéré la suppression de la caution de 65 millions pour le remplacer par le parrainage, il a fallu quinze mois après pour qu’une loi en la matière fût votée nonobstant la résistance de l’opposition au niveau national. Il faut préciser que c’est lui aussi qui avait conseillé au président Abdoulaye Wade de porter la caution à 65 millions à l’élection de 2012 aux fins d’éliminer les candidatures fantaisistes, voire fantoches.
Dans le même sillage, le Directeur exécutif de la Section sénégalaise d’Amnesty, Seydi Gassama parlait de « recul démocratique » parce que pour lui « le pouvoir central doit respecter la volonté des citoyens et ne pas les punir parce qu'ils ont élu un maire qui n'est pas du camp du pouvoir ». On pensait que cette idée de Dr Diallo était un feu de paille mais voilà qu’elle se propage aujourd’hui au sein de l’opinion à la vitesse d’un feu de forêt. En effet, l’institution qui chapeaute les collectivités locales à savoir le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), par la voix de sa présidente Aminata Mbengue Ndiaye, a, lors de l’ouverture de sa première session ordinaire de l’année 2020, le 7 février, plaidé pour un « statut particulier » pour Dakar. Parce que, pour elle, le statut de la capitale n’a pas évolué alors que «des villes-capitales politiques et économiques comme Yaoundé, Yamoussoukro, Douala, Lagos disposent d’un statut particulier à la hauteur de leur taille et à la dimension de leurs ambitions ».
Aminata Mbengue Ndiaye, déconnectée de la réalité politique
Certains observateurs n’ont pas manqué de voir dans ce plaidoyer de la présidente du HCCT un ballon de sonde commandité par le président Macky Sall. Et si Aminata Mbengue ose soutenir une telle idée qui détonne le progressisme prôné par le Code général des Collectivités locales, c’est parce que, sans nul doute, elle en a longuement discuté avec le maitre d’œuvre Macky Sall tenacement obsédé par la récupération politique de la capitale où règne en maitre le leader de Taxawu Dakar, Khalifa Sall et ses maires, même s’il a été déchu illégalement de son poste de premier magistrat de la ville de Dakar.
Faire référence à ces villes africaines où la démocratie est encore embryonnaire pour moderniser Dakar met à nu toute l’ignorance d’Aminata Mbengue Ndiaye de la gouvernance locale des pays dont les villes ont été citées comme prétexte pour doter Dakar d’un statut particulier. Pour sa gouverne, le successeur très controversé d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti socialiste (PS) doit savoir qu’au Cameroun, lors du Grand dialogue national qui s’est achevé vendredi 4 octobre 2019 à Yaoundé, l’une des neuf recommandations nées des discussions de la Commission décentralisation et développement local est la suppression du poste de délégué du gouvernement, super maire nommé et assurant la tutelle des maires élus dans les grandes villes camerounaises. Parce qu’en réalité, ce poste de responsabilité est considéré comme un goulot d’étranglement de la gouvernance locale camerounaise, véritable frein à l’implémentation effective de la décentralisation inscrite dans la loi fondamentale du pays de Paul Biya depuis 1996. Avec l’entrée en vigueur, depuis le 24 décembre 2019, du Code général des collectivités territoriales décentralisées, les 14 délégués du gouvernement du Cameroun sont arrivés en fin de mission lors des élections municipales organisées le 9 février dernier.
Quant aux districts d’Abidjan et de Yamoussoukro, il faut rattacher leur création respective en 2001 et 2002 au contexte de crise militaro-politique qui a secoué la Côte-d’Ivoire depuis le 24 décembre 1999. Aujourd’hui, malgré l’érection d’Abidjan et de Yamoussoukro en districts autonomes, l’administration centrale reste toujours l’échelon compétent pour régler les problèmes locaux. Les Abidjanais des années d’avant 2000 ne cessent de soutenir que la capitale économique du pays des Lagunes n’a pas connu une grande évolution depuis son changement de statut en 2001.
Tout cela pour dire que les villes citées par la marionnette Aminata Mbengue pour porter le projet Macky ne peuvent en aucune manière servir de paradigme pour nommer l’édile de Dakar. Si aujourd’hui les luttes politiciennes ont fini par plomber l’évolution de Dakar, c’est parce que l’actuel chef de l’exécutif est un autocrate qui ne supporte pas que la capitale rétive regimbe de lui accorder majoritairement ses suffrages depuis 2012. La socialiste Anne Hidalgo dirige la mairie de Paris sous le pouvoir de la République en marche de Macron. Le défunt Jacques Chirac a dirigé la mairie de Paris durant tout le magistère du président socialiste François Mitterrand. Jamais il n’y a eu de querelles de compétences parce que la loi qui définit les domaines de compétence des uns et des autres est sans ambiguïté.
