SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 juillet 2025
LE SOMMET DE PAU N'A PAS FAIT TAIRE LES CRITIQUES AU BURKINA ET AU MALI
Les plus optimistes rêvent d’écrire une nouvelle page de la coopération entre la France et les pays du Sahel, mais les accusations d’ingérence et d’inefficacité persistent
Le Monde |
Sophie Douce et Paul Lorgerie |
Publication 14/01/2020
Au lendemain du sommet de Pau, qui a réuni Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel, les réactions se faisaient plutôt discrètes côté malien. Si certains se félicitent sur les réseaux sociaux de la poursuite de l’engagement français au Sahel, d’autres n’hésitent pas à montrer leur mécontentement dans un climat de défiance croissant vis-à-vis des forces françaises.
Un engagement renouvelé de la collaboration entre les Etats sahéliens et la France – qui a annoncé l’envoi de 220 soldats français supplémentaires – est ainsi perçu « comme une mise sous tutelle » par le Groupe des patriotes du Mali (GPM), figure de proue des manifestations réclamant le départ des forces étrangères. « Nous allons redoubler d’efforts pour arriver à nos fins », martèleMahamadou Coulibaly, l’un des membres du GPM.
Pour Clément Dembélé, président de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage, qui regroupe près de 380 associations en son sein, la rencontre de Pau est au contraire le point de départ d’une nouvelle coopération, en ayant permis à tous les Etats de s’exprimer et de définir clairement le rôle de l’opération « Barkhane ». Lui estime nécessaire une présence française tant que les forces armées maliennes (FAMA) ne seront pas totalement remises sur pied.
Quant à Ibrahim Maïga, de l’Institut d’études de sécurité (ISS) à Bamako, il déplore le fait que la solution préconisée reste largement militaire : « La stratégie actuelle ne prend pas suffisamment en compte la complexité de la situation. Aujourd’hui, un ennemi a été identifié : l’Etat islamique au Grand Sahara. Mais en réalité, cet ennemi n’est pas un et indivisible, il est pluriel. Par ailleurs, on aurait pu s’attendre à une forme d’appropriation de la lutte contre le terrorisme par les chefs d’Etat sahéliens, mais on voit que c’est la France qui continue de donner le tempo. C’est aussi ça qui nourrit le ressentiment vis-à-vis de l’engagement de la France au Sahel et la contestation contre les chefs d’Etat sahéliens. »
« Dirigeants transparents »
Au Burkina Faso, on a scruté avec attention la déclaration conjointe des chefs d’Etats malien, burkinabé, mauritanien, tchadien et nigérien. L’invitation du président Macron à Pau avait été perçue par beaucoup ici comme une « convocation » et une « humiliation », certains y voyaient « l’occasion pour le président Kaboré de prouver qu’il n’est pas une marionnette ». « Un non-événement », commente un internaute. « Encore une fois, nos dirigeants ont été transparents », fustige un autre.
Sur les réseaux sociaux, si certains se félicitent de la « poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel », la qualifiant de « sage décision », d’autres se montrent plus sceptiques quant à la création d’une nouvelle coalition antiterroriste, baptisée Coalition pour le Sahel. « On a déjà trois armées nationales dans la zone, la force « Barkhane », l’ONU et le G5 Sahel. On ne sait pas qui commande qui et qui fait quoi. A l’inefficacité on répond par la création de structures encore moins efficaces », fustige ainsi un Burkinabé.
Lundi 13 janvier, une centaine de manifestants avaient défilé à Pô, dans le sud du pays, pour dénoncer « le paternalisme » et « le chantage » de la France. Ce « sommet parallèle » à celui de Pau était organisé par le Comité international mémorial Thomas Sankara [l’ancien président révolutionnaire assassiné en 1987]. « La réponse n’est pas d’envoyer de nouveaux militaires français mourir à notre place et de remplacer nos propres soldats, nous ne devons plus sous-traiter nos responsabilités mais décider et agir en notre nom, encore une fois la voix du peuple a été oubliée », dénonce le militant Serge Bayala, membre du Balai citoyen, une organisation de la société civile.
Du côté du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir, on se félicite d’une « clarification des positions ». « Les malentendus ont été dissipés, le lancement de cette nouvelle coalition est un acte fort qui devrait permettre une meilleure coordination entre nos armées », estime Clément Sawadogo, ancien ministre de la sécurité et deuxième vice-président du MPP. « Nous devons dépasser nos divergences et ces polémiques inutiles anti ou pro-Français pour se rassembler dans cette même lutte. Le Burkina n’a pas les moyens d’y arriver seul, acceptons l’aide de la communauté internationale », insiste Aziz Dabo, le porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), un parti d’opposition.
Le politologue Thomas Ouedraogo espère quant à lui que le sommet de Pau permettra « d’écrire une nouvelle page » de la coopération entre la France et les pays du Sahel. « En clarifiant chacun leur position, les chefs d’Etat visent l’apaisement et espèrent repartir sur de bonnes bases, en travaillant de façon plus transparente et moins ambiguë. Après les annonces, les Burkinabés attendent maintenant des actes forts », analyse-t-il.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
GRETA THUNBERG
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette ado dont la parole est portée à travers le monde n'aurait pas pu être africaine. Nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant n’est pas tout à fait une personne pleine et entière
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 14/01/2020
Elle était pourtant au centre de l’attention du monde lors de la COP 25, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques tenu du 2 au 14décembre2019 à Madrid, en Espagne.
Elle est depuis 2018 l’incarnation de la lutte citoyenne en faveur du changement climatique.
Elle a initié la « grève de l’école pour le climat » qui fera des émules dans tout le monde occidental, de son pays, de la Suède, à l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse jusqu’au Japon.
Elle vient de recevoir le tire de Personne de l’Année (on disait jusqu’en 1998 Homme de l’Année) décerné par l’hebdomadaire américain Time Magazine à la personne qui a « marqué le plus l'année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire ». Il s’agit là de la reconnaissance de l’influence politique et du leadership de cette jeune personne au niveau mondial.
Ceci est extraordinaire car si les jeunes, les enfants même ont de tout temps joué des rôles déterminants dans l’histoire de l’humanité, de Toutankhamon à Alexandre le Grand par exemple, ils ont rarement été promus en modèles aux sociétés. Ils ont rarement été promus comme guides ou « éclaireurs » au niveau d’une nation encore moins au niveau du monde. Le monde est donc en train de changer.
Car voilà une ado ordinaire, avec baskets et sweatshirt, qui se fait citoyenne du monde en portant le plaidoyer en faveur de la prise en compte par les nations du réchauffement climatique, avec des mots simples, sans référence idéologique ou messianique. Et la parole de cette ado est portée par les médias, discutée partout, par des universitaires, des scientifiques et des décideurs politiques à travers le monde.
On me dira qu’elle bénéficie du « privilège de la peau blanche » qui fait que dans le monde actuel, c’est le Blanc, l’Occidental qui à priori, incarne le Beau, le Bon, le Progrès et le Bien et que l’on donne en modèle au monde, sur tous les plans. Que Greta Thunberg est Suédoise, qu’elle aurait pu être Française ou Américaine ou Australienne. Pas sûr qu’elle ait pu être Indienne ou Inuit. Qu’elle n’aurait en tout cas pas pu être Africaine.
Oui Greta Thunberg n’aurait pas pu être Africaine. Pas seulement à cause du « privilège de la peau blanche » mais aussi et d’abord parce que nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant ou même un adolescent n’est pas tout à fait une personne pleine et entière.
Qu’il faut encore la faire murir et cela à coup de brimades, de vexations et de violences verbales, psychologiques et physiques. Nous l’avons vu encore récemment avec ces talibés enchainés comme des esclaves et condamnés à errer toute la journée et à mendier pour se nourrir et nourrir leur « marabout ».
L’enfant en Afrique n’a encore pas droit à la parole et surtout pas à la parole publique et politique. On continue encore à croire en Afrique que le savoir et la sagesse, la parole publique et le pouvoir donc sont l’apanage de l’âge.
Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule dit-on pour justifier la tyrannie gérontocratique sur les familles, les villages et les Etats.
Or il s’agit bien souvent de vieillards qui ont tout oublié de l’Afrique traditionnelle et rien appris de la modernité.
Au moment où le monde, dans sa partie développée en tout cas, a révolutionné ses systèmes scolaires depuis longtemps par une pédagogie qui recherche l’éveil de l’enfant dès sa naissance pratiquement, encourage sa participation à l’école et le place au centre de la société, soutient et encourage le développement de sa personnalité propre, sans aucune contrainte, dans le respect de la spécificité de chaque individu.
Et écoute sa parole et met même désormais au pouvoir des jeunes. C’est même devenu un impératif politique. L’Afrique devra s’y soumettre d’autant que sa population est jeune. Et qu’elle augmente vertigineusement.
Le rapport Perspectives économiques en Afrique établi en 2012 par la Banque Afrique de Développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Commission Economique pour l’Afrique et l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) indiquait déjà que la population de jeunes âgés de 15 à 24 ans s’élevait à 200 millions d’habitants. Qu’elle doublerait à l’horizon 2045.
Ceci dépendra en grande partie de la manière dont les générations montantes actuelles, les générations Z et Alpha (celles qui sont nées avec le numérique et après le numérique) seront éduquées.
Continuerons-nous, sous le prétexte de les éduquer et de les instruire, à leur denier tout droit, même celui de penser par eux même ou mettrons fin au plus tôt à ces systèmes archaïques qui briment la créativité et l’originalité indispensables à l’individu au 21eme siècle ?
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Ce Front qui devait servir pour la restauration des acquis démocratiques bafoués par le régime Macky se distingue malheureusement par des déviances à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), datée du 9 janvier, portant suspension de sa participation au Front de Résistance Nationale (FRN).
« Le Parti Démocratique Sénégalais constate avec regret des dysfonctionnements graves du Front de Résistance National (FRN) dont il était l’un des principaux initiateurs.
Ce front qui regroupe divers partis, mouvements et personnalités politiques, devait servir de cadre de lutte pour la restauration des acquis démocratiques systématiquement bafoués par le régime de Macky Sall et la défense des intérêts des populations. Il se distingue malheureusement par de multiples déviances autant dans son fonctionnement qu’à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place.
En effet, le PDS constate de graves déviations des mécanismes internes de prise de décisions stratégiques, notamment en ce qui concerne le Dialogue national initié unilatéralement par le président Macky Sall. A cela s’ajoutent les faits de compromission avérée de responsables au plus haut niveau du Front, ce qui amène le Parti Démocratique Sénégalais à suspendre sa participation au FRN. Il engage l’ensemble des militants et responsables à rester mobilisés dans la perspective des nouvelles batailles qui seront définies par la direction du parti. »
PAR Abdelaziz Moundé Njimbam
PAU...VRE AFRIQUE !
On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement - Il n’y a pas de sentiments anti-français. Il y a un sentiment de connivences grotesques
Ce n’est pas la faute de la France : l’attitude de nos chefs d’Etat, depuis ceux qui étaient placés par l’Elysee de Foccart jusqu’à ceux qui traficotent les Constitutions pour s’éterniser au pouvoir et s’assurer des bonnes grâce de Paris, relève de la servitude volontaire. D’un manque de cran.
Ils se couchent pour leurs intérêts et non pour ceux de leurs peuples. Ils acceptent le diktat du Fcfa parce qu’ils ne travaillent pour la croissance, le développement, la compétitivité mais leurs fortunes et bien-être. C’est pourquoi, après 60 ans, ils en sont encore à s’aligner en rang d’oignons aux ordres de Macron. A se laisser conter des fables alors même que l’argent qu’ils dilapident aurait permis outre de s’occuper de lutte contre la pauvreté, de développement des infrastructures, d’éducation, de bâtir des systèmes de défense.
Mais la France fait, lourdement, partie de la faute. Très lourdement ! : l’arrogance doucereuse d’Emmanuel Macron n’y changera rien. L’Armee française et la colonisation du pays de Jules Ferry ont une histoire. Celles d’operations de guerre pour décimer des populations comme au Cameroun, pour combattre des indépendantistes comme en Algérie, pour déstabiliser des pouvoirs comme en Guinée, pour s’assurer l’approvisionnement en matières premières, comme au Zaïre, au Nigeria avec l’aide au Biafra, etc. On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement.
Et puis, ces armes, balancées dans le ciel de Benghazi par Nicolas Sarkozy sous le prétexte de combattre Kadhafi, sont devenues l’arsenal des djihadistes dans le Sahel et de Boko Haram et ses ravages au Nigeria et au Cameroun. Et cela Pau, le taira...
Il n’y a donc pas de sentiments anti-français. Il y’a un sentiment de connivences grotesques.
Il n’y a pas de sentiment anti-français, il y’a le refus du travail et du devoir de mémoire, respectueux entre les deux pôles : la France et ses ex-colonies.
Il y’a le sentiment d’une arrogance qui prend des formes variées : impériale sous de De Gaulle et Foccart, hypocrite sous Mitterand, espiègle sous Chirac, goujate sous Sarkozy, cotonneuse sous Hollande et sirupeuse sous Macron.
Et ce n’est pas avec des oukases et des effets de manche que Macron et ses pairs africains, incapables de se défendre et de construire des armées dignes comme il en existe en Afrique, qui changeront la conscience profonde de peuples.
Pour cela, il faut que les Africains apprennent à marcher sur leurs propres jambes. Une chose comme apprendre qu’un continent se défend par lui-même. Il faut que la France, en cessant de s’occuper de la Chine ou de la Russie, regarde la paille - grosse comme ses crimes et fautes en Afrique - dans ses yeux et apprenne l’humilité !
MACRON DÉNONCE DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES ALIMENTANT LES DISCOURS ANTI-FRANÇAIS
Le chef de l'État français a fustigé l'«agenda de mercenaires», dans une allusion possible à un groupe paramilitaire russe
Bénédicte Lutaud et AFP agence |
Publication 14/01/2020
Emmanuel Macron a vivement dénoncé lundi 13 janvier les discours «indignes» alimentant les critiques antifrançaises au Sahel, qui servent selon lui des «puissances étrangères» ayant «un agenda de mercenaire». «Les discours que j'ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes (...) parce qu'ils servent d'autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes (...), soit ceux d'autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu'elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires», a dénoncé le président de la République, en affirmant que «l'armée française» était au Sahel «pour la sécurité et la stabilité», pas pour «d'autres intérêts».
«J'entends beaucoup de gens qui disent tout et n'importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés, demandez-vous quels intérêts ils servent. Moi j'ai mon idée», a répondu Emmanuel Macron à un journaliste malien qui rapportait les doutes d'une partie de la population de son pays sur les raisons de l'engagement des militaires français et leur détermination à combattre les djihadistes.
«Que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants !», s'est exclamé Emmanuel Macron, alors que 41 militaires français ont été tués au Sahel depuis 2013. «Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens et des Burkinabè : des soldats français», a-t-il martelé. Ce dernier a remercié les dirigeants sahéliens d'avoir «combattu avec beaucoup de fermeté» ces «discours indignes». Mais les cinq chefs d'État africains, dont plusieurs ont salué l'engagement de la France lors de leurs discours de fin d'année, sont restés silencieux sur ce point lors de la conférence de presse à Pau.
Sentiment antifrançais
Au Mali, au Burkina et au Niger notamment, des manifestations antifrançaises se sont multipliées ces derniers mois contre la présence de l'ancienne puissance coloniale au Sahel. La contestation populaire est même parfois rejointe par des responsables politiques de haut rang. Le ministre burkinabé de la Défense, Moumina Cheriff Sy, s'était même interrogé publiquement, en juin, sur l'activité de la France au Sahel dans le journal sud-africain Mail and Guardian.
La prise de parole de la militante suisso-camerounaise Nathalise Yamb lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi, en octobre, a «eu un effet libératoire de la parole antifrançaise», souligne en outre Caroline Roussy, chercheuse à l'IRIS et spécialiste de la géopolitique des frontières en Afrique, interrogée par Le Figaro. À Sotchi, la militante avait ainsi fustigé la «Françafrique», réclamé la fin du franc CFA et demandé «le démantèlement des bases militaires françaises qui, sous le couvert d’accords de défense bidons, ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rébellions, l’entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos États.» Deux mois plus tard, le 21 décembre, Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara avaient annoncé la fin du franc CFA à Abidjan. «Cette séquence confuse autour du franc CFA a servi à alimenter le ressentiment antifrançais et ressurgit aujourd'hui sur l'opération Barkhane», observe Caroline Roussy.
Mais ce ressentiment antifrançais n'est pas nouveau, insiste la chercheuse : «Il est ancré depuis des années chez les intellectuels (locaux, NDLR), qui considèrent que leurs pays sont dans des relations d’inégalités vis a vis de la France et qui ne supportent plus l’arrogance française, illustré par exemple par le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007 ou plus récemment par la convocation de Macron à Pau.»
Le sentiment antifrançais a d’autant plus augmenté ces derniers temps que les attaques des groupes djihadistes se sont multipliées, et que ce sont les armées nationales qui ont payé le plus lourd tribut. «Le fait d'observer qu'il n'y a pas de résultats tangibles sur le territoire et qu’au contraire la menace augmente, a permis de poser la question en trouvant en bouc émissaire commun, la France», analyse Caroline Roussy.
La Russie dans le viseur
Un sentiment antifrançais bien ancré donc, mais qui serait alimenté, ces derniers temps, par des puissances étrangères... ou plus précisément par la Russie, selon certains observateurs. «Nous soupçonnons les Russes d'encourager le sentiment antifrançais»dans la bande sahélo-saharienne, confiait récemment à l'AFP un haut gradé français. «On peut penser qu'il y a une manipulation de la part des Russes», abonde, auprès du Figaro, Caroline Roussy. «Une pétition circule, notamment au Mali, pour que les Russes s'engagent au Sahel, note la chercheuse à l'IRIS. Elle revendique huit millions de signatures, même si cela demande évidemment vérification.»
Lors de certaines manifestations antifrançaises, des slogans prorusses ont par ailleurs été scandés. La Russie, qui a relancé son influence sur le continent africain, s'est notamment rapprochée du Mali ces derniers mois et tente de jouer un rôle crucial dans la crise traversée par le pays. Un accord de défense a été signé entre les deux pays en juin 2019.
Moscou a également entrepris une coopération militaire avec d'autres pays du Sahel, soulignait en novembre le site Orient XXI. Le Niger a par exemple acheté, à l'automne dernier, douze hélicoptères de combat russes. La Russie s'est aussi rapprochée récemment du Tchad, par l'intermédiaire de divers projets économiques. En Centrafrique, enfin, des réseaux russes auraient financé plusieurs campagnes de presse antifrançaises, toujours selon Orient XXI.
Un sulfureux groupe paramilitaire russe
Bien que le président Macron n'ait pas précisé lundi à quelles «puissances étrangères» il se référait, le terme de «mercenaires» évoque les activités du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner. À l'automne 2019 une petite équipe de Wagner a séjourné à Bamako, a appris l'AFP auprès de deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l'Ouest. Ce groupe, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d'équipements militaires, entre autres activités. Ils ont été aperçus ailleurs en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Dans le nord du Mozambique, ils combattraient avec l'armée une rébellion djihadiste et des médias occidentaux ont fait état d'une présence à Madagascar et au Soudan.
Par Abib Diop,
DAKAR: PREFEREZ-VOUS LES EMBOUTEILLAGES, LA POLLUTION, L’INSALUBRITE OU L’INSECURITE ?
En réalité, les Dakarois n’ont pas le choix parmi les quatre maux précités!
A rappeler que l’agglomération de Dakar concentre plus de 25% des 15 millions d’habitants s’entassant sur une superficie d’à peine 0.3% du territoire! Autant dire que la capitale étouffe! Cette situation est aggravée par le nombre impressionnant de véhicules circulant dans la ville (70% du parc automobile national), avec une vétusté notoire provoquant une pollution anthropique chronique.
D’ailleurs faudrait-il le rappeler, Dakar est la 2ème ville la plus polluée au monde en termes de particules PM10 selon le rapport de l’OMS de Mai 2019. La conséquence sanitaire est catastrophique et nous ferait même perdre quelques précieuses années de notre faible espérance de vie! L’incinération des déchets ménagers et industriels à ciel ouvert est aussi un facteur aggravant!
Comme si cela ne suffisait pas, les déchets plastiques sont visibles partout dans la capitale avec une indifférence traduisant l’ignorance de l’impact sur l’environnement! D’ailleurs sur ce point, l’état d’esprit et le comportement du sénégalais, ajoutés à l’inefficience de la politique de l’Etat en termes de gestion des déchets, en sont les principales causes racines.
La forte densité de population accompagnée du nombre galopant de véhicules et d’infrastructures routières inadéquates, provoquent des embouteillages quotidiens! Ces derniers alimentent en effet la pollution évoquée plus haut, mais tuent également l’économie! Vous conviendrez avec moi que le temps de trajet normal (si circulation fluide) est plus que triplé, diminuant ainsi la productivité et la compétitivité!
Mais contrairement à ce qu’on pense, l’effet n’est pas seulement économique et environnemental, mais aussi touche l’aspect sécuritaire. En effet un nombre impressionnant d’agents de la police est mobilisé pour réguler la circulation; d’ailleurs c’est la première chose qui nous marque une fois à Dakar. Cela est forcément au détriment d’une mission cruciale de la police qu’est la prévention de la criminalité. Il est d’un accord unanime que les Dakarois ne sont plus en sécurité malgré l’effectif de la police qui a augmenté ces derniers temps. D’ailleurs cette insécurité quitte de plus en plus les quartiers populeux pour migrer vers les quartiers résidentiels, jadis paisibles et sûrs.
Le piéton Dakarois également risque de trépasser à tout moment à cause de l’indiscipline des automobilistes, avec cerise sur le gâteau, des insultes si l’on veut traverser la route via les passages dédiés! Le comportement de l’automobiliste n’explique pas tout car le piéton aussi, en voulant gagner quelques secondes de son temps, préfère prendre de hauts risques en laissant la passerelle pour p traverser l’autoroute!
Autant dire que c’est l’anarchie, dont nous tous sommes responsables! Ce constat alarmant, est accentué par l’urbanisation galopante de Dakar, avec une population augmentant de 3% par an. Hélas nos gouvernants n’exploitent pas ces données statistiques ô combien déterminantes pour bâtir une vision politique et anticiper des fléaux inhérents!
Autant dire que la capitale sénégalaise n’est ni attractive pour l’investisseur, ni pour une personne qui souhaiterait vivre dans un environnement sain et comptant bénéficier d’une espérance de vie élevée! Mais dans ce chaos, le Dakarois, tel un impuissant acteur semble s’y faire!
Dans le même registre, espérons que l’exploitation future de notre pétrole ne sonne pas comme une étincelle dans une poudrière en termes d’impact environnemental!
Abib Diop,
Ingénieur procédés et spécialiste en stratégie d’entreprise
Par l'éditorialiste de seneplus, Serigne Saliou Guèye
QU’EST-CE QUI DONC EXPLIQUE L’INDIFFÉRENCE MÉPRISANTE DE L’ETAT ?
L’attitude des autorités étatiques vis-à-vis de « Nio lank nio bagne » est inacceptable - Macky n’a pas beaucoup appris des événements qui ont été le catalyseur du mouvement populaire qui avait déboulonné Wade en 2012
Après presque un mois de contestation dont le point d’orgue avait été la première manifestation du collectif « Nio Lank Nio Bagn » du 13 décembre dernier, la colère monte chez ceux et celles qui se battent contre la hausse du prix de l’électricité. Vendredi dernier s’est encore tenue une manifestation pour exiger l’annulation des nouveaux tarifs de l’électricité. Une marche à laquelle ont pris part des milliers de personnes de tous âges et de toutes conditions. En dépit de l’absence très remarquée des partis de l’opposition et de certaines centrales syndicales, la mobilisation a encore été au rendez-vous.
L’énorme arsenal répressif déployé pour intimider les manifestants est un signe que le gouvernement cherche à briser par la matraque et les gaz lacrymogènes la détermination des manifestants, mais aussi à contenir toutes les têtes de pont qui pourraient peser dans le rapport de force contre le gouvernement. Cela n’a pas empêché, en cette énième journée de protestation, que la population descende massivement dans la rue non seulement à Dakar mais aussi dans d’autres villes de l’intérieur. D’ailleurs les slogans frappés sur les banderoles, les coquelicots, les pancartes, les T-Shirts, les bandeaux montrent toute la radicalité et la détermination des manifestants à ne point reculer dans leur combat contre la hausse du prix de l’électricité.
Stratégie de pourrissement ou de containtment
Quand des citoyens se rassemblent et s’organisent pour extérioriser leur mécontentement ou porter régulièrement leurs revendications dans la rue, il est du devoir des autorités en charge de répondre à leurs préoccupations de leur prêter une oreille attentive ou d’amorcer avec eux un dialogue pour trouver des solutions. Hélas, le pouvoir du président Macky Sall fait fi de ce devoir d’écoute et de dialogue.
En effet, l’attitude des autorités étatiques vis-à-vis des manifestants de « Nio lank nio bagne » est tout simplement inacceptable. Nonobstant les marches, les conférences de presse, la saisine de certaines autorités comme le médiateur de la République, les autorités gouvernementales semblent ne point entendre ces plaintes de la rue qui sourdent du mécontentement populaire. Elles adoptent une indifférence effarante, à la limite méprisante, à l’endroit de ces manifestants alors que nous sommes à l’heure du dialogue national. Au lieu d’aménager des plages de négociations avec ces manifestants contre la hausse du prix de l’électricité, elles préfèrent adopter des solutions de riposte agressives ou répressives. Au lieu d’enclencher des discussions avec ces milliers de citoyens qui manifestent pour le mieux-vivre des ménages, les autorités préfèrent faire la politique de l’autruche, employer des méthodes peu scrupuleuses pour déstabiliser « Nio lank Nio bagn » ou casser la dynamique populaire dudit collectif avec des programmes de diversion comme le « Cleaning day ». Si l’autorité préfectorale n’interdit pas de temps à autre les marches de « Nio lank nio bagn » au point même de réprimer durement les récalcitrants, ce sont des jeunes de l’APR qui organisent des contre-manifestations pour saborder leurs rassemblements.
C’est dans cette optique que le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, et Moussa Sow, coordonnateur de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER), ont promis de faire face aux manifestants de « Nio lank » qu’ils qualifient d’ « imposteurs » et de « marchands d’illusions ». Pour ces responsables apéristes, ce combat contre l’électricité cache un autre qui est de vouloir affaiblir les institutions républicaines avec en tête le président de la République. Pire Aymérou Gningue, président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar, envisage une proposition de loi interdisant la marche durant le vendredi et le dimanche. Et pourquoi pas les autres jours de la semaine ! Ce, afin de garantir le libre exercice de culte des Sénégalais. Une telle initiative relèverait d’une imbécilité (faiblesse d’esprit) notoire de la part d’un godillot qui ignore qu’en République laïque, l’Etat connait les religions mais ne les reconnait pas.
Le Sénégal n’est pas une République confessionnelle mais, comme le stipule l’article 1 de la Constitution, « une République laïque, démocratique et sociale ». Par conséquent, le principe de séparation entre religion et Etat en République est absolu. Les religions n’ont rien à imposer ni en morale, ni en matière de mœurs à l’Etat. Et l’Etat non plus n’a pas à manipuler ou à instrumentaliser la religion à des fins politiciennes. Il est absurde de vouloir proposer une loi constitutionnellement liberticide sur la base de l’exercice d’un culte. Et parlant de vendredi, certainement Aymérou fait allusion à la prière de la mi-journée alors que les marches ne se tiennent que lorsque les fidèles reviennent des mosquées.
Et si le Président du groupe parlementaire de Bennoo a inclus dans sa proposition le dimanche, c’est pour ne pas être accusé certainement de discrimination vis-à-vis de la communauté catholique car il sait pertinemment que jamais les marches ne se tiennent dans ce pays les dimanches. Et puis, pour les animistes ou les païens que nous sommes au « Témoin », peut-il nous dire, le brave Aymérou, quel est le jour de la semaine où nous exerçons notre culte ? Ça pourrait bien être le samedi, ou le jeudi, ou le lundi… Dans tous les cas, dans sa proposition de loi, il devrait tenir compte de nous aussi…
Puisque la Constitution ne fait pas de distinction entre les différentes croyances, Aymérou aurait dû ajouter dans son propos le samedi, jour du sabbat des juifs, parce que si minime soit-elle, il y a une communauté juive dans notre pays en plus, on l’a dit, des animistes et des athées. Si, dans la stratégie du pourrissement ou du « containment » adoptée par l’Etat pour contrer « Nio lank », la direction de la Senelec n’actionne pas de soi-disant associations consuméristes dirigées par des personnes sans scrupule ou de faux imams pour expliquer à travers les médias le bien-fondé de la hausse, c’est le ministre du Pétrole et des Energies qui monte au créneau pour tempérer les ardeurs et promettre une réduction du prix de l’électricité aux environs de 2023. Et ce, pour un problème qui requiert une solution dare-dare.
Leçons non sues
Aujourd’hui, après un mois de contestation, seul le médiateur Alioune Badara Cissé, du côté étatique, a reçu les figures de proue de « Nio lank, Nio bagn » pour leur faciliter une audience auprès du président Macky Sall. Mais on a le sentiment que le président Macky Sall n’a pas beaucoup appris des événements qui ont été le catalyseur de ce vaste mouvement populaire qui avait déboulonné Wade en 2012. Quand il fallait écouter le peuple qui revendiquait contre les délestages et la dévolution monarchique et le 3e mandat, Wade, sourd et aveugle, avait préféré user de la violence pour répondre.
Ses zélotes avaient préféré soutenir la possibilité d’un troisième mandat à défaut de faire passer à l’Assemblée nationale la dévolution monarchique. Ses courtisans qui manquaient de lucidité lui ont toujours fait croire que c’était possible de faire un troisième mandat. Et au lieu de décrypter la colère du peuple qui investissait systématiquement les rues de Dakar, des ministres comme Ousmane Ngom ont cru lui rendre service en rédigeant un triste arrêté anticonstitutionnel restreignant la liberté de manifestation sur une portion du territoire national. Il s’en était suivi systématiquement une bataille farouche dans la rue entre le pouvoir et le peuple. Au bout du compte, plus d’une dizaine de morts dont les plus emblématiques sont l’étudiant Mamadou Diop et le jeune policier Fodé Ndiaye. Aujourd’hui, les mêmes nuages que ceux-là qui ont libéré la pluie d’un mécontentement déstabilisateur sous le règne de Wade commencent à s’amonceler sous celui de Macky Sall. Et ce dernier, enfermé dans sa tour d’ivoire et entouré lui aussi de courtisans, refuse de voir et d’entendre la trombe de colère qui risque de balayer à terme son régime. Au départ, c’est l’électricité qui était le ferment des revendications populaires avant que ne viennent s’y greffer la dévolution monarchique et le troisième mandat. Ce cocktail explosif sonna l’hallali du régime wadien. Aujourd’hui, c’est encore l’électricité qui fédère toutes les couches sociales et tous les âges autour de la plateforme « Nio lank Nio bagn ». Au même moment bruissent les rumeurs d’un troisième mandat ou d’une possibilité de dévolution du pouvoir au beauf Mansour Faye. Si le chef de l’Etat s’entête à ne pas prendre langue avec les manifestants de « Nio lank », il est fort probable que son dernier mandat ne pourra pas connaitre la stabilité nécessaire pour mettre en action la deuxième phase de son plan de développement à savoir le « PAP II » du PSE.
LE FMI SANCTIONNE LA TRICHERIE DE L’ETAT
Il fait passer le statut du Sénégal de pays à risque de surendettement faible à risque modéré
En décidant ce vendredi de changer les paramètres de gestion de la dette, ce qui a eu pour effet de faire passer le Sénégal d’un statut de pays à risque de surendettement faible à modéré, le Fonds monétaire international (FMI) sanctionne la tricherie de l’Etat. Pendant longtemps, en limitant son endettement au seul niveau central, le Gouvernement a pendant longtemps berné les experts du FMI et de la Banque mondiale…
Jusqu’à une période récente, les experts du ministère de l’Economie et des Finances ont toujours réussi à tromper leurs homologues du FMI et de la Banque mondiale à propos de la dette. En quoi faisant ? Eh bien, en calculant cet endettement du Sénégal uniquement à travers la structure centrale ! Autrement dit, il ne faisait entrer en ligne de compte dans cet endettement que ce que lui-même, en tant qu’Etat, empruntait. Et passait sous silence le poids des structures autonomes comme les sociétés nationales et parapubliques (Senelec, la Poste…) et surtout les nombreuses agences. Ces structures empruntaient de l’argent auprès des institutions financières mais toujours avec la garantie de l’Etat. Une tricherie qui faisait que, malgré les cris de l’opposition relativement au « mackillage » des chiffres de la dette, le Gouvernement parvenait à se faire attribuer de bonnes notes par les institutions de Bretton Woods.
Pendant longtemps, ce « mackillage » a été opéré non seulement pour tromper l’opinion qui n’y connaît que dalle mais aussi — et là, chapeau les artistes de la voltige financière et comptable — le Fmi et la BM. La tricherie a été éventée justement par le FMI. Ce qui s’est traduit par le fait que vendredi, le Conseil d’administration du FMI a décidé de sanctionner le Sénégal pris en flagrant délit de manipulation de chiffres. En dégradant la note de notre pays. Ou, plutôt, en changeant son statut. C’est ainsi que le Sénégal est passé du statut de pays à risque de surendettement faible à celui de pays à risque d’endettement modéré du fait. La raison en est l’élargissement du périmètre du stock de la dette qui ne prend plus seulement en compte la sphère centrale de l’Etat, mais aussi tous ses démembrements.
Pour bien comprendre, avant la découverte de la triche, le risque de la dette du Sénégal n’était calculé uniquement que sur la dette centrale. Désormais, il pèse autant sur l’Etat central que sur les entreprises parapubliques. Le risque créé par la nouvelle situation marquée par le changement de statut, c’est de voir l’Etat atteindre rapidement le plafond communautaire de l’Uemoa. « L’Etat a un sérieux problème de liquidités. Nous nous situons à un taux d’endettement de 64,5% du PIB alors que la limite communautaire se situe à 70 %. Or, pendant longtemps, les pouvoirs publics ont trompé leurs partenaires de la Banque mondiale et du FMI dans les chiffres d’endettement parce qu’ils ne communiquaient que sur l’endettement de l’Etat central en laissant de côté celui de ses démembrements comme les agences et les directions générales des sociétés nationales. Le taux de 64,5 % vient de la Banque mondiale. Il prend en compte autant l’endettement du pouvoir central que celui de ses démembrements. Donc, on n’est pas loin de la barre fatidique des 70 %. L’Etat a presque atteint le plafond des 70 % » souligne le chercheur économiste Cheikh Ahmadou Bamba Diagne de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Pour autant, notre interlocuteur refuse de parler de « tricherie » du Sénégal. Le mot sonne un peu lourd pour lui. « Les gens oublient que le Fmi ne perd pas du temps pour contrôler le Sénégal. Le Fmi met souvent en place une stratégie de collecte d’informations orientée vers des agents de la démographie et de la statistique notamment un organe comme l’Agence Nationale de la Statistique et de Démographie qui font le job pour l’institution de Bretton Woods. Cela dit, à l’aune de la dégradation de la note du Sénégal, l’on peut se demander si l’ANSD fait le travail sérieusement ? » estime le chercheur. Qui cite l’exemple une agence publique comme l’Ageroute qui dépense des centaines de milliards de francs pour construire des ponts et des routes. Si elle s’endette pour réaliser ces chantiers, c’est de l’argent qu’elle prend de l’Etat. « L’endettement de l’Ageroute, c’est l’Etat. C’est le cas du PUMA, du PUDC et des nombreuses agences budgétivores. L’Etat sait très bien ce qu’il faisait. Seulement voilà, les bailleurs de fonds n’avaient jamais une idée globale du niveau d’endettement de l’Etat. Ce qui pouvait impacter sur la confiance de nos partenaires à nous prêter de l’argent. Tant que ces emprunts n’étaient pas comptabilisés dans l’endettement public, le Sénégal présentait des niveaux faibles de stock de dettes.
Le changement de statut d’endettement faible à modéré induit le risque de voir notre pays crever rapidement le plafond rapidement puisqu’on est à 64,5 % du PIB par rapport aux critères de convergence de l’Uemoa arrêtés à 70 % du PIB. On va crever le plafond sous peu. A partir de 70 %, on ne peut plus emprunter. Le Sénégal risque alors de tomber dans les fonds bras des Vautours. Ce sont des fonds spéculatifs qui vont acheter à bas prix le crédit du Sénégal pour le revendre à un taux d’intérêt plus élevé. L’Etat est très conscient de la situation. Il est entrain de serrer la ceinture et de rétablir la vérité des prix, éliminer les subventions tout en augmentant les prix de certaines denrées alimentaires et des hydrocarbures. Cette situation explique aussi pourquoi même si les organisations syndicales vont en grève, l’Etat ne peut pas satisfaire leurs revendications du fait qu’il n’a qu’une seule préoccupation, c’est de payer sa dette » analyse le chercheur économiste Cheikh Ahmadou Bamba Diagne de l’université de Dakar.
Le directeur des Finances et du Budget Moustapha Ba rassure
La dégradation de la note du Sénégal n’ébranle pas le directeur des Finances et du Budget, Moustapha Ba. Ce dernier a évoqué le sujet avec des journalistes triés sur le volet ce dimanche. Selon Moustapha Ba, le stock de la dette publique nationale totale est arrêté à 7 339 milliards de francs CFA au 31 décembre 2019 et est projeté à 8 076,6 milliards de francs en 2020 alors qu’il est plafonné à 9 114 milliards de francs CFA, la dette contingente incluse. Un plafond que, selon le directeur des Finances et du Budget, le Sénégal ne pourra pas crever. Il a aussi donné des assurances qu’il n’y aucune inquiétude à se faire puisque tous les projets du Plan d’actions prioritaires (Pap) 2 (2019-2023) du Pse, sont déjà dans le « cadrage »,.
Mieux, soutient-il, l’Etat a une marge de manœuvre confortable et il lui faudra justifier de nouvelles ressources pour engager de nouveaux projets. « Les pays à risque de surendettement modéré (tous les pays de l’Uemoa et de la Cedeao, Kenya, etc.) ont des indicateurs en dessous des seuils, voire en léger dépassement ponctuel de ces seuils (en raison des emprunts nécessaires à contracter pour réaliser les investissements requis pour le développement économique et social du pays). De plus, des tests de résistance (simulation du Fmi) indiquent qu’en cas de chocs exogènes ou de changement brusque de politique macroéconomique, les seuils pourraient être dépassés. Dans le cas du Sénégal, ce qu’on pourrait craindre c’est une baisse drastique des exportations, une baisse des recettes fiscales ou un repli prononcé de la croissance», explique-t-il.
Selon Moustapha Ba, si on évalue le cadre macro-économique actuel et futur sur la période du Pap 2, il s’avère que les projections tablent sur une croissance moyenne de 9 % (2019-2023) dont 7 % en 2020, croissance sur la base de laquelle le budget 2020 a été bâti. De plus, jure le directeur des Finances et du Budget, les recettes fiscales sont prévues largement en hausse sur toute la période considérée. Cette hypothèse est confortée, selon lui et d’une part, par les résultats de 2019 où les objectifs de recettes d’un montant de 2 561,6 milliards de francs CFA ont été atteints avec une progression de 555,98 milliards de francs CFA par rapport à 2018 (2 005,620 milliards de francs CFA) et, d’autre part, par la Stratégie de recettes à moyen terme qui permet d’élargir l’assiette. « Les exportations de biens et de services connaissent un trend haussier, ce qui s’est traduit par une baisse continue du déficit du compte courant passant de 8,6 % du Pib en 2012 à 7 % du Pib en 2019 et les perspectives sont très favorables avec des exportations qui seront multipliées par 2,5 à l’horizon 2023 » conclut-il.
MOUSTAPHA DIAKHATE ET CISSE LO ECHAPPENT DE JUSTESSE A LA SUSPENSION
Le Président Macky Sall a appelé l’ensemble des responsables et militants de l’APR à renforcer l’unité, la discipline et la mobilisation pour la réalisation de leurs objectifs politiques et la mise en œuvre réussie des politiques publiques en vue du bien-
La commission de discipline de l’Alliance pour la république (Apr.) va être réactivée bientôt. Si Moustapha Cissé lo et Moustapha Diakhaté, de par leur posture, ont été particulièrement visés par certains responsables «apéristes», le chef de l’Etat a voulu pour cette fois-ci passer l’éponge sur ce qu’il considère comme des précédents dangereux pour le parti présidentiel.
Comme annoncé par «L’As», le Secrétariat Exécutif National de l'Alliance pour la République (SEN) s’est réuni, hier, sous la présidence du Président de l’Alliance Pour la République (APR), Macky Sall hier. La rencontre n’a duré que quelques deux heures, mais quatorze personnes ont pris la parole. A l’occasion, il a été longuement débattu de la vie de l’Apr notamment sur les actes de rébellion et d’indiscipline notés dans la formation marron-beige.
Le Président Macky Sall a appelé l’ensemble des responsables et militants de l’APR à renforcer l’unité, la discipline et la mobilisation pour la réalisation de leurs objectifs politiques et la mise en œuvre réussie des politiques publiques en vue du bien-être des populations sénégalaises. Il s’est félicité de la redynamisation des structures de l’Apr (Cojer, Meer, mouvement des femmes, Gir) qui ont organisé des manifestations dans toutes l’étendue du pays.
Dans les débats, le ministre d'Etat, directeur de cabinet politique du président de la République, Mahmouth Saleh, a proposé qu’on suspende Moustapha Diakhaté et Moustapha Cissé Lo qui se sont signalés dernièrement pour des faits de rébellion et autres actes d’indiscipline. A en croire nos sources, Monsieur Saleh a demandé, pour ce faire, la réactivation de la commission de discipline du parti. Mais le patron de l’APR a préféré qu’on passe l’éponge pour cette fois ci.
Selon nos sources, le chef de l’Etat a estimé que c’était trop tard pour sanctionner les deux hommes et qu’il faudrait tourner la page. Cela dit, il a déploré le fait que le parti n’ait pas réagi plus tôt quand les deux responsables ont défié l’autorité.
D’ailleurs, Macky Sall considère que Moustapha Diakhaté « s’est déjà auto-exclu du parti» et que Moustapha Cissé Lo avait pour seule motivation de le rencontrer. «Vous savez, je ne cède pas face à de telles attitudes», rapporte notre source qui cite le président de la République.
Toutefois, celui-ci s’est montré favorable à la réactivation immédiate de la commission de discipline pour connaître tous les cas de désobéissance, de défiance et sanctionner éventuellement ceux qui ne respecteraient pas l’orientation du parti.
Par ailleurs, en ce qui concerne la vie du Parti, le Président Sall a invité les Délégations des Sénégalais de l’Extérieur à reprendre les dynamiques d’animation, de mobilisation et de victoire en réfléchissant notamment autour du bilan des dernières échéances électorales. Il a salué la relance des activités des structures de l’APR avant d’exhorter leur redynamisation dans la diaspora.
Après avoir réitéré ses vœux de bonne et heureuse année aux membres du SEN et à l’ensemble des militants et responsables du Parti, le chef de l’Etat est revenu sur son initiative du Dialogue national. A ce sujet, il a réaffirmé son attachement et celui de l’Alliance Pour la République mais également de Benno Bokk Yaakaar à cette démarche de concertation, destinée à construire des consensus forts pour la modernisation de notre démocratie et l’édification économique et sociale de notre pays.
Dans cette perspective, Macky Sall a exhorté les représentants de la majorité à rester sur le principe de l’ouverture et du souci du consensus. A noter que le Secrétariat exécutif national enregistre de nouvelles entrées. Alioune Ndao Fall, secrétaire national chargé de la diaspora, a été coopté au SEN tout comme Abdoulaye Diagne du Meer, Moussa Sow de la Cojer et le maire de Ndioum Cheikh Oumar Anne.
L’AMICALE DES INSPECTEURS ET OFFICIERS PREND LA DEFENSE DE ABDOURAHMANE DIEYE
La jeunesse de l’inspecteur principal Abdourahmane Dièye nommé directeur général des Douanes a fait débat chez les gabelous.
La nomination du nouveau directeur général des douanes continue de susciter des débats chez les gabelous. on continue de disserter en interne sur la jeunesse du nouveau directeur général Abdourahmane Dièye. Mais l’amicale des inspecteurs et officiers des douanes (Aiod) Authentique prend sa défense en indiquant que le chef de l’Etat a la prérogative de nommer n’importe quel inspecteur principal. D’ailleurs, l’amicale se félicite que le nouveau directeur soit issu de l’administration.
La jeunesse de l’inspecteur principal Abdourahmane Dièye nommé directeur général des Douanes a fait débat chez les gabelous. Si d’aucuns pensent que son ancienneté ne peut pas le propulser à ce poste, l’amicale des Inspecteurs et Officiers des Douanes (AIOD) Authentique prend la défense du nouveau patron des Douanes. Dans un communiqué parvenu à «L’As», l’amicale indique que «le débat suscité autour de son ancienneté relativement jeune, loin d’être éludé, devra s’inscrire dans le cadre global des réflexions autour de la réforme du statut des douanes telle que prônée par l’amicale et pourrait, éventuellement, se poursuivre dans le cadre des Etats généraux de la Douane».
A ce propos, l’amicale rappelle que le Directeur général des douanes doit, obligatoirement être choisi parmi les Inspecteurs des Douanes et par conséquent la nomination de l’Inspecteur principal des Douanes Abdourahmane Dièye respecte bien les textes en vigueur. «La nomination du Directeur général des Douanes relève de la compétence du président de la République qui, en vertu de la balance entre pouvoir discrétionnaire et compétence liée, a la possibilité de le choisir, exclusivement, parmi les inspecteurs des Douanes qui se sont distingués notamment par leurs compétence, expérience et intégrité», souligne la même source.
Par ailleurs, l’amicale des inspecteurs et officiers des Douanes (AIOD) Authentique se félicite du débat interne suscité par la nomination de Abdourahmane Dièye à la tête de l’Administration des Douanes puisqu’elle a toujours placé, au cœur de ses revendications, le droit pour tout agent des douanes de s’exprimer librement conformément à la liberté syndicale. «En 2014, à la suite de la nomination, pour la énième fois, d’un Inspecteur général d’Etat à la tête de la Douane, l’amicale avait marqué son étonnement, milité en faveur de la promotion interne avant d’appeler à la mise en place d’un Haut Conseil de l’Administration des Douanes chargé d’encadrer et de propulser la carrière des agents des douanes», lit-on dans le communiqué.
C’est la raison pour laquelle l’amicale considère la nomination de l’inspecteur Abdourahmane Dièye, en lieu et place d’un inspecteur général d’Etat, d’un Administrateur civil, voire d’un militaire, comme une satisfaction d’une de ses revendications et constitue un acquis social important qu’il faudra impérativement consolider. En tout état de cause, l’amicale espère qu’avec la nomination de l’Inspecteur Abdourahmane Dièye, la page des nominations d’agents d’autres corps de l’Etat à la tête de la Direction générale des douanes est définitivement tournée.