Ça coûte combien un masque ? Parait que c’est selon que l’on soit riche, de la classe moyenne ou pauvre. Celui du Chef et ceux de son clan, ses copains et coquins, n’étant pas de la même marque que celui de l’infortuné de la Cité Bissap, des Hlm ou de Pikine Guinaw Rails. De jeunes gens ont été priés de prendre place dans le panier à salades des flics. Leur tort a été de ne pas se couvrir le visage. Bien entendu, ils pouvaient choper la vilaine maladie dans le véhicule de la police où ils étaient entassés tout autant que nos gentils flics. Dans d’autres pays civilisés qui ne mettent pasla charrue avant les bœufs, on aurait verbalisé ces récalcitrants avant de leur remettre un masque. Face à la propagation de la maladie, il faut encourager nos compatriotes à se couvrir le visage si tant soit peu, ça peut nous débarrasser vite de cette crasse. Mais nous autres « Kàccoor », ça nous gâche tant de plaisirs. La vie dans ce pays est partout dans le monde étant devenue si morose. Circuler dans les rues de Dakar sans pouvoir admirer ses beautés qui égayent nos rétines, constitue une torture morale, physique et intellectuelle. Ne sachant pas qui est qui, on se contente d’admirer les démarches, les lignes et les courbes. Il nous faudra donc souffrir, le temps que ce vilain virus daigne prendre congé, de ne pas pouvoir apprécier comme ilse doit les belles créatures de Dieu dont on nous prive du visage. Cette partie qu’elles refusaient de couvrir sous les injonctions des barbus. Bas les masques !
Kàccoor bi
SENELEC SOUS L’ERE BITEYE UNE INSTITUTION AUX COMPLOTS PERMANENTS !
Le premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré, aimait dénoncer ce qu’il appelait le « complot permanent ». Aujourd’hui, cette théorie bien de chez les « traitres » nous renvoie à la Senelec de l’ère Papa Mademba Bitèye. Depuis sa nomination à la tête de la Senelec, l’actuel Dg n’a exécuté aucun programme stratégique, aucun projet de nature à améliorer la performance de la boite. Au contraire, il passe tout son temps à remettre en question l’œuvre et la gestion des cadres de l’ancienne direction. Pour y parvenir, il n’hésite pas à filer des cagoules à des syndicalistes alimentaires qui utilisent une certaine presse pour s’inscrire dans une sale et maladroite campagne de dénigrement. Ou alors dans une campagne de désinformation et d’intoxication visant à nuire à d’éminents cadres, en tête desquels l’ancien DG, qui ont sauvé la Senelec d’une faillite ou d’une privatisation. Bref, on aura compris que la Senelec sous le règne de Pape Mademba Bitèye est devenue une société aux complots permanents ! Pape Mademba Bitèye à la gestion duquel nous allons nous intéresser sous peu. Foi du « Témoin » !
CORONAVIRUS UN SIXIEME DECES
Au moment de boucler cette présente édition, vers deux heures du matin ce jour, nous avons appris le décès d’un sixième patient malade du coronavirus. Le défunt était interné à Louga où il a rendu l’âme. En 72 heures, donc, le Sénégal vient d’enregistrer coup sur coup trois décès. Portant le nombre total de morts à six depuis l’apparition du premier cas de coronavirus dans notre pays, le 02 mars dernier. Pour rappel, la journée d’hier mardi a été particulièrement « noire » avec la mise à jour de 35 cas testés positifs. Une tendance inquiétante.
COMMUNE DE DJIDDAH THIAROYE-KAO 7083 KITS DE VIVRES POUR 150.000 HABITANTS
Les opérations de distribution de l’aide alimentaire d’urgence aux populations ont démarré sur l’ensemble du territoire national. Cette opération met à nu la situation de pauvreté extrême dans laquelle vivent l’immense majorité de nos compatriotes. A preuve, alors que les opérations de distribution n’ont pas encore démarré dans certaines communes, des voix s’élèvent pour fustiger la modicité des quantités de vivres mises à leur disposition. Par exemple, dans la commune de Djiddah Thiaroye-Kao (Pikine) regroupant plus de 150.000 habitants, « Le Témoin » quotidien a appris que seuls 7083 kits de vivres sont à distribuer. Pire, la commune de Djiddah Thiaroye-Kao abrite environ 100.000 ménages vulnérables. Imaginez les milliers de pères et mères de famille qui seront laissés en rade dans cette opération de distribution ! Dommage que les milliards de francs dépensés par le président de la République risquent d’être multipliés par zéro par les population laissées en rade.
MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT FACE AU COVID-19 CADRES ET AGENTS DONNENT 30 MILLIONS CFA
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) a contribué à hauteur de vingt-neuf millions neuf cent deux mille francs CFA (29 902 000FCFA) au fonds «Force Covid-19». Ce montant découle de la participation des agents et de quelques partenaires du ministère. La remise symbolique du chèque a eu lieu, hier mardi 21 avril 2020 dans les locaux du ministère des Finances et du Budget en présence des ministres des Finances Abdoulaye Daouda Diallo et de son homologue de l’Environnement Abdou Karim Sall. Le Ministère de l’Environnement et du Développement durable répond ainsi favorablement à l’appel lancé par Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République relatif à une contribution nationale au Fonds «Force Covid-19 ». Le Ministère s’engage à poursuivre la sensibilisation pour un respect strict des mesures d’hygiène et de prévention recommandées par les autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
ANCIENNE FIGURE DE PROUE DU SOPI DECES DU JOURNALISTE-CONSULTANT MBEMBA DRAME
Le journaliste-consultant Mbemba Dramé est décédé avant-hier à Dakar des suites d’une longue maladie. Il a été enterré à Marsassoum (Casamance) conformément à sa volonté. Un enterrement dans l’intimité pour cause de crise sanitaire. Néanmoins, son jeune frère Moustapha Dramé, secrétaire général et porte-parole de Rewmi/France, n’a ménagé aucun effort pour que le défunt soit transporté dans sa ville natale et enterré dignement. Figure de proue du Pds des années de braise et journaliste au « Sopi », Mbemba Drame a été de tous les combats politiques pour la démocratie et la liberté d’expression. Ce, aux cotés de Mamadou Oumar Ndiaye, Me Cheikh Khoureyssi Ba, Ndiogou Wack Seck, Jean Paul Dias, Me Ousmane Ngom dont il est resté proche jusqu’à la fin de ses jours etc. Entre-temps, Mbemba a vécu longtemps au Canada, en France et au Portugal avant de rentrer définitivement au Sénégal. Avec sa belle et brillante plume, Mbemba Dramé a eu à assister de nombreux leaders politiques dans la rédaction de leurs différents discours. En cette douloureuse circonstance, « Le Témoin quotidien » présente ses condoléances éplorées à la famille de Mbemba Traoré.
IMPOTS ET DOMAINES DE THIES DJIBY SY APPELE A FAIRE LE NETTOYAGE
S’il y a un geste salutaire qui est attendu du receveur des impôts et domaines de Thiès, Djiby Sy, c’est surtout de faire le ménage autour de lui. Figurez-vous qu’au niveau de ce service stratégique, il y a un homme totalement décrié autant par le personnel étatique que par les usagers. Il s’agit d’un certain Alioune Badara Diagne qui y fait la pluie et le beau temps. Il était au service de l’ancien patron des lieux, Babacar Pascal Dionne. Après le départ à la retraite de ce dernier, il s’est rallié au nouveau venu en l’occurrence Djiby Sy. Lequel, empreint d’un profond humanisme, laisse prospérer une situation dénoncée par ses propres agents. En tout cas à Thiès les langues se délient pour se demander comment le sieur Alioune Badara Diagne, qui n’est pas un agent de l’Etat mais un simple « bénévole », a pu prendre une telle épaisseur dans la gestion du foncier jusqu’à même reléguer les secrétaires de Djiby Sy et même les autres agents de l’Etat au second plan. D’ailleurs, nos sources disent qu’il a même son propre bureau au niveau du secrétariat du receveur. Ce qui est dénoncé à Thiès, c’est que le bonhomme qui n’est pas agent de l’Etat a aujourd’hui accès aux dossiers fonciers sensibles de l’Etat. Il met son nez partout jusqu’à pouvoir bloquer les quitus fiscaux. D’ailleurs, tout usager qui veut accéder au receveur des domaines doit passer par lui. Eskèye. Alioune Badara Diagne n’est pas le seul puisqu’on nous parle d’un vieillard de 70 ans…chargé du courrier qui fait aussi la pluie et le beau temps. Tout comme le premier cité, ce dernier aussi est un bénévole, il n’est pas agent de l’Etat, mais il joue sa partition dans le foncier. Alors Djiby Sy, dont l’humanisme l’empêche de sévir, doit quand même effectuer une opération Augias dans son service. Thiès attend de son receveur des domaines un tel geste salutaire.
Encore un vieux terrassé par le covid-19
Le coronavirus a encore fait une victime au Sénégal. Il s’agit d’un viel homme, âgé de 74 ans. D’après le communiqué du ministère de la santé et de l’Action sociale, il était en traitement au centre de traitement de Louga. Avec ce décès, le Sénégal enregistre six cas dus au covid-19.
Aly Ngouille Ndiaye offre 115 tonnes de riz
«L’As» a sans doute dansé plus vite que la musique en suggérant aux ministres Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Daouda Diallo, Amadou Bâ, pour ne citer que ceux-là, de nourrir leurs localités en dégainant un milliard, par exemple, en vivres uniquement. Eh bien ! C’est apparemment chose faite pour certains. Il a appris que le ministre de l’Intérieur a remis au Préfet de Linguère 115 tonnes de riz et 13 800 litres d’huile en contribution à l’élan de solidarité. Avec cela, les populations du Djolof ne devraient pas ressentir rudement les effets des mesures de l’état d’urgence pris pour faire face au covid-19. Pour la petite histoire, le ministre de l’Intérieur ne fait pas partie des néo riches. Il a fait fortune avant même de devenir ministre. D’ailleurs, il avait fait sa déclaration de patrimoine en 2013 alors qu’il n’était même pas assujetti. Dans le même sillage, on a appris que Mamadou Talla a offert 60 tonnes riz aux populations de Kanel et Abdoulaye Daouda Diallo en a fait de même pour Podor etc. A ce rythme, certaines zones pourraient se passer du riz polémique de Mansour Faye.
Grincements de dents à Touba Toul
A Touba Toul, la mise en place des comités de ciblage des ayants droit, dans le cadre de la prochaine distribution de l’aide alimentaire, commence à faire polémique. Daouda Tine, maire de la commune, est accusé d’opérer en solo, en ce qui concerne la composition des comités. C’est pourquoi des grincements de dents se font entendre partout pour dénoncer la méthode cavalière du maire, en ce qui concerne la liste des bénéficiaires devant rejoindre celle des bénéficiaires de bourses familiales. En tout cas, souligne notre interlocuteur, la situation est telle que l’autorité administrative doit réagir pour que les rectificatifs nécessaires soient apportés, afin d’éviter que l’acte salutaire du président de la République soit inutilement entaché.
