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20 juillet 2025
«LA QUESTION DU TERRORISME N'EST PAS PRISE AU SERIEUX PAR LES AFRICAINS»
Le terrorisme est en train de miner le sahel et l’Afrique. Et pourtant, Dr Cheikh Tidiane Gadio pense que c’est une question qui n’est pas prise au sérieux par les Africains.
Le terrorisme est en train de miner le sahel et l’Afrique. Et pourtant, Dr Cheikh Tidiane Gadio pense que c’est une question qui n’est pas prise au sérieux par les Africains. Le député et ancien ministre des Affaires Etrangères l’a fait savoir lors du dernier jour du symposium en hommage à Samir AMIN.
Connu pour son panafricanisme, l´ancien ministre des affaires étrangères pense que l’implication des Africains n’est pas à la hauteur de la gravité de l’extrémisme religieux en Afrique. « La question du terrorisme n’est pas prise au sérieux par les Africains eux-mêmes et c’est à la limite compréhensible voire acceptable que le reste du monde dise : tant qu’eux-mêmes ne comprennent pas ce qui leur arrive, il ne fera rien », soutient Dr Gadio qui fustige par la même occasion certaines idées reçues selon lesquelles l’Afrique ne peut pas gagner le terrorisme parce que les pays sont pauvres.
A l´en croire, l’Afrique est un continent où on développe tous les pièges de tous les paradigmes erronés créés ailleurs et qui sont imposés au continent. Il est temps, insiste Dr Gadio, d’arrêter nos cinémas parce que le paradigme de nos développements est un faux paradigme.
De l’avis du parlementaire, le naufrage des Etats africains est évident et il est temps d’avoir le courage de marcher dans une nouvelle direction. «L’Afrique n’a pas d’avenir sans unité, donc faisons d’abord les Etats-Unis d’Afrique de l’Ouest pour aller après vers un grand ensemble », préconise l’ancien chef de la diplomatie qui souligne qu’il nous faut des leaders accélérateurs d’histoire et des leaders prêts parce que la question du panafricanisme est revenue en force. Il invite les Etats à dépasser les égoïsmes nationaux parce que c’est une attitude qui ne marchera pas.
Pour sa part, Dr Chérif Sy renseigne qu’il envisage d’organiser cette rencontre tous les deux ans. Selon l’économiste et non moins président du comité d’organisation du forum, il est prévu de mettre sur les fonts baptismaux une fondation qui va perpétuer les travaux de Samir Amin. Une visite a été organisée pour les participants, à la fin de la cérémonie, au Musée des civilisations noires.
«QUE LES PREDATEURS SOIENT SANCTIONNES A LA HAUTEUR DE LEURS ACTES»
Pape Moussa Sall et compagnie ont condamné avec la dernière énergie ces arrestations et actes délictueux à l’égard de cette « cible innocente et immature ».
Le mandat de dépôt décerné à douze enfants lors des affrontements entre forces de l’ordre et pêcheurs de Guet-Ndar, les abus sur des enfants à Ouakam et à Sacré-Cœur ont été au centre de la rencontre hebdomadaire de la Coalition nationale des Associations et Ong en Faveur de l’Enfance (Conafe). Pape Moussa Sall et compagnie ont condamné avec la dernière énergie ces arrestations et actes délictueux à l’égard de cette « cible innocente et immature ». Ils réclament la libération des enfants placés à la Mac de Saint-Louis et l’application de la loi dans toute sa rigueur contre les auteurs «pédophiles».
Le centre Keur Mame Fatim Konté sis aux Hlm cité Lamine, Sor, Saint-Louis a été hier le lieu de ralliement des membres de la Conafe et du Forum régional des Jeunes et Enfants Leaders (Forjel). Ces acteurs qui œuvrent dans le secteur de la protection de l’enfant se sont prononcés sur l’actualité, notamment le cas des enfants dans divers domaines. Sur la situation des enfants mineurs arrêtés et incarcérés à la Maison d’Arrêt et de Correction de Saint-Louis lors des évènements malheureux de Guet Ndar, ils n’y sont pas allés par quatre chemins. C’est le coordonnateur régional de la Conafe, Pape Moussa Sall, qui est monté au créneau. « Nous regrettons vraiment tout ce qui s’est passé et déplorons par la même occasion les dégâts de part et d’autre. Nous rappelons encore une fois que les enfants qui y ont participé ne sont pas les instigateurs de ces faits mais juste des enfants. Ils doivent être donc traités comme tels. Tout le monde sait réellement que la place d’un enfant n’est pas à la prison. Il est souhaitable qu’ils soient placés sous la garde de leurs parents et que la clémence du juge leur soit accordée à la fin de l’instruction», a souhaité Pape Moussa Sall.« Il y a des élèves qui étaient en composition. Arrêtés, ils ne sont pas parvenus à subir ces épreuves. C’est épouvantable», s’est offusqué le coordonnateur régional. Sa thèse a été corroborée par Pape Mody Cissé.
Pour le président du Forjel, cette situation risque tout simplement d’avoir des conséquences néfastes pour les enfants arrêtés. C’est la raison pour laquelle il en appelle à la clémence du juge d’instruction. Les acteurs ont profité de cette occasion pour dénoncer avec la dernière énergie les abus dont sont victimes les enfants de Ouakam et Dakar Sacré-Cœur. « Nous demandons à toutes les associations de protection de l’enfance de se lever pour que de tels actes ne se reproduisent plus et que les auteurs soient sanctionnés à la hauteur de leurs actes», a pesté Pape Moussa Sall qui précise : «Quelle que soit la pression, la loi doit être appliquée dans sa rigueur.»
Par Missira Ngone Pierre
LA DANSE DES LOUPS
Le jeu d’ombres entre les acteurs politiques est le reflet de la crise de gouvernance et de la fragilité politique que le Sénégal connait depuis février 2019.
Le jeu d’ombres entre les acteurs politiques est le reflet de la crise de gouvernance et de la fragilité politique que le Sénégal connait depuis février 2019. Permettez moi d’utiliser le titre du film américain produit par un réalisé par Kevin Costner en 1990 et tiré du roman adapté d’un roman de Michael Black écrit en 1988 pour illustrer mon propos dans ce théâtre de mauvais gout offert au peuple sénégalais par une frange de baroques. Depuis l’élection du Président de la république du Sénégal pour son deuxième mandat, le pays connait une convulsion politique sans précédent a la mesure des défis qui se posent aux partis au pouvoir.
La logique politique nouvelle indique qu’après chaque élection tous ceux qui se sont mobilisés pour la victoire de leur candidat s’attendent à des dividendes politiques. Ce qui se traduit par une ligne de fracture entre les militants de la première heure et celle de la 25em heure. Le contexte actuel renvoie au bégaiement de l’histoire sur les conditions qui ont prévalu dans les bastions des deux plus grands partis à savoir le PS et le PDS avant la défaite de leurs champions. Toute chose étant égale par ailleurs, beaucoup d’interrogations fusent sur l’avenir de toute cette caste politique sans profession particulière qui ne doit son salut qu’à la volonté du prince ou par leur reconversion pour ne pas dire transhumance multiforme. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre cette ébullition à la fois du front politique et du front social sous une toile de fonds de délation et d’immobilisme.
LE JEU DES PERROQUETS
Selon Bourdieu, le champ politique est devenu le lieu d'une concurrence pour le pouvoir, qui s'accomplit par l'intermédiaire d'une concurrence pour les profanes, ou, mieux, pour le monopole du droit de parler et d'agir au nom d'une partie ou de la totalité des profanes. " L’inflation du discours politique des seconds couteaux pour déflorer les pensées secrètes des uns et des autres dit-on ne donne pas la légitimité et la qualification à ces porteurs de discours plein de haine, de calculs politiciens et de rapine. Il faut comprendre les sorties de Gaston la gaffe, de Farba Ngom, de Moustapha Diakhate , de Moustapha Cisse Lo et de tant d’autres qui vont s’y ajouter comme seconds couteaux pour alimenter une symphonie mal arrangée. Le Sénégal est à la croisée des chemins avec un basculement de l’échelle des valeurs dominantes de Diom, de souteureu et de kersa au profit des raccourcis avec la mendicité à cols blancs. Nous sommes entrain de payer le dividende de la politique par l’argent, les seconds couteaux pour ne pas dire mercenaires de la guérilla politique en cours doivent mériter leurs salaires.
Tous les coups sont permis y compris au bas de la ceinture. Il y a comme qui dirait une danse des ombres que personne n’arrive à capter. Le chemin pour 2024 est plein d’embuches, et c’est la période des incertitudes qui sont vécues comme celle des traitants d’arachide en son temps. La principale force politique à travers l’APR et BBY va-t-elle survivre à ces coups portés sur ses flancs pour rappeler au prince son devoir moral de clarification de sa posture politique avant terme. Le sabre brandi à tous ceux qui prononcent sur la possibilité et non possibilité du troisième mandat illustre le virage gaulliste du présidentialisme ambiant. Le tournant bonapartiste va-t-il survivre aux coups de boutoir multiformes portés sur le début du deuxième mandat. Les initiatives annonciatrices de la volonté de renforcer le dialogue politique, version cosmétique et liquidatrice des acquis des assises nationales, les retrouvailles entre les deux Présidents Wade et Sall dés après la victoire aux élections présidentielles traduisent la quête d’une nouvelle dynamique politique qui accélère la crise au sein de l’APR sur des questions de repositionnement pour l’avenir immédiat avant et après 2024.
CHARBONS ARDENTS
La disparition du poste de Premier Ministre , libération surprise de Khalifa Sall, la gestion chaotique de la communication politique sur l’affaire Petrotim, l’arrestation d’un responsable politique de l’APR pour trafic de faux billets ; le cleaning day, l’ébullition du front social avec l’augmentation des prix de l’électricité, les saisies record de drogue, les grèves à répétition de l’enseignement secondaire et universitaire, la multiplication de toutes les formes de violence envers les femmes, les ascendants, les crimes abjects, les émeutes de Mbour, Guet Ndar, le rôle d’avant-garde de la société civile à travers Nio lank par rapport aux partis politiques d’opposition aphones exposent et fragilisent d’avantage le Président aux avants poste sans disposition de déminage et sans cohérence gouvernementale. Aujourd’hui alors que des menaces sécuritaires lourdes pèsent sur le Sénégal, toutes les conditions sont réunies pour accélérer la crise de gouvernance, de leadership et le manque de lisibilité politique. Les traitants politiques, sociaux, religieux, économiques cheminent vers 2021 pour les locales, 2024 pour les présidentielles sont à leurs marques avec des faux départs en vue.
Le rapport attendu du comité national du dialogue politique pris pendant un mois à se constituer formellement, à définir des termes de références va-t-il accoucher d’une configuration de gouvernement d’union nationale de gestion du pétrole et d’accord pour un troisième mandat ? La dynamique au sein de l’APR troublée par une ambivalence de la communication politique occupée à faire de la communication de crise comme les sapeurs pompiers. Depuis l’avènement de la démocratie multi partisane, l’autorité politique s’entretient et se valorise sous forme de mise en scène et de récit pour alimenter le rêve des citoyens. Au cœur de sa légitimité politique, on trouve la perte de confiance des citoyens par rapport au pouvoir, qui est devenu un phénomène mondial accéléré par les nouveaux medias sociaux. Tous les politiques sont astreints à une forme de théâtralisation du champ politique pour reprendre Georges Balandier. Les faits sociaux sont des faits de communication, de langage des faits symboliques. Actuellement nous sommes en plein dans la théatrocratie avec ce qu’on pourrait traduire par le théâtre baroque, un style basé sur l’ostentation, le mouvement, l’inconstance, la contradiction, l'antithèse. Les acteurs passent d'une palette de sentiments à une autre en fonction des situations.
Les Farba , Gaston la gaffe , les deux Moustapha, Serigne Mbacke Ndiaye, Mame Mbaye Niang, Boune Abdalah Dione sont les faces hideuses de l’iceberg en attendant la mise en scène des premiers maillons de la chaine que les sénégalais vont juger par leurs actes Le champs politique a trois conséquences qu’il faut comprendre et bien analyser à savoir pour Bourdieu ‹‹ un effet de censure en limitant l’univers du discours, et, par là, l’univers de ce qui est pensable politiquement, à l’espace fini des discours susceptibles d’être produits ou reproduits dans les limites de la problématique politique comme espace des prises de position effectivement réalisés dans le champ, c’est-à-dire socio-logiquement possibles étant donné les lois régissant l’entrée dans le champ ».
La fragilisation de la gouvernance au Sénégal avec une forme d’impunité systématique des décideurs politiques et une boulimie des investisseurs étrangers surtout français suscitent plusieurs interrogations et rappellent à plusieurs égards la situation du Mali avant la chute de Amadou Toumani Touré et celle du nord est du Nigeria pan essentiel du bassin du lac Tchad.
Missira Ngone Pierre
Consultant en Planification
Par Ibrahima SENE
BANALISATION DU VANDALISME, PRINCIPAL DANGER A LA STABILITE DU PAYS
Ce qui vient de se passer à St Louis suite aux problèmes des licences de pêche, n'est ni fortuit, ni inédit. C'est l'aboutissement de la banalisation du vandalisme dans notre pays.
Ce qui vient de se passer à St Louis suite aux problèmes des licences de pêche, n'est ni fortuit, ni inédit. C'est l'aboutissement de la banalisation du vandalisme dans notre pays. Les Sénégalais pensent qu'ils ont le droit de saccager des biens publics et privés pour exprimer leur colère en toute impunité, tout en se dressant de " lauriers" de combattants de leur cause qu'ils estiment juste.
C'est ainsi que des Etudiants, pour exiger le payement de leur bourse à temps, ou, pour exiger de manger gratuit en l'absence de la bourse, se livrent sans conséquence aucune pour eux, à saccager le patrimoine de nos Universités laborieusement acquis à la sueur de notre peuple.
De même, des organisations musulmanes, s'adonnent à vandaliser un tribunal pour exiger que le droit ne soit pas dit, en tentant de bloquer un procès intenté à l'encontre des siens. Même des gens déguerpis de leur occupation irrégulière de l'espace publique, ou, non contents de leur indemnisation suite à leur déguerpissent pour intérêt public, s'autorisent à bloquer la circulation et à dégrader le patrimoine routier en y brulant des pneus. Et comment ignorer le droit que se sont donnés des "jakartaman" de s'attaquer aux forces de police, et même à des patrimoines de l'Etat aussi symboliques que les Commissariats, pour protester contre des tracasseries policières ?
Devant tous ces actes d'incivisme et de vandalisme, l'opinion publique, forgée par certains médias privés et certains réseaux sociaux, exige de la clémence auprès du Président de la République, sous prétexte de maintien de la paix civile! L'on ne se rend même pas compte que, ce faisant, on s'attaque même au maintien de la paix civile que l'on prétend conserver, en érigeant l'impunité comme mode de traitement de l'incivisme et du vandalisme. Ce qui est surtout très grave, c'est la complaisance des organisations de Défense de l'Etat de Droit, qui n'hésitent plus de monter au créneau à chaque moment, pour empêcher l'Etat de faire dire le droit en toute transparence garantie par les procédures pénales de notre pays. Et cette complaisance est d'autant plus nocive, qu'elle conforte le comportement des lobbies ethniques, régionalistes, confrériques, religieux, et porteurs de valeurs culturelles occidentales comme l'homosexualité, pour empêcher que les dispositions et les procédures de notre Code Pénale, soient strictement observées, quelque soit l'origine des incriminés, surtout quand ils sont pris en flagrant délit .
L'incivisme et le vandalisme doivent être montrés à l'index et exiger l'application des lois et règlements contre tous les contrevenants quelque soit le statut social ou l'activisme des lobbies. Il y va de notre sécurité à tous, et de la stabilité de notre pays. Ne laissons pas l'incivisme et le vandalisme devenir la norme d'expression du mécontentement, dan notre pays où le droit à des manifestations publiques est un droit constitutionnel organisé dans e cadre de la Loi.
Ainsi dans notre pays, l'incivisme et le vandalisme doivent être combattus sans état d'âme par tous les républicains et démocrates, adeptes de l'Etat de Droit.
Ibrahima SENE
PIT/SENEGAL
«LES GENS PEINENT A AVOIR LA DEPENSE QUOTIDIENNE DANS CE PAYS»
Se disant un des jeunes membres fondateurs du parti, au pouvoir l’APR, Lass Badiane, conseiller municipal à la commune de Grand Yoff, est connu pour son franc-parler qui le fait sortir du lot des politiciens adeptes de la langue de bois.
Se disant un des jeunes membres fondateurs du parti, au pouvoir l’APR, Lass Badiane, conseiller municipal à la commune de Grand Yoff, est connu pour son franc-parler qui le fait sortir du lot des politiciens adeptes de la langue de bois. Dans cet entretien accordé au Témoin, ce jeune entrepreneur aborde les sujets brûlants de l’actualité notamment le tollé suscité par les rapports de la Cour des comptes ainsi que le rapatriement des Sénégalais coincés en Chine par le coronavirus. Sur la problématique du chômage, il dit avoir pu mesurer les difficultés que rencontrent les jeunes pour trouver de l’emploi.
Le TEMOIN : L’actualité reste dominée par le tollé suite à la publication de trois rapports de la Cour des comptes dans lesquels plusieurs pontes du pouvoir son épinglés pour des pratiques de gabegie dans la gestion des deniers publics. Quelle lecture faites-vous de ces scandales ?
Lass BADIANE - C’est vrai que nous avons tous noté, à travers ces rapports, des manquements dans la gestion des ressources publiques. Cependant, il faut aussi admettre que le président de la République, dans sa volonté d’instaurer la bonne gouvernance, a restructuré ce corps de contrôle en y ajoutant des chambres comme celle qui s’occupe de la discipline financière et une autre chargée de vérifier la gestion des collectivités territoriales. Dans la même logique, il a réactivé aussi la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite), la CENTIF (Cellule nationale de traitement de l’information financière) ainsi que l’Armp (Agence de régulation des marchés publics) qui sont toutes des organes qui jouent pleinement leur rôle dans le cadre de l’assainissement de la gestion des finances publiques. Cela dit, en ce qui concerne les rapports publiés par la Cour des comptes, il est important de savoir que la plupart des manquements signalés sont des fautes d’ordre administratif. C’est pourquoi il faut faire très attention à certaines informations véhiculées par des opposants.
Pourtant sur votre page Facebook, vous avez souligné que le président de la République, dans sa volonté d’instaurer la bonne gouvernance, va saisir la justice pour éventuellement sanctionner tous les gens épinglés par ce rapport. Et paradoxalement, aujourd’hui on parle de la mise en place d’une commission qui va se pencher sur les dits rapports. Est-ce cohérent avec les règles dans un Etat de droit où il revient à la justice d’établir la culpabilité où l’innocence de tout citoyen ?
C’est vrai. Les directeurs de sociétés publiques où parapubliques à qui le chef de l’Etat a donné des responsabilités ont le devoir de gérer les deniers publics de manière saine. Parce que le président de la République ne peut pas prôner une gouvernance sobre et vertueuse et que l’impunité demeure dans le pays. Il y va de la confiance que les Sénégalais accordent au président Macky Sall mais aussi de l’avenir du pays. Par ailleurs, la plupart des Sénégalais pensent que tant que la justice pénale ne se saisit pas d’un dossier, il n’y aura pas de sanctions. Ce qui n’est pas le cas dans la mesure où il y a d’autres sanctions administratives qui peuvent être infligées à des dirigeants fautifs dans l’exercice de leurs fonctions. Donc la mise en place d’une commission peut être aussi une alternative pour se pencher sur les rapports produits par les organes de contrôle. D’autant plus que la Cour des comptes formule des recommandations mais ne propose pas des sanctions. Et sur la base de ces recommandations, des enquêtes sont faites qui ne vont pas forcément prouver que tel ou tel directeur est un délinquant financier.
Dans le domaine sanitaire, la polémique relative au rapatriement de nos compatriotes établis à Wuhan, l’épicentre du coronavirus, fait rage. Le président Macky Sall a clamé l’impuissance de l’Etat à pouvoir rapatrier les étudiants sénégalais se trouvant dans cette ville. Un tel aveu est glaçant non ?
Le président de la République n’a pas dit que l’Etat est impuissant face à cette situation. Il n’a fait qu’agir de manière responsable en disant la vérité aux Sénégalais. Quand le président dit que nous n’avons pas les moyens, il ne fait pas allusion aux moyens financiers. Car cet aspect seul ne règle pas le problème. Pour preuve, la Chine avec tous ses moyens financiers, et bien qu’elle a pu construire un hôpital en dix jours seulement, n’arrive toujours pas à freiner cette épidémie de coronavirus. Donc le problème est très complexe. Et nos concitoyens qui sont là-bas, personne ne sait s’ils sont contaminés ou pas. D’ailleurs, le chef de l’Etat Macky Sall a fait savoir qu’ils font l’objet d’une attention particulière de la part des autorités sénégalaises. Il y a la carte de la diplomatie qui est en train d’être jouée pour trouver une solution. Et vous savez que les questions diplomatiques ne riment pas avec le tintamarre.
Lass ! Récemment dans une missive ouverte intitulée ‘Deuk bi mettina’, vous faisiez état de la persistance du chômage pour alerter le président Macky Sall sur la morosité du climat socioéconomique dans le pays. Est-ce à dire que vous-même reconnaissez que le chef de l’Etat n’a pas tenu ses promesses de création d’emplois?
Vous savez, moi, je suis un républicain dans l’âme. Je fais partie des jeunes membres fondateurs de l’APR. Et quand je vois qu’il y a des personnes qu’il a responsabilisées et qui, malgré sa volonté de faire bouger les lignes, sont incapables de traduire sa vision en pratique, je les dénonce. Quand ça marche, j’applaudis des deux mains mais quand ca ne marche pas, j’use de ma plume ou de ma voix pour dire tout haut ce que les populations ressentent. Parce qu’il faut le rappeler, le président Macky Sall a été élu et réélu sur la base d’un programme dans lequel la question de l’emploi des jeunes occupe une place déterminante. Or, moi, je vis dans la banlieue et je me déplace souvent à l’intérieur du pays dans le cadre de mes activités professionnelles. De là, j’ai pu mesurer les difficultés que rencontrent les jeunes pour trouver de l’emploi. Les gens peinent à avoir la dépense quotidienne. Par conséquent, étant une voix autorisée dans le parti au pouvoir, quand je vois des choses qui ne marchent pas j’alerte afin que des mesures idoines puissent être prises afin de redresser ce qui ne va pas.
D’aucuns estiment que, par cette posture, vous jouez dans le chantage pour vous faire remarquer afin d’être servi en contrepartie. Dites-nous d’où vient ce regard critique que vous portez sur la gestion des affaires du pays ?
Ceux qui me connaissent bien savent que je crois à la vision du président Macky Sall. Je l’accompagne depuis 2008 et je n’ai jamais cherché à bénéficier d’aucun poste de nomination. D’ailleurs, la dernière fois que j’ai rencontré le président, je lui ai dit que je le soutiens sans condition. Je ne fais pas partie d’un groupe ou d’un lobby. Je ne connais la maison d’aucun responsable ni d’un ministre. Donc, ce que les gens disent ne m’ébranle pas.
GARGOTES, UN MOYEN DE SE REMPLIR LA PANSE A MOINDRES FRAIS
Aujourd’hui, presque toutes les couches sociales fréquentent les gargotes devenues une véritable industrie surtout en banlieue dakaroise. Du fonctionnaire à l’étudiant en passant par le commerçant, le chômeur ou les ouvriers…
Le Sénégal ne figure plus sur la liste des 25 pays les plus pauvres au monde. C’est en effet ce que révèle le dernier classement du genre publié récemment par le Fmi. Il y a cinq ans, notre pays était dans ce palmarès peu glorieux des 25 pays les pauvres au monde. Un classement qui avait fait sortir de ses gonds le gouvernement et particulièrement le ministre des Finances d’alors. Bien que le Sénégal ait donc quitté ce classement peu glorieux des pays les plus pauvres du monde, sur le terrain, la pauvreté est visible partout dans la capitale et à l’intérieur du pays. Dans la rue, des personnes sont souvent à la quête de la pitance pour se nourrir, tandis que d’autres dorment à la belle étoile, faute de gites. Des familles peinent à nourrir convenablement leurs progénitures et c’est devenu un luxe pour certaines femmes de cuisiner. Dans de larges parties du pays, c’est le règne du « gobar diassi », c’est-à-dire d’un seul repas par jour. Ce qui explique certainement ces restaurants de fortune appelés familièrement gargotes qui pullulent à chaque coin de rue. Les tenancières elles-mêmes sont des femmes dans des difficultés qui cherchent à se sortir du cercle infernal de la pauvreté en vendant différents mets à des gens peu fortunés. Reportage dans quelques coins de Dakar et sa banlieue à propos de ces phénomènes des restaurants pour pauvres à ciel ouvert.
CLIENTELE DES GARGOTES DES PARCELLES ASSAINIES : PRESQUE TOUTES LES COUCHES SOCIALES MANGENT… DANS LES RESTAURANTS DE RUE
Aujourd’hui, presque toutes les couches sociales fréquentent les gargotes devenues une véritable industrie surtout en banlieue dakaroise. Du fonctionnaire à l’étudiant en passant par le commerçant, le chômeur ou les ouvriers… voire les femmes seules !
Babacar est étudiant à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Avec ses deux amis (Aliou et Sidy Lamine), il loge aux Parcelles Assainies unité 16 dans une toute petite chambre d’environ 2,5 mètres sur trois mètres. Et où est jeté par terre un matelas de deux places, avec une table de chevet qui supporte mal les bouquins, les cahiers et autres articles de ces apprenants. Dans un coin de la pièce où sont rangées leurs chaussures, l’odeur est fétide, rendant la chambre repoussante. Le trio d’étudiants est originaire des régions de Kaolack et de Fatick. En plus de cette exiguïté aggravée par le défaut d’entretien, ces étudiants mangent mal. Ils se sustentent dans la rue, plus précisément au niveau des petits restaurants du coin avec des mets à la qualité douteuse. « On se rabat tous les jours chez les gargotiers pour manger à notre faim. Ou, en tout cas, tromper notre faim. On mange rarement au niveau des restaurants de l’université », a témoigné Aliou, le sapeur de la chambre connu pour son goût vestimentaire et qui se plait à se faire appeler ainsi. Il s’apprête à aller acheter le petit déjeuner chez la gargotière du coin. Sur la table de cette dernière, on voit toutes sortes d’aliments. Kène Diaw, la quarantaine révolue, exerce cette activité depuis 10 ans. Chaque jour, elle propose un menu varié à ses fidèles clients. « Toutes catégories confondues », selon elle. Parmi sa clientèle, on trouve le trio d’étudiants Babacar, Aliou et Sidy Lamine. Aliou, le sapeur de la chambre, s’est chargé d’acheter le petit déjeuner. Il s’est mis debout devant la table de Kène Diaw, les deux mains dans les poches. « Je veux un kilo et demi de pain. Dans celui de Babacar, tu mets du niébé, pour Sidy Lamine il dit pain mayonnaise et petits pois. Pour moi, comme d’habitude. Et les trois tasses de café également », a-t-il commandé. Le tout revient à 750 francs. Dans le mois, nos trois apprenants dépensent, rien que pour le petit déjeuner, la somme de 22 500 francs. Sans compter les 30 000 francs du déjeuner et pas moins de 20 000 francs pour le diner. Soit une dépense mensuelle de près de 80 000 francs. Ces étudiants constituent un tout petit maillon dans la longue chaine de clientèle qui fréquente chaque jour les gargotiers, et autres petits restaurants du coin qui encombrent les trottoirs et des pans entiers de la chaussée.
CONJONCTURE ECONOMIQUE
Face à la conjoncture économique, aidés par le laxisme des autorités municipales, les gargotiers ont cru bon d’installer leurs tables le long des trottoirs et même sur la chaussée en certains endroits. Si bien que le phénomène étale ses tentacules de jour en jour. La clientèle touche toutes les couches sociales. Du fonctionnaire à l’étudiant, du commerçant aux ouvriers, de l’intellectuel à l’analphabète, du jeune homme au vieillard. Aujourd’hui, plusieurs chefs de ménages font recours aux gargotes pour prendre leurs deux voire trois repas quotidiens. C’est le cas de Baye Fadilou Mbodj. Pour ce père de 6 enfants dont deux filles, les mets présentés par ces vendeuses de la rue, c’est de la nourriture locale, simple et vendue à un prix défiant toute concurrence. A propos de « son » restaurant spécifique, l’homme estime que « c’est un lieu très fréquenté. Les mets sont bien cuits, préparés à la minute et servis bien chauds ». Mais il déplore parfois un excès de piment. Ce qui ne le dissuade guère de fréquenter ce restaurant. Comme lui, des milliers d’habitants de la banlieue, des Parcelles Assainies en particulier, prennent d’assaut dès le crépuscule et jusque tard dans la nuit, ces gargotes. D’aucuns consomment sur place tandis que d’autres mettent les aliments achetés dans un plat ou un petit bol à emporter. Juste en face de la célèbre boulangerie Mandela sise sur la route principale qui mène au Marché Dior, on se demande même si les Parcellois préparent le diner tellement la bousculade est monstre autour des tables tenues par ces restauratrices de quartier.
MANGER A SA FAIM
La table de Mère Absa, vendeuse de couscous et de « tiakry », ne désemplit jamais. Dame Ndiaye est fonctionnaire. Cet agent de l’Education nationale est un fidèle client de mère Absa. Il est éducateur, mais il mange dans la rue. Presque tous les soirs ! Il rate rarement l’occasion de se présenter chez la vendeuse de « tiéré », de fondé, ou chez Binetou du nom de sa restauratrice préférée. Pour son diner, il ne prend que le « tiéré » ou couscous. Et la dépense mensuelle pour le diner, il l’estime à 5 000 francs, 15 000 francs pour le déjeuner et 5000 francs pour le petit déjeuner. Une restauration mensuelle qui lui coûte environ 25 000 francs. « Je suis très économe. Je pouvais manger parfois de la viande ou commander quelque chose de consistant. Mais je suis marié et père de famille. Chaque mois, j’envoie une somme à la famille. Ici aux Parcelles, je suis en location et je débourse 35 000 francs pour le loyer. Sans compter l’eau et l’électricité. Une lourde charge que j’essaye de supporter avec mon maigre salaire. Bien que je sois fonctionnaire de l’Etat. Mais vous comprenez la situation des enseignants, surtout le régime indemnitaire, qui fait de nous les parents pauvres des fonctionnaires », a-t-il expliqué avec détachement. Il dit être conscient de la qualité douteuse des mets servis dans les gargotes mais se dit obligé de se remplir le ventre. « Quel que soit le prix à payer », s’est-il désolé. A l’image des étudiants évoqués plus haut, de cet enseignant et de l’autre père de famille, presque tout le monde fréquente ces petits restaurants nichés au coin de chaque quartier. Si certains y prennent leurs petits déjeuners, d’autres ne font qu’y déjeunent ou y diner. D’autres y sont carrément abonnés. Parmi ceux-là, Laurent Sambou. Il vit avec sa femme en état de grossesse avancée dans une chambre au deuxième étage d’un immeuble de l’unité 19 des Parcelle et mange à crédit, payant son ardoise à la fin de chaque mois. « Le mois passé, rien que pour le déjeuner, j’ai déboursé 30 000 francs. Sans compter le petit déjeuner, le diner et les fruits de madame. Ah j’allais oublier les médicaments », a-t-il expliqué entre deux sourires. Jaunes. Notre homme dépense plus de 150 000 francs le mois rien que pour le manger, le loyer et les médicaments de sa douce moitié qui attend un bébé. Après un tour dans cinq à 10 unités des Parcelles Assainies, on dirait que les stands des marchés de nuit sont les seules options pour manger le soir. Personne ne s’en plaint. Bien au contraire. On s’y plait même. Le décor n’est pas toujours à la hauteur. C’est très banal. Mais les plats sont adaptés aux goûts locaux, « mais souvent sont trop épicés ». C’est l’avis de Malal Diallo, vendeur de fruits, approuvé en cela par Habiboulah qui s’active dans la boucherie. Bon appétit à tous !
DU BONHEUR DE MANGER DEHORS A PEU DE FRAIS…
Ce n’est pas tous les jours que les familles sénégalaises cuisinent les trois repas quotidiens. Si elles ont les moyens de les assurer ! Avec la crise et les effets de la pauvreté, la tendance est aujourd’hui de manger dehors. Souvent, un ou deux repas par jour. Les mets proposés sont pour la plupart tirés de la cuisine locale avec des aliments du pays à savoir : la bouillie de mil, le coucous, les haricots — le fameux « ndambé » — et autres.
Autres temps, autres mœurs. L’époque où seuls les célibataires sortaient pour se restaurer hors du domicile familial est révolue. Avec la crise et la pauvreté qui étend chaque jour ses tentacules, beaucoup de familles sénégalaises peinent à assurer les trois repas quotidiens. Et s’il arrive que ces familles cuisinent, le diner ou ce qui en tient lieu est souvent réservé aux enfants. Les adolescents et adultes devant se débrouiller pour se nourrir. Une aubaine, si on peut dire, sur laquelle ont sauté de bonnes femmes pour chercher fortune ou pour assurer le quotidien de leur famille. De ce fait, il est impossible de traverser un quartier de la capitale et sa banlieue sans y apercevoir un restaurant de fortune. De restaurant, il s’agit d’ailleurs d’une table sur laquelle sont posés des ustensiles et autour de laquelle sont alignés des bancs en bois pour les clients dont certains sont souvent debout. Des restaurants à ciel ouvert qui accueillent toutes les catégories sociales de la population. Souvent même des familles entières viennent y prendre le petit déjeuner ou le diner par un système d’abonnement. Il est 12 heures dans le restaurant à l’enseigne « Chez Dikha » aux HLM Grand Médine.
Des clients prennent place tandis que d’autres se présentent sur les lieux avec de grands bols pour acheter le déjeuner à emporter. A la devanture du restau, le menu est affiché sur un tableau. Celui de ce jour-là : ’’Thiébou Dieune et mafé Yapp’’. De quoi mettre de l’eau à la bouche des Ndiayène ou des Sérères ! Mantoulaye, la gérante, ne sait plus où donner de la tête face à l’affluence des clients dont certains sont des habitués. D’après la gérante, toutes les catégories sociales viennent se restaurer. « Nous recevons des hommes et des femmes mariés, des célibataires. Et souvent, des familles entières y déjeunent. Ces dernières étant des abonnées et soldent leur dette à la fin de chaque mois. Pour les plats, il faut débourser entre 700 francs et mille francs, selon le menu du jour. » Sur la qualité des repas proposés, la gérante jure qu’ils sont de bonne qualité. Ce qui explique certainement l’assiduité de la clientèle. Une autre restauratrice se trouvant à l’unité 15 des Parcelles assainies, vante, elle aussi, la qualité de ses mets et le talent de cordon bleu de ses cuisinières qu’elle juge les meilleures de la zone. La quarantaine, la dame Aïda Niang dont la gargote est à l’enseigne « Chez Dada » pratique un tarif unique fixe de 1000 FCFA. Selon elle, à part une banque et une pharmacie à qui elle livre les repas et les célibataires qui viennent manger sur place, le reste de sa clientèle est constitué des familles. « Il y a des mères de famille qui partent au travail et n’ont pas le temps de cuisiner.
Et puisqu’elles n’ont pas de femmes de ménage la plupart d’entre elles me versent de l’argent pour que je cuisine pour leur famille » confie la propriétaire de ce restaurant. Maty Cissé, une femme d’un certain âge et mère de famille, estime que le fait de manger dans les gargottes avec toute la famille n’est pas bon. « Une bonne femme doit toujours cuisiner pour son époux. C’est plus sain et ça nécessite moins de dépenses », estime-t-elle. Dans la soirée, le décor est presque le même au niveau des Parcelles Assainies et partout ailleurs dans les quartiers populaires. Et c’est à croire que toutes les femmes s’activent dans ce business. Ça et là, des vendeuses de couscous, de bouillie de mil etc. Des gargotières qui sont entourées par des clients, chacun tenant un pot ou un bol à la main. Selon l’une d’elles, sa grosse marmite de bouillie de mil se vide chaque jour en moins de quatre heures. Un business qui permet à cette dame dont le mari est à la retraite d’entretenir son foyer. Parmi sa clientèle, Adja Khady. Cette mère de famille de trois enfants estime que les vendeurs de rues viennent au secours des familles démunies qui peinent à s’offrir les trois repas quotidiens. « Parfois avec la modique somme de 500FCFA, on peut acheter du laax ou du fondé pour toute la famille. Cela nous arrange beaucoup car si la même famille devrait préparer ce même plat à la maison, les 500 F CFA ne suffiraient pas. Je ne cuisine plus le soir, j’achète chez les vendeuses de la rue. Parfois j’ai un peu honte de ne pas préparer le soir à la maison, car il peut y avoir des visiteurs imprévus. Il n’empêche, les enfants sont habitués à leur bol de laax ou de fondé le soir », a-t-elle conclu. Il suffit de si peu pour faire le bonheur du monde…
CHEZ LES MBAYE DE GRAND YOFF, UNE ENTREPRISE FAMILIALE QUI TOURNE A PLEIN REGIME !
Chez les Mbaye, la vie tourne autour d’un restaurant de fortune installé au coin d’une rue. En fait de restaurant, il s’agit plutôt d’une table sur laquelle sont posés des ustensiles contenant les différents mets que la famille propose à ses nombreux clients du coin et autres quartiers environnants. Un fourneau pour griller quelques morceaux de viande posé à quelques mètres des vendeuses. Une bombonne à gaz à gauche du fourneau et non loin des bancs en bois qui entourent la table. Dans cette famille tout le monde s’active au sein de ce restaurant. A l’intérieur de la maison, non loin de l’emplacement du restaurant, le père, qui supervise tout, épluche les pommes de terre qu’il coupe en tranches que le cadet de la maison devra livrer à ses sœurs. La table installée très tôt le matin, certains élèves, étudiants et travailleurs viennent se procurer le petit déjeuner. Au menu : des petits pois, des omelettes, des haricots etc. Un petit monde s’y retrouve jusqu’à 14h avant que la famille ne range table, bancs et parasol pour reprendre la même ritournelle en début de soirée. En effet dès 20h, le travail reprend avec le même menu qui fait courir une clientèle cosmopolite chez les Mbaye dont la gargote est devenue un point de rencontre des jeunes, adultes et vieilles du quartier. Ici, des amitiés et des amours se lient. Des potins échangés. Grâce à cette activité, le père de famille, la cinquantaine, fait vivre sa progéniture. « C’est un investissement. Dès lors que je suis sans emploi, j’ai voulu de cette façon me rendre utile pour ne pas être inactif », raconte le patron de l’entreprise familiale. Avec un départ modeste, aujourd’hui, grâce aux fruits de cette activité, il parvient à gérer convenablement sa famille. Preuve que son activité marche, il a pu payer les études universitaires d’un de ses fils en fin d’études et qui est en quête d’emploi. Mais notre interlocuteur ne consent guère à parler de ses revenus. Du lundi au dimanche, la famille Mbaye s’active autour de ce business où tout le monde, sans exception, s’investit. Et le soir de 20 h à deux heures du matin, le restaurant tourne à plein régime avec des clients qui affluent de partout. Ce qui donne l’impression que presque personne dans ce quartier ne cuisine pour le diner. En effet, la majorité de la clientèle des Mbaye est composée de jeunes. « Pour le petit déjeuner comme pour le diner, on se débrouille. Cela fait même des lustres que l’on ne dine plus en famille », confie un jeune qui réclamait avec insistance son sandwich. En fait de sandwich, il s’agit d’un morceau de pain, de la sauce et des haricots. Les plus fortunés se payent dans ce restaurant de fortune quelques brochettes. Signe apparent d’une grande pauvreté. Même si le chef de famille nous confie que parmi sa clientèle, il compte des gens qui peuvent bien se nourrir dans des restaurants plus huppés. Mais familiarisés à ces mets, difficile de changer certaines habitudes. Chez les Mbaye, toute l’activité tourne autour de ce restaurant devenu une entreprise familiale.
DIAMAGUENE-DIAKSAO : DE BRAVES FEMMES ENGAGEES POUR ASSURER LA DEPENSE QUOTIDIENNE
Travailler dur pour gagner leur vie et subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille, c’est l’objectif de ces nombreuses femmes qui s’activent dans la restauration en Banlieue. Certaines sont abandonnées par leurs maris, d’autres veuves ou divorcées, mais elles tiennent à mener une vie digne
Elles sont nombreuses, ces braves femmes qui s’activent dans de petits commerces, à savoir la vente d’arachides grillées, de sachets d’eau etc. D’autres tiennent des restaurants de fortune devant leur maison ou dans une rue passante de leur quartier. Aïssatou Baldé, une Guinéenne, tient une table près du marché Diamaguène. Cette mère de famille, âgée d’une cinquantaine d’années, vit au Sénégal depuis plus 10 ans avec ses trois filles qui l’aident dans la cuisine à leur retour de l’école. Avec ce commerce, elle parvient à nourrir sa famille et à payer les frais de scolarité de ses enfants grâce à ses maigres revenus. « Alhamdoulhilha, je reçois des clients chaque jour. J’ai un menu varié qui tourne en général entre Thiou, Yassa et Ceebu Jeen. Les prix vont de 400 francs à 1000 francs. Il y a des clients qui sont abonnés et qui payent à la fin du mois. Ce sont les plus fidèles. Il s’agit de commerçants, de tailleurs et de toutes ces personnes qui s’activent autour du marché. J’arrive à nourrir ma faille grâce à ce travail. Mon père est décédé et c’est très difficile de couvrir les dépenses de la famille » explique cette ménagère avec une forte émotion dans la voix et à travers le regard. Si certaines filles ou femmes ont choisi le chemin de la facilité pour se faire de l’argent, d’autres restent dignes et courageuses dans l’épreuve. C’est le cas de Oulimata Guèye qui, très tôt le matin, occupe sa place à l’arrêt des bus de Diacksao sur la route nationale où elle propose le petit déjeuner à des clients. « Dieu merci, grâce à ce métier, j’arrive à assurer mes besoins et payer mon loyer. Jamais au plus grand jamais je ne vendrai ma dignité. Je préfère mourir plutôt que de me prostituer ou voler de l’argent » explique-t-elle sur son choix de s’investir dans cette activité.
« Mais venez, il reste encore de la place. Que voulez-vous prendre comme petit-déjeuner ? » C’est par ces mots que nous accueille une vendeuse à Sicap Mbao près de l’usine Jabot. Chaque jour, cette femme reçoit un nombre important de clients dès les premières heures. « Je n’habite pas très loin de ma gargote. Ma fille me règle toujours le réveil de mon portable à 5h 30mn. Le temps de me préparer pour la prière du matin, je quitte la maison pour mon lieu de travail. Il arrive très souvent que des clients se pointent avant même que je ne finisse d’installer sur ma table tous mes bagages » confie cette dame sous le couvert de l’anonymat et qui dit nourrir sa petite famille avec cette activité. Comme dans certains coins de la banlieue à Tivaouane Diacksao, le menu de ces vendeuses pour le diner reste partout le même. Elles préparent du « fondé », du « thiéré », du « Ngalax » etc. Dès 20h, les places de ces bonnes dames sont prises d’assaut par la clientèle, formant souvent de longues files qui débordent des ruelles de cette populeuse commune, allant jusqu’à gêner la circulation des voitures. La conjoncture qui sévit dans le pays et les difficultés sociales que traversent certains ménages ou la paresse de certaines femmes à cuisiner, sont les raisons qui expliquent le nombre important de clients autour de ces vendeuses. « Cela fait quatre mois que je me suis installée en cet endroit. Je me pointe à partir de 19 h jusqu’à 00h en profitant de l’éclairage public. Dieu merci, on se frotte les mains. Je vends du lakh, du fondé, du thiéré et du ngalax. Les clients achètent plus souvent du fondé et du thiéré» se réjouit la vendeuse Coumba Sy. La plupart de ces femmes disent assurer la subsistance de leurs familles grâce aux revenus tirés de ce petit commerce. Certaines ont vu un mari les quitter, d’autres sont veuves ou divorcées, mais tiennent à vivre dignement malgré la pauvreté et le peu qu’elles tirent de ce petit commerce.
MEME A SACRE CŒUR, LES GARGOTES PULLULENT !
Manger à prix abordable dans un endroit de son choix tout en gardant la satisfaction d’être bien traité, c’est le choix de certains consommateurs. Les Sénégalais mangent de plus en plus dehors du fait de la distance qui sépare leurs lieux de travail et leurs maisons. Ce qui explique la floraison de ces restaurants de fortune accessibles à toutes les bourses. L’éclosion de ce type de restaurants est fulgurante.
Si des quartiers comme Sacré Cœur, jadis perçus comme huppés, étaient épargnés par ce phénomène, aujourd’hui, tel n’est plus le cas. « Ces restaurants constituent du pain béni pour les gens aux bourses maigres et certains jeunes du quartier » explique Ousmane Ngom, un charpentier venu se restaurer tôt le matin afin de pouvoir vaquer à ses occupations. « J’aime la façon dont la vendeuse m’accueille et où l’on sent que le client est roi. C’est la raison pour laquelle, j’y déjeune chaque jour. Les prix sont abordables et les mets délicieux », explique notre artisan en se pourléchant les babines.
Chez Maria, à Sacré Cœur 3 sur la VDN, une grande table, des tabourets et bancs pour la clientèle, quatre poteaux qui retiennent des draps pour se protéger du soleil, constituent le décor. La clientèle patiente pour être servie. « Je suis un fidèle client. Le plus important, tu peux manger de la bonne nourriture, selon ta bourse. Et pour moi, c’est l’essentiel » confie Pape Sall qui se dit satisfait du menu proposé. A quelques mètres de chez Maria, Mame Diarra se confie : « je vends le petit déjeuner et le déjeuner à plusieurs personnes. Cela fait presque trois ans que je suis ici. Je m’en sors pas mal, j’ai une clientèle fidèle.
Le plat pour le déjeuner est à 600 francs » explique la brave dame. Ici la plupart des clients sont constitués d’ouvriers, d’élèves. Mais au milieu du mois, il arrive que la dame accueille une autre catégorie de clientèle. Celle-ci est composée de certaines personnes qui travaillent dans des entreprises installées dans le périmètre du quartier. Le mois étant creux et ne pouvant manger dans des restaurants plus « classes », ces employés se rabattent dans les gargotes de fortune…en attendant la fin du mois !
AJ/PADS AVERTIT SUR LES RISQUES D'UN RECUL DÉMOCRATIQUE
Les camarades de Mamadou Diop Decroix assurent que le fait de désigner le maire de Dakar par décret présidentiel et non plus par élection ramènerait la capitale au moins un siècle en arrière
Les camarades de Mamadou Diop Decroix assurent avoir été informés de la volonté des partisans du pouvoir d’introduire dans les discussions, la proposition de désigner le maire de Dakar par décret présidentiel, et non plus par élection. Ils estiment que cela ramènerait la capitale au moins un siècle en arrière. Et pour eux, cette affaire rappelle de manière atroce, ce qui s’était passé avec la loi sur le parrainage, rejetée par tous, et imposée par la majorité présidentielle.
Chaque jour, les sessions du Dialogue national, surtout dans son volet politique, charrient leur lot de mésententes entre le Pôle du pouvoir (majorité) et celui de l’opposition ou des nonalignés. Hier, c’est le parti de Mamadou Diop Decroix, And jef (Aj/Pads), qui dans un communiqué, a voulu mettre en garde «l’opposition et toutes les forces démocratiques et citoyennes» qui participent au dialogue contre l’intention prêtée à «la délégation de la mouvance présidentielle», d’introduire dans le dialogue politique, «un projet dont l’essence est d’enlever aux citoyens de Dakar le droit de désigner leur maire et de conférer au président de la République le pouvoir de nommer par décret une autorité chargée de conduire les destinées de la capitale».
Les camarades de Mamadou Diop Decroix s’offusquent du fait que cette question n’a jamais été discutée au cours des débats, et mieux encore, précisent-ils, «aucune commission n’a envisagé ce genre de question dans ses termes de référence». Ibra Mboup, le directeur de l’Ecole du parti Aj qui signe le communiqué publié hier dans la soirée, a tenu à rappeler que les citoyens de Dakar ont pris l’habitude d’élire leur maire depuis 1882. Par conséquent, retirer la métropole sénégalaise du «champ de la gouvernance démocratique locale, constituerait un recul démocratique d’un siècle» au moins.
Cette proposition est jugée d’autant plus inquiétante pour ces membres du Frn, parce qu’elle rappelle des précédents fâcheux. Le communiqué d’Aj rappelle ainsi la cruelle expérience vécue avec l’introduction du parrainage électoral. Le projet avait été introduit «au dialogue de 2017 et rejeté par la totalité des participants hormis la délégation du pouvoir et ses affidés, mais malgré tout, introduit à l’Assemblée nationale et voté dans les conditions que l’on sait».
Ce jour-là, la levée de boucliers des opposants, au sein de l’Hémicycle et en dehors de l’Assemblée, n’avait pu empêcher les tenants du pouvoir d’aller au bout de leur logique et de voter la loi. L’opposition, qui avait rêvé de faire de cette journée un «23 Juin bis», n’avait eu que ses yeux pour pleurer, devant le déploiement des forces de police qui empêchaient tout mouvement dans le périmètre de l’Assemblée.
La conséquence du vote de la loi sur le parrainage avait été l’élimination de l’essentiel des candidats à la Présidentielle de 2019. Cette histoire empêche les anciens communistes de dormir car ils voient que le chef de l’Etat a ajouté, «de manière unilatérale», assurent-ils, une quarantaine de personnes dans le dialogue.
S’ils se félicitent du profil de certaines de ces personnalités, dont ils ne trouvent rien à redire sur leurs compétences et leur moralité, les camarades de Decroix s’inquiètent par contre de certains qu’ils n’hésitent pas à qualifier de «sinistres». Aj explique que ces «personnages font aujourd’hui circuler des documents appelant à la suppression dans la Constitution, de la limitation des mandats».
L’une des personnes qui s’est illustrée sur cette question a été Serigne Mbacké Ndiaye, qui a été de ceux qui ont préconisé un 3ème mandat pour le Président Macky Sall. Il avait fait cette proposition avant d’être coopté au sein du dialogue. D’avoir rejoint cette instance a donné une certaine force et légitimité au ballon de sonde qu’il avait lancée en son temps.
Nénmoins, le communiqué de Aj s’inquiète que «tous ces phénomènes se manifestent alors que, dans le même temps, la cause principale qui est à la rupture du consensus sur les règles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir n’est pas encore examinée».
Pour ne pas être surpris, après en avoir appelé à toutes les forces parties prenantes au dialogue, Aj/Pads se tourne également vers le chef de l’Etat Macky Sall, qui a initié le dialogue, à ne pas laisser celui-ci être discrédité par toutes les manœuvres en coulisses.
LES PARENTS DE LAMINE KOITA DÉCHIRENT L'AUTOPSIE
Décédé lundi dernier dans des circonstances qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets, le jeune conducteur de vélotaxi, Lamine Koïta, a été enterré hier vers 17h 30 au cimetière de Peulgha.
Décédé lundi dernier dans des circonstances qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets, le jeune conducteur de vélotaxi, Lamine Koïta, a été enterré hier vers 17h 30 au cimetière de Peulgha. Seulement, sa famille a réfuté la thèse d’une mort naturelle telle que révélée par les résultats de l’autopsie. Ainsi, elle a promis de porter plainte pour faire éclater la vérité sur cette affaire.
Tant attendus par les Fatickois, les résultats de l’autopsie du corps de Lamine Koïta, du nom de ce jeune conducteur de vélotaxi mort lundi dernier dans des circonstances qui restent encore à être élucidées, ont révélé «une mort naturelle». Laquelle, selon une source proche du dossier, pourrait être liée aux informations contenues dans le certificat de genre de mort et qui indiquent que le défunt souffrirait de problèmes cardiaques.
Mais comme l’on s’y attendait, les camarades et parents de Lamine Koïta, qui ont depuis le début de cette affaire accusé les policiers d’avoir tabassé à mort ce jeune de 26 ans, ont catégoriquement réfuté la thèse d’une mort naturelle. S’adressant à la presse au sortir de la brigade de gendarmerie de Fatick où lesdits résultats leur ont été communiqués hier en début d’après-midi, les parents de Lamine Koïta ont laissé éclater leur indignation. «On nous a dit qu’il est mort d’une mort naturelle mais si c’est le cas, nous voulons être édifiés par rapport à ce qui l’a emmené de l’arène jusqu’au bord de la mer où il a été tabassé à mort», a déclaré une des tantes de Lamine Koïta, Astou Baly Seck.
Qui révoltée, poursuit : «Nous sommes prêts à tout. Nous n’avons rien mais nous avons foi en Dieu et nous invitons tous les Sénégalais, à commencer par le Président Macky Sall et son épouse Marième Faye, à venir nous soutenir. Nous allons porter plainte et même si nous devons vendre la maison où nous habitons actuellement pour chercher un avocat, nous le ferons pour faire éclater la vérité sur cette affaire», dit-elle très furieuse.
Mais, malgré sa colère noire, Astou Baly Seck a invité les jeunes au calme et leur a demandé de tout laisser entre les mains de la justice qui, selon elle, ne manquera pas d’éclairer la lanterne des Sénégalais par rapport aux véritables causes de la mort de son neveu. Cet appel à la sérénité a été plusieurs fois réitéré par les différents orateurs lors de la prière mortuaire effectuée dans l’enceinte de l’Institut Al Azhar qui a refusé du monde pour la circonstance.
Malheureusement, les conducteurs de vélotaxi ont été sourds à cette invite. Après avoir accompagné leur camarade à sa dernière demeure au cimetière de Peulgha, ils ont encore investi les artères de la ville en érigeant des barricades par-ci, brûlant des pneus par-là. Ce qui a encore fait sortir les Forces de l’ordre qui depuis trois jours étaient sur le qui-vive. Ainsi, jusque dans la soirée, on pouvait encore entendre les grenades lacrymogènes tonner dans le ciel de la cité paisible de Mame Mindiss.
Le député Alla Guène pris à partie Ce regain de tension a pris naissance à la maison mortuaire sise au quartier Mboubane. En effet, quelques minutes seulement après le retour du cimetière, alors que devait commencer une séance de prière, un conducteur de vélotaxi a surgi de nullepart pour interrompre l’imam Moudir Ndao de l’Institut Al Azhar, en train de faire une sorte d’introduction.
Apostrophant le député Alla Guène dit Fada qui était assis non loin de lui, ce jeune a déversé sa bile sur les policiers et les responsables politiques de Fatick à qui il a reproché de n’avoir rien fait pour leur trouver du travail. Ainsi, s’est installée subitement une cacophonie indescriptible.
Pris à partie par des conducteurs de vélotaxi dont certains lui ont même jeté des sachets d’eau, Alla Guène, qui était accompagné de son collègue Papa Birame Touré, a trouvé refuge dans l’une des maisons jouxtant celle des parents du défunt, pendant une vingtaine de minutes. Par la suite, un véhicule est venu le chercher dans cette maison pour le faire échapper à la furie des conducteurs de vélotaxi. C’est après ce malheureux incident que les conducteurs de vélotaxi sont retournés dans la rue pour, disaient-ils, venger la mort de leur ami Lamino enterré aux environs de 17h 30.
Par Abdou Khadre GAYE
EL HADJ AMADOU ASSANE NDOYE, UN ENTREPRENEUR HORS PAIR
Voici le portrait sommaire d’un bon père de famille et d’un entrepreneur hors pair que j’ai tiré de la biographie figurant sur la plaquette de présentation de la journée, de la brillante allocution de youssoupha Ndoye
L’Association pour la promotion des descendants de Medoune Paye Madjiguene Ndir a organisé, le 25 janvier 2020, la 2e édition de la journée de l’excellence à l’occasion de laquelle 40 jeunes, garçons et filles, du primaire et du secondaire, ont été célébrés. La journée, placée sous la présidence effective du Sëriñ Ndakaaru Ablaye Makhtar Diop, avait comme parrain El H. Amadou Assane Ndoye, dont la vie a été donnée en exemple aux jeunes récipiendaires. Voici le portrait sommaire d’un bon père de famille et d’un entrepreneur hors pair que j’ai tiré de la biographie figurant sur la plaquette de présentation de la journée, de la brillante allocution de youssoupha Ndoye, représentant de la famille à la cérémonie officielle de la dite journée, et des confidences de son fils, Adath, et de son petit fils et homonyme, Assane, fils d’Adja Arame Ndoye.
El Hadj Amadou Assane NDoye est né le 26 juillet 1890 à Dakar, soit 33 ans après que Protet ait planté le pavillon français en terre dakaroise. Il est le fils de l’Imaam Raatib Assane Ndoye et de Bineta Sylla qui est la petite fille de Makhtar Sylla Kheury Diop, lui-même Imaam Raatib de Dakar et Sëriñ Ndakaaru intérimaire de 1830 à 1831. Il est décédé le 4 juillet 1974 et repose à la Mosquée de Sanjaal face à son domicile familiale au 80 avenue William Ponty où il sera rejoint une dizaine d’année plus tard par son épouse Adja Aissatou Sylla, dite Foos Sylla.
Dès sa sortie de l’enfance, Amadou Assane NDoye reçut une éducation coranique d’abord à l’école de son père, puis, en 1909, à la Médersa de Saint-Louis qui avait remplacé, une année auparavant, l’école des fils de chefs et d’interprètes créé par Faidherbe en 1855 sous le nom « école des otages ». A la fin de sa formation, il exercera, tout naturellement, le métier de maître coranique et guide spirituel. Lorsqu’éclata la Première Guerre Mondiale, il fut enrôlé dans les troupes métropolitaines, avec plusieurs milliers de ressortissants des quatre communes dont faisaient partie les jeunes Papa Gueye Fall (parrain des ex allées Coursin et de l’institut qui s’y trouve), Ibrahima Diop et Ismaila Gueye qui deviendront respectivement Sëriñ Ndakaaru et Ndeyi Jàmbur et bien d’autres de leur génération.
A la capitulation de l’Allemagne, Amadou Assane Ndoye revint au Sénégal avec la Croix de Guerre et épousa alors Sokhna Oumou Khaïry Sy, fille d’El-Hadji Malick Sy et petite-fille de Mor Massamba Diery Dieng. De cette union naquit Mohamed Chams Eddine Ndoye, Ambassadeur du Sénégal au Proche et Moyen-Orient de 1976 à 1996, qui compte parmi ses épouses Sokhna Oumou, fille d’Abdou Aziz Sy Dabakh.
Perspicace, il perfectionna d’abord sa maîtrise de la langue Française, appris les rudiments de l’entreprenariat et se lança dans les affaires. Il fit montre d’un génie extraordinaire et d’une opiniâtreté qui étonna maints observateurs. Représentant de Renault au Sénégal, il perd son statut de représentant par défaut de soutien de la Banque Commerciale Africaine. En 1929, il créa une société de transit qui ne résiste pas à la concurrence européenne. Au lendemain de la crise économique mondiale, il prit une part active à la création du Syndicat Patronal et Artisanal de l’Ouest Africain (SYPAOA). Il se lança, en 1931, en association avec Henri Gomis, dans l’exploitation du poisson, avant de monter, avec un partenaire français, une usine de carreaux. Lorsque la Seconde Guerre éclata, Amadou Assane Ndoye diversifia ses activités, en se lançant dans la briqueterie et la fourniture de viande à l’armée et à l’administration.
L’armistice signé, il entreprit, avec Cheikh Mouhamadou Mbacké, dit Gaïndé Fatma, petit-fils de Sëriñ Tuuba, de créer une banque populaire. L’administration et les banques coloniales s’opposèrent au projet. Amadou Assane Ndoye forma alors, avec André Guillabert et Léon Boissier Palun, le projet d’une ligne aérienne intérieure. Cette initiative aussi n’eut pas l’agrément de l’administration coloniale et fut combattue et étouffée. Sur le plan politique, Amadou Assane Ndoye, après avoir été l’allié de Blaise Diagne au Conseil Municipal, conduisit, aux côtés de Galandou Diouf, une liste d’opposition aux élections municipales du 5 mai 1929. Lorsqu’Ibrahima Sow et Henri Martin créèrent le journal indépendant, le Périscope Africain, pour la défense des intérêts de l’Afrique Occidentale Française et de l’Afrique Equatoriale Française, il les finança. Il exerça les fonctions de Conseiller Colonial, puis de Conseiller Municipal, de Conseiller Général et de Député de la Presqu’île du Cap-Vert à Dakar. Il devint partisan de Lamine Guèye à la mort de Galandou Diouf et en fut le Premier Adjoint à la Mairie de Dakar. Il a aussi exercé, en tant qu’érudit en science religieuse et Muxadam d’El H. Malick Sy, la fonction d’Imam de la mosquée de Sanjaal et d’Imam adjoint de la Grande Mosquée de Dakar alors situé sur la rue Blanchot, actuel rue Mousse Diop. Lorsque fut lancé, en 1958, le projet de construction de l’actuelle Grande Mosquée de Dakar, sur le site d’un vieux cimetière désaffecté, il fut élu trésorier du comité d’édification présidé par Imaam Amadou Lamine Diene, avec comme membres du bureau El hadji Chams Dine Diagne, Cadi de Dakar, Thierno Amath Mbengue ex-adjoint au Maire de Dakar, Hyacinthe Camara, Souleymane Sidibe et El Hadji Ameth Diene, représentant des jeunes lébu.
A ce titre, il reçut la contribution de l’Etat du Sénégal, de la Ville de Dakar, de la communauté libano-syrienne, de la collectivité lébu, de Serigne Fallou Mbacke, Khalife General des Mourides et d’El Hadj Ibrahima Niass, dit Baye, etc. Ablaye Thiaw Laye, à l’instar de Gaïnde Fatma, était son ami et son partenaire en affaire. Serigne Babacar Sy, son ainé de 5 années qui devint khalife en 1922, était son marabout et son confident. Il fut élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre étranger par décret du 3 mars 1948, puis promu Officier de la Légion d’Honneur par décret du 9 avril 1965, en qualité de Député de la Presqu’île du Cap-Vert à Dakar. Mais malgré son succès dans les affaires et en politique et tous les honneurs reçus, Amadou Assane Ndoye a toujours vécu au domicile familial avec ses frères, ses sœurs et ses enfants, car il croyait fermement aux valeurs familiales.
Il prônait l’entente avec les parents et les voisins, le respect du prochain et de la parole donnée, ne s’engageant et ne donnant sa parole qu’après mûres réflexions. Il était contre le gaspillage et l’ostentation et recommandait l’épargne, car, disait-il, il faut toujours être à même de régler les problèmes qui surprennent et saisir les opportunités d’affaire qui se présentent. Mais, il faut surtout travailler et investir intelligemment disait l’homme fidèle à ses principes qui savait aider lorsqu’il le fallait et récompenser généreusement ses enfants qui suivaient ses conseils. Amadou Assane Ndoye recommandait l’équité et l’oubli des bonnes actions que Dieu a permis d’accomplir. Mamadou Diop, ancien Maire de Dakar, fils du Ndeyi Jàmbur Ousmane Diop Coumba Pathe, a confié à ses enfants qu’il a eu à payer de sa poche, à un moment de difficulté de l’institution municipale, les salaires des agents de la ville de Dakar. Il a construit des mosquées, dont celui de Sanjaal. Il a offert des terres, dont le terrain d’1 ha abritant le cimetière de Diass…
Après son décès, et en guise de reconnaissance, Léopold Sédar Senghor, Président de la République du Sénégal, baptisera en son nom l’ancienne rue Thiers de Dakar où se trouvait son domicile, face à l’ancienne école de commerce, Pigier, créé par Raymond Panis. Cette demeure abritait sa descendance issue d’Adja Mame Tabara Diop, petite-fille d’Ahmed Diop Gora de Saint-Louis qui accueillit le jeune Amadou Assane lorsqu’il vint poursuivre ses études religieuses sur les rives du fleuve Sénégal et dont le centenaire du décès a été célébré en 2010. Sur cette même rue, sur le site accueillant l’Institut Islamique accolé au domicile de Serigne Babacar Sy, se trouvaient les locaux de son bureau. Plus tard l’école Thiers aussi, sur la rue qui porte son nom, lui sera dédiée. Pour rappel le site de l’école Thiers, classé patrimoine de l’Unesco, a abrité la première prison de Dakar.
Par Alassane K. KITANE
L’AFRIQUE PERPETUELLEMENT TRAHIE PAR SES ELITES
Les élites africaines ont remplacé les négriers et autres « apôtres » concubins de la politique.
Les élites africaines ont remplacé les négriers et autres « apôtres » concubins de la politique. Elles ont toujours tiré profit de la détresse et de la candeur de leur peuple. Elles n’ont jamais cherché à amener les masses vers la lumière, vers un humanisme affranchi de tout obscurantisme et de tout calcul mercantile. Nous n’avons pas inventé la démocratie, mais nous l’avons apprivoisée à des fins antihumanistes. Nous n’avons pas non plus inventé les religions révélées, mais nous en avons fait un succédané des pires entreprises d’exploitation de l’humain et de l’humanité en nous.
La politique sert une minorité, et n’a d’autres orientations que la prise en charge des problèmes ponctuels. Aucune vision prospective, aucune planification typiquement locale à long terme, aucun souci de transformation structurelle de la société. Les rois qui vendaient des esclaves ont réussi à mouler nos mœurs dans le mépris de soi : c’est le même principe qui est perpétué aussi bien dans la sphère politique que dans celle religieuse. L’exemple de Mamadou Dia est illustratif du complot qui se joue contre les biens et les intérêts du peuple. Ce grand monsieur défendait les intérêts du peuple, il voulait faire payer aux députés et aux débiteurs occultes leurs dettes, il voulait mettre fin aux privilèges accordés sans raison à des minorités et on l’a trahi.
Cheikh Anta Diop a connu le même sort : ostracisé et mis en mal avec les élites maraboutiques, son discours était devenu inaudible, même parmi les intellectuels. Les élites religieuses (toutes religions confondues) ont travesti l’essence de la foi, ils l’ont sécularisée et réduite à un ensemble de stratagèmes pour le salut terrestre. Et que je dis salut terrestre, ne croyez surtout pas qu’il s’agit de celui des fidèles : il s’agit bien et exclusivement du salut des élites. Le culte à ciel ouvert n’a jamais développé un pays. Le nombre de fêtes religieuses dans les pays africains est irrationnel, déraisonnable et fortement suspect.
La religion, telle qu’elle est pratiquée en tout cas dans nos pays, ne peut pas développer nos sociétés. Une société se développe d’abord par la foi au premier cadeau que Dieu a fait à l’homme : la raison. Une religion qui étouffe ou congédie la raison n’est pas humaniste. Nous ne sortirons jamais des ténèbres sans une critique sans complaisance de notre « religiosité ». Nous ne sortirons jamais de l’esclavage, car nous sommes encore doublement esclaves ou esclaves d’autres esclaves. Nos sociétés ont besoin d’être reformées en profondeur. Nous n’irons nulle part avec nos mœurs politiques et religieuses actuelles.
Notre hypocrisie nous tuera, notre torpeur intellectuelle nous enchaînera davantage dans la pauvreté, notre peur de regarder la réalité en face et de prendre notre destin en main nous damnera éternellement. Il est temps, pour nous, de penser à la communauté et de dépasser nos mesquines individualités. Ce n’est pas acceptable que dès qu’un citoyen accède à un poste, son premier réflexe soit de distribuer des prébendes aux siens et à des élites qui n’en ont aucun droit. Ce n’est pas acceptable que le rêve de tout intellectuel se résume à un mot : nomination ! Il faut abolir la culture de la rente, il faut se battre pour que la religion et la politique ne soient plus des espaces de rentes. Il nous faut une révolution culturelle pour sortir notre peuple de cette situation qui n’est ni esclavage ni souveraineté. La peur inhibe ; la croyance, quand elle n’est pas réfléchie, aliène l’homme : nous devons renaître si nous ne voulons pas mourir.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès