SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
20 juillet 2025
CHAQUE ANNEE, 2,5 MILLIONS DE TONNES DE GAZ SERONT PRODUITES
Dans le but d’avoir une meilleure exploitation du gaz naturel liquéfié en 2022, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord de vente et d’achat du Gaz Naturel Liquéfié (Gnl).
Dans le but d’avoir une meilleure exploitation du gaz naturel liquéfié en 2022, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord de vente et d’achat du Gaz Naturel Liquéfié (Gnl). Grâce à cet accord de partenariat, on assistera à une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de gaz.
Dans le cadre du développement du projet du champ gazier Grand tortue GTA que le Sénégal partage avec la Mauritanie, les parties impliquées (États et compagnies pétrolières contractantes) ont convenu de commercialiser conjointement tout le Gaz Naturel Liquéfié (Gnl) de la phase 1 dudit projet, afin de l’optimiser. Ce champ gazier de GTA, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, sera développé en 3 phases. La première phase pour laquelle intervient cette signature de contrat produira environ 2,5 millions de tonnes par an (Mtpa) de Gaz Naturel Liquéfié (Gnl) pour l’exportation, et 70 millions de pieds cubes par jour de gaz, environ 500 mw électriques pour les deux marchés domestiques. Ces quantités sont équitablement partagées entre les deux pays, selon les conditions fixées par l’accord de coopération inter-Etats.
Selon le ministre mauritanien du Pétrole Mohamed Abdel Fata, la signature de cet accord permettra à l’horizon 2022 de proposer au marché international une offre de Gnl dont la quantité est estimée à 2,5 millions de tonnes par an à partir de la phase 1. «Le choix de la société Bpgn comme acheteur de GTA a été fait à la suite d’un processus mené conjointement entre nos deux sociétés nationales. Le processus de négociation démontre notre volonté commune de mutualiser nos efforts en meilleur positionnement commercial au sein d’un marché mondial en concurrence perpétuelle», dit-il.
Pour sa part, le ministre du Pétrole et des Energies Mouhamadou Mactar Cissé estime que la signature du contrat d’achat et de vente du gaz naturel liquéfié démontre, si besoin en était encore, les liens fraternels solides qui unissent nos deux Etats, pour avancer ensemble dans le chemin du développement harmonieux. «Le champ gazier de GTA sera développé en trois phases. La première phase produira au total environ 2,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié pour l’exportation», soutient-il. Interpellé sur la nécessité de conclure actuellement un contrat de vente alors que la production ne démarre qu’en 2022.
Mactar Cisse explique : «Contrairement au pétrole brut, le gaz naturel ne se stocke pas aisément. Ces équipements nécessitent un niveau d’investissement par mètre cube du gaz naturel liquéfié très élevé, en comparaison au coût de stockage du pétrole brut. Cela induit un certain nombre de contraintes pour les projets gaziers. Dans l’industrie du gaz, contrairement au pétrole, il faut d’abord trouver le marché avant d’exploiter le gaz». De l’avis de Mouhamadou Makhtar Cissé, environ 5 milliards de dollars américains, soit environ 3 000 milliards de FCFA, sont nécessaires pour réaliser les investissements de production de la première phase de GTA.
«LE MEDICAMENT QUI TUE AUJOURD’HUI S’APPELLE PLAN EMERGENT»
C'est l'avis de Marème Touré, vice-présidente du Codesria à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin,
Les intellectuels présents à Dakar, à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin, se sont penchés sur les intentions qui se cachent derrière la création de la Zone de libre échange continentale africaine et les plans émergents, sève nourricière des politiques économiques de plusieurs pays africains. Pour eux, ce ne sont que de nouveaux outils utilisés par le système capitaliste pour appauvrir davantage le continent africain.
L’absence des étudiants qui n’ont pas répondu présent à ce symposium en hommage au professeur Samir Amin qui, pourtant, a enseigné dans cette université, n’a pas tempéré la densité des discussions des intellectuels qui prennent part à cet évènement. Et hier, le thème général des panels portait sur la gouvernance mondiale. Et certains intervenants ont profité de cette occasion pour remettre en question la Zlecaf et le Pse.
Sur ce dernier, la sociologue Marème Touré est formelle : «Le médicament qui tue aujourd’hui s’appelle Plan émergent’’, s’insurge la vice-présidente du comité scientifique du CODESRIA avant d’ajouter : «Sénégal émergent, Cameroun émergent ; et quand on questionne l’émergence, on se rend compte que l’émergence, c’est la transformation structurelle de nos économies et on ne peut pas transformer structurellement nos économies si on ne transforme pas structurellement nos mentalités.» Chef de section des Sciences humaines au bureau régional de l’UNESCO en Afrique de l’ouest, elle rappelle aussi que les formes de domination sont multiples.
Pour la célèbre journaliste du Monde diplomatique, Anne Cécile Robert qui a pris part à la rencontre, le monde se trouve en 2020 à un moment de crise de la mondialisation économique en tant que projet idéologique. «Et il y a donc un espace qui s’ouvre et qui donne une possibilité pour investir nous-mêmes et promouvoir nos propres idées», souligne la journaliste Spécialiste des questions africaines. Elle soutient toutefois qu’en Afrique, il y a une violence extrême du libre échange et surtout le rôle néfaste joué par l’UE dans la manière dont les pays européens imposent le libéralisme qui est un médicament qui tue l’Afrique.
De son avis, aujourd’hui, les politiques néolibérales s’appellent «programme de lutte contre la pauvreté. Mais c’est la même chose en fait, on continue à privatiser, on continue à faire du libre-échange et sur ce rapport, je considère le projet de la ZLECAF comme la poursuite du néolibéralisme», affirme Mme Robert qui ajoute qu’il faut se méfier des habits neufs du néolibéralisme.
LE DG MAMADOU DJIGO EXPLIQUE LES CONTOURS DE CE JOYAU
Le Directeur général de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) sort de l’ombre
Interview réalisée par Ousseynou BALDE |
Publication 12/02/2020
Le Directeur général de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) sort de l’ombre. Ingénieur de formation, Mamadou Djigo s’était fixé un objectif de doter le Sénégal d’un plan national d’aménagement du territoire en six ans. Faisant partie des expatriés qui ont décidé de rentrer pour booster l’économie du pays auprès du nouveau président Macky Sall, Mamadou Djigo s’était emmuré dans un silence assourdissant depuis na nomination. Malgré les crocs-en-jambe de certains de ses anciens ministres, il a résisté aux coups de boutoirs. C’est seulement sous Oumar Guèye qu’il atteindra l’Himalaya avec l’adoption de ce plan qui s’étend jusqu’en 2035, par un conseil présidentiel. Dans cet entretien avec «L’As», il décline les grands axes du nouveau Plan. Le responsable Apr de Koungheul confie que le document renseigne sur les disparités territoriales, les causes des inondations et des mauvais découpages administratifs. D’ailleurs, il informe qu’une stratégie de correction des incohérences des découpages administratifs est mise en place. Mamadou Djigo annonce le vote de la loi d’orientation du plan national d’aménagement du territoire au mois d’avril pour la mise en œuvre du plan.
«Le plan national d’aménagement et de développement territorial (PNADT) est un plan d’organisation intelligente de l’espace. L’aménagement du territoire n’est rien d’autre qu’un ensemble de dispositifs de techniques, d’actions et d’interventions afin d’assurer une bonne réponse à la demande de la population etc. Un plan d’aménagement, c’est en réalité la planification spatiale. Maintenant, lorsqu’on a un territoire, il faut voir comment faire pour bien l’organiser, répartir les populations, les infrastructures, les hôpitaux, les rails, les routes et voir comment sécuriser le territoire etc. Ainsi le plan d’aménagement du territoire consiste à regarder le passé, faire avec le présent et s’orienter vers le futur. Puisque si on ne se projette pas vers le futur, on sera victime quasiment de toutes les tentations. Par exemple, si vous avez un espace et que vous laissez faire, les gens vont habiter dans des zones inondables. Mais si vous cartographiez les zones inondables et que vous interdisiez aux gens d’y habiter, ils vont forcément s’installer dans des zones propres à l’habitat.
LES INONDATIONS ET LES MAUVAIS DECOUPAGES S’EXPLIQUENT PAR L’ABSENCE D’UNE LOI D’ORIENTATION DU PLAN D’AMENAGEMENT DE 1997
Le Sénégal disposait d’un plan d’aménagement du territoire, mais malheureusement ce plan devrait être accompagné par un certain nombre d’outils, notamment la loi d’orientation, pour qu’il soit opposable au tiers. Mais ce plan de 1997 qui a été élaboré pendant 20 ans n’a pas été accompagné par une loi. Du coup, le déséquilibre entre Dakar et le reste du pays s’est accentué. Les gens sont allés s’installer dans des zones inondables alors qu’un bon plan pouvait nous éviter cela. Aussi les problèmes des découpages administratifs des territoires s’expliquent par l’absence de la mise en œuvre de l’ancien plan parce qu’il n’y avait pas de lois et d’observatoire. On avait même demandé à l’époque un fonds d’impulsion pour la mise en œuvre de ce plan, mais le fonds n’a jamais été disponible. Le plan de 1997 devait aller jusqu’au 2021, mais le président de la République était obligé de mettre en place un nouveau plan parce que nous avons accumulé un retard de 12 à 15 ans. Du coup, il fallait faire un nouveau plan d’aménagement. La réalisation du nouveau plan a pris 6 ans.
