A travers deux réformes fiscales glissées dans la loi de finances initiale 2020, l’Etat est sur le point de taper durement sur les entreprises assujetties à la Contribution globale unique
Alors qu’on n’a pas fini de parler de la hausse des prix de l’électricité, certains spécialistes mettent déjà en garde contre une hausse beaucoup plus générale dans les semaines à venir. En effet, dans la loi de finances initiale pour l’année 2020, il a été glissé deux réformes de la Contribution globale unique (CGU) qui pourraient avoir des effets destructeurs sur le pouvoir d’achat des Sénégalais, déjà très approuvés par la cherté de la vie. Il s’agit, d’une part, de changer le mode de calcul de la CGU. D’autre part, de mettre en place un prélèvement de conformité fiscale de 12 % sur les biens importés.
Si la première mesure ne pose pas de problèmes particuliers, la seconde suscite moult commentaires auprès des experts. ‘’Cela pourrait générer une inflation, puisque les concernés risquent de répercuter cette hausse, que je trouve assez élevée, sur le prix des biens. Cette mesure, qui s’applique à toutes les entreprises éligibles à la CGU, risque ainsi de causer une augmentation de tous les produits qui sont importés au Sénégal. Ça risque de soulever des controverses prochainement’’, a soufflé un inspecteur des impôts et domaines, à l’occasion d’un atelier organisé par le Centre d’études et de recherches sur l’ingénierie juridique et financière (Cerif).
Regroupant 6 catégories d’impôts, la CGU a surtout été mise en place pour une meilleure prise en charge des acteurs du secteur informel. Instituée en 2004, elle est calculée suivant le chiffre d’affaires des entreprises assujetties. ‘’Malheureusement, indique l’inspecteur, depuis sa mise en place, elle n’a pas donné les résultats escomptés. C’est pourquoi l’Etat a entamé sa réforme’’.
L’autre changement, en ce qui concerne toujours la CGU, porte sur le mode de calcul qui devrait passer d’un barème progressif par tranche à un barème proportionnel, pour déterminer le montant que doivent payer ces contribuables. ‘’EnQuête’’ a tenté de joindre certains commerçants pour avoir leur point de vue sur la question. Mais ces derniers semblent ignorer tout de cette nouvelle réforme de la fiscalité, dont la mise en œuvre semble pourtant imminente.
‘’C’est vous qui me l’apprenez’’, rétorque le directeur exécutif de l’Unacois Yessal, Alla Dieng, à propos du nouveau prélèvement de 12 % sur les produits importés. A l’en croire, l’Etat devrait d’abord penser à évaluer les impacts de la CGU instaurée depuis les années 2000 et dont les négociations avaient démarré sous le règne socialiste. ‘’J’en avais parlé à l’ancien ministre du Budget Birima Mangara, qui avait salué la proposition, mais il ne l’a jamais fait, à ma connaissance. Il faut évaluer pour savoir s’il faut continuer, reculer ou arrêter. Moi, j’ai participé, récemment, à des ateliers sur l’élargissement de l’assiette fiscale, mais on n’a pas abordé ces aspects’’, a-t-il précisé.
En attendant cette évaluation qu’il appelle de tous ses vœux, M. Dieng signale que, du côté des membres de sa structure assujettie au paiement de la CGU, le sentiment le plus partagé est la satisfaction. Toutefois, s’empressent de préciser d’autres témoins, beaucoup d’acteurs de l’économie informelle échappent encore à cette taxe qui leur était, principalement, destinée. ‘’Le hic, c’est que tout le monde ne paie pas la CGU. Nombre d’entreprises qui devaient s’acquitter de cette taxe parviennent à passer entre les mailles du filet. Je peux vous assurer que l’assiette pouvait être plus importante. Le Sénégal pourrait doubler, voire tripler ses recettes fiscales, si tous les assujettis payaient leur impôt. Les responsabilités sont partagées. Certains ne paient pas tout simplement parce qu’on ne leur demande pas’’, reconnait un commerçant.
Ces lobbies qui tiennent le fisc
Ce qui est sûr, c’est que l’Etat a plus que jamais besoin de recettes supplémentaires pour pouvoir faire face à un service de la dette de plus en plus élevé. Malgré les sorties des différents services du ministère des Finances pour relativiser l’endettement du Sénégal, certains indices démontrent le contraire.
En effet, il ressort de l’analyse des chiffres du budget national que les 200 milliards de francs CFA environ que gagne l’Etat chaque année ne permettent même pas de payer les intérêts de la dette évalués à 364 milliards de francs. Pendant ce temps, selon les variations, 34 à 17 % des recettes fiscales sont destinés aux investissements sur ressources internes, 30 % au paiement de la masse salariale... Ce qui signifie que l’Etat est encore contraint à s’endetter pour financer le développement. Ce, même si le ministre en charge de l’Economie, Amadou Hott, dit fonder beaucoup d’espoir sur les partenariats publics-privés pour renverser la tendance.
Mais l’espoir est permis, à condition que des efforts soient déployés pour améliorer le taux de pression fiscale, qui tourne autour de 15 %, c’est-à-dire largement en deçà du taux de 20 % prévu par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Dans les pays développés, ce taux tourne même, en moyenne, autour des 35 %. Ce qui signifie que le Sénégal a encore un gap assez important à résorber, s’il tient à trouver davantage de ressources propres pour le financement de ses politiques.
Paradoxalement, pendant que l’Etat manque, de façon criarde, de recettes, d’énormes pertes sont enregistrées au titre des exonérations et des cadeaux illégalement octroyés par l’Etat à certains secteurs. Il en est ainsi de la suppression de la taxe de 40 F sur les exportations de produits arachidiers. Cette disposition légale, destinée notamment à protéger la Sonacos, a été mise entre parenthèses, à l’issue d’un conseil des ministres, alors que cela entre dans le domaine de la loi. De même, alors que plusieurs entreprises du secteur extractif s’acquittent d’une redevance de 5 % prévue par la loi, l’Etat, par le biais réglementaire, accorde un régime dérogatoire aux cimentiers qui paient 1 % au titre des redevances. Ce qui est aberrant, selon nombre d’observateurs.
Au chapitre de ces acteurs gâtés par l’Etat du Sénégal, il y a, outre les cimentiers, les acteurs du tourisme. Là également, le gouvernement a foulé aux pieds les normes de l’UEMOA pour plaire aux acteurs du secteur, dont le magnat Racine Sy. En effet, parmi les secteurs qui peuvent bénéficier d’une TVA en deçà du seuil minimal de 15 % prévu par l’UEMOA, le tourisme n’en fait pas partie. Ainsi, pour ce qui est surtout des deux premières violations listées, au-delà de la responsabilité des autorités étatiques, celle des agents de l’Administration des impôts, aussi, se pose avec acuité. En effet, plusieurs décisions de justice ont fini de consacrer le principe selon lequel nul n’est tenu d’obéir à un ordre illégal.
Et comme pour ne rien arranger, il y a la Zone de libre-échange économique et commerciale qui arrive à grands pas et qui pourrait entrainer des pertes de recettes importantes, si l’Etat ne prend pas à temps les dispositions adéquates. L’entrée en vigueur de cet accord prévu en juillet prochain, pourrait, en effet, porter un coup dur aux recettes douanières qui tournent entre 700 et 800 milliards de francs CFA.
LANCEMENT DE LA PHASE D’EXPLOITATION DE SANGOMAR 1
Cet acte fait suite à la prise par le président de la république d’un décret autorisant la phase d’exploitation au bénéfice des opérateurs que sont les Australiens (Far et Woodside), l’Américain Cairn Energy et la société nationale Petrosen
Le ministre du Pétrole et de l’Energie, Mouhamadou Makhtar Cissé, a officiellement lancé mardi, les travaux de la phase d’exploitation du champ pétrolier Sangomar en contresignant la décision finale d’investissement présentée par les membres de la joint-venture.
Cet acte fait suite à la prise par le président de la république d’un décret autorisant la phase d’exploitation au bénéfice des opérateurs que sont les Australiens (Far et Woodside), l’Américain Cairn Energy et la société nationale Petrosen.
Le champ pétrolier Sangomar produira dans sa phase 1 un total de 230 millions de barils avec une production journalière estimée à 100 000 barils par jour. La production effective se fera, selon le ministre en 2023, année où le premier baril est attendu.
Un ensemble de 23 puits est prévu qui seront reliés à un navire de production, de stockage et déchargement (FPSO). Le navire en construction sera dans les côtes sénégalaises en 2022, a précisé le ministre du Pétrole et de l’Energie lors de la signature du contrat avec les membres de la joint-venture.
