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27 septembre 2025
QUI FINANCE L'OMS ?
L'OMS dont le budget pour 2020 et 2021 est de 5,8 milliards de dollars, est financée à la fois par des Etats et des organisations. Et il pourrait grandement diminuer si les Etats-Unis retiraient leurs financements, comme l'a esquissé Trump
L'Organisation mondiale de la santé, dont le budget pour 2020 et 2021 est de 5,8 milliards de dollars, est financée à la fois par des Etats et des organisations. Et il pourrait grandement diminuer si les Etats-Unis retiraient l'intégralité de leurs financements, comme l'a esquissé Donald Trump.
Question posée par Benoît le 15/04/2020
Bonjour,
Vous nous avez demandé quel était le budget de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses sources de financement, à la suite de déclarations de Donald Trump. Le 15 avril 2020, le président américain a annoncé, lors d’une conférence de presse à Washington, qu’il suspendait la contribution des Etats-Unis à l’OMS. Il a en effet accusé à plusieurs reprises l’institution de «mauvaise gestion et de dissimulation de la propagation du coronavirus», comme dans cette vidéo twittée par la Maison Blanche.
Il a également indiqué que cette suspension de la contribution allouée par les Etats-Unis à l’OMS perdurerait le temps d’évaluer le rôle de l’OMS dans la gestion de la pandémie. Il reproche l’indulgence de l’organisation internationale à l’égard de la Chine et des mesures prises pour endiguer le Covid-19.
L’OMS a déclaré «regretter cette décision», et son directeur, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué qu’ils allaient étudier l’impact de la décision américaine et les moyens de la compenser. La France a employé les mêmes mots et affirmé «espérer un retour à la normale»,l’Allemagne a également dénoncé la décision de Washington et Moscou l’a qualifiée «d’approche très égoïste».
Ils ont cependant été plusieurs à interroger la gestion de la pandémie par l’OMS. Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangère, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangère, a déclaré : «Il y a sans doute des choses à dire sur le fonctionnement de l’OMS, peut-être un manque de réactivité, d’autonomie par rapport aux Etats, peut-être un manque de moyens de détection, d’alerte et d’information, de capacité normative.» Les dirigeants du G7 ont pour leur part appelé le 17 avril à un examen et une réforme de l’OMS.
Contributions fixées et volontaires
L’OMS est une institution basée à Genève (Suisse), qui existe depuis 1948 et dépend directement de l’Organisation des Nations unies (ONU). Son rôle est de promouvoir et veiller à la santé publique dans le monde en mettant en place des règles sanitaires et des lignes directrices. Elle stimule la recherche par la mise au point de protocoles, par exemple. Le rôle de l’OMS est également d’apporter de l’aide aux pays dans le but de favoriser l’accès de tous aux services de santé.
La politique de l’OMS est déterminée par un «budget programme» défini sur une période de deux ans. Celui pour la période 2020-2021 a été voté en mai 2019 par l’Assemblée mondiale de la santé qui regroupe les pays membres de l’OMS.
Le budget programme 2020-2021 s’élèvera à 5,840 milliards de dollars américains (soit 5,365 milliards d’euros), selon le texte de la résolution (page 2). Qui prévoit aussi les principaux postes de dépense de ce budget : le programme de couverture sanitaire universelle, les frais de fonctionnement de l’organisation et divers programmes de santé comme celui contre la poliomyélite.
Dans ce même document, on apprend que le budget est partagé entre les contributions fixées pour les Etats membres, qui représentent presque 20% du budget de l’OMS (environ un milliard de dollars), et des contributions volontaires, pour les 80% restants.
Concernant le milliard de contributions fixées, chaque Etat membre verse un pourcentage de la somme totale. Cette part est calculée «en fonction de la fortune et de la population du pays», peut-on lire sur le site internet de l’organisation. Les cinq premières contributions fixées pour le budget programme 2020-2021 sont celles des Etats-Unis (22%), de la Chine (12%), du Japon (8,6%), de l’Allemagne (6,1%) et du Royaume-Uni (4,6%). La France est en sixième position (4,4%), comme le montre ce barème des contributions adopté par la 72e assemblée.
Cela représente, par exemple pour les Etats-Unis, un versement de 115,8 millions de dollars américains (environ 106 millions d’euros) en 2020, et autant pour 2021, comme indiqué dans ce tableau avec la somme due par tous les autres membres.
Les Etats-Unis, également premiers contributeurs volontaires
Les contributions volontaires, quant à elles, peuvent être versées par des Etats membres mais aussi par des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des acteurs publics ou privés. Elles représentent donc près de 80% du budget de l’OMS.
Les derniers chiffres disponibles sont ceux de l’année 2018, première année du précédent budget programme biennal (2018-2019). Les Etats membres sont les principaux contributeurs volontaires, ils apportent 52% de la somme totale (environ 1,2 milliard de dollars américains, soit 1,1 milliard d’euros pour l’année 2018). Les Etats-Unis sont aussi le premier contributeur volontaire, à hauteur de 281 millions de dollars (environ 260 millions d’euros), d’après ce récapitulatif.
Dans ce même document, le second contributeur volontaire – et premier contributeur non étatique – est la Fondation Bill-et-Melinda-Gates, qui a apporté 229 millions de dollars américains (soit 211 millions d’euros).