Paiement de 5 mois d’arriérés de pension aux professeurs retraités
«L’As» avait relaté tout dernièrement la grogne silencieuse des professeurs retraités de l’Enseignement supérieur à qui l’Etat devait 10 mois d’arriérés de pension. Leurs doléances ont été entendues. Puisque, d’après nos sources, le gouvernement a épongé depuis lundi dernier une partie de ce qu’il devait à ces enseignants. Il s’agit ainsi de 5 mois d’arriérés en attendant le paiement des cinq autres. Les autorités devraient régler une bonne fois pour toutes les dysfonctionnements dans la mise en œuvre du fonds de solidarité sociale, afin d’être à jour par rapport à ces enseignants qui ont servi toute leur vie l’Université et formé nos dirigeants.
Le ministère de l’Environnement contribue pour 29,902 millions
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le ministère de l’Environnement et du Développement durable (Medd) a contribué à hauteur de 29,902 millions Fcfa au fonds «Force Covid-19». Ce montant est une participation des agents et de quelques partenaires du ministère. Le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, a remis le chèque à son collègue des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo. En plus, le ministère de l’Environnement s’engage à poursuivre la sensibilisation pour un respect strict des mesures d’hygiène et de prévention recommandées par les autorités sanitaires.
Pr Moussa Seydi en star à Tamba et Kolda
A la suite de Dr Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous), c’est au tour du Pr Moussa Seydi, chef de service des maladies infectieuses de Fann, d’effectuer des descentes dans les régions pour visiter les centres de traitement des malades du covid-19. Il était à Tambacounda où il s’est réjoui de l’érection du centre de traitement. Pr Seydi dit y avoir trouvé une équipe médicale engagée et dynamique, avec un réanimateur. C’est la raison pour laquelle il pense que Tambacounda n’a pas besoin d’évacuer des malades à Dakar. Toutefois, Pr Seydi souhaite que Tambacounda soit mieux doté d’infrastructures et de personnels. Il est optimiste à l’idée que la région va endiguer cette épidémie à moins que la communauté s’y implique. A l’en croire, le gouverneur a souhaité un dépistage de grande envergure. Interpellé sur la question des transmissions communautaires, il trouve qu’elle est problématique. A l’en croire, les études montrent qu’un cas communautaire asymptomatique peut contaminer 400 personnes en un mois. C’est pourquoi Pr Moussa Seydi appelle la population à s’engager dans la lutte contre cette pandémie. Il préconise également le port généralisé de masques pour éviter d’aller vers le confinement. Pr Seydi est attendu aujourd’hui à Kolda.
L’Ecole polytechnique offre 1 500 litres de gels
La communauté universitaire multiplie les efforts dans la croisade contre la pandémie du Covid-19. En effet, après un premier don, l’Ecole Supérieure Polytechnique (ESP) de Dakar cible les zones à transmission communautaire pour leur offrir des gels hydro-alcooliques. Ainsi, sous l’égide du Ministère de l’Enseignement Supérieur, l’ESP de Dakar a offert 1500 litres de gels hydro-alcooliques à la sous préfecture de Dakar-Plateau. D’après le ministre Cheikh Oumar Hanne, le produit est certifié parce que l’efficacité microbiologique a été contrôlée par le laboratoire. A l’en croire, toutes les zones à transmission communautaire seront servies. Les mêmes initiatives sont notées à Thiès, à Saint-Louis et à Ziguinchor. Le sous-préfet de Dakar-Plateau, Djiby Diallo, a magnifié le geste avant de souligner que sa circonscription est très exposée à la propagation du coronavirus. Selon Djiby Diallo, chaque jour, ce sont 40 000 véhicules qui entrent et sortent du centre-ville, transportant près de 3 millions de personnes. Pour lui, les 9 marchés dans la sous-préfecture du Plateau constituent des lieux de contacts humains à surveiller de près avec des dispositions rigoureuses.
Les armées donnent 20 millions de francs
En plus d’être engagées sur le terrain pour faire respecter l’état d’urgence, les Forces armées ont mis la main à la poche pour contribuer à l’effort de guerre contre le covid-19. A cet effet, elles ont remis un chèque de 20 millions Fcfa au ministre des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, en présence de plusieurs autorités militaires.
Débit clandestin de boissons alcoolisées
Le Commissariat d’arrondissement de Ziguinchor a procédé hier à l’arrestation de deux dames dont Anna M. et Edwidge N. pour exploitation clandestine de boissons alcoolisées. Selon nos sources, les dames ont été interpellées dans une maison au quartier Tilène, au cours d’une opération de sécurisation. A souligner que les personnes mises en cause ont été déférées au parquet.
Un fumeur de Yamba pris en flagrant délit
Adepte de l’herbe qui tue, Dimitri M. a du mal s’affranchir de son addiction. A peine élargi de prison, le bonhomme a renoué avec ses vieux démons en établissant son quartier général à Goumel(cité résidentielle de Ziguinchor) où il se retrouvait avec ses amis pour fumer des joints. Mais mal lui en a pris. Puisque les hommes du Commissaire central de Ziguinchor, Adramé Sarr, ont fait une descente inopinée dans ce quartier où la bande a pris la tangente. Mais moins chanceux que ses camarades, Dimitri M. a été alpagué au moment où il tentait de fuir avec des cornets de chanvre indien. Au terme de sa garde à vue, il a été déféré au parquet pour détention et usage de chanvre indien.
Djidah Thiaroye Kaw sous tension
Qui pour éteindre le feu qui couve dans la commune de Djidah Thiaroye Kaw? Dans cette localité, on assiste à une grosse tension entre le maire Cheikh Dieng et ses administrés sur le choix des membres des comités de ciblage des quartiers pour la distribution des vivres alloués par le président de la République. Car dans cette commune qui fait partie de l’arrondissement de Pikine-Dagoudane où 7 083 ménages doivent bénéficier de cette aide, les proches du maire et leurs adversaires ne ratent aucune occasion de solder leurs comptes par des coups de poing. Ils se livrent également à des passes d’armes dans les réseaux sociaux.
Panique à la Cité Soprim à cause du Covid-19
C’est l’inquiétude et la panique à la Cité Soprim où a été détecté un cas communautaire. Il s’agit d’un homme qui a été testé positif au Covid-19 en compagnie de sa femme. D’où la panique dans la zone, surtout que la femme infectée du virus a fréquenté la boutique du coin, eu des contacts avec une vendeuse de légumes. Ce qui prouve que le danger est bien réel. Sous le couvert de l’anonymat, certains habitants de ce quartier mis en quarantaine ont câblé nos radars pour réclamer une prise en charge complète de leurs lieux d’habitation à travers une désinfection et l’approvisionnement en vivres. Ils espèrent que leur appel au secours sera entendu par les autorités municipales et étatiques.
Wakhinane Nimzaat, une bombe
Le maire de Wakhinane Nimzaat, Racine Talla, avait bien raison de tirer la sonnette d’alarme après qu’une dame très mobile a été testée positive au covid-19 avant-hier. L’As a appris que la dame en question a déjà contaminé d’autres membres de sa famille sans compter les différents endroits où elle s’est rendue ces derniers jours. C’est dire que le gouvernement devrait envisager des tests massifs dans cette zone qui est une bombe sanitaire.
Seydi Gassama
Le secrétaire général d’Amnesty International/section Sénégal est très remonté contre ceux qui donnent des masques à des talibés. Pour Seydi Gassama, il ne manquait plus que cela. Il a du mal à comprendre le fait de donner aux enfants talibés des masques pour qu’ils continuent à vadrouiller dans les rues à la recherche de pitance et de quoi entretenir leurs maîtres. Dans tous ses états, il interpelle ceux et celles qui leur donnent des masques et leur demande de dire aux Sénégalais où se trouvent leurs propres enfants. Une manière d’accuser ces derniers d’exposer la vie des pauvres talibés au moment où ils protègent celle de leurs chérubins.
Macky Sall plaide pour un Nouvel Ordre Mondial
Les conséquences de la crise sanitaire, économique et sociale née de la pandémie du Covid-19 seront lourdes à supporter. C’est la conviction du Président Macky Sall qui, sur twitter, a estimé hier qu’aucun pays ne sortira indemne de cette crise. Le chef de l’Etat qui prédit une récession globale sur la planète entrevoit le salut dans un Nouvel Ordre Mondial. Aussi, plaide-t-il pour un nouvel ordre mondial qui redéfinit l’ordre des priorités et investit dans l’économie réelle.
SIXIÈME DÉCÈS DÛ AU CORONAVIRUS
Le patient de soixante-quatorze (74) ans a succombé, ce mardi à 17h 40, au centre de traitement de Louga où il était traité
Un patient souffrant du Covid-19 est décédé mardi à Louga, portant à six le nombre de décès causés par cette maladie au Sénégal, a annoncé le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
‘’Le Sénégal vient d’enregistrer son cinquième décès lié au coronavirus. Il s’agit d’un homme de sexe masculin âgé de 74 ans’’, affirme le ministère dans un communiqué reçu à l’APS.
Le patient est décédé mardi à 17h 40, au centre de traitement des épidémies de Louga, indique la même source.
Le Sénégal a enregistré son premier décès lié au nouveau coronavirus le 31 mars, en la personne de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
Le deuxième décès par le coronavirus a eu lieu le 3 avril. La victime, une dame âgée d’un peu plus de 50 ans, était sous traitement au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann.
Entre vendredi et lundi, le pays a enregistré trois décès. L’un des patients est décédé à Ziguinchor et les deux autres à l’hôpital Fann de Dakar. Les victimes étaient âgées de plus de 60 ans.
Depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus dans le pays, le 2 mars, 412 cas positifs de Covid-19 ont été recensés, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Un patient a été évacué vers son pays d’origine, et 242 ont recouvré la santé.
MANSOUR FAYE, CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE
Pondéré, discipliné… le ‘’goro’’ du président, karatéka, ceinture noire, peut aussi être colérique, impulsif et très susceptible. Businessman reconverti politicien, il est, selon plusieurs observateurs, le cheval de Troie de Macky Sall
Il aurait pu être l’homme par qui le consensus se renforce ; il est celui par qui le scandale arrive. Lui, c’est Amadou Mansour Faye. Il est né le 16 mai 1965 à Saint-Louis. En ces temps de pandémie, il a réussi une grande prouesse : faire rompre l’élan national de solidarité qui se dessinait autour de son mentor de président. Ravissant ainsi la vedette au virus mortel. L’ancien agent de la MTOA (Manufacture des tabacs de l’Afrique de l’Ouest) devenu ministre sous le règne de son beau-frère, n’en finit pas de faire l’objet de controverses. Et quand la polémique s’invite dans une interview accordée par le président de la République à des médias étrangers, voici sa réponse : ‘’Vous savez, ce qui est regrettable, c’est que lorsque nous attaquons des sujets d’importance, qu’on veuille nous ramener au ras des pâquerettes… qu’on nous ramène vers un débat de transport de vivres et que cela puisse être relevé à ce niveau ; j’en suis très désolé…’’ Aux dires du chef de l’Etat, c’est ‘’un débat politicien’’ destiné à ‘’nous faire perdre du temps’’.
Mansour peut donc respirer. Sa tête, réclamée par certains observateurs, ne sera pas coupée par le chef suprême de la magistrature. D’ailleurs, informe son collaborateur Papa Demba Cissokho, il reste plus que jamais serein et déterminé à poursuivre la mission à lui confiée par le chef de l’Etat. ‘’Au moment où je vous parle, il est au siège de l’APR pour faire le point sur la distribution des kits d’hygiène aux populations des 33 quartiers de Saint-Louis. Auparavant, il avait distribué des denrées alimentaires à tous les ‘daaras’ de Saint-Louis, pour inciter les talibés à rester chez eux, pendant cette période d’état d’urgence et de couvre-feu’’, confiait, hier vers 18 h, son proche collaborateur.
