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1 octobre 2025
A DAKAR, L'ORDRE DE FERMER LES MOSQUÉES CAUSE DES CRISPATIONS
Deux responsables religieux ont été interpellés à Colobane pour avoir tenu une prière collective, avant d'être relâchés. Deux sources à la présidence ont décliné tout commentaire sur la présence de Dionne à la prière à Touba
L'ordre de fermer les mosquées de Dakar pour contenir le coronavirus a provoqué des crispations vendredi, jour de la prière hebdomadaire, confirmant le caractère ultra-sensible d'une décision des autorités civiles faisant primer l'intérêt sanitaire. Deux responsables religieux ont été interpellés dans le quartier de Colobane pour avoir tenu une prière collective, avant d'être relâchés, a-t-on appris de source policière qui a ajouté qu'"il y eu des récalcitrants dans plusieurs zones". Des fidèles ont aussi prié en groupe à Yoff, autre quartier populaire, a dit un responsable de la gendarmerie.
Les policiers ont interpellé trois journalistes, dont un vidéaste de l'AFP venu tourner auprès de la mosquée des mourides, présentée comme l'une des plus grandes d'Afrique de l'Ouest. La mosquée est bien restée fermée, mais un officier a affirmé qu'il était interdit de filmer, sans que cet interdit semble avoir été communiqué préalablement à la presse. L'interpellation a provoqué un attroupement de quelques dizaines de personnes que les policiers ont dispersées à l'aide de gaz lacrymogènes, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Les autorités ont décidé jeudi soir que les mosquées de Dakar et de sa région resteraient fermées jusqu'à nouvel ordre pour faire barrage au coronavirus. La situation d'interdit ou non était beaucoup plus confuse en dehors de la capitale. Alors que la puissante confrérie des mourides s'est conformée à l'ordre de fermeture de sa mosquée à Dakar, ses fidèles ont prié collectivement et en nombre à Touba, capitale du mouridisme, ont indiqué à l'AFP un témoin, un responsable mouride et la presse locale.
L'homme de confiance du président Macky Sall, Mahammed Boun Abdallah Dionne, était lui-même présent, ainsi que le chef de la confrérie, le khalife général Serigne Mountakha Mbacké, selon les mêmes sources. Deux sources à la présidence ont décliné tout commentaire sur la présence de M. Dionne.
Des prières collectives ont également été organisées à Kaolack (centre), selon un habitant. Le président sénégalais a pourtant interdit les rassemblements depuis le 14 mars. Mais le maintien ou non de la prière collective du vendredi, avec les risques sanitaires qu'elle représente, a divisé l'opinion ces derniers jours, y compris les responsables musulmans.
Près de 95% de la population sénégalaise est musulmane. Le khalife général des mourides lui-même a attendu le dernier moment pour passer la consigne de fermeture de la mosquée de Dakar. Une consigne contraire aurait constitué un coup de tonnerre et un acte de défi. Elle aurait probablement été très largement suivie par les fidèles qui écoutent le khalife avant toute autre personnalité.
par Alassane Tounkara
L'ISLAM EST RESPONSABILITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Dès que le guide, qu'il soit président, khalife ou imam, entre dans l’habit de sa fonction sociale, sa liberté est supplantée par la responsabilité de conduire ceux qu’il guide dans la sécurité
" Tout ce qui augmente la liberté, augmente la responsabilité. La liberté est pesante, et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience. " (Victor Hugo, Actes et paroles, 1876)
" Papa, l'interdiction d'aller à la mosquée n'est-elle pas une atteinte à la liberté du citoyen ? Ne m'as-tu pas appris que, dans la plénitude de son expression, la citoyenneté est liberté ? Pourquoi n'es-tu pas en accord avec l'imam et le prêcheur qui recommandent d'aller à la prière du vendredi aujourd'hui ? ", m'a demandé mon fils.
" Oui, petit papa, dans la plénitude de son expression, la citoyenneté est liberté.
Mais n’oublie jamais ceci : dans la plénitude de sa citoyenneté, la liberté est responsabilité.
Ne l'oublie surtout pas : Allah nous a seulement confié notre corps et notre esprit, qu'il nous reprend au moment qu’il veut. Nous devons donc en prendre le plus grand soin.
- Et toi, auras-tu l'esprit tranquille à la mosquée si le fidèle derrière toi éternue ou tousse ? - Non
- Es-tu sûr que, de la mosquée, tu ne rapporteras pas le coronavirus à la maison ? - Non
- Penses-tu qu’en incitant les fidèles à aller à la mosquée dans les circonstances actuelles, l’imam et le prêcheur ne font pas courir des risques de contamination aux fidèles en bonne santé ? - Si "
La liberté du guide, qu'il soit président de la république, khalife, imam, prêcheur, prédicateur, éducateur, parent, leader ou simple homme de base, est une liberté bridée : dès qu’il entre dans l’habit de sa fonction sociale, sa liberté est supplantée par la responsabilité de conduire ceux qu’il guide dans la sécurité et la paix.
Ta liberté d’aller et venir parmi les gens est aujourd’hui risque pour les santés individuelles, péril pour la santé publique.
Notre corps et notre esprit nous ont été confiés par Dieu et nous en sommes responsables. Nous devons les traiter avec respect et les maintenir toujours en bonne santé. C’est la condition sine qua non de notre bonne dévotion à Allah.
*L’islam est responsabilité.*
Restons à la maison et prions. Si nous sommes sincères en lui disant «Iyyaaka naaboudou wa iyyaaka nasta’înou (C'est Toi [Seul] que nous adorons, et c'est Toi [Seul] dont nous implorons secours), il nous entendra. D’où que nous le prions, Allah nous entend toujours, mon fils.
Alassane Tounkara est Commandeur de l'Ordre national du Lion, Inspecteur principal du Travail et de la Sécurité sociale
LES AEROPORTS LES AGENTS DE L’AIBD INQUIETS
ils craignent un chômage technique sans test sanitaire ni mesure d’accompagnement.
A compter de ce jour vendredi 20 mars et jusqu’au 17 avril, tous les aéroports du Sénégal de notre pays seront fermés. Une décision prise par le gouvernement à travers le ministère du Tourisme et des Transports aériens qui, avec cette mesure drastique, entend rompre la chaine de transmission de la pandémie du coronavirus. Avec un premier cas enregistré le 02 mars dernier, notre pays compte aujourd’hui 38 cas positifs dont 35 sous traitement et 5 guérisons. Seulement voilà : les agents de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass, qui disent n’avoir subi aucun test sanitaire pour voir si aucun d’entre eux n’aurait été contaminé par un voyageur testé positif, craignent un chômage technique sans aucune mesure d’accompagnement.
Après la fermeture partielle de son ciel aux vols en provenance ou à destinations de certains pays d’europe et d’Afrique du Nord mercredi dernier, le gouvernement a décidé de se radicaliser. C’est ainsi que, dès vendredi à minuit, le « ciel sénégalais » sera totalement couvert. Ce, jusqu’au 17 avril prochain. Le ministre du Tourisme et des Transports aériens a en effet décidé de « fermer totalement » nos frontières aériennes pendant une durée de 27 jours. Durant tout ce temps, seuls les vols domestiques entre l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass et Ziguinchor, les vols cargos, les évacuations sanitaires et les vols spéciaux autorisés feront la navette entre l’aéroport et les destinations de choix.
Dans le communiqué du service du ministre Alioune sarr, il est expliqué que « la suspension des mouvements aériens concerne l’exploitation de tous les vols en provenance et à destination des aéroports du Sénégal à l’exception des vols domestiques qui se font entre l’aéroport de Diass et la région de Ziguinchor, des vols cargos, des évacuations sanitaires et des vols spéciaux autorisés ». Cette mesure de suspendre tous les vols entre dans le cadre de la riposte à la pandémie du coronavirus qui sévit dans tous les pays du monde dont le nôtre qui a enregistré hier deux autres cas positifs. Ce qui porte le nombre de personnes affectées par le virus à couronne à 38 cas positifs dont 35 patients sous traitements et 5 guérisons. Face à cette situation, le ministre Alioune sarr considère qu’ « on n’a nul autre choix que d’opter pour des mesures drastiques qui pourront définitivement freiner cette pandémie dans le pays tout en préservant la santé et le bien-être des populations ».
Cette mesure, selon le ministre, fait suite, d’une part, à une appréciation des experts sur le risque pour nos aéroports de devenir un espace de contamination qui, à terme, pourrait faire de notre pays l’épicentre de la pandémie du coronavirus, et d’autre part suite aux propos du Directeur général de l’organisation mondiale de la santé (oms) lors de la conférence de presse virtuelle qu’il a animée hier et au cours de laquelle il invitait les Africains à « se réveiller pour se préparer au pire, et dès aujourd’hui ». « Maintenant qu’est-ce qu’ils ont prévu pour les agents de l’aéroport qu’ils ont envoyés comme ça en chômage technique ? », se demande un employé. selon lui, cette décision de fermer les aéroports de notre pays devrait être accompagnée d’une mesure secondaire de suivi économique d’accompagnement. Notre source considère que si la situation perdure, « la plupart des compagnies seront en faillite ». et pour le cas spécifique des travailleurs de l’aéroport de Diass, il craint un chômage technique. il explique que « les compagnies ne vont pas mettre leur vie en danger pour une décision qu’elles n’ont pas prise elles-mêmes.
Pour ceux de 2AS par exemple, si tu ne travailles pas, on ne te paye pas ». Pour lui, si les autorités ont décidé de suspendre presque tous les vols et fermer les frontières aériennes, c’est parce qu’elles se sont finalement rendues compte que l’aéroport est le maillon faille de la chaine de transmission du coronavirus. en outre, il fustige le fait que l’etat ait accusé du retard dans l’aménagement du hangar aux pèlerins de l’aéroport Léopold sédar senghor pour la mise en quarantaine des voyageurs venant des pays touchés. encore que « c’est irréfléchi », dit-il, dès lors qu’il y a toujours des risques de contamination. « On devait plutôt aménager le hangar aux pèlerins de l’Aibd avant même la multiplication des cas. Cela allait contribuer à maitriser la chaine de contamination. Malheureusement, nous, agents de l’Aéroport, sommes les plus exposés. On va nous demander de rester à la maison sans aucun test sanitaire. Or, ils savent pertinemment qu’il se peut qu’un parmi nous a déjà le virus dans le corps », s’est indigné notre interlocuteur, selon qui la fermeture de l’AiBD est une belle occasion de faire le test sur tous ses agents pour éviter la surprise dans leurs familles respectives.
CORONAVIRUS : SOYONS VIGILANTS, PROTEGEONS-NOUS MAIS NE PANIQUONS PAS !
Je tiens d’abord à être sans équivoque : Je souscris à toutes les mesures qui ont été prises jusque-là par notre pays — mais aussi ailleurs dans le monde — pour contenir la propagation de la pandémie du Covid-19 autrement appelé coronavirus.
Je tiens d’abord à être sans équivoque : Je souscris à toutes les mesures qui ont été prises jusque-là par notre pays — mais aussi ailleurs dans le monde — pour contenir la propagation de la pandémie du Covid-19 autrement appelé coronavirus. J’estime que toutes les forces et tous les moyens doivent se conjuguer pour venir à bout de ce virus terrible qui a déjà fait des milliers de morts sur la planète. rien ne saurait donc être de trop pour le vaincre. A ce grand mal, à ce terrible mal même je dirais, le président de la république a eu raison d’apporter les grands remèdes qu’il a édictés. Cette clarification faite, qu’il me soit quand même permis de me poser des questions par rapport à cette épidémie qui fait tant de ravages actuellement et affole le monde entier. Pour s’en prémunir, l’europe — déjà forteresse en temps normal — s’est encore plus barricadée, interrompant toutes ses liaisons aériennes avec le reste du monde. La toute-puissante Amérique l’avait fait avant elle — du moins, en ce qui concerne les vols en provenance du Vieux continent.
Dans la foulée — par rétorsion ou par mimétisme ? — plusieurs pays du continent africain (dont le sénégal) ont fermé leur espace aérien, à tout le moins interdit d’atterrissage les aéronefs en provenance des etats européens, mais aussi maghrébins, les plus touchés par la pandémie. on vient même d’apprendre que des pays voisins viennent de décréter indésirables les avions venant de notre pays ! et quand on sait que la France, l’italie et l’espagne, notamment, sont pratiquement en état de siège, du moins en état d’urgence avec confinement quasi total de leurs populations, on se dit que l’heure est grave assurément. De fait, cette pandémie apparue en Chine en décembre dernier où elle a fait 3122 décès sur 81.000 contaminations, s’est étendue en un effet boule de neige en europe mais aussi dans un pays voisin comme l’iran où le nombre de morts est particulièrement élevé (17361 personnes atteintes, plus de mille morts). Au total, jusqu’à ce jeudi, la pandémie avait fait 210.000 cas testés positifs parmi lesquels 9000 personnes sont mortes. Des chiffres effrayants qui font que, effectivement, le monde a raison d’avoir peur et de paniquer. et les pays de se recroqueviller comme des huitres dans leur coquille.
Les gens ont d’autant plus de raison d’avoir peur qu’il n’existe à l’heure actuelle aucun remède connu contre ce virus, les médecins se contentant de faire des traitements symptomatiques. Mais les effets les plus dramatiques et spectaculaires sont ailleurs puisque le monde a pratiquement cessé de fonctionner : les plus grandes compétitions sportives de la planète ont été soit suspendues, soit annulées si elles n’ont pas été reportées à des temps plus cléments. il en est de même des spectacles culturels, des congrès, des festivals, des salons… Les avions étant cloués au sol, l’industrie touristique est moribonde et les plus grandes places boursières piquent du nez. Du fait de l’interdiction des rassemblements, les usines ne tournent pratiquement plus. Bref, le monde entier est à l’arrêt ou presque. est-ce dû au fait que le pays-continent où le virus est apparu, la Chine, est devenu l’usine du monde, la plus puissante économie de la planète ? en tout cas, il a suffi qu’elle éternue pour que le monde entier s’enrhume. Les chaînes d’approvisionnement sont coupées, faisant craindre partout des lendemains de pénuries ainsi qu’une nouvelle crise économique mondiale. De l’ampleur de celle financière de 2008 ou plus grave ? Voire comme celle de 1929 ? Nul ne saurait le dire…
Le monde pris au piège de sa propre panique !
en fait, ce qui étonne surtout, c’est la panique générale qui s’est installée. Une panique créée par le monde globalisé dans lequel nous vivons et au piège de laquelle ce village planétaire s’est retrouvé enserré, incapable de s’en défaire. Comme quelqu’un pris dans un marécage ou des sables mouvants et que chacun de ses gestes contribue à enfoncer davantage. A notre sens, cette panique ne s’explique pas, semble irrationnelle. et voilà qu’aujourd’hui, après avoir hurlé au loup coronavirus, tout le monde court se cacher pour éviter d’être mangé par ce grand méchant loup jaune (comme Chinois) ou rouge (comme communiste) venu de l’inquiétante Chine. Car enfin, des pandémies plus graves, le monde en a connues ces deux dernières décennies sans qu’un tel vent de peur panique ait soufflé à travers les cinq continents, seuls les Britanniques ayant gardé leur flegme légendaire. en quelques jours, voire semaines tout au plus, la vague de canicule qui s’était abattue sur l’europe en 2003 avait fait…70.000 morts dont 19400 (25.000 selon les urgentistes) en France et 20.089 décès en italie. en comparaison, la présente pandémie de coronavirus n’a encore fait « que » (on m’en excusera, une seule mort étant de trop) 9000 morts à travers le monde. Certes, ce n’est pas encore fini mais enfin, ce n’est pas non plus comparable à l’hécatombe de 2003 qui avait fait presque neuf fois plus de victimes ! il est vrai que celle-là n’était pas contagieuse et que la vague de chaleur avait frappé d’un coup avant de passer son chemin Une pandémie moins redoutable que le paludisme et Ebola.
De même, le coronavirus n’a pas encore égalé l’épidémie à virus ebola en termes de morts. Cette dernière, d’ailleurs, de l’avis de tous les spécialistes, était beaucoup plus mortelle qu’ebola qui a fait plus de 11.000 morts en quelques mois durant l’année 2013 et 20.000 morts en tout jusqu’en 2016. Contrairement au coronavirus, ebola était une épidémie purement « africaine » dans la mesure où presque toutes ses victimes ont été enregistrées sur notre continent. Quant au Covid-19, c’est à peine si le nombre de cas atteint 100 ou 200 en Afrique dont une dizaine de morts. et pourtant, le continent lui a déclaré une guerre ubuesque mobilisant des moyens insoupçonnés et totalement disproportionnés par rapport à la menace. Des moyens qui n’ont pas été déployés contre le paludisme par exemple qui continue de tuer chaque année des milliers d’Africains, beaucoup plus en tout cas que n’en tuera jamais le coronavirus. Prenons l’exemple de notre pays : on en est à une quarantaine de cas mais c’est comme si c’était la fin du monde pour nos compatriotes et nos autorités ! il ne faut certes pas sous-estimer la menace et mieux vaut prévenir que guérir mais encore une fois — du moins, telle est ma conviction — le coronavirus ne menace pas fondamentalement le continent africain. Comme socrate, je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien à propos de cette terrible pandémie mais j’ai le sentiment qu’on joue trop à se faire peur. J’espère seulement ne pas me tromper !
