L’ambassadeur de Chine au Sénégal ne digère pas les rumeurs et les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux à propos du Coronavirus.
Zhang Xun a fait face à la presse à Dakar, ce mardi pour dénoncer et inviter les populations à ne pas céder à la terreur. «Le virus fait peur, mais les rumeurs et la terreur sont pires que le virus», a déclaré le diplomate.
Il ne cache pas son mécontentement et martèle qu’ «il ne faudrait pas céder à la terreur. Car des experts ont révélé que le taux d’infection du virus est modéré et l’organisation mondiale de la santé a révélé que le Coronavirus n’est pas une pandémie, mais plutôt une épidémie».
Déterminé à rétablir la vérité et éclairer l’opinion sénégalaise sur la pneumonie virale, Zhang Xun a expliqué la situation de la Chine continue de se battre avec ses autorités va sûrement venir à bout de cette épidémie.
«Des mesures importantes réparties en 5 volets ont été prises par les autorités chinoises depuis le déclenchement de l’épidémie.
Enrayer la propagande de l’épidémie, renforcer les moyens et rassembler tous les ressources à travers le pays, accélérer la recherche, publier en temps réel les informations avec l’esprit d’ouverture et de transparence en renforçant la coopération avec la communauté internationale, mais également la limitation des déplacements des chinois pendant la fête du nouvel an sont entre autres mesures qui permettent permis de lutter efficacement contre la propagation de l’épidémie.».
Par ailleurs l’ambassadeur se réjouit des résultats positifs enregistrés dans la lutte contre le Coronavirus qui est selon lui, moins dangereux que les autres épidémies qui secouent le monde, «le taux de mortalité est de 2%.
Ce taux est plus faible que celui du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) 10%, celui de la Grippe H1N1 apparu aux Etats Unis 17,4 %, et celui de la grippe MERS 37%. Et son cas d’infection dans le monde représente moins de 1 %.»,
a souligné M. Xun non sans rappelé que le Coronavirus n’est pas une pandémie, mais plutôt une épidémie.
par Mamadou NDIAYE
À L’ÉCOUTE DES SILENCES
Ce qui s’est affaissé l’autre jour à Saint-Louis s’apparente à l’effondrement d’un monde cimenté par les « idéaux de solidarité, de partage, d’équité et de culture de la paix »
Certains actes taquinent l’histoire. L’indicible sauvagerie des hordes de Saint-Louis s’attaquant, toute honte bue, aux symboles d’une poussive intégration, ne traduit pas qu’un malaise. La difficulté d’exister pointe dans la furie, se manifeste dans cette même folie qui s’est emparée d’une foule déchaînée. Déjà, la colère est mauvaise conseillère. D’émotion simple, elle traduit une frustration que saisissent les manifestants pour exprimer des impatiences que rien ne justifie. Dans ce cas, les dégâts sont autrement plus fâcheux. Sans commune mesure du reste.
Les évènements de Saint-Louis, ville d’élégance, le démontrent amplement. Tragique. Incendier des pirogues arraisonnées, brûler des véhicules en stationnement, caillasser puis mettre le feu sur le siège de l’OMVS, voilà la funeste œuvre des brutes insensibles du mardi 4 février. Avec soin, l’organisme conservait dans ses locaux quelques 14 000 fiches qu’il s’apprêtait d’ailleurs à dématérialiser en les numérisant. Seuls 4 000 documents ont pu l’être. Tout le reste, c’est à dire 10 000 pièces de grande précision, a été la proie des flammes.
Quelle déception ! Même le monde médiéval n’aurait pas approuvé une telle forfaiture, à la fois un manque de civilité et un manquement à un serment. Ceux qui ont agi ainsi n’ignoraient rien de la valeur inestimable de l’édifice et de ses incomparables archives. Il s’agit d’un patrimoine collectif propre à trois voire quatre Etats qui en sont les membres fondateurs. Ce qui s’est affaissé l’autre jour à Saint-Louis s’apparente à l’effondrement d’un monde cimenté par les « idéaux de solidarité, de partage, d’équité et de culture de la paix ».
Les prémices remontent à 1802 avec la conception d’un plan agricole dès l’époque coloniale. Lequel plan se déclinera, des années durant, en missions d’études ou d’aménagement ou encore de navigabilité et même « d’instructions nautiques en 1903 entre Saint-Louis et Kayes », le long de ce majestueux fleuve qui cimente le Mali, la Guinée, le Sénégal et la Mauritanie. Proximité géographique oblige, les deux derniers pays partagent une même frontière. Sans doute une même histoire aussi. Aujourd’hui, les deux pays empruntent la même trajectoire économique « dans la coopération pour la maîtrise et l’exploitation rationnelle des ressources du fleuve Sénégal. »
De nombreuses fragilités subsistent néanmoins entre le Sénégal et la Mauritanie. A intervalles réguliers, heurts, rixes et accrochages jalonnent les rapports de coexistence entre Nouakchott et Dakar qui, pour tempérer les ardeurs, usent (sans abuser) des subtilités diplomatiques. Un jour des pêcheurs sénégalais sont arrêtés en haute mer par des gardes côtes mauritaniens pour non respect des règles en vigueur. Un autre, des conventions d’octroi de licences sont signées en grande pompe.
Concernant ce dernier aspect, la jubilation est aussi brève qu’une pluie de contre saison. En d’autres termes, un accord signé et respecté crédibilise un partenariat qui se consolide au gré des évolutions. Se jouer du temps et multiplier les ruses ne favorisent guère un climat de confiance dans un voisinage abasourdi par les fameux troubles de 1989.
Certaines voix déchirent le silence pour crier leur sort peu enviable. D’autres poussent plus loin leur radicalité allant jusqu’à exiger de la Mauritanie l’augmentation du nombre de licences à attribuer aux gens de mer qui les sollicitent. Un comble ! Après tout, c’est à un Etat souverain qu’ils s’adressent ? Verraient-ils d’un bon œil que des Mauritaniens formulent des injonctions au Sénégal ? Il y a des limites à ne pas dépasser.
N’est-il pas temps d’ailleurs pour les responsables des deux rives de prendre un peu de hauteur pour aborder les questions qui fâchent en vue de leur trouver des solutions pérennes ? Que faire face aux réalités ? Le temps file. Les hommes défilent. Qui donc pour se charger des situations qui s’enfilent ? A force d’entendre les mêmes récriminations, on a l’impression de vivre un mal récurrent.