Les partenaires au projet ont récemment décidé de modifier le plan d’investissement en changeant d’option concernant ce navire, a dit M. Cissé, ajoutant que l’acquisition sous forme d’achat a été décidée en lieu et place d’une location.
Il a profité de l’occasion pour inviter le secteur privé national et les jeunes sénégalais à profiter de ces opportunités pour se mettre à niveau.
En 2014, deux découvertes de pétrole et de gaz naturel ont été successivement faites en eaux profondes, au large de Sangomar (ouest), à l’issue du forage de deux puits d’exploration (…) par le consortium constitué par les compagnies pétrolières Cairn Energy, Conocophillips, First Autralian Resources et la PETROSEN.
FADEL BARRO BIENTÔT EN POLITIQUE ?
L'ancien coordonnateur de Y’en a marre réfléchit à un possible avenir dans l'arène politique
Jeune Afrique |
Marième Soumare |
Publication 14/01/2020
Il avait été le fer de lance de la mobilisation populaire contre la candidature controversée du président sénégalais Abdoulaye Wade, en 2012. Fadel Barro, qui a quitté la coordination de Y’en a marre en mars dernier, réfléchit à un possible avenir en politique.
Cofondateur et coordinateur du mouvement Y’en a marre, il en a quitté le bureau en mars 2019, après huit années passées à sa tête, en vertu d’un « nécessaire renouvellement » de l’organisation. Si Fadel Barro s’est effacé au profit d’Aliou Sané, il continue d’en être un membre actif.
Pour Y’en a marre, il milite ainsi au sein du collectif Ñoo Lank (« nous refusons »), mobilisé contre la hausse des tarifs de l’électricité, et est chargé de rencontrer les responsables politiques du pays – dont Abdoulaye Wade – afin de solliciter leur soutien. Il est également chargé du recrutement et de la formation des jeunes au sein de Y’en a marre.
L’ancien journaliste d’investigation réfléchit aussi à un possible avenir en politique, mais assure que cela ne remet pas en question la neutralité de Y’en a marre.
LE SOMMET DE PAU N'A PAS FAIT TAIRE LES CRITIQUES AU BURKINA ET AU MALI
Les plus optimistes rêvent d’écrire une nouvelle page de la coopération entre la France et les pays du Sahel, mais les accusations d’ingérence et d’inefficacité persistent
Le Monde |
Sophie Douce et Paul Lorgerie |
Publication 14/01/2020
Au lendemain du sommet de Pau, qui a réuni Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel, les réactions se faisaient plutôt discrètes côté malien. Si certains se félicitent sur les réseaux sociaux de la poursuite de l’engagement français au Sahel, d’autres n’hésitent pas à montrer leur mécontentement dans un climat de défiance croissant vis-à-vis des forces françaises.
Un engagement renouvelé de la collaboration entre les Etats sahéliens et la France – qui a annoncé l’envoi de 220 soldats français supplémentaires – est ainsi perçu « comme une mise sous tutelle » par le Groupe des patriotes du Mali (GPM), figure de proue des manifestations réclamant le départ des forces étrangères. « Nous allons redoubler d’efforts pour arriver à nos fins », martèleMahamadou Coulibaly, l’un des membres du GPM.
Pour Clément Dembélé, président de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage, qui regroupe près de 380 associations en son sein, la rencontre de Pau est au contraire le point de départ d’une nouvelle coopération, en ayant permis à tous les Etats de s’exprimer et de définir clairement le rôle de l’opération « Barkhane ». Lui estime nécessaire une présence française tant que les forces armées maliennes (FAMA) ne seront pas totalement remises sur pied.
Quant à Ibrahim Maïga, de l’Institut d’études de sécurité (ISS) à Bamako, il déplore le fait que la solution préconisée reste largement militaire : « La stratégie actuelle ne prend pas suffisamment en compte la complexité de la situation. Aujourd’hui, un ennemi a été identifié : l’Etat islamique au Grand Sahara. Mais en réalité, cet ennemi n’est pas un et indivisible, il est pluriel. Par ailleurs, on aurait pu s’attendre à une forme d’appropriation de la lutte contre le terrorisme par les chefs d’Etat sahéliens, mais on voit que c’est la France qui continue de donner le tempo. C’est aussi ça qui nourrit le ressentiment vis-à-vis de l’engagement de la France au Sahel et la contestation contre les chefs d’Etat sahéliens. »
« Dirigeants transparents »
Au Burkina Faso, on a scruté avec attention la déclaration conjointe des chefs d’Etats malien, burkinabé, mauritanien, tchadien et nigérien. L’invitation du président Macron à Pau avait été perçue par beaucoup ici comme une « convocation » et une « humiliation », certains y voyaient « l’occasion pour le président Kaboré de prouver qu’il n’est pas une marionnette ». « Un non-événement », commente un internaute. « Encore une fois, nos dirigeants ont été transparents », fustige un autre.
Sur les réseaux sociaux, si certains se félicitent de la « poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel », la qualifiant de « sage décision », d’autres se montrent plus sceptiques quant à la création d’une nouvelle coalition antiterroriste, baptisée Coalition pour le Sahel. « On a déjà trois armées nationales dans la zone, la force « Barkhane », l’ONU et le G5 Sahel. On ne sait pas qui commande qui et qui fait quoi. A l’inefficacité on répond par la création de structures encore moins efficaces », fustige ainsi un Burkinabé.
Lundi 13 janvier, une centaine de manifestants avaient défilé à Pô, dans le sud du pays, pour dénoncer « le paternalisme » et « le chantage » de la France. Ce « sommet parallèle » à celui de Pau était organisé par le Comité international mémorial Thomas Sankara [l’ancien président révolutionnaire assassiné en 1987]. « La réponse n’est pas d’envoyer de nouveaux militaires français mourir à notre place et de remplacer nos propres soldats, nous ne devons plus sous-traiter nos responsabilités mais décider et agir en notre nom, encore une fois la voix du peuple a été oubliée », dénonce le militant Serge Bayala, membre du Balai citoyen, une organisation de la société civile.
Du côté du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir, on se félicite d’une « clarification des positions ». « Les malentendus ont été dissipés, le lancement de cette nouvelle coalition est un acte fort qui devrait permettre une meilleure coordination entre nos armées », estime Clément Sawadogo, ancien ministre de la sécurité et deuxième vice-président du MPP. « Nous devons dépasser nos divergences et ces polémiques inutiles anti ou pro-Français pour se rassembler dans cette même lutte. Le Burkina n’a pas les moyens d’y arriver seul, acceptons l’aide de la communauté internationale », insiste Aziz Dabo, le porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), un parti d’opposition.
Le politologue Thomas Ouedraogo espère quant à lui que le sommet de Pau permettra « d’écrire une nouvelle page » de la coopération entre la France et les pays du Sahel. « En clarifiant chacun leur position, les chefs d’Etat visent l’apaisement et espèrent repartir sur de bonnes bases, en travaillant de façon plus transparente et moins ambiguë. Après les annonces, les Burkinabés attendent maintenant des actes forts », analyse-t-il.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
GRETA THUNBERG
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette ado dont la parole est portée à travers le monde n'aurait pas pu être africaine. Nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant n’est pas tout à fait une personne pleine et entière
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 14/01/2020
Elle était pourtant au centre de l’attention du monde lors de la COP 25, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques tenu du 2 au 14décembre2019 à Madrid, en Espagne.
Elle est depuis 2018 l’incarnation de la lutte citoyenne en faveur du changement climatique.
Elle a initié la « grève de l’école pour le climat » qui fera des émules dans tout le monde occidental, de son pays, de la Suède, à l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse jusqu’au Japon.
Elle vient de recevoir le tire de Personne de l’Année (on disait jusqu’en 1998 Homme de l’Année) décerné par l’hebdomadaire américain Time Magazine à la personne qui a « marqué le plus l'année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire ». Il s’agit là de la reconnaissance de l’influence politique et du leadership de cette jeune personne au niveau mondial.
Ceci est extraordinaire car si les jeunes, les enfants même ont de tout temps joué des rôles déterminants dans l’histoire de l’humanité, de Toutankhamon à Alexandre le Grand par exemple, ils ont rarement été promus en modèles aux sociétés. Ils ont rarement été promus comme guides ou « éclaireurs » au niveau d’une nation encore moins au niveau du monde. Le monde est donc en train de changer.
Car voilà une ado ordinaire, avec baskets et sweatshirt, qui se fait citoyenne du monde en portant le plaidoyer en faveur de la prise en compte par les nations du réchauffement climatique, avec des mots simples, sans référence idéologique ou messianique. Et la parole de cette ado est portée par les médias, discutée partout, par des universitaires, des scientifiques et des décideurs politiques à travers le monde.
On me dira qu’elle bénéficie du « privilège de la peau blanche » qui fait que dans le monde actuel, c’est le Blanc, l’Occidental qui à priori, incarne le Beau, le Bon, le Progrès et le Bien et que l’on donne en modèle au monde, sur tous les plans. Que Greta Thunberg est Suédoise, qu’elle aurait pu être Française ou Américaine ou Australienne. Pas sûr qu’elle ait pu être Indienne ou Inuit. Qu’elle n’aurait en tout cas pas pu être Africaine.
Oui Greta Thunberg n’aurait pas pu être Africaine. Pas seulement à cause du « privilège de la peau blanche » mais aussi et d’abord parce que nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant ou même un adolescent n’est pas tout à fait une personne pleine et entière.
Qu’il faut encore la faire murir et cela à coup de brimades, de vexations et de violences verbales, psychologiques et physiques. Nous l’avons vu encore récemment avec ces talibés enchainés comme des esclaves et condamnés à errer toute la journée et à mendier pour se nourrir et nourrir leur « marabout ».
L’enfant en Afrique n’a encore pas droit à la parole et surtout pas à la parole publique et politique. On continue encore à croire en Afrique que le savoir et la sagesse, la parole publique et le pouvoir donc sont l’apanage de l’âge.
Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule dit-on pour justifier la tyrannie gérontocratique sur les familles, les villages et les Etats.
Or il s’agit bien souvent de vieillards qui ont tout oublié de l’Afrique traditionnelle et rien appris de la modernité.
Au moment où le monde, dans sa partie développée en tout cas, a révolutionné ses systèmes scolaires depuis longtemps par une pédagogie qui recherche l’éveil de l’enfant dès sa naissance pratiquement, encourage sa participation à l’école et le place au centre de la société, soutient et encourage le développement de sa personnalité propre, sans aucune contrainte, dans le respect de la spécificité de chaque individu.
Et écoute sa parole et met même désormais au pouvoir des jeunes. C’est même devenu un impératif politique. L’Afrique devra s’y soumettre d’autant que sa population est jeune. Et qu’elle augmente vertigineusement.
Le rapport Perspectives économiques en Afrique établi en 2012 par la Banque Afrique de Développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Commission Economique pour l’Afrique et l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) indiquait déjà que la population de jeunes âgés de 15 à 24 ans s’élevait à 200 millions d’habitants. Qu’elle doublerait à l’horizon 2045.
Ceci dépendra en grande partie de la manière dont les générations montantes actuelles, les générations Z et Alpha (celles qui sont nées avec le numérique et après le numérique) seront éduquées.
Continuerons-nous, sous le prétexte de les éduquer et de les instruire, à leur denier tout droit, même celui de penser par eux même ou mettrons fin au plus tôt à ces systèmes archaïques qui briment la créativité et l’originalité indispensables à l’individu au 21eme siècle ?
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Ce Front qui devait servir pour la restauration des acquis démocratiques bafoués par le régime Macky se distingue malheureusement par des déviances à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), datée du 9 janvier, portant suspension de sa participation au Front de Résistance Nationale (FRN).
« Le Parti Démocratique Sénégalais constate avec regret des dysfonctionnements graves du Front de Résistance National (FRN) dont il était l’un des principaux initiateurs.
Ce front qui regroupe divers partis, mouvements et personnalités politiques, devait servir de cadre de lutte pour la restauration des acquis démocratiques systématiquement bafoués par le régime de Macky Sall et la défense des intérêts des populations. Il se distingue malheureusement par de multiples déviances autant dans son fonctionnement qu’à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place.
En effet, le PDS constate de graves déviations des mécanismes internes de prise de décisions stratégiques, notamment en ce qui concerne le Dialogue national initié unilatéralement par le président Macky Sall. A cela s’ajoutent les faits de compromission avérée de responsables au plus haut niveau du Front, ce qui amène le Parti Démocratique Sénégalais à suspendre sa participation au FRN. Il engage l’ensemble des militants et responsables à rester mobilisés dans la perspective des nouvelles batailles qui seront définies par la direction du parti. »
PAR Abdelaziz Moundé Njimbam
PAU...VRE AFRIQUE !
On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement - Il n’y a pas de sentiments anti-français. Il y a un sentiment de connivences grotesques
Ce n’est pas la faute de la France : l’attitude de nos chefs d’Etat, depuis ceux qui étaient placés par l’Elysee de Foccart jusqu’à ceux qui traficotent les Constitutions pour s’éterniser au pouvoir et s’assurer des bonnes grâce de Paris, relève de la servitude volontaire. D’un manque de cran.
Ils se couchent pour leurs intérêts et non pour ceux de leurs peuples. Ils acceptent le diktat du Fcfa parce qu’ils ne travaillent pour la croissance, le développement, la compétitivité mais leurs fortunes et bien-être. C’est pourquoi, après 60 ans, ils en sont encore à s’aligner en rang d’oignons aux ordres de Macron. A se laisser conter des fables alors même que l’argent qu’ils dilapident aurait permis outre de s’occuper de lutte contre la pauvreté, de développement des infrastructures, d’éducation, de bâtir des systèmes de défense.
Mais la France fait, lourdement, partie de la faute. Très lourdement ! : l’arrogance doucereuse d’Emmanuel Macron n’y changera rien. L’Armee française et la colonisation du pays de Jules Ferry ont une histoire. Celles d’operations de guerre pour décimer des populations comme au Cameroun, pour combattre des indépendantistes comme en Algérie, pour déstabiliser des pouvoirs comme en Guinée, pour s’assurer l’approvisionnement en matières premières, comme au Zaïre, au Nigeria avec l’aide au Biafra, etc. On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement.
Et puis, ces armes, balancées dans le ciel de Benghazi par Nicolas Sarkozy sous le prétexte de combattre Kadhafi, sont devenues l’arsenal des djihadistes dans le Sahel et de Boko Haram et ses ravages au Nigeria et au Cameroun. Et cela Pau, le taira...
Il n’y a donc pas de sentiments anti-français. Il y’a un sentiment de connivences grotesques.
Il n’y a pas de sentiment anti-français, il y’a le refus du travail et du devoir de mémoire, respectueux entre les deux pôles : la France et ses ex-colonies.
Il y’a le sentiment d’une arrogance qui prend des formes variées : impériale sous de De Gaulle et Foccart, hypocrite sous Mitterand, espiègle sous Chirac, goujate sous Sarkozy, cotonneuse sous Hollande et sirupeuse sous Macron.
Et ce n’est pas avec des oukases et des effets de manche que Macron et ses pairs africains, incapables de se défendre et de construire des armées dignes comme il en existe en Afrique, qui changeront la conscience profonde de peuples.
Pour cela, il faut que les Africains apprennent à marcher sur leurs propres jambes. Une chose comme apprendre qu’un continent se défend par lui-même. Il faut que la France, en cessant de s’occuper de la Chine ou de la Russie, regarde la paille - grosse comme ses crimes et fautes en Afrique - dans ses yeux et apprenne l’humilité !
MACRON DÉNONCE DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES ALIMENTANT LES DISCOURS ANTI-FRANÇAIS
Le chef de l'État français a fustigé l'«agenda de mercenaires», dans une allusion possible à un groupe paramilitaire russe
Bénédicte Lutaud et AFP agence |
Publication 14/01/2020
Emmanuel Macron a vivement dénoncé lundi 13 janvier les discours «indignes» alimentant les critiques antifrançaises au Sahel, qui servent selon lui des «puissances étrangères» ayant «un agenda de mercenaire». «Les discours que j'ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes (...) parce qu'ils servent d'autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes (...), soit ceux d'autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu'elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires», a dénoncé le président de la République, en affirmant que «l'armée française» était au Sahel «pour la sécurité et la stabilité», pas pour «d'autres intérêts».
«J'entends beaucoup de gens qui disent tout et n'importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés, demandez-vous quels intérêts ils servent. Moi j'ai mon idée», a répondu Emmanuel Macron à un journaliste malien qui rapportait les doutes d'une partie de la population de son pays sur les raisons de l'engagement des militaires français et leur détermination à combattre les djihadistes.
«Que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants !», s'est exclamé Emmanuel Macron, alors que 41 militaires français ont été tués au Sahel depuis 2013. «Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens et des Burkinabè : des soldats français», a-t-il martelé. Ce dernier a remercié les dirigeants sahéliens d'avoir «combattu avec beaucoup de fermeté» ces «discours indignes». Mais les cinq chefs d'État africains, dont plusieurs ont salué l'engagement de la France lors de leurs discours de fin d'année, sont restés silencieux sur ce point lors de la conférence de presse à Pau.
Sentiment antifrançais
Au Mali, au Burkina et au Niger notamment, des manifestations antifrançaises se sont multipliées ces derniers mois contre la présence de l'ancienne puissance coloniale au Sahel. La contestation populaire est même parfois rejointe par des responsables politiques de haut rang. Le ministre burkinabé de la Défense, Moumina Cheriff Sy, s'était même interrogé publiquement, en juin, sur l'activité de la France au Sahel dans le journal sud-africain Mail and Guardian.
La prise de parole de la militante suisso-camerounaise Nathalise Yamb lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi, en octobre, a «eu un effet libératoire de la parole antifrançaise», souligne en outre Caroline Roussy, chercheuse à l'IRIS et spécialiste de la géopolitique des frontières en Afrique, interrogée par Le Figaro. À Sotchi, la militante avait ainsi fustigé la «Françafrique», réclamé la fin du franc CFA et demandé «le démantèlement des bases militaires françaises qui, sous le couvert d’accords de défense bidons, ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rébellions, l’entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos États.» Deux mois plus tard, le 21 décembre, Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara avaient annoncé la fin du franc CFA à Abidjan. «Cette séquence confuse autour du franc CFA a servi à alimenter le ressentiment antifrançais et ressurgit aujourd'hui sur l'opération Barkhane», observe Caroline Roussy.
Mais ce ressentiment antifrançais n'est pas nouveau, insiste la chercheuse : «Il est ancré depuis des années chez les intellectuels (locaux, NDLR), qui considèrent que leurs pays sont dans des relations d’inégalités vis a vis de la France et qui ne supportent plus l’arrogance française, illustré par exemple par le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007 ou plus récemment par la convocation de Macron à Pau.»
Le sentiment antifrançais a d’autant plus augmenté ces derniers temps que les attaques des groupes djihadistes se sont multipliées, et que ce sont les armées nationales qui ont payé le plus lourd tribut. «Le fait d'observer qu'il n'y a pas de résultats tangibles sur le territoire et qu’au contraire la menace augmente, a permis de poser la question en trouvant en bouc émissaire commun, la France», analyse Caroline Roussy.
La Russie dans le viseur
Un sentiment antifrançais bien ancré donc, mais qui serait alimenté, ces derniers temps, par des puissances étrangères... ou plus précisément par la Russie, selon certains observateurs. «Nous soupçonnons les Russes d'encourager le sentiment antifrançais»dans la bande sahélo-saharienne, confiait récemment à l'AFP un haut gradé français. «On peut penser qu'il y a une manipulation de la part des Russes», abonde, auprès du Figaro, Caroline Roussy. «Une pétition circule, notamment au Mali, pour que les Russes s'engagent au Sahel, note la chercheuse à l'IRIS. Elle revendique huit millions de signatures, même si cela demande évidemment vérification.»
Lors de certaines manifestations antifrançaises, des slogans prorusses ont par ailleurs été scandés. La Russie, qui a relancé son influence sur le continent africain, s'est notamment rapprochée du Mali ces derniers mois et tente de jouer un rôle crucial dans la crise traversée par le pays. Un accord de défense a été signé entre les deux pays en juin 2019.
Moscou a également entrepris une coopération militaire avec d'autres pays du Sahel, soulignait en novembre le site Orient XXI. Le Niger a par exemple acheté, à l'automne dernier, douze hélicoptères de combat russes. La Russie s'est aussi rapprochée récemment du Tchad, par l'intermédiaire de divers projets économiques. En Centrafrique, enfin, des réseaux russes auraient financé plusieurs campagnes de presse antifrançaises, toujours selon Orient XXI.
Un sulfureux groupe paramilitaire russe
Bien que le président Macron n'ait pas précisé lundi à quelles «puissances étrangères» il se référait, le terme de «mercenaires» évoque les activités du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner. À l'automne 2019 une petite équipe de Wagner a séjourné à Bamako, a appris l'AFP auprès de deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l'Ouest. Ce groupe, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d'équipements militaires, entre autres activités. Ils ont été aperçus ailleurs en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Dans le nord du Mozambique, ils combattraient avec l'armée une rébellion djihadiste et des médias occidentaux ont fait état d'une présence à Madagascar et au Soudan.