Certes entre 1964 et 1984, une loi conférait à la ville de Dakar et aux autres chefs‑lieux de région un statut spécial dérogatoire au droit qui régissait les communes. C’était l’ère des gouverneurs-maires. Ce statut spécial conféré aux villes était une régression du principe de la légitimité politique populaire. Par conséquent, il est inconcevable pour une personnalité politique de la trempe d’Aminata Mbengue Ndiaye de vouloir replonger le Sénégal dans les années 60 où c’est le gouverneur de région qui exerçait, sous l’autorité du président de la République et du ministre de l’Intérieur, l’ensemble des attributions confiées au maire.
Macky Sall, mauvais perdant
Si aujourd’hui avec la complicité des collabos du dialogue national, Macky Sall est parvenu à repousser sine die l’échéance des élections locales, c’est parce qu’il est convaincu sur la base de ses études et sondages trimestriels qu’il perdra encore Dakar en cas d’élections locales. Ainsi ne pouvant pas gagner Dakar par les urnes, il s’adonne par le biais des alliés panurgistes du PS à des tours de passe-passe et à des entourloupes pour mettre la main sur la capitale frondeuse. Tout cela n’est que la suite logique de l’opération de neutralisation enclenchée depuis 2012 quand Khalifa Sall avait ostensiblement refusé de rejoindre la mouvance présidentielle.
Rappelons que le premier acte posé pour neutraliser l’édile Sall à Dakar, c’est de dépouiller sa ville de ses ressources financières pour atrophier sa puissance politique. Ainsi l’Acte III de la Décentralisation votée le 19 décembre 2013 en procédure d’urgence allait pour l’essentiel réduire les pouvoirs du maire de la ville. Après le triomphe de Khalifa Sall aux locales à Dakar le 29 juin 2014, le pouvoir exécutif s’attelle à bloquer ses projets urbains. Ainsi, un emprunt obligataire de 20 milliards levé sur le marché financier lui a été refusé pour des raisons fallacieuses après un avis de non-objection délivré par l’alors ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Bâ. Certains programmes de la mairie de Dakar comme le pavage et l’éclairage de tous les quartiers de Dakar sont hypothéqués du fait de l’Acte III de la Décentralisation qui a dépouillé la ville au profit des communes et du blocage de ses emprunts sur le marché financier. Le ministre Amadou Bâ avait même menacé de retirer à la banque Ecobank sa licence quand elle a voulu accorder sous forme de prêt plusieurs milliards à la ville de Dakar.
La dislocation de l’Entité Cadak/Car et son dessaisissement de la gestion des ordures de Dakar au profit de l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (UCG) se sont ajoutées aux actes posés par le pouvoir pour désavouer le maire de Dakar aux yeux des populations dakaroises qui souffrent des immondices d’ordures jonchant périodiquement les rues et quartiers de la capitale. S’y ajoute le blocage de l’aménagement de la Place de l’Indépendance, de la Place de l’Obélisque et de la Corniche-ouest qui a été au centre de la guerre entre Khalifa Sall et Macky Sall via le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, Diène Farba Sarr, lequel s’attelait mordicus à réaliser son programme « Dakar, ville verte », quitte à empiéter sur certains projets du maire de Dakar.
Et l’acte ultime de cette opération de neutralisation, c’est l’incarcération illégale de Khalifa Sall à Rebeuss avec en conséquence une perte de ses mandats de maire et de député et une mise à l’écart de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, le leader de Taxawu Dakar hume l’air de la liberté mais il continue à hanter le sommeil de Macky même si le pouvoir politico-judiciaire lui nie toute possibilité de participation à une échéance politique. La grandeur dans la défaite est un art qui dénote une qualité de cœur, un courage politique et une lucidité sans faille que Macky Sall n’a pas. Le président Wade avait perdu en 2009 les locales, pourtant la défaite amère qui portait l’empreinte de son fils ne l’avait pas poussé à mettre des bâtons dans les roues du maire Khalifa Sall.
In fine, l’on peut dire que la présidente du HCCT, piètre bouffonne de cette saynète politique, aura raté son plaidoyer puisque le ballon de sonde qui véhicule le projet scélérat de son mentor Macky s’est littéralement dégonflé.