Face à l’immensité de l’océan, ramener l’exploitation de la ressource halieutique à la seule équation des quotas est forcément réducteur. Cette vision est de courte vue et manque d’ambition puisqu’aucune projection ne la sous-tend. Le grand bruit ne concerne hélas que les pauvres pirogues de la pêche dite artisanale. Qu’en sera-t-il demain si nos pays devraient faire face à des chalutiers et autres bateaux pratiquant la pêche industrielle ? Si côté mauritanien, le raidissement ne s’explique pas, la notoire indiscipline, côté sénégalais, ruine toute prétention des acteurs de la filière,
Notre voisin du nord a une haute maitrise de sa ressource et observe avec rigueur le repos biologique indispensable à la reproduction des espèces. Les pêcheurs sénégalais arrivent souvent sur les côtes mauritaniennes avec des filets ne répondant pas aux normes. Pour avoir dilapidé avec négligence et insouciance la richesse de nos côtes, les pêcheurs sénégalais, notamment ceux de Guet Ndar et de Kayar sont mal vus à Nouakchott et Nouadhibou. Une telle réputation aiguise le soupçon et renforce la surveillance comme en son temps le « hooligan » faisait l’objet de toutes les attentions partout où il se déplaçait.
En renversant les proportions, la Mauritanie, à son tour, affiche une sidérante faiblesse dans le domaine de l’élevage vis-à-vis du Sénégal. Jamais cette délicate situation n’a été brandie comme épouvantail opposable à la partie mauritanienne. Pour ne prendre que le cheptel des camélidés, quelques 3 000 chameaux franchissent la frontière pour se retrouver une bonne partie de l’année dans les plaines du Ferlo. Parfois, les troupeaux progressent jusque dans le parc de Niokolokoba à l’est du Sénégal. En moyenne, un chameau pèse entre 600 et 800 kg et mange par jour entre 300 et 400 kg d’herbes, de branches et de fruits sauvage.
Politiquement, la gestion des chameaux est sensible en Mauritanie. Les propriétaires principaux sont de grands électeurs. Leurs avis comptent dans les choix, les décisions et les options d’envergure des gouvernements successifs. Sans inciter à la réciprocité, les négociations doivent englober l’ensemble des secteurs dont la complémentarité assure l’équilibre entre les deux pays. Une constante historique : les peuples cohabitent en dépit des vicissitudes. Pas besoin de nier l’évidence…
PREVALENCE DE L’EPILEPSIE AU SENEGAL, 300 000 PERSONNES SOUFFRENT DE CETTE MALADIE
Face à la presse à la presse hier pour célébrer la journée mondiale de l’épilepsie, la LSE a révélé que 300.000 personnes souffrent de cette maladie au Sénégal.
Grosse révélation de la Ligue Sénégalaise contre l’Epilepsie (LSE). Face à la presse à la presse hier pour célébrer la journée mondiale de l’épilepsie, la LSE a révélé que 300.000 personnes souffrent de cette maladie au Sénégal.
Considérée comme une maladie chronique, l’épilepsie est un dérèglement du cerveau dû à des crises dont certaines, comme les convulsions, sont connues. Le neuropédiatre Pr Abdoulaye Ndiaye, par ailleurs président de la Ligue Sénégalaise contre l’épilepsie (LES) est revenu sur cette maladie qui constitue la première pathologie neurologique de l’enfant. «Actuellement au Sénégal, les épileptiques sont estimés à environ 300 000 dont une grande majorité d’enfants. Ces chiffres sont minimes car il y a beaucoup de personnes qui souffrent d’épilepsie et qui ne viennent pas dans les structures sanitaires, préférant la médecine traditionnelle même s’il y a des avancées grâce au travail de la ligue», indique-t-il.
Poursuivant son propos, il affirme : «Au-delà des crises, ce qui est le plus important pour nous, c’est le retentissement de la maladie sur le vécu quotidien parce que les enfants épileptiques sont souvent sujets à des troubles cognitifs et à des difficultés d’apprentissage. L’autre problème, ce sont les troubles du comportement. Les enfants épileptiques peuvent développer des comportements qui peuvent être subtiles», dit-il.
A l’en croire, pendant longtemps, l’épilepsie était perçue comme une affection surnaturelle alors que c’est dû à un dysfonctionnement du cerveau. «Il faut dire que malgré le fait qu’un certain nombre de médicaments dits de dernière génération, selon Pr Ndiaye, ne sont pas présents dans notre pays, fondamentalement en terme de prise en charge médicale, le Sénégal n’a rien à envier aux pays les plus développés en terme de résultats, parce que nous avons la chance d’avoir les médicaments dits essentiels qui permettent de gérer l’épilepsie et d’arriver à des taux de guérison ou de stabilisation qui tournent autour de 80%. «La seule thérapeutique qui n’existe pas au Sénégal est la chirurgie de l’épilepsie. Il y a 20% pour lesquels les médicaments n’arrivent pas à soigner la maladie et parmi ces 20%, un certain nombre est candidat à la chirurgie et elle n’existe pas pour le moment. C’est encore balbutiant en Afrique ; il n’y a que l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb qui en disposent et même dans les pays développés, ce sont des rendez-vous de plus d’un an. C’est une chirurgie hyper spécialisée et elle implique la mobilisation d’énormes ressources humaines et matérielles », précise l’homme de l’art.
«RIEN NE PEUT JUSTIFIER QUE DES MEDICAMENTS ESSENTIELS A LA SANTE DES PERSONNES MANQUENT»
Cependant, il y a des facteurs qui favorisent l’épilepsie comme les anomalies de la grossesse et de l’accouchement, les infections du cerveau, les traumatismes, les mariages consanguins, le manque de sommeil, les drogues, la méningite, le neuropaludisme et les atteintes du cerveau. «La crise d’épilepsie n’est pas mortelle. Ce qui potentiellement expose la personne épileptique, c’est une crise prolongée qui dure plusieurs minutes parce que le fait que la crise dure va impacter sur les fonctions cardiorespiratoires et cela perturbe l’organisme qui peut mener à des décès. C‘est pourquoi c’est une urgence absolue », met en garde Pr Ndiaye.
Considérée comme une maladie qui touche beaucoup plus les enfants, l’épilepsie touche aussi les adultes de tous âges. «Nous constatons depuis 3 ans des ruptures fréquentes de médicaments avec parfois des conséquences dramatiques. C’est un combat qui va au-delà des professionnels de la santé. Rien ne peut justifier ou légitimer que des médicaments essentiels à la santé des personnes manquent. Vous faites le tour des pharmacies, on vous dira que le gardénal manque alors que c’est le médicament antiépileptique le plus accessible. C’est le médicament que 80% des familles peuvent acheter parce que les autres médicaments sont beaucoup plus chers. Il ne faut pas oublier que c’est une maladie chronique et il faut le prendre au minimum durant 3 ans et dans certains cas, c’est toute la vie », se désole-t-il.
L’UCAD FERME SES PORTES A MALICK NDIAYE ET SES HÔTES
Cela a failli échapper à nos radars. Le collectif «Noo Lank», qui devait tenir une réunion stratégique dimanche dernier pour décliner une nouvelle feuille de route, a été éconduit de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad).
Cela a failli échapper à nos radars. Le collectif «Noo Lank», qui devait tenir une réunion stratégique dimanche dernier pour décliner une nouvelle feuille de route, a été éconduit de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Les autorités universitaires ont ainsi fermé leurs portes à Malick Ndiaye et ses hôtes qui se sont rabattus finalement ailleurs.
Le collectif citoyen «Noo Lank» organise aujourd’hui une conférence de presse pour partager avec l’opinion les axes forts de son nouveau plan d’actions. Mais force est de constater que c’est dans la douleur que cette nouvelle feuille de route a été pondue. Tout au moins, les membres du collectif ont galéré, faute de lieu où tenir leur réunion après avoir été éconduits du lieu initial où ils s’étaient donné rendez-vous, dimanche dernier.
A en croire nos sources, c’est le professeur Malick Ndiaye qui devrait accueillir les membres «Noo Lank» lors de cette rencontre stratégique. Et Monsieur Ndiaye avait choisi l’Université Cheikh Anta Diop pour recevoir ses hôtes. Mais à la surprise générale, le temple du savoir leur a été fermé. Ils ont été d’ailleurs obligés de se rabattre sur un autre lieu dont notre interlocuteur a préféré taire le nom. Cette situation est prise avec philosophie par certains membres du collectif contactés par «L’As» qui, après avoir manifesté leur désolation, ont estimé tout simplement que les autorités universitaires, le recteur en tête, n’ont pas le choix parce que nommées. «Noo Lank fait peur», soutiennent-ils. Non sans rappeler que les Universités sont des espaces de démocratie et que c’est là-bas où les jeunes apprennent la démocratie. «L’Université a accueilli Abdoulaye Wade alors qu’il était dans l’opposition. Dans les autres démocraties comme la France, on voit Mélenchon faire le tour des universités», souligne un de nos interlocuteurs. Il faut rappeler en outre que cette importante réunion avait pour objectif de préparer des changements dans la stratégie et dans la démarche du collectif qui combat la hausse du prix de l’électricité et réclame par ricochet la libération de Guy Marius Sagna.
Les leaders de «Noo Lank » avaient d’ailleurs indiqué que les marches seront maintenues ; même s’il est prévu à côté d’autres types de manifestations, de mobilisations et d’informations. Il en est ainsi de la publication d’un mémorandum qui va paraitre au courant de la semaine. Un document dans lequel il a été consigné l’ensemble des arguments qui démontre qu’il y a matière à soupçonner une fraude organisée par la Senelec. Mais également, une volonté de l’Etat du Sénégal de crever davantage les revenus des Sénégalais en complicité avec la Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité (Crse).
Le collectif reviendra certainement en détail sur ces différentes perspectives lors de leur conférence de presse prévue aujourd’hui.
«C’EST UN CALCUL POLITIQUE QUI SOUS-TEND CETTE REFORME»
Bamba Fall est dans tous ses états. Il est ulcéré par la proposition faite par la présidente du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct) Aminata Mbengue Ndiaye d’accorder un statut particulier à la ville de Dakar.
Bamba Fall est dans tous ses états. Il est ulcéré par la proposition faite par la présidente du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct) Aminata Mbengue Ndiaye d’accorder un statut particulier à la ville de Dakar. Pour le maire de la Médina, cette proposition a des soubassements politiques dont le but est de domestiquer la ville de Dakar qui est pour la plupart hostile au parti au pouvoir.
«C’est un recul démocratique !» s’exclame d’entrée de jeu le maire de la Médina, Bamba Fall, pour qualifier la proposition faite par la présidente du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct) d’accorder un statut particulier à laVille deDakar. Cette proposition révulse profondément Bamba Fall. Sur le plateau de la TFM, le maire de la Médina a indiqué que cette idée obéit à des calculs politiques. «Le pouvoir a peur de ne pas contrôler Dakar. Le parti au pouvoir a toujours eu des problèmes àDakar. Et aujourd’hui, les tenants du pouvoir ne pensent plus gagner Dakar à cause de leur mal-gouvernance. En dehors de Dakar, il y a de grandes mairies que le parti au pouvoir ne pense plus pouvoir gagner. C’est pourquoi ils veulent réformer pour maintenir leurs hommes à la tête des grandes puissances locales», clame Monsieur Bamba Fall qui considère cette proposition d’Aminata Mbengue Ndiaye comme un recul démocratique. «Si le pouvoir était sûr de pouvoir gagner la Ville de Dakar, il n’allait pas penser à cette réforme. C’est un calcul politique qui sous-tend cette réforme de statut spécial de la Ville de Dakar», tonne le khalifiste qui se demande par ailleurs pourquoi cette réforme ne concerne que Dakar. «Pourquoi la question n’est pas posée au niveau de la mairie de Guédiawaye, de Pikine ou de Rufisque ? Pourtant ce sont de grandes villes !» déclare l’édile de la Médina.
Selon Bamba Fall, Macky Sall et son régime sont gênés par le mode d’élection des maires qui a changé avec le dialogue politique. «Sur la base du mode d’élection du maire qui est maintenant le suffrage universel direct, le maire de Dakar est connu d’avance. Il ne suffit plus qu’une liste gagne pour qu’on connaisse qui doit être le maire», rappelle-t-il. Très en verve, il s’en est également pris à ceux qui participent au dialogue national. Il leur demande de suspendre leur participation aux travaux du dialogue. «Je pense que les gens qui siègent au dialogue national doivent renoncer à y participer. Parce que c’est un ballon de sonde qui est lancé comme on l’a fait avec le parrainage. Il suffit qu’une personne émette une idée pour que les gens l’appliquent», peste l’ex-socialiste. Affichant son amertume, il déclare : «On ne nous a pas écoutés sur la proposition d’évaluer l’Acte III de la décentralisation, car c’est une mauvaise réforme. On nous a imposé la réforme sur l’Acte III car c’est en veille de Magal de Touba qu’on l’a votée à l’Assemblée Nationale», dit-il.
A en croire Bamba Fall, toutes les institutions qui ont été créées par le pouvoir n’ont servi qu’à caser une clientèle politique. «Aujourd’hui, si on avait donné le budget de HCCT aux mairies pour qu’elles réalisent leurs projets, cela aurait été mieux. Le HCCT est une institution de recasement des hommes de Macky Sall. Je n’ai pas constaté son importance», affirme le maire de la Médina, Bamba Fall.
«ÇA PEUT ETRE UNE BRECHE DANGEREUSE POUVANT SAPER NOTRE INTEGRITE TERRITORIALE»
Spécialiste en décentralisation et Directeur de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé a accepté de se prononcer sur le débat autour du «statut spécial» soulevé dernièrement par la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT)
Spécialiste en décentralisation et Directeur de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé a accepté de se prononcer sur le débat autour du «statut spécial» soulevé dernièrement par la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). Membre actif de la société civile sénégalaise, Monsieur Cissé a soulevé un certain nombre de risques, si éventuellement cette proposition est appliquée, parmi lesquels une possibilité de saper à l’intégrité territoriale du pays.
Lors de sa première session de l’année, le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), par le biais de sa présidente Aminata Mbengue Ndiaye, a posé le débat sur le «statut particulier» de Dakar. Entre autres raisons invoquées, corriger les déséquilibres constatés entre les communes urbaines et celles rurales mais également se conformer à ce qui se fait dans des villes-capitales politiques et économiques comme Yaoundé, Yamoussoukro, Douala, Lagos qui disposent aujourd’hui d’un statut particulier à la hauteur de leur taille et à la dimension de leurs ambitions.
Interpellé sur la question, le Directeur de l’ONG 3 D a indiqué d’emblée que c’est une piste de réflexion intéressante au regard des problèmes vécues au niveau des capitales africaines, mais elle comporte plusieurs risques comme celui d’être perçu comme une réforme électoraliste. Mais également d’être une brèche dangereuse pouvant saper notre intégrité territoriale à cause des velléités de susciter des émules.
A en croire Moundiaye Cissé, doter Dakar d’un statut spécial pourrait amener d’autres collectivités territoriales spécifiques à demander un statut spécial. «Si on donne un statut spécial à Dakar, Touba pourrait demander un statut spécial et des régions comme Ziguinchor aussi. Et cela pourrait être donc une brèche très dangereuse pour la stabilité et la cohésion sociale et pour la République également », explique-t-il.
Ensuite, Monsieur Cissé estime que toutes les réformes envisagées concernant aussi bien le processus électoral que les élections locales devraient être posées au niveau du dialogue politique. Cela étant, il pense que si le débat devrait se poser, il devrait se faire sur la table du dialogue politique.
Poursuivant, le spécialiste en Décentralisation et Directeur de l’ONG 3 D fait soutient qu’instituer un statut spécial à Dakar en nommant son maire serait du point de vue de la loi une violation de l’article 102 de la Constitution qui dit que les collectivités territoriales s’administrent librement par des Assemblées élues. En plus, il affirme que ce serait un recul de plusieurs années d’autant que la loi de 1996 a supprimé la tutelle des collectivités territoriales. Moundiaye Cissé affirme dans la foulée que le fait de nommer le maire de Dakar serait ôter aux citoyens dakarois un droit fondamental, celui de choisir, d’élire leur maire. «Ce serait une rupture d’égalité des citoyens par rapport à cette question. Les citoyens des autres Communes ont le droit de choisir leurs maires et les citoyens de Dakar n’auront pas ce droit », précise-t-il.
CALCULS POLITICIENS !
A la question de savoir s’il y a des calculs politiciens derrière ? Monsieur Cissé répond par l’affirmative. «Pourquoi, d’un seul coup, on veut que le maire de Dakar soit nommé », s’interroge-t-il. A l’en croire, le maire de la ville ne doit pas forcément être du même bord politique que le président de la République. «Je crois qu’on doit dépasser les questions de personnes, de partis ; de même que les logiques électoralistes. Il ne faudrait pas qu’on fasse des reformes électoralistes parce que c’est des reformes qui nous poursuivent », dit-il.
Pour preuve, il rappelle les réformes de 1996 créant les Communes d’arrondissement. «C’était sur des bases électoralistes. Une ville comme Rufisque n’avait pas besoin de trois Communes d’arrondissement. Idem pour une ville comme Guédiawaye ou Dakar », regrette-t-il. Avant de préconiser que les réformes soient faites pour l’avenir comme cela a été le cas pour le mode d’élection des maires au suffrage universel direct. Interpellé sur le fait de vouloir se conformer à ce qui se fait actuellement dans d’autres pays africains afin de faire évoluer la capitale et de réaliser certaines de ses ambitions, le Directeur de l’ONG 3 D déclare que ces arguments ne tiennent pas. Surtout que, ajoute-t-il, l’Etat peut intervenir partout même s’il y a des compétences transférées aux collectivités territoriales. «L’Etat peut faire tout ce qu’il veut dans son territoire. L’Etat n’a pas de frontières dans son territoire », a-t-il terminé à ce propos.
Par Dr. El Hadji Seydou MBAYE
CORONAVIRUS : UNE MENACE BIEN REELLE POUR L’AFRIQUE !!!
La Virologie n’est pas la Parasitologie ni la Bactériologie. Le fait d’être certifié sur un virus, ce n’est pas être diplômé en Virologie. Des mesures de sécurité et de prévention doivent être prises au niveau des frontières.
Dr. El Hadji Seydou MBAYE |
Publication 11/02/2020
En trois semaines, l’épidémie du Coronavirus déclaré en Chine a passé de quelques cas à 37.198 cas avérés avec 811 décès imputables à ce virus, devenant ainsi plus meurtrière que celle de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait fait 774 morts dans le monde entre 2002 et 2003, selon les derniers chiffres officiels publiés dimanche 9 février. Cela suggère une certaine difficulté dans la gestion d’une telle épidémie.
Etant la première puissance économique du monde, la Chine dispose plus de richesse que n’importe quel pays au monde, cela dit plus de moyens pour se payer des services mais malgré tout, l’infection au Coronavirus continue de progresser de façon fulgurante. Certains pays qui se disent développer, conscients de la menace d’une pandémie, ont déjà rapatrié Certains de leurs compatriotes et des mesures draconiennes sont prises au niveau de leurs frontières.
L’Afrique n’est pas préparée à accueillir une telle épidémie sur son sol faute d’infrastructures spéciales, de personnels spécialisés suffisants, d’équipements adéquats, de ressources économiques capables d’assurer de telles dépenses, mais au-dessus de tout, de système de Santé rigoureux. Le Sénégal n’est pas en reste, pour plus de 15 millions de personnes, il n’existe que l’hôpital Fann avec une unité ne pouvant même pas accueillir 100 cas avérés de patients infectés avec des virus hautement dangereux.
Imaginez un simple scénario, une épidémie de 1000 cas sur le sol Sénégalais !!! Le pire à ne pas souhaiter pourtant trop probable. On serait largement dépassé par une telle épidémie. Conscient du danger dans la sous-région Africaine, et étant le premier Africain diplômé de Vie et Santé, Spécialité Biologie des Microorganismes parcours Virologie à l’université Louis Pasteur de Strasbourg (France), j’étais revenu au Sénégal afin de partager mes compétences avec mon pays.
Après des travaux sur « Apport du papier buvard dans le suivi Virologique du VIH au Sénégal (Mémoire de troisième cycle) », « Dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus de plus de 2 000 femmes au Sénégal », « Formation gratuite de plus de 250 professionnels de la santé des techniques de dépistage du cancer du col de l’utérus au Sénégal », « Caractérisation des 19 virus (HPV) qui causent le cancer du col de l’utérus des femmes du Sénégal, avec la collaboration du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)/Organisation Mondiale de la Santé (OMS) », « les Pesticides et Cancers au Sénégal », sans l’aide ni de l’état ni des membres du gouvernement. Si le Sénégal ne peut pas sauver 13 de ses fils contre une éventuelle infection au Coronavirus donc qu’est-ce qu’on ferait face à une centaine de cas avérés dans le pays ?
La Virologie n’est pas la Parasitologie ni la Bactériologie. Le fait d’être certifié sur un virus, ce n’est pas être diplômé en Virologie. Des mesures de sécurité et de prévention doivent être prises au niveau des frontières. Des Personnes venant de la Chine ou ayant eu contact avec des personnes infectées doivent être systématiquement contrôlés.
Des cellules de crise et d’unités d’accueil d’éventuels cas avérés sur le sol Africain doivent être préparées. Bref, le problème est sérieux, il faut confier les responsabilités aux spécialistes. Hier on parlait du virus d’Ebola, aujourd’hui on parle du Coronavirus, et demain on parlera de quelle pandémie virale ? Avec quel nombre de décès ?
Dr. El Hadji Seydou MBAYE
PhD en Biologie et Pathologies Humaines
Groupe de Travail International BCNet, Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)/Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Certifié Grade 10/10 par la Fédération Internationale de Gynécologie Obstétrique (FIGO), le Conseil d’Accréditation Oncologique Européen (CAOE), l’Institut Catalan d’Oncologie (ICO),
Membre associé de la Société Mondiale de Virologie (WSV), - Membre des Académies Alliée
MIMI TOURE MONTE LA GARDE
Dans cet entretien avec «L’As», Aminata Touré aborde en outre les rapports polémiques de la Cour des comptes, mais aussi l’indiscipline tant dans le pays qu’au sein de l’Apr
Propos recueillis par Amadou BA |
Publication 11/02/2020
Avec cette communication de crise hasardeuse du chef de l’Etat sur le coronavirus, c’est le branle-bas de combat dans l'Apr. Chacun essaye d’expliciter la pensée du boss pour dissiper la polémique sur le non-rapatriement des 13 Sénégalais pris en otage en Chine. Un bon prétexte pour la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) d'enfiler sa robe d’avocate, mais aussi d'afficher ses ambitions nationales. Dans cet entretien avec «L’As», Aminata Touré aborde en outre les rapports polémiques de la Cour des comptes, mais aussi l’indiscipline tant dans le pays qu’au sein de l’Apr
Le Coronavirus fait des ravages en Chine où 13 de nos compatriotes sont bloqués. Mais le chef de l’Etat a déjà avoué l’impuissance de l’Etat. Doit-on les laisser en Chine?
Je ne partage pas votre appréciation, le président de la République est le Père de la Nation et à ce titre, il se préoccupe quotidiennement de la sécurité et du bien-être de chacun de ses concitoyens. C’est l’essence de son travail, en réalité. Ce serait une représentation inexacte que de dépeindre le Président Macky Sall sous les traits d’un homme insensible. C’est plutôt le contraire, c’est un homme qui a beaucoup d’empathie et de considération pour l’être humain quel que soit son statut social. Il comprend l’angoisse des familles dont les enfants vivent à Wuhan, point de départ de l’épidémie. Ce que j’ai perçu dans les propos du Président, c'est une démarche réaliste pour être efficace dans la prise en charge immédiate de nos compatriotes de Wuhan. Le Président s’est entretenu immédiatement avec les autorités chinoises au plus haut niveau, l’ambassadeur de Chine au Sénégal l’a confirmé, pour que nos citoyens soient pris totalement en compte dans les mesures de protection et de prévention comme tous les Chinois de la ville de Wuhan.
Vous étiez un peu le symbole de la reddition des comptes. La cour des comptes a mis à nu certains cas de mal gouvernance sous Macky Sall. N’êtes vous pas déçue ?
Il faut admettre que la mal-gouvernance a beaucoup reculé au Sénégal depuis 2012. C’est clairement souligné par l’indice Mo Ibrahim dont la crédibilité ne souffre d’aucun doute. Il faut admettre que nous avons encore des progrès à faire car l’objectif de bonne gouvernance est une lutte permanente avec des progrès cumulatifs. C’est le cas même dans les pays développés. La Cour des comptes est une institution importante de notre architecture institutionnelle qui fait un travail important. Avec le Président Macky Sall, elle a connu des progrès importants notamment lorsqu’il a fait voter la loi organique 2012 -23 du 27 décembre 2012 remplaçant la loi 99-70 du 17 février 1999. Cette réforme a créé de nouvelles incriminations de fautes de gestion pour tenir compte des exigences du Code des marchés publics. Il y a eu aussi l’extension du contrôle aux agences d’exécution et aux autorités administratives. Autre innovation de taille, c’est la publicité des audiences de la Cour. Ces exemples sont une illustration de la volonté du Président Macky Sall de renforcer les attributs de la haute juridiction financière qu’est la Cour des Comptes. Sans ces changements, vous n’auriez pas entendu parler de ces rapports, le citoyen lambda non plus.
Que faut-il faire pour ancrer la bonne gouvernance dans nos mœurs politiques?
Ces instruments de promotion de la bonne gouvernance sont importants, il faut que l’argent public aille exclusivement à la résolution des besoins des citoyens. L’OFNAC a été créé par le Président Macky Sall, il faut le rappeler. De toute évidence, il faut sans cesse renforcer la mise en oeuvre de ces mécanismes en s’assurant que les procédures sont systématiquement contradictoires. Je pense, c’est ma réflexion personnelle qui n’engage que moi, qu’il faut renforcer les cellules d’inspection interne des ministères et établissements publics et pourquoi pas décentraliser l'Inspection Générale d’Etat à des fins de contrôle a posteriori et de conseil. L’approche étant surtout de prévenir plutôt que de guérir. Il faut promouvoir une culture de reddition des comptes comme un acte de gestion normal et ne pas y voir une raison subjective, politique ou autre. C’est ce que les milliers de groupements de femmes font avec le contrôle régulier des tontines. Le Président a demandé l’application intégrale des recommandations des rapports de la Cour des Comptes. Que chacun exerce par conséquent ses responsabilités !
Le rapport de l’Ofnac sur la gestion du Coud fait beaucoup de bruit. quel commentaire cela vous inspire-t-il ?
Il y a un rapport de l’OFNAC et une contestation de l’ancien directeur général qui compte porter plainte. On en saura plus à la fin de ce processus.
Vous venez de boucler l'année au Conseil économique Social et Environnemental. quelle lecture faites-vous des 7 mois passés à la tête du Cese?
Tout d'abord, il faut comprendre que le Conseil Économique, Social et Environnemental est une institution consultative, c’est-à-dire d'analyse et d'aide à la décision des pouvoirs publics. C'est un haut lieu d'observation des politiques publiques mais aussi de médiation et de partage pour améliorer les niveaux de perception de nos populations. Le CESE est une institution représentative de notre pays, de ses classes sociales et de ses différentes catégories socioprofessionnelles. Quasiment tous les corps de métiers et toutes les forces vives et organisées de notre pays sont représentés dans le Conseil. Il est tout à fait normal que tous les débats qui s’y déroulent soient le reflet des préoccupations de nos citoyens. Lors de nos sessions, les regards croisés des ministères, acteurs socio-professionnels, organisations de femmes et de jeunes, société civile et personnes religieuses nous permettent de produire des rapports que nous envoyons au président de la République et qui épousent les préoccupations de ces différents acteurs et des recommandations spécifiques. Conformément à la vision du président de la République. Le Conseil restera encore plus attentif aux préoccupations et suggestions des acteurs et forces vives de la Nation afin d’être efficace dans sa mission consultative.
Vous avez aussi abordé les questions de civisme et de citoyenneté. Pourquoi un tel choix ?
L'indiscipline et les comportements déviants, en lien avec l'incivilité, ont aujourd'hui atteint des proportions inquiétantes dans notre pays. Ils ont atteint un seuil tel que personne ne peut feindre de les ignorer. La majeure partie de nos concitoyens sont aujourd'hui révoltés par ces traits caractéristiques d'une anomie sociale que les sociologues connaissent très bien. Or tout le monde sait que sans la discipline, il n'est point de salut, il est difficile d’émerger. C’est même une condition sine qua non. Ce constat nous a conduit à consacrer notre dernière session au civisme et à la citoyenneté en apportant des innovations pour recueillir le maximum de données possibles dans le cadre d'une démarche inclusive. Nous avons ouvert l'institution aux experts et aux porteurs de discours constructifs sur la question dans le domaine de l'environnement, de l'assainissement, de la gestion des ordures ménagères, de la pollution. Même des acteurs de l'école ont été invités à se prononcer sur la question, sous l'angle de l'enseignement et de l'éducation civique qui tend à disparaître. Parallèlement au débat que nous soulevons au sein du Conseil, nous sommes dans l'action. Dans les prochains mois, nous organiserons des activités d'information, de sensibilisation et de plaidoyer pour promouvoir et mieux accompagner les actions citoyennes à la base en rapport avec les objectifs du Président Macky Sall.
L'institution commence à avoir beaucoup plus de visibilité. quel est le secret ? Est-ce une question de démarche, de style personnel ou de volonté de mieux faire face aux défis ?
D'abord, je tiens à remercier l'ensemble des conseillers pour leur implication et leur engagement. Ils ont pris la juste mesure des défis et du challenge dans un contexte d'accélération du rythme de gouvernance et d'impérieuse nécessité d'efficacité dans la conduite des politiques publiques car nos citoyens jeunes qui constituent 70% de la population sont impatients de nature. Comme institution consultative, nous devons aussi accompagner l’Etat dans la recherche de solutions et le partage des informations stratégiques avec les citoyens.
Vous avez été ministre de la Justice, Premier ministre et aujourd'hui Présidente du Cese. En terme d'expériences, c'est un cumul intéressant. Est-ce que votre regard sur le pays a changé ?
Bien évidemment ! On s’enrichit toujours de ses expériences, de ses succès et de ses échecs. Le Sénégal a beaucoup changé en 7 ans. J’avais fait la campagne de 2012 avec le candidat Macky Sall, j’ai eu la chance de refaire le même tour du pays avec le Président Macky Sall pendant la campagne de 2019. Il y a eu de nombreuses réalisations tangibles en termes d’infrastructures et d’accès aux services sociaux de base. En terme de développement économique, nous avons fait des progrès importants. Bien évidemment, il reste encore beaucoup à faire et j’ai le sentiment que c’est là que nous attendent les Sénégalais. Je considère qu’il y a un décalage entre les préoccupations de la classe politique dans son ensemble et ce que j’appellerais le Sénégal réel, c’est-à-dire l’écrasante majorité qui s’intéresse peu ou prou à la politique, mais plutôt aux questions qui déterminent leur vie présente et future et celle de leur famille, l’emploi, la santé, l’école, le logement, le coût de la vie, en somme le mieux-être. C’est pourquoi certains politiciens sont souvent surpris par leur score rachitique lorsqu’ils vont aux élections. J’ai eu la chance de vivre dans d’autres pays africains, en France et aux USA et je peux dire que nous avons des qualités rares de tolérance, d’intelligence collective, de solidarité, de savoir faire et d’ouverture vers l’autre. Il nous faut maximiser ces atouts et les transformer en capital pour le développement. Il est impérieux que nos jeunes soient aux avant postes pour la transformation de nos prédispositions en véritables atouts pour l’émergence de notre pays. C’est pourquoi il ne faut pas laisser nos défauts mignons comme l’indiscipline, le laisser aller, le non-respect de la chose publique prendre le dessus.
On vous voit aussi beaucoup bouger. vous vous positionnez dans les grands débats de portée nationale. quel est le moteur de votre engagement ?
Tout engagement est sous-tendu par des convictions. Je milite depuis que je suis élève pour la Justice sociale. Chemin faisant, je suis passée par quelques chapelles politiques mais le but reste le même : participer à faire avancer notre pays, notre continent, nos populations. J’invite toujours les intellectuels que je rencontre mais aussi les jeunes et les femmes à s’engager pour leurs pays, leur ville, leur quartier car la transformation que nous souhaitons pour l’Afrique, personne ne viendra d’ailleurs le faire à notre place. Je suis aussi convaincue que nous pouvons développer notre pays, notre continent en mode accéléré si nous arrivons à mobiliser dans ce sens toutes les forces vives de notre pays. Je suis aussi une partisane qui s’assume, je défends mon camp et le président de la République qui a fait du bon travail dans un contexte pas facile, y compris notre contexte socioculturel que je viens d’évoquer.
Enfin parlons de votre parti traversé souvent par des crises cycliques d’indiscipline. qu’est-ce qui peut l’expliquer ? Cela justifie-t-il l’exclusion des ténors à l’image de Moustapha Diakhaté ?
L’APR est n’est pas un parti classique, il est né dans des conditions particulières. La parole y est très libre, beaucoup plus que ce que j’ai connu dans les partis auxquels j’ai appartenu. L’APR a néanmoins une qualité exceptionnelle que lui envient tous les partis du Sénégal : il a gagné toutes les élections depuis 2012. C’est ce qu’il faut retenir. C’est vrai que nos scènes de ménage publiques sont agaçantes et nous devons davantage laver notre linge sale en privé. On va tâcher de faire des progrès (sourire). Mais il y a des limites à ne pas franchir.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
RAPATRIER NOS ÉTUDIANTS DE WUHAN ? UNE TRÈS MAUVAISE IDÉE !
Le seul reproche que l’on puisse faire au président de la république dans cette affaire, c’est d’avoir avoué que l’Etat n’avait pas les moyens de rapatrier ces compatriotes ! car, un Etat n’avoue jamais son dénuement
Imaginons un peu… Oui, imaginons que le président de la République, cédant à la clameur populaire — du moins, celle démagogique et politicienne de fortes gueules et celle, légitime, des parents — décide dans un sursaut d’amour-propre de rapatrier les 17 jeunes étudiants sénégalais vivant à Wuhan, en Chine. Wuhan, rappelons-le, est l’épicentre de la terrible épidémie de coronavirus qui a déjà contaminé près de 40.000 personnes et tué plus de 900 morts.
Imaginons que, malgré la quasi-impossibilité de trouver une compagnie qui accepte de louer un appareil dont la destination serait Wuhan, il réussisse quand même à trouver un avion pour cette mission-commando. Imaginons qu’on trouve des pilotes et des stewards — car il est admis que les équipages civils « ordinaires » des aéronefs ne sont pas outillés pour ce genre de mission — appartenant certainement à la Santé militaire pour opérer cet avion. Et qu’on leur trouve les équipements nécessaires (sortes de scaphandres, masques, gants etc.) tout cela devant être aseptisé.
Imaginons qu’on réussisse le tour de force de désinfecter de fond en comble l’appareil et sa carlingue, de trouver les appareils (capteurs thermiques et autres) dont a besoin l’équipage médical, de sortir notre poignée d’étudiants de la géhenne, de les soumettre à une batterie d’examens cliniques avant de les embarquer, de désinfecter encore l’appareil et de ramener enfin nos 17 chers compatriotes dans notre pays…
D’abord, il faudrait trouver un aéroport sur lequel atterrirait cet avion médicalisé car, pour des raisons évidentes de sécurité ou de prophylaxie sanitaire, il n’est évidemment pas question de recevoir ces rapatriés à l’AIBD ! Peut-être à Léopold Sédar Senghor et encore…
Puis, il faut dénicher un lieu de confinement sûr où ils resteraient pendant 14 jours, la durée de l’incubation du coronavirus. Après quoi, et après quoi seulement, nos chers petits étudiants pourraient enfin retrouver leurs familles.
Et l’on pourra s’écrier « ouf ! », « bravo ! », le Sénégal est un grand pays qui, à l’instar de la France, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et quelques autres puissances triées sur le volet, et aussi, paraît-il, du Maroc et de l’Algérie, a réussi à rapatrier ses compatriotes pris dans l’enfer du coronavirus ! Et de fait, dans l’hypothèse de ce happy end improbable, on aurait tout lieu de féliciter le président de la République d’avoir pris une décision si salutaire et patriotique de rapatriement des étudiants sénégalais de Wuhan ! Encore une fois, bien qu’un tel rapatriement — qui n’est pas la même chose qu’affréter un avion pour ramener quelques malheureux compatriotes retenus en Libye ou rapatriés d’Angola voire expulsés d’Espagne — soit apparemment hors de portée du Sénégal, ayons l’honnêteté de le reconnaître, s’il était fait malgré tout, alors, bien sûr, tout le monde devrait applaudir et serait en droit d’esquisser des pas de danse.
Au Sénégal, coronavirus serait dans un environnement « ami » !
Gouverner étant prévoir, imaginons le contraire. A savoir qu’un des rapatriés ou membre de l’équipage chope le virus et l’emmène avec lui au Sénégal menaçant de fait la vie de nos 15 millions de compatriotes. Lesquels, jusqu’à présent, Dieu merci, sont épargnés par la terrible épidémie. Oh certes, on fait confiance à l’expertise de nos praticiens et de nos brillants professeurs de médecine mais enfin, que voulez-vous qu’ils fassent devant une maladie que même les plus brillants et innombrables praticiens chinois peinent à contenir ? Si par extraordinaire — ce qu’à Dieu ne plaise —, un cas de coronavirus se déclarait dans notre pays de la même manière qu’un jeune Guinéen atteint d’Ebola avait réussi à s’y introduire, que ferions-nous ? Et, surtout, que diraient ceux qui réclament à cor et à cris l’exfiltration hors de Chine de nos braves garçons ? Voilà une maladie pour laquelle aucun vaccin n’a encore été trouvé encore moins un traitement ayant fait la preuve de son efficacité ! On importerait donc volontairement un tel virus dans un pays où il a toutes les « chances » de se propager, le Sénégal étant assurément un terreau favorable au développement de toutes sortes de virus ? Il n’y a qu’à voir la saleté de nos villes qui a nécessité le déclenchement d’une gigantesque opération de nettoyage des écuries d’Augias sous l’appellation de « cleaning days » pour s’en convaincre !
Dans un pays où le rapport des populations avec l’hygiène est proprement douteux, où les hôpitaux sont de véritables mouroirs, où l’indiscipline est proverbiale et où, donc, prétendre faire respecter des mesures de confinement — comme savent si bien le faire les Chinois ! —relève de la mission impossible voire d’une résolution de la quadrature du cercle, dans un tel pays, évidemment, le coronavirus ne pourrait que s’épanouir. Sans compter qu’ « And Gueusseum » serait bien capable de nous déclencher une grève en pleine épidémie pour réclamer le paiement d’arriérés de primes ou exiger le respect d’accords signés avec le Gouvernement ! Ajoutez à ce joli tableau notre manie si conviviale — mais ô combien détestable en période d’épidémie — de serrer des mains à tout-va. Et aussi, accessoirement, notre propension à cracher partout. Imaginez donc qu’avec tout ça, par patriotisme mal placé, on tienne coûte que coûte à ramener dans ce cher Sénégal des étudiants qui sont bien là où ils sont c’est-à-dire dans un pays où le plateau médical est de loin meilleur que le nôtre, où les mesures de confinement sont respectées et où un bataillon de praticiens et d’éminents professeurs de médecine sont mobilisés jour et nuit pour venir à bout de l’épidémie de coronavirus. Pour dire que, malgré l’émotion et l’inquiétude compréhensibles des familles de ces pauvres jeunes gens — nos étudiants sénégalais à Wuhan —, la décision de ne pas les rapatrier prise par le président de la République est la meilleure car la plus raisonnable.
Que nos éminents et vénérés marabouts prient pour eux jour et nuit afin qu’ils soient épargnés par cette terrible épidémie. Bien entendu, le peuple sénégalais est de tout cœur avec nos jeunes étudiants et souhaite qu’ils nous reviennent sains et saufs au terme de leurs études. Ou lorsque la maladie aura été endiguée. Cela dit, pour le salut des 15 millions de personnes qui vivent ici au Sénégal, et parce que les conditions ne sont pas réunies pour qu’ils soient soignés dans ce pays avec toutes les chances de guérison au cas où ils ramèneraient au passage le terrible virus, il vaudrait mieux qu’ils restent en Chine. Le dire, ce n’est pas les détester, bien sûr, mais c’est préférer davantage l’intégrité des 15 millions de Sénégalais qui sont ici dans ce pays !
POST SCRIPTUM : Le seul reproche que l’on puisse faire au président de la république dans cette affaire, c’est d’avoir avoué que l’Etat n’avait pas les moyens de rapatrier ces compatriotes ! car, un Etat n’avoue jamais son dénuement. cela, le président Senghor l’avait rappelé à un de ses rares visiteurs réguliers lorsqu’il séjournait, après sa retraite, aux « Dents de la mer », sa résidence de Fann. Lors d’une de ces visites, tous deux écoutaient le journal parlé de radio-Sénégal lorsqu’ils ont entendu un ministre dire que l’« Etat n’a pas d’argent ». Fureur de Senghor qui s’écrie : « Mais non ! Mais non ! Un homme d’Etat ne doit jamais dire cela ! L’Etat, c’est un mythe, si on enlève ce mythe, il ne reste plus rien. c’est comme le père de famille, même s’il n’a pas la dépense quotidienne que lui réclame son épouse, il doit trouver un subterfuge pour la faire espérer ! » Admirable leçon…
L’HOMMAGE À SAMIR AMIN SE TRANSFORME EN PROCÈS CONTRE LA FRANCE EN AFRIQUE
Une Guy Marius Sagna, mais version française. Mireille Fanon, la fille de Frantz Fanon, figure de proue des luttes anticoloniales, a transformé hier l’hommage rendu au penseur Samir Amin à l’UcAD en procès de la politique française en Afrique.
Une Guy Marius Sagna, mais version française. Mireille Fanon, la fille de Frantz Fanon, figure de proue des luttes anticoloniales, a transformé hier l’hommage rendu au penseur Samir Amin à l’UcAD en procès de la politique française en Afrique. Devant Amadou Hott, ministre de l’Economie, cette dame venue de l’Hexagone a fustigé l’accaparement de nos ressources naturelles par la France « sous le regard complice des chefs d’Etats africains » a-t-elle soutenu.
Tel père, telle fille ! Le ministre Amadou Hott ne démentira pas cette assertion. En effet, venu présider hier à l’UCAD le symposium international et multidisciplinaire en hommage au professeur Samir Amin, M. Hott a finalement assisté au procès de la politique française en Afrique. A la table du juge, Mireille Fanon, fille du légendaire psychiatre Frantz Fanon.
De la présence des troupes françaises en Afrique aux accords économiques liant l’ancien colonisateur à certains pays du continent en passant par le rôle de l’Union africaine dans la décolonisation (qui resterait à réaliser) du continent, l’héritière de Frantz Fanon a exposé ses critiques devant Amadou Hott, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération qui avait du mal à cacher son étonnement. « Le président de la République française va organiser, au mois de juin prochain, un sommet France-Afrique dont on peut imaginer l’instrumentalisation faite de l’idéologie du panafricanisme tel que nos ancêtres l’avaient pensé. On est loin de cela puisque c’est quand même une vision économique de comment essayer de profiter encore plus des ressources naturelles de l’Afrique ou par des accords commerciaux iniques » a soutenu Mireille Fanon, dépositaire de l’héritage de Frantz Fanon, farouche défenseur des peuples du Tiers monde. Toujours dans sa croisade contre l’ingérence française dans les affaires africaines, la dame a rappelé que la France va bientôt envoyer 700 soldats à Bamako. Ce alors que, selon elle, « on sait que la solution du terrorisme est totalement politique mais absolument pas militaire ».
A l’en croire, cette présence des troupes françaises est juste un moyen pour ce pays d’avoir un pied en Afrique continuant ainsi l’idéologie de domination et de colonialisme. Par ailleurs, fustigeant l’échec des chefs d’Etat africains à pouvoir unir les peuples du continent noir, Mireille Fanon a tenu à faire un rappel : « si vous vous souvenez, en 2003, l’Union africaine avait décidé que la diaspora africaine serait la 6ème région de l’Afrique. Or, ce qui se passe, c’est que devant les difficultés pour l’UA d’organiser cette sixième région, des personnes commettent des actes parfaitement coloniaux en étant adoubées — je suis désolée de le dire — par des présidents africains ».
En ce qui concerne l’enjeu qui sous-tend le symposium dédié à l’intellectuel Samir Amin, la présidente de la f o n d a t i o n Frantz Fanon estime qu’il serait extrêmement important de montrer qu’au regard de tous les apports sur les analyses économiques faites par ce dernier, nous ne sommes pas dupes pour savoir que le développement de l’Afrique ne viendra pas d’accords particuliers avec la France. Mais des Africains et de l’Afrique elle-même. Suffisant pour l’économiste Moustapha Kassé d’évoquer la problématique de souveraineté nationale face à une gouvernance mondiale imposée par des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI).
« La gouvernance mondiale est assurée par un quarteron de puissances alors que l’écrasante majorité des Etats, particulièrement les Etats qui représentent les 90 % de la pathologie mondiale mais en même temps 90 % de la conflictualité mondiale, sont complètement absents des centres de décisions. C’est dire que la mondialisation telle qu’elle se présente est à la fois une tourmente et pose beaucoup d’inquiétudes », a analysé le Pr Kassé.
Amadou Hott, ministre de l’Economie : « il y a une volonté de changement en Afrique»
Succédant à Mireille Fanon pour intervenir sur l’apport des pays du Sud dans la gestion de la crise multidimensionnelle du système mondial, le ministre de l’Economie, Amadou Hott a mis l’accent sur l’importance du partenariat interafricain. D’après lui, concernant l’Afrique, les récentes initiatives notamment l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) constituent des illustrations d’une volonté de changement et de renforcement des partenariats Sud-Sud. « Il y a une volonté de changement en Afrique. Cette volonté de changement en Afrique intègre désormais la dimension de la durabilité dans le processus de développement et conforte le professeur Samir Amin dans sa pensée. C’est une étape cruciale vers l’intégration des économies africaines. Elle est également une étape importante vers la stimulation du commerce intra-africain vers la réalisation d’un développement endogène durable sur le continent », a-t-il expliqué comme pour dire que, pendant que d’aucuns vitupèrent la France, puissance coloniale, les dirigeants du continent, eux, construisent patiemment son intégration…