Gris Bordeaux radié : Un gros poisson d’avril
Sunu Lamb a sacrifié à la tradition. Comme chaque année, beaucoup de lecteurs ont mordu à l’hameçon avec notre Une d’hier, 1er avril : «Gris Bordeaux radié, Bombardier suspendu 6 mois, la licence de Modou Lô confisquée, l’écurie Soumbédioune de Boy Kaïré dissoute», tous pour avoir critiqué le CNG. Beaucoup d’amateurs y ont cru. Qu’ils se calment ! Ce n’est qu’un gros poisson d’avril…
Birame Gningue mord à l’hameçon...
Le manager de Modou Lô, Birame Gningue, a mordu à l’hameçon comme la plupart des lecteurs de Sunu Lamb. Il a joint votre serviteur pour indiquer que la licence de Modou Lô n’était pas confisquée. «La licence est avec moi, comment peut-elle être confisquée par le CNG ?». Il n’en revenait pas quand nous lui avons fait comprendre que c’était un poisson d’avril…
...Tapha Tine aussi
Le Géant du Baol Mbollo, Tapha Tine, est aussi tombé dans le panneau. Il a joint votre serviteur pour dire toute son indignation. Après l’avoir écouté pendant de très longues minutes, nous lui avons appris qu’il s’agissait d’un canular. Tapha Tine était alors soulagé !
Modou Thiam, le détecteur de talents
Ceux qui se rendent à l’arène le reconnaissent. Il s’appelle Modou Thiam, plus connu sous le sobriquet de Prési. Son rôle, c’est de détecter les lutteurs populaires pour les proposer aux promoteurs. Il a déjà travaillé, selon lui, avec Mor Mbaye et Adama Sané. Cependant, Prési veut plus de considération. «Je suis dans l’arène depuis 2013. J’aide les promoteurs à monter de bons combats. Je fais un travail difficile donc je demande plus de considération», avise Modou Thiam.
Gora Ndiaye endeuillé
Le doyen des photographes au Sénégal est en deuil. Il a perdu son marabout du nom de Serigne Mamadou Guèye, décédé avant-hier à Dakar, à l’âge de 70 ans, et enterré hier à Diourbel. En cette douloureuse circonstance, Sunu Lamb présente ses sincères condoléances à Gora Ndiaye et à la famille du défunt.
Fallou Ndiaye présente une belle journée le 11 juillet
Le promoteur Fallou Ndiaye a monté le combat entre Mor Kang Kang (Cheikh Mbaba) et Thiatou Nguéweul. Ce duel est prévu le 11 juillet. Et, durant cette journée, le promoteur prévoit aussi les duels Ada Fass / Tapha Mbeur et Agogo / Mbaye Mandiaye. Ce qui augure une belle journée de lutte.
Pape Mbaye 2 confiné en Espagne
Le lutteur Pape Mbaye 2 de l’école de lutte Mor Fadam se trouve en Espagne au moment de l’aggravation de la pandémie de Covid-19 dans ce pays sévèrement touché par cette maladie. À travers des publications sur les réseaux sociaux, le lutteur respecte les mesures du confinement total. Il garde une pensée pour tous ses proches au Sénégal.
ModouLô multiplie les canaux de sensibilisation
Le Roi des arènes est sensible à la propagation du Covid-19 au Sénégal et partout dans le monde. Modou Lô utilise tous les moyens de communication dont il dispose pour lancer des messages de prévention, de respect des mesures d’hygiène dans le but de freiner la maladie.
Nguel Dione profite du confinement pour soigner sa main
Nguel Dione de l’écurie Ngoundiane doit disputer un combat pour le compte du promoteur Assane Ndiaye après la défection de Calme Ndour. En attendant la reprise de la saison, ce lutteur va en profiter pour soigner sa blessure à la main, qui l’empêche de lutter convenablement.
EXCLUSIF SENEPLUS - Si Manu Dibango avait été Américain, il aurait été immortalisé de son vivant dans le « Hall of Fame » des Légendes du Jazz, comme Louis Amstrong avait fini par l’être - Le célèbre saxophoniste mérite un hommage particulier de l’Afrique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 01/04/2020
Miles Davis tenait Louis Amstrong pour l’un des plus grands génies de la musique que l’humanité ait jamais produit et le classait au niveau de Beethoven. Il considérait que l’Amérique blanche avait cherché délibérément à escamoter et à phagocyter ce génie en en faisant un vulgaire "entertainer", une vedette de cabaret et de disque.
Satchmo, disait-il, pas dupe s’était prêté de bonne grâce pourtant au jeu « du showbusiness » avec sa gouaille, sa bonne humeur et son gros rire de Nègre qui lui étaient naturels. Mais ajoutait Miles, le génie de Louis ‘ Satchmo’ Amstrong, cet homme qui avait plus que tout autre crée le « Jazz » cet art majeur, unique, qui devait définir les USA plus que toute autre forme artistique était irrépressible.
C’est ainsi que sa contribution inestimable au patrimoine matériel et immatériel de l’humanité a fini d’être reconnue et célébrée.
De même le génie fulgurant du créateur de Soul Makossa n’a-t-il pas été contenu, perverti et détourné, quand on en a fait de Manu Dibango une « vedette » de la « world music » version « monde francophone » ? Quand on en a fait cet animateur indispensable de Radio France Internationale, TV5 et autres chaines audiovisuelles destinées à l’Afrique et aux « territoires outre marins » ?
Quand on en a fait - je ne dis pas que c’était à son corps défendant - cet arrangeur indispensable, capable de mettre en même temps de la sonorité jazz et de la sonorité africaine, mais pas trop, à n’importe quelle rengaine renvoyant à l’Afrique et à ses cocotiers ?
Enchainant les tubes, comme on disait à l’époque, avec des paroles mièvres, à la limite débiles, qu’on associe aux Africains transfigurées par le souffle unique de ce sax, courant les spectacles à travers toutes les scènes de la Francophonie, des Francofolies de Montréal, aux scènes parisiennes et belges, il débitait son savoir-faire à la demande.
Si bien que se répétant sans cesse, se pastichant à l’excès, tel cet Albatros enchainé sur le pont du navire, il était incapable de s’élever désormais vers les cimes. Les cimes que Soul Makossa avait attient d’emblée
Le Graal, c'est-à-dire la fusion avec les pulsions de l’Afrique Mère et l’harmonie de la musique moderne, par la voix et l’instrument, ce Graal dont la poursuite est l’essence même du jazz, était là.
Quincy Jones qui travaillait à la production de l’album de rupture d’un certain Michael Jackson à l’époque, en 1972, ne s’y était pas trompé : il a immédiatement piqué à Soul Mokossa un ou deux rifs, de ces rifs qui définissent toute la texture d’une production pour en faire un « son ».
Si Manu Dibango avait été Américain, il aurait été immortalisé de son vivant dans le « Hall of Fame » des Légendes du Jazz, comme Louis Amstrong avait fini par l’être ou nommé « ambassadeur itinérant du Jazz » comme Dizzy Gillepsie le fut. Ou titularisé Professeur dans une université pour lui permettre de produire sa musique à son gré tout en formant les jeunes générations. Comme Herbie Hancock par exemple.
S’il avait été Français, de France, il aurait été sacré « compositeur » comme un Michel Legrand ou un Maurice Jarre et on lui aurait confié régulièrement la direction de grands orchestres et la réalisation de musiques de films.