BEAUCOUP DE DISPARITES ENTRE LES TERRITOIRES
Dans le diagnostic, nous avons constaté que le Sénégal dispose énormément d’eau. Nous avons des eaux souterraines, des eaux de surface et des eaux pluviales. Malgré cela, nous avons des difficultés dans l’agriculture et plusieurs localités ne disposent pas de l’eau potable. Pourtant, il fallait faire une petite gymnastique pour que les populations aient partout de l’eau potable. Nous avons constaté aussi la dégradation de l’environnement, l’avancée du désert, la perte de la biodiversité, l’exode rural et les systèmes productifs locaux sont restés traditionnels. Nous avons relevé l’avancée de l’érosion côtière, la disparition du couvert végétal, l’exode rural qui accentue le déséquilibre. On m’interpellait souvent sur la suppression des conseils régionaux et je répondais : parce que le système mis en place ne fonctionne pas. La preuve, la solde migratoire des régions du Sénégal était négative sur les régions de Dakar et de Diourbel. Cela veut dire que les entrées étaient supérieures aux sorties. Autrement dit, les autres régions n’étaient pas attractives. Cela continue d’accentuer la population à Dakar et crée l’insécurité, l’installation des populations dans des zones inondables, des embouteillages etc.
LE PLAN D’AMENAGEMENT PREND EN COMPTE L’ACTE III ET LE PSE
Non ! En fait, il ne s’agit pas de changer les choses automatiquement. La gestion d’un territoire est un processus. Le rythme n’est pas lent, mais il est bien soutenu. Je suis convaincu que d’ici 5 ans, les collectivités territoriales n’auront plus besoin de l’Etat. Avec l’Acte III de la Décentralisation, on aura des territoires viables et durables. Le président Macky Sall ne pouvait pas attendre le plan d’aménagement du territoire pour lancer l’Acte III de la décentralisation. Maintenant le plan tient compte de l’Acte III, du PSE et de sa vision. C’est la raison pour laquelle, il l’a validé le 24 janvier dernier. Maintenant, ce plan ambitionne de développer le Sénégal à partir de ses territoires par une bonne structuration de l’espace et une valorisation de ses ressources et potentialités.
STRATEGIE DE CORRECTION DES INCOHERENCES DES DECOUPAGES ADMINISTRATIFS
Pour élaborer le plan d’aménagement, nous avons tenu 14 comités régionaux de développement et après le diagnostic, nous avons encore tenu 14 autres réunions. Il y a eu énormément de difficultés liées aux découpages administratifs. En réalité, il y a des découpages qui n’étaient pas motivés par le développement, mais plutôt par la politique politicienne. On a fait des découpages sans aucune étude et sans une base technique. Ce qui a enfanté des territoires qui ne sont pas viables. Il faut reconnaître aussi que dans les anciennes communautés rurales, il n’y avait pas de limites. Sur ce plan, nous avons proposé dans le cadre de la gouvernance territoriale, la correction de toutes les incohérences. Le Ministère des Collectivités territoriales, en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur à travers l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat) et la Direction générale de l’administration territoriale (DGAT), a mis en place une stratégie de correction des incohérences. Il y aura de nouveaux découpages et la métropolisation. Mais sur les limites des anciennes communautés rurales, les difficultés sont liées à la rédaction des décrets. C’est la raison pour laquelle nous avons prévu de rédiger tous les décrets. Ainsi au lieu d’utiliser des marqueurs qui peuvent disparaître, nous allons mettre des points géographiques. Nous avons même commencé à mettre en œuvre le plan d’aménagement national du territoire. Car dans les recommandations du plan, il est prévu de rédiger tous les décrets. Nous avons proposé cinq niveaux dans le cadre de la hiérarchie fonctionnelle des établissements humains. Dakar sera une métropole internationale. Il est prévu 10 métropoles d’équilibre et des métropoles régionales. Il y aura aussi des centres secondaires stratégiques et des centres relais. Et c’est à partir des centres relais qu’il faut développer le territoire. En fait, des remodelages sont en train d’être faits parce que la gouvernance de certaines de nos grandes villes n’est plus adaptée ; par exemple : le continuum Dakar-Pikine-Guédiawaye jusqu’à Diamniadio.
LA LOI D’ORIENTATION DU PLAN NATIONAL D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE SERA VOTEE AU MOIS D’AVRIL
Les grandes affectations sont au nombre de quatorze. On a divisé le territoire national en quatorze zones et chaque grande affectation a une vocation dédiée. C’est une manière de territorialiser l’ensemble des politiques publiques. Il y a aussi la structuration du territoire par rapport à un transport multimodal. Pour la réalisation du plan, on a impliqué toutes les structures de l’Etat, mobilisé toutes les universités et recruté trois bureaux d’études. J’ai rencontré en dehors des équipes, plus de 200 personnalités. Maintenant, la loi d’orientation du plan national d’aménagement et du développement territoire sera votée au mois d’avril prochain. Après le vote de la loi, tout se fera en conformité avec ce plan. L’Etat se battra pour mettre en place les infrastructures qui figurent dans le plan. Le plan devait coûter 2,5 milliards mais on a dépensé moins. Il s’étale jusqu’en 2035, mais il est révisable chaque année. Aussi nous avons développé un outil qu’on appelle observatoire national pour le développement des territoires. Il va évaluer le plan.
LE CLUB VIRE LE MIS EN CAUSE ET APPORTE DES PRECISIONS
L’affaire du scandale sexuel qui a secoué le centre de formation Dakar Sacré-Cœur (D1 Sénégal) continue de susciter des indignations. Hier, le club de football a viré le mis en cause qui n’est personne d’autre que le chargé de la Cellule de performance
L’affaire du scandale sexuel qui a secoué le centre de formation Dakar Sacré-Cœur (D1 Sénégal) continue de susciter des indignations. Hier, le club de football a viré le mis en cause qui n’est personne d’autre que le chargé de la Cellule de performance. La direction a également expliqué de façon détaillée la procédure qui a abouti à l’arrestation d’Olivier Sylvain, en poste depuis 2019.
LES FAITS
Dakar Sacré-Cœur est au centre des débats avec une sombre histoire de scandale sexuel. Chargé du pôle performance au sein du club, Olivier Sylvain est directement cité dans cette affaire qui a secoué le monde du football. Au lendemain de l’éclatement du scandale, la direction du club a apporté ses explications. «L’équipe de football de l’AS Dakar Sacré-Cœur informe avoir dû mettre un terme, avec effet immédiat, à sa collaboration avec un volontaire du club, arrivé en octobre 2019, en charge de la Cellule de Performance, pour des faits contraires aux principes et valeurs qui sont les nôtres, mais aussi celles de nos partenaires. Ces faits se seraient déroulés dans le cadre des activités du secteur football professionnel de notre club. Dès qu’elle en a été informée, la direction du club a pris les mesures nécessaires pour que cet individu soit interpellé par les forces de police», informe un communiqué de Dakar Sacré-Cœur. Mais pour arriver à l’arrestation de la personne au cœur de cette histoire, le club a fait preuve de retenue et de maîtrise absolue. Selon le texte, tout est parti de propos rapportés par des collaborateurs du pôle médical, faisant état de conversations entre joueurs du Centre de formation, autour de gestes inappropriés de la part du Responsable du Pôle Performance (RPP).
Informés de ces propos le 6 février dernier, le Coordinateur Sportif et le Responsable Club Citoyen ont déclenché une procédure d’enquête interne. Le lendemain, c’est-à-dire le vendredi, trouvant les éléments de l’enquête interne suffisamment graves et édifiants, le Coordinateur Sportif et le Responsable Club Citoyen ont souhaité rencontrer le président Délégué du club, à savoir Mathieu Chupin. Suite à leur exposition des faits, une cellule de crise sera immédiatement mise en place. Sans attendre, le président Délégué a rédigé et transmis directement une lettre de signalement au Commissariat Central de Dakar.
L’INTERPELLATION
Il faudra attendre le samedi 8 février pour voir la police entrer dans la danse. Après avoir eu suffisamment d’informations, les forces de police, en collaboration étroite avec les responsables du club, ont procédé à l’interpellation de l’individu. Selon le communiqué de Dakar Sacré-Cœur, cela s’est passé samedi, peu après 9h. Le 10 février, Olivier Sylvain a été déféré et placé sous mandat de dépôt. Dans la même journée, explique le texte, les quatre (4) victimes présumées (à ce stade de l’enquête) ont été reçues individuellement par le président Délégué et ses proches collaborateurs. Leur responsable légal était également de la partie. En marge de ces échanges entre les différentes parties, une plainte commune a été déposée au Commissariat Central de Dakar.
UNE CELLULE PSYCHOLOGIQUE CONSTITUEE
Face à l’ampleur de la situation, la direction de Dakar Sacré-Cœur a pris les devants. Une cellule de soutien psychologique a été aussitôt constituée. « Le Président Délégué a réuni lundi tous ses collaborateurs afin de leur exposer les faits. En parallèle, tous les joueurs du Centre de Formation ont été individuellement reçus par la psychologue du club. Dans le cadre de la cellule de soutien psychologique, une permanence a été mise en place pour apporter son aide à toute personne qui en ferait la demande », renseigne le texte. Au titre des mesures prises, la Direction du club a rencontré les parents des nouvelles victimes présumées identifiées à l’issue de la journée du lundi 10 février 2020. Il en sera de même pour les autres joueurs du Centre de formation. Alors que les gens craignent d’autres nouveaux cas, Dakar Sacré-Cœur cherche encore les moyens de protéger les présumées victimes. « Compte tenu de la gravité des faits et afin de protéger nos joueurs et leurs familles, la préoccupation première du club à ce stade demeure la protection des victimes présumées et la collaboration pleine et entière avec la police et la justice pour faire toute la lumière sur cette affaire. Le club communiquera ultérieurement en fonction des avancées du dossier, si nécessaire », détaille le communiqué. Actuel deuxième au classement de la Ligue 1 sénégalaise, Dakar Sacré-Cœur avait fini de s’imposer comme un des centres les plus fiables du pays. Partenaire privilégié de l’Olympique Lyonnais depuis 2015, DSC avait récemment renouvelé pour deux ans son compagnonnage avec le club français. Et avec ce scandale qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, le club peut compter sur le soutien de ses partenaires stratégiques. « En marge de l’ensemble de ces dispositions, les principaux partenaires du club ont été informés de la situation. Ils ont confirmé leur soutien au club dans sa démarche transparente de signalement », a ajouté le texte.
VIDEO
ÉTO'O REJETTE L’IDÉE D'UNE CAN TOUS LES QUATRE ANS
Présent dans l’émission « Le débat africain » d’Alain Foka sur RFI, l’ex-attaquant camerounais est revenu sur le discours, à Rabat, du président de la Fifa, Gianni Infantino, que certains ont considéré comme paternaliste
Présent dans l’émission « Le débat africain » d’Alain Foka sur RFI, l’ex-attaquant camerounais Samuel Eto’o est revenu sur le discours, à Rabat, du président de la Fédération internationale de football (Fifa), Gianni Infantino, que certains ont considéré comme paternaliste.
« Il y a un partenariat gagnant-gagnant entre la Fifa et la CAF. Je suis proche de Gianni Infantino et d’Ahmad. Mais je crois que Gianni Infantino a manqué de tact. Surtout qu’il a les portes de la CAF grandes ouvertes », affirme l’ancien joueur du FC Barcelone, interviewé par Alain Foka dans «Le débat africain».
« Avant, entre la CAF et la Fifa, les relations n’étaient pas bonnes. Mais ça ne donne pas le droit aux autres de nous imposer des choses », ajoute le Camerounais précisant qu’il a été « très dur » sur le sujet lors d’un entretien avec Gianni Infantino. « Je n’accepte pas ce qu’il a dit », lâche-t-il.
Une CAN tous les 4 ans ? « C’est plutôt l’intérêt des Européens »
« La CAN génère vingt fois moins que l'Euro. Avoir une CAN tous les deux ans, est-ce bien sur le plan commercial? Cela a-t-il permis de développer les infrastructures? Pensez à l'organiser tous les quatre ans », avait notamment déclaré Gianni Infantino aux délégués des 54 fédérations nationales africaines de football, au Maroc.
Samuel Eto’o a un point de vue bien tranché. « Est-ce l’intérêt des Africains d’organiser une CAN tous les quatre ans? Je crois que c’est plutôt celui des Européens. Ils veulent avoir à disposition les Mohamed Salah, Sadio Mané ou Pierre-Emerick Aubameyang », avance Samuel Eto’o. « La Fifa défend l’intérêt des clubs européens », insiste l’ancien international.
« Où va-ton trouver l’argent avec une CAN tous les quatre ans ? »
« Comment va-t-on financer notre football? Où va-ton trouver l’argent avec une CAN tous les quatre ans ? », questionne l’ancien « Lion indomptable ». « Nous devons mettre notre football au niveau de celui des Européens.» Et selon Samuel Eto’o, c’est ce que le président Ahmad «est en train de faire».
Quant à la «mise sous tutelle » de la CAF par la Fifa, Samuel Eto’o ne voit pas les choses de cette façon. « Nous avons demandé l’aide de la CAF pour aller plus vite dans la restructuration », argumente Eto’o, au sujet d’une mission de six mois de Fatma Samoura au Caire.
« Il faut une politique sur le continent africain pour développer les championnats. C’est ce qui permettra aux équipes nationales de ne pas vivre dans le chantage », conclut Samuel Eto’o.
L’idée agitée par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye sur le «statut particulier» à doter aux villes capitales de régions, comme celle de Dakar, inquiète plus d’un.
L’idée agitée par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye sur le «statut particulier» à doter aux villes capitales de régions, comme celle de Dakar, inquiète plus d’un. De l’avis de certains experts en décentralisation, qui ont requis l’anonymat, une telle décision sonnerait comme un recul sur les exigences de démocratie représentative, non sans trouver «fallacieux» les arguments servis par l’actuelle patronne des Verts. Ils restent formels que cela relève simplement de la politique politicienne.
La ville de Dakar, comme certains chefs-lieux de régions avaient, vers les années 60 à 70 des statuts spéciaux, avec à leur tête des administrateurs spéciaux nommés par l’Exécutif. Mieux, Dakar et certaines communautés rurales, du temps de Me Wade, avaient été mises sous délégation spéciale. Toutefois, ce statut ne doit aucunement durer un certain nombre d’années, dans la mesure où il est encadré par des critères. D’où certainement l’idée de «statut spécial» pour la ville de Dakar, tout comme les villes capitales de régions, d’autant plus qu’il ne peut pas rester sous délégation spéciale éternellement.
Cependant, la question de l’opportunité d’une telle mesure taraude les esprits d’observateurs avertis. En tout état de cause, des experts en décentralisation contactés par la Rédaction de Sud Quotidien battent en brèche les arguments servis par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Aminata Mbengue Ndiaye, en marge de l’ouverture de la première session ordinaire 2020 du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
Tout d’abord, ils expliquent qu’à l’état actuel de notre démocratie, l’ensemble des maires sont élus au suffrage universel (indirect). C’est-à-dire qu’ils passent par des élections et bénéficient de la démocratie représentative pour être élus. Donc, en termes clairs, leur légitimité vient des urnes. Pour ce qui est du statut spécial, selon eux, le maire peut être nommé par le président ou par un ministre, selon les dispositions d’une loi, à savoir le Code général des collectivités territoriales modifié ou d’un décret. Ce qui voudrait dire, dans le cas d’espèce, que la ville de Dakar sera mise sous tutelle de l’Etat qui va décider des grandes orientations et de qui il va mettre à la tête de la ville.
Sur cette base, ces experts pensent que le principe de la décentralisation sera dévoyé, d’autant plus que l’idée était de donner aux populations la possibilité de s’auto-administrer en élisant leurs maires, leurs présidents de conseils départementaux, etc. Une occasion de montrer, selon eux, qu’il y avait une démocratie locale.
Par conséquent, ces derniers soutiennent qu’une telle décision serait «une rupture du processus démocratique», qu’«aucun argument ne peut justifier».
Même la thèse de l’existence de conflits politiques entre l’exécutif central et le maire de la ville de Dakar ne tiendrait pas la route, à leur avis. Car, ils trouvent que «si chacun respecte son domaine de compétence, il n’y aura pas de problème». Mieux, ils considèrent même que le principe de la démocratie voudrait qu’il y ait des communes gérées par l’opposition.
Quid alors des différends entre exécutif et maire de la capitale sénégalaise qui plomberaient le développement de Dakar ? Sur ce point, ces experts précisent que les finances sont différentes et que la ville de Dakar dispose de ses propres ressources. Même pour ce qui concerne les dotations de l’Etat, ils expliquent qu’il y a des critères de répartition selon le régime financier des collectivités territoriales et que le budget de la ville ne va aucunement changer selon que le maire ait été nommé ou qu’il ait été élu. Ainsi donc, ils avancent l’argument «des calculs politiciens» pour justifier une telle initiative, non sans avertir qu’il ne faudrait pas que «les calculs politiciens prennent le dessus sur les exigences de démocratie représentative».
"L’IDÉE DE NOMMER LE MAIRE DE DAKAR VA DANS LE SENS CONTRAIRE DE LA PROPOSITION FAITE AU SEIN DU DIALOGUE NATIONAL"
Trois questions à Ababacar Gueye, professeur de droit public
Comment appréciez-vous la proposition allant dans le sens de doter d’un statut spécial la ville de Dakar avec un maire qui sera nommé par décret présidentiel ou par un arrêté ministériel?
Déjà Dakar depuis 2016 n’a plus le statut de commune de droit commun. En effet, elle a été érigée en ville depuis cette période. Aujourd’hui, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales a proposé de faire évoluer cette situation en renforçant le statut spécial de la ville de Dakar. L’un des points forts de cette proposition est la nomination du maire par le pouvoir exécutif. Cette situation pourrait entraîner une certaine incompréhension d’autant plus que la réforme de l’acte III de la décentralisation est en cours et n’a pas encore fait l’objet d’évaluation. N’oublions que cette réforme avait déjà fait évoluer le statut des villes.
Ensuite dans le cadre du dialogue national, on parle de la volonté d’élire le maire au suffrage universel direct. Or, cette idée de nommer le maire de Dakar va dans le sens contraire de cette proposition qui constituerait une véritable avancée d’un point de vue démocratique.
Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas que l’Etat par cette réforme remette en cause l’autonomie de la ville de Dakar en en prenant le contrôle avec un maire aux ordres parce que nommé par le Chef de l’Etat.
Une telle mesure ne remettrait elle pas en cause la vocation de la décentralisation dont le but est de rapprocher l’administration des administrés mais aussi de permettre aux populations de choisir leur maire ?
Le rapprochement de l’administration des administrés est plus un objectif de la déconcentration que de la décentralisation. Les collectivités territoriales sont davantage des cadres de gouvernance locale et d’impulsion d’activités de développement.
Aujourd’hui, c’est une mesure qui pourrait remettre en cause le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales consacré par l’article 102 de la Constitution du Sénégal qui prévoit que «les collectivités territoriales constituent le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Elles s’administrent librement par des assemblées élues. »
La lecture de ce texte pourrait faire penser que l’obligation d’élection ne pèse que sur l’organe délibérant qu’est le conseil municipal en l’occurrence. Mais pour respecter les principes de la démocratie locale, il faudrait que le maire soit au moins élu par les populations en tant que conseiller municipal.
Personne n’ose dire que la démocratie locale est remise en cause aux Pays-Bas et pourtant dans cet Etat, les maires sont nommés par l’exécutif. Mais en général c’est la personnalité présentée par la liste qui a remporté les élections qui est nommée. Donc quelqu’un qui a déjà la légitimité démocratique.
Toutefois compte tenu des différents conflits entre le maire de Dakar et l’exécutif, une telle idée ne pourrait-elle être considérée comme une panacée dans le but de développer la capitale sénégalaise qui semble en pâtir ?
Je ne partage pas du tout cette idée. Un comportement responsable des autorités étatiques et territoriales devrait permettre d’éviter que la ville de Dakar subisse les conséquences de conflits purement politiques. Dakar c’est la capitale du Sénégal, le siège du Gouvernement du Sénégal. Mais c’est aussi une collectivité territoriale et le maire de Dakar, malgré le dédoublement fonctionnel, doit travailler pour satisfaire les besoins des populations locales. C’est la mission que la loi lui confère. Donc, malgré les contingences et les adversités politiques, les deux autorités doivent collaborer pour participer efficacement chacune en ce qui la concerne à la réalisation de l’intérêt général. Tout le reste ne peut que mener vers des situations de blocage et d’inertie. Ce qui est préjudiciable aux intérêts des populations.
«LES EXPORTATEURS ONT INJECTE PLUS DE 100 MILLIARDS DE FCFA»
Dans une interview accordée à Sud Quotidien, le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural Moussa Baldé est revenu sur cette campagne à double vitesse qu’il juge «réussie».
La campagne de commercialisation de l’arachide de cette année a suscitée beaucoup de débats chez les acteurs de la filière. Pendant que les producteurs se frottent les mains, parce qu’ayant écoulé leurs graines à des prix dépassant de loin le prix plancher fixé à 210 francs, les Huiliers, eux, se plaignent car l’arachide est devenu une denrée rare sur le marché à cause des exportations. Dans une interview accordée à Sud Quotidien, le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural Moussa Baldé est revenu sur cette campagne à double vitesse qu’il juge «réussie». Car selon lui, les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de Fcfa sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Mieux, les producteurs qui ont facilement écoulé leur productions à des prix record. Interpellé sur les statistiques du ministère jugées erronées par certains acteurs, le Ministre soutient qu’il n’a aucun argument scientifique pour contredire ces chiffres.
Certains acteurs de la filière disent que cette campagne est catastrophique. Qu’en pensez-vous ?
Je suis un mathématicien. Pour qualifier des choses, il faut qu’on s’entende sur des termes. Une campagne de commercialisation réussie, c’est une campagne où les producteurs arrivent à écouler leurs graines à bon prix. Cette année, tout le monde est d’accord que les producteurs ont écoulé leurs graines sans difficulté et à un prix jamais imaginé. Les prix ont haussé entre 250 et 325 francs le kilogramme. Aucun producteur n’avait imaginé qu’il pouvait vendre ses graines au bord de son champ à ces prix-là. Parmi les acteurs, il y’a un million de producteurs qui sont contents. Maintenant, on est d’accord qu’il y’a d’autres acteurs, en particulier les Huiliers qui n’ont pas pu collecter comme ils avaient l’habitude de le faire, en particulier la Sonacos. Ce qui peut menacer semble-t-il, 1500 emplois. Mais moi, en tant que ministre de l’agriculture, entre un million de producteurs et les 1500 emplois, je pense qu’on ne peut pas dire que la campagne est un échec. Les huiliers, depuis 3 ans achètent les graines à 150 francs le kilo gramme, pour les 210 francs, c’est l’état qui leur compensait à peu près 60 francs de kilogramme. Cette année, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas de compensation. Cette compensation a coûté 33 milliards de francs CFA à l’Etat du Sénégal, les trois dernières années. J’aimerais bien savoir si la masse salariale des saisonniers de ces Huiliers a atteint 33 milliards F Cfa ces 3 dernières années. Je ne le pense pas. Les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de francs CFA, sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Nous nous retrouvions dans le scenario, où les producteurs sont aux anges parce qu’ils ont vendu leurs graines environ 400 mille tonnes à plus de 250 francs, et les Huiliers qui sont à la peine. Mais étant donné que nous avons suspendu les exportations, nous espérons que le reste de la campagne qui court jusqu’au mois de mai, la Sonacos va pouvoir, elle aussi, avoir un taux de collecte raisonnable qui lui permet de faire fonctionner ses usiniers.
Avez-vous collecté suffisamment de semences pour la prochaine campagne agricole ?
Après 2 mois et 10 jours de campagne, le niveau de collecte global est d’environ 500 mille tonnes de graines coques parce qu’il ne faut pas confondre les graines décortiquées et les graines coques. On a collecté d’environ 500 mille tonnes. Nous avons les exportateurs qui ont exporté 200 mille tonnes, le 30 mille qui étaient déjà au Port que j’ai autorisé aussi pour l’exportation, soit environ 230 mille décortiquées. Si on convertit, c’est autour de 400 mille tonnes de graines. Le niveau de collecte des semences à ce jour est de 66 mille 430 tonnes de semences à certifier. Sur ces 66 mille 430 tonnes nous avons 55 mille 437 tonnes de semences certifiées. Sur un objectif global de 61 mille tonnes. Donc, nous avons atteint l’objectif à 83%, et nous pensons pouvoir atteindre l’objectif final d’ici la fin de la campagne en fin avril. Nous avons 9 mille tonnes de semence écrémées. Ce qui fait un total de 66 mille tonnes. On peut dire qu’actuellement notre objectif est couvert à hauteur de 83%.
Ensuite, il y’a les Huiliers. Cette année, il n’y a que la Sonacos qui s’active dans la collecte. La Sonacos à ce jour a collecté 18 mille tonnes environ. Sur cette collecte, on peut considérer que plus de 3 mille, c’est après la suspension. Donc la Sonacoss a bénéficié pour ce début de mois, aux effets de la suspension des d’exportations. Je rappelle que l’année dernière, à cette période, la collecte totale était au environ de 400 mille tonnes. Donc, la collecte de cette année est supérieure à ce jour à la collecte de l’année dernière.
Pourtant l’intersyndical des corps gras du Sénégal soutient que le chiffre de 1 million 400 mille tonnes avancé par le gouvernement comme étant la production de cette année est erronée. Sur qu’elle base faites-vous vos calculs ?
Vous savez, les méthodes utilisées par le ministère de l’agriculture, sont des méthodes qui sont rodées depuis plus de 5 ans. Ce sont des méthodes statistiques d’estimation, de production qui sont reconnues par les partenaires internationaux, en participer la FAO. Les enquêteurs de la direction de l’analyse et de la prévision des statistiques agricoles (Dapsa) sillonnent le pays avec un échantillon de 6 mille 300 ménages à l’intérieur du pays. Ce sont ces enquêteurs qui, depuis trois ans, quatre ans voire cinq ans, font l’estimation de la campagne. Ils ont estimé cette année la production à 1 million 400 mille tonnes. Je répète que je n’ai aucun argument scientifique pour contredire cela. Quand on regarde le niveau de collecte de cette année aujourd’hui 10 février (l’interview a été réalisée lundi, Ndlr), ce niveau est supérieur à celui qu’on avait l’année dernière à la même date. Je considère que le résultat est fiable, et la campagne sur le terrain prouve que leurs données sont fiables. Pour la production arachidière du Sénégal, il n’y a pas que la collecte officielle. Il y a beaucoup de personnes qui achètent des arachides et qui ne nous le déclarent pas. La deuxième chose, il y’a de producteurs qui ont gardé par devers eux, des milliers de tonnes qu’ils vont utiliser pour leurs semences, qu’ils ne nous déclarent pas. Tout le monde est d’accord qu’au Sénégal quand on regarde la consommation locale elle a été estimée il y a quelques années à 300 mille tonnes et je pense que cela n’a pas diminué. Je crois même qu’elle est supérieure à 400 mille tonnes. Donc, c’est l’ensemble de tout ça qui fait notre production arachidière. Encore une fois, je n’ai aucun argument scientifique pour contester les résultats qui m’ont été ramenés par le service des statistiques du ministère de l’agriculture.
Le gouvernement du Sénégal a pris la décision de suspendre les exportations de graines jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure n’est-elle pas tardive ?
Absolument pas ! Lorsqu’on s’était réuni au début de la campagne, chacun des acteurs avait défini ses objectifs. Par exemple la Sonacos avait fixé un objectif de 150 mille tonnes et les exportateurs 400 mille tonnes. Aujourd’hui, ils ont atteint les 400 mille tonnes. Je rappelle que l’année dernière, ils n’ont pas atteint ces 400 mille tonnes jusqu’au 30 avril et j’avais suspendu les exportations jusqu’au mois de mai. Cette année, ils les ont atteint le 31 janvier et j’ai dit aux producteurs que j’ai
décidé de suspendre les exportations de graines. Donc, il y a aucune contradiction. Il y a rien de tardif encore moins quelque chose de précipitée. Ce n’est pas seulement une décision du ministère de l’agriculture mais une décision du comité de suivi de la campagne agricole. Et il y avait les exportateurs, les Huiliers et des producteurs. Ils ont dit : compte tenu du niveau de collecte atteint par les exportateurs, nous pensons qu’il est temps de suspendre les exportations.
Avec les exportations de graines, les Huiliers étaient pourtant obligés de revoir à la baisse leurs objectifs. Maintenant, qu’il y a le gel, pensez-vous qu’ils seront en mesure de collecter suffisamment de graines cette année tout en sauvegardant leurs emplois menacés ?
Je l’espère.
Certains acteurs de la filière réclament votre départ à la tête du ministère de l’agriculture. Qu’en pensez ?
Je ne réponds pas à cette question.
Par Makhtar DIOUF
LE FRANC CFA OU LE CHAOS ?
Bon nombre d’Africains francophones sont sceptiques, résistants au changement, pensant que le franc CFA est la panacée, et que les pays africains de la zone franc (Pazf) sont incapables de prendre en mains leur destinée monétaire.
D’éminents économistes africains et français ont attiré l’attention sur le franc CFA avec des éclairages pertinents. Mais bon nombre d’Africains francophones sont sceptiques, résistants au changement, pensant que le franc CFA est la panacée, et que les pays africains de la zone franc (Pazf) sont incapables de prendre en mains leur destinée monétaire. Sans le franc CFA ce sera le chaos. Ils sont comme cet esclave dont parlait Cheikh Anta Diop : libéré par son maître, il va jusqu’à la porte, puis revient ; il ne sait pas où aller, il a perdu tout repère, toute idée d’émancipation, pensant que la servitude est sa condition naturelle.
Par conséquent, le devoir d’information et de sensibilisation doit continuer. Commençons par attirer l’attention sur l’historique du franc Cfa, dans ses aspects techniques, mais d’abord dans son côté crapuleux jonché de délits et de crimes, pour voir qui y tenait vraiment et pourquoi.
LA FACE CRAPULEUSE DE L’HISTORIQUE DU FRANC CFA
Deux présidents français pourtant assez différents, le général de Gaulle et Nicolas Sarkozy ont fait du franc Cfa un cactus : qui s’y frotte s’y pique. Comme le montrent les exemples suivants.
GUINEE : FAUX MONNAYAGE CONTRE SEKOU TOURE
Lorsque Sékou Touré proclame l’indépendance de la Guinée en 1958 et sort de la zone franc en 1960 pour créer le franc guinéen devenu syli, il devient pour de Gaulle l’homme à abattre. Le témoignage nous vient d’un de ses hommes de main pour les affaires africaines, surnommé « Ministre de l’Afrique », Maurice Robert, un des piliers de la Françafrique, moins connu que Jacques Foccart dont il est un proche collaborateur. Il est chargé du secteur Afrique du Sdece (Service de documentation extérieure d’espionnage et de contre-espionnage).
En 2004, un an avant sa mort, il libère sa conscience en publiant un ouvrage (Entretiens avec Jacques Arnault) intitulé Maurice Robert, ministre de l’Afrique. Voici ce qu’il écrit sur leurs rapports avec Sékou Touré :
Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition… Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération “Persil”, par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie… Cette méthode du faux monnayage est en revanche redoutablement efficace : les billets (fabriqués en France), de très bonne qualité, font tabac à Conakry, où le climat humide détériore la monnaie (guinéenne) imprimée à Prague, et inondent le marché guinéen. Cette phase de l’opération ‘’Persil’’ est un succès, ce qui ne fut pas le cas des autres.
Les ‘’autres cas’’, c’est l’armement et l’entraînement de mercenaires pour faire tomber Sékou Touré, comme l’écrit Maurice Robert, ajoutant que sa liquidation physique avait même été envisagée. Le faux monnayage est un délit contre lequel la police internationale Interpol a été créée en 1923. De Gaulle s’y est livré pour défendre son franc Cfa.
TOGO : SYLVANUS OLYMPIO ASSASSINE
Sylvanus Olympio n’a pas le profil du « président africain ami de la France ». Par ses origines lointaines (Brésil, Nigéria). Par sa formation : diplômé de London School of Economics and Political Science, ancien cadre de la multinationale Unilever. Il est polyglotte : anglais, français, allemand (né à Lomé sous l’occupation allemande).
En mai 1960 il déclare à l’Agence France Presse : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France». Selon Maurice Robert, à l’Elysée, Olympio est considéré comme plus dangereux que Sékou Touré. Début janvier 1963 il décide de quitter la zone franc pour créer une monnaie togolaise indexée au deutchmark allemand. Le 13 de ce mois il est criblé de balles à 7 h du matin, alors que la radio France Inter a annoncé sa mort une heure plus tôt. Selon le vétéran togolais GoodwinTeteh, il a été tué par des militaires français. L’ambassadeur de France au Togo Henri Mazoyer avait demandé à un légionnaire français Gnassingbé Eyadéma (futur président) d’endosser le crime contre paiement de 300 000 francs, une fortune à l’époque.
MALI : COUP D’ETAT CONTRE MODIBO KEITA
Au Mali, le président Modibo Keita quitte la zone franc en 1962 et crée une monnaie nationale. En 1968 il est renversé par un coup d’Etat qui installe au pouvoir un autre ancien légionnaire de l’armée française Moussa Traoré qui fait revenir le Mali dans la zone franc. Modibo Keita meurt en détention en 1977 dans des conditions non élucidées.
COTE D’IVOIRE : LAURENT GBAGBO ENLEVE ET DEPORTE
A la suite des élections controversées de 2010 en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo au pouvoir se voit refuser les caisses de la Bceao pour les besoins de son administration. Il décide de quitter la zone franc et de créer une monnaie ivoirienne, ce qui aurait sonné le glas du franc Cfa. Aussitôt le 3 avril 2011, Sarkozy lui envoie son armée pour l’enlever et le déporter aux Pays-Bas (Cour pénale internationale). Il installe au pouvoir A. Ouattara, ancien cadre du Fmi, ancien sous-gouverneur puis gouverneur de la Bceao, intégriste du franc Cfa.
LIBYE : KHADAFI ASSASSINE
Le journaliste américain Sydney Blumenthal est le conseiller technique de Hilary Clinton Ministre des affaires étrangères (Secretary of State) sous l’administration Obama 2009 - 2013. Il envoie à celle-ci secrètement par courrier électronique privé ‘’email’’ (ce qui est illégal) plus de 3000 mémos. En 2015 la justice américaine découvre l’affaire qui fait scandale (Hilary emailgate). Un de ces mémos du 2 avril 2011 révèle les véritables raisons de l’intervention française en Libye sur ordre de Sarkozy et de l’assassinat de Khadafi le 20 octobre 2011 :
Selon des sources autorisées, Khadafi disposait d’une masse de 143 tonnes d’or et du même montant d’argent équivalent à plus de 7 milliards de dollars qu’il comptait utiliser pour créer une monnaie africaine qui aurait entre autres été une alternative au franc Cfa. C’est lorsque Sarkozy a été informé de ce plan par ses services de renseignement qu’il a déclenché l’attaque en Libye en soutien des rebelles. Il déclare alors que Khadafi est une menace pour la sécurité financière du monde et que la France a décidé d’assumer son rôle devant l’histoire.
Cette monnaie africaine devait aussi « mettre fin à la tyrannie du dollar, monnaie de compte du pétrole » et c’est Hilary Clinton de mèche avec Sarkozy qui a persuadé Obama d’intervenir aussi en Libye avec le mensonge amplement médiatisé d’action humanitaire contre Khadafi qui allait massacrer son peuple.
Pourquoi diantre cet acharnement de gouvernements français à défendre le franc Cfa jusqu’au crime ? Quel est le mobile du crime ? Et si François Mitterrand avait mis sur une piste ? Dans un ouvrage de 1957 Présence française et abandon, l’ancien ministre des colonies (1950-51), écrivait : « Sans l’Afrique il n’y aura pas d’Histoire de France au 21ème siècle ... Déjà la France sait combien l’Afrique lui est nécessaire » (p. 237).
DANS L’ANTRE DU FRANC CFA
Pour pénétrer l’antre du franc Cfa, sans risque d’erreur ou de subjectivisme, prenons comme boussole deux ouvrages écrits par des Français ardents défenseurs de la zone franc : Bernard Vinay, ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale, auteur de Zone franc et coopération monétaire, Ministère de la coopération, 1980 ; Patrick et Sylviane Guillaumont, professeurs d’Economie à l’université de Clermont-Ferrand, consultants des autorités monétaires françaises, auteurs de Zone franc et développement africain, 1984.
Bernard Vinay dit d’emblée que « la zone franc est une organisation unique au monde » (p.3) et qu’elle repose sur trois principes : parité du franc Cfa avec le franc français en libre convertibilité ; centralisation des devises africaines (réserves de change) au Trésor français avec garantie du franc Cfa ; libre circulation des capitaux. Le pivot de la zone franc est la centralisation des devises. C’est pour cela que la zone franc a été créée en 1939 par la France avec toutes ses colonies d’Afrique et d’Indochine pour se constituer un fonds de guerre.
COMPTE D’OPERATIONS ET GARANTIE DE LA FRANCE
Selon B. Vinay « la France s’engage à fournir sur simple demande des francs français avec lesquels les agents économiques des pays partenaires pourront, soit régler leurs achats de biens et services, soit acquérir sur le marché des changes de Paris toutes les devises dont ils pourraient avoir besoin… »
Que deviennent les devises des pays africains au Trésor français ? :
Les conventions que les banques centrales (de la zone franc) ont passées avec le Trésor français leur font obligation de centraliser toutes leurs ressources de change en francs français dans les ‘’ comptes d’opérations’’ que cet organisme leur a ouverts ... La Banque de France devait se porter acheteur de la monnaie dont le cours en francs français risquait en fonction d’un excédent des demandes sur les offres de dépasser la limite haute. Dans ces conditions les opérations de change sur le marché des changes de Paris pouvaient conduire la Banque de France à intervenir et éventuellement à accumuler des ressources de change provenant de cessions par des agents économiques des pays partenaires de la zone franc (p.225).
Cela signifie que les devises africaines au Trésor français sont converties en francs français pour soutenir le cours du franc français au jour le jour, contribuant ainsi, autant que possible, à la stabilité de cette monnaie.
Rappelons qu’en juillet 1944, 44 pays se réunissent à Bretton-Woods aux Etats-Unis pour se pencher sur l’instabilité monétaire. Le Fmi et la Banque mondiale sont créés. Une autre mesure prise est la fin de l’étalon- or (émission de monnaie gagée sur l’or). Les Américains dont l’économie n’a pas été affectée par la guerre qui a eu lieu en Europe ont l’économie la plus puissante et peuvent imposer le dollar comme gage de toute émission monétaire. C’est l’avènement du ‘’gold exchange standard’’ (étalon change or) : l’émission du dollar est gagée sur l’or, et l’émission des autres monnaies est gagée sur le dollar jugé aussi bon que l’or (« as good as gold »), à un taux fixe autour d’une marge de fluctuation de plus ou moins 1 pour cent (passé à plus ou moins 2,25 pour cent). Ces monnaies doivent être soutenues sur le marché des changes par des opérations d’achats et de ventes de devises pour rester dans ces limites afin d’éviter la dévaluation.
Pierre Mendès-France représentant français à la réunion de 1944 signe l’accord, mais de Gaulle ne le ratifie qu’un an après, le 26 décembre 1945, après avoir la veille (25 décembre) créé le franc Cfa. Bizarre, non ?
LA GARANTIE A-T-ELLE ETE EFFECTIVE ?
Suivons B. Vinay : « La garantie est virtuelle aussi longtemps que les instituts d’émission (africains) disposent de réserves (p. 116) … Lorsque les pays de la zone franc disposent de réserves de change, cette garantie est purement nominale puisqu’elle n’est pas mise à contribution » (p.117).
P et S Guillaumont présentent l’évolution des avoirs extérieurs des pays de l’Uemoa (p. 68 – 69) : de 1963 à 1979 ils ont été créditeurs et en progression. Et ils écrivent : « Lorsque le solde est positif, il constitue un gain de devises pour la France (p. 57) ».
Lorsque le solde du compte d’opérations des pays de l’Uemoa devient négatif en 1979, la France s’écarte pour faire passage au Fmi qui intervient pour la première fois dans ces pays avec des financements assortis de conditionnalités : les programmes d’ajustement structurel. P et S Guillaumont en rendent ainsi compte : « La conditionnalité du Fmi modérait les risques que pouvait faire courir à la France l’automaticité du recours au compte d’opérations » (p. 209).
Quels risques pour la France ? Pour une fois qu’il lui est donnée l’occasion de faire jouer sa garantie, elle se décharge sur le Fmi. (C’est la France qui en 1962 avait parrainé l’admission de ses anciennes colonies au Fmi). S’il est vrai que les avoirs extérieurs des pazf n’ont jamais atteint 10 pour cent des avoirs extérieurs français, la Banque de France les utilisait tout de même sur le marché des changes pour soutenir le cours du franc français. Autre mise à contribution des pazf. En 1940 les Allemands occupent Paris, et les autorités françaises pour sauvegarder les lingots d’or de la Banque de France en transfèrent une partie sur l’axe Dakar-Thiès-Kayes.
FRANC CFA ET DEVELOPPEMENT
L’argument sempiternellement avancé pour le franc Cfa est la stabilité. Quelle stabilité ? Sûrement pas politique, au regard du record détenu de coups d’Etat. Au plan économique, dans l’Uemoa, 6 pays sur 8 sont classés pma (pays moins avancés). La stabilité se réduit en fait à l’octroi de crédits au compte-gouttes aux économies africaines, pour soi-disant éviter l’inflation.
Lisons B. Vinay : Les politiques de crédit expansionnistes sont généralement inadaptées dans ces pays. Les structures de production sont insuffisamment diversifiées, et en tout état de cause manquent d’élasticité : elles ne sont pas prêtes à répondre à une croissance rapide de la demande provoquée par le développement du crédit. Un développement rapide du crédit est de ce fait plus enclin sur le plan intérieur à peser sur les prix qu’à générer l’activité (p. 95).
Autrement dit, il faut laisser les pays africains dans le statu quo du sous-développement. Il ajoute : « Les banques centrales de la zone franc ont pendant longtemps fixé des taux d’intérêt parmi les plus bas du monde » (p.98). Une bonne manière d’encourager la fuite de capitaux vers des sites plus rémunérateurs.
Le cheminement avec le franc Cfa a été parsemé d’autres embûches non favorables au développement. Par exemple, les entreprises françaises ont longtemps disposé d’un quasi-monopole sur les importations de produits manufacturés des pazf. Avec l’osmose entre le franc français et le franc Cfa, traiter avec un fournisseur français, c’est comme aller faire ses courses au marché du quartier. Alors que son concurrent allemand peut être plus compétitif en prix et qualité, mais éloigné par les complexités de change monétaire, et aussi la langue. Les dévaluations du franc français, 8 fois depuis 1948, compte tenu de la parité fixe avec le franc Cfa, ont entraîné des pertes importantes pour les pazf. Surtout au niveau de la dette contractée en d’autres devises. Des milliards de francs sont ainsi partis en fumée.
Il n’est pas étonnant que le franc Cfa n’ait pas contribué au développement des pazf. Les derniers Rapports 2018 et 2019 sur l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement sont accablants. Les 8 pays de l’Uemoa figurent tous dans le peloton de queue, derrière le Cap Vert et la Mauritanie, pays hors zone franc. L’indice de développement humain prend en compte le revenu par tête, mais aussi les indicateurs d’éducation et de santé. Parmi les 12 premiers pays africains figure un seul de la zone franc, le Gabon classé 7ème grâce à son revenu par tête généré par d’importants pétrodollars et une faible population d’un peu plus de 2 millions d’habitants.
Les obstacles au développement des pays africains de la zone franc sont certes nombreux. Mais le franc Cfa en est un. « Le sort de l’homme se joue sur la monnaie » écrivait Jacques Rueff, conseiller monétaire du général de Gaulle, dans L’âge de l’inflation (1963).
QUAND LA FRANCE LACHE DU LEST
L’appartenance à la zone franc autorisait à faire fi de la souveraineté des membres africains. Comme le dit B. Vinay :
Jusqu’en 1973, les gouverneurs généraux des banques centrales étaient désignés par le gouvernement français (p. 126). Après l’africanisation des postes de direction, un accord entre la France et les pays membres stipule que deux administrateurs désignés par le gouvernement français participent au conseil d’administration de la Bceao dans les mêmes conditions et avec les mêmes attributions que les administrateurs désignés par les Etats membres (p.127)… Il est des circonstances où les décisions des conseils d’administration ne peuvent être prises qu’avec l’appui effectif de la représentation française » (p. 129).
La sortie de Madagascar et de la Mauritanie en 1973 n’a pas été sans effet sur les mesures de concession partielle de souveraineté qui allaient suivre. Sans doute pour ne pas donner des idées à d’autres. Le premier Africain gouverneur de la Bceao est nommé en 1974, et en 1977-78 le siège est transféré de Paris à Dakar.
L’année 2019 a été marquée par des attaques sans précédent contre le franc Cfa : manifestations, écrits documentés d’intellectuels africains appuyés par des démocrates français, accusations de responsables politiques italiens contre la France dans sa politique avec les pays africains … La coupe était devenue trop pleine. Ce qui a conduit au projet de remplacer le franc Cfa par l’éco, avec comme principales mesures la fin de la détention des réserves de change de l’Uemoa en France et de la représentation française dans la Bceao.
DU FRANC CFA A L’ECO
Le projet éco court circuite le projet initial de dirigeants africains de la sous-région consistant à procéder en deux étapes : dans un premier temps, au niveau de l’Uemoa remplacer le franc Cfa par une monnaie indépendante, adopter une monnaie commune entre les pays à monnaies autonomes, pour dans un second temps fusionner les deux monnaies dans le cadre de la Cedeao, à l’horizon 2005.
Les pays de la Cedeao hors zone franc ont été pris de court par l’initiative éco. Dans l’immédiat, les pays Uemoa doivent lancer leur expérience de monnaie autonome, quitte à ce que des pays de la Cedeao viennent y adhérer par la suite individuellement.
POUR UNE MONNAIE OUEST-AFRICAINE NON-CFA
Faut-il brûler le palais présidentiel de Dakar parce qu’il a été la résidence des gouverneurs de l’Aof ? Personne n’y pense. Gardons notre Bceao, expurgée de ses scories coloniales, pour mener notre première expérience de monnaie commune indépendante.
QUID DES CRITERES DE CONVERGENCE ?
Les critères de convergence (cdc) sont des normes présentées comme devant être respectées par chacun des pays engagés dans une expérience de monnaie commune : taux d’inflation, taux de déficit budgétaire, taux d’endettement, à ne pas dépasser. Le traité de Maastricht de 1992 instituant l’Union européenne en remplacement de la Communauté économique européenne incorpore les cdc sur conseil de l’économiste canadien Robert Mundell, théoricien de la zone monétaire optimale.
Cependant, au moment de lancer la monnaie commune euro en janvier 2000, la moitié des pays membres ne remplit pas les exigences des cdc. Mais il faut faire vite et on ferme les yeux. La marche de l’euro est par la suite truffée de manipulations et maquillages de statistiques par certains membres pour se conformer aux cdc.
Il est certes préférable dans une zone monétaire que chaque économie fonctionne avec une bonne maîtrise de l’inflation, du déficit budgétaire, de l’endettement …, pour éviter de grandes disparités. Mais il n’y a pas lieu de faire des critères de convergence une obsession, de s’y focaliser au point de bloquer l’avènement de monnaies communes africaines. Depuis les années 1960, l’inflation est devenue le cauchemar des pays occidentaux. La lutte contre l’inflation est ainsi le premier objectif de politique économique dans ces pays développés. Cet objectif, quelle que soit son importance, peut-il constituer la priorité des priorités dans des pays africains qui cherchent à se développer ?
MYTHE AUTOUR DE LA CONVERTIBILITE
Certains Africains se confortent dans la possibilité de pouvoir convertir leurs francs Cfa en d’autres monnaies. Encore que cette convertibilité soit limitée, même entre le franc Cfa d’Afrique de l’Ouest et celui d’Afrique centrale. Il existe actuellement dans le monde 180 monnaies différentes, dont 18 totalement convertibles sans restriction, le reste étant constitué par des monnaies partiellement convertibles et des monnaies non convertibles. Ce sont les gouvernements et leurs banques centrales qui chaque année décident du degré de convertibilité de leurs monnaies, tenus d’en informer le Fmi.
Les monnaies classées les plus convertibles (dollar US, euro, franc suisse, livre sterling, yen japonais) sont certes celles de grandes puissances économiques. Mais la monnaie du Kenya, le shilling, est totalement convertible, alors que le réal, monnaie du Brésil émergent, n’est que partiellement convertible. Pourtant le produit intérieur brut du Brésil fait 27 fois celui du Kenya, et le revenu par tête d’habitant 4,5 fois (chiffres 2019). En Chine, il a été décidé que la monnaie le renminbi (unité de compte yuan) ne soit que partiellement convertible.
Ce n’est pas la monnaie qui fait elle-même sa convertibilité. C’est le gouvernement qui en décide. Il n’existe aucun critère unanimement établi pour conférer la convertibilité à une monnaie. On aurait tort de penser que la convertibilité, même limitée, du franc Cfa est un gage de monnaie forte qu’il serait aventureux d’abandonner.
Atouts d’une monnaie Uemoa non-Cfa
Les pays de l’Uemoa sont parfaitement en mesure de battre monnaie par la Bceao sans ingérence de la France. Ce ne sont pas les atouts qui manquent.
(1)Selon le ‘’Rapport sur la politique monétaire de l’Uemoa, Bceao, juin 2019’’, le montant des réserves de change est de 8 874,5 milliards francs Cfa en mars 2019, soit un taux de couverture de l’émission monétaire de 77,1 pour cent et près de 5 mois d’importations de biens et services. Ce qui est bien suffisant pour émettre une monnaie solide et crédible.
(2)Un facteur important d’une expérience monétaire est l’indépendance de la banque centrale. Une banque centrale commune à un groupe d’Etats est une garantie. Elle ne peut être manipulée par un seul Etat jusqu’à déclencher une spirale inflationniste.
(3)La Bceao dispose d’une quarantaine d’années d’expérience en sol africain. Les banques centrales des pays africains à monnaies autonomes n’avaient pas une telle expérience en matière de gestion monétaire au moment de s’affranchir de la tutelle monétaire coloniale. Pourtant, par leurs performances économiques ces pays n’ont rien à envier aux pazf.
(4)La monnaie commune non-Cfa ne risque pas d’être perturbée par le voisinage avec les monnaies inconvertibles des pays frontaliers. L’insularité géographique a été un facteur non négligeable de la réussite monétaire du Cap Vert, à la différence de la Guinée-Bissau qui a fini par adopter le franc Cfa.
Le gouverneur de la banque centrale de Mauritanie dans une interview à ‘’La Tribune Afrique’’ en juillet 2018 déclarait : « Nous avons quitté le Franc Cfa et nous ne le regrettons pas ». Il ajoutait que l’inflation y est bien maîtrisée autour de 3 pour cent. Lorsque la Mauritanie crée sa propre monnaie (ouguiya) en 1973, ses avoirs extérieurs au Trésor français ne sont que de 3. 136 millions francs Cfa, le montant de loin le plus faible des membres de la Bceao où le montant total est de 72.192 millions francs Cfa, soit 4 pour cent seulement.
Ce que le Cap Vert et la Mauritanie ont fait individuellement, pourquoi les 8 pays de l’Uemoa ne peuvent pas le faire, et en mieux, avec une banque centrale commune indépendante des Etats et sans tutelle extérieure ? Les citoyens de cette zone monétaire peuvent se rassurer. Il n’y a pas péril en la demeure.
Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Une nouvelle monnaie n’a jamais et nulle part été plébiscitée par les populations. Dans l’Union européenne, les Suédois et les Danois ont par référendum rejeté l’adhésion à l’euro. Pour les Britanniques, il n’était pas question d’abandonner la livre sterling. L’euro a tardé à être accepté et a encore ses détracteurs. Il en sera de même avec la nouvelle monnaie non-Cfa.
L’appréhension des populations à l’égard d’une nouvelle monnaie a surtout prévalu tant que la masse monétaire était constituée pour l’essentiel par la monnaie liquide dite fiduciaire (billets et pièces métalliques). Cette inquiétude peut être dissipée en partie avec l’avènement de la monnaie électronique qui permet les transactions (paiement de factures, envois d’argent, achats sur Internet… etc.) sans contact physique avec des signes monétaires.
Pour plus d’indépendance, la nouvelle monnaie non-Cfa, peu importe le nom à lui donner, devra être indexée à un panier de monnaies et non au seul euro. Cela évitera en tout cas à la nouvelle Bceao dêtre présentée comme la Banque centrale européenne en Afrique de l’Ouest.
NB. Cfa : Colonies françaises d’Afrique, puis Communauté financière africaine. Cette étude a été limitée à la zone franc Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).
FOOT AFRICAIN, HUIT ANNEES DE CRISES A LA CAF, EN CINQ ACTES
Un audit de la Confédération africaine de football (CAF), mené par la société PwC, pointe de nombreuses dérives et de multiples dysfonctionnements au sein de la CAF. Cette affaire n’est qu’une nouvelle crise parmi celles que la CAF traverse depuis 8 ans
Un audit de la Confédération africaine de football (CAF), mené par la société PwC, pointe de nombreuses dérives et de multiples dysfonctionnements au sein de la CAF. Cette affaire n’est qu’une nouvelle crise parmi celles que l’institution basée au Caire traverse depuis huit ans.
ACTE I : LA VOLTE-FACE D’ISSA HAYATOU (2012-2013)
Nous sommes en mars 2011 au Soudan et Issa Hayatou songe sérieusement à passer la main après 24 années de présidence à la CAF. Celui qui dirige l’instance depuis 1988 vient d’accompagner la première Coupe du monde sur le sol africain et a lancé avec succès une nouvelle compétition, le Championnat d’Afrique des nations. Les récentes éditions de la CAN (Égypte 2006 et Ghana 2008) ont été plutôt réussies à leurs manières, comme le seront celles de 2012 (Gabon-Guinée équatoriale) et de 2013 (Afrique du Sud). Il y a bien sûr de sérieuses ombres au tableau (une CAN 2010 catastrophique marquée par le drame de Cabinda et de récurrentes accusations de corruption). Mais, avant la finale du CHAN 2011, le Camerounais, qui souffre de sérieux problèmes de santé, se dit prêt à partir. Sauf si on lui demande de rester, précise t-il toutefois. Ce que certains membres de son entourage – trop heureux et habitués aux privilèges du football – ne vont pas manquer de faire, multipliant les louanges à son endroit. En 2012, Issa Hayatou change donc d’avis. Il décide de briguer un septième mandat. Problème : Jacques Anouma, son principal rival, veut prendre sa succession. Les manœuvres en coulisse commencent. La garde rapprochée d’Issa Hayatou s’assure du fait que l’Assemblée générale vote de nouveaux statuts qui excluent de facto Anouma de la course à l’investiture. Seule une personne élue au Comité exécutif de la CAF – ce qui n’est pas le cas de l’Ivoirien – peut désormais être candidate. Le « Lion » de Garoua est réélu, par acclamation et sans adversaire, en mars 2013 à Marrakech, en dépit de procédures devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) et de la fronde de certaines fédérations ouest-africaines.
ACTE II : LE MANDAT DE TROP POUR ISSA HAYATOU (2013-2017)
Les quatre années suivantes ne vont pas apaiser les tensions, malgré quelques coups d’éclat sur le terrain financier (partenariat avec le groupe Total, et signature d’un accord avec la société Lagardère Sports contre 1 milliard de dollars). La Coupe d’Afrique des nations, tout d’abord, doit changer deux fois de suite de pays hôte. Le Maroc refuse d’abriter la CAN 2015 aux dates prévues (officiellement, par peur du virus Ebola), puis la Libye est dans l’incapacité d’accueillir la CAN 2017. Par ailleurs, le Camerounais ne parvient pas à décrocher une sixième place en Coupe du monde pour l’Afrique pour les éditions 2018 (Russie) et 2022 (Qatar), alors que c’était son grand objectif affiché. Surtout, en 2014, son pays obtient l’organisation de la CAN 2019 et la Guinée, battue pour l’attribution de la CAN 2021, récupère la CAN 2023 sans réel appel à candidature pour cette édition. Aujourd’hui encore, des dirigeants de la CAF dénoncent un cadeau fait à Issa Hayatou et à son ex-collègue et ami guinéen Almamy Kabele Camara. Ces choix marquent également un tournant dans les rapports entre anglophones et francophones à la CAF. Ils provoquent la fureur de délégués issus d’Afrique de l’Est (CECAFA) et australe (COSAFA). Et c’est justement des rangs du COSAFA que va surgir celui qui va faire chuter Issa Hayatou.
ACTE III : LES CONSÉQUENCES INDIRECTES DU «FIFAGATE »
(2015-2016) En attendant, le patron du foot africain doit assurer l’intérim à la tête de la Fédération internationale (FIFA), en sa qualité de viceprésident le plus âgé. L’omnipotent président de la FIFA, Joseph Blatter, a en effet démissionné le 2 juin 2015, suite à une incroyable série de scandales, survenue juste avant sa réélection. Ce « Fifagate » conduit à la déchéance de nombreux dirigeants du foot mondial, dont le Français Michel Platini. La CAF et ses membres sortent toutefois relativement épargnés de ce chaos indescriptible. Issa Hayatou conduit ainsi l’institution jusqu’à l’élection du successeur de Blatter, prévue le 26 février 2016. Quelques jours plus tôt au Rwanda, la CAF a apporté son « soutien entier » au patron de la Confédération asiatique (AFC), le Cheikh Salman Bin Ebrahim Al Khalifa (Bahreïn). Gianni Infantino, Secrétaire général de l’UEFA, s’est également rendu à Kigali, en marge du CHAN 2016, pour défendre sa candidature devant les électeurs africains. Mais le Suisse n’est pas franchement le bienvenu. Le Camerounais va vite le regretter. À la surprise générale, Infantino est élu président de la FIFA. Celui qui a bâti sa campagne sur des promesses de réforme et de transparence souhaite en finir avec le système Blatter dont Hayatou est devenu un élément essentiel.
ACTE IV : LA VICTOIRE D’AHMAD ET DES RÉFORMES EN CASCADE (2017-2018)
Gianni Infantino s’est toujours défendu d’avoir contribué à la chute d’Issa Hayatou. Il n’empêche : lorsque le patron de la FIFA se rend en mars 2017 à AddisAbeba pour le soixantenaire de la CAF, les relations entre les deux institutions sont devenues exécrables. L’entente cordiale qui prévalait sous le règne de Joseph Blatter semble bel et bien révolue. Gianni Infantino, lui, a multiplié les visites dans des pays souvent acquis à la cause d’Ahmad, l’autre candidat à la présidence de la Confédération africaine de football. Même s’il soupçonne la Fédération internationale de rouler pour son adversaire, le clan Hayatou ne se méfie pas assez du Malgache. Grossière erreur : à la stupeur générale, ce dernier s’impose largement, 34 voix à 20. Furieux, le perdant prend à partie la cheffe de l’administration de la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samoura. Il l’accuse d’avoir fait campagne contre lui. Vingt-neuf années de pouvoir s’achèvent dans la confusion. Sitôt élu, Ahmad affiche ses (grandes) ambitions. Il se lance dans une série de mesures et de réformes : refonte de la Coupe d’Afrique des nations avec un passage de 16 à 24 équipes, réorganisation des services administratifs de la CAF, remise en cause du contrat avec la Société Lagardère Sports… Le nouveau patron du ballon rond africain critique particulièrement le Cameroun, censé accueillir la CAN 2019 et qui a déjà accumulé beaucoup de retard dans les préparatifs.
ACTE V : DE GLISSEMENTS EN DÉRAPAGES (2018-2020)
Incapable d’organiser dans les temps une CAN à 24, le Cameroun doit céder l’édition 2019, qui sera ensuite confiée à l’Égypte. Mais les nouveaux dirigeants de la CAF ont tout prévu : ils se lancent dans un périlleux exercice de décalage. Aux Camerounais, ils proposent une CAN 2021 déjà promise à la Côte d’Ivoire. Et aux Ivoiriens, ils offrent la CAN 2023. Les Guinéens, eux, sont priés d’accepter un report à 2025. Après beaucoup de crispations et d’incertitudes, les trois pays acceptent cet improbable glissement. La CAF sort en apparence indemne de ce numéro d’équilibriste. D’autant que la CAN 2019 en Égypte s’avère plutôt réussie. Mais en coulisses, c’est une autre histoire. Plusieurs membres du Comité exécutif sont arrêtés par la justice et/ou parfois exclus du monde du football par la FIFA. Le Secrétaire général de la Confédération, Amr Fahmy, est viré. L’Égyptien a envoyé au Comité d’éthique de la FIFA un dossier contre son patron. Ahmad y est pêle-mêle accusé d’abus de pouvoir, de harcèlement sexuel… En juin 2019 à Paris, il est entendu par la justice locale pour un contrat passé avec une entreprise française. Fraichement réélu, Gianni Infantino décide de reprendre les choses en main. Il dépêche Fatma Samoura pour une mission de six mois en Afrique. Le cabinet PwC mène par ailleurs un audit sur le fonctionnement de l’institution basée au Caire, de 2015 à 2018. Soit de la fin des années Hayatou au début du mandat d’Ahmad. Les conclusions des auditeurs donnent l’image d’un organisme gangréné et à la dérive. Le 14 février 2020, le Comité exécutif doit se réunir. Les réformes nécessaires pour sortir la CAF d’une impasse seront au menu des discussions.