Interpellé sur l’état d’esprit de son mentor, il informe : ‘’J’ai trouvé en lui un homme serein et attentif aux préoccupations des populations, en cette période de pandémie. Il déroule ses activités, conformément à l’agenda qu’il s’était fixé depuis le début de la pandémie.’’
Ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale depuis le dernier remaniement, en avril 2019, le ‘’citizen saint-louisien’’, sans être l’homme le plus diplômé au monde, a eu un parcours correct. Dans une interview accordée au journal ‘’L’As’’ en avril 2012, il confesse, modeste : ‘’Ma formation n’est pas compliquée. Mon dernier diplôme, pour le moment, est un MBA de l’université de Québec à Montréal…’’ C’était en 2007, pour celui qui a eu son baccalauréat ‘’avec mention Assez bien’’ en 1985. Bien auparavant, le ‘’goro’’ du président avait effectué, sur le plan académique, de brefs passages à l’ENSETP (octobre 1987-février 1988), à l’Ensut (octobre 1994 à juillet 1995)… Il aura également suivi des cours à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse (septembre 1995-juin 1997) pour une formation continue diplômante d’ingénierie en mécanique. Malgré ce parcours qui semblait le prédestiner plus pour les sciences et les technologies, Mansour brillera surtout dans le business.
Un businessman reconverti politicien
Après sept longues années (1988-1995) à la Manufacture des tabacs de l’Afrique de l’Ouest (MTOA), d’abord en tant qu’agent méthodes maintenances, ensuite comme responsable dans ce même service, nonobstant sa formation à l’Insa de Toulouse, il s’engage dans les affaires, à la fin des années 1990. Le frère de la première dame a été administrateur général adjoint de l’entreprise Guelel SA (fourniture de matériels industriels) de janvier 1999 à septembre 2004 ; directeur général de Ruy Xalel SA (fabrication et production d’aliments pour enfants) de mai 2001 à décembre 2003 ; administrateur de A2ME Sarl (Génie civil et BTP) de juin 2004 à décembre 2008, et enfin administrateur de la société à responsabilité limitée Fayefarms, de mai 2008 à avril 2012.
Puis arriva l’élection de son beau-frère, en 2012, qui le tira de l’anonymat le plus absolu. Au début, simple délégué à la Protection sociale, Mansour Faye se trouve aujourd’hui au centre des politiques majeures sur lesquelles repose le régime du président Sall. Il est dans la santé, dans l’agriculture, dans les infrastructures, dans le social, dans l’hydraulique… Bref, dans tous les secteurs qui intéressent le développement économique et social du pays.
Une voie royale pour le palais, ont vite décrié plusieurs observateurs qui soupçonnent une tentative de dévolution népotique du pouvoir.
Pourtant, dans le classement des ministères, selon leur budget, son département arrive à la 11e place, avec 101 milliards de F CFA. Mais en termes de possibilités d’investissements et de programmes politiques destinés à massifier l’électorat, il serait forcément l’un des mieux lotis, sinon le premier de la classe, avec des programmes très liquides comme le PUDC, Promovilles, Puma, les bourses de sécurité familiale, la CMU…
Pour cette raison, nombre d’analystes ont vu en lui le cheval de Troie du président de la République Macky Sall. Il serait ainsi, pour le régime de son beau-frère, ce que Karim Wade a été pour le régime de son père. Et les qualificatifs ne manquent pas à ses détracteurs pour le caractériser. ‘’Premier ministre caché’’, pour Mamadou Lamine Diallo ; ‘’vice-président caché’’, selon le président du groupe parlementaire Démocratie et liberté, et enfin ‘’ministre XXXL’’, si l’on en croit Déthié Fall du Rewmi.
Vendredi, la comparaison a encore été agitée avec emphase. Et quand un journaliste a fait le rapprochement, le ministre a ruminé sa colère et donné sa langue au chat.
Mais entre le fils de Wade et le beau-frère de Sall, les similitudes ne s’arrêtent pas seulement à leurs crânes dégagés comme des chauves.
Symbole de la dynastie Faye-Sall
Comme Wade fils, Mansour a souvent été suivi par la clameur. Délit de parenté, selon ses proches. Coupable de malversations, selon ses nombreux détracteurs. Comme griefs, il lui est reproché la corruption dans l’attribution du marché de l’eau à Suze ; de gérer de façon nébuleuse une partie des 69 milliards de F CFA destinés à l’assistance alimentaire, dans le cadre de la lutte contre les effets de la Covid-19, etc.
Dans le premier dossier, certains ont trouvé suspecte la coïncidence entre l’octroi, par Suez, de camions bennes à la mairie de Saint-Louis et l’attribution du marché de l’eau à la même entreprise. Maire de la vieille ville, Mansour était en même temps à la tête du ministère de l’Hydraulique, au moment de l’attribution de ce marché. Après avoir bu dans l’eau, revoilà donc l’ancien délégué général à la Protection sociale accusé de manger dans le riz.
Dans ce dernier scandale présumé, les griefs sont multiples. Tout est parti du marché de transport de la marchandise destinée aux populations, dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Le 28 mars 2020, des transporteurs font un communiqué, suite à une assemblée, pour affirmer qu’ils vont mettre à la disposition de l’Etat leurs parcs de camions pour l’acheminement de ladite marchandise. Le 1er avril, malgré cette annonce, le ministre et son département en charge de ce programme d’assistance alimentaire, lancent un appel d’offres où ils excluent tout transporteur n’ayant pas 50 camions. Poussant le bouchon plus loin, la tutelle donne le marché à un député allié du pouvoir dont l’entreprise se trouve en liquidation judiciaire depuis 2019.
Ce qui a fini de semer la confusion dans la tête de certains transporteurs bénévoles. Pourquoi faire des largesses à un Etat qui s’entête à payer ?, se demandent certains camarades de Momar Sourang. Ce n’est pas tout. Il est aussi reproché à Mansour Faye d’avoir accordé la plus grande partie de l’approvisionnement en riz à un homme d’affaires franco-libanais méconnu dans la filière. Mais, se défend son fidèle collaborateur, tout ceci n’est qu’affabulations. ‘’Mansour est un homme très attaché aux principes qui gouvernent la transparence et la bonne gouvernance. Il est d’une grande probité morale. Il rappelle toujours à ses collaborateurs l’obligation de faire les choses dans le strict respect de la loi et des règlements’’. Dans cette affaire, pense-t-il, le ministre est quitte avec sa conscience. ‘’Il avait la possibilité de passer les marchés par entente, mais il a préféré jouer la carte de la transparence. Pour ce faire, il a ouvert la porte aux fournisseurs, en faisant publier un "avis de commande directe en procédure d'urgence", alors qu'il n'était pas tenu de le faire… Tout le reste est constitué d’insinuations sans aucun fondement légal’’.
En politique, le diplômé du Québec a réussi à s’imposer dans le grand appareil de Benno Bokk Yaakaar, à partir des Locales de 2014, quand il s’est imposé face à son adversaire du Parti démocratique sénégalais, Ahmet Fall Braya. Promu ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, dans la foulée de ces élections, l’homme fort de Saint-Louis trône, depuis la réélection de son chef, à la tête du tout-puissant ministère en charge du Développement communautaire.
La face cachée du ‘’goro’’ du président
Acculé de toutes parts, le ‘’goro’’ du président est sorti, vendredi dernier, de son mutisme, pour tenter d’apporter des clarifications au peuple sénégalais. Mais le résultat est mitigé. Pour beaucoup, le ministre, d’apparence discipliné, modeste et humble, est tout simplement passé à côté de la plaque. Celui qui aurait bien pu être classé dans la catégorie de ces hommes droits, justes, honnêtes et irréprochables, se révèle finalement homme susceptible, colérique, impulsif et peu serein devant l’adversité. Exit le Mansour Faye pondéré, calme et très mesuré ; place alors au lion qui somnolait jusque-là dans le cœur du présumé dauphin. En atteste son échange houleux avec le journaliste Babacar Fall, qui a commis le crime de l’interpeller sur ses présumées relations avec un des attributaires de marchés publics. Comme réponse, il sert : ‘’Bo mako wakhatee ma portee la plainte. (Si vous le répétez, je vous traduis en justice).’’
De l’avis de Jupiter Faye, consultant en art oratoire et intelligence émotionnelle, le ministre a raté son exercice de communication, malgré un bon début. Il explique : ‘’Dès que les questions ont commencé, il a montré ses limites. Il était trop sur la défensive. La preuve, à la première question, il préfère s’exprimer en wolof, sa langue de prédilection. On sentait déjà qu’il parle avec le cœur, comme s’il souffrait de quelque chose. Le ministre s’est présenté psychologiquement atteint.’’ Mais le plus inadmissible, à en croire le Country Manager de Kaizen Senegal, c’est l’énervement injustifié du représentant du gouvernement. Il apprécie : ‘’Un ministre, c’est de la retenue, c’est de la sérénité et de la hauteur. L’essence d’un point de presse, c’est la liberté de la parole. On ne peut pas convoquer un point de presse pour apporter des clarifications et en même temps menacer de porter plainte contre un journaliste qui n’a fait que poser des questions. C’est une erreur très grave dans son exercice de communication.’’
S’y ajoute, d’après l’expert, ‘’un grand manque de respect envers les journalistes et de l’agacement’’. La preuve, signale-t-il, par son rire moqueur. ‘’Le rire peut certes traduire la courtoisie, mais en l’espèce, il dégageait plus un manque de respect envers la personne qui pose la question. Pire, il a même coupé un journaliste. Cela ne se fait pas, en communication. Un ministre doit garder sa sérénité, laisser le journaliste poser entièrement sa question, sinon ça devient un débat’’, analyse l’expert.
En tout cas, ses oreilles ont dû siffler le lendemain. Les différentes parutions ont rivalisé d’imagination dans leurs titres, comme pour montrer que l’opération de clarification a échoué. Pour ‘’Sud Quotidien’’, c’est ‘’Mansour Faye en clair-obscur’’ ; pour ‘’L’As’’, ‘’Mansour Faye ne riz plus’’ ; pour ‘’Le Quotidien’’, ‘’Mansourd aux questions’’, pendant que ‘’L’Obs’’ titre : ‘’Mansour faille du consensus’’.
Un consensus pourtant acquis avec force manœuvres. Même le très hostile mouvement populaire Y en a marre avait fini de regagner les rangs, rejoindre le ‘’Général Sall’’ pour mener la croisade contre l’ennemi public n°1 : la Covid-19.
Ainsi, c’est l’œuvre de plusieurs jours, en un laps de temps, brisé par le maire de Saint-Louis depuis 2014. Comme son deuxième mariage avec la députée Aminata Guèye qui a duré le temps d’une rose, le frère de la première dame aura fait long feu dans le lancement de la présente campagne d’assistance alimentaire.
En bon sportif, le karatéka, ceinture noire, dispose sans doute de suffisamment de ressources pour rebondir, dans les jours à venir.
par Youssoupha Niang
COVID-19, PROTÉGEONS CE QUE NOUS AVONS DE PLUS VULNÉRABLE ET PRÉCIEUX
Si nous voulons que les gestes barrières et en particulier le bon port du masque soit adopté par la majorité des Sénégalais, il faudra en faire une « mode » et non une contrainte
Ces dernières décennies, le monde fait face à de plus en plus d’épidémies d’origine virale (VIH/SIDA, Grippe aviaire, Ebola, SARS, MERS, Covid-19). Ceci a été le cas en particulier de l’Africain. Souvent nous y avons laissé beaucoup de vie. Nous en avons aussi gardé dans notre génome beaucoup de restes de matériel génétique viral. Nous avons également développé toute une ingénierie et un savoir-faire en santé publique.