Américain ou Français, il serait entré de son vivant dans la légende. Mais Manu Dibango était Africain, Camerounais, ou Franco-Camerounais comme diraient d’autres. Il n’empêche que comme Louis Amstrong, il aura laissé sa marque. Non pas seulement par une discographie de plus de 30 « albums » mais par un « son » particulier.
Ce son épuré de la gangue de la « world music » et des contraintes de la variété française, sera recyclé et fondu avec celui des Tabu Ley, Fela Kuti, Pierre Akendeengue, Bembeya Jazz, Hugh Masekela entre autres dans la nouvelle musique africaine que la jeunesse africaine est en train de créer. Une musique qui sera l’hymne de la Renaissance Africaine.
C’est pourquoi Manu Dibango mérite un hommage particulier de l’Afrique toute entière. C’est le basiste de Jazz Richard Bona, camerounais lui aussi, qui je crois, a suggéré que l’aéroport international de Douala soit baptisé à son nom.
Le Cameroun et l’Afrique lui doivent au moins cela.
La France s'interroge sur l'impact terrible que pourra avoir la crise du coronavirus en Afrique - Elle évoque un possible effondrement des États en place et cherche d'ores et déjà des interlocuteurs fiables et légitimes
La Tribune |
Michel Cabirol |
Publication 01/04/2020
Le Quai d'Orsay s'interroge sur l'impact terrible que pourra avoir la crise du Covid-19 en Afrique. Le Centre d'analyse, de prévision et de stratégie évoque un possible effondrement des Etats en place et cherche d'ores et déjà des interlocuteurs fiables et légitimes.
Dans une note du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS), titrée "L'effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ?", que La Tribune a consultée, le Quai d'Orsay estime que la crise du Covid-19 pourrait être en Afrique "la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale)". En tout cas, la crise du Covid-19 sera probablement le révélateur des limites de capacité des Etats, incapables de protéger leur population. En Afrique, elle va également amplifier les facteurs de crise des sociétés et des Etats. Un nombre élevé de morts, le décès d'une personnalité ou, enfin, la comparaison entre Etat fragiles (Sahel et Afrique centrale) et solides (Rwanda, Sénégal) Ce qui pourrait déclencher une contestation.
La crise du Covid-19 va révéler de nouveaux rapports de force politique pour le contrôle de l'Etat, pendant et après la crise. "Anticiper le discrédit des autorités politiques signifie accompagner en urgence l'émergence d'autres formes d'autorités africaines crédibles pour s'adresser aux peuples afin d'affronter les responsabilités de la crise politique qui va naître du choc provoqué par le Covid-19 en Afrique", fait valoir le CAPS. Pour l'heure, l'Afrique était mercredi encore peu touchée par le virus avec 200 décès (5.778 cas). Mais l'ouragan est en approche.
Le coup fatal à certains régimes africains
"Face au discrédit des élites politiques, il convient de trouver d'autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques", affirme ce groupe de réflexion du ministère des Affaires étrangères, chargé de mener des missions d'analyse de l'environnement international. D'autant que le risque d'infection d'un dirigeant âgé et déjà malade pourrait avoir de lourdes conséquences et obligerait la France "à se positionner clairement et rapidement sur la fin d'un système et sur une transition". Pour le CAPS, il est clair que l'onde de choc à venir du Covid-19 en Afrique pourrait être "le coup de trop porté aux appareils d'Etat". Pourquoi ? Parce que le taux de médicalisation est quasi-nul et les systèmes de santé nationaux peuvent être considérés comme saturés d'office, estime-t-il.
La plupart des Etat africains vont faire "massivement la preuve de son incapacité à protéger ses populations. Cette crise pourrait être le dernier étage du procès populaire contre l'Etat, qui n'avait déjà pas su répondre aux crises économiques, politiques et sécuritaires", souligne le Quai d'Orsay.
Selon le CAPS, en Afrique de l'Ouest, les mesures de confinement saperont l'équilibre fragile de l'informel, économie de survie quotidienne essentielle au maintien du contrat social. En Afrique centrale, "le choc pourrait précipiter la crise finale de la rente pétrolière au Cameroun, au Gabon et au Congo-Brazzaville (effondrement d'un prix du baril déjà en crise avec la demandé, aggravé par un ralentissement de la production, et risque d'accélération de la réflexion d'opérateurs pétroliers - Total au premier chef - de quitter ces pays), là aussi au cœur des équilibres sociaux", précise le Quai d'Orsay. Dans les deux cas, cela pourrait constituer le facteur économique déclencheur des processus de transition politique.
Des populations abandonnées mais manipulées
Certains pays africains devront faire face à ce qu'appelle le CAPS, un "virus politique". Il part du principe que les villes seront l'épicentre des crises et que très rapidement, la question du ravitaillement des quartiers se posera pour l'eau, la nourriture et l'électricité. "Des phénomènes de panique urbaine pourraient apparaître : elles sont le terreau sur lequel se construisent les manipulations des émotions populaires. Cette recette fait le lit d'entreprises politiques populistes", explique le CAPS. Ce sont les classes moyennes en cours de déclassement qui seront les premières fragilisées, car leur quotidien risque de s'effondrer, précise-t-il.
Résultat, la question de la sélection ne portera pas sur les personnes à sauver sur le plan médical (faute de capacités d'accueil), mais "sur les besoins de premières nécessités : quel quartier ravitailler ? Quelles autorités locales crédibles peuvent être les relais d'organisation de la distribution ? Quels produits de première nécessité fournir dans une phase attendue de pénurie ?
Le poids des réseaux sociaux va considérablement peser, a fortiori avec le confinement qui va couper littéralement les sociétés des institutions publiques. Faute de parole publique crédible, "les thèses complotistes commencent déjà à fleurir et s'ajoutent aux simples fausses informations pour participer d'une perte de contrôle des opinions publiques. A cela s'ajoutent les dynamiques de rumeurs populaires, lesquelles sont tout autant susceptibles d'être instrumentalisées pour orienter des violences collectives", avertit le Quai d'Orsay.
Quels interlocuteurs pour la France ?
Pour la France, dans ce chaos, il s'agit de trouver des interlocuteurs à la fois fiables et légitimes pour compenser la possible faillite des Etats. "L'immanquable détournement de biens publics (à commencer par des masques) et de l'aide sanitaire internationale à venir (déjà dénoncée sous le terme « Covid-business ») peut facilement cristalliser l'ultime perte de crédit des dirigeants", justifie ainsi le CAPS. A ce stade, quatre catégories d'acteurs ont la capacité de mobiliser des foules. Ils doivent "donc d'ores et déjà constituer des interlocuteurs pour nos efforts de gestion de la crise en Afrique", estime le Quai d'Orsay.
Quels sont ces interlocuteurs ? Les premiers sont les autorités religieuses. Si des institutions ont accepté d'accompagner les premières consignes (Eglise catholique, certaines confréries musulmanes), d'autres, qui ont fondé leur succès sur la canalisation politique des émotions populaires, pourraient vouloir défier l'ordre public pour imposer le leur dans ce moment de faiblesse de l'Etat. Les deuxièmes sont les diasporas, qui peuvent avoir un devoir d'information civique. Les troisièmes sont les artistes populaires : "ils restent - à quelques exceptions près - des autorités morales crédibles et façonnent les opinions publiques", assure le CAPS.
Les quatrièmes peuvent être des entrepreneurs économiques et des businessmen néo-libéraux. "Ils peuvent jouer un rôle s'ils décident d'engager leurs moyens ou de se poser en intermédiaires entre le système de gouvernance mondiale et l'Afrique, mais dans tous les cas, ils souligneront la faillite de l'Etat", note le Quai d'Orsay. Enfin, face à l'incapacité de l'Etat à protéger ses populations et face aux possibles ambitions opportunistes de certains, il convient, selon le CAPS, de "soutenir des paroles publiques d'experts africains scientifiques et spécialistes de la santé". Il existe une communauté scientifique médicale africaine qui peut être mobilisée et soutenue.
PAR Abdou Latif Coulibaly
FAUCHÉ PAR LE VIRUS, PAPE DIOUF SURPREND !
En choisissant, entre mille exemples possibles, tes fonctions de président de l’OM, je témoigne de ta réussite dans ce milieu spécial de la présidence des clubs de football, réputé dur et quasi hostile, surtout à un noir, comme tu l’as souvent relevé
Quand j'ai appris ton hospitalisation et pris la mesure de la gravité de ton mal, je me suis persuadé que le corps médical sénégalais ferait des miracles pour rendre réversible le processus qui semblait te conduire vers l’irréparable. Quand la nouvelle est tombée, nous étions tous incrédules. Nous n’étions pas naïfs, exceptés des fanatiques illuminés ou de rares adeptes des thèses complotistes, pour ne pas croire à la réalité de la tragédie mondiale provoquée par le Covid 19.
Celui-ci ne dévoile-t-il pas chaque jour sa face hideuse et son allure macabre en plongeant dans le deuil quotidien les nations du monde, par le fauchage brutal des êtres humains, sans distinction de race, de sexe, de classe sociale, de pays, de rang et de gardes ? Nous étions encore, jusqu’à l’annonce de ta mort, naïfs peut-être de penser que la pandémie, on ne sait par quel miracle impossible, ne ferait pas de morts chez nous ! Même les rares personnes qui savaient que tu faisais partie des deux victimes du Covid 19 et dont l’état de santé inspirait de sérieuses inquiétudes à tes soignants, ne voulaient pas croire à cette issue fatale.
Pourtant, comme pour préparer l’opinion à recevoir une tragique nouvelle, ces mêmes soignants avaient parlé de la gravité de la situation, tout en tentant de rassurer. Hélas, en dépit des efforts inouïs des médecins sénégalais, à la tête desquels le professeur Seydi, rien n'y fit. Ton décès plonge la France, l'Afrique et le Sénégal dans un douloureux deuil.
Surprise, stupéfaction et consternation ! Comme dirait Sénèque : "tu as tes occupations et la vie se hâte ; sur ces entrefaites la mort sera là, à laquelle, bon gré mal gré, il faut bien finir par se livrer". Le Covid-19 a fini de te livrer à la mort, le Sénégal et la France expriment leur peine ; les deux nations sont pleinement assaillies par la douleur et le chagrin. Un profond sentiment d’impuissance et de désarroi qui est, sans aucun doute, à la hauteur de ce que tu as représenté et symbolisé, pour l'un et l'autre pays. Alors que le Sénégal priait, tout en utilisant également tous les moyens à sa disposition : son savoir-faire médical, ses capacités techniques, son attention à un malade spécial et particulier pour lui, en vue de te sortir de là, la France également se tenait prête pour te donner toutes les chances qui pourraient t'aider à éviter de te laisser terrasser définitivement par le virus.
Deux pays, deux nations, unis et solidaires autour d’un homme, toi, pour éviter le pire. Hélas Pape ! Le Sénégal et la France unis par une dualité de bon aloi, pour la mise en commun d’efforts et de moyens, en vue de produire les synergies utiles qui devaient aider à sauver leur enfant. Cet enfant dont la tête, avec deux faces, est comme celle de Janus : l’une regardant vers sa patrie d'origine où il s’est éteint, et l’autre, tournée vers cette France qui l’a vu grandir et réaliser une vie intense et réussie. Cette dualité dont tu es une marque significative est, en définitive, le reflet de ta vie même. Celle-ci a ébloui la France, en consacrant une réussite personnelle d'abord. Ensuite, celle d’une communauté - même si je sais que ce mot déplaît là-bas - qui s’est entièrement retrouvée en toi. Toutes choses dont ton pays d'origine est si fier. Tu es le symbole marquant de l’enfant noir, très tôt tenté par l’aventure de l’émigration en Occident.
A l’arrivée, ce ne fut pas, comme pour tous les immigrés un cadeau du Ciel. Au contraire ! Pape, tu as vite compris, qu’à force de travailler, en étant surtout exigeant avec toi-même, intransigeant par rapport au respect qui t’est dû, tu es arrivé au sommet de la pyramide. Tu as réussi à te placer au sommet de ton art, tant dans ta profession de journalisme, que dans tes fonctions de dirigeant sportif. Tu y es arrivé, en portant en bandoulière des principes et des valeurs comme savent en faire valoir des hommes de ton acabit. Tu disais dans une vidéo devenue virale sur internet depuis l’annonce de ton décès : "Tout principe a une contrepartie. Sinon c'est un préjugé. Si tu peux dire merde à ton patron, la contrepartie c'est qu'il peut te virer. Pour aller plus loin dans ce que je fais, ma ligne directrice a toujours été dans ma vie d'aller jusqu'au bout de mes objectifs, de mes projets. C'est ce qui me permet de conserver ma dignité. C'est ma manière de voir la vie ».
Belle et digne manière de vivre la vie que tu as lâchée à soixante-huit ans. Digne, vous l'avez été comme le soulignait avec lucidité cet éminent intellectuel dont les travaux dans le domaine du sport font autorité en France, Pascal Boniface dans "De but en blanc" : Diouf a choisi entre son poste et son honneur. Tu es parti en ayant pleinement rempli sur terre ta mission d’homme et de citoyen. Et, qui plus est, sur des terrains, des lieux et en des temps a priori peu favorable. Et pour tout cela, tu fais la fierté de tout un continent. Ce n'est pas un hasard que ton destin soit lié à celui d'un autre géant d'Afrique, lui aussi emporté par le Covid-19, Manu Dibango.
Diouf-Dibango, deux destins liés
Curieuse coïncidence dans vos itinéraires ! Lui aussi a quitté très jeune l’Afrique pour partir en France. Lui-même dit qu’il est parti à l’âge de quinze ans. Et toi à 17 ans renseignent plusieurs sources. Tout ceci me fait croire que le hasard, pour ne pas dire Dieu, a décidé de lier vos destins dans la tragédie de cette pandémie. Il a procédé ainsi, pour mieux vous montrer, pour vous distinguer et vous célébrer dans la grande masse des nombreux enfants du continent immigrés en France qui ont marqué de très belle manière, de leur empreinte, la pratique de leur métier, lui dans le secteur de la musique, et toi dans le journalisme et le management du sport, le football en particulier.
J’exagère rien, vous êtes tous les deux célébrés et applaudis, au-delà du cercle des immigrés d'Afrique. Cercle dans lequel certains esprits voulaient vous maintenir à jamais. Ceux-là, incapables de procéder à des mues essentielles adaptées à notre époque, ils ont toujours ainsi tenté de vous réduire à votre origine. Et ceux-ci, éternellement piégés par le récit de l'histoire coloniale, refusant ainsi de te voir et de te regarder autrement que par le prisme déformant de cette même histoire coloniale, sans l’avouer, ont été bluffés par l’insolence de la manière par laquelle tu es monté haut en France et pour demeurer au sommet jusqu’à la fin de ta vie.
Pour eux, tu ne pouvais être autre chose qu’un simple immigré ; tu leur as prouvé qu’ils se trompaient lourdement. En choisissant, entre mille exemples possibles, tes fonctions de président de l’Olympique de Marseille, je témoigne de ta réussite dans ce milieu spécial de la présidence des clubs de football, réputé dur et quasi hostile, surtout à un noir, comme tu l’as souvent relevé. Bernard Tapie est le seul à avoir fait mieux que toi à la tête de ce club très particulier. Et encore que, lui, était à la fois propriétaire et président du club. Il a en plus duré plus que toi dans ses fonctions. Tu as eu une belle carrière en France et reçu le respect dû à ton statut et ton rang là-bas. Le prestigieux quotidien sportif français, l’Équipe titrait le mardi 31 mars 2020, à la Une de son édition électronique du soir : "Notre Pape est mort". Au-delà de l’affection sincère traduite dans ce titre, on comprend que tu as appartenu à deux nations. Dommage, nous aurions tous souhaité que ta vie soit plus longue que soixante-huit (68) ans. Tragique, le Covid-19 en aura décidé autrement. En tout état de cause, Pape, ta vie aura été bien remplie ; c’est peut-être bien cela l’essentiel. J'ai envie de conclure en retournant à Sénèque qui a dit "La mort est bien lourde pour celui qui meurt trop connu des autres, mais inconnu de lui-même". Ta mort illustre parfaitement le propos et donne raison au philosophe.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 1 AVRIL
SenePlus publie ci-dessous, la nomination prononcée au Conseil des ministres du 1 avril 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris la décision suivante :
Madame Aminata Ly, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 604449/A est nommée Directeur des Partenariats et de la Promotion économique et culturelle, au ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’Extérieur, poste vacant."
PAS DE REPRISE DES CLASSES AVANT LE 4 MAI
La rentrée scolaire initialement prévue pour le 6 avril est reporté - Il a par ailleurs été décidé de l'accompagnement des daaras modernes à hauteur de 330 millions en denrées alimentaires - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 1 avril 2020.
"Le Conseil des ministres s'est exceptionnellement tenu ce mercredi 1er avril 2020 en visioconférence, sous la présidence du Chef de l'État, son Excellence, Monsieur Macky Sall.
Le Chef de l'État à l'entame de sa communication, s'est incliné devant la mémoire de feu Mababa Diouf dit Pape, ancien Président de l'Olympique de Marseille, premier sénégalais victime du Covid-19, au Sénégal.
Le Président de la République a, ensuite informé le Conseil des audiences qu'il a accordées aux forces vives de la nation (leaders politiques, autorités religieuses et coutumières, secteur privé, Syndicats, femmes et jeunes) il a magnifié l'engagement républicain et patriotique de tous à travers leurs réflexions, contributions et soutiens, dont la consolidation permettra de renforcer la cohésion nationale et la résilience face à la pandémie.
Le Chef de l'État a, à ce titre, demandé au Ministre de la Santé, de veiller, à la prise en charge adéquate de tous les patients, ainsi que de leurs contacts identifiés dans les établissements sanitaires ciblés et sites d'accueil retenus.
Il a également instruit ce dernier de ne ménager aucun effort pour la reprise de la production de certains médicaments requis pour les malades pris en charge et suivis, en relation avec les ministères et entreprises concernés.
Le Président de la République a par ailleurs félicité le Ministre de la Santé, les personnels de Santé et les forces de défense et de sécurité et a insisté sur la nécessité d'intensifier la riposte et d'agir pour soutenir le personnel de santé, d'appuyer les entreprises en vue de préserver les emplois et d'accompagner les populations les plus vulnérables, avec le déploiement de l'aide alimentaire d'urgence sur l'ensemble du territoire national.
Le Chef de l'État a, par ailleurs, invité le Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération à finaliser le Programme national de Résilience Economique et Sociale (PRES), en synergie avec le dispositif du Fonds de Riposte et de Solidarité FORCE COVID-19.
Le Président de la République, abordant la célébration de la fête nationale du Sénégal a rappelé aux membres du Gouvernement que le soixantième anniversaire, du fait de la pandémie et de l'État d'urgence, sera organisé sous forme d'une cérémonie aux couleurs, le 04 avril 2020, à 10 heures, dans la cour d'honneur du Palais de la République. La Cérémonie consistera à une prise d'armes suivie de l'hymne national en présence du Ministre des Forces armées et des autorités militaires.
Le Chef de l'État a dans ce contexte demandé au Ministre de la Communication de veiller à la transmission dans les médias, tout au long de cette journée, des missions, actions et réalisations des différentes forces de Défense et de Sécurité.
Le Président de la République a, au titre, de la gouvernance et de la rentabilisation des infrastructures numériques, demandé au Ministre de l'Economie numérique et au Ministre des Finances et du Budget de prendre toutes les dispositions pour finaliser l'évaluation du patrimoine des infrastructures numériques nationales, et lui proposer un système durable de valorisation et de rentabilisation selon les normes internationales. Il a dans ce cadre demandé à l'ADIE de finaliser le processus de gestion des infrastructures.
Le Chef de l'État a clos sa communication sur le climat social et la gestion et le suivi des affaires intérieures, en demandant au Ministre en charge de l'Equité territoriale, avec le soutien du Ministre des Finances et du Budget d'accélérer les travaux relatifs au Programme d'Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA).
Le Président de la République a en outre évoqué la préparation de la campagne agricole 2020-2021 en demandant que les actions nécessaires au paiement intégral des subventions sur les cessions d'intrants agricoles soient prises.
Le Chef de l'État a enfin, au sujet du programme d'assainissement du pôle urbain de Diam Niadio, demandé au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement de prendre les dispositions appropriées, afin de procéder à l'extension des capacités de la station d'épuration actuellement fonctionnelle dans ladite zone en relation avec la Délégation Générale des Pôles Urbain de Diam Niadio et du Lac Rose (DGPU).
Au titre des Communications,
Le Ministre d'État, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la réalisation des grands projets infrastructurels et d'équipements initiés par le Chef de l'État.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur les ouvertures de crédit pour les dépenses liées à la lutte contre la pandémie. Il a par ailleurs rendu compte de la tenue du Conseil des ministres de l'UEMOA et de l'organisation prochaine d'un Sommet des Chef d'État de l'Union.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a fait une communication sur la situation de la pandémie dans la diaspora et du soutien social urgent attendu au niveau des ambassades et consulats.
Le Ministre des Forces armées a fait le point sur les dispositions prises et sur le déroulé de la célébration de la fête du 04 avril prochain.
Le Ministre de l'Intérieur a fait le point sur la mise en œuvre de l'État d'urgence et le couvre-feu.
Le Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération a fait le point sur le contexte économique mondial, et présenté un plan national de résilience économique et social.
Le Ministre en charge de l'Equité a fait le point sur les dispositions prises en vue d'une organisation de l'aide alimentaire.
Le Ministre de l'Agriculture et de l'Equipement rural a fait une communication sur la préparation de la campagne 2020-2021 et l'évaluation du programme national d'autosuffisance en riz (PNAR).
Le Ministre de l'Education nationale et le Ministre en charge de l'Enseignement Supérieur ont proposé au Président de la République, qui l'a validé, le report de la rentrée scolaire et universitaire initialement prévue le 06- avril, au 4 mai 2020. Il a par ailleurs été décidé de l'accompagnement des daaras modernes à hauteur de 330 millions en denrées alimentaires.
Le Ministre en charge des transports terrestres a fait le point sur la situation du transport urbain et interurbain.
Le Ministre de la Santé a fait le point sur la situation de la pandémie liée au COVID-19, l'état d'exécution du Plan de contingence et la stratégie médicale mise en œuvre face à la pandémie.
Le Ministre de l'Industrie a fait le point sur l'impact de la pandémie sur les industries et les petites et moyennes entreprises.
Le Ministre en charge du travail a fait une communication sur l'impact de la pandémie dans le milieu du travail et les mesures préconisées pour soutenir les entreprises dans la prise en charge des salaires.
Le Ministre de la Formation professionnelle a informé de la décision de la Banque mondiale d'appuyer les artisans
Le Ministre auprès du Président de la République, en charge du suivi du Plan Sénégal émergent (PSE) a fait le point sur le suivi du PSE.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi, complétant certaines dispositions de la loi 81-52 fixant la limite d'âge d'admission à la retraite des médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et des docteurs vétérinaires ;
le projet de loi modifiant l'article L.69 de la loi n° 97-17 du premier décembre 1997 portant Code du travail ;
le projet de décret créant et fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement du fonds Force COVID 19.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris la décision suivante :
Madame Aminata Ly, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 604449/A est nommée Directeur des Partenariats et de la Promotion économique et culturelle, au ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’Extérieur, poste vacant."
LA DISPARITION DE PAPE DIOUF INCARNE LE COVID-19 AU SÉNÉGAL ENDEUILLÉ
Le premier décès de la pandémie est celui d'une personnalité familière d'un grand nombre de Sénégalais pour qui la réalité du coronavirus se matérialisait jusqu'alors par le couvre-feu, la fermeture des écoles ou l'impossibilité de prier à la mosquée
La disparition de Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille, met un visage connu et unanimement respecté sur l'épidémie de coronavirus au Sénégal où la dangerosité de la maladie reste diversement prise en compte.
Le point journalier du ministère sénégalais de la Santé retransmis en direct a cessé mercredi d'être l'austère énoncé, en français et en wolof, du nombre de tests, de cas de personnes contaminées, de patients guéris.
Le sinistre bilan comporte désormais une entrée de plus: celle des morts, et le premier décès nommé par le ministère est celui d'une personnalité familière d'un grand nombre de Sénégalais pour qui la réalité du coronavirus se matérialisait jusqu'alors par le couvre-feu nocturne, la fermeture des écoles ou l'impossibilité de prier à la mosquée ou à l'église.
Pape Diouf, ancien président de l'un des clubs de foot les plus populaires de France (et du Sénégal), ancien agent de grands praticiens du ballon rond, ancien journaliste, est décédé mardi à 68 ans dans un hôpital de Dakar.
Adama Ndione, vice-président des Supporteurs de l'Olympique de Marseille au Sénégal, club de fans qui revendique quelques centaines de membres encartés, a "versé beaucoup de larmes": "C'était un Sénégalais, un exemple parfait de réussite dans tout ce qu'il entreprenait, un exemple pour nous", dit-il.
Dans le pays qui était le sien avec la France, et où il revenait constamment pour des raisons personnelles et professionnelles, les hommages ont afflué: du président Macky Sall, du chanteur Youssou Ndour pour lequel il était un "homme formidable et multidimensionnel", des joueurs passés ou présents, confrères journalistes...
- Dernier appel -
La photo de Pape Diouf a rempli la une des journaux."Pape Diouf perd son dernier match", se sont accordés l'As et le Quotidien.
Le maillot frappé de l'écussion "Droit au but" est un spectacle courant dans ce pays fou de foot.Pape Diouf y était populaire pour avoir ramené l'OM sur le devant de la scène sportive, pour ses relations avec les champions, mais aussi pour son parcours personnel, sa personnalité attachante, et son sens du verbe apprécié au Sénégal.
Comme d'autres, Bacary Cissé, rédacteur en chef du journal de sport Record, le présente comme son "parrain", celui qui l'a lancé dans la carrière.Il a donné son nom à son fils, et est bouleversé.
Jeudi, Pape Diouf lui écrivait qu'il traînait une mauvaise angine mais pensait à lui.Vendredi, son mentor l'a appelé pour lui dire qu'il était à l'isolement et qu'il avait été diagnostiqué positif.
"Samedi matin, nous nous sommes parlé pour la dernière fois.Il m'a dit: +Bacary, écoute, Petit, la maladie, on va tous s'en relever+".
Bacary Cissé est lui-même atteint et hospitalisé.Le Sénégal a déclaré 190 cas de contamination, dont 45 guéris et, désormais, un mort.La progression de la maladie et la part grandissante prise par les transmissions "communautaires" et non plus "importées", conjuguées à l'état des systèmes sanitaires africains, suscitent l'inquiétude.
- Sensibilisation posthume -
Le Sénégal a pris des mesures pour contenir le mal et se prépare à célébrer samedi 60 années d'indépendance sans le faste auquel un tel anniversaire aurait pu donner lieu.
Le débat est ouvert sur la nécessité de dispositions encore plus fermes que l'état d'urgence et le couvre-feu, jusqu'au confinement.Mais ici, comme ailleurs en Afrique, comment la part considérable de la population qui vit au jour le jour dans l'économie informelle fera-t-elle pour vivre en confinement ?
Nombreux sont ceux qui, comme le maire du quartier populaire de la Médina à Dakar, déplorent le mépris des règles anti-coronavirus par les Sénégalais, qu'ils agissent par nécessité ou méconnaissance du danger.
"Le décès de Pape sensibilise par sa forte résonance", dit un psychologue cité dans le journal l'Observateur, Serigne Mor Mbaye, "on le voyait tout puissant, à un niveau inaccessible (...) La dimension du personnage fait qu'on a peur"
Jusqu'alors, "les gens ne voulaient pas y croire" (à la maladie), dit Adama Ndione, du club de supporteurs, maintenant ils "vont commencer à avoir peur".Il ignore encore comment, avec l'interdiction des rassemblements, les fans sénégalais honoreront la mémoire du défunt.
PAR N. SAMBA SYLLA & P. DOYLE
IL EST TEMPS D’ABOLIR LES PRISONS POUR LES DÉBITEURS SOUVERAINS EN AFRIQUE
Pour que le continent atteigne ses objectifs de développement, le FMI doit modifier radicalement l’approche anti-croissance qu’elle promeut dans les pays très endettés/insolvables au bénéfice de leurs créanciers
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 01/04/2020
Cet article a déjà été publié il y a près de deux mois. L’actualité liée au coronavirus a obligé ses deux auteurs à le republier. Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle soutiennent que les moratoires sur la dette des pays en développement ne suffiront pas. Leur impact selon les pays risque de dépendre plus du calendrier de paiement du service de la dette que de leur exposition à la pandémie. Sans mentionner que rien n’empêchera le FMI dans le futur de continuer à imposer aux pays en développement des excédents budgétaires primaires élevés qui se traduiront comme toujours par des pertes de production dévastatrices. Cet article propose une alternative à l’approche habituelle de gestion de l’insolvabilité souveraine par le FMI. En même temps, c’est un appel pour que les dirigeants des pays en développement exigent dès à présent la fin des prisons pour débiteurs souverains.
En l'espace d'une décennie, juste pour accompagner le flux de nouveaux arrivants sur ses marchés du travail, l'Afrique subsaharienne devra créer 20 millions de nouveaux emplois chaque année. Il s'agit d'un défi énorme. Et aussi d’une opportunité sans précédent d'exploiter l'énergie et la créativité de tous les jeunes africains.
Malheureusement, après avoir fait ce constat, le message immédiat du Fonds Monétaire International (FMI) - littéralement dans la même phrase - est de recommander « des réductions budgétaires pour assurer la viabilité de la dette » !
Ce raisonnement est tout à fait faux. Pour que l'Afrique atteigne ses objectifs de développement, le FMI doit modifier radicalement l’approche anti-croissance qu’elle promeut dans les pays très endettés/insolvables au bénéfice de leurs créanciers.
En effet, au lieu de soutenir l’émission de nouvelles dettes créatrices d'emplois, le FMI priorise le remboursement de la dette ancienne, même si cela implique de réduire les budgets des Etats et l’activité économique.
Malheureusement, le FMI persiste dans ce choix de priorités malgré les leçons à tirer de l'échec de cette approche là où elle a été tentée et pleinement mise en œuvre.
Par exemple, la Jamaïque, au cours de la dernière décennie, a suivi la feuille de route du FMI. Son gouvernement a été obligé de dégager d'énormes excédents budgétaires primaires – c’est-à-dire des recettes budgétaires supérieures aux dépenses publiques totales, hors intérêts liés au remboursement de la dette.
Contrairement à la plupart des autres pays, la Jamaïque a respecté ces instructions assez longtemps pour en voir les résultats. Quels ont été les résultats ?
La dette publique jamaïcaine a diminué, passant de 140 % du PIB il y a dix ans à 95 % aujourd'hui. Mais dans le cadre de cette priorité du FMI pour le paiement de la dette ancienne, le volume de l’emploi a chuté à partir de 2009, retrouvant à peine ce niveau à partir de 2016 ; le PIB par habitant du pays a également diminué.
Tout ceci contraste fortement avec l’expérience de pays similaires, notamment les pays africains à la croissance la plus rapide, dont le Kenya, l'Ouganda, le Botswana, la Namibie et l'île Maurice, où, dans le même environnement mondial, au lieu de diminuer, le PIB par habitant a augmenté de 25 à 35 %.
Tout cela n'est pas surprenant. Les ressources ainsi affectées au remboursement de la dette ancienne ne pouvaient pas être utilisées par la Jamaïque pour investir dans la protection contre les ouragans, la gestion des eaux ou les écoles, ni pour réduire les impôts afin de stimuler l’activité des entreprises.
La comparaison avec les pays africains en croissance rapide montre bien ce que la Jamaïque a sacrifié en suivant cette approche rendant prioritaire le paiement de la dette ancienne : 40 % du PIB jamaïcain de 2009. Voilà ce que la Jamaïque a perdu en seulement une décennie.
De telles pertes de production imposées par les créanciers se sont déjà produites auparavant. À l'époque victorienne, une couturière pouvait être emprisonnée par ses créanciers lorsqu'elle était en défaut de paiement. En prison, elle ne faisait pas de robes. Les créanciers ne se souciaient pas de cette perte de production. Ils se retournaient simplement vers sa famille pour qu’elle paie à sa place.
Nous considérons maintenant tout cela comme barbare ; en dépit de la violente opposition à leur encontre, les lois sur l'insolvabilité personnelle ont été modifiées pour empêcher les créanciers d’infliger à leurs débiteurs de telles pertes de production.
Mais les créanciers (y compris les Chinois), par l'intermédiaire du FMI, continuent de faire cela aux débiteurs souverains. Et pas seulement en Jamaïque. Le FMI exige actuellement des excédents primaires élevés à moyen terme, notamment à la Mozambique, à la Zambie, au Zimbabwe, à l’Angola, au Tchad, à la Guinée équatoriale, aux Seychelles, au Congo et au Soudan du Sud - tout cela pour rembourser des dettes anciennes.
Comme le montre la Jamaïque, il s’agit là d’une recette pour la stagnation, au mieux. Le FMI a tort de pointer du doigt les débiteurs qui ne font pas preuve de suffisamment d'engagement et d'énergie à son égard. Ce n'est guère la faute de la couturière emprisonnée si elle ne peut pas produire !
Le monde et l'Afrique ont ainsi un choix à faire. Car tout comme pour les insolvabilités individuelles – et pour lesquelles certains dispositifs ont été conçus afin de faire face au manque de considération des créanciers pour la production - il est également possible sur le plan technique de mettre en place de meilleurs dispositifs d'insolvabilité pour les souverains.
Nous détaillons ces arrangements alternatifs que nous appelons « Régime préventif d'insolvabilité souveraine » (Preemptive Sovereign Insolvency Regime, PSIR, en anglais), qui sont construits sur la même base que ceux qui ont été appliqués aux banques américaines pendant plus d'un demi-siècle, et grâce auxquels plusieurs centaines d’entre elles ont été restructurées avec succès. Un descriptif plus complet de notre proposition peut être consulté en ligne.
L’idée de base est que le FMI devra imposer des réductions de dette lorsque les ratios de dette publique ne peuvent être stabilisés sans porter l’excédent budgétaire primaire au-delà de 2 % du PIB, et non, comme c'est le cas actuellement, uniquement lorsque les ratios de dette augmentent de manière insoutenable.
Ainsi, les anciens créanciers ne pourront pas infliger des pertes de production en imposant des excédents primaires élevés via le FMI. Toutefois, les bénéficiaires devront remplir certaines conditionnalités afin de garantir le dividende de la croissance et de l'emploi qui en découle. Sur cette base, le FMI financera la transition des pays bénéficiaires vers de nouveaux créanciers.
Si ces accords avaient été appliqués à la Jamaïque à partir de 2009, sa dette eût été réduite jusqu’à des niveaux compatibles avec de faibles excédents primaires. Cela eût permis à la Jamaïque d'investir et de croître au cours de la dernière décennie, tout comme l'ont fait les pays africains en croissance rapide, et tout comme l'Afrique dans son ensemble doit le faire maintenant, au lieu de se contenter d'effacer sa dette ancienne.
En l'absence de ces dispositifs, la Jamaïque n'avait d'autre choix que d’obéir. Mais elle n'aurait pas dû être confrontée à ce « choix ». Compte tenu des conséquences, notamment le développement d’une émigration incontrôlée, aucun autre pays ne devrait être confronté à ce choix à nouveau.
Les avantages d'un « Régime préventif d'insolvabilité souveraine » (PSIR) vont bien au-delà de la réalisation du potentiel de production des pays qui sont aujourd'hui très endettés. En supprimant la « garantie d’excédent primaire élevé » du FMI, le PSIR pousse les créanciers à exiger dès le départ une responsabilité et une transparence accrues au lieu qu’ils s'associent à des dirigeants corrompus et incompétents pour imposer une dette illégitime et inutile aux citoyens les plus pauvres d'Afrique. Le PSIR ralentirait également les entrées de capitaux pendant les périodes de boom des cours des produits primaires.
Comme pour les régimes d'insolvabilité personnelle, seuls les créanciers anciens font obstacle à cette réforme qui vise à stimuler la production, à créer des emplois, à lutter contre la corruption et à lisser le boom des matières premières. L'avertissement lancé en 1987 par feu Thomas Sankara, le charismatique président du Burkina Faso, résonne plus fort que jamais : « si nous ne payons pas [la dette extérieure], nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également. »
Il est temps de choisir. L'Afrique va-t-elle à nouveau accepter d’être enfermée dans la prison pour débiteurs qu'elle a endurée avec les plans d'ajustement structurel (PAS) des années 1980 et 1990, en étant obligée de dégager des excédents primaires pour payer la dette au détriment de la production et des emplois décents ? Ou bien l'Afrique se tiendra-t-elle debout pour demander que les dispositifs d'insolvabilité souveraine sortent du XIXe pour entrer dans le XXIe siècle, afin de rendre possible la création de millions de nouveaux emplois chaque année ?
Le mandat originel du FMI était de garantir la production, non pas le paiement de la dette. Si l'Afrique sauve cette institution globale des griffes des créanciers en insistant sur les changements à apporter à la gestion de l’insolvabilité souveraine, elle poussera le FMI à respecter son mandat. Ce qui préparerait le terrain pour la réalisation du potentiel de tous nos peuples.
L'Afrique devrait appeler le monde et le FMI à abolir dès maintenant les prisons pour débiteurs souverains.
Ndongo Samba Sylla est un économiste du développement sénégalais.
De nationalité américaine, Peter Doyle est un ancien économiste principal au Fonds monétaire international. Il a démissionné en 2012 en raison de l'« incompétence » du Fonds et de son échec à mettre en garde contre la crise financière mondiale de 2007-2008.
par Ibrahima Thioye
OUI POUR UN CONFINEMENT TOTAL ET UN DÉPISTAGE MASSIF (PARTIE 2)
Arrêter l’économie pendant 1 mois pour bien rebondir vaut mieux que d’affronter une catastrophe qui sera longue, jalonnée de morts, de désordre et qui finira à coup sûr par impacter l’économie et l’équilibre social
Je reviens une deuxième fois pour répéter ce que j’avais dit dans mon premier article sur ce sujet. Je crois qu’on doit aller plus loin dans les mesures déjà prises, notamment vers le confinement total couplé à un dépistage massif. Certes, notre économie sera durement affectée et cela peut entraîner des conséquences sociales difficiles, voire des souffrances pour les couches de la population les plus vulnérables. Mais nous sommes en guerre contre un ennemi invisible, vicieux et redoutable. Sans de l’audace, des sacrifices, des mesures froidement appliquées, mais assurant au moins la survie des composantes de la population les plus fragiles, nous risquons d’affronter une catastrophe sanitaire sans précédent qui entraînera du désordre économique et des perturbations sociales sur une longue durée.
Je suis conscient qu’en optant pour le confinement total, nous nous retrouvons face à deux ennemis : le virus et le dénuement induit par le confinement. Plus de 70% des populations urbaines vivent au jour le jour. Les confiner sans mesures d’accompagnement, c’est simplement les exposer à un choix terrible : mourir par le virus ou mourir de faim.
Nous devons être prêts à relever collectivement ce double défi consistant à combattre le virus tout en prenant en charge cette composante de la population. Il adresse d’abord nos modes de pensée car pour beaucoup de gens on ne peut attaquer en même temps ces deux ennemis. Cela est parfaitement possible en :
- menant une lutte implacable, bien organisée ;
- tirant les leçons des pays qui nous ont devancés dans ce combat
- évitant d’éluder ces spécificités évoquées plus haut.
Le message du Professeur Seydi
J’ai visualisé une vidéo du professeur Seydi, le coordinateur de la lutte contre le COVID 19, responsable du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann. En substance, il lance une alerte nous rappelant que ce qui se passe actuellement en France, en Italie et aux USA peut arriver au Sénégal avec un impact décuplé. A plusieurs reprises, il est revenu sur la nécessité impérieuse de respecter les mesures barrières et les règles du confinement. Ses recommandations sont : « respectez les consignes ! Restez dans vos maisons, seule une grande urgence devrait vous pousser à sortir de votre maison ! »
Dans cette vidéo, il poursuit : « Si on ne fait pas attention, on va vers la catastrophe ; nous n’avons pas suffisamment de moyens.Tant que le flux de malades qui arrivent chez nous reste limité, nous pouvons les traiter; mais si ce flux dépasse nos capacités, la situation peut être pire que ce que l’on a vu dans les pays d’Europe ». D’après le Professeur Seydi, le cœur de la lutte se trouve dans la prévention qui permet de contenir la vitesse de propagation du virus.
Posons bien le problème
Contre qui sommes-nous en guerre ? le COVID 19, un ennemi invisible.
Quelle est sa force principale ou l’élément le plus nocif pour nous ?
Sa vitesse de propagation ou sa contagiosité. Il se multiplie vite et devient alors insaisissable. Comment faire pour le vaincre ?
Réduire sa vitesse de propagation, l’identifier, l’isoler et l’annihiler. Pour ce faire, il faut mettre en œuvre les mesures suivantes :
1 Figer ses agents porteurs (les hommes) grâce au confinement total. Cela est rendu possible par l’absence de déplacement ou de regroupement des agents porteurs.
2 Respecter les mesures barrières (laver nos mains, utiliser le gel hydro alcoolique, règles de distanciation, porter le masque etc.)
3 L’identifier, l’isoler en procédant à un dépistage massif. Une fois isolé (cela se traduit par un isolement des porteurs), il devient plus simple d’organiser la lutte.
Contrairement à l’Allemagne qui a opté pour un dépistage massif, la France ne décompte que ceux qui arrivent dans les structures hospitalières. D’après certains spécialistes, il faut multiplier par 30 le nombre de cas officiellement déclarés en France. Quel est le facteur multiplicatif pour des pays comme le nôtre. Il me semble que notre situation n’est pas aussi catastrophique avec l’organisation du suivi des cas contact. Mais lorsque le nombre de cas contact devient important, le suivi risque d’être difficile (à moins qu’on recrute une armée de personnes dédiées à cette tâche).
Confinement total
Il faut maintenir uniquement les activités qui ont un lien étroit avec la survie (mise à disposition de denrées alimentaires, médicaments, accès aux structures financières – y compris les distributeurs de Mobile money et de recharge téléphonique bien équipés de moyens de protection contre le virus).
Comment gérer ces centaines de milliers de personnes vulnérables, qui vivent au jour le jour pour subvenir aux besoins de leur famille ? Prenons les en charge en nous appuyant sur nos valeurs de Teranga, Ndibeul, Laabir, sans regroupement, ni folklore. Étant dans une situation exceptionnelle qui nécessite une lutte implacable contre ce virus, arrêter l’économie pendant 1 mois pour bien rebondir vaut mieux que d’affronter une catastrophe qui sera longue, jalonnée de morts, de désordre et qui finira à coup sûr par impacter l’économie et l’équilibre social. Même à supposer qu’il y ait des failles dans l’organisation de la chaîne de solidarité, entre deux douleurs, le pragmatisme nous recommande de choisir celle qui aura moins de conséquences déplorables aux plans économique, social, émotionnel et humain.
Je propose au gouvernement d’utiliser une méthode en escalier :
solidarité familiale à solidarité au niveau du quartier à solidarité au niveau de la ville (ou commune) à solidarité au niveau de l’État.
Ce n’est pas une honte de demander exceptionnellement aux familles (élargie bien entendu) de faire jouer cette fibre de la solidarité pendant un mois. Elles savent bien le faire lorsqu’il s’agit de célébrer un baptême ou un mariage. Nous devons être nombreux à accepter cette boutade de Samba Bathily, maire de Ouakam quand il dit : « Je préfère manger du sombi pendant un mois et rester sain et sauf, plutôt que m’exposer à la mort.» Je suis persuadé que les sénégalais sont nombreux à accepter de faire ce type de sacrifice pour assurer la survie de membres de leur famille éloignée.
Bien sûr que ce premier niveau familial ne pouvant pas assurer toute la prise en charge, on monte à l’échelon du quartier et ainsi de suite jusqu’au stade étatique. Il faudrait utiliser les moyens technologiques modernes (une application, une plateforme téléphonique) pour assurer la collecte des informations de ceux qui ne peuvent compter que sur la contribution collective et organiser les « soutiens ». Il faudra mettre en place toute une chaîne logistique réelle et virtuelle pour mener à bien ce combat. Cela éviterait les collectes ou distributions de denrées qui vont occasionner des attroupements et créer les conditions d’une propagation du virus. Il y aura toujours des cas exceptionnels à prendre en charge par des moyens logistiques
Ce serait un confinement choisi et non subi. L’Inde, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres pays ont choisi la voie du confinement total. L’exemple de l’Inde est assez intéressant. Quand on voit les images en provenance de Delhi, on peut conclure immédiatement que le confinement total n’est pas la solution. Non. Il ne s’agit pas de décréter un confinement sans mesures d’accompagnement. Il faut préparer toutes les mesures contribuant à la mise à disposition de moyens de survie sur la durée du confinement. Sans ces éléments, la mesure de confinement sera contre-productive.
Décréter d’emblée que le confinement est impossible (comme l’ont dit de nombreuses personnes, parmi lesquelles le président du Benin), c’est accepter de ne pas sortir des cadres habituels de raisonnement. Ce sera difficile, mais un confinement organisé est parfaitement possible. Cela exige de notre part de l’audace, de l’esprit d’initiative (à l’image des initiatives prises par le maire de Ouakam) et surtout une volonté de fer. Je vais être caricatural : sans confinement : crise sanitaire (avec un plateau sanitaire à genou) + bouleversement social + crise économique + choc émotionnel lié aux pertes en vies humaines( et peut être suivi d’un confinement subi) + aucune visibilité sur la date de sortie de crise.
Avec confinement : bouleversement social (surtout pour les couches les plus vulnérables) + crise économique + choc émotionnel propre au confinement (dépression, perte de repère, etc.) + très bonne visibilité (4 à 6 semaines max).
Entre ces deux douleurs, il faut choisir la moins brutale. Nous devons absolument faire ce choix et nous mobiliser pour la mettre en pratique. Comme je suis un partisan absolu du confinement total et j’ai une grande peur de cette partie ascendante de la courbe de Gauss, je suis sûr d’avoir présenté un tableau plus sombre pour le contraire. Mais j’entends encore les arguments qui ne militent pas en faveur et qui restent pertinents.
Dépistage massif
Le dépistage est un moyen qui permet d’identifier, d’isoler les éléments porteurs, en vue d’épargner ceux qui sont sains et d’organiser de façon plus rationnelle (en ayant une bonne visibilité) la prise en charge des porteurs du virus.
L’Allemagne arrive à réaliser 500 000 dépistages par semaine, la France en fait 9000 par semaine. Le suivi des cas contacts est intéressant, mais à partir du moment où il y a de nombreux cas issus de la transmission communautaire, il vaut mieux organiser le dépistage massif, en s’inspirant des meilleures pratiques (celle de la Corée et de la Chine). En Chine et à Wuhan plus précisément, d’après le récit du Docteur Philippe Klein (disponible sur la plateforme Youtube), ils ont procédé au dépistage systématique à l’issue duquel les porteurs asymptomatiques étaient admis dans des hôtels, les cas contacts rassemblés dans des stades et les autres pris en charge dans les structures hospitalières. En procédant de cette façon, on a de la visibilité sur la dynamique d’évolution de la maladie avec la progression et la transformation des différents flux de cas. Le grand avantage de cette option, c’est que l’ennemi est isolé et la contamination est complètement réduite. Le Docteur Klein et le Docteur Seydi raisonnent en termes de flux.
Thérapie
Je ne vais pas développer outre mesure à propos de la thérapie. Je ne suis pas un spécialiste de ce domaine. Je m’appuie simplement sur les propos du Professeur Seydi. Je trouve sa démarche très pragmatique. Si j’ai bien compris ses explications, on trouve de nombreux cas (cas simple, cas sévère, cas sérieux et cas grave). Chaque malade nécessite un traitement spécifique. Les choses ne sont pas aussi simples que nous autres profanes les comprenons. D’après le professeur, ce n’est pas la Chloroquine qui sauve les malades, mais elle accélère la guérison et réduit la contamination. Ce qui évite la mort, c’est le traitement symptomatique. La Chloroquine doit faire l’objet d’une prescription médicale pour éviter les effets indésirables.
Acquisition de matériels et d’équipements
Aujourd’hui, on note une pénurie de masques dans toutes les pharmacies. Je suis persuadé que les structures mises en place pour coordonner la lutte contre le COVID 19 se sont projetées dans un scénario catastrophe pour planifier l’acquisition de certains équipements ou matériels: masques, gants, équipements vestimentaires, respirateurs et autres appareils. La France a fait une commande de 1 milliard de masques. Pourquoi au Sénégal on ne ferait pas une commande de 200 millions de masques ?
Pour conclure, je reprends mes propositions :
- durcir le confinement en faisant appel à toutes les formes de solidarité (sans folklore ni regroupement), en utilisant les moyens technologiques modernes ;
- dépistage massif dont l’objet est de traquer, identifier et isoler le virus pour pouvoir le combattre.
Cela se traduira par 4 à 6 semaines (que sais-je) d’un arrêt des activités économiques afin de traquer ce virus jusque dans ses derniers retranchements. Cela demande de l’audace, un sens de l’anticipation, un sens des responsabilités.
Mes sources :
- CNN, BFM TV ;
- Des études en provenance de London Business School (The economics of a pandemic. The case of COVID-19), Shangai Institutes for International Studies (International cooperation for the coronavirus combat. Results, Lessons,and way ahead) ;
- Des vidéos qui m’ont marqué (celles du Docteur Philippe Klein qui a vécu l’épidémie à Wuhan, celles du Docteur Moussa Seydi, celle du Maire de Ouakam).