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26 juillet 2025
PAR Wagane FAYE
QUEL HÉRITAGE À LA JEUNESSE ?
Ceux qui tambourinent à la porte de Monsieur le Président, qui s’y bousculent qui ne rechignent pas à ravaler les convictions politiques qu’ils ont si longtemps tenues en bandoulière se distinguent par leur capacité en calcul d’intérêts personnels
Suite à des propos de Monsieur Macky Sall, président de la République, rendant publique son intention de procéder à une réforme constitutionnelle, instituant un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois, je lui avais adressé le 10 février 2016 une lettre ouverte pour le féliciter, mais tout en m’y demandant s’il a tenu compte de ce que son intention si louable soit-elle n’aurait pas que des adeptes autour de lui. J’y avais aussi lancé une idée inédite consistant à couper la poire en deux entre ceux de son entourage qui s’engagent en politique pour contribuer à promouvoir l’intérêt de tous, ceux qui s’y engagent pour leur seul intérêt et qui tiennent à ce que le temps de la cueillette des fruits qu’ils en tirent, dure le plus longtemps possible.
C’est de la bouche de ceux-là que sortent les propositions les plus saugrenues tendant à la suppression de la limitation des mandats présidentiels ou à leur allongement.
A ces derniers, nous rappelons que toute situation sur terre à une fin, surtout si elle dépend d’un mandat présidentiel, renouvelable ou pas, même à vie. On les comprend. La proximité avec celui qui, comme presque partout en Afrique accapare tous les pouvoirs qualifiés d’indépendance pour la galerie, rapporte gros. Y aurait-il un observateur dans l’arène politique qui en âme et conscience peut soutenir le contraire ? Ceux qui tambourinent à la porte de Monsieur le Président, qui s’y bousculent qui ne rechignent pas à ravaler les convictions politiques qu’ils ont si longtemps tenues en bandoulière se distinguent par leur capacité en calcul d’intérêts personnels. Ils vous disent, « qui est fou ? » Pour eux, les avantages et autres privilèges multiformes qu’on peut tirer en devenant troubadour, thuriféraires, béni-oui-oui de tout chef de l’Etat dans les systèmes de gouvernance où la démocratie est un vain mot n’a pas d’égal.
C’est pourquoi on peut considérer comme des héros ceux qui résistent, tant qu’ils résistent à la tentation de se prostituer pour accéder à la vie facile par le biais de la transhumance, de la versatilité de leurs positions en politique, ou au syndicalisme, quelle que soit les prétextes utilisés pour leurrer leur monde.
La philosophie de cette catégorie d’individus ne date pas de l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, mais plutôt de la première alternance à la tête de l’Etat. On en a connu bien d’autres, Serigne Mbacké Ndiaye, dont certains, à la mémoire courte tiennent des propos ultra doux à l’oreille de Monsieur le président de la République gestionnaire des privilèges, d’autres, qui ne parlent de leurs ex-camarades et amis que pour en dire du mal, ceux-ci n’ayant commis que le tort de rester fidèles aux principes qu’ils partageaient avec eux, des années, voire des dizaines d’années durant, préférant la dignité à l’acquisition de privilèges. Il n’y a donc pas que la pratique du « wakhwakhet » qui risque de contribuer à laisser à la jeunesse comme héritage demain le pire des « senegaleses way of life » dans la gestion de notre pays.
par Diop Blondin Ndeye Fatou Ndiaye
NOS PRÉSIDENTS ONT RATÉ LE RENDEZ-VOUS DE L’ÉCO !
Nous avons été pris de court par le moment et le cadre choisi pour faire la déclaration solennelle de la fin du CFA - On a perçu les effluves de combines mélangées à de la légèreté dans le traitement de ce dossier
Voilà des années que nous exigeons la fin du CFA pour tout ce qu’il représente dans l’Afrique postcoloniale. Les premiers États qui ont voulu une indépendance totale ont été coulés sans ménagement pour servir d’exemple à d’autres velléités d’entrave aux liens économiques séculaires que la France entretenait avec ses anciennes colonies. Les grands leaders africains qui ont porté ce projet de gouvernance ont été éliminés par coup d’État voire physiquement. Des activistes ont été récemment arrêtés manu militari pour avoir poursuivi ce combat. Tout ceci pour dire qu’il était temps de tourner la page du CFA qui est né en 1945. Quand ce passage à l’ECO arrive, cela doit être un grand moment ; un instant historique où on s’attend à ce que le travail d’appropriation par les populations ait été largement amorcé ; un grand rendez-vous entre les présidents africains et leurs populations qui montrerait le visage d’une Afrique qui a pris son destin en main.
Mais, pour nous qui suivons l’actualité au jour le jour, nous avons été pris de court par le moment et le cadre choisi pour faire la déclaration solennelle de la fin du CFA. A bien suivre le scénario, je ne sais pas ce qu’il y a de plus choquant. Il y avait comme un air de complot qu’on essaie de maquiller en révolution majeure. Tout d’abord, rien de cette importante information n’a été mentionnée dans l’agenda du président Macron qui se rendait en Côte d’Ivoire ; on a pu juste lire des rendez-vous économiques et militaires. Et voilà que l’opinion africaine découvre que le voyage cachait l’annonce de l’arrivée de l’ECO version Macron-Ouattara. Il apparaît aussi que la presse française était bien au parfum de ce qui se tramait contrairement à celle des 8 pays de l’UEMOA concernés par cette mesure. On a perçu les effluves de combines mélangées à de la légèreté dans le traitement de ce dossier durant cette journée qualifiée d’historique. Ces événements symbolisent à souhait toutes les causes des colères de la jeunesse africaine vis-à-vis de leurs gouvernants et, par ricochet, le ras-le-bol de la françafrique. Alors, on se demande ce qui s’est réellement passé pour en arriver à cet ECO ? Surtout qu’est-il advenu de l’ECO de la CDEAO ?
Ces moments importants dans la vie d’une nation devraient être traités avec solennité. J’entends par là que le président, le premier ministre et toutes les institutions financières étatiques devraient être investis de la mission d’informer le peuple et d’apporter toutes les réponses aux questions que les citoyens sont en droit d’attendre de leur part. Il y a aussi un aspect très important dans la fin du CFA, c’est une demande des activistes et de la jeunesse africaine. Il aurait été important que les présidents disent qu’ils ont entendu cette demande, qu’ils arrêtent de les diaboliser et de les bannir en les emprisonnant ou en les renvoyant de leur pays. Mais on a plutôt l’impression que c’est le président français qui est aux manettes de la prise en compte de cette colère sociale et non nos présidents, indifférents qu’ils sont ou occupés à trouver les voies et moyens de rester au pouvoir. Comprenant qu’une page d’histoire était en cours d’écriture, le ministre français de l’économie et des finances n’a pu s’empêcher d’envoyer un tweet à la première personne pour s’arroger la paternité de l’acte.
Dans le fond on nous annonce des changements et on en élude les vrais soubassements.
-le franc CFA aura un nouveau nom et s’appellera ECO avec la même parité fixe avec l’euro
- les réserves de change de l’UEMOA sont gérés par la BCEAO : nos pays ne seront plus obligés d’en déposer la moitié au Trésor français ; ceci entraînera la fermeture du compte d’opérations, un compte spécial ouvert dans les livres du Trésor, par lequel ces devises transitaient
- il n’y aura plus de représentants français dans le conseil d’administration de la BCEAO.
Tous ces changements sont importants devraient être effectifs courant 2020. Commençons donc par apprécier le mouvement vers la souveraineté monétaire qui vient de s’amorcer. Cependant, des zones d’ombres subsistent, car nous savons que les États n’ont pas d’amis mais que des intérêts. Par exemple, l’État français reste garant et s’engage à prêter des devises, si la zone venait à en manquer ; on peut dès lors se demander quelle est la contre partie financière ou stratégique de ce service. De même, que signifie la notion de nouvel accord monétaire entre (toujours la France) et la BCEAO ? Pourquoi pas avec la BCE (Banque Centrale Européenne) ?
En résumé, la zone reste encore sous tutelle française qui maintient un pouvoir de répression monétaire sur ces pays. C’est là une des raisons pour lesquelles le Ghana et le Nigéria n’ont pas adhéré à ce projet qui, pour l’instant, est plus cosmétique que réellement panafricain. Nous craignons même qu’elle finisse par torpiller le vrai projet d’intégration monétaire de la CDEAO.
Mme DIOP Blondin – Ndeye Fatou Ndiaye est Coordinatrice de la plateforme Aar Li Nu Bokk
FRANC FCFA : "PAS DE CHANGEMENT DE BILLETS AVANT PLUSIEURS ANNÉES"
Fini le franc CFA, voici l'éco pour huit pays d'Afrique de l'Ouest. Mais quand la réforme va-t-elle entrer en vigueur ? Quand les billets CFA vont-ils être remplacés par des billets éco ? Le ministre béninois des Finances, Romuald Wadagni, répond
Fini le franc CFA, voici l'éco pour huit pays d'Afrique de l'Ouest. Mais quand la réforme va-t-elle entrer en vigueur ? Quand les billets CFA vont-ils être remplacés par des billets éco ? Le ministre béninois des Finances, Romuald Wadagni, qui préside le Conseil des ministres de la zone UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine = Union des huit pays d’Afrique de l’Ouest utilisant le franc CFA], répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
Romuald Wadagni, à quelle date la réforme va-t-elle entrer en vigueur et à quelle date va-t-on changer de billets?
Romuald Wadagni: Selon la feuille de route de la Cédéao [Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest = Communauté des 15 pays d’Afrique de l’ouest], l’évaluation l’évaluation est prévue pour être faite en 2020. Et comme c’est un processus graduel, les pays de l’UEMOA prêts en 2020 pourront commencer l’entrée en vigueur de la monnaie Cédéao. Je tiens à vous rappeler qu'entre le moment où l'on adopte une monnaie et la circulation des billets, il y a plusieurs années qui peuvent se passer, parce que c’est tout un processus, des dispositions qui prennent du temps. L’histoire de la monnaie, comme l’euro en Europe, est assez édifiante dans ce sens.
Pour passer du franc à l’euro par exemple en 1999…
Absolument. La décision a été prise en 1999 et il a fallu plusieurs années avant de voir les premiers euros circuler en France.
Donc concrètement, vous avez une réunion importante au mois de juin 2020…
Oui, mais même avant juin 2020, il y a des réunions. Juin, parce que généralement, c’est à la fin du premier semestre que les données macroéconomiques sur les performances économiques [de chaque pays] sont disponibles pour l’année précédente. C’est-à-dire qu’autour de juin, la Commission de la Cédéao et les différentes instances devraient être en mesure d’apprécier le respect des critères de convergence par chaque pays à fin 2019. C’est pour cela que tout le monde parle de cette date. Et la mise en œuvre de la monnaie se fera dans le cadre de la feuille de route de la Cédéao. Je crois que c’est tout ce qu’il faut comprendre ici.
Le changement des billets en revanche, ce n’est pas pour tout de suite, ce n’est pas pour 2020?
Non, il est techniquement impossible de sortir des billets, sauf décision souveraine des chefs d’État. Le processus prend du temps. Ce n’est pas un processus qui dure quelques jours.
Vous avez annoncé donc que 50% des réserves de change de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne seront plus logés au Trésor français. Mais concrètement, en cas de crise de change et de baisse de vos réserves, qu’est-ce qui garantit aux futurs détenteurs de l’éco que, quoi qu’il arrive, leur monnaie restera convertible avec le dollar et avec l’euro?
Mais puisque nous avons gardé deux paramètres clés dans la nouvelle monnaie : la parité fixe et la garantie de convertibilité illimitée. Donc, c’est pour cela que nous avons demandé à la France de continuer à couvrir sur ces deux facteurs. Ainsi, aujourd’hui il n’y a pas de risque sur les marchés, sur ce qui va se passer et la capacité de la zone à pouvoir honorer les engagements en devises.
Donc, comme dit votre collègue français Bruno Le Maire, la «France reste garante en dernier ressort»…
Elle reste garante en dernier ressort, à la demande des chefs d’État des pays [de l’UEMOA], parce que les pays l'ont demandé en tenant compte du fait que nous rentrons dans une feuille de route d’une monnaie unique, nouvelle, afin de ne pas perturber les marchés, pour ne pas casser le rythme de croissance de nos pays, et surtout pour préserver le pouvoir d’achat de nos populations et ne pas entrer dans un cycle d’inflation. Il fallait dans un premier temps garder ces paramètres importants. Nous avons eu des échanges avec la France qui a compris notre nécessité et ce besoin. Et nous avons trouvé les accords nécessaires dans ce sens.
Donc, vous avez bien négocié…
Nous considérons que nous avons bien négocié.
Vous dîtes que la France reste garante en dernier ressort. Que répondez-vous à ceux qui disent que finalement, ce n’est qu’une rupture de façade avec l’ancienne puissance coloniale?
Non. Nous avons cette garantie sans les éléments de contrepartie historique qui existaient. Si on n’avait pas fait les réformes de fond sur le retrait immédiat des représentants de la France dans les différentes instances de gouvernance, comme le Comité de politique monétaire [de l’UEMOA], si on n’avait pas fait ça, on aurait dit : « Oui, c’est de façade en fait parce qu’ils sont là, ils vont prendre les décisions ». Mais là, non. Franchement, je pense que non.
Sur la question de la parité entre l’euro et l’éco, il y a eu un débat quand même entre vous, les huit pays. Le Niger et le Burkina préféraient une parité flottante, alors que la Côte d’Ivoire et le Sénégal voulaient garder une parité fixe. Pourquoi est-ce ce dernier point de vue qui a prévalu finalement?
Non. Le point de vue qui a prévalu et qui a fait l’unanimité, c’est que nous allons adopter un régime de change flexible avec ciblage d’inflation quand les 15 pays de la Cédéao seront autour de la table, et on aura adopté l’intégralité des paramètres de la monnaie unique Cédéao. On s’est mis d’accord sur ça. Maintenant, en attendant, on s’est également mis d’accord au niveau des huit pays pour consolider la croissance dans nos États et préserver le pouvoir de nos populations.Pour l’instant, il fallait absolument garder ces paramètres clés [comme la parité fixe].
Pour rassurer les détenteurs de CFA?
Pour les rassurer et pour éviter de rentrer dans un cycle d’inflation. Nos pays font face à une crise sécuritaire de plus en plus intense. Si vous rajoutez à cela une crise sociale liée à une baisse de pouvoir d’achat ou bien, en fait, à une inflation non maitrisée, vous comprenez que tout cela retarderait énormément la région.
En dehors des huit pays de l’UEOMA, quels sont les autres pays de la Cédéao qui pourraient rentrer assez vite dans ce nouveau noyau dur de l’éco?
Plusieurs pays présentent des critères de convergence et sont capables de venir. Mais permettez-moi de ne pas m’avancer encore à ce stade.
Mais tout le monde parle du Ghana…
C’est possible, j’en entends aussi parler.
Côté français, la réforme a été négociée par Bruno Le Maire. Côté africain, peut-on dire qu’elle a été négociée par le ministre ivoirien auprès du Premier ministre chargé du Budget, Abdourahmane Cissé, et par vous-même?
Non, non. Il s’agit d’une réforme initiée par les chefs d’État. Chacun des chefs d’État et le président Macron ont mis en place un groupe de travail qui a fait le travail.
Et dans ce groupe de travail, il y avait évidemment quelques figures dont l’IvoirienAbdourahmane Cissé et vous-même?
Il s’agit d’un groupe de travail des chefs d’État. Je vous laisse le soin de leur poser la question pour savoir les personnes qui ont travaillé sur la réforme. Le plus important aujourd’hui, je pense que c’est de dire que nos pays ont réalisé un pas historique.
MONNAIE UNIQUE OU MONNAIE COMMUNE ?
La confusion est souvent entretenue entre une monnaie unique et une monnaie commune. L’agrégé d’économie, le Professeur Babacar Sène, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) apporte des éclairages sur ces deux concepts
La confusion est souvent entretenue entre une monnaie unique et une monnaie commune. L’agrégé d’économie, le Professeur Babacar Sène, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) apporte des éclairages sur ces deux concepts.
1) MONNAIE COMMUNE
L’économiste explique que lorsque l’on parle de monnaie commune dans une zone, les monnaies nationales des pays ne sont pas supprimées. Elles continuent à circuler et à jouer leur rôle. Il y a une monnaie commune constituée sous forme de panier de monnaies qui sert de référence. L’un des exemples les plus cités reste l’Ecu, à l’époque du système monétaire européen. Il existait une parité par rapport aux monnaies nationales des pays qui étaient dans le système européen à travers le mécanisme de change. Le Pr Babacar Sène précise que dans le cadre de la monnaie commune, les banques centrales nationales continuent à mettre en œuvre leurs politiques monétaires. Comme exemple de monnaie commune, il cite le « Sucre » en Amérique latine.
Sur le plan international, il y a les Droits de tirage spéciaux (Dts) du Fmi considérée comme monnaie commune internationale. Le Dts est un actif de réserve international, créé en 1969 par le Fmi pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Ils peuvent être échangés contre des devises librement utilisables. Depuis le 1er octobre 2016, la valeur du Dts repose sur un panier de cinq grandes devises : le dollar des Etats-Unis, l’euro, le renminbi chinois (Rmb) appelé aussi Yuan, le yen japonais et la livre sterling.