Pour Cheikh Tidiane Dieye, directeur exécutif du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Cacid) à Dakar, c’est l’occasion de tirer les leçons du passé, et d’établir un meilleur partenariat entre les pays africains et l’UE
On en parle peu, mais le temps presse pour redéfinir l’accord de Cotonou, qui expire à la fin de ce mois de février 2020. Cet accord, signé en 2000, est le cadre général dans lequel s’inscrivent les relations entre l’Union européenne et les pays Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP). Les accords de partenariat économique (APE), très critiqués dans les États concernés, constituent le volet commercial de cet accord. C’est donc la dernière ligne droite des négociations en ce moment à Bruxelles. Pour le docteur Cheikh Tidiane Dieye, directeur exécutif du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Cacid) à Dakar, c’est l’occasion de tirer les leçons du passé, et d’établir un meilleur partenariat entre les pays africains et l’Union européenne.
► Docteur Cheikh Tidiane Dieye est le directeur exécutif du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement basé à Dakar.
LATIF COULIBALY LIVRE SES INTIMES CONVICTIONS
Sonko, société civile, presse, Pse, mémorial de Gorée,
‘’écrire pour résister’’. Tel est l’objectif du ministre Abdou Latif Coulibaly, en faisant paraître : « Sénégal, l’histoire en marche ». Un bouquin qui fait l’économie des réalisations du Président Macky Sall, même si le journaliste le réfute d’emblée en affirmant que ‘’son travail vise à saisir et expliquer les mutations fondamentales qui ont été engagées à la faveur d’un changement de paradigme notable dans la façon de définir et conduire les politiques’’. Mais outre son éloge du septennat de Macky Sall, le journaliste-écrivain a taquiné sa plume pour donner sa part de vérité sur plusieurs sujets. Autant dire que l’ancien ministre de la culture n’y est pas allé par quatre chemins dans ce nouvel ouvrage qu’il a présenté samedi. L’As vous livre ici quelques passages saillants de cet essai.
‘’Ousmane Sonko recourt habituellement à une agressivité non contenue… ce qui révèle son manque de maîtrise des sujets traités, son incompétence frisant parfois la puérilité.‘’
‘’Le scrutin du 24 février 2019 a incontestablement révélé Ousmane Sonko aux Sénégalais, qui ont placé au troisième rang de leurs suffrages ce néophyte en politique. Ce dernier a obtenu, en dépit de ses sidérantes et nombreuses maladresses politiques et de ses discours douteux, un total de 687 523 voix, soit 15,67% des suffrages exprimés… Dans la région de la Casamance naturelle, il a fait des résultats significatifs, en gagnant la région de Ziguinchor qui est constituée par les départements de Ziguinchor, Oussouye et Bignona…
Certains analystes ont vite fait, et à tort, de caractériser son succès dans cette région en qualifiant ses scores comme étant le résultat d’un vote ethnique. Je préfère, pour ma part, parler de ‘’vote affectif‘’, qui procède naturellement de faits et de données incontournables en politique, que l’on soit au Sénégal ou ailleurs dans le monde. En effet, l’appartenance géographique sociale, sociologique ou autre, se présente comme un facteur qui joue toujours positivement pour les candidats à une élection, à quelque niveau que se situe le scrutin. Cette base affective est un atout en politique. D’ailleurs le candidat Macky Sall en a bénéficié dans le Fouta, la région d’origine de ses parents, et à Fatick, dans le Sine, sa région natale et celle d’adoption de ses parents. Il ne serait pas juste de stigmatiser Ousmane Sonko en essayant de réduire ses performances à un simple phénomène ethnique, qui serait notable et favorable dans son seul cas…
Ousmane Sonko, haut fonctionnaire, inspecteur des impôts de son état, mais radié pour faute grave, s’est engagé dans l’action politique moins de 5 ans après avoir été sanctionné, en créant son propre parti. Il a su trouver un positionnement politique intelligent du point de vue du choix de ses thèmes majeurs de combat : la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Il a compris que deux thèmes faisaient recette, et le feront encore pour longtemps auprès de l’opinion… Tous les hommes politiques, ceux de l’opposition en particulier, ne manquent jamais l’occasion de dénoncer, en criant au scandale, parfois à juste raison, mais le plus souvent à tort, des malversations et autres manquements éthiques et de transparence. Ce débat sur la transparence est indispensable pour la stabilité de nos Etats et pour la survie de nos entités nationales…
Malheureusement, Ousmane Sonko recourt habituellement à une agressivité non contenue, qui va même, de temps à autre, jusqu’à la violence verbale, ce qui révèle son manque de maîtrise des sujets traités, son incompétence frisant parfois la puérilité, ses discours manquant de maturité, de profondeur et de sérieux. Cette absence de maîtrise procède de deux défauts frappants de l’homme : une prétention sans mesure et un manque d’informations fiables ; chez lui, ces deux travers sont particulièrement évidents. Ce qui est le plus insupportable dans ses discours, et qui ne cesse de le desservir, c’est sa mauvaise foi manifeste ; or, c’est elle qui structure toutes ses interventions destinées à l’opinion publique pour fustiger ce qu’il appelle ‘’la mal-gouvernance‘’ au Sénégal. Cette mauvaise foi est le fruit d’une option stratégique douteuse en matière de communication politique.
Les journalistes ‘’scribouillards courtisans et valets du pouvoir se sont transformés en prophètes du négativisme, bande de snobs aussi veules qu’impudents‘’
‘’L’un des rôles des médias est de contribuer au développement du débat démocratique en se faisant l’écho de toutes les opinions, en rapportant les faits utiles à la compréhension des enjeux politiques actuels. La presse a pu aider à élargir le champ des connaissances des populations en captant leur attention, en éveillant en elles des aspirations, et en fixant des priorités. Certains médias ont joué un double rôle de combattants patriotes ou de critiques de la répression, lorsque cela était devenu une nécessité…
De nombreux décideurs ont maintenu pour habitude d’utiliser la presse pour déterminer les intérêts et les préoccupations du public. Aussi, ont-ils parfois renoncé immédiatement à certains choix politiques controversés, une fois que l’opinion du public s’est manifestée dans les medias, par des prises de position informées et pertinentes. Les citoyens ont ainsi pu exploiter l’énorme pouvoir dont dispose la presse pour faire pression sur des gouvernements récalcitrants et les amener à répondre aux préoccupations du public… Tout ce bien que les médias apportent à notre démocratie ne s’est pas réalisé sans risques et sans problème à l’arrivée. L’invasion de la profession par de pseudo-journalistes corrompus, qualifiés par un ancien journaliste africain de ‘’misérables sans domicile fixe‘’, est considérée comme l’un des facteurs qui contribuent à la dégradation rapide de la profession…
Les journalistes ‘’scribouillards courtisans et valets du pouvoir se sont ainsi transformés en prophètes du négativisme, bande de snobs aussi veules qu’impudents‘’, selon Spiro Agnew, Vice-président des Etats-Unis dans les années 70. Le plus grand reproche que l’on puisse faire aux médias est qu’ils ne comprennent ni ne respectent suffisamment la distinction entre ce que l’on pourrait appeler la vie privée des personnalités publiques et celle des simples citoyens (qui méritent qu’on les laisse tranquilles)… Je ne suis nullement d’accord avec ceux qui prétendent qu’en devenant plus libre, la presse sénégalaise est devenue également plus irresponsable…
Sans aucun doute, certains journalistes ont pu abuser de la liberté de la presse et d’expression obtenue de haute lutte… Les excès et l’incompétence pure et simple que l’on attribue à la presse libérée sont une réalité dans certains cas, rares au début de la structuration de la liberté de la presse au Sénégal, mais de plus en plus fréquents aujourd’hui avec la prolifération des titres et des chaînes de radios et télévisions ; on peut relativiser le phénomène et l’expliquer, sans le justifier cependant. Les journalistes et leurs médias ne sont souvent que le produit de systèmes sociaux de plus en plus excessifs et libertaires… Cela rend nécessaire un système de poids et de contrepoids qui ne sont pas toujours présents.
‘‘En démocratie, les mécanismes naturels du dialogue entre les acteurs de la société politique sont les cadres offerts par les institutions’’
‘’Le comportement des acteurs de la société, dans certains cas, ne contribue guère à élever le niveau et la qualité de notre débat public. Si toutefois il en est ainsi, on peut chercher la cause dans la nature de notre société civile, dans sa manière d’être et de prendre part à ce débat… Quelle est la signification de cette fuite en avant et de cette neutralité trompeuse de la société civile ?
Précisons que l’audace dont on parle ici n’est ni bruyante ni pompeuse, encore moins trompeuse, car elle masque une terrible fuite en avant d’une société civile qui appelle au dialogue, en vue de la constitution d’un pacte républicain largement consensuel… On fait ainsi dans l’agitation médiatique et on parle comme si le dialogue souhaité et le pacte républicain dont on projette la construction n’étaient pas les deux fondements de base même de notre option démocratique irréversible…
Souvenons-nous, il y a presque une dizaine d’années que le vieux brisquard de la société civile, Aliou Tine, en était arrivé à appeler à la constitution d’un pacte républicain pour sauver, disait-il, notre démocratie des périls graves… J’ai suivi la dernière émission de Jakaarlo Bi sur TFM, à laquelle Alioune Tine a participé, quelques semaines avant le scrutin du 24 février. Son argumentaire d’il y a quatre mois est presque à tout point de vue identique à celui qui était servi aux Sénégalais dix ans auparavant ! Seul l’objet sur lequel portent les discussions a changé. Hier, c’était le troisième mandat voulu par Abdoulaye Wade, et aujourd’hui le parrainage institué par Macky Sall…
En démocratie, les mécanismes naturels du dialogue entre les acteurs de la société politique sont les cadres offerts par les institutions, le parlement notamment, et toutes les autres structures inventées par le système à cette fin.
En fait, l’adhésion d’un individu ou d’un groupe politique à un système démocratique authentique traduit et marque de sa part une adhésion à un grand consensus national. Il est vrai que quand des périls graves menacent la cohésion de la nation et mettent en danger la démocratie, le regroupement de l’élite dans un cadre consensuel contingent, plus global et plus formel, s’impose aux acteurs qui animent la vie politique. Il n’en est rien de tout cela au Sénégal au moment où l’on semble vouloir forcer un dialogue pour aboutir à je ne sais quel consensus national ou pacte républicain. ‘‘
‘’L’hôtel‘’ Burj al-arabe ‘’de Dubaï présente la même allure, les mêmes formes, presque les mêmes volumes et la même texture visuelle que le Mémorial de Gorée’’
Qu’en est-il du Mémorial de Gorée ? C’est un très beau projet, sans aucun doute ! Il est cependant plus délicat et plus complexe que le Mémorial le ‘’Joola‘’. Cette institution, dont la réalisation est prévue depuis les années 90, avait été pensé et envisagé au cours de la décennie 80, quand le professeur et intellectuel Pathé Diagne avait engagé, avec le concours de l’Etat du Sénégal, l’organisation à Dakar d’un grand Festival Panafricain des Arts et de la Culture (FESPAC)…
A l’origine, le Mémorial de Gorée a été conçu pour être un lieu d’hommage, de méditation, de réflexion et de partage. Mais c’est aussi un lieu unique au monde qui doit abriter le Centre International des Mémoires du Monde, tourné résolument vers l’avenir… Il a été présenté initialement sous forme de bateau, ce qui a été certes pertinent et original au moment où le concours architectural avait été organisé puis gagné par l’architecte italien. Le projet ayant tardé à se réaliser, un autre édifice, qui a été érigé à Dubaï, l’hôtel : le ‘’Burj al-Arab‘’ (La Tour des Arabes), surnommé ‘’la voile‘’, occupe aujourd’hui une place de choix dans l’offre touristique de cette ville… Or il présente la même allure, les mêmes formes, presque les mêmes volumes et la même texture visuelle que le projet de Dakar. La splendeur que nous voulons donner au Mémorial de Gorée, le symbolisme que nous voulons lui attacher, le signification historique qui est véhiculée dans ce projet ne souffriraient-ils pas d’une ressemblance confondante avec l’hôtel en question ?‘
‘’Le PSe se présente comme une forme de révolution ‘
‘’ Nous avons mis en évidence certains secteurs-clés de la vie économique et sociale de la nation, pour mieux rendre compte, en fixant dans les esprits comment et en quoi l’application du PSE est en train de transformer radicalement le Sénégal… Nous sommes arrivés à la conclusion que cet instrument de développement économique et social se présente comme une forme de révolution qui ne dit pas son nom, mais qui affiche ostensiblement ses couleurs à travers une série de réalisations économiques et sociales se manifestant un peu partout dans la pays. Tout s’organise, en effet, autour d’un changement de mentalité qui part de l’idée simple que nous pouvons et devons être le moteur de notre propre développement, plutôt que de rester des acteurs passifs de celui-ci, subissant le cours de l’histoire et acceptant, résignés, face au fatalisme inhibiteur dans lequel nous et notre pays baignons depuis l’indépendance de l’Etat... Je crois que le septennat de Macky Sall est en fait, au Sénégal, une démonstration remarquable de ce que les Africains savent faire.‘’