On ne sait pas encore quelle partie de leur contribution, fixée ou volontaire, les Etats-Unis vont retirer. Au 31 mars 2020, selon les documents de l’OMS, Washington devait toujours verser sa contribution fixée de 115 millions de dollars américains au titre de l’année 2020, plus un rattrapage des impayés des années précédentes de 80 millions de dollars.
De plus, les Etats-Unis contribuaient également à un plan lancé par l’OMS contre le Covid-19, en février. Au 9 avril, ils avaient envoyé 15 millions de dollars américains, écrit l’OMS sur cette page.
L’évaluation par les autorités américaines du rôle de l’OMS dans la gestion de la pandémie doit prendre «entre 60 et 90 jours», a estimé le président dans son annonce.
Article rédigé par Théo Boscher et Bessma Sikouk, journalistes en formation à l’ESJ Lille, dans le cadre d’un partenariat avec CheckNews. Il sera également publié sur le site de la 95e promotion de l’école, Rue des confinés.
VIDEO
"NOUS ALLONS RÉAJUSTER LES HORAIRES DU COUVRE-FEU"
Le président a envisagé, dans une interview à RFI et France 24, d'allonger la durée du couvre-feu à cause de la propagation des cas communautaires du covid-19. Concernant le moratoire sur la dette, il estime que cela ne peut s’agir que d’un premier pas
Dans un entretien exclusif accordé à RFI et France 24, le président de la République du Sénégal Macky Sall revient sur la pandémie de Covid-19, qui progresse en Afrique. Il annonce qu’une troisième victime est à déplorer dans son pays et affirme que ce taux très faible de mortalité - au regard des autres pays touchés en Europe, aux États-Unis et en Asie -, ainsi que le taux élevé de guérison de patients atteints du coronavirus dans son pays ne sont pas une sous-estimation, mais le résultat d’une prise en charge hospitalière précoce de tous les cas et de l’utilisation systématique de la chloroquine, habituellement utilisée contre le paludisme.
Le président sénégalais affirme que les polémiques entourant ce traitement et son défenseur, le professeur Didier Raoult, n’ont pas lieu d’être, étant donnés les résultats positifs de son application contre le Covid-19 au Sénégal.
Soulignant sa préoccupation face aux transmissions dites "communautaires", il n’exclut pas d’aller vers un confinement total du pays et, dans un premier temps, d’allonger la durée du couvre-feu nocturne. Concernant la décision du G20 d’appliquer un moratoire sur le paiement de la dette des pays les plus pauvres cette année, le chef de l’Etat sénégalais salue cet "effort préliminaire du G20", mais estime qu’il ne peut s’agir que d’un premier pas. Il exige ainsi l’annulation pure et simple de la dette publique africaine, qui s'élève à 365 milliards de dollars.
Interrogé sur les soupçons de favoritisme dans la distribution d’aide alimentaire à l’encontre de Mansour Faye, son beau-frère et ministre, Macky Sall s’en insurge et annonce que l’aide étrangère sera supervisée par un comité de pilotage.
Enfin, le chef de l'État sénégalais précise que l’ancien président tchadien Hissène Habré, condamné à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité, et placé en résidence surveillée pendant deux mois par crainte qu’il ne contracte le coronavirus, retournera bien en prison à la fin de la pandémie.
LE CORONAVIRUS FAIT UN TROISIÈME DÉCÈS
Selon des sources de emedia.sn, il s’agit du cas diagnostiqué positif (transmission communautaire) mercredi dernier à Ziguinchor. Le ministère de la Santé indique que la victime âgée de 63 ans, a succombé ce vendredi
Le Sénégal enregistre son 3e décès lié à la pandémie de Covid-19. Selon des sources de emedia.sn, il s’agit du cas diagnostiqué positif (transmission communautaire) avant hier, à Ziguinchor. Selon le communiqué du ministère de la Santé, l’homme était hospitalisé depuis mardi, 14 avril 2020.
L’homme avait 63 ans. Il a succombé, ce vendredi, 17 avril, à l’hôpital régional de Ziguinchor, à 12H40mn. Ce décès survient après celui de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille (OM), première victime de la pandémie du coronavirus suivie de peu par une célèbre restauratrice, et propriétaire de "Chez Amy", qui était diabétique.
342 cas Ont été déclarés positifs, au Sénégal, dont 198 guéris, 2 décédés, 1 évacué (finalement décédé), et 141 patients sous traitement.
par Ibrahima Silla
INCORRIGIBLES
Comment se taire sur la fâcheuse tendance des politiciens à répéter inlassablement les mêmes réflexes ? L’argent soulève la polémique et une fois encore, va nous détourner de l’essentiel avec des profiteurs qui cherchent à se sucrer
Dans les situations de guerre, il convient, dit-on, d’éviter toute polémique qui pourrait briser le consensus. Certains y voient une manière de remuer le couteau dans la plaie ; d’autres, une tentative de jouer les pyromanes en jetant de l’huile sur le feu pour raviver l’incendie. La citoyenneté, entendue comme une solidarité effective d’existence, interdirait une telle posture qui pourrait mener, plus qu’à la désertion citoyenne à une diversion politique ou une division des troupes, énergies vives et vitales de la nation appelées à se serrer les coudes pour résister à la tyrannie virale.
Mais comment se taire sur l’incorrigible et fâcheuse tendance des politiciens à répéter inlassablement les mêmes réflexes habituels ? Comment arriver à se confiner dans une telle posture de refoulement du consensus quand l’infructueuse tentative de confinement du naturel revient au galop avec son lot de scandales qui nous détournent de l’essentiel ?
L’incapacité de ces incorrigibles politiciens à se remettre en question montre à quel point il y a des polémiques utiles. Des polémiques qui ne sont pas forcément des discussions dénuées de tout intérêt, mais des interpellations pour traquer l’ennemi de l’intérieur qui cherche à se substituer à l’ennemi de l’extérieur pour mieux subtiliser l’effort de guerre. Pire que le virus, il y a le vaurien. La CREI, les manifs, les rapports, rien ne semble pouvoir confiner l’incorrigible à bien se tenir ; à rester dans les rangs de la rigueur, de la transparence et de l’efficacité dans la gestion. L’argent soulève la polémique et une fois encore, va nous détourner de l’essentiel avec des profiteurs qui vont chercher à se sucrer sur le virus. L’argent est en train de devenir le nerf de la guerre. Le virus rend service à l’affairiste.
Les risques des soulèvements sont réels et il est de notre devoir d’alerter. Car, pire que le virus, un déferlement social des populations fatiguées d’être fatiguées par le confinement et l’insatisfaction des besoins vitaux, conduirait fatalement à une situation dont on ne peut que craindre l’issue. Les populations, dans leur écrasante majorité, pourraient rejeter la responsabilité de la situation de faillite économique, politique et sociale sur l’incapacité des gouvernants qui ont fait, fort de leur légitimité électorale, des choix de politiques publiques qui n’étaient ni nécessaires ni pertinentes. Elles pourraient aller plus loin en s’en prenant à tout signe extérieur de richesse, à toute symbolique du pouvoir et de l’avoir pour survivre en ces temps de guerre. Les pouvoirs publics devraient commencer à envisager le pire qui, s’il n’arrivait pas, aurait le mérite d’avoir un effet dissuasif sur les mauvais comportements. Tout amateurisme, toute improvisation, toute arrogance, toute légèreté, toute politisation négative face à ce virus, en plus de la vulnérabilité sanitaire, risque de mener à une vulnérabilité sociétale exposant la société à de terribles périls. Que Dieu nous en préserve !
Si le virus persistait au point de nous contraindre à un confinement total appelé à durer, il faudrait craindre les conséquences politiques qui en dérouleraient fatalement. Mieux vaut prévenir que guérir. Car, dans ce contexte rien n’est plus dangereux et suicidaire pour les gouvernants d’avoir des certitudes sur quoi demain sera fait ou défait.
Après avoir compté sur les réflexes citoyens habituels pour s’assurer la conservation du pouvoir, la classe politique devra se rendre compte qu’il faudra compter dans les mois et années à venir sur des comportements citoyens inhabituels. Il faudra s’attendre à une prolifération des attaques contre les autorités de la République. Pour celles-ci, l’enjeu n’est pas de tout savoir ou tout avoir, mais de bien comprendre ce que nous sommes en train de vivre aussi étrange soit-il. Comprendre. Prévoir. Rectifier. Corriger. Se corriger.
C’est pour éviter cet élan vers le pire que certaines voix se lèvent, sortent du silence et de l’indifférence pour vous demander de revoir votre copie et espérant que vous cesserez d’être incorrigibles pour une fois. N’oubliez pas qu’on peut être certes corruptibles, nuisibles et incorrigibles mais pas invincibles.
Par Ibrahima Moulaye Touré
ANALYSES DES MESURES PRISES DANS LE DOMAINE DES FINANCES PUBLIQUES
La pandémie du Coronavirus (COVID 19) qui frappe le monde entier a mis à nu la fragilité des économies des différents pays quel que soit leur niveau de développement.
La pandémie du Coronavirus (COVID 19) qui frappe le monde entier a mis à nu la fragilité des économies des différents pays quel que soit leur niveau de développement.
Pour les Etats Africains, comme l’a si bien dit mon compatriote Dr Lamine Koté, enseignant chercheur « les finances publiques risquent d’être testées positives » au coronavirus. Si tel est le cas, les conséquences économiques risqueraient d’être très négatives pour nos pays encore en voie de développement et très endettés.
Ainsi, pour faire face à cette crise exceptionnelle, notre pays, à l’instar de la plupart des autres Etats, a mis en place un plan de ripostes pour faire face aux effets néfastes de la pandémie.
En même temps, au plan communautaire, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a pris un certain nombre de mesures pour soutenir l’économie des pays de l’UEMOA. D’où l’intérêt d’analyser les mesures prises par l’Etat du Sénégal (1) et la BCEAO (2).
•Analyse des mesures prises par l’Etat du Sénégal
L’une des premières mesures importantes est la mise en place d’un Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets du· COVID-19 dénomme « FORCE COVID-19 » d’un montant de 1000 milliards de francs CFA dont les modalités d’organisation et de fonctionnement sont fixées par le décret n°2020-884 du 1er avril 2020. L’adoption et la publication de ce décret (JO N°7298) traduisent la volonté de transparence des autorités sénégalaises dans la gestion des fonds affectés à la lutte contre le COVID-19.
En effet, initialement, c’était le ministère de la Santé et de l’Action sociale qui collectait les fonds ce qui, de l’avis des experts en finances publiques, est contraire aux règles de la comptabilité publique.
Ainsi, le 27 mars, il a été décidé que les fonds collectés (1 milliard 330 millions de francs CFA ) par ledit ministère, soient versés au ministère des Finances pour être gérés par un comptable public du Trésor: le Trésorier général.
A la date du 10 avril 2020, 29 milliards 627 millions ont été mobilisés et la liste détaillée des donateurs est disponible sur internet (https://www.dakaractu.com/SENEGAL-LISTE-DE S-DONATEURS-DU-FONDS- % C 2 % A 0 FO RC E - COV I D - 19%C2%A0-DOCUMENTS_a18 6804.html) ce qui est également une preuve de transparence de la part du Trésor public.
D’après le Directeur général du budget, Moustapha Ba cité par GFM, les 1000 milliards de francs CFA seront ainsi mobilisés : (en milliards de francs CFA) FMI : 264,000 BM : 138,000 BOAD : 26,749 BID : 98,000 BAD : 60,000 BUDGET : 399,000 CONTRIBUTION DES SENEGALAIS : 15,000 TOTAL : 1000, 749 Source :GFM (https://www.igfm.sn/fondscovid-19-comment-letat-a-faitpour-mobiliser-1000-milliards)
Ces fonds serviront exclusivement à la prise en charge des dépenses relatives à la lutte contre la pandémie du coronavirus.
D’après l’article 8 de ce décret «Les ressources du FORCE COVID-19 sont utilisées pour prendre en charge les dépenses suivantes :
- acquisitions de carburant, matériels, fournitures et services dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 ;
- acquisitions de produits pharmaceutiques et phytosanitaires ;
- primes aux personnels intervenant dans la lutte centre le COVID-19 ;
- appuis financiers aux secteurs affectés par le COVID-19 ;
- subventions diverses ; - dépenses de fonctionnement des organes de gestion du FORCE COVID-19 ; toutes autres dépenses entrant dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. »
L’autre mesure importante, est la modification du code des marchés publics pour faciliter la célérité dans l’exécution des dépenses relatives au COVID-19. C’est dans ce cadre qu’a été pris le décret n°2020-781 du 18 mars 2020 portant dérogation au Code des Marchés publics pour les dépenses relatives à la lutte contre le COVID-19.
Comme précisé dans le rapport de présentation dudit décret « le respect des règles et procédures prévues par le décret n°2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des Marchés publics modifié par le décret n°2020-22 du 07 janvier 2020 ne permet pas l‘exécution des dépenses relatives audit Plan d'action avec la diligence requise ».
Et donc « Pour faciliter la mise en œuvre des mesures concernant ledit Plan d'action et compte tenu de la situation d'extrême urgence induite par la pandémie du corona virus, il est proposé la modification du décret précité en vue de soustraire lesdites dépenses de l‘application des dispositions dudit Code. »
L’article premier dudit décret stipule que « Les travaux, fournitures et prestations de service réalisés dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 ne sont pas soumis aux dispositions du décret n°2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des Marchés publics modifié par le décret n°2020-22 du 07 janvier 2020 ».
Cette importante mesure se justifie amplement car elle permet de réagir rapidement tout en respectant la règlementation en vigueur. Ailleurs, on a lu dans la presse et les réseaux sociaux, que les états unis ont acheté, en Chine, au comptant et pour un montant trois fois supérieur au prix initial des masques de protection contre le COVID-19 destinés, au départ, à la France. Cela démontre à suffisance la pertinence des mesures dérogatoires au code des marchés publics prises par l’Etat du Sénégal.
En plus de ces mesures, le Président a également annoncé des « mesures fiscales générales et spécifiques en soutien aux entreprises qui se verront accorder une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019 due à l’Etat et qui s’élève à 200 milliards de francs CFA. »
En outre, l’Etat procèdera au remboursement des crédits de TVA dans des délais raccourcis pour remettre de la trésorerie aux entreprises, des différés de paiement des impôts seront accordés et une enveloppe de 302 milliards sera consacrée au paiement dus aux fournisseurs par l’Etat du Sénégal…etc. Toutes ces mesures visent à annihiler les effets négatifs de la crise.
En contrepartie des efforts consentis par l’Etat au profit des entreprises, ces dernières doivent s’engager à maintenir les salaires de leur employés ou à payer 70% du salaire des employés mis en chômage technique.
Enfin, signalons que, conformément aux recommandations de la Banque mondiale une réaffectation des ressources disponibles dans la loi des finances de 2020 sera faite pour alimenter en partie le fonds « Force COVID-19 » (399 milliards devraient être mobilisés).
Toutefois, il m’est d’avis qu’une partie des fonds de « Force COVID-19 » devrait permettre de subventionner les produits suivants : les masques de protection, les savons, les gels antiseptiques et produits hydroalcooliques. J’ai été très surpris d’apprendre que les prix de ces produits ont plutôt augmenté.
Par ailleurs, les secteurs les plus affectés par la crise tels que les hôtelleries et la restauration ainsi que les transports en commun doivent bénéficier d’un accompagnement de l’Etat dont les modalités doivent être bien définies. Quid des mesures prises par la BCEAO ?