2) MONNAIE UNIQUE
Par contre, avec la monnaie unique, les monnaies nationales disparaissent ; il y a une seule monnaie qui circule dans la zone. On peut citer l’exemple du F Cfa dans la zone franc constituée principalement de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Il y a, également, l’Euro qui est en cours dans une partie des pays de l’Union européenne. Il faut préciser, à ce titre, que tous les pays de l’Ue n’utilisent pas l’Euro. En ce qui concerne la zone communautaire de l’Uemoa, ce sont les huit pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) qui utilisent le FCfa comme monnaie unique. La particularité de la monnaie unique, selon l’économiste, est qu’elle peut s’organiser à travers deux systèmes : centralisé et décentralisé.
Dans le cadre d’une monnaie unique où le système fonctionne suivant une approche centralisée, la banque nationale fédérale a tous les pouvoirs et les banques nationales ne sont que des succursales. C’est la banque centrale qui émet la monnaie et gère les réserves et s’occupe de la politique monétaire.
Cependant, dans un système décentralisé, la banque centrale fédérale s’occupe de la politique monétaire et les banques centrales nationales se concentrent sur la gestion des réserves de change.
Si l’on prend l’exemple du F Cfa, cette monnaie fonctionne suivant un système centralisé. Ce qui n’est pas le cas pour l’euro qui, d’après Babacar Sène, suit un système décentralisé. Par exemple, la Banque centrale européenne (Bce), basée à Francfort, s’occupe plus de la politique monétaire de la zone euro. Mais les banques nationales comme la banque de France, d’Italie, d’Espagne gèrent les réserves de change.
CE QUE LA JUSTICE IVOIRIENNE REPROCHE À SORO
Ses proches l’assurent : cela fait plusieurs mois que Ouattara cherche à accuser l'ancien chef rebelle de déstabiliser la Côte d’Ivoire. D’où son absence prolongée hors du pays et l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020 depuis l’Espagne
Jeune Afrique |
Baudelaire Mieu , Benjamin Roger et Vincent Duhem |
Publication 24/12/2019
Visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice ivoirienne, Guillaume Soro a annulé in extremis, ce lundi, son retour à Abidjan. Il est accusé de tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et de détournement de deniers publics. Jeune Afrique décrypte l’origine de ces accusations.
Les proches de Guillaume Soro l’assurent : cela fait plusieurs mois que le régime d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) cherche à accuser leur leader de déstabiliser la Côte d’Ivoire. D’où son absence prolongée hors du pays et l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020 depuis l’Espagne, début octobre. « Il savait parfaitement qu’on lui tendrait un traquenard s’il rentrait à Abidjan, glisse l’un de ses intimes. Mais il a tenu à monter dans l’avion pour montrer au monde entier qu’Alassane Ouattara l’empêchait de rentrer chez lui. »
Selon nos sources, des négociations indirectes entre Soro et Ouattara ont eu lieu jusque dans la nuit du 22 décembre. Le chef de l’État aurait ainsi demandé à son ancien allié de surseoir à son projet de retour, après plus de six mois d’absence. Comment expliquer ce revirement inattendu ? Que reprochent les autorités ivoiriennes au candidat à la future présidentielle ?
Après que les autorités ghanéennes ont refusé à Soro, le 23 décembre, de débarquer à Accra – sur la demande d’Abidjan, où la justice venait d’émettre un mandat d’arrêt contre l’ancien président de l’Assemblée nationale -, son jet a refait le plein de carburant et décollé pour Tenerife, aux îles Canaries. Il y a atterri lundi, peu avant 23 heures GMT. Rejoindra-t-il la France ou la Suisse, comme certaines sources l’affirment ?
Quelle que soit sa destination finale, nul doute que l’ancien rebelle et actuel député prendra ses précautions. Car pendant qu’il était à Accra, Richard Adou, le procureur de la République, a officiellement annoncé sur la RTI que l’opposant à Alassane Ouattara, désormais candidat à la présidentielle de 2020, est visé par un mandat d’arrêt international pour tentative d’atteinte à l’autorité de l’État, détournement de deniers publics, recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux.
Tentative d’atteinte à la sûreté de l’État
Selon nos sources, le chef de l’État ivoirien avait évoqué la possible arrestation de Guillaume Soro lors de son tête-à-tête avec Emmanuel Macron, le 21 décembre. ADