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20 juillet 2025
L'ABANDON DU FCFA MENACÉ PAR LA VOLTE-FACE DU NIGERIA ?
Après la demande du Nigeria de reporter le lancement de l’Eco au-delà de juillet 2020, les craintes de l’économiste togolais Kako Nubukpo vis-à-vis de l'adoption de la nouvelle monnaie «par manque de convergence» s’avèrent fondées
Sputnik France |
Christine H. Gueye |
Publication 12/02/2020
Après la demande du Nigeria de reporter le lancement de l’ECO au-delà de juillet 2020, les craintes de l’économiste togolais Kako Nubukpo vis-à-vis de l'adoption de la nouvelle monnaie «par manque de convergence» s’avèrent fondées. Invité de Sputnik France, il a annoncé la tenue d’états généraux de l’ECO à Lomé du 28 au 30 avril prochain.
C’est par le biais de son compte Twitter que la présidence du Nigeria a annoncé ce lundi 10 février son désir de reporter le lancement de l’ECO, la nouvelle monnaie de l’Afrique de l’Ouest. «La position du Nigeria sur l’ECO est que les critères de convergence (entre États) n'ont pas été atteints par la majorité des pays devant adopter cette monnaie commune. Il doit par conséquent y avoir un report du lancement de la monnaie unique», précise la présidence nigériane dans ce tweet.
Cette annonce est intervenue à la clôture de la 33e session ordinaire de l’Union africaine à Addis-Abeba, dans la capitale éthiopienne. Même si aucune information n’a filtré pour l’instant sur les raisons de cette sortie «en solo» du Nigeria, qui devra encore être entérinée par les cinq autres États membres de la zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) lors de leur prochaine réunion à Abuja, vendredi 14 février, voire lors de la réunion au sommet de la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui regroupe en plus des six, huit États francophones additionnels, elle semble indiquer une lutte d’influence entre pays anglophones et francophones de la zone pour savoir quelle direction définitive va prendre l’ECO, selon la plupart des observateurs.
En effet, il aura fallu près de trente ans de débats, en raison notamment de politiques monétaires très disparates dans la zone mais aussi du poids économique du Nigeria (75% du PIB global), pour que les dirigeants des quinze pays membres de la Cedeao parviennent, dans un communiqué en date du 29 juin 2019, à annoncer un lancement de l’ECO dès juillet 2020. Mais le 21 décembre dernier, les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), semblant vouloir couper l’herbe sous le pied des anglophones, annonçaient, par l’intermédiaire du président Alassane Ouattara, leur décision de remplacer leur monnaie commune, le franc CFA, par l'ECO.
Ces pays ne représentent toutefois pas la totalité de la zone franc, qui comprend, en plus de l’UEMOA, les six membres de la Communauté économique des États de l’Afrique du centre (CEMAC) et les Comores. Ce sont donc les seuls États de l’UEMOA qui ont signifié, par cette décision, qu’ils étaient prêts à rompre les liens de plus en plus controversés avec la France, l’ancienne puissance coloniale. Celle-ci accueillait jusqu’alors la moitié de leurs réserves de changes contre la garantie de la convertibilité de leur franc CFA avec l'euro et siégeait dans leurs instances de décision.
Répondant aux critiques des militants anti-CFA vis-à-vis de ce qu’ils dénoncent comme une manœuvre pour substituer le franc CFA à l’ECO, à l’instar d’ailleurs des reproches des pays anglophones de la Cedeao à l’égard du Président ivoirien, l’économiste togolais Kako Nubukpo s’est expliqué sur les raisons pour lesquelles il a tenu à saluer un «moment historique». Invité de Sputnik France le 5 février dernier, lors d’un passage à Paris à l’occasion de la sortie de son livre L’urgence africaine, il en a également profité pour rappeler toutes les précautions d’usage en ce qui concerne l’avènement de l’ECO, insistant sur le fait qu’une monnaie est un «fait social total». D’où la nécessité, selon lui, d’organiser sans tarder des états généraux pour réfléchir à l’avènement de l’ECO, qu’il a prévu de tenir à Lomé du 28 au 30 avril prochain.
Se voulant rassurant à l’égard de la jeunesse africaine dont il a salué à plusieurs reprises le militantisme, voire le tropisme en faveur d’une plus grande indépendance du continent, le théoricien du concept de la «servitude monétaire» en zone franc, aux côtés d’autres éminents économistes et sociologues francophones comme Martial Ze Belinga, son ami d’enfance, le Sénégalais Demba Moussa Dembélé ou l’opposant ivoirien Mamadou Koulibaly –auxquels il a tenu à rendre hommage– ainsi qu’à l’altermondialiste malienne Aminata Traoré, grâce à qui un ouvrage collectif avait pu voir le jour en 2016, il a commencé par réaffirmer sa conviction dans la nécessité de sortir du franc CFA.
«Je sais que certaines personnes n’ont pas compris mes propos préliminaires, mais qu’elles se rassurent: nous sommes dans le même combat. Celui de la libération monétaire en Afrique dans sa totalité. Seulement, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ou bien prendre la proie pour l’ombre. C’est-à-dire qu’il faut que nous soyons sérieux dans nos déclarations et encore plus dans notre manière d’agir», a déclaré Kako Nubukpo au micro de Sputnik France.
«Pas de revirement ni de changement de cap, donc, en ce qui me concerne!», a martelé le doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Lomé qui, après avoir été ministre chargé de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques dans son (2013-2015), avait été nommé directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Un poste dont il a été suspendu en décembre 2017 à cause de son «incapacitéàrespecter son droit de réserve», selon l’OIF, à la suite de la publication d’une tribune qui s’intitulait déjà, de façon prophétique: «Franc CFA: les propos de M. Macron sont déshonorants pour les dirigeants africains!».
«Quand on est responsable, on doit faire les choses de façon raisonnable et expliquer ce que l’on fait (pour ne pas créer des mouvements de panique, ndlr). C’est pourquoi j’ai pris l’initiative d’organiser les états généraux de l’ECO du 28 au 30 avril 2020 à Lomé, pour que nous puissions réfléchir ensemble au format optimal de la mise en place de l’ECO. Les différentes commissions de l’UEMOA et de la Cedeao, ainsi que les banques centrales de la zone y réfléchissent déjà, bien sûr, mais elles ne rendent pas publiques leurs réflexions. Alors que là, nous allons associer des chercheurs, des citoyens pour que tout un chacun puisse s’approprier cette nouvelle monnaie appelée ECO qui est une excellente chose. Mais ne perdons jamais de vue que la monnaie est un fait social total!», a-t-il ajouté.
Aux origines du combat contre le franc CFA
C’est lors de son passage à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont le siège est à Dakar, au début de sa carrière, que le déclic par rapport au franc CFA s’est produit, notamment par rapport à la dépendance coloniale qu’il perpétue.
«À la BCEAO, j’ai eu à évaluer l’efficacité de notre politique monétaire et j’ai vu que les instruments de cette politique n’avaient aucun impact sur les variables macroéconomiques comme la croissance et l’inflation. C’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser aux paradoxes de la politique monétaire en zone franc. C’est comme une pelote: quand vous tirez le fil, tout se déroule! À partir de là, j’ai conceptualisé la notion de servitude volontaire de la politique monétaire qui s’applique à l’ensemble des 14 États de la zone franc», se souvient-il.
D’où les quatre difficultés majeures ou «nuisances» résultant de cette politique monétaire qui tuent, selon lui, toute velléité d’émergence dans la zone franc.
«La première difficulté, c’est que nous n’échangeons pas entre nous! Il y a seulement 15% de part d’échanges intracommunautaires dans notre zone contre 60% en zone euro. Or, une monnaie, c’est fait pour échanger. La deuxième, c’est que le franc CFA est rattaché à l’une des monnaies les plus fortes au monde, l’euro, et que cela grève notre compétitivité. L’impact du taux de change (fixe) est déterminant comme, par exemple, dans le secteur du coton dans lequel j’ai beaucoup travaillé. Pour moi, un franc CFA fort est une taxe sur les exportations et une subvention sur les importations. Troisièmement, les économies de la zone franc sont très peu financées avec, de surcroît, des taux d’intérêt à deux chiffres tandis que dans la zone euro, les taux d’intérêt sont de l’ordre de 1%. Enfin, il n’y a aucune préoccupation de croissance car le seul objectif de nos banques centrales est la stabilité des prix avec une inflation à 2%!», explique-t-il.
Un chemin semé d’embûches
Sur la décision d’abandonner le nom de franc CFA pour adopter celui de l’ECO, telle qu’annoncée par Alassane Ouattara à Abidjan le 21 décembre dernier aux côtés d’Emmanuel Macron, il insiste sur la «dimension symbolique» de cette annonce. Car malgré les nombreuses critiques sur les réseaux sociaux dénonçant au contraire une «inféodation», Kako Nubukpo estime quant à lui que quelque chose s’est passé. «Ce n’est pas rien que l’on annonce la fin du franc CFA. Cela signifie qu’on lève un tabou en matière monétaire!», argue-t-il, se référant à la flopée d’articles qui ont fleuri dans la presse à ce propos.
«Pour moi, ce changement de nom renvoie à l‘idée de la monnaie comme institution et non comme marchandise. En fait, c’est comme si en changeant le nom de la monnaie, vous changiez d’identité ou que vous annonciez que vous changez de politique monétaire. Exactement comme cela s’est passé au moment du passage du reichsmark au deutschemark, en Allemagne. Ceux qui ont fait cette annonce à Abidjan ne mesurent peut-être pas bien tout ce qui va se passer en matière de changement institutionnel», clame Kako Nubukpo.
Quant aux critiques émises par les pays anglophones de la ZMOA, il reconnaît que ce qu’Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont annoncé le 21 décembre à Abidjan, ce n’est pas ce qui figure dans le communiqué de la Cedeao du 29 juin 2019. En effet, il y est notamment spécifié que l’ECO sera régi par un régime de change flexible et qu’il y aura un ciblage de l’inflation en matière de politique monétaire. «Or, à Abidjan, on a annoncé que l’ECO resterait attaché à l’euro en taux de change fixe et que l’on ne changerait pas de politique monétaire!», dénonce-t-il.
«C’est là où je me suis insurgé en réclamant une période transitoire et que, de surcroît, le calendrier précis pour cette période transitoire soit spécifié. Le fonds de ma critique sur le CFA est économique. Je ne peux donc pas me satisfaire d’un simple changement de nom s’il ne s’accompagne pas d’un changement de politique monétaire», martèle-t-il à l’attention de ceux qui pourraient encore avoir des doutes.
Pour lui, toutefois, le plus important c’est dans la manière dont on annonce les changements en ce qui concerne l’abandon d’une monnaie. «Car il est indispensable de ne pas saper à l’avance la confiance dans cette monnaie», affirme-t-il. Or, s’il faut aller vite en annonçant les changements, la lenteur, paradoxalement, est requise en ce qui concerne leur réalisation.
C’est d’autant plus vrai dans la Cedeao, insiste-t-il, qu’il existe une grande diversité d’architectures institutionnelles. Avec en outre deux droits des affaires, l’Ohada et la common law, qu’il va falloir harmoniser. Ainsi que, note-t-il, l’existence de nombreuses commissions bancaires qui vont devoir être régularisées avant toute émission d’une nouvelle monnaie.
«Il va falloir du temps pour fabriquer puis substituer les billets ECO aux billets en francs CFA qui restent actuellement en circulation. Il faudra aussi s’assurer qu’il n’y aura pas de faux billets ECO en provenance du Nigeria notamment. Et que tout le monde a bien compris comment les choses vont fonctionner. Or, nous avons des banques centrales qui ne fonctionnent pas du tout de la même façon. Par exemple, dans la zone franc, elles sont calquées sur le modèle de la Banque centrale européenne (BCE). Au Ghana, la banque centrale est complètements liée à un régime de change flottant tandis qu’au Nigeria, c’est au dollar puisque le Nigeria est essentiellement un pays exportateur de pétrole», prévient-il.
Urgences africaines
Malgré un passage à l’université d’Oxford, ce grand admirateur de Sylvanus Olympio –le premier Président du Togo qui voulait déjà sortir de la zone France et doter son pays d’une monnaie– n’a jamais voulu tourner le dos à la France où il fait toutes ses études. En 2016, il a notamment accepté d’entrer au conseil scientifique de l’Agence française de développement (AFD).
Il reste, par ailleurs, affilié au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (le Cirad) et chercheur associé au CERI, le centre de recherche de Sciences Po Paris. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer l’attitude souvent arrogante des Français en Afrique qui se comportent en terrain conquis même s’il refuse que l’on dise que son livre* est un pamphlet contre la France.
«Ce n’est pas un pamphlet (contre la France) mais un appel à l’Afrique pour qu’elle prenne en main son destin à divers niveaux d’analyses. Je dénonce l’incapacité de notre continent à atteindre une prospérité partagée malgré tous les efforts. C’est vrai qu’on a parfois l’impression que la période coloniale n’est pas terminée (par rapport à certaines attitudes que l’on nous donne à voir!). Les Américains, les Russes, les Chinois, les Allemands, eux, se comportent différemment et, en tout cas, ne donnent pas l’impression d’être en terrain conquis quand ils viennent en Afrique!», affirme son auteur au micro de Sputnik France.
Enfin, en tant qu’aîné vis-à-vis de militants et penseurs anti-CFA, plus jeunes, comme Makhoudia Diouf, Nathalie Yamb ou bien Kemi Sema, dont la plupart se réclament d’ailleurs de lui, il reconnaît avec humilité que par sa formation et les responsabilités qu’il a eu à occuper en tant que ministre togolais, «j’ai surtout eu tendance à m’intéresser aux aspects techniques et économiques (dans le débat sur le franc CFA) et, donc, à lire la relation monétaire sous ce prisme», dit-il. Alors qu’au contraire, la génération qui vient a plutôt tendance à mettre ses arguments au service de l’indépendance africaine. «Ce que je comprends très bien!», ajoute-t-il.
«Concernant Kemi Seba, je ne crois pas qu’il ait commis un délit d’opinion. Et je ne crois pas non plus qu’il aurait dû être emprisonné! Certes, il a brûlé un billet de 5.000 francs CFA, mais si vous saviez les milliards que l’on gaspille… Le plus important, pour moi, c’est que notre jeunesse s’exprime avec toute sa fougue, sa rage et son idéal. Nous, les aînés, notre rôle c’est de les encadrer autant que faire se peut, en transmettant le témoin et en étant dans le dialogue permanent», déclare Kako Nubuko avec toute la conviction qui le caractérise.
"JUSTIN TRUDEAU COMMET TOUTES LES ERREURS DES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX EN AFRIQUE"
Le premier ministre canadien complète un voyage en Afrique pour courtiser le vote des pays africains pour l’obtention par son pays d’un siège au Conseil de sécurité de l’Onu. Trop peu, trop tard ?
Sputnik France |
Jérôme Blanchet-Gravel |
Publication 12/02/2020
Justin Trudeau complète un voyage en Afrique pour courtiser le vote des pays africains en vue de l’obtention par le Canada d’un siège au Conseil de sécurité de l’Onu. Trop peu, trop tard? Dans tous les cas, pour les deux experts interrogés par Sputnik, le Canada commet une erreur stratégique en brillant par son absence sur ce continent d’avenir.
Le Premier ministre canadien s’est lancé dans une courte opération de séduction de l’Afrique. Après avoir séjourné en Éthiopie où il a rencontré son Premier ministre, Abiy Ahmed, Justin Trudeau se rendra cette semaine au Sénégal. Le 9 février dernier, à l’occasion du 33e sommet de l’Union africaine, Trudeau a aussi rencontré des chefs d’État africains parmi lesquels le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari, et le Président de Madagascar, Andry Rajoelina.
«Ces visites seront axées sur les opportunités et la prospérité économiques, les changements climatiques, la démocratie et l’égalité des sexes. Elles offriront l’occasion de renforcer nos relations», annonçait Justin Trudeau par communiqué.
Au-delà de ce discours officiel, le but du voyage est surtout de courtiser les pays africains en vue de la prochaine élection de deux sièges non permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. Durant sa première campagne électorale de 2015, Trudeau avait promis aux Canadiens qu’il parviendrait à obtenir un siège au Conseil, gage à venir, selon lui, de la valeur de sa politique étrangère. Le Canada a occupé six fois un siège au Conseil de sécurité depuis les années 1940, mais son dernier mandat remonte déjà à 1999-2000.
Pour Jocelyn Coulon, ex-conseiller du ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion (2016-2017), Justin Trudeau entreprend beaucoup trop tard ses démarches. M.Coulon publiera dans quelques semaines un livre sur le Conseil de sécurité de l’Onu.
«Sous les ex-Premiers ministres Brian Mulroney et Jean Chrétien, le Canada avait mené des campagnes du début à la fin. Ils étaient quotidiennement impliqués pour promouvoir la candidature du Canada au Conseil de sécurité. Trudeau a seulement commencé à se mobiliser à l’automne dernier en nommant à sa place deux envoyés spéciaux, l’ex-Premier ministre canadien Joe Clark et l’ex-Premier ministre québécois Jean Charest. C’était déjà mauvais signe», souligne M.Coulon à notre micro.
Pour ce chercheur de l’université de Montréal, l’absence du Canada en Afrique explique l’accueil plutôt timide de ses dirigeants face à Justin Trudeau. Depuis le gouvernement conservateur de Stephen Harper (2006-2015), le Canada a plutôt choisi de concentrer ses efforts en Amérique latine et en Chine. Les ambassades du Canada en Amérique latine sont effectivement considérées comme très actives depuis cette période: elles s’emploient notamment à défendre les intérêts des minières canadiennes, selon certains experts.
«Justin Trudeau a au moins pu rencontrer une demi-douzaine de chefs d’État en Éthiopie. En revanche, il n’a pas été invité à prononcer un discours devant l’Union africaine, alors que les chefs d’État étrangers reçoivent habituellement une invitation. [...] Au temps de Stephen Harper, le Canada a décidé de se tourner vers l’Amérique latine et l’Asie, mais il s’agit d’un calcul à court terme qui ne se révélera pas très visionnaire», estime le chercheur.
Expert français en économie politique africaine, Loup Viallet relativise le désengagement du Canada en Afrique. Selon lui, le Canada demeure une petite puissance, autrement dit un pays privé des moyens d’une implication soutenue. Rédacteur du blog Questions africaines, il écrit régulièrement dans Les Échos, Mondafrique, Les Yeux du Monde et Conflits.
«L’Afrique n’a jamais été un partenaire majeur du Canada. [...] Toutefois, certaines puissances tentent d’acheter le vote des pays africains pour faire valoir leurs intérêts au sein des organisations internationales comme l’Onu. Il s’agit d’une sorte de marchandage. Le Canada n’a pas vraiment de poids réel à l’international. Trudeau ne cherche donc pas à régler des conflits, à régler le problème de la désertification et à s’intégrer au jeu géopolitique: il cherche à conforter son discours sur le monde», observe M.Viallet en entrevue avec Sputnik.
Pour Jocelyn Coulon, «en n’offrant rien de concret» à ce continent, le Canada renonce même au multilatéralisme, principe phare de la politique étrangère des Libéraux canadiens dans l’Histoire.
«Contrairement à l’Allemagne et la Russie qui ont fait de vrais efforts pour se rapprocher de l’Afrique, le Canada n’a que des beaux discours à lui offrir. Par exemple, la question de l’égalité des sexes ne relève pas du Conseil de sécurité... Le Conseil s’occupe des questions liées à la paix et la guerre. Le Canada ne doit pas s’étonner de ne pas peser dans la balance s’il n’envoie pas de soldats dans les opérations de paix de l’Onu», déplore-t-il.
Pour courtiser l’Éthiopie, Trudeau a suggéré qu’un accord d’investissement avec elle puisse éventuellement être mis sur la table. Cet accord prendrait notamment la forme de nouveaux investissements canadiens dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, est considéré comme l’un des dirigeants les plus influents en Afrique. En 2019, il a remporté le prix Nobel de la paix et figurait parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde selon le Time Magazine. Malgré tout, Loup Viallet estime que l’opération séduction du Canada ne suffira pas à compenser son manque d’engagement concret:
«Justin Trudeau fait toutes les erreurs des dirigeants occidentaux en Afrique. Le Premier ministre canadien continue de voir les pays africains comme des États avec lesquels on peut marchander. [...] Le Premier ministre canadien ne cherche pas à développer une vraie relation économique et diplomatique avec l’Afrique. Ce continent est vu comme un comptoir. Justin Trudeau s’adresse à l’Afrique pour faire de la communication et servir son image», tranche Loup Viallet.
Le Canada parviendra-t-il à décrocher le siège convoité? Les chances sont minces pour ces deux experts.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
CHINE, L’EMPIRE DU MILIEU À LA MARGE DU MONDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le traitement du Wuhan et des malades, apparaît de plus en plus, comme le symptôme d’un mal plus grand : face à la détresse de l’autre, la protection de ses acquis est le réflexe le plus commun -INVENTAIRE DES IDOLES
L’épidémie du Coronavirus repose des questions philosophiques sur l’altérité, l’exigence d’hospitalité, l’attitude à adopter face aux malades, la question du don, du soin, de l’empathie. Avec la mise en quarantaine de la Chine, les enjeux sont nombreux sur nos devoirs en humanité. Se pose inexorablement la question de l’individualisme dans un ensemble au destin plus que jamais relié. Chronique.
A la lecture de différents articles - infos, analyses, réactions, décisions - sur l’épidémie virale qui touche la Chine, on ne manque pas d’être frappé par une chose : le peu de compassion, voire de soutien réel, qu’une bonne partie du monde témoigne à l’endroit du géant asiatique. Si l’on peut tout à fait comprendre le principe de précaution, les mesures sanitaires drastiques - d’abord intérieures à la Chine du reste - la mise en quarantaine préventive, l’isolement et ses conséquences plurielles notamment économiques, il reste dans la narration générale un sentiment qui n’est pas très loin de l’abandon à son propre sort. Symbole de ces réactions et situations propres aux moments de crise, la vidéo du nourrisson mis en isolement et qui communique avec ses parents à travers la vitre de sa chambre, porte en elle une grande violence. Un précipité du divorce à contre-cœur à plus grande échelle, qui loge le problème à un niveau philosophique sur nos devoirs en humanité face à la souffrance. Pour les proches, comme pour les anonymes. Si on a pu recenser, en France notamment, un regain du racisme anti-asiatique, ou des articles culturalistes sur un sort qui serait « mérité » pour la Chine du fait de ses croyances, c’est en termes plus sournois que s’exprime l’impression d’un égoïsme géographique, d’une fuite en avant, d’un rejet physique qui mise sur la chance d’être épargné par le miracle du bon vent. Une attitude de fermeture qui coche toutes les cases de la panique et de ce qu’elle réveille souvent : les plus bas instincts de la peur.
Personne n’appelle à considérer la Chine comme une victime devant laquelle il faut s’apitoyer ou se sacrifier. Il y a bien des choses à reprocher à ce pays et à ses dirigeants. Plusieurs articles honnêtes ont d’ailleurs fait part de cette tentation chinoise de contrôler l’information au risque de l’étouffer, et de la remplacer par le mensonge officiel d’Etat. La presse a même fait état, à la suite du décès du médecin Li Wenliang – premier lanceur d’alerte, décédé depuis et devenu symbole – de ces méthodes inhérentes à la gouvernance chinoise. Plusieurs scientifiques ont régulièrement alerté, depuis le SRAS, et lors de l’épidémie d’Ebola, de la nécessité de repenser la relation avec la nature et la consommation de certains animaux, joignant la problématique écologique à celle de la santé publique. L’opinion publique chinoise s’est elle-même véhémentement indignée du retard accusé par les autorités du pays pour prendre la réelle mesure du phénomène. L’idée n’est pas donc d’absoudre la Chine. Après ces comptes et ces mécomptes, demeure pourtant, malgré tout, la question de la solidarité internationale, qui dépasse la seule donnée des moyens : comment aider la Chine humainement, comme symbole de nous-mêmes ? Une nécessité d’autant plus urgente que, dans un monde de plus en plus relié et interdépendant, la santé publique est le premier rappel de la porosité des frontières et du lien naturel des populations. On pourra objecter, et à raison, que la Chine a déjà reçu la proposition d’aide de pays occidentaux, les USA en tête, et qu’elle oppose une fin de non-recevoir non sans une certaine fierté. Mais l’enjeu est bien plus important : comment faire monde par l’empathie qui ne verse ni dans le pathos, ni dans la posture ? C’est sur ce plan, qu’il me semble que la province du Wuhan est hors du monde, et qu’on la force à y rester.
Sans rien oublier de l’arrière-plan des guerres géopolitiques, des batailles économiques et des querelles d’influence, où l’ogre chinois est un protagoniste de choix, on a vu peu de dons, mais aussi simplement très peu d’expressions d’une quelconque forme de compassion générale s’éprendre du monde. La province du Wuhan est seulement perçue comme l’épicentre d’où est partie la maladie ; assez peu comme le lieu d’un drame humain presqu’à huis-clos. Très peu victime, mais bourreau pour un monde lâcheur. La Chine paraît seule, payant sans doute la rançon d’être un pays puissant, fonçant sur les prébendes des maîtres historiques du monde, ayant déjoué nombre de pronostics sur le cheminement économique propice vers le développement, et jugé donc suffisamment forte pour endiguer toute seule son épidémie. Une telle mégarde de la perception, sur l’histoire récente d’un pays perçu comme agresseur, néo-colonisateur, responsable de l’accélération de la crise environnementale ; un pays de capitalisme sauvage et peu démocratique, avec le carnage de la politique de l’enfant unique et ses terribles conséquences, conduit à des instincts grégaires ; tout cela en effet fait oublier tout bonnement que nul n’a intérêt à ce que la Chine s’effondre. Qu’être le responsable en partie de son malheur n’en fait pas moins une victime. Qu’elle s’est hissée avec bien des tares à un rang de poumon du monde ; que dans sa chute, le fracas peut être plus contagieux que le virus. Dans un monde où les périls s’annoncent, migratoires, identitaires et climatiques, avec déjà les effets insensés du productivisme capitaliste, il y a lieu de se servir d’un tel épisode pour non seulement repenser un modèle condamné, mais surtout, une critique du libéralisme qui met en son cœur, non seulement l’Homme, mais surtout, l’honneur d’affronter la souffrance de l’autre. Un universel, en somme, une humanité plus sensible à la tourmente.
Dans cette perspective philosophique, comment justement, face à de telles maladies, où nos principes, nos solidarités, sont questionnés, parfois mis à rude épreuve, se pose la question de l’altérité ? Comment réagir face au malade, quelle est la « common decency » (décence ordinaire) Orwellienne à adopter, pour satisfaire à la fois les principes de sécurité et le devoir d’hospitalité ? Que retenir du docteur Rieux de Camus, dans La Peste, sur le don de soi et l’amitié dans la résistance ? Quelle résonnance, dans un monde qui ne cesse de réclamer la fin de l’individualisme, donner au sacrifice et surtout, qui est prêt encore à y consentir ? Les critiques de la mondialisation ne pêchent-elles pas tout simplement, parce que sa pérennité fait écho à notre nature profonde ? Plus d’un siècle que l’offre d’utopie du capitalisme est plus attrayante que celles des alternatives, concoctées pourtant par les plus lumineux esprits de ce monde. Qu’en tirer comme enseignements ? Le don, la réciprocité, le soin, le care peuvent fournir des clefs de lecture, voire des solutions. En sociologie, d’importantes productions, ont depuis des années, pris à bras le corps le problème, sans résultat probant. Plus les crises abondent, plus les élites semblent impuissantes, les belles idées prisonnières de la lutte des classes.
L’impression d’une dérobade générale qui s’est saisie du monde face à la souffrance chinoise s’affirme d’elle-même. Et cela vaut pour tous les autres territoires, où la maladie porte en elle une forme de honte. Le rejet signifie au malade sa faute voire sa culpabilité. La globalisation en faisant le fameux village planétaire n’a semble-t-il dressé que des ponts techniques, des passerelles utilitaires, qui ne filtrent que les capitaux, les profits, les bonnes nouvelles, toutes choses qui ne prennent rien de la détresse du monde. On boit goulument le bonheur à plusieurs ; on absorbe la potence seul. Plus que la circulation des biens et des êtres, c’est la circulation des sentiments et de la bienveillance qui semble impossible. Les bastions regroupés dans le grand ensemble du monde, deviennent des cloisons rivales, parfois en conflit, qui ne communiquent que le flux économique, parfois les virtualités, bien souvent leur lot de postures et d’impostures.
Dans les familles canadiennes, quand il faut quitter la table des convives, il est de coutume de dire dans une belle expression « il est temps de prendre un peu de souci » pour signifier la fin de la parenthèse de plaisir. C’est à cela qu’il faut peut-être s’atteler, prendre un peu de la douleur de la Chine et du Wuhan. Ni par héroïsme, ni par posture. Assumer même de ne pas forcément pouvoir y arriver. C’est toujours difficile de traduire une intuition ou une impression, mais le traitement du Wuhan et des malades, apparaît de plus en plus, comme le symptôme d’un mal plus grand : face à la détresse de l’autre, la protection de ses acquis est le réflexe le plus commun. Et ce de façon universelle. Le protectionnisme est à la fois un sentiment naturel et capitalistique. Un instinct vital et un égoïsme agressif. C’est une curiosité, une de fois de plus, qui montre qu’in fine, face à tous les défis du monde, surtout l’idéologie libérale du chiffre, le premier ennemi c’est soi-même. Cela explique peut-être, notre impuissance à la vaincre parce cela requiert une désaliénation de soi-même, de nous-mêmes. Plus que du cœur, de la solidarité, le changement exige une grandeur d’âme.
LE CHINOIS WANG SHU VOULAIT-IL SEMER LA PANIQUE À DAKAR ?
Dans la journée du 10 février, le ministère de la santé a reçu une alerte concernant une « personne » qui aurait quitté la ville de Wuhan - épicentre du coronavirus - pour aller prendre le vol Turkish Airlines depuis Hong Kong en direction du Sénégal
Et si l’alerte de Turkish Airlines avait sauvé le Sénégal d’un éventuel cas de coronavirus !
Si l’alerte envoyée au ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) concernant Wang Shu, un Chinois qui voulait embarquer depuis Hong Kong à destination de notre pays dans un vol de Turkish Airlines, est avérée, alors cette compagnie aérienne aurait sauvé le Sénégal d’une sérieuse menace d’introduction du coronavirus !
Dans la journée du lundi 10 février, le ministère de la santé et de l’action sociale (msas) a reçu une alerte concernant une « personne » qui aurait quitté la ville de Wuhan — épicentre de la maladie du coronavirus —, pour aller prendre le vol Turkish Airlines depuis Hong Kong en direction de Dakar. Un « fugitif » qui, selon la directrice de la santé, voulait embarquer à bord d’un vol de cette compagnie aérienne pour débarquer sur le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne !
La compagnie Turkish Airlines a donc fait preuve de responsabilité en contactant les autorités de notre pays pour les informer de cette tentative d’embarquement. Lesquelles se seraient opposées catégoriquement au débarquement du « fugitif « en question à Dakar.
Face à cette information, Dr Marie Khémess Ngom Ndiaye préfère jouer la prudence. Elle tient à préciser qu’on leur a juste parlé de « quelqu’un » qui aurait « quitté Wuhan ». Ce qui sous-entend que la nationalité de la « personne » en question n’était pas connu. Or, des sites en ligne ont parlé d’un « sénégalais » qui tenait coûte que coûte à rentrer à Dakar. « Ce qui n’est pas très exact comme information parce que Wuhan est aujourd’hui en quarantaine », a déclaré Dr Ndiaye lors de la réunion de coordination tenue hier dans les locaux du ministère de la santé et de l’action sociale. une réunion qui entre dans le cadre d’une action de veille sur la situation de l’épidémie du coronavirus au niveau mondial, et suivie avec une attention particulière au Sénégal.
Fort heureusement, jusqu’ici, notre pays n’a pas enregistré de cas. Un agent de la santé informe qu’« on a eu un cas suspect qui aurait été testé négatif ». Donc à ce jour, c’est zéro cas au Sénégal là où plus de 1000 personnes ont péri en Chine, à Wuhan, sur quelques 40 235 personnes atteintes depuis l’apparition de la maladie. Alors que le ministère parle d’un « fugitif », Le témoin a creusé pour connaitre le nom de ce « fugitif » qui voulait semer la panique au Sénégal. son nom : Wang Shu ! Il voulait embarquer depuis Hong Kong pour débarquer à l’Aéroport International Blaise Diagne (Aibd) avant de prendre une voiture pour venir à Dakar. Avec tous les risques que sa venue au Sénégal devait comporter. Même si les autorités rassurent quant à la mise en place de dispositifs techniques de veille un peu partout dans le pays, particulièrement dans tous les districts frontaliers. on peut dire que, grâce à Turkish Airlines, le Sénégal l’a échappé belle ! Du moins, cette fois-ci…
AU-DELA DE L’IMAGE D’APOCALYPSE , WUHAN, UNE DESTINATION ACADEMIQUE D’EXCELLENCE POUR LES ETUDIANTS AFRICAINS
Dieu sait que Wuhan est une destination du savoir puisqu’elle abrite de grandes écoles et universités d’excellence en matière d’ingénierie, d’agriculture, de transport, de gestion, automobile, informatique, télécommunications, bâtiment, etc.
Par le biais de son programme « Amitié Sino-Africaine », qui s’étale sur plusieurs années, la République populaire de Chine a décidé d’octroyer plus de 50.000 bourses à l’ensemble des étudiants africains. Rien qu’au titre de l’année académique 2019-2020, 48 étudiants sénégalais ont pu bénéficier de ces bourses avant d’être orientés vers les grandes universités de Chine. Et précisément les universités de technologues de Wuhan ou l’épicentre du coronavirus devenu une destination académique pour les étudiants africains.
Avec ses 60 millions d’habitants, Hubei est l’une des régions les plus vastes et les plus populaires de Chine. elle représente presque l’équivalent du Sénégal par sa superficie (185 900 km²). Ces derniers temps, Wuhan, la capitale régionale de Hubei est devenue tristement célèbre. Wuhan, rien que la simple évocation de ce nom fait peur et paniquer. Cataloguée et stigmatisée par la communauté internationale, mise en quarantaine par Pekin, la ville de Wuhan est subitement et tristement sortie de l’anonymat car étant la capitale mondiale, voire l’épicentre, de l’épidémie de coronavirus. Pourtant, derrière cette image d’apocalypse se cache une ville d’excellence ! une ville d’élite regroupant de grandes écoles et universités scientifiques et technologiques où convergent deux millions d’élèves et d’étudiants venant divers pays.
Notamment ceux d’Afrique noire francophone comme le Sénégal, le mali, la Côte d’ivoire, le Gabon, le Mali etc en fait, si la ville de Wuhan est en train de devenir un nouveau pôle d’attraction de la mobilité étudiante africaine, c’est grâce au programme « amitié sino-africaine » visant à concrétiser l’engagement pris par le président Xi Jinping de fournir 50 000 bourses d’études aux pays africains. des attributions de masse à long terme permettant à la Chine d’aider les pays d’Afrique à cultiver des talents à la pointe de l’industrie et des hautes technologies. Certes, quand il s’agit de la médecine, du management, des finances, des banques, des assurances, des lettres et des sciences humaines ainsi que des sciences juridiques, politiques et économiques, Dakar n’a rien à envier aux autres. Car, dans ces domaines, notre système éducatif et notre enseignement de qualité font partie des plus avancés d’Afrique au point d’attirer de nombreux étudiants du continent. encore que cette réputation soit grandement usurpée au vu de la manie de nos étudiants et de leurs professeurs à faire de grèves à tout-va ! Quant aux nouvelles technologies ou même technologies industrielles, les étudiants sénégalais ne pouvaient avoir meilleure destination que la Chine. Comme l’a si bien recommandé le Prophète Mohamed (Psl) dans un de ses hadiths « Cherchez le savoir même jusqu’en Chine, car la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman » lit-on.
Avec ses 60 millions d’habitants, Hubei est l’une des régions les plus vastes et les plus populaires de Chine. elle représente presque l’équivalent du Sénégal par sa superficie (185 900 km²). Ces derniers temps, Wuhan, la capitale régionale de Hubei est devenue tristement célèbre. Wuhan, rien que la simple évocation de ce nom fait peur et paniquer. Cataloguée et stigmatisée par la communauté internationale, mise en quarantaine par Pekin, la ville de Wuhan est subitement et tristement sortie de l’anonymat car étant la capitale mondiale, voire l’épicentre, de l’épidémie de coronavirus. Pourtant, derrière cette image d’apocalypse se cache une ville d’excellence ! une ville d’élite regroupant de grandes écoles et universités scientifiques et technologiques où convergent deux millions d’élèves et d’étudiants venant divers pays. Notamment ceux d’Afrique noire francophone comme le Sénégal, le mali, la Côte d’ivoire, le Gabon, le mali etc en fait, si la ville de Wuhan est en train de devenir un nouveau pôle d’attraction de la mobilité étudiante africaine, c’est grâce au programme « amitié sino-africaine » visant à concrétiser l’engagement pris par le président Xi Jinping de fournir 50 000 bourses d’études aux pays africains. des attributions de masse à long terme permettant à la Chine d’aider les pays d’Afrique à cultiver des talents à la pointe de l’industrie et des hautes technologies. Certes, quand il s’agit de la médecine, du management, des finances, des banques, des assurances, des lettres et des sciences humaines ainsi que des sciences juridiques, politiques et économiques, Dakar n’a rien à envier aux autres. Car, dans ces domaines, notre système éducatif et notre enseignement de qualité font partie des plus avancés d’Afrique au point d’attirer de nombreux étudiants du continent. encore que cette réputation soit grandement usurpée au vu de la manie de nos étudiants et de leurs professeurs à faire de grèves à tout-va !
Quant aux nouvelles technologies ou même technologies industrielles, les étudiants sénégalais ne pouvaient avoir meilleure destination que la Chine. Comme l’a si bien recommandé le Prophète Mohamed (Psl) dans un de ses hadiths « Cherchez le savoir même jusqu’en Chine, car la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman » lit-on.
Une ville francophile !
Et dieu sait que Wuhan est une destination du savoir puisqu’elle abrite de grandes écoles et universités d’excellence en matière d’ingénierie, d’agriculture, de transport, de gestion, automobile, informatique, télécommunications, bâtiment etc. Ces filières scientifiques et technologiques font courir d’innombrables étudiants africains, et particulièrement sénégalais. il est vrai, selon l’ancien secrétaire général du syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes), Seydi Ababacar Ndiaye, que la Chine ne cesse de s’affirmer comme une destination estudiantine d’excellence. « Mais, il n’y a pas de filières spécifiques pour aller étudier en Chine ou bénéficier d’une bourse du gouvernement chinois. Car, les candidats font leur propre choix dans diverses filières proposées. Je connais même un étudiant qui fait de l’économie et autres filières en dehors de la technologie » explique Pr Ndiaye. en dehors des filières scientifiques et technologiques, si les étudiants africains francophones optent pour Wuhan, c’est parce qu’elle est la plus francophile des villes chinoises. Pour preuve, de nombreuses entreprises et sociétés françaises comme Renault, Peugeot, Air-France, total et autres y sont implantées. « sans compter les nombreuses sociétés françaises d’agro-alimentaire qui officient à Wuhan et autres provinces environnantes.
Donc, la présence de nombres entreprises françaises et d’hommes d’affaires de l’hexagone constitue une opportunité pour les étudiants francophones de lier étude et travail. Surtout qu’il existe des partenariats de stages entre certaines universités de Wuhan et les entreprises françaises sur place. D’ailleurs, il y a beaucoup d’étudiants sénégalais qui font de petits boulots dans des sociétés françaises à Wuhan » confirme cet étudiant sénégalais en gestion et économie établi à Pékin, loin de Wuhan ou l’épicentre du coronavirus. Autant d’éléments qui montrent que, derrière les comptoirs de boucherie de viande sauvage du marché de Wuhan, se cachent une ville d’excellence pour les disciples du savoir !
Par l'éditorialiste de seneplus, Serigne Saliou GUEYE
RÉHABILITER LA PENSÉE DU PHARAON DU SAVOIR
Il appartient à la génération actuelle de ressusciter l’illustre égyptologue mais aussi le grand visionnaire et l’homme politique distingué en lui donnant la place qu’il mérite dans le cénacle des grands intellectuels du monde
Le 9 avril 2018, le magazine sud-africain « Chimurenga », spécialisé dans la culture, l’art et la politique, publiait, sur autorisation de l’auteur, une contribution du Professeur Souleymane Bachir Diagne parue il y a vingt ans lors d’une exposition consacrée au laboratoire carbone 14 du Professeur Cheikh Anta Diop. Ladite interview fut au centre d’une polémique intellectuelle entre Bachir et Boubacar Boris Diop. Ce dernier, dans une interview parue le 8 juin 2019 dans le très respecté site SenePlus, a accusé Souleymane Bachir Diagne de dénigrer, l’ironie en bandoulière, le Pr Cheikh Anta Diop tout en se gardant de toute hostilité manifeste. Il fit grief au philosophe de dénier à l’auteur de nations nègres et culture, la paternité du laboratoire de Carbone 14 conçu par Théodore Monod et concrètement mis en place par Vincent Monteil. Et last but not least, l’auteur du « temps de Tamango » flétrît le professeur à l’université Columbia de tourner en dérision la mention « honorable » – disqualifiante – ayant sanctionné la thèse du Pr Diop en Sorbonne, sans dire un seul un mot sur le contexte idéologique et politique qui a présidé à cette soutenance très particulière. Ce que réfuta le philosophe qui, dans sa réponse datée du 10 septembre dernier, précisa qu’« alors qu’on avait empêché à Cheikh Anta d’accéder à l’université en utilisant tous les moyens en commençant par la mention qui avait sanctionné sa thèse, et alors qu’on l’avait exilé dans ce laboratoire, il avait transformé ce bannissement en triomphe et fait de son laboratoire de l’or ».
Souleymane Bachir Diop avait conclu en accusant le journaliste-écrivain d’« étrange manipulation alchimique qui ne cherche plus l’or mais à faire boue de tout ». Ainsi, pour le philosophe, l’écrivain a transformé son hommage en calomnie. Ce duel de penseurs brillants et divergents a toutefois eu le mérite de réveiller le Landerneau intellectuel national plongé dans une profonde léthargie. un Landerneau qui semble avoir tourné le dos aux joutes contradictoires fécondes qui vitalisent le débat intellectuel. Souleymane Bachir Diop et Boubacar Boris Diop s’écharpent en toute chaleur au sein de cette communauté qui les rassemble et les arme l’un contre l’autre : celle des intellectuels.
Hady Ba, philosophe, formateur à la Fastef interféra dans ce débat d’esprits pétillants et écorcha vivement Boubacar Boris Diop. Amadou Lamine Sall, le poète disciple de Senghor, équilibriste, adopta une position équidistante et reconnut la pétulance intellectuelle des protagonistes même s’il admet que les deux labourent dans le même champ avec des semences différentes.
Un tel débat n’avait pas laissé indifférents les internautes qui, finalement, avaient fait de cet échange intellectuel contradictoire une joute scripturaire où chacun supportait son champion. Finalement, les réactions subjectives qui s’ensuivirent frelatèrent la chaleur des échanges entre ces deux éminents penseurs.
Dans ces réactions, il ne s’agissait pas de disséquer la pensée de chacun de ces brillants compatriotes pour mieux la critiquer, la critique étant la pierre de touche de toute pensée, mais seulement de manifester sa partialité à l’égard de son preux chevalier. d’ailleurs si cette polémique féconde entre Boris et Bachir dans l’arène intellectuelle n’a pas connu la forte germination qu’on attendait des autres intellectuels qui s’en délectaient à cœur joie, c’est parce que chacun voulait se montrer à tu et toi avec Boris ou Bachir. et chacun, du haut de sa travée, applaudissait quand son champion donnait un coup à l’adversaire. Ces différentes postures subjectives s’attardant sur l’épiphénomène trahissent toute la difficulté des jeunes intellectuels à appréhender la pensée profonde du Pr Cheikh Anta Diop. Ce 7 février, l’on célébrait le 34e anniversaire de la disparition du Pharaon du savoir à l’université de Dakar qui porte son nom.
Le fait que la salle Aminata Diaw Cissé de l’Ucad 2, qui abritait la conférence donnée par Boubacar Boris Diop, était pleine à craquer montre que les étudiants de ce temple du savoir, dont la majeure partie ignore encore les dates de naissance et de mort de Cad commencent à s’approprier les thèses du Pr Cheikh Anta Diop. Un égyptologue dont le combat vise à affirmer la valeur et la place de l’homme noir dans l’histoire de l’humanité. une place que des thèses discriminatoires voire racistes lui ont niée. si les Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran damas, aimé Césaire, David Diop, Alioune Diop et autres hommes de culture noirs ont choisi la littérature ou l’art pour affirmer l’identité culturelle noire, Cad, lui, aura choisi le terrain de la science pour systématiser ce combat d’envergure.
Dans Antériorité des civilisations nègres, il démontre la prééminence et la prédominance de ces dernières sur la civilisation gréco-romaine blanche sur laquelle l’occident a fondé son complexe de supériorité sur le reste du monde. Et le colloque du Caire organisé du 28 janvier au 3 février 1974 sous l’égide de l’Unesco, qui vint parachever le débat sur l’africanité de l’Egypte, marque le triomphe définitif des thèses du grand savant Cheikh Anta Diop sur l’Égypte antique, l’antériorité négro africaine de la civilisation égyptienne et sa prédominance historique. Ainsi le mensonge historique selon lequel « L’Egypte fut habitée à l’origine par des Hamites de race blanche » développé par le manuel d’histoire antique de Pierre Hallynck et de Maurice Brunet et qui était enseigné dans les programmes officiels de 1942 et 1943 des classes de sixième des séries classique et moderne fut définitivement battue en brèche par la thèse du Pharaon du savoir.
Bien évidemment, une telle posture irréfragable lui a valu le rejet de sa thèse De l’antiquité Nègre Egyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’Aujourd’hui, en 1951 à Paris. Un rejet qui n’avait aucun fondement scientifique mais puait les miasmes du racisme et du complexe de supériorité. de son vivant, pendant longtemps, Cheikh Anta Diop s’était vu refuser la possibilité d’enseigner dans son propre pays à cause de la mention « honorable » de sa thèse obtenue finalement en 1960.
Le Sénégal, sous Léopold Sédar Senghor, a beaucoup perdu dans la mise à l’écart du Pharaon du savoir comme il en a été avec l’emprisonnement arbitraire du président Mamadou Dia. il appartient donc à la génération actuelle de ressusciter l’illustre égyptologue mais aussi le grand visionnaire et l’homme politique distingué en lui donnant la place qu’il mérite dans le cénacle des grands intellectuels du monde. Pour ce faire, il convient d’enseigner ses œuvres dans les écoles et dans les universités afin de faire fructifier sa pensée. Par conséquent, il ne faut pas s’arrêter à ces cérémonies mémorielles solennelles à la limite folklorique qui souvent exhument pour mieux ensevelir. Encore une fois, il faut réhabiliter ces grands hommes qui font l’histoire de ce pays en s’appropriant leurs thèses.
«POURQUOI LE TOURISME SENEGALAIS PEINE A DECOLLER…»
Doudou Gnagna Diop, président de l'organisation nationale pour l'intégration du tourisme sénégalais (Onits)
Cheikh Camara, correspondant permanent à Thiès |
Publication 12/02/2020
L e tourisme sénégalais continue à battre de l’aile. La présente saison touristique confirme la morosité d’un secteur qui peine à jouer son véritable rôle dans l’économie nationale. La faute. Un système de pilotage à vue qui pousse le président de l’Organisation nationale pour l’intégration du tourisme sénégalais (ONITS), Doudou Gnagna Diop, à lancer encore un cri de cœur pour sauver ce secteur. Son intime conviction, c’est que le ministère du Tourisme et l’Agence nationale de promotion touristique ont échoué en privilégiant l’extérieur au détriment du tourisme intérieur et surtout en oubliant qu’il n’est pas du ressort de l’Etat surtout du ministère du Tourisme de vendre la destination Sénégal. Celle-ci doit être l’apanage du secteur privé national. Ce professionnel demande la disparition du ministère du Tourisme et son remplacement par un secrétariat d’Etat rattaché à la présidence de la République qui mettra l’accent sur le tourisme intérieur axé sur la valorisation des potentialités des terroirs... Entretien
Le Témoin - La présente saison touristique est décrite comme morose. Confirmez-vous un tell diagnostic en tant qu’homme de terrain ? Et si oui, comment expliquez-vous une telle morosité ?
Doudou Gnagna DIOP - il y a une part de vérité dans ce constat. Dans les petites structures, notamment les petits hôtels, il y a une baisse notoire de fréquentation durant cette saison touristique. Peut-être que dans certains endroits comme à Saly, il y a des hôtels qui marchent. Mais d’après les échos que j’ai des autres collègues au niveau de st-Louis et de la Casamance, en particulier, la fréquentation est en baisse pour cette saison touristique. Comment cela s’explique-t-il ? Je ne vois l’explication que dans la manière dont on fait la promotion du Sénégal qui n’est pas adaptée par rapport au contexte. on fait une promotion étatique pratiquement parce que c’est le ministère ou l’agence de promotion touristique qui a la clé à la main pour vendre la destination Sénégal. Alors que ce n’est pas leur rôle. La destination Sénégal doit être vendue par des privés en premier lieu puis la Promotion touristique les accompagne. Dans tous les pays du monde cela se passe comme ça. L’état est là pour faciliter et pour réglementer. Il y a aussi le fait que la promotion est centralisée. Les localités n’ont pas accès aux marchés émetteurs. Alors que ce qu’il fallait, c’est que les localités, les régions touristiques soient indépendantes et qu’elles se dotent de moyens pour faire leur propre promotion touristique. Dans chaque région, il faut un champion qui connait les diversités, les spécificités touristiques ainsi que les opportunités pour pouvoir commercialiser les localités ou les terroirs. En fait ce n’est pas seulement l’hôtel qu’on vend. on vend les paysages, les pôles d’attraction, l’attractivité. Au Sénégal, on n’est pas encore arrivé à ce niveau, et c’est d’ailleurs mon cri du cœur depuis 30 ans. On doit transférer les compétences du tourisme comme c’est le cas dans tous les pays touristiques du monde, pour que cela puisse marcher. Tant qu’on ne le fait pas, on assistera toujours à cette situation non performante vécue actuellement.
Transférer le tourisme, et notamment la promotion, vers les localités demande quand même toute une stratégie. Quel système doit accompagner une telle mutation importante ?
Transférer les compétences, c’est d’abord donner le pouvoir aux autorités locales et aux professionnels locaux de pouvoir s’organiser entre eux pour aller vers les marchés émetteurs avec les moyens qu’on récupère des taxes de promotion touristique et de la tva orientée vers le trésor. Toute cette manne financière est reversée pour qu’ils aient les moyens de faire leur promotion. Je pense que cela manque. tant qu’on n’a pas transféré les compétences, tout va être centralisé au ministère c’est-à-dire à la tutelle qui, à priori, organise la commercialisation des produits au Sénégal en connivence avec l’agence de promotion touristique, c’est qui fait que cela foire. il n’y a pas d’efficacité. D’ailleurs, on entend dire dans les réseaux sociaux que le ministère a dépensé énormément d’argent. Parce tout est centralisé entre les mains du ministère qui décide du tout. Ce n’est pas à l’état de faire la promotion du tourisme !
Justement, au dernier salon du tourisme de Paris, beaucoup d’argent aurait été dépensé, une délégation pléthorique ayant accompagné le ministre du Tourisme Alioune Sarr. Une telle démarche a été fortement décriée par les professionnels. Qu’en pensez-vous ?
Ecoutez, il y a un problème d’orientation de la politique touristique dans notre pays ! si ce que l’on raconte et qui s’est passé au salon du tourisme à Paris s’avère être vrai, alors c’est récurrent. a chaque salon du tourisme, il y a des sommes exagérées dépensées à faire la promotion de quelques hôtels, mais pas de la destination Sénégal en général. Parce que la petite structure qui est aussi capable d’accueillir 50 voire 100 personnes à l’intérieur du pays est en marge de ces promotions alors qu’elle devait en faire partie. Ces pratiques sont récurrentes parce qu’il y a à chaque fois des tâches d’ombre sur la façon de vendre la destination Sénégal. Personnellement, j’ai été toujours contre cette façon de faire. Je vais au salon du tourisme depuis fort longtemps, du temps de Deauville, je pense les acteurs et les professionnels ne diront pas le contraire. J’ai toujours dit que le ministère du tourisme n’a pas sa raison d’être, il faut un secrétariat d’état au tourisme rattaché à la Présidence et qui soit représenté dans chaque région du Sénégal pour une décentralisation parfaite avec une autonomie et des moyens pour chaque localité ainsi qu’un champion sur place pouvant promouvoir ces localités.
L’Agence de promotion touristique brille par son manque d’efficacité et d’utilité malgré les moyens dont elle dispose. Comment expliquez-vous cela ?
Cette agence de promotion touristique est dirigée vers les marchés émetteurs. elle ne s’occupe même pas du marché intérieur. et pourtant, le tourisme intérieur peut représenter 50 % de notre valeur ajoutée. Ce n’est pas le cas parce qu’on le minimise et on ne lui donne pas de la valeur. La raison se trouve dans le fait qu’il n’y a pas d’attractivité organisée. Les petits producteurs comme nous, on ne compte pas alors que ce devait être l’inverse. un pays ne peut pas être touristique si son peuple n’est pas impliqué. C’est le cas du Sénégal. Le ministre du tourisme dès qu’il est nommé, son premier souci, c’est d’aller dans les salons à l’étranger pour contracter des trucs pas possibles. Nous devrions commencer par nous. C’est ce que j’ai fait personnellement en organisant le salon du tourisme en 2007 à la place de l’indépendance et en 2009 à la mairie de Dakar, dans les parkings avec de petites structures, cela avait très bien marché. et après, il y a la tutelle qui met un Ticcaa qui s’est tenu une seule fois et qui a fini par échouer. il nous a empêché de nous envoler. Alors que ce qu’il aurait fallu faire, c’était de nous subventionner pour qu’on puisse implanter nous-mêmes le tourisme national. J’ai essayé en 2016 de relancer le salon à Thiès, mais là aussi l’agence de promotion touristique a pris un salon qu’elle n’a jamais payé. elle a fait sa promotion dans notre salon à la Promenade de Thiès, et elle n’a pas l’honnêteté de nous payer. Comment voulez-vous qu’on décolle dans ces conditions ? Il faut d’abord créer cette valeur ajoutée sur le territoire national, en développant le tourisme interne. Ce qui ne se fait pas avec des théories ou parce qu’on dit vouloir développer ce segment. Pour le réussir, il faut être pragmatique, poser des actes concrets. Hélas, jusque-là, tous les actés posés consistant notamment à demander aux sénégalais de payer 50 % moins cher ont échoué. Je le dis haut et fort, cela a échoué parce qu’on ne peut pas imposer à un privé de baisser son prix de 50 % en disant qu’on veut faire la promotion du tourisme intérieur. Le problème du privé, c’est d’avoir la propreté, la sécurité, d’avoir assez d’électricité, un bon débit internet… Lors de mon premier salon avec Amadeus, nous avons sorti une formule à Dakar, une formule que j’avais remise à la tutelle qui n’avait pas bougé. Cette formule permettait à la tripartite de gagner c’est-à-dire l’hôtel, le client sénégalais et l’état. Elle permettait de promouvoir le tourisme national intérieur. Quelques hôtels avaient accepté cette formule. ils avaient déjà démarré. Cependant, elle devait être un projet national organisé d’une certaine façon avec de la publicité. Individuellement, tu ne peux pas la faire. La formule est dans mes tiroirs, je peux la sortir à tout moment si on m’appelle. Le tourisme qu’on faisait avant et jusqu’à présent est adapté à la clientèle européenne, mais si on dit que nos pays sont émergents et que les sénégalais ont les moyens d’aller se reposer après une semaine de fatigue, il faut mettre en place une politique touristique adaptée à notre époque.
L’avenir du tourisme sénégalais passe par la promotion du tourisme intérieur…
Moi personnellement, je suis convaincu que tant que le tourisme intérieur n’est pas développé, que les sénégalais et les populations locales ne s’y retrouveront pas et ne s’approprieront pas cette industrie touristique, notre tourisme sera toujours en quête de quelques miettes d’investisseurs exogènes qui maitrisent le secteur et qui rapatrient leurs biens. a chaque fois qu’on incrimine l’état, je ne suis pas toujours d’accord bien qu’il n’ait pas mis en place une politique touristique adéquate. S’il ne gagne que 5 % sur les recettes d’entrée, c’est parce que l’organisation est verticale depuis les marchés émetteurs. Les touristes payent là-bas, la valeur ajoutée reste au niveau des marchés émetteurs, le transport à l’époque était pour les marchés émetteurs, heureusement aujourd’hui il y a Air Sénégal international, les plus gros porteurs sont pour les marchés émetteurs. Il faut corriger cette anomalie en voyant comment mettre en place une politique touristique favorisant le développement de l’interne… à notre niveau.
Le président de la République a lancé les « clean days ». Une idée saluée, mais qui doit être aussi appropriée par le tourisme. Quelle est votre opinion sur la question.
Le « cleaning day », c’est très bien, mais il faut que tout le monde se l’approprie, les institutions, les communes etc… Puisque toutes les communes gagnent de l’argent issu du secteur touristique, elles doivent alors vers ces zones touristiques pour les nettoyer. J’ai vu ces derniers jours dans les journaux et sur Facebook beaucoup de matériels usagés sortant des hôpitaux, jetés dans la mer et qui reviennent sur les plages au vu des touristes. Ce n’est pas bon. une fois les centres villes nettoyés, il faudrait se tourner au niveau des environs des hôtels, dans les sites touristiques et ce serait une très bonne chose.
LATIF COULIBALY FAIT LE DÉCOMPTE DE L’ÉMERGENCE
L’auteur du livre Sénégal en marche, aborde essentiellement dans cet ouvrage, la conduite et les réalisations qui ont eu lieu au cours du septennat du président Macky Sall (2012-2019)
Abdou Latif Coulibaly, l’auteur du livre Sénégal en marche, aborde essentiellement dans cet ouvrage, la conduite et les réalisations qui ont eu lieu au cours du septennat du Président Macky Sall (2012-2019). Et d’ores et déjà, l’auteur met l’accent sur les défis qu’impose un nouveau quinquennat (2019-2024), obtenu à la faveur de l’élection du 24 février 2019.
Ancien ministre de la Culture (2017-2019), Abdoul Latif Coulibaly rapporte des informations édifiantes. Son regard clairvoyant présente avec minutie le déroulement de l’histoire au Sénégal et les changements effectués depuis l’élection présidentielle 2012. Au-delà des considérations historiques très proches, nous avons entre les mains un livre visionnaire car à la lumière des faits rapportés qu’il décrit avec précision, il pressent et à juste titre, les changements majeurs auxquels on assiste et auxquels le Sénégal assistera.
L’ancien ministre démontre ainsi, que le Sénégal traverse une période cruciale et charnière de son histoire qui soulève évidemment les emblématiques questions : dans quelle mesure les politiques mises en œuvre au cours du mandat passé, seront-elles naturellement poursuivies avec le quinquennat en cours ? Pourront-elles permettre au Sénégal un nouvel essor pour enfin, le faire entrer, comme prévu à l’horizon 2035, dans le club encore très restreint des pays émergents dans le monde ? En somme, quel avenir pour quel Sénégal ?
Aucun détail inutile ici, aucun sujet superficiellement traité ou survolé. C’est un récit captivant qui évoque toutes les dimensions attachées à l’exaltante mission de conduire le destin d’un peuple : le politique, l’économique, le social ou enfin, le géopolitique. Tous ces thèmes y sont consignés. L’auteur nous éclaire sur une action et son moment. Plus encore, il met donc en perspective un avenir envisagé avec optimisme, afin de résister à un afro-pessimisme dévastateur qui est plus engoncé que jamais dans des certitudes erronées, des préjugés faits de mépris. Cette attitude tend vers l’immobilisme. Penser que rien ne bouge et ne pourra positivement bouger en Afrique est une aberration. L’auteur soutient, qu’en dépit des défis majeurs de l’avenir, entre autres ceux relevés avec lucidité tels que la jeunesse et ses angoisses, la gestion des hydrocarbures découverts dans le pays, la sécurité nationale, etc., le rêve de l’émergence est loin d’être une utopie.
Tout à la fois essai politique et Histoire vécue, Sénégal, l’histoire en marche paraît le 15 février 2020 aux éditions parisiennes les points sur les i.
Introduction
«Le samedi 2 novembre 2019, j’ai eu beaucoup de plaisir à écouter, sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), «l’écrivain chilien en résistance», Luis Sepúlveda, expliquer avec une rare finesse d’esprit le sens et la signification symbolique de son roman intitulé : Histoire d’une baleine blanche2. «Cette baleine blanche doit se battre contre les prédateurs de son milieu immobile, en particulier contre la baleine Essex. Elle doit livrer une guerre impitoyable contre les baleiniers et devenir ainsi un grand mythe de la littérature.» A la journaliste, Catherine Fruchon-Toussaint, qui l’interroge et qui a envie de connaître ses motivations quand il prend la plume, il répond : «J’écris pour résister.» Il ne m’a pas échappé que, lors de cette interview, l’auteur se replace dans le contexte de son pays natal, le Chili, et dans l’histoire propre de la Nation chilienne, à jamais marquée par la féroce dictature du général Pinochet4. Pourtant, bien qu’ayant une histoire différente de la sienne, car j’ai eu la bonne fortune de n’avoir jamais vécu sous une dictature, je n’en éprouve pas moins le désir ardent de lui emprunter sa pensée pour affirmer ma résistance, face aux assauts répétés de tous ces afro-pessimistes qui écument les studios de télévision et de radio, occupent les colonnes des journaux écrits, trustent tous les réseaux pour prononcer des sentences définitives contre nos pays, si ce n’est contre «l’espèce africaine». A eux tous, j’ai envie de leur dire, à travers cet ouvrage, qu’il y a bien des pays dans notre continent où les choses bougent et avancent positivement. On y enregistre des taux de croissance remarquables entraînant des progrès économiques et sociaux indéniables. Des pays dans lesquels les taux d’analphabétisme reculent, où des maladies endémiques comme le paludisme, le sida et autres, qui décimaient jusqu’ici les populations, reculent, et ont même tendance à disparaître. Eh oui, n’en déplaise à tous ces prophètes de malheur, il existe en Afrique des pays qui déploient des efforts incommensurables pour une prise en charge correcte des besoins vitaux des populations, avec des réussites indéniables à la clé. Elles sont enregistrées, certes, à l’insu de ces mauvais prophètes, elles n’en sont pas moins réelles et rendent plus optimistes, moins fatalistes et moins résignées les populations, quant à leur façon d’entrevoir leur avenir dans les moyen et long termes. (…)
P r e m i è r e p a r t i e
24 février 2019, à la lumière de l’histoire électorale récente du Sénégal
Toutes les contestations soulevées par l’opposition pour tenter de remettre en cause la crédibilité de ce scrutin, après l’élection présidentielle de février 2019, partent d’une fausse idée expliquant que le Président Macky Sall serait à l’origine d’un dérèglement total du Code électoral en vigueur depuis 1992, qui avait pourtant permis, selon les opposants, de doter le Sénégal d’un processus électoral exempt de reproches majeurs. Les opposants perdants au suffrage universel expliquent qu’il avait la volonté de bouleverser tout le processus des votes, en rompant volontairement toute attache avec le consensus ayant prévalu au sein de la classe politique nationale, et qui assurait l’application de ce code. Cette prétention ne correspond à aucune réalité dès lors que l’on examine avec du recul l’histoire électorale récente du pays, et en partant de l’application de ce fameux texte qui a eu lieu pour la première fois en 1993, lors du scrutin présidentiel de la même année. Peu, parmi ces opposants, saisissent de manière claire les péripéties de la naissance de ce système électoral né du Code électoral de 1992. La plupart d’entre eux ne sont pas suffisamment informés sur les événements postélectoraux ayant suivi le scrutin présidentiel de 1988. Or, ce sont ces événements qui ont été à la base de l’ensemble des décisions qui ont conduit au Code de 1992. Ce système est né, comme d’ailleurs celui de 1963 qui l’a précédé, à la suite d’une grave crise institutionnelle ou politique. (…)
D e u x i è m e p a r t i e :
Les résultats qui illustrent un septennat bien rempli
Les résultats du vote du 24 février scellent, d’une certaine façon, le travail d’un septennat bien rempli en termes de réalisations économiques et sociales. Les succès du mandat qui s’est achevé ont convaincu de nombreux citoyens. Nous ne pouvons pas présenter toutes ces réalisations dans le cadre de cet ouvrage. Nous avons alors choisi de présenter celles qui nous sont parues les plus significatives, en mettant en particulier l’accent sur les résultats ayant un cachet social marqué et une incidence immédiate sur le bien-être de nos compatriotes. Avant d’entrer dans le détail des explications qui permettent de montrer comment et dans quelle mesure les succès enregistrés ont pu décider les électeurs sénégalais, nous avons pensé proposer une grille de lecture du scrutin du 24 février 2019, afin d’aider à mieux faire comprendre ce qui a pu déterminer le vote majoritaire des électeurs. Mais il nous faut également analyser le comportement des vaincus qui ont rejeté le verdict, et refusé de féliciter le vainqueur de la compétition. Pourtant, dans un contexte africain particulier où les élections sont souvent ponctuées par de vives contestations, les Sénégalais peuvent bien se montrer fiers d’eux-mêmes et de leur système électoral. Il y a de quoi l’être, après avoir assisté à une campagne électorale calme, enregistré un vote sans incident majeur, avec un taux de participation important des électeurs (66 %), enfin, et été témoin d’une proclamation des résultats dans une remarquable ambiance de paix. (…)
Quelle leçon politique majeure en tirer pour la majorité présidentielle ? Celle-ci doit définitivement comprendre et accepter l’idée qu’aucune rupture, douce ou brutale, n’est souhaitable dans ses rangs au moment où il faudra se préparer pour affronter le scrutin de 2024. Quant à l’opposition, même si les regroupements politiques sont plus rassurants pour elle, son morcellement -qui sera peut-être inévitable- en divers pôles, ne sera pas nécessairement un drame. La preuve nous en a été donnée par les résultats des scrutins de 2000 et de 2012. Le candidat Macky Sall avait soutenu ce point de vue dans le cadre unitaire de l’opposition, et il avait rejoint Bennoo Siggil Senegaal après son départ du Pds. Paradoxalement, le parrainage que cette même opposition continue toujours de dénoncer pourrait jouer en sa faveur, en opérant comme un filtre et comme un formidable mécanisme de rationalisation des candidatures, d’où elle peut tirer, à son insu, un avantage certain par rapport à la majorité sortante. (…)
II. UN DEUXIÈME MANDAT POUR CONFIRMER LES ACQUIS
Rappelons que le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats définitifs de l’élection présidentielle du dimanche 24 février 2019 le vendredi 8 mars. Il est ressorti du document officiel publié par le conseil que le candidat sortant, Macky Sall, a obtenu 58,26 % des suffrages valablement exprimés, sur un nombre total de votants s’élevant à 4 420 000 (sur un total d’inscrits de 6 683 680). Le taux de participation était donc de 66,27 % des inscrits. Le Président sortant, qui vient ainsi de bénéficier d’une nouvelle confiance du Peuple, doit se remettre immédiatement au travail pour confirmer la dynamique de développement engagée au cours du septennat qui a été déjà bien rempli. Sans conteste, l’exécution du premier mandat aura suscité beaucoup d’intérêt auprès de l’opinion nationale, et même internationale, ce qui est pleinement justifié, car il a fait naître des attentes et soulevé des espoirs immenses auprès de toutes les couches de la population. Le Président reconduit doit alors rapidement trouver les moyens et voies appropriés pour consolider les acquis engrangés lors de son premier mandat, qui ont été possibles par la mise en œuvre de la première étape du Plan Sénégal Emergent (PSE). Il lui revient également le devoir de porter avec autant, sinon avec plus de rigueur, l’entame et la conduite de la deuxième étape de ce PSE. Le deuxième Programme d’Actions Prioritaires (PAP2) de ce Plan vient dans le même esprit que le PAP1, pour renforcer la dynamique notable de croissance de l’économie et de sa transformation structurelle. (…)
PSE : une option radicale dans la conduite des politiques
Un plan pour assurer l’émergence du Sénégal ! En prenant la décision de lancer le PSE ? Macky Sall avait, comme il l’explique lui-même, la ferme conviction que le Sénégal gardait encore intacte sa capacité à transcender les difficultés auxquelles il est confronté depuis son accession à la souveraineté internationale, pour s’affirmer économiquement dans le concert des nations du monde. On ne le répétera jamais assez : «Pendant plusieurs décennies, des politiques et stratégies ont été mises en œuvre au Sénégal, sans une amélioration conséquente de la situation économique et sociale des populations. Au contraire, le pays a vécu une situation de croissance faible et erratique caractérisée par un essoufflement rapide des moteurs traditionnels qui portaient l’économie se traduisant par un chômage massif, une pauvreté endémique et de fortes disparités sociales et territoriales.»
Cette tendance est imputable au choix des gouvernants de faire porter l’activité par quelques secteurs dont le marasme induit un ralentissement, voire un déclin dans la production de richesses. Face à tout cela, le président de la République a alors décidé «de rompre avec les schémas classiques, pour positionner le pays dans la voie de la modernité et impulser un nouveau modèle de développement économique et social. C’est toute la portée et la signification du Plan Sénégal Emergent (PSE)».
Les ambitions de base du PSE
Cette nouvelle option politique, comme il est devenu coutume de le dire, repose sur trois axes fondamentaux qui en déterminent le contenu et les orientations. Une vision détermine ces axes nodaux. Le PSE opérationnalise en effet la vision d’un : «Sénégal émergent en 2035, avec une société solidaire, dans un Etat de droit», l’objectif étant d’installer le Sénégal et son économie dans une trajectoire de «croissance forte, inclusive, durable, créatrice d’emplois et tout en préservant tous les équilibres écologiques et environnementaux». Le PSE vise en particulier, en l’espace d’une décennie, un décollage qui se traduira à la fois par un développement économique et par des progrès sensibles en matière de développement humain, à travers des objectifs quantitatifs, à l’horizon 2023.
Je parlerai avec beaucoup d’enthousiasme du PSE, je parlerai surtout des avancées qu’il a déjà permis à notre pays d’enregistrer dans le domaine économique. J’ai fait un choix de cœur. J’aurais pu m’étendre sur toutes les réalisations et tous les secteurs dans lesquels elles ont été opérées, mais je reste conscient de l’ampleur de la tâche et des difficultés qu’impose le pari d’une telle exhaustivité. Et c’est l’une des raisons, sinon la principale, qui m’ont amené à faire un choix qui paraîtra en définitive arbitraire du fait de l’élimination qui en découle. Cette exclusion peut sembler sans raison, mais c’est celle du cœur. Ils sont encore nombreux, parmi les responsables de l’opposition politique nationale, à se montrer sceptiques, voire irrités, quand on leur parle du PSE. (…)
V. L’avenir proche du PSE : Plan d’Actions Prioritaires (PAP), échéance 2019-2023
Le tour d’horizon que nous avons réalisé dans bien des domaines du Plan Sénégal Emergent a permis de comprendre ce que signifie, en termes pratiques, ce référentiel de base de nos politiques publiques, et quels impacts positifs et considérables il a favorisés dans l’évolution et la transformation profonde du système économique et social du pays, et dans l’amélioration du bien-être des populations, durant le septennat qui s’est achevé le 2 avril 2019. Rappelons que le PSE s’inscrit dans la perspective que lui dessine l’Etat dans le cadre du plan stratégique des actions prioritaires élaborées dans sa phase II. Nous allons désormais en parler en scrutant brièvement son avenir immédiat, c’est-à-dire ce qui concerne la période 2019-2023, en nous appuyant sur le document précédemment mis en ligne, et toujours disponible sur Internet, par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (MEFP), qui n’existe plus, et qui a été repris à son compte par le nouveau ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération (MEFC), qui en assure désormais, depuis le remaniement ministériel du 7 avril 2019, la tutelle technique102. Cette programmation dans le temps de l’exécution de la phase II du PSE détermine désormais les engagements et charges du quinquennat en cours. On rappelle qu’à l’occasion du Conseil des ministres du mercredi 2 octobre, le président de la République a, dans ce sens, informé le conseil de sa volonté d’accorder une priorité absolue à la mise en œuvre du Plan stratégique de la Phase II du PSE.
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A. Les défis auxquels il faut faire face
1) Le développement d’une économie compétitive, inclusive et résiliente
«L’accélération de la dynamique de transformation structurelle de l’économie ne peut se réaliser sans une forte productivité des secteurs économiques porteurs de croissance, une création massive d’emplois, ainsi qu’un accroissement et une diversification des exportations. Ainsi, il demeure fondamental de rehausser les niveaux d’investissements productifs, de consolider les chaînes de valeurs, et de mettre en place, au niveau des territoires, des infrastructures de soutien au développement. Il convient également d’accélérer le processus d’industrialisation, en misant sur le développement de PME/PMI plus performantes ; la promotion de champions nationaux ; l’attraction des investissements directs pour capitaliser les opportunités en matière d’innovation ; la valorisation des potentialités agricoles, touristiques et minières, ainsi que la mise en place d’un écosystème du pétrole et d’une économie numérique plus innovante.» (…)
Q u a t r i è m e p a r t i e
Hydrocarbures, une chance pour l’émergence et le développement
Face à l’incertitude d’un changement politique, les électeurs sénégalais ont peut-être opté pour la continuité, en gardant Macky Sall, et en misant avec lui sur plusieurs tableaux. Sans aucun doute, figurent en bonne place dans ces tableaux l’exploitation et la mise en valeur des importantes découvertes de gisements de gaz et de pétrole dont ils attendent beaucoup. Ils lui ont fait confiance en ayant à l’esprit son expertise avérée en la matière, ses capacités politiques et techniques à transformer d’abord les produits de ces gisements en recettes budgétaires, et de savoir faire face aux immenses besoins de ressources financières pour notre économie. En s’appuyant sur ces mêmes produits stratégiques, nul doute qu’il saura construire une nouvelle économie qui fera de ces produits un puissant moteur d’un développement économique endogène, global, intégré et solidaire.
Les électeurs ont bien évalué le défi : régler définitivement l’extraversion de notre système de production nationale pour dépasser l’émergence, et arrimer le pays sur l’orbite d’un développement maîtrisé et durable. La question du gaz et du pétrole va au-delà de la question économique stricto sensu, tout en l’intégrant, car ces ressources permettront de nous forger un destin assumé dans la souveraineté d’un Etat indépendant économiquement, capable de conquérir une place de choix, avec responsabilité et dignité dans le concert des nations du monde qui comptent, et dont la voix sera encore plus audible et plus respectée qu’elle ne l’est aujourd’hui. (…)
La jouissance des fruits des découvertes d’hydrocarbures
Cette jouissance est vaste dans ses manifestations ; elle est ainsi attendue à plusieurs niveaux, à commencer par celui des recettes fiscales et parafiscales. On n’oubliera pas d’autre part que le Sénégal dispose essentiellement de son budget pour assurer son développement : on peut dès lors imaginer l’impact réel que les exportations du pétrole et du gaz pourraient avoir directement sur la constitution du collectif budgétaire présenté par le gouvernement, et adopté chaque année par l’Assemblée nationale. Nos hydrocarbures devraient constituer un levier pour assurer un développement conséquent de l’industrie pétrochimique locale, à partir desquelles les engrais et les médicaments sont fabriqués. Par ailleurs, nous pouvons croire que le Sénégal disposera de moyens pour entreprendre un travail utile de développement de nos petites et moyennes industries. Ces hydrocarbures devront assurer en outre la croissance d’une économie d’ensemble structurée autour de ces ressources, en vue de consolider la mise en place d’un tissu économique endogène et intégré. Dans l’esprit des citoyens, ce sont généralement les seules retombées financières des hydrocarbures qui sont bien perçues. Or, le pétrole et le gaz, si toutefois ces deux ressources sont stratégiquement bien gérées, vont bien au-delà de cet aspect financier qui a été si souvent privilégié, et qui a souvent été également à l’origine de ce qu’il est convenu d’appeler dans le langage courant “la malédiction de l’or noir”. Il n’y a pourtant aucune fatalité qui vaille en la matière, et il suffit de savoir éviter certaines des erreurs et plusieurs des écueils qui ont pu se révéler fatals ailleurs.
Les recettes fiscales et autres
On imagine bien les différentes formes de retombées financières de l’exploitation de nos ressources d’hydrocarbures. Pour parler de recettes, il est important de signaler les importantes rentrées budgétaires attendues de l’exploitation de ces hydrocarbures, même si cette perspective n’est pas envisagée comme une fin en soi. Tant s’en faudrait, d’ailleurs ! Les recettes seront perçues sur la base de règles bien établies dans les conventions nous liant aux compagnies pétrolières et gazières. Comme nous l’avons déjà montré dans les développements contenus dans le chapitre précédent consacré aux ressources gazières et pétrolières, toutes les retombées attendues ont été prévues et organisées sur des règles établies dans les CRPP de base, signés pour le gaz comme pour le pétrole. Les conventions dont il s’agit prévoient, rappelons-le, essentiellement trois catégories de recettes que nous pouvons énumérer ainsi : 1. Les apports de la rémunération des parts dont dispose Petrosen dans la géographie des capitaux des compagnies de pétrole et de gaz de droit sénégalais qui exploitent nos ressources. Ces parts prises par Petrosen pour le compte de l’Etat du Sénégal sont susceptibles de varier, dans tous les cas, entre 10 et 20 % du capital indiqué, donnent droit à des dividendes, au prorata de la participation de l’Etat. Cette partie de recettes n’est pas négligeable, même si elle reste limitée par rapport à l’ensemble des recettes globales.
2. Le Sénégal pourrait disposer, d’après l’avis des experts, de plus de 60% des revenus de son pétrole et de son gaz après recouvrement des investissements. D’autres experts, se montrant plus généreux, parlent de 70%. Cela est envisageable si on se base sur : les parts du Sénégal résultant du partage de production qui pourrait donner lieu à une commercialisation de brut sur le marché international. Cette part pourrait être comprise entre 35 et 58%, dans une fourchette établie entre zéro à 120 000 barils/jour, conformément aux contrats signés ; les 30% d’impôts sur les sociétés, quand l’exploitation va commencer ; les impôts sur les salaires et autres. (…)
Du curieux et faux débat ouvert sur les hydrocarbures
Si ce n’était pas le pétrole et le gaz qui sont en cause, il ne serait peut-être pas très utile de nous attarder sur les accusations formulées par certains opposants contre le pouvoir, notamment, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, dans sa façon de conduire le pays vers un système d’exploitation de nos importants gisements de gaz et de pétrole. Cette matière est à notre avis trop sensible et importante pour l’avenir de ce pays. Il paraît donc prudent de laisser prospérer une once de doute et de soupçon dans l’esprit des citoyens, quant à l’intégrité et la transparence des mécanismes conduisant à l’exploitation prochaine de nos hydrocarbures. En laissant prospérer des contrevérités et des amalgames, on pourrait laisser croire que toutes nos ressources d’hydrocarbures seraient compromises par les autorités, qui auraient failli à leur devoir de conduire ce pays vers une exploitation responsable et largement bénéfique pour le Peuple sénégalais. On remarque, en suivant la ronde des accusateurs les plus virulents, les philippiques de l’ancien Premier ministre précité, et les attaques ravageuses du néo-opposant Ousmane Sonko, ainsi que celles du député Mamadou Lamine Diallo. Ce n’est que tardivement que la chaîne britannique de télévision BBC est venue au secours de nos opposants pour diffuser une «enquête» qui conforte leurs critiques. (…)»
LE CREDIT MUTUEL DU SENEGAL EN ZONE DE TURBULENCE
Le collège des délégués du personnel a déposé, hier, sur la table du Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, sa plateforme revendicative.
Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) renoue avec la crise. Tout au moins, le collège des délégués du personnel a déposé, hier, sur la table du Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, sa plateforme revendicative. Les travailleurs se désolent du climat social actuel et exigent plus de considération.
La grogne s’accentue au Crédit Mutuel Sénégal (CMS). Les travailleurs, par le biais de leurs syndicats respectifs, sont allés hier se plaindre chez le Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale. Ainsi, ils ont déposé leur plateforme revendicative dans laquelle ils ont consigné tous les griefs qu’ils reprochent au top management de l’institution financière.
Dans la lettre dont «L’As» détient une copie, les mandataires des collèges des Délégués du personnel sollicitent en application des dispositions L 272 du Code du travail, l’intervention des autorités en charge du respect des droits des travailleurs auprès de leur employeur, le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS). En effet, ils estiment que depuis plus de trois ans, ils traversent une situation très difficile qui se traduit, selon eux, par une dégradation des relations personnelles et de travail ; une violation continue de la législation du travail ; une démotivation du personnel dans sa majorité ; et une faible évolution de notre niveau d’activité.
Conscients de cette situation et convaincus qu’il est encore possible de sauver leur entreprise, les syndicalistes demandent au Crédit Mutuel Sénégal de «réviser l’accord d’entreprise suite au projet soumis par les délégués du Personnel et à l’engagement de l’employeur ; de payer la prime de productivité conformément à l’Accord d’Entreprise». Ils espèrent ainsi que l’autorité arrivera à une conciliation sur le différend les opposant à leur employeur. Cette crise survient après une longue période d’accalmie au niveau de l’institution financière. En fait, les dernières tensions au sein du CMS remontent à deux ans, période à laquelle les travailleurs réclamaient la fin de l’administration provisoire, mais aussi le versement des primes de productivité et de mission pour les exercices 2016. Il déplore également le non-respect jusque-là par l’Administration du CMS de l’accord d’entreprise signé depuis février 2017.
A préciser que les syndicalistes se sont toujours montrés ouverts au dialogue pour trouver une issue heureuse à leurs doléances. A rappeler que le Crédit Mutuel du Sénégal a été créé en 1988 suite à une coopération entre la France et le Sénégal avec comme mission principale de financer les démunis. En 2000, il est devenu une Institution de finance et de micro finance. C’est en 2004 que le CMS a eu son premier directeur noir en la personne de Mamadou Touré décédé en février 2018.
NOO LANK TAILLE EN PIECES SENELEC
Face à la presse hier, «Noo Lank» a présenté un mémorandum intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» dans lequel il démonte en pièces les arguments du gouvernement concernant la hausse du prix de l’électricité
Le collectif «Noo Lank» change de stratégie et passe à la vitesse supérieure dans sa lutte contre la hausse du prix de l’électricité. Face à la presse hier, «Noo Lank» a présenté un mémorandum intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» dans lequel il démonte en pièces les arguments du gouvernement concernant la hausse du prix de l’électricité. A les en croire, la Senelec a fraudé avec la complicité de la Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité (Crse). Le président de Sos Consommateur, Me Massokhna Kane, demande l’audit du plan «Yeesal», de l’ASER et de la SENELEC.
Comme il l’avait annoncé dans le cadre de sa nouvelle stratégie de lutte pour obtenir du gouvernement le retrait de la mesure de hausse des prix de l’électricité, le collectif «Noo Lank» a présenté hier son mémorandum. Il s’agit d’un document de 26 pages intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» qui comporte les arguments du collectif de se révolter contre la mesure impopulaire du pouvoir d’augmenter les prix de l’électricité. Pour Aliou Sané et ses camarades, l’argument du gouvernement est infondé. «Il s’agit d’une stratégie frauduleuse sans scrupule basée sur une surestimation arbitraire et exagérée. Cette hausse est un moyen pour le gouvernement de permettre à la Senelec de transférer et de repartir sa dette au niveau des consommateurs.»
Pour asseoir leur thèse, les camarades de Bentaleb Sow évoquent le traitement que la Crse a réservé à l’approbation de la nouvelle grille tarifaire que lui a adressée la Senelec. «La Commission a validé la grille tarifaire en moins de 24h, ce qui ne respecte pas les lois et règlements», relèvent-ils avant de citer l’article 36 alinéa 6 du contrat de concession entre l’Etat du Sénégal et la Senelec qui stipule que «si la révision envisagée est telle que l’un au moins des nouveaux tarifs soit supérieur ou inférieur de plus de 5% aux tarifs correspondants appliqués durant les douze mois précédents, la Senelec soumet à la Commission un projet de révision et la Commission dispose d’un délai de deux mois à compter de la réception du projet de révision pour faire connaître sa décision.» Ce qui les pousse à dire que le travail de contrôle n’a pas été fait par la Commission qui, selon eux, s’est comportée comme une «sous-direction» et a permis à la Senelec de «s’auto-entraîner».
Toujours dans sa démarche de déconstruction de l’argumentaire de gouvernement, «Noo Lank» rappelle la hausse exponentielle des factures de l’électricité le mois même de l’entrée en vigueur de la mesure. «Au cours du mois de décembre, les clients de la Senelec ont été surpris de voir leurs factures connaître une hausse exagérée alors que les factures portent sur une période de consommation antérieure à l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs», indiquent Aliou Sané et Cie. Ainsi, le Collectif demande à la société nationale de l’électricité de cesser immédiatement la surestimation arbitraire et frauduleuse. «Le doute n’est plus permis sur la fraude qu’est en train d’opérer la Senelec en concomitance avec la Crse pour épurer sa dette.» D’ores et déjà, «Noo Lank» demande au Président Macky Sall d’annuler la hausse des tarifs de l’électricité et de saisir l’Inspection Générale d’Etat(Ige) afin d’évaluer la gestion de la Senelec, de 2012 à nos jours.
AUDIT DES STRUCTURES PUBLIQUES D’ELECTRICITE
Ayant pris part à la rencontre, le président de Sos Consommateurs, Me Massokhna Kane, se réjouit du combat mené par le collectif «Noo Lank». Pour lui, le Sénégal devait baisser les prix de l’électricité de moins de 30% au lieu de ramer à contre-courant.
Rappelant une batterie de mesures prises par le chef de l’Etat allant dans le sens d’assouplir l’accès à l’électricité, le défenseur des consommateurs trouve paradoxal qu’en 2020, les prix de l’électricité flambent. «Lorsqu’on dit qu’on va produire 1 229 MW, donc plus que le besoin des Sénégalais qui était environ de 800 MW, on ne va pas louer un bateau turc pour 5 ans pour une somme de 115 milliards Fcfa qui doit produire 240 MW. On ne peut pas être en surproduction et aller même jusqu’à envisager de vendre de l’électricité en Gambie et en Guinée Bisseau et aller louer des bateaux pour vous fournir de l’électricité», clame Me Massokhane Kane qui estime que tout ce qui a été avancé pour justifier cette hausse n’est pas fondé. «Comme mesure, il faut auditer le plan Yeesal.
Dans le plan Yeesal, dans le plan 2016- 2020, on nous avait promis qu’en 2020, on allait vendre le courant entre 60 et 80 F le Kwh. Maintenant, on en est au double. Ce qui veut dire que ce plan a échoué et qu’il faut l’auditer», fulmine-t-il. D’autant que beaucoup de centaines de milliards de F Cfa ont été investis dans le plan.
Dans la foulée, ils demandent également l’audit de l’Aser. Il estime d’ailleurs que l’audit de cette agence permettra d’éclairer la population sur l’électrification rurale. Poursuivant sa liste de revendication, il demande l’éclatement de la Senelec qui a été décidé depuis maintenant 10 ans afin de réduire ses charges. En outre, le leader consumériste demande la libération de Guy Marius Sagna qu’il considère comme un otage de la Senelec.