•Analyse des mesures prises par la BCEAO Consciente de l’impact que cette pandémie pourrait avoir sur le système bancaire et le financement de l’activité économique, d’importantes mesures ont été prises par la BCEAO qui a décidé :
•« d’augmenter les ressources mises à la disposition des banques, afin de permettre à celles-ci de maintenir et d'accroître le financement de l'économie. A cet égard, une première hausse de 340 milliards a été apportée au montant que la Banque Centrale accorde chaque semaine aux banques, pour le porter à 4.750 milliards ;
•de rappeler et de sensibiliser les banques à l'utilisation des ressources disponibles sur le guichet spécial de refinancement des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises (PME/PMI). Ce guichet, sans plafond, a été créé dans le cadre du dispositif mis en place par la BCEAO en accord avec les banques et les États pour promouvoir le financement des PME/PMI dans l'Union ;
•de mettre en place, avec le système bancaire, un cadre adapté pour accompagner les entreprises affectées par les conséquences de la pandémie et qui rencontrent des difficultés pour rembourser les crédits qui leur ont été accordés.
La BCEAO sollicitera les banques pour qu'elles accordent les reports d'échéances appropriés, en particulier aux PME/PMI ; » etc . (https://www.financialafrik.co m/2020/03/21/covid-19-les8-mesures-cles-de-la-bceaopour-soutenir-leconomie-de-lu emoa/) Ces mesures qui ne sont pas très connues des entreprises risquent de ne pas bien profiter aux PME et surtout au secteur informel.
Par exemple, la mesure relative aux reports d’échéance devrait normalement beaucoup aider les entreprises en difficulté. Mais, non seulement elle n’est pas bien connue, mais je ne suis pas sûr que les banques soient dans de bonnes dispositions pour l’appliquer. J’ai personnellement échangé avec un jeune entrepreneur de Sédhiou qui est acculé par les agents de recouvrement d’une institution financière. Cette dernière semble ne pas tenir compte des effets de la pandémie sur l’activité économique.
Par ailleurs, les facilités de crédit induites par les mesures prises par la BCEAO sont certes importantes mais comme me l’a rappelé, à juste titre, un directeur d’hôtel, ces mesures risques d’être sans impact en ce moment car de toute manière la clientèle n’est pas disponible. La BCEAO, en plus des mesures prises, aurait dû octroyer des avances de trésorerie consistante aux Etats membres. Par exemple 25 à 30 % du montant des recettes fiscales recouvrées au cours de la gestion antérieure devrait être mis à la disposition de chaque Etat membre de l’UEMOA. Aujourd’hui, toutes les banques centrales utilisent des méthodes dites « non conventionnelles » pour faire face à la crise.
L’UEMOA également devrait envisager de suspendre temporairement, les règles de discipline budgétaires. En effet comment respecter dans ces conditions la règle imposant que le déficit budgétaire soit inférieur à 3% du PIB ? Pour conclure, il convient de signaler que la baisse du chiffre d’affaires des entreprises des secteurs affectés par la pandémie et la baisse des droits de porte suite à la fermeture des frontières vont impacter négativement les recettes de l’Etat remettant en cause les prévisions optimistes de la loi des finances.
Et, toutes choses étant égales par ailleurs, nous devons nous attendre à des difficultés de trésorerie des collectivités territoriales qui vont enregistrer une forte baisse des recettes consécutives à celle de la contribution économique locale (Impôt qui a remplacé la patente). Il convient d’ores et déjà de réfléchir sur les impacts futurs de cette crise sur ces collectivités territoriales dont la principale ressource provient de la Contribution économique locale. Enfin, pour faire face à la forte pression du service de la dette , l’appel du Président Macky Sall doit être entendu. Une annulation de la dette publique africaine, demandée également par le Pape François et le Président Macron, est nécessaire pour amoindrir le choc. C’est donc, l’occasion pour les peuples de faire preuve de solidarité car le monde doit devenir un vrai « village planétaire » avec plus de solidarité et d’humanisme car pour moi, il est plutôt une « ville planétaire » avec beaucoup d’individualisme et d’égoïsme. Ainsi, pour sortir de la crise, un seul mot : solidarité! solidarité ! solidarité ! dixit Thierry Bretton, commissaire Européen.
Par Ibrahima Moulaye Touré
Inspecteur Principal du Trésor,
Chargé de mission à la DGCPT/MFB Co-auteur de l’ouvrage « Finances publiques : Approche théorique et pratique »
Chargé de Cours de Finances publiques au CREFDES (UCAD) Président du Mouvement PROMES (Promouvoir l’Emergence au Sénégal)
UNE BATTERIE DE PROPOSITIONS POUR SAUVER L’ANNEE
L’initiative est jugée salutaire par des partenaires de l’école dont certains ne cessent d’exprimer leurs inquiétudes face à la situation de l’école et l’avenir des élèves.
Le président Macky Sall a demandé mercredi denier aux ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle de mener des concertations urgentes avec les partenaires sociaux pour évaluer l’impact global du Covid-19 sur le secteur éducatif. Une initiative que saluent Saourou Sène du Saems et Cheikh Mbow de la Cosydep qui sont disposés à faire des propositions allant dans le sens de sauver l’année.
Sauf un changement de dernière minute, la reprise des enseignements scolaires et universitaires est prévue le 4 mai 2020. Le président de la République, en réunion du Conseil des ministres avant-hier mercredi, a demandé aux ministres de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et au ministre de la Formation professionnelle de convoquer des concertations urgentes, afin « d’élaborer une feuille de route réaliste pour la poursuite des enseignements, de même qu’un agenda des évaluations, examens et concours ».
L’initiative est jugée salutaire par des partenaires de l’école dont certains ne cessent d’exprimer leurs inquiétudes face à la situation de l’école et l’avenir des élèves. En effet, Saourou Sène, le Secrétaire général du Saems, se félicite de l’initiative du Chef de l’Etat d’avoir demandé ces concertations urgentes. Car pour ce syndicaliste de première ligne pour la défense des intérêts de l’école, «s’il y a un secteur qui risque de payer lourdement la note de cette pandémie, c’est bien le secteur de l’éducation».
Il profite de l’occasion pour réaffirmer son point de vue sur les propositions qui ont été déjà faites concernant la mise en place d’un site au Ministère de l’Education Nationale, une espèce de classeroom et l’organisation des cours à partir de la télévision Canal 20 et/ou des radios communautaires dans certaines Zones. Il estime toutefois qu’il y a plusieurs limites à ces stratégies liées notamment à un manque de dispositif de surveillance par les parents. Il pense qu’en pareilles circonstances, il va falloir que les parents se chargent d’être les gardiens des enfants à la maison par rapport à ces cours. «Si tel n’est pas le cas, selon lui, ça ne donne absolument rien».
Et il se montre également formel en disant : «Quelle que soit la pertinence de ces propositions, ces dernières ne peuvent en aucun cas remplacer les cours en classe.» S’exprimant sur les chances de voir l’année scolaire sauvée, M Sène appelle tout le monde à prier pour que la pandémie du Covid-19 ne dépasse pas le mois d’avril. « La seule chose pouvant aider à sauver l’année, c’est de voir le virus rapidement maîtrisé et qu’on ne dépasse pas le mois d’avril. Si par contre on entame le mois de mai toujours avec cette lutte contre le virus, l’année risque d’être compromise », selon ses pronostics.
Abondant dans le même sens, le Coordonnateur de la Cosydep, M. Cheikh Mbow lui insiste sur 3 points dont celui de la mise en place d’un dispositif post Covid19. Il est d’avis qu’« après le Covid-19, pour qu’on ne perde pas le patrimoine qu’est l’école, les établissements scolaires doivent être sécurisés grâce à un système de gardiennage. Les collectivités territoriales devraient jouer un rôle dans ce sens ».
Et d’ajouter : «Pour éviter également de retrouver les écoles dans des situations de délabrement, l’Etat devrait voir comment payer l’eau et l’électricité, mettre en place des dispositifs de désinfection des écoles, et surtout mobiliser des psychologues pour accompagner les enfants.»
Le Coordonnateur de la Cosydep estime également nécessaire de procéder à une évaluation des nombreuses initiatives prises durant toute cette période de la fermeture des écoles. « Nous pensons que toutes ces initiatives peuvent être analysées pour identifier leurs limites objectives sur la continuité pédagogique et mettre le focus sur les cibles négligées ou oubliées, afin de tirer les enseignements et accompagner les enfants qui n’ont pas été touchés par cette initiative ».
M. Cheikh Mbow invite notamment l’Etat à mettre en place une plate-forme numérique collaborative pour permettre a tous les Sénégalais d’ici et de la diaspora de pouvoir apporter leur contribution, et d’élaborer un plan de contingence pertinent pour sortir l’école de cette crise.
LA SOCIÉTÉ CIVILE SUGGÈRE UN COMITÉ DE PILOTAGE POUR LE FONDS FORCE COVID-19
Le comité de pilotage dès son installation à être ferme à l'égard de tous ceux qui de façon délibérée auront commis des actes de prévarication dans la gestion des deniers destinés à la lutte contre la pandémie - DÉCLARATION
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration conjointe de plusieurs organisations de la société civile, datéée du 16 avril 2020, relative à la gestion de la crise du coronavirus dans le pays.
« La société civile regroupée au sein du Forum social sénégalais et de la PACTE a analysé la situation créée par la crise pandémique du COVID 19 au Sénégal depuis le 02 mars 2020 et les graves conséquences qu’elle pourrait avoir dans tous les domaines de la vie nationale si elle n’était pas maîtrisée dans les meilleurs délais.
A cet égard, après avoir répondu positivement à la consultation fort opportunément organisée à cet effet par le président de la République, elle exprime son soutien sans équivoque aux mesures qui ont été prises jusqu’ici à l’initiative du président de la République dans le cadre de la gestion de la crise du COVID 19.
Elle salue l’engagement et la détermination du corps médical à relever le défi et appelle la population à observer strictement toutes les mesures de prévention édictées dans le cadre de la lutte contre la pandémie en vue de la préservation de la santé publique.
Dans le même sens, constatant l’absence de mécanisme de transparence dans la mise en œuvre des mesures d’accompagnement sociales en direction des couches les plus vulnérables de la population dans la passation des marchés aussi bien des produits alimentaires qui leur sont destinés que du transport desdits produits à la suite d’un appel d’offres qui suscite encore des interrogations, la société civile appelle le président de la République à mettre en place sur des bases inclusives et dans les meilleurs délais le comité de pilotage du fonds dédié à la gestion de la crise.
Enfin, elle invite le comité de pilotage dès son installation à être ferme à l'égard de tous ceux qui de façon délibérée auront commis des actes de prévarication dans la gestion des deniers destinés à la lutte contre la pandémie du covid19.
Ont signés :
- Pour la PACTE : Monsieur Abdou El Mazide Ndiaye
- Pour le Forum social sénégalais : Monsieur Mamadou Mignane Diouf
- Pour Afrika Jom Center : Monsieur Alioune Tine »
DAKAR ET TOUBA, LES FOYERS DES CAS COMMUNAUTAIRES
Touba et la région de Dakar sont deux foyers du reste préoccupants dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Cela, à cause de l’évolution des cas issus de la transmission communautaire et la densité de la population.
Touba et la région de Dakar sont deux foyers du reste préoccupants dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Cela, à cause de l’évolution des cas issus de la transmission communautaire et la densité de la population. Le Sénégal compte 29 cas issus de la transmission communautaire sur un total de 335 cas positifs dont 194 guéris et 138 cas encore sous traitement.
La transmission communautaire est en train de prendre une pente inquiétante. Ce qui a poussé le ministère de la Santé et de l’Action Sociale à adopter un changement de stratégie dans la lutte contre le coronavirus pour endiguer rapidement la pandémie. En effet, les autorités sanitaires qui nous avaient habitué à moins de 200 tests par jour, ont placé la barre haut en doublant le nombre. Faisant le point journalier hier, la directrice de la Santé publique, Marie Khemesse Ngom Ndiaye, a indiqué que sur les 435 tests effectués, 21 cas sont revenus positifs. Il s’agit de 19 cas contacts suivis et 2 cas issus de la transmission communautaire.
Ainsi à la date d’hier, le Sénégal compte 29 cas issus de la transmission communautaire. Les deux nouveaux cas communautaires enregistrés hier sont de Touba et du district de Dakar Sud. La capitale du Sénégal et celle du Mouridisme restent les deux foyers effrayants qui nécessitent une prise en charge spécifique. D’autant qu’elles ont les plus grandes démographies. En effet, le deuxième cas issu de la transmission communautaire de Touba est un vigile de profession qui officie au marché Ocass. C’est dans le même marché qu’un commerçant qui ne sait où il a chopé la maladie, avait été testé positif. Le centre de traitement de Darou Marnane qui n’a plus de patient, a accueilli le nouveau cas, en l’occurrence le vigile.
Les autorités sanitaires se sont lancées dans la recherche des contacts du vigile, même s’il vivait seul. Son domicile est mis en quarantaine et sera désinfecté par le service d’hygiène. Les 19 autres cas contacts du jour sont répartis entre Mbao qui a enregistré 4 nouveaux cas, Dakar-Sud 2 nouveaux cas dont un communautaire, Yeumbeul un nouveau cas, Keur Massar un nouveau cas et Goudiry 12 nouveaux cas. Au total le district de Mbao compte 8 cas, Dakar-Sud 54 cas, Yeumbeul 14 cas, Keur Massar 6 cas et Goudiry 21 cas. A l’image de Louga qui a 28 cas, le nombre de patients dans la région de Tambacounda connaît une évolution fulgurante. Il s’agit de personnes contaminées par le chef religieux. La Directrice de la Santé publique a informé par ailleurs que 4 patients sont déclarés guéris. Le bilan à la date d’hier est de 335 cas positifs dont 194 guéris, 2 décès, un cas évacué et 138 cas qui sont encore sous traitement.
LES ETATS-UNIS VONT-ILS REBATTRE LES CARTES DU MONDIAL 2022 ?
En estimant que l’attribution de la prochaine Coupe du monde au Qatar a été entachée d’irrégularités, la justice américaine met une nouvelle fois sous pression la Fédération internationale de football
A 84 ans, Sepp Blatter reste un redoutable communicant. Mercredi 15 avril, l’ex-président suisse de la Fédération internationale de football (FIFA) a suggéré, dans le magazine allemand Bild, que les Etats-Unis pourraient organiser la Coupe du monde 2022 à la place du Qatar, « au lieu [d’organiser] l’édition 2026 ». Le pays avait été battu dans les urnes (14 voix contre 8) par l’émirat lors du vote d’attribution du tournoi en décembre 2010.
La déclaration de M. Blatter survient alors que le département de la justice américaine (DoJ) a accusé, pour la première fois, des dirigeants de la FIFA d’avoir reçu des pots-de-vin pour voter en faveur de la Russie et du Qatar, pays hôtes des Mondiaux 2018 et 2022. Dans un acte d’accusation publié le 6 avril, le procureur fédéral de Brooklyn estime – sans préciser la provenance des fonds – que le Brésilien Ricardo Teixeira, le Paraguayen Nicolas Leoz et l’Argentin Julio Grondona ont été corrompus pour apporter leur suffrage à l’émirat. Le Qatar a démenti « fermement les allégations contenues dans ces documents ».
Par ailleurs, les autorités américaines accusent le Trinidadien Jack Warner d’avoir perçu 5 millions de dollars pour voter pour la Russie et évoquent un intermédiaire décrit comme« un proche conseiller du président de la FIFA », à savoir… Sepp Blatter. Ces nouveaux éléments semblent avoir poussé l’octogénaire à prendre la parole et mettre ainsi sous pression son successeur, Gianni Infantino, avec lequel il est en conflit ouvert, et la FIFA.
« Un rappel à l’ordre très sévère des Etats-Unis »
Cinq ans après le coup de filet anticorruption initié en mai 2015 par la justice américaine, à l’hôtel Baur du lac de Zurich, qui l’a conduit à abdiquer, M. Blatter ne prend pas à la légère ce « rappel à l’ordre très sévère des Etats-Unis ». « Le Qatar est devenu le protégé du président actuel de la FIFA, déclare-t-il au Monde. Gianni doit mal dormir en ce moment. »
Laisse-t-il entendre que la justice américaine pourrait, dans les mois à venir, contraindre la FIFA à remettre en cause l’attribution du Mondial 2022 pour faits de corruption ? M. Blatter se garde de rappeler que c’est lui qui a incité, en 2008, l’émir du Qatar à être candidat à l’attribution du tournoi. Comme s’il anticipait de futurs griefs émanant de New York, le Suisse se targue d’avoir « défendu les Etats-Unis jusqu’au bout, discuté avec Obama la veille du scrutin » et « toujours eu pour stratégie d’avoir un plan B ».
Selon l’un de ses anciens proches, l’ex-président de la FIFA aurait déjà évoqué devant les dirigeants de Coca-Cola, l’un des sponsors de la fédération, avant le Mondial brésilien de 2014, la possibilité de retirer au Qatar l’organisation du Mondial 2022, « de manière opportuniste » et sans avoir réellement cherché un plan B.
M. Blatter aurait aussi abordé cette question du remplacement de l’émirat lors de sa rencontre, en 2012, avec le magnat australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire du groupe télévisuel Fox. « Je ne me rappelle pas le contenu de cet entretien avec M. Murdoch. Il aurait été trop tôt pour parler déjà de la Coupe du monde 2022 en 2012 mais… la mémoire », dit M. Blatter.
« J’espère de tout mon cœur que c’est le calme avant la tempête », confie, à propos de l’acte d’accusation du DoJ, l’homme d’affaires australien Jaimie Fuller, cofondateur du groupe de pression New FIFA Now. « Le DoJ a toujours eu les Mondiaux 2018 et 2022 dans sa ligne de mire et il a fallu du temps pour rassembler des éléments », ajoute un fin observateur de la FIFA.
La FIFA rappelle son « statut de victime »
En novembre 2014, les autorités américaines ont accueilli avec scepticisme les conclusions de l’enquête interne de la FIFA sur l’attribution controversée des deux Mondiaux. L’Allemand Hans-Joachim Eckert, coprésident du comité d’éthique de la fédération, avait estimé que des comportements « douteux » ne pouvaient pas être qualifiés de faits de corruption et n’étaient « pas de nature à compromettre l’intégrité du processus d’attribution » des Mondiaux 2018 et 2022.
M. Eckert avait réalisé une synthèse d’un rapport d’enquête fait par l’ex-procureur américain Michael Garcia, longtemps gardé secret, puis publié par la FIFA en 2017. En décembre 2014, M. Garcia avait claqué la porte de la FIFA, contestant « la lecture incomplète et erronée » faite de son rapport par M. Eckert.
« Dans son rapport, M. Garcia a dit qu’il n’y avait pas de preuves de malversations. Il avait l’appui des Etats-Unis, sa femme travaille à la CIA, donc s’il avait pu obtenir des choses, il les aurait mises dans son rapport, observe M. Blatter. Je ne doute pas qu’il a fait un travail en profondeur. »
Après la parution de l’acte d’accusation du DoJ, la FIFA a rappelé son « statut de victime » dans le cadre des procédures ouvertes par les autorités américaines. Après la tornade judiciaire de 2015, l’instance avait confié la défense de ses intérêts au cabinet d’avocats californien Quinn Emanuel. La mission de ce cabinet terminée, la FIFA est-elle plus vulnérable dans ce contexte sensible, comme le suggèrent plusieurs sources ?
Les annonces de la justice américaine interviennent alors que le procureur général suisse Michael Lauber est fragilisé. Ce dernier, qui était censé prêter main-forte aux Etats-Unis dans le cadre des procédures liées à la FIFA depuis 2015, a été dessaisi de ces enquêtes par le Tribunal pénal fédéral et sanctionné par l’Autorité de surveillance du parquet helvétique en raison de ses rencontres informelles, en 2016 et 2017, avec Gianni Infantino.
La justice française suit attentivement les nouveaux rebondissements de l’affaire aux Etats-Unis. En novembre 2019, au terme de plus de trois ans d’enquête préliminaire sur l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022, le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence ».
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LES MASQUES FAITS MAISON SONT-ILS EFFICACES CONTRE LE CORONAVIRUS ?
Les masques artisanaux en tissu ne sont pas équivalents aux masques utilisés en milieu médical. Il n’existe même aucune preuve scientifique de leur utilité. Pourtant, certains spécialistes les recommandent… faute de mieux
Depuis la mi-mars, les tutoriels pour fabriquer soi-même des masques se multiplient sur YouTube. Les études les plus poussées sur le sujet montrent toutefois que ces masques ne protègent pas du virus ceux qui les portent. Il n’existe aucune preuve scientifique non plus de leur efficacité quant au risque de contaminer l’entourage, car ces masques ne sont pas du tout équivalents aux masques FFP2 ou chirurgicaux. Alors, faut-il pour autant les abandonner ?