Le paludisme et même le choléra sont beaucoup plus redoutables pour nous, et pourtant on n’était jamais allé jusqu’à fermer mosquées et églises et même nos marchés où pourtant les pauvres populations s’approvisionnent au jour le jour car n’ayant pas les moyens de prendre des rations mensuelles. et l’on arrête tout cela de même qu’on ferme nos restaurants, nos hôtels, nos bars, nos écoles, nos universités, on interdit nos cérémonies familiales à cause d’une maladie qui n’a pas encore fait un seul mort ? Je me demande ce qu’il en sera quand elle aura fait le dixième seulement des victimes annuelles du paludisme ou des maladies diarrhéiques dans notre pays. Car pendant qu’on sonne l’alerte « Gaïndé » contre le Covid-19, nos routes tuent plus encore que lui ! A preuve, rien que dans la semaine où le chef religieux Abdourahmane Fall Tilala est mort accidentellement, elles ont tué 12 personnes. Pour dire qu’on gagnerait à se concentrer sur nos « coronavirus » à nous, l’Afrique, pour une fois, n’étant pas un exportateur de pandémie mais bien le réceptacle malgré lui d’un mal venu de Chine et qui s’apparente terriblement à notre bon vieux paludisme. Vous en doutiez ? Lisez donc ceci qu’écrivait le journal français « Le Figaro » il y a trois jours : « Le laboratoire français sanofi s'est dit prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l'antipaludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300.000 malades, après des essais jugés «prometteurs» auprès de patients atteints du Covid-19. » Antipaludiques ? Mais oui, mais oui, pour traiter notre palu et donc, disent-ils, le coronavirus ! La conclusion qu’il faut tirer de tout ceci ? soyons vigilants, respectons les consignes de l’oMs mais, surtout, concentrons nos efforts sur nos propres maladies et menons nos propres guerres. Cela nous rappelle l’époque, dans les années 2000, où l’occident déversait des centaines de milliards dans nos pays pour combattre le sida alors que le taux de prévalence de cette maladie, en tout cas dans notre pays, tournait seulement autour de 0,3 % !
A l’époque, nous avions eu beau jeu de dire que c’était là du foutage de gueule et que s’ils se souciaient de notre santé, ils devaient plutôt nous aider à vaincre le palu. Mais comme disaient certains qui avaient compris le manège, « le sida enrichit plus qu’il ne tue en Afrique ! » Devrait-on en dire de même du coronavirus ?
Par Mamadou Oumar NDIAYE
UNE OPPORTUNITE POUR L’AFRIQUE ?
S’il y a d’ores et déjà des aspects « positifs » qu’on peut mettre au crédit du coronavirus, c’est au moins d’avoir confiné nos dirigeants, grands voyageurs devant l’eternel, chez eux !
S’il y a d’ores et déjà des aspects « positifs » qu’on peut mettre au crédit du coronavirus, c’est au moins d’avoir confiné nos dirigeants, grands voyageurs devant l’eternel, chez eux !
A minima, ils vont devoir — et ont déjà commencé à le faire — immobiliser leurs avions de commandement qui prenaient les airs à la moindre occasion. Tous ces sommets et autres conférences internationales à l’utilité douteuse mais qu’adoraient nos chefs d’etat se donnant l’illusion d’avoir une quelconque influence sur la marche des affaires du monde, sont annulés sans que, franchement, nos peuples en aient ressenti une quelconque conséquence fâcheuse. ou en aient pleuré ! Bien au contraire…
Pour une fois, tous ces gens resteront dans leurs pays et s’occuperont enfin de la résolution des problèmes de leurs mandants, c’est-à-dire les citoyens qu’ils sont censés servir. L’autre conséquence, c’est que le Covid-19 aura eu aussi le mérite de réconcilier nos compatriotes avec l’hygiène, ce qui n’est pas peu, croyez-nous ! enfin, en provoquant une baisse des prix du pétrole du fait de la chute de la demande mondiale, portée notamment par la Chine, la pandémie permet à des pays grands importateurs d’hydrocarbures comme le sénégal d’économiser de très précieuses devises.
Le pétrole coûtant moins cher à l’import, normalement les prix de l’essence à la pompe et aussi du fuel pour les centrales de la senelec devraient baisser. in fine, cela devrait se répercuter dans les factures d’électricité. Assistera-t-on à l’annulation des mesures de hausse entrées en vigueur au début de cette année ? il n’est pas interdit de rêver…
Cela dit, à quelque chose malheur est bon et nos autorités devraient étudier les moyens de tirer parti de la pandémie actuelle du coronavirus. Après tout, c’est l’avant-dernière pandémie mondiale, celle de la grippe aviaire, qui a permis à notre pays de développer un secteur avicole extrêmement dynamique et performant après l’interdiction d’importation de poulets et d’œufs décrétée alors par les autorités ! Aujourd’hui, grâce à des locomotives comme la sedima du tycoon Babacar Ngom, l’aviculture est devenue une des mamelles de l’économie nationale. Ce même si elle est menacée par les pressions intenables exercées par l’Union européenne et les Usa qui ont presque réussi à contraindre le gouvernement à lever cette interdiction. sans compter que les géants marocains de la volaille ont déjà un pied dans notre pays !
Autrement dit, on a introduit le loup chérifien dans le poulailler sénégalais. Le Maroc qui, dès le premier cas de coronavirus, a décidé de ne plus desservir la destination sénégal où trois vols de la rAM atterrissaient pourtant chaque jour ! Un drôle d’ami assurément… que notre ami le roi ! Justement — et c’est encore un autre avantage de la présente crise sanitaire —, le Maroc ne pourra plus déverser ses fruits et ses légumes qui ont fini de tuer notre filière horticole, en particulier dans les Niayes. Nous sommes sûrs que nos maraichers vont esquisser des pas de danse ces jours-ci. Du fait de la pénurie de tous les produits importés de Chine — c’està-dire presque tout ce que nous consommons — et de la razzia effectuée par nos compatriotes sur les rayons des grandes surfaces, une grave pénurie est à prévoir dans les prochains mois. Cela doit être l’occasion de développer la production nationale en particulier dans le domaine de l’agriculture.
Le riz de la Vallée, le mil et le maïs devraient valoir de l’or, en tout cas vont pouvoir s’écouler. encore une fois, il faut sauter sur l’occasion pour développer la production nationale et le made in sénégal à défaut du made in West Africa, nos idiots de dirigeants ayant fermé la plupart des frontières en Afrique de l’ouest alors que c’était justement le moment de les ouvrir.
La crise sanitaire actuelle devrait aussi constituer du pain bénit pour nos industriels…à condition qu’ils n’importent pas leurs intrants de la Chine ou des pays de l’Ue. D’une manière générale, ces derniers ayant pris conscience de l’erreur stratégique d’avoir mis tous leurs œufs dans le panier chinois, et l’empire du Milieu lui-même ayant vu le soutien sans faille que lui a apporté l’Afrique durant cette pandémie du coronavirus, devraient avoir des raisons soit de délocaliser leur production industrielle en Afrique (les 27), soit de lui exprimer une reconnaissance infinie en termes d’investissements accrus (Chine).
Comme quoi, notre continent ne devrait pas sortir totalement perdant de cette crise…qui devrait au contraire représenter une opportunité pour l’Afrique dont l’heure pourrait enfin avoir sonné à condition que ses dirigeants aient l’intelligence de le comprendre !
"IL Y A COMME UN FOLIE COLLECTIVE QUI S'INSTALLE AU SÉNÉGAL"
L’historienne Penda Mbow analyse pour Sputnik France les dérives d’une société en pleine mutation. Entre religiosité et conservatisme, le vivre-ensemble à la sénégalaise serait-il compromis ?
Sputnik France |
Christine H. Gueye |
Publication 20/03/2020
Alors que les crimes et les violences contre les femmes ne cessent d’augmenter, le Sénégal a réagi en adoptant une loi criminalisant le viol et la pédophilie. L’historienne Penda Mbow analyse pour Sputnik France les dérives d’une société en pleine mutation. Entre religiosité et conservatisme, le vivre-ensemble à la sénégalaise serait-il compromis ?
«Le Sénégal est un pays qui a beaucoup de ressort. Par exemple, la tentative (lors de l’élection présidentielle de 2000, ndlr) d’instrumentaliser les confréries religieuses a conduit à le tenue d’Assises nationales (1er juin 2008-24 mai 2009). L’héritage commun de la démocratie, personne ne prendra le risque de le remettre en question. À condition que l’on aille vers un approfondissement de cette démocratie car il ne faudrait pas qu’elle devienne fossoyeuse de la République», s’est insurgée l’historienne Penda Mbow au micro de Sputnik France.
Invitée Afrique de Sputnik France à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme, le 8 mars, Penda Mbow, cette «activiste du droit féminin en Islam» comme elle aime à se définir, a défrayé la chronique dans son pays. En septembre dernier, elle s’était prononcée publiquement contre le port du voile islamique et donc en faveur de l’interdiction faite par l’école Jeanne d’Arc de Dakar du port du hijad par ses élèves. Sauf que l’institution a fini par reculer et réintégrer les jeunes filles qui avaient été expulsées parce qu’elles refusaient d’enlever leur voile.
Une décision qui a outré l’ancienne ministre de la Culture, par ailleurs grande militante du dialogue interreligieux au Sénégal, en plus de son engagement de toute une vie en faveur des libertés civiques. Ce qui lui a valu de recevoir à Rome, le 22 mai 2011, le prestigieux prix pour la paix Jean Paul II décerné par le Vatican. Avant de devenir, à partir de 2012, la représentante personnelle du Président Macky Sall auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), institution auprès de laquelle elle fait valoir les valeurs de tolérance et vivre-ensemble à la sénégalaise, aussi appelées «Téranga».
«Qu’on le veuille ou non, le fait de voiler la femme est le symbole de la soumission et ce n’est pas ce que l’islam –si on le lit bien– nous demande. Pourquoi de surcroît l’imposer à des fillettes? Il faut leur laisser le choix, plus tard, de décider. Dans nos écoles, en tout cas, il faut veiller à ce qu’il n’y ait de distinction ni entre les riches et les pauvres, ni entre les religions. Car l’école est l’institution par excellence pour former les citoyens et gommer les inégalités. Or, porter le voile est un signe distinctif qui n’est conforme ni à l’islam, ni à notre culture sénégalaise», a martelé Penda Mbow au micro de Sputnik France.
La question identitaire
Elle regrette également que, prises en étau entre des valeurs contradictoires, les femmes africaines musulmanes soient les premières à faire les frais d’un «choc des civilisations». Ce concept, élaboré par le politologue Samuel Huntington, professeur de sciences politiques à Harvard, dans un livre éponyme publié en 1996 résume le mieux, selon elle, ce que le continent dans son ensemble est en train de vivre, tiraillé qu’il est «entre Occident et islam, ancienne métropole et monde colonisé», argue-t-elle.
«Moi, en tant qu’Africaine, la question que je me pose est d’abord identitaire: est-ce que je veux rester ce que je suis ou bien me métamorphoser et accepter d’autres valeurs qui viennent d’ailleurs, que ce soit d’Occident ou du monde arabe, même si nous sommes et restons des musulmanes?», se demande l’historienne des religions.
Or, dans des sociétés africaines en pleine mutation, qui craquent de tous les côtés sous le poids démographique et celui de l’urbanisation poussée, sa réponse est sans détour quant à la question de la préservation de son identité, que ce soit sur les plans religieux, sociétal ou politique.
«L’institution Jeanne d’Arc est peuplée de chiites libanais qui ont d’autres projets de société pour leurs enfants que nous, les femmes sénégalaises. On peut vivre avec mais on ne peut pas faire nôtre la manière de vivre de ces chiites libanais, des wahhabites saoudiens ou bien des Occidentaux en ce qui concerne, par exemple, les droits des homosexuels (au mariage), sauf à perdre notre propre identité culturelle», insiste-t-elle.
Récemment, le débat sur l’homophobie –réelle ou supposée– du Sénégal a soulevé beaucoup d’émotion. Le Président Macky Sall a, à nouveau, dû s’exprimer sur ce sujet à l’occasion de la visite à Dakar du Premier ministre canadien Justin Trudeau, en février dernier. Lors d’une conférence de presse, la question lui a été posée de savoir en quoi des lois interdisant l’homosexualité au Sénégal ne relevaient pas de l’homophobie. Il a répondu que l’islam n’autorisait pas cette préférence sexuelle et encore moins les mariages gays.
Pour Penda Mbow, le repli du Sénégal sur cette question s’explique par les bouleversements dans la société qui provoquent une «religiosité» et un «conservatisme accru», y compris de la part des jeunes générations. À telle enseigne que ce qui était accepté hier ne l’est plus aujourd’hui comme pour les «hommes/femmes» (goor djiguène, en wolof) qui ont, pourtant, toujours été acceptés et jouent même un rôle clé lors de certaines cérémonies familiales.
«Compte tenu de la montée de l’islam chez nous et de sa non-acceptation de l’homosexualité, plus l’Occident exercera de pression, plus ils (les homosexuels) seront rejetés. Au-delà de la question de l’homophobie, c’est davantage l’opposition entre deux idéologies et deux mondes qui se fait jour», explique-t-elle.
Dégradation des mœurs
Quant à la nouvelle loi, dont le Président Macky Sall a signé le décret d’application le 10 janvier dernier, pour criminaliser le viol et la pédophilie au Sénégal, elle se réjouit de cette nouvelle protection offerte aux femmes pour les aider à sortir des violences sexuelles. Mais elle doute qu’une loi, seule, parvienne à faire évoluer les mentalités face à ce qui pourrait apparaître comme une dérive jamais égalée des mœurs au Sénégal «mais n’est, peut-être, que de la violence psychologique d’hommes et de femmes qui se sentent de plus en plus déracinés», se risque-t-elle.
«Dans ce qui apparaît aujourd’hui comme une recrudescence des viols et des crimes sexuels en tout genre, il y a beaucoup d’éléments que nous ne maîtrisons pas. Par exemple, un cas qui a défrayé la chronique, c’est celui d’une jeune fille ayant commis un infanticide. Or, il apparaît que c’est son féticheur qui le lui aurait demandé. Il lui a dit: ‘si tu n’assassines pas ta petite fille, les djinns vont te poursuivre.’ Il y a effectivement comme une folie collective qui s’installe dans ce pays», déplore Penda Mbow.
Le vote de la loi est intervenu après plusieurs crimes sexuels particulièrement odieux contre des jeunes femmes qui ont suscité beaucoup d’indignation. Or, selon les chiffres compilés par l’Association des juristes sénégalaises, l’association la plus active au Sénégal pour la défense des droits des femmes au sein de la famille, les violences domestiques y compris au sein du couple sont en constante augmentation. Qu’est-ce que cette loi va changer ?
«Les femmes oseront, sans doute, davantage porter plainte. Mais aujourd’hui, il y a quelque chose qui ne va plus. Notre société est vraiment malade. C’est pourquoi il va falloir aller vers d’autres formes d’éducation et de sensibilisation pour contenir toute cette violence psychologique», s’indigne Penda Mbow.
PAR Sahite Gaye
NOS FRAGILITÉS ORDINAIRES À LUMIÈRE DU CORONAVIRUS
Depuis le début de la pandémie au Sénégal, l’information sur le sujet est parasitée. Partant des émetteurs officiels, le message est souvent dénudé de pédagogie. Arrivé chez le récepteur, son acceptation reste bloquée
Du jour au lendemain, nos fragilités, confinées dans nos multiples interprétations des «valeurs sénégalaises», ont refait surface. Notre mode de vie, jusqu’ici sans cesse rafistolé et couvert par le voile du jeu social, est en train de subir les affres du virus. Certes le Sénégal, n’est pas un îlot dans cet archipel du Covid-19, mais il n’en demeure pas moins que ce dernier fournit des outils pour son diagnostic.
Une précision est fondamentale, elle nous permet de comprendre notre positionnement : le coronavirus est une «polycrise» et notre but n’est pas de l’analyser mais d’en tirer des observations.
Dès lors, une mise au point s’impose : cette nouvelle forme de crise tel un cyclone pourrait changer de trajectoire et tromper toutes les prévisions. Voilà pourquoi cette lecture ne s’inscrit pas dans la prospective, elle se limite à «l’ordinarité».
Fragilité de la parole officielle
Il est d’usage en communication, d’évoquer l’origine du mot crise pour faire ressortir ses enjeux. L’étymologie la plus lointaine donne «krisis» qui signifie jugement, décision. Depuis l’affaire dite des «13 étudiants sénégalais de Wuhan», la parole officielle a flotté, rendant floue la stratégie du gouvernement. Cette même situation s’est répétée lorsqu’il s’est agi d’interdire les manifestations publiques, afin d’éviter la transmission communautaire du virus.
Le caractère imprévisible du risque a mis à nu les hésitations et la fragilité de la parole officielle. Même si la concertation doit être de mise, le retard décisionnel d’un Chef de l’Etat traduit souvent une force plombée par des puissances aux intérêts très différents. Aucune lecture complotiste, à ce niveau.
Certaines décisions ne se sous-traitent pas. Lorsque l’impuissance de l’autorité publique se révèle, elle accroît le danger et angoisse la population. L’équilibre, dans ce cas, n’est ni une impuissance ni un autoritarisme couvé par une démocratie électoraliste. Il se matérialise, par l’exemplarité et l’équité dans les actes, les jours ordinaires. A défaut, les consignes et les décisions seront fragilisées. Soupçon et discrédit jetés sur les institutions. Aucune mesure cosmétique de communication ne peut remplacer le vide laissé par l’action.
Une vulnérabilité socialisée
Face au coronavirus, le Sénégalais, pour généraliser de manière voulue, n’est pas fragile, il est vulnérable. Le premier qualificatif désigne globalement un état d’instabilité, psychologique ou physique. Quand au second, il permet d’évoquer le fait d’être exposé à ce qui ne dépend pas de soi, qui est hors de son contrôle et de sa maîtrise.
La globalisation des risques sanitaires fait que l’Afrique reçoit des marchandises virales qui échappent à son contrôle. Le coronavirus est arrivé au Sénégal par l’aéroport. Les virus voyagent plus facilement que les hommes. Toutefois, les facteurs sociologiques, culturels, cognitifs demeurent des terrains fertiles pour la contamination. La vulnérabilité socialisée participe à la fragilisation de l’effectivité des mesures prises par les autorités publiques.
Cette situation freine les efforts déployés par les équipes en charge de la lutte contre la pandémie. Elle pose aussi la question de la représentation du risque, du danger, de la maladie. Dès lors, faire de la sensibilisation et communiquer pour le changement de comportement reviennent à interroger nos imaginaires.
Le coronavirus aussi bien dans sa transmission que dans sa manière d’être perçue par la population se veut culturel, avant d’être médical. De cette observation découle la nécessité de proposer de nouvelles formes de pédagogie axées sur les grands enjeux de notre temps et de prendre en considération le substrat culturel de la population. Depuis des années, on apprend encore à se laver les mains…
D’ailleurs, les marchands d’illusion de tout acabit passent par la culture à forte dose de religiosité pour réussir leur forfait. Ils exploitent l’ignorance dans toutes ses formes. La vulnérabilité dépouille l’individu de sa dignité, malgré souvent les apparences. Même la fragilité se voile de pudeur encore quelque part…
Un système d’information groggy
Le coronavirus est avant tout une crise d’information. Son apparition bouleverse le traitement médiatique habituel, mais aussi notre vocabulaire. Un nouveau lexique apparaît. Toutefois, le coronavirus a surtout infecté la communication gouvernementale déjà groggy par des tâtonnements en déphasage avec les exigences de la pratique professionnelle.
Même en période normale, la communication publique se sert de deux leviers : l’information et l’action. Or, depuis le début de la pandémie au Sénégal, l’information sur le sujet est parasitée. Partant des émetteurs officiels, le message est souvent dénudé de pédagogie. Arrivé chez le récepteur, son acceptation reste bloquée par une «infodémie» – un néologisme encore- favorisée par la fragilité du contexte.
Le faux, le semblable et l’invraisemblable cohabitent avec le vrai et deviennent des symptômes de la communication. Informer et s’informer deviennent problématiques. Sur WhatsApp, les théories du complot, les rumeurs et les messages des vendeurs de rêve, de «super-contaminateurs» entrent en conflit avec l’information dite officielle.
La fragilité du système d’information se révèle aussi par l’harmonie lexicale des “Unes” de la presse. Un certain recul installe un doute méticuleux sur le travail des médias en période de polycrise… Un autre chantier.
Une crise révèle souvent nos fragilités. Le Covid-19 devient le miroir de notre pays. Toutefois, l’expérience chinoise pourrait, à défaut de nous servir de leçon, nous inspirer.
Dans la culture chinoise, le terme « wei ji » que l’on utilise pour traduire le vocable «crise» sous-entend aussi bien le risque que l’opportunité. Il signifie aussi la mise en garde. Le risque (wei) désigne le danger qui guette lorsque l’ordre qui semble s’établir, quand des vérités, surtout dans un pays de prophètes comme le Sénégal, s’imposent. Le champ de l’opportunité (ji ) ouvre la possibilité de comprendre , d’apprendre de sa fragilité et de s’adapter.
Un regard doit se tourner vers Wuhan pour comprendre la force du “Wei-Ji” dont l’équivalence est à chercher dans nos langues locales afin de mieux panser nos fragilités…
Sahite Gaye est docteur en communication, enseignant chercheur.
LES PATRONS DE PRESSE DEMANDENT LE SOUTIEN DE L’ETAT
Dans un élan civique et patriotique, tous les supports des médias (presse écrite, radio, télé, presse en ligne) seront des armes dans la guerre contre le coronavirus», jurent les éditeurs de presse.
La guerre contre le Coronavirus sera aussi menée par les médias. Fragilisées par une crise économique structurelle, les entreprises de presse ont exprimé au ministre de la Culture et de la Communication la nécessité de prendre certaines mesures d’ordre économique, matériel et fiscal pour aider la presse à mieux remplir sa mission de service public.
«Révision substantielle du montant de la subvention de la presse 2020 et sa distribution diligente, création d’un fonds spécial de dotation financière durant toute la période de lutte contre le COVID-19 pour accompagner les entreprises de presse face aux charges de fonctionnement (loyers, électricité, impression, salaires, téléphonie et internet) ; ajournement des taxes, impôts et cotisations sociales des entreprises de presse pour amortir leur déficit de trésorerie, accentué par la pandémie coronavirus» sont entre autres les mesures que demandent les entreprises de presse pour mieux assurer leur mission de service public de l’information, dans ce contexte de pandémie de coronavirus. et dans cette guerre contre le Covid-19, soulignent Mamadou Ibra Kane et ses camarades, il faut au préalable le soutien de l’Etat. «Même si tous les secteurs économiques et sociaux sont touchés par la crise du Coronavirus, les entreprises de presse doivent, elles, avoir les moyens de remplir leur mission de service public pour prémunir la Nation», indique le Cdeps dans un communiqué.
Les éditeurs de presse demandent également à l’Etat de doter les journalistes et les techniciens de médias de matériels de protection sanitaire et de les accompagner dans la mobilité.
En attendant, le Cdeps estime que tous les acteurs des médias restent plus que jamais engagés auprès des autorités publiques, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. «Face à cette urgence sanitaire nationale et mondiale, la presse sénégalaise, comme dans le passé récent avec le virus Ebola, va de manière responsable collecter, traiter et diffuser l’information. Dans un élan civique et patriotique, tous les supports des médias (presse écrite, radio, télé, presse en ligne) seront des armes dans la guerre contre le coronavirus», jurent les éditeurs de presse.
par Arianna Poletti
LETTRE OUVERTE D'ITALIE : "AFRICAINS, NE REPRODUISEZ PAS NOS ERREURS !"
Et si après la Chine et l’Europe, c’était le tour de l’Afrique ? Pour arrêter le coronavirus, il faut agir maintenant et vite. Avant que les fragiles systèmes sanitaires africains soient mis à genoux. En Italie, on l’a compris trop tard
Jeune Afrique |
Arianna Poletti |
Publication 20/03/2020
Il y a à peine trois semaines, je n’aurais jamais pensé me retrouver confinée, sans pouvoir sortir de chez moi. Internet? Mon forfait est limité. Pas de films. Que des bouquins et une vieille télé carrée qui ne capte qu’une chaîne : Rai 1. Quand je parle de Rai 1 aux Tunisiens, tout le monde sourit. Nos pays sont si proches qu’on capte souvent Rai 1 en Tunisie, et plusieurs personnes ont appris quelques mots d’italien en regardant les téléfilms de la chaîne.
Il y a trois semaines, j’étais à Tunis. Le coronavirus : rien de plus loin dans mes pensées. J’en parlais pendant mes cours d’arabe, lorsque mon prof me demandait de citer un fait d’actualité. « C’est vrai qu’en Italie ils ont trouvé une personne positive au virus et ils ne comprennent pas où il l’a attrapé? » « Oui, c’est vrai ». Ma famille se disait inquiète : « As-tu vu ce qu’il se passe? Ici, on est à 20 cas. C’est beaucoup ». Je rétorquais qu’il ne faut surtout pas paniquer, ni exagérer. Que la vie doit continuer comme d’habitude. Que vingt personnes sur 60 millions d’habitants, c’est rien du tout.
« Les contaminés ne sont plus les autres, mais nos proches »
Quelques semaines après, je me retrouve à nouveau en Italie. Mon départ de Tunis n’était pas prévu, mais en ce moment si confus, si imprévisible, j’ai voulu rentrer chez moi. Et rester chez moi. Pour beaucoup, cette histoire du virus est encore lointaine, et j’espère qu’elle va le rester. Pas pour moi, pas pour nous. Le coronavirus est violemment rentré dans notre quotidien, il l’a bouleversé, nous montrant tous vulnérables et mal préparés. Les contaminés ne sont plus les autres, mais nos proches. Si en Italie la crise sanitaire est devenue presque incontrôlable, on peut encore l’éviter ailleurs. Mais il faut agir vite.
La plus grosse erreur que l’Europe a fait est de se croire intouchable. Elle a attendu. Trop. Elle a été vite rappelée à la réalité : l’immunité collective prônée par Boris Johnson ne marche pas, car environ 10% des personnes infectées par le coronavirus ont besoin d’une place à l’hôpital, y compris des jeunes. Nous le savons bien en Italie, où les lits commencent à manquer. À un certain moment les médecins ne pourront plus soigner tout le monde. Dans certaines régions c’est déjà le cas. Ils sont obligés de choisir. Comment l’éviter ?
La Tunisie, comme d’autres pays africains, a adopté des mesures préventives. Pour l’instant, avec 55 cas, la situation semble rester sous contrôle. Cela n’empêche pas de rester sur ses gardes, de redoubler de vigilance. Respecter la quarantaine quand on revient d’une zone à risque pour ne pas mettre en danger les autres est fondamental. Malheureusement, cela n’a pas toujours été le cas, et parfois à cause des Italiens eux-mêmes, qui ont sous-estimé le danger. La séance unique, le couvre-feu, se laver les mains même excessivement : ces mesures s’imposent, tout comme l’arrêt des vols et des navires venant des pays européens, pour prévenir l’engorgement des hôpitaux. Seront-elles suffisantes ?
Une seule règle, le confinement
On aimerait que l’hôpital public puisse soigner tout le monde en même temps. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Cela mériterait une réflexion sur les politiques publiques des dernières années. Comme l’a écrit un de mes amis tunisiens, « les choix en faveur de la médecine privée au service de ceux et celles qui peuvent en payer le prix, vont nous coûter cher ». La question n’est même plus de savoir si « c’est juste une grippe » ou pas. Il s’agit avant tout d’une crise du système sanitaire. Alors, il faut se protéger les uns les autres. Je n’aurais jamais imaginé voir ce virus se rapprocher si vite. Je me suis tournée et il était là, juste à côté, du jour au lendemain. Imprévisible. Et pourtant j’avais pris toutes les précautions nécessaires. On l’oublie souvent, mais on dépend des autres.
En Italie, on a vite compris que les règles imposées par le gouvernement ne peuvent pas marcher sans un effort volontaire et individuel, qui devient ainsi collectif. Pour respecter un décret qui limite la liberté de mouvement, il faut aussi avoir confiance dans les institutions qui l’imposent. Ce n’est pas toujours le cas. Et alors, sans attendre des restrictions venant d’en haut, pour battre le coronavirus, il existe une seule et unique approche : éviter au maximum les contacts sociaux. C’est la seule méthode possible quand on se bat face à un virus invisible. Avec une maladie qui peut être aussi bien asymptomatique que mortelle. Nous l’avons compris trop tard, et maintenant pour faire ralentir la courbe des malades il faut du temps. Du temps, c’est des morts en plus, des familles en souffrance.
Le virus se répand très — trop — rapidement, et personne ne peut prétendre de le contrôler. En moyenne un malade contamine environ 3 personnes. L’Italie est passée de 20 à 30 000 contaminés en trois semaines. Il faut s’arrêter avant. Ne faites pas la même erreur : réagissez tout de suite. La maladie n’est plus en Chine, elle se trouve aujourd’hui au coeur de la Méditerranée. Personne — rive nord ou rive sud — n’est à l’abri. Alors, shad darek (شد دارك). Restez chez vous.
Arianna Poletti est journaliste indépendante pour la presse francophone et italienne, basée à Tunis.
DIOUF SARR ANNONCE 9 NOUVEAUX CAS POSITIFS
Le ministère de la Santé et de l'Action sociale a publié, ce vendredi, les résultats virologiques de l'Institut Pasteur de Dakar. Sur 56 test réalisés, 9 sont revenus positifs. Il s'agit de 4 autres importés et 5 cas contacts. Selon Abdoulaye Diouf Sarr,
Le ministère de la Santé et de l'Action sociale a publié, ce vendredi, les résultats virologiques de l'Institut Pasteur de Dakar. Sur 56 test réalisés, 9 sont revenus positifs. Il s'agit de 4 autres importés et 5 cas contacts. Selon Abdoulaye Diouf Sarr, il y a 42 cas sous traitements.
Par ailleurs, dès la semaine prochaine, l'Institut de recherche en santé, de surveillance Épidémiologique et de formations (Iressef) va rejoindre le dispositif de tests du coronavirus. Car, seul l'Institut Pasteur de Dakar était chargé de procéder à ces analyses. L'Iressef s'est engagé aux côtés de l'État dans la lutte contre le coronavirus. Ce qui nous permettra d'avoir un rayon d'intervention plus large, selon le ministre de Santé et de l'Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.