Notre mode de développement nous a emmenés à briser certaines frontières biologiques avec le reste du monde animal mais aussi à réduire de manière drastique la biodiversité qui participait à contenir la virulence des virus. Nous, nous exposons et continuerons de nous exposer aux virus qui jusque-là étaient étrangers à notre écosystème. Notre réaction d’adaptation doit être à la hauteur de l’agression actuelle mais aussi anticipée sur celles à venir en agissant sur les déterminants biologiques et sociaux de la santé.
Nous avons certes une faible connaissance sur ce virus mais nous savons là où il est plus nocif. Nous pouvons alors être plus effectifs dans nos interventions de santé.
Nous parlons souvent de la résilience des Africains et des Sénégalais en particulier. Cependant, ne confondons pas résilience et coping par défaut. La résilience nous ne la saurons qu’au décours de la crise car elle implique une capacité à absorber un choc et à rebondir au décours. En d’autres termes, sortir d’une crise avec plus d’atout et de développement dans le domaine impacté par la crise.
En ce qui nous concerne, elle passera par des ressorts individuels, communautaires, culturels mais surtout l’organisation et la communication de crise qui permettent l’adhésion et la mobilisation communautaire pour un enjeu sanitaire.
Nonobstant les chiffres de contagion, qui semblent refléter plus la faiblesse du dépistage qu’un profil épidémiologique du virus au Sénégal, la jeunesse de notre population, les expositions antérieurs à d’autres virus, une peut-être plus faible virulence du virus, un système sanitaire assez performant et un niveau relatif de mobilisation communautaire semblent contribuer à déterminer un profil particulier de la transmission.
Si les chiffres égrenés tous les jours reflètent vraiment le niveau de la transmission alors on peut affirmer que le virus est devenu moins virulent pour une raison ou une autre ou qu’il existe déjà une certaine immunité collective à même de ralentir la transmission. Car il n’y a pas une spécificité sénégalaise dans la riposte.
La seule jeunesse de la population pourrait expliquer le nombre limité de cas graves mais devrait au contraire participer à une plus grande transmission du virus et le développement rapide d’une immunité collective.
En attendant de disposer d’un vaccin capable de conférer cette immunité, certains pays ont développé une riposte qui se base sur la facilitation de l’immunité collective et n’ont l’aplatissement forcé de la courbe épidémiologique. L’objectif étant de protéger les plus vulnérables et être plus résilient à des vagues ultérieures de contagion, si pas de vaccin d’ici-là (ce qui est assez probable). Les mesures barrières et de cantonnement ne peuvent être que temporairement efficaces et très difficiles à soutenir dans la durée. Seulement, avec un Ro à 2.5 il faudra au moins 60% d’immunisation pour y arriver.
La modélisation mathématique de la transmission se fait en tenant compte de trois paramètres à savoir : la capacité du virus à se propager d’une personne à une autre, la dynamique de la propagation et la sensibilité de la population exposée. Partant des deux derniers critères, il serait intéressant de recalculer le Ro en Afrique. Aujourd’hui, toutes les ripostes sont basées sur un Ro calculé dans d’autres contextes environnementaux et épidémiques.
Le défi sanitaire, en l’absence de vaccin, n’est pas tant d’isoler la population entière par rapport au virus ou de se battre contre des chiffres de contagion que nous ne maitrisons pas, mais plutôt de protéger les personnes avec un risque vital important si atteint de covid-19, de réduire la durée et l’impact de la crise engendrée par la pandémie et la riposte.
Toute la communauté devrait protéger de manière généreuse et volontaire ceux qui sont le plus à risque du fait de leur âge ou d’une possible comorbidité. La mobilisation sociale et le discours qui la soutient devrait aider à créer cet esprit de dépassement de soi pour une cause supérieure. La mobilisation et le monitoring familial et communautaire par rapport au port du masque et gestes d’hygiène en général sont souvent des plus efficaces que les injonctions et la moralisation.
Les pays du Nord ont perdu dans cette crise un bon nombre de leurs seniors. Nous devons protéger les nôtres ainsi que toutes celles et ceux qui ont besoin d’être protégé(e)s. Il s’agit pour la jeunesse surtout et pour tous ceux qui se portent bien de protéger les personnes vulnérables à travers des mesures certes contraignantes mais simples. La lutte contre cette infection appelle à notre altruisme individuel et collectif. Il ne s’agit pas seulement de se protéger mais surtout, de protéger l’autre plus vulnérable que soit.
En attendant l’installation d’une immunité collective provoquée ou non, ou de la disparition spontanée du virus, il me paraît important de :
Se rappeler que la gestion de toute crise se fait de manière holistique et effectivement intégrer le personnel soignant, les artisans, les leaders communautaires, les universitaires, les « bay » et « yayfalls », les socio-anthropologues, les médiateurs communautaires, les étudiants et encore plus, de manière constructive et transparente. Transparence et alignement sont les maîtres mots d’une bonne gestion de crise.
Augmenter significativement le volume du dépistage afin de mieux détecter, et isoler. Que l’on utilise un modèle de confinement (total, partiel, ciblé, mobile, etc.) ou de non-confinement, tous les experts de la riposte épidémiologique s’accordent à dire qu’il faut tester, tester et tester, isoler les cas et les contacts, et veiller à l’application des gestes dits barrière. Ceci se fait mieux avec une bonne mobilisation « salutogenesique » de la communauté et la préservation tant que possible des ressources communautaires et individuelles (sociales, émotionnelles, spirituelles, économiques et physiques).
Développer une communication stratégique et changer quelques bruits sémantiques dans la communication avec les populations. Le déni et la négation d’un facteur de perte de normalité sont des étapes normales de résilience en ce sens qu’ils sont une forme de résistance psychologique à cette perte. Il faut savoir utiliser l’énergie que cet état psychologique dégage et non la confronter de manière stigmatisante et culpabilisante.
S’il est vrai que le personnel médical et les décideurs publiques sont dépositaires d’une partie du savoir une autre partie est communautaire.
Dans une crise, aucune des parties ne peut gérer unilatéralement la situation. Il est alors important de se poser la question du comment impliquer l’autre.
En même temps que les populations écoutent les experts et décideurs publiques, il est important que ces experts et décideurs écoutent également avec humilité les populations. C’est aussi pour cette raison qu’il est important d’associer pleinement dans la riposte les médiateurs communautaires, les experts du comportement humain et les communicateurs.
Les stratégies de communication gagneraient à être « empowering » et surtout ne pas déposséder les populations de leurs mécanismes de contrôle contre la perte ou l’adaptation à la nouvelle normalité. Lorsque les populations seront acteurs des politiques de sante publiques alors le pari sera gagné.
Par rapport à la « distanciation sociale », il me semble plus opportun, dans nos réalités sociales, de changer de sémantique et de parler plutôt de « distanciation physique dans l’engagement social ». La « distanciation sociale » est une crise à la crise en ce sens qu’elle introduit une « normalité » anxiogène. Nous avons besoin de soutenir et protéger un pan de la communauté rendu vulnérable par la pandémie et la riposte. Le « nit, nitaygarabam » prend tout son sens dans cette crise. C’est collectivement que nous devons traverser la crise et mettre en place les barrières aux adversités à venir et qui ne manqueront pas. Dans les moments de crise, le soutien social est crucial et doit être valorisé.
Faciliter et encadrer le retour des sénégalais de la diaspora à travers des corridors humanitaires. Il est normal qu’ils veuillent rentrer. Ils essaieront encore plus lorsque les frontières seront ouvertes avec quelques porteurs asymptomatiques. Faciliter leur retour est une manière de prévenir la diffusion du virus au-delà de nos moyens de détection et de suivis des cas.
Transformer les comportements dans le court et moyen terme par effet d’entrainement et renforcement positif du comportement souhaité. Pour combattre Ebola, les dispositifs de lavage des mains et de prise de la température étaient si présents dans la communauté et leur bon usage si démontré par les multiplicateurs communautaires que le comportement souhaité était devenu la « mode ». Si nous voulons que les gestes barrières et en particulier le bon port du masque soit adopté par la majorité des Sénégalais, il faudra en faire une « mode » et non une contrainte. Cette mode devrait être renforcée par le discours altruiste de protéger ceux que nous aimons et voulons protéger.
Mettre en place un réseau de relais communautaire en utilisant la formidable énergie qui se dégage un peu partout et qui tend à amplifier le discours médical sou à le nier. Des réseaux de relais communautaires ont déjà commencé à se former spontanément (étudiants en médecine et Pharmacie, étudiants des autres facultés, les relais de la Croix-Rouge, les pharmaciens, etc). Certains réseaux de relais existent depuis des crises antérieures. Ils demandent à être réactivés et structurés pour s’aligner à l’effort national à travers une organisation pyramidale de coordination de la riposte.
Enfin, faire sortir l’hôpital de ses murs et rendre le personnel soignant plus proactif en se rendant dans les communautés et familles physiquement, en ligne ou au téléphone, pour éduquer, soutenir, monitorer et soigner. Le discours médical doit être adapté à la compréhension des populations. La sémantique compte ! Si la terminologie « cas communautaire » a un sens épidémiologique il ne fait que créer une angoisse supplémentaire et confusion chez le profane. On a l’impression, avec sa vulgarisation, que le Sénégal fait face à deux dangers : coronavirus et cas communautaires. A la fin de la journée, ce qui compte le plus c’est la compréhension de la population. Alors vulgarisons des mots qui donnent sens à chaque sénégalais et qui déclenche en lui le reflexe souhaité sans créer de panique. Pour ce faire, le corps médical et les décideurs doivent se faire aider de communicateurs, dans leur communication de crise et surtout démontrer qu’ils ou elles appliquent les mêmes règles.
Nous devons définir une stratégie de communication à même de mobiliser la communauté à se focaliser à la protection des vulnérables et prévenir des vulnérabilités secondaires.
Pendant que la crise et la riposte sont en cours, il est important de déjà penser à la stratégie de sortie de crise mais aussi au développement post-crise synonyme de résilience.
Garder les gens sains et non les empêcher d’être malades est le défi fondamental et nous pouvons collectivement y arriver.
par Alassane Ibra Niang
EN ATTENDANT QUE LA MONDIALISATION REPRENNE SON SOUFFLE
Les atouts que renferme cette mondialisation pour se maintenir sont nombreux. Elle pas qu’économique comme le capitalisme tend à nous le faire croire, elles dépendent aussi du niveau de mentalité des peuples
Il est tentant de croire que la pandémie du Covid-19 va accélérer la fin tant attendue de la mondialisation, une fin, vue seulement sous un angle économique, avec une crise qui se profile à l’horizon, une crise du capitalisme plutôt, c’est bien de ce qu’il s’agit et de ces effets néfastes dans le monde. La mondialisation n’est pas si maléfique pour qu’on tente de le jeter en pâture, n’est-elle pas l’essence même de la tolérance et de la diversité dans ce monde gagné par l’incertitude ?
Une mondialisation qui n’a pas encore dit son dernier mot
Prédire la fin de la mondialisation, en se basant sur des incertitudes qui sont l’écroulement de l’économie mondiale, et l'hypothétique orientation des Etats sur leurs vraies priorités, pose un problème de compréhension de ce qui est même la mondialisation, ou de la mondialisation telle que ceux qui annoncent sa fin le comprennent. L’incertitude trouve toute sa pertinence dans les enjeux économique, politique, sociale et environnementale que renferme cette mondialisation. Les liens d’interdépendance, la production mondialisée ne sont pas prêtes à s’arrêter, puisque les acteurs, en premier les Etats et les multinationales même affaiblis, n’ont rien perdu de leurs appétits au contraire ragaillardis par l’après-crise, leurs visées impérialistes conditionnées par des intérêts économiques reprendront de plus belle. La guerre économique que se livre actuellement la Chine et les Etats-Unis vont dans ce sens, de même que celle avec l’UE ou au sein même de l’UE entre Etats membres et futurs ex-Etats membres, vont donner un autre tournant aux relations internationales. Les peuples connaissant désormais les enjeux, seront de plus en plus exigeants, difficilement manipulables.
Des perspectives interdépendantes
La pandémie du Covid-19 a permis de jeter de nouvelles bases sur les rapports entre les Etats et leurs peuples. Les peuples auront une idée claire des capacités et des limites de leurs Etats, de leurs politiques tant niveau intérieur qu’international. Ils pourront se donner une opinion sur leur pays et des perspectives qui influenceront leurs choix futurs.
Les peuples africains voient dans cette crise, une occasion de créer la rupture avec leurs pays colonisateurs, de prendre en main leur destin, mais surtout contribuer enfin d’une manière significative à la marche du monde. Tout en tenant à leurs libertés et leurs acquis, les peuples africains veulent que leurs dirigeants prennent l’exemple sur la Chine et l’Inde, ils veulent que leurs pays deviennent des puissances émergentes. Ils veulent que leurs richesses matérielles et immatérielles influencent et inspirent la pensée, les normes et les rapports universels. Mais ce que les peuples africains, ne savent pas et qu’ils ne sont plus les seules à penser ainsi.
Dans les pays européens, cette vision sur les perspectives politiques, risque d’être corrompue par les avantages et les inconvénients du choix de rester ou de sortir de l’UE.
- Sortir d’une union qui n’est en réalité pas ce qu’elle prétend être, des plans d’austérité qui ruinent la classe moyenne et les plus pauvre, un ensemble d’Etat fort où la solidarité des Etats n’est qu’un mot, où la concurrence se fait plus entre les Etats membres que contre les grandes puissances que sont les Etats–Unis et la Chine. La guerre des masques et la durée des débats sur les plans de relances en sont des exemples patents.
- Mais pour la classe aisée majoritairement capitaliste, rester dans l’UE pourrait être une aubaine en perspective, pour plus de marchés, plus de consommateurs mais surtout limités les assauts des entreprises chinoises et américaines, ce qui est une menace sérieuse. Ces attaques sont d’ailleurs déjà plus récurrentes et plus agressives dans l’UE même, d’où l’importance d’une réforme qui va toucher le fondement des Etats qui tiennent toujours à leur souveraineté.
Les débats sur la souveraineté économique seront ravivés par les nationalistes, encouragés par une classe majoritaire moyenne, pauvre qui veut avant tout garantir son emploi avec une relocalisation des entreprises qui étaient délocalisées dans les pays en développement. Les peuples penseront à eux d’abord avant les autres et feront confiance à ceux qui peuvent préserver leurs intérêts.
Les Etats-Unis sont dans la même situation que l’Union européenne, la pandémie a révélé les inégalités sociales qui y existent et une forte dépendance à la Chine. La population sera plus encline à prêter oreille attentive sur l’emploi et la santé dans les prochaines élections.
Un air de déjà vu, me diront certains, qui essayeront de se lancer dans une comparaison très difficile des impacts politiques de cette crise sanitaire aux impacts politiques de la crise de 1929 qui ont en parti causé la deuxième guerre mondiale et la montée en puissance des partis nationalistes dans le monde. Le nazisme à l’Allemagne et le fascisme en Italie avaient profité de la crise économique et du désespoir des peuples pour prendre le pouvoir, seulement la gestion catastrophique de la crise sanitaire en Italie et aux USA par des dirigeants populistes risquerait de fausser cette comparaison à moins que les rapports au niveau international (UE pour l’Italie, Chine pour les Etats-Unis, l’après Macron en France avec la montée future du Front national) donnent plus de sens à cette coopération ce qui n’est pas à exclure.
Retour à la réalité
En Afrique, des débats d’intérêts nationaux vont de plus en plus se poser dans l’espace public, animés par une jeunesse décomplexée et majoritaire, consciente de sa force électorale. Les partis qui prônent un nationalisme radical auront plus de chance de prendre le pouvoir, aidé en grande partie par la situation internationale ou la primauté des intérêts de chaque Etat vont s’accentuer.
Les peuples occidentaux font face à ce même dilemme, longtemps en déclin, précipité par le Covid-19, ils se sont rendus compte que leurs Etats ne sont plus indépendants, ils espèrent un retour de leur puissance économique et politique d’antan. Ils pensent de plus en plus d'abord en eux même, de leur sécurité et leurs épanouissements en trahissant l’espoir de dons et de dettes des dirigeants africains, incapables de faire preuve d’honneurs et de dignités. Pour l’Afrique, le développement ne se fera pas forcement avec l’Europe, qui ne va jamais commettre encore une fois, l’erreur qu’elle a commise avec la Chine, ni avec cette dernière qui a plus besoin d’une « mère porteuse », d’un grenier et d’une vache laitière pour satisfaire son trop–plein démographique. Le développement se fera entre les Etats africains, leur croissance démographie et la jeunesse de leur population restent des atouts non-négligeables.
Cependant, la complexité des échanges entre les pays, l’importance des canaux de communication, les enjeux qui s’y agrippent (économique politique et social) risqueraient de leur rappeler la dure réalité. Ces contraintes montrent que cette mondialisation est aussi un outil abstrait qui a un énorme impact sur les vies individuelles de chaque humain.
Mais là où les leçons de cette crise risqueraient de n’être pas apprises, et même se révéler vaines sont :
- D’abord sur le plan politique, ou les Etats violent constamment les droits humains et, il ne peut pas y avoir de nouvel ordre mondiale basé sur l’humanisme si la crise en Libye, en Palestine, le blocus de Cuba et la tension militaire au Venezuela en pleine crise continue en pleine pandémie.
- Sur le plan environnemental : les pays surtout ceux en développement vont devoir jongler entre la nécessité de respecter les normes environnementales de plus en plus contraignantes et l’obligation d’assurer un développement soutenu de leur économie, avec les règles que cela exige (Brésil sur l’Amazonie). D’ailleurs, l’économie qui a momentanément ralenti avec la crise, pourrait reprendre son cours normal, en tirant dangereusement dans cette corde d’équilibre fragile pour rattraper son retard. Le débat sur la protection des animaux menacés d’extinction va se poser d’une manière concrète, leur consommation tout en omettant leur espace d’habitat de plus en plus menacé ? Les atouts que renferme cette mondialisation pour se maintenir sont nombreux. Elle pas qu’économique comme le capitalisme tend à nous le faire croire, elles dépendent aussi du niveau de mentalité des peuples, de leurs volontés.
"NOUS SOMMES À UN TOURNANT DE LA PANDÉMIE"
Le Docteur Abdoulaye Bousso du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) aborde le plan de riposte du Sénégal face au coronavirus et la question des cas communautaires devenus de plus en plus inquiétants…
Avec la pandémie du coronavirus, le Sénégal est en train de vivre l’une de ses plus grandes crises sanitaires. Le Docteur Abdoulaye Bousso, Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), est convaincu que beaucoup de leçons sont à tirer de cette crise. Dans cet entretien, le Dr Bousso aborde le plan de riposte du Sénégal, la question des cas communautaires devenus de plus en plus inquiétants…
Vous étiez conseiller technique quand il y a eu l’épidémie à virus Ébola. Quelle est la différence entre Ébola et Covid 19?
Les modes de contamination ne sont pas les mêmes. Avec Ébola, on a eu un cas. En Afrique, il y a eu des zones touchées, mais le mode de contamination n’était pas facile avec Ébola et l’on n’avait pas autant de cas. Coronavirus, c’est moins mortel, mais le fait que tout le monde soit touché fait que c’est compliqué. La pression est plus forte avec le Covid qu’avec Ébola.
Le système sénégalais a-t-il bien répondu ?
Quoi qu’on puisse dire, je pense que le système de santé sénégalais est assez structuré. On a des personnes compétentes en mesure de répondre aux exigences de l’heure, même si les moyens ne suffisent pas toujours.
Mais quand on voit le dispositif qu’on est obligé de déployer pour répondre aux urgences dans les régions, on pense à un niveau d’équipement disparate non?
Tout à fait. Après cette situation, il sera important de songer à renforcer le système de santé pour mettre toutes les régions à niveau. Cette épidémie va faire changer beaucoup de choses dans les conceptions, dans les stratégies. Elle a montré la nécessité de renforcer le système de santé. Parce qu’aujourd’hui, aucun pays n’a le temps de venir aider un autre pays. La situation est tendue partout. Chacun gère son problème. D’où l’intérêt de se renforcer pour se gérer devant des situations d’urgence comme celles-là.
Par exemple, en relançant Médis ?
Justement. Ce sont des entreprises qu’il faut faire revivre. L’industrie pharmaceutique, c’est quelque chose d’extrêmement important. C’est vrai qu’elle n’est pas encore développée chez nous, mais il faudra y songer. Elle vous permet d’être autonome pour certains médicaments. Les compétences sont là, il suffit de bien les accompagner pour faire de belles choses dans le pays.
Il y a quand même beaucoup de leçons à tirer de cette crise ?
Absolument. Avec Ébola, on en a tiré. Avec Corona, si on ne le fait pas, c’est qu’on aura raté beaucoup de choses.
Comment jugez-vous les impacts des mesures qui ont été prises comme la fermeture des frontières, le couvre-feu… ?
C’est une épidémie où les mesures vont crescendo en fonction de l’évolution de la situation. À l’étape où nous sommes, on a interdit les manifestations publiques, on a fermé les frontières, les écoles, il y a le couvre-feu. Ce sont des mesures qui limitent les contacts. À ce stade de l’épidémie, ce sont des mesures qu’on peut garder. Mais on verra d’ici aux prochains jours ou semaines comment l’épidémie va évoluer. Mais,il est clair que si l’on a un foyer important, on peut aller nécessairement vers un confinement partiel en confinant un quartier, une région ou tout le pays. Rien n’est exclu. Mais ce n’est pas parce que les autres pays ont confiné qu’on doit forcément le faire. Il faut y aller d’une manière dynamique et apprécier chaque fois la situation pour prendre la décision.
Mais nos marchés continuent de refuser du monde ?
C’est un sérieux problème. C’est pourquoi je pense que le port du masque peut beaucoup aider. Il constitue un confinement individuel qui peut beaucoup aider dans la lutte. Mais, il faut savoir qu’elle n’est pas une recette miracle.
Le Professeur Raoult dit que la maladie est en train de disparaître. Vous en pensez quoi ?
Oui, j’ai lu sa déclaration, mais il y a eu d’autres de ses confrères qui sont allés à l’encontre de sa déclaration. Je pense qu’il vaut mieux attendre. Le mieux à faire, aujourd’hui, c’est de continuer à être vigilant, surtout au Sénégal où il y a un fort taux de guérison. Ce qui s’est passé en France, aux États-Unis n’épargnent aucun pays.
Justement, quand on voit ces pays avec des infrastructures sanitaires beaucoup plus performantesque les nôtres être plus touchés. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Avec cette épidémie, on va énormément apprendre. Prenons l’exemple des États-Unis. Au départ, il leur fallait une semaine pour avoir un test de laboratoire. Nous,on l’a en une journée, souvent même en quelques heures. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils avaient un système particulier où il n’y avait qu’une seule zone où se faisaient les analyses laboratoires. C’était Atlanta qui regroupait tous les résultats. Ça prenait donc du temps. Voilà une bizarrerie. C’est sûr qu’après cette étape, ils vont tirer une leçon. Ce n’est pas parce qu’un pays est fort en termes d’infrastructures que tout est ok. L’organisation est tout aussi importante. Mais, je pense qu’au départ, certains pays ont sous-estimé cette maladie. Contrairement au Sénégal où l’on s’y est pris très tôt.
Ceci explique donc que malgré la courbe ascendante, la situation semble être maîtrisée ?
La courbe est normale. Ce qui est important, c’est de cerner l’ensemble des nouveaux cas et de gérer les contacts autour. Si l’on y arrive, cela va prendre du temps, mais je pense qu’on pourra contrôler cette épidémie.
Les cas communautaires sont quand même inquiétants ?
Je pense que c’est normal. Un pays qui a plus de 200 cas et qui n’a pas de cas communautaire, c’est anormal. Parce que tout simplement, si l’on voit la clinique de cette maladie, on peut avoir des personnes malades contaminées, mais qui ne se rendent pas compte qu’ils sont malades et qui guérissent sans pour autant aller dans une structure de santé. Pareil pour nous. On ne peut pas dire qu’on retrouve à 100% l’ensemble des cas contacts. Il y a donc forcément, dans la communauté, des personnes qui se sont échappé. Des personnes qui ont eu des formes tellement frustres qu’elles n’ont pas vu qu’elles étaient malades, donc elles peuvent contaminer d’autres personnes. Ce qui est important, c’est de le détecter très tôt et de voir les personnes avec qui elles étaient en contact. À Touba par exemple, la première personne qu’on a eue, on a pu la cerner et elle est guérie. Mais on ne peut pas dire qu’il n’y aura plus de contact communautaire, il y en aura. Aujourd’hui, avec l’arrêt des cas importés, nous sommes à un tournant de la pandémie.
Avec le recul, vous suivez le débat sur la chloroquine. On l’a adopté. Quel est votre regard là-dessus ?
C’est une molécule qu’on connaît, qu’on a utilisé ici. Ce n’est pas un nouveau médicament. C’est déjà une chance. S’il s’agissait d’un nouveau médicament, ça allait prendre du temps pour l’intégrer dans les protocoles de traitement. C’est un médicament qu’on connaît, avec les indications, les contre-indications et les effets secondaires. Après l’ébauche d’étude d’un confrère, nous avons pensé qu’on peut l’utiliser. Et ça a été fait. Et je dis souvent que ce n’est pas uniquement la chloroquine, d’autres médicaments sont utilisés dans le protocole thérapeutique. Maintenant, on l’étudiera. Pour le moment, c’est vrai qu’on a un taux de guérison qui est important.
Le taux de guérison est quand même important au Sénégal, c’est quoi le secret ?
Je pense qu’il y a d’autres facteurs, les cas sont pris en charge très tôt. Toutes les personnes qui sont positives sont mises dans les centres de traitement, même celles qui sont asymptomatiques. Et ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Tous nos cas positifs sont dans les structures hospitalières. Ils y sont pris en charge très tôt. Tout cela joue, en plus du protocole thérapeutique. Ce sont des éléments qui peuvent expliquer le taux de guérison assez correct.
Un débat selon lequel un vaccin pourrait être testé sur le continent africain est agité sur la toile. Quelle lecture en faites-vous ?
C’est assez insultant. La vidéo m’a un peu révolté. Au-delà de ça, je pense que nos pays sont aujourd’hui organisés. Ce n’est pas possible d’avoir un genre de situation comme cela où un pays occidental peut développer une recherche sans que nous soyons au courant, et qu’on l’accepte. Les protocoles dans le cadre des études sont bien encadrés. Nous avons un comité éthique au Sénégal qui valide toute recherche. Nous avons eu l’expérience avec Ébola. Nous avons eu à tester ça au Sénégal. Des protocoles de recherche ont été partagés et validés. Les sites d’études ont été retenus. C’est bien encadré. Je pense qu’aujourd’hui, nous ne devons pas nous inquiéter, nous avons des personnes ressources dans ce pays pour analyser toute offre d’études sur nos populations.
D’aucuns estiment qu’il y a une guerre des laboratoires qui ne dit pas son nomautour du coronavirus ?
Ah oui, c’est un business. Chaque fois qu’il y a une épidémie, il y a tout un business derrière. Aujourd’hui, c’est un business, c’est une histoire de très gros sous, de milliards de dollars de chiffres d’affaires. Les enjeux sont énormes. Si vous voyez juste tout ce qui tourne autour de la prise en charge, des équipements de protection, les tuniques, les gants, les masques, les thermo-flashs, vous avez vu, les prix sont multipliés par cinq ou six. Les enjeux sont donc importants autour de la crise. Et forcément, il y a des aspects économiques.
Souvent, on entend dire qu’on n’a pas encore atteint le pic. Pourquoi on en parle tout le temps ? Quel est l’intérêt d’atteindre le pic ?
Le pic, c’est quand on atteint le maximum, après l’épidémie commence à disparaître. Ce ne sont que des hypothèses. Au Sénégal, je dis que je ne sais pas quand est-ce qu’on va atteindre notre pic. Nous sommes en train de prendre des mesures qui atténuent cette épidémie. Maintenant, on verra, c’est sur une durée qu’on peut apprécier si l’on est dans un pic ou pas, parce qu’on a des moments où l’on a de nouveaux cas, des moments où l’on en a moins. Notre courbe est en dents de scie. Cela veut dire qu’on ne peut pas apprécier le pic. Quand les cas commenceront à descendre, on en saura davantage.
Le nombre de tests a battu son record ces derniers jours. Pourquoi vous avez décidé d’augmenter le nombre de tests ?
Nous n’avons pas décidé d’augmenter le nombre de tests. Les tests sont dictés par le nombre de contact à haut risque ou de cas suspects reçus par jour.
Quel est le scénario le plus optimiste, à quand la fin de l’épidémie ?
Je pense qu’il faut aller vers courant mai pour voir. Et puis si ça finit aussi, c’est vrai qu’on fait beaucoup d’efforts au Sénégal, mais on ne peut pas fermer nos frontières indéfiniment. Je pense qu’il va falloir des stratégies. On y réfléchit déjà. Maintenant, nous avons des pays qui nous entourent où la situation n’est pas maîtrisée. On peut dire que tant qu’il persistera de cas dans le monde, il faudra rester mobilisé car à tout moment, il peut y avoir un effet revers qui fait ressurgir de nouveaux cas.
Un malade du Coronavirus guéri peut-il retomber malade du coronavirus ?
Chez les Chinois, ils ont eu 52 cas. Il n’y a pas d’immunité. Une personne peut effectivement être encore malade du coronavirus.
La santé a fini par contaminer tous les autres secteurs ?
Oui, tous les secteurs sont liés. Celui de la santé est au centre. Quand il y a un problème de santé, tous les secteurs sont impactés : la sécurité, l’éducation. Aujourd’hui, tous les secteurs sont impactés, même la religion. On ne prie plus dans les mosquées. C’est important dans les phases de préparation de prendre en compte cet aspect. Et c’est pourquoi, il est indispensable de renforcer les systèmes de santé et de bien les préparer. Ce qui veut dire que,quand un évènement arrive, il y a possibilité de réduire l’impact, grâce à une bonne préparation. Le système sera résilient et capable de faire face à l’évènement. Aujourd’hui, il y a une chose que j’adore, c’est que l’épidémie a réveillé la créativité des jeunes sénégalais. Il y a des start-up qui font des visières, qui réfléchissent sur des distributeurs automatiques de gel. Ce qui montre qu’on est capable de faire des choses. Ces crises restent des opportunités. Il faut vraiment renforcer ces secteurs, ces jeunes qui réfléchissent. Nous avons des jeunes de l’Université de Thiès qui travaillent sur les respirateurs artificiels. Il ne faut pas que cela s’arrête après toutes ces initiatives, il faut les financer et les encadrer. Il y a tellement de ressources humaines de qualité dans ce pays. Et il faut les mettre en valeur.
"UNE AFRIQUE IMPUISSANTE FACE AU COVID-19 EST UNE MENACE POUR LE MONDE"
Le président Macky Sall explique la stratégie médicale et économique radicale qu’il a mise en place pour combattre le corornavirus, en dépit des faibles moyens de son pays
Peuplé de 16 millions d’habitants, le Sénégal compte actuellement moins de 400 cas de contamination déclarés. Depuis le début de l’épidémie, quatre personnes sont mortes, dont Pape Diouf, l’ancien PDG de l’OM.
LE FIGARO. - Le gros de la vague épidémique est-il déjà arrivé dans votre pays ?
Macky Sall. - On ne peut pas l’affirmer d’emblée. Des chercheurs prévoient le pic de l’épidémie au mois de juin en Afrique, mais l’histoire nous a appris que les épidémies n’évoluent pas toujours selon les prévisions. Le mieux que l’on puisse faire actuellement, c’est de nous concentrer sur la riposte effective contre la maladie, au double plan préventif et curatif, par un effort individuel et collectif.
Il y a actuellement peu de cas déclarés de Covid-19 au Sénégal. Comment l’expliquez-vous ?
Plusieurs facteurs sont à considérer pour expliquer le faible nombre de cas : la fermeture des frontières dès les premiers jours de l’apparition de la maladie pour bloquer les cas importés, l’interdiction des grands rassemblements et une riposte sanitaire sur le terrain. Je rappelle également qu’au Sénégal, l’État supporte entièrement les dépenses liées à la prise en charge des malades et celle des contacts, qui sont logés dans des hôtels et suivis par nos services de santé. Dès qu’un cas est déclaré suspect, il subit un test, ainsi que tous ceux qu’il a pu fréquenter. S’il est positif, c’est la mise en quarantaine.
Ce bilan, loin d’être dramatique si on le compare à de nombreux pays dans le monde, infirme les prévisions catastrophistes sur les ravages possibles du coronavirus en Afrique. Êtes-vous confiant ?
Confiant, oui. Mais cette confiance ne doit pas être béate. On ne peut verser dans l’autosatisfaction pour un combat qui n’est pas encore gagné. L’optimisme va de pair avec une vigilance accrue et un renforcement des mesures en fonction de notre contexte et des avis des experts. Nul ne peut prévoir de façon précise ce qui passera dans les prochains mois.
On sait qu’à Dakar, où est né le Pr Raoult, le choix a été fait de traiter les patients avec l’hydroxychloroquine. Est-ce, d’après vous, l’explication de la faible mortalité par Covid-19 au Sénégal ?
Nous faisons confiance à nos médecins qui ont jugé que, malgré le caractère préliminaire de l’étude du Pr Raoult, ses résultats étaient intéressants et qu’il fallait partir de son protocole pour proposer aux malades atteints du Covid-19 un traitement. Je précise que le Pr Raoult, dont je salue les travaux, continue de collaborer avec ses collègues sénégalais. Pour en revenir au traitement, nos médecins se sont fondés sur les observations suivantes : premièrement, on est dans une situation
d’urgence de santé publique qui demande une diligence dans la réaction ; deuxièmement, la tolérance à l’hydroxychloroquine était connue comme bonne avant le Covid-19 ; troisièmement, l’efficacité de cette molécule était probable. Au vu de toutes ces considérations, nos médecins ont estimé que le rapport bénéfices/risques était en faveur des bénéfices. Bien sûr, l’hydroxychloroquine seule ne peut suffire pour expliquer ces bons résultats, mais elle y a contribué.
La prise de nivaquine contre le paludisme a longtemps été pratiquée dans les écoles sénégalaises. Cela n’est peut-être pas anodin dans les circonstances actuelles ?
Nous avons tous pris de la chloroquine sans aucun suivi et, aujourd’hui, on utilise l’hydroxychloroquine, qui est un dérivé de la chloroquine et qui est mieux toléré. Ce produit est administré chez nos patients sous surveillance médicale stricte. En définitive, je ne vois pas, à l’heure actuelle, de quoi s’alarmer. Bien entendu, toute automédication doit être écartée car tous les médicaments peuvent donner des effets secondaires.
La jeunesse de la population est-elle un atout, sachant que le virus touche davantage les personnes âgées ?
Le virus touche en fait toutes les catégories d’âge au Sénégal. Cela dit, l’expérience dans tous les pays montre que plus on est âgé, plus le risque de développer une forme grave voire de succomber du Covid-19 est élevé. Il est donc évident que, du point de vue du risque de décès, l’âge jeune de notre population est certainement un atout.
Au Sénégal, où l’on vit beaucoup à l’extérieur et où nombre de vos compatriotes s’activent au jour le jour pour se nourrir, le confinement n’est-il pas une mesure difficile à faire respecter ?
Le confinement est une mesure incontournable pour endiguer la propagation de la maladie. Dans notre cas, nous avons totalement confiné les contacts et les malades qui sont naturellement hospitalisés. Sinon, nous avons pris des mesures interdisant les rassemblements et restreignant les conditions de transport. Il va de soi que si l’évolution de la situation requiert un confinement général, nous le ferons sans hésiter.
Évidemment, il y a lieu de tenir compte de la diversité des situations socio-économiques des pays. Il ne s’agit pas de faire du mimétisme, mais de prendre des mesures rigoureuses pour combattre le mal en veillant à ce que nos populations puissent vaquer aux occupations essentielles. J’ajoute que l’État est en train de procéder à la distribution de denrées alimentaires et autres produits de base, sans compter la prise en charge, pour un bimestre, des factures d’eau et d’électricité pour les abonnés de la tranche sociale.
Votre pays est-il en mesure de traverser cette crise sanitaire sans trop de dégâts économiques et sociaux ?
Aucun pays ne sortira indemne de cette crise. Une récession globale est inévitable. Une étude montre qu’en Afrique 20 millions d’emplois pourraient être détruits. Certains économistes vont jusqu’à prédire que la crise économique fera plus de morts que la crise sanitaire. Mon rôle est de protéger les plus vulnérables. C’est pourquoi j’ai pris des mesures de sauvegarde, comme l’interdiction pure et simple des licenciements pendant la pandémie. Je garde aussi à l’esprit la situation difficile des entreprises. J’ai prévu des mesures spécifiques en faveur du secteur privé dans le cadre du plan de résilience économique et social d’un montant de 2 milliards de dollars, mis en place en guise de riposte au Covid-19 et ses effets. Ce dispositif de soutien comprend des mesures fiscales, douanières et d’injection d’argent afin de permettre aux entreprises de disposer de trésorerie.
Emmanuel Macron a proposé une « annulation massive » de la dette des pays africains. Est-ce envisageable ?
Dans son message pascal, le pape François est allé dans le même sens. Je salue le message humaniste du Souverain Pontife et l’engagement fort de la France à nos côtés. La décision prise par le G20 d’accorder aux pays pauvres un moratoire d’un an va néanmoins dans la bonne direction. Cela représente 20 milliards de dollars alors que le total de la dette africaine est de 365 milliards. Ce n’est pas énorme lorsqu’on considère les montants beaucoup plus élevés que des pays développés ont dégagé chacun au niveau national pour faire face aux effets du Covid-19. Ici, nous parlons de tout un continent.
Dans une situation exceptionnelle, un effort exceptionnel de solidarité est nécessaire et possible pour aboutir à l’annulation de la dette publique africaine et à un réaménagement de la dette privée selon des modalités à convenir. D’ailleurs, cette mesure ne devrait pas seulement être perçue sous l’angle de la solidarité. Elle a aussi du sens du point de vue économique : soulager l’Afrique du fardeau de la dette, c’est aussi contribuer à sa résilience d’acteur économique du marché mondial. Il faut se rendre à l’évidence : une Afrique économiquement vulnérable et qui n’arriverait pas à se défaire du Covid-19 restera une menace potentielle pour le monde. Le monde ne guérira entièrement que lorsque le virus disparaîtra de tous les pays. Cela dit, il faut se départir du préjugé considérant l’Afrique comme dépendante de l’aide extérieure. Cette perception est fausse. Si je prends l’exemple du Sénégal, qu’on peut extrapoler à d’autres pays, les envois de fonds par la diaspora représentent plus de trois fois le montant de l’aide internationale. Dès lors, quand des secteurs entiers sont mis à mal ou que des millions d’emplois sont détruits dans des pays où s’activent nos compatriotes, ce sont les envois de fonds par la diaspora sénégalaise qui s’en trouvent négativement affectés.
La Chine est très active au côtéde l’Afrique dans cette épreuve.Estimez-vous que ce payscherche ainsi à accroître encoreun peu plus son influence,qui est déjà forte ?
En matière de coopération et de partenariat avec l’Afrique, il ne peut plus y avoir d’exclusivité ni d’exclusion. Tous les partenaires, sans distinction, sont les bienvenus pourvu qu’ils acceptent de travailler avec nous sur la base d’avantages mutuellement bénéfiques. La diversification des partenariats est dans la logique de l’histoire des relations internationales.
L’Afrique ne dérogera pas à cette règle.
Une fois cette crise passée,voyez-vous le monde changerdans ses rapports internationaux ?
Je plaide pour un nouvel ordre mondial qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie réelle. La leçon de cette pandémie, nous la connaissons déjà : notre extrême vulnérabilité, économies avancées ou émergentes. Reste à savoir si nous la retiendrons effectivement et si du pire nous saurons tirer le meilleur…
Une solidarité africaine existe-t-elle dans la lutte contre le Covid-19 ?
La solidarité est notre seconde nature en Afrique. Dès l’apparition des premiers cas sur le continent, nous avons mis en synergie nos ressources et nos expertises en matière de recherches et d’analyses médicales à travers nos laboratoires dont l’Institut Pasteur de Dakar et le CDC Afrique, qui fait la coordination sous l’égide de l’Union africaine.
J’ajoute que, le 3 avril, à l’initiative de Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine, nous avons tenu, en visioconférence, une réunion du bureau de l’Union élargie à l’Éthiopie, au Rwanda et au Sénégal pour dégager une position africaine commune visant à faciliter la collaboration interafricaine dans la riposte globale au Covid-19.
L’Institut Pasteur de Dakar,qui jouit d’une bonne réputation,participe-t-il à la mise au pointd’un vaccin ?
Il ne travaille pas sur la découverte du vaccin contre le Covid-19, mais sur sa production une fois le vaccin mis au point, comme il l’a fait, par exemple, avec le vaccin contre la fièvre jaune. C’est une belle expérience que je salue. Cela montre que nos pays sont parfaitement capables de contribuer à relever les défis de notre temps.
LES DESTRUCTIONS D'ANTENNES TÉLÉPHONIQUES 5G AUGMENTENT EN EUROPE
Une absurde théorie du complot liant le déploiement de la 5G et l’épidémie due au coronavirus a abouti à plusieurs dizaines d’attaques contre des antennes
Il y a d’abord eu Birmingham, Liverpool, et Melling, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Début avril, des antennes téléphoniques avaient été visées, de nuit, par des dégradations plus ou moins violentes – à Birmingham, une antenne a été totalement détruite par un incendie criminel. Puis d’autres dégradations ont été signalées en Irlande du Nord ; et les attaques se sont multipliées, un peu partout dans le pays. Durant le week-end de Pâques, les 11 et 12 avril, près de vingt antennes ont été dégradées ou incendiées au Royaume-Uni.
« Nous en sommes aujourd’hui à plus de cinquante tentatives d’incendie visant des antennes, explique-t-on chez Mobile UK, le syndicat professionnel des opérateurs de télécommunications britanniques. Et nous avons également recensé plus de quatre-vingts agressions ou tentatives d’intimidation contre des employés des télécoms. »
La raison de cette flambée de violence ? Des théories du complot liant le déploiement de la 5G et l’épidémie de coronavirus. Sans base scientifique d’aucune sorte, ces théories expliquent, alternativement, que les ondes 5G – la nouvelle technologie de diffusion de données sans fil, nettement plus rapide que les actuelles 3G et 4G – transmettent le virus ou qu’elles affaiblissent les organismes et ont donc permis le déploiement de l’épidémie.
Des théories particulièrement fantaisistes
Pour certains complotistes, le coronavirus est même une invention – un « écran de fumée » inventé par les gouvernements pour masquer le fait que c’est la 5G qui tue. La technologie est parfois aussi assimilée à un outil de contrôle mental ; dans d’autres cas, on explique que les applaudissements de 20 heures en l’honneur des soignants font partie du complot, et ont été « inventés par le gouvernement » pour masquer le bruit des tests d’antennes à la même heure.
Particulièrement fantaisistes, ces théories ont pourtant connu une popularité retentissante au Royaume-Uni, portées notamment par plusieurs vedettes de la téléréalité comme Lucy Watson ou Amanda Holden, qui en ont fait la promotion sur les réseaux sociaux. D’abord diffusées au sein de groupes anti-vaccins ou proches d’idéologies complotistes extrémistes, elles se sont diffusées bien plus largement dans la société britannique, début avril.
L’un des principaux groupes Facebook appelant à « agir » contre les antennes 5G a ainsi atteint, en quelques semaines, 60 000 abonnés, avant d’être fermé par Facebook. Le réseau social semble avoir durci sa modération sur ce sujet ces dernières semaines, à en croire les multiples messages se plaignant de « censure » sur les comptes des défenseurs de ces théories du complot ; sur YouTube, la visibilité des vidéos faisant la promotion de ces théories a également été fortement réduite.
Rhétorique antisémite
« Fermer ces groupes est utile, juge Gregory Davis, chercheur pour l’organisation de lutte contre la haine britannique Hope Not Hate, qui a étudié ces groupes anti-5G. Les personnes qui sont obnubilées par le sujet trouveront d’autres endroits pour en parler ; mais dans ces groupes de plusieurs dizaines de milliers de personnes, il y a aussi beaucoup de personnes qui s’inscrivent par curiosité. Elles ne sont pas forcément complotistes, mais une fois qu’elles sont inscrites, elles voient en permanence dans leur fil d’actualité des messages antisémites ou anti-vaccins. »
Au Royaume-Uni, la rhétorique antisémite est très présente dans les groupes anti-5G. « Souvent, avec les théories du complot les plus extrêmes, une question se pose assez vite : il n’est pas évident de savoir qui a intérêt à monter un complot aussi compliqué, explique M. Davis. Et l’explication que fournissent ces théories est très souvent antisémite : si le gouvernement n’est pas vraiment le siège du pouvoir, s’ils sont contrôlés par un groupe, on comprend mieux pourquoi ils agiraient contre leurs propres citoyens. Et ce sont souvent des figures juives – George Soros, la famille Rothschild – qui sont présentées comme les responsables. »
Le régulateur britannique des médias, l’Ofcom, a également sanctionné une chaîne de télévision locale de Londres qui avait diffusé avec très peu de garde-fous une interview du conspirationniste David Icke, ancien footballeur et principal promoteur de la théorie du complot des « reptiliens ». Une mise en demeure a également été adressée par l’équivalent britannique du CSA à une autre chaîne pour une chronique colportant des informations erronées sur la 5G, pour laquelle la chaîne s’était ensuite excusée.
D’abord cantonnées au Royaume-Uni, les attaques contre les antennes ont commencé à essaimer depuis une semaine ailleurs en Europe. Aux Pays-Bas, le quotidien De Telegraafa dénombré 14 attaques ; la police a diffusé les images de vidéosurveillance de la dernière en date, à Groningen (au nord du pays), dans l’espoir d’identifier un suspect que l’on voit manipuler très calmement un bidon d’essence. A Rotterdam, Liessel, Beesd ou Nuenen, des antennes ont aussi été très sérieusement endommagées par des incendies.
En Irlande, deux antennes ont également été détruites par les flammes – comme à Birmingham, l’une d’entre elles desservait principalement un hôpital. En Belgique, une antenne située dans un terrain de football a brûlé, à Pelt, une ville de 30 000 habitants en région flamande. Pelt fait partie des 30 villes où l’opérateur Proximus déploie en avant-première une connexion 5G, mais l’antenne incendiée n’était pas une antenne Proximus, selon la RTBF. De même, une antenne a été détruite dans la ville de Limassol, à Chypre, par un groupe de personnes – alors que l’île n’a encore aucune antenne 5G.
D’après un décompte réalisé par Le Monde, au moins 70 antennes ont été visées par des dégradations volontaires ou des tentatives d’incendie, mais aucune des antennes précisément identifiées ne servait pas à des transmissions 5G. Des attaques ont également été répertoriées en Nouvelle-Zélande.
Inquiétude des opérateurs et des pouvoirs publics
L’extrême rapidité à laquelle ces théories particulièrement fantasques se sont diffusées inquiète opérateurs et pouvoirs publics, alors que les réseaux de communication sont plus utilisés que jamais, à la fois par les populations confinées et par les services de santé. Mais c’est surtout la flambée de violence qu’elles ont engendrée très rapidement qui surprend les observateurs.
« Il n’y a pas beaucoup de théories du complot qui réussissent à fédérer assez de militants motivés pour organiser ne serait-ce qu’une manifestation, note M. Davis, de Hope Not Hate. Et là, nous avons eu, en quelques semaines, des dizaines d’incendies volontaires, un crime grave et particulièrement dangereux. Il y a un risque que ces gens fassent encore pire. Si vous travaillez dans les télécommunications, et que des gens pensent que vous essayez de les tuer, vous courrez un risque. »
Au-delà des actions violentes, le climat n’est pas favorable à la 5G. Le 14 avril, la mairie d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, en Wallonie, se félicitait d’avoir obtenu de Proximus la suspension du déploiement de la 5G dans la ville. « Certaines communes wallonnes nous ont demandé de suspendre l’activation de la technologie 5G sur leur territoire, confirme au Monde Proximus. Cette suspension temporaire nous permettra d’échanger avec la région wallonne et les communes qui nous l’ont demandé sur ce que peut apporter la 5G, et partager des informations rassurantes concernant les aspects sanitaires et environnementaux de cette technologie. »
Mbasum Covid-19 bi faat na juróomi way-tawat ci diggante dibéer ak altine
Ci dibéer ji, bi minwi di waaj a jot, la xibaar bi rot : benn aji-tawatu Covid-19 génn na àddina. Ñu ni déet-a-waay, keneen gaañuwaat ci guddig dibéer ji jàpp altine, bi 5i waxtu tegalee 30i simili. Bees sukkandikoo ci yégleb njawriñu wér-gi-yaram gi, ndem-si-Yàlla ji faatu ci dibéer jaa ngi amoon 68i at te dëkkoon Kër-Masaar. Keneen ki, moom, 74i at la amoon. Ca loppitaanu Faan lañ gaañoo. Kon, ñetti way-tawat gaañu nañ ci sababu mbas mi ci ñaari fan yii nu génn, bees ci boolee aji-tawat bi faatoo ca Sigicoor. Bu ko defee, 5idoomi-réew mi ñàkk nañ seen bakkan ci sababu mbas mi, bim dooree ba léegi.
Ay dogal yu bees
Njiitu-réew mi, Maki Sàll, waxoon na ko ciTv5 àjjuma jii weesu : nguur gi sàrtal na takkub mask ci askan wépp ak réew mépp li ko dale altine jii, 20eelu fan ci weeru awril 2020.
Ginnaaw « Institut Pasteur », nguur gi dina ubbi ab bérébu saytukaay ñeel jàngoroy Covid-19 bi ci Géejawaay, Waaxinaan akNimsaat, ñu dippe ko « Centre de tests massifs ». li ko waral nag, mooy yokkute wàllent-ëlëm yi biir Géejawaay ak bãliyë bi.
Jawriñu wér-gi-yaram bi ak ndimbal njaboot, Ablaay Juuf Saar, jël nab dogal ngir xeex yokkute wàllent-ëlëm yi. Léegi, dees na jëfandikoo telefon yi ngir seet wàllent-ëlëm yi (traçage téléphonique). Dalal na xeli nit ñi ci ne, loolu pexe mu baax la. Ndaxte, noonu lañ def ba xam fan la wàllent-ëlëmu Luga biñ wàlle woon Pikin jële jàngoro ji laata muy dellu Luga. Jawriñ bi ne, CDP dina bàyyi xel ñi ciy liggéey ngir aar askan wi ba kenn bañ a lëñbët seen i mbiri bopp.
Takk mask mbaa fey alamaan walla tëddi kaso : tànn ci bu la neex !
Jawriñu kaaraange biir réew mi, ngir jëmmal kàdduy Njiitu-réew mi, génne nab mbindum-dogal (arrêté) ci limu 0091-37 bu 17eelu awril ñeel takkub mask bi. Képp ku sàmmontewulak mbindum-dogal boobu, dees na la jàpp, defeere la, tëj la 1 weer boole ko ak alamaanu 20 000 CFA. Awokaa Me Bàmba Siise moo biral dogal bi.
Force Covid-19
Njiitu-réew mi, Maki Sàll, tabb na Seneraal Farãsuwaa Njaay, teg ko ci njiiteefu kurél Force Covid-19 biñ jagleel xeexub mbas mi. Nee ñu, Seneraal Farãsuwaa Njaay moomu, ku ñàkk caaxaan la te farlu lool ci li muy def. Bu dee kurélug Force Covid-19 bi, nag, pàccu askan bu ci nekk teewal nañ la fa.
Mbas mi laal na doktoor yi
Benn biyólósist bu jigéen moo ame jàngoroy Covid-19 bi ca loppitaanu Matlabul Fawzani. Moom, jëkkëram, ay mbokkam ak ay fajkatlañu gawandoo. Ñi ngi tollu ci 25i nit.
Wàllentuw-ëlëm bu Waaxinaan Nimsaat ba, ca Géejawaay tax na ba ñu tëj kilinigu. Moo waral itam ñu lël 18i fajkat ya fay liggéey yépp.
Ci Ndakaaru, Wàllentuw-ëlëm bu Cité Soprim wàll na jàngoro ji ay fajkati Centre Mamadou Diop bu Liberté 6 Extension.
Taalibe yi jël nañ seen wàll ci mbas mi
Li ñépp doon ragal mujje na am. Ndeysaan, mbas mi song na goney taalibe yiy yelwaan ci mbedd mi. 3 taalibe la jàngoroy Covid-19 bi daaneel ca Sigicoor.
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Gox bi dend ak Tuubaa, Mbàkke, am na 2 Wàllenti-ëlëm. Nee ñu, ñoom ñaar ñépp ca màrse Okaas lañ doon liggéeye te yéeg nañ ba tàyyi ci oto yiy lëkkale Tuubaa ak Mbàkke.Jamono jii, njàqare ju réy la fa mbir mi jur.
Benkeñenke yi wàllentuw-ëlëmu Géejawaay bu mujj bi sabab
Ab soxna la. Ndege, Kër Masaar la jóge ba muy seetluji boppam ca kilinigu Duudu bu Géejawaay Nimsaat. Ginnaaw Waxinaan Nimsaat, jot naa jaar ci bérébi mbooloo yu bare, rawatina Màrse-Jën bu Pikin bi nga xam ne, lu tollu ci 2 000 nit ñoo fay daje bés bu nekk. Yemul foofu ndax dem na ci yeneen màrse biir Géejawaay. Te, saa su nekk, ndaw si oto yi walla biis yiy yeb mbooloo lay jël. Loolu nag, indil nay jafe-jafe ak i benkeñenke yu tar ñi nga xam ne ñoo war a xool, xayma ñi mu war a wàll.
Perefe Géejawaay bi, Muhammadu Bolondeŋ Njaay ak Meer bi, Raasiin Taalaa, jël nañ dogal, lël 18i fajkati kilinig Duudu ba mu demoon ak seen i dëkkandoo.
Ñaari yégley jawriñu koom-koom bi
Bi ci jiitu mi ngi aju ci li nguur gi dugal 200 milyaar ci sunu xaalis ci bànk yi ngir sàmm peyoori liggéeykat yi. Jawriñ ji nee na, na àntarpiriis yi am ay jafe-jafe ngir fay seeniliggéeykat dem ci bànk yi. Jawriñ ji Hott ne, ci Iradio ak ITv : « dinan leen yombalal mbir mi ci ni mu gën a gaawe. »
Ñaareel bi, moom, liggéeykati nguur gi la ñeel. Jawriñu koom-koom gi ne, liggéeykati nguur gi bokkuñu ci aj biñ aj peyum bor ñeel liggéékat yi ameel bànk yi. Ndaxte, ñoom, ñoo ngi wéy di jot seen i peyoor weer wu dee.
Coowal ceeb bi
Mañsuur Fay tontu na Gii Maryiis Saaña. Ndege, Gii Maryiis Saaña ak waa Frapp–France dégage dañu koo kalaameji ca jawriñ ji ca OFNAC. Bi ko taskati xibaar yi laajee, Mañsuur Fay dafa ne : « Gaa ñooñu, bu leen neexee àkki bérébu àttekaay bu leen neex. Waaye, nun ñepp noo war a jàpp ci liggéey bi ngir matale jubluwaayu Njiitu-réew mi Maki Sàll : séddale dund gépp ñi ko yeyoo kese, ci diirub 10i fan, lu mu yàgg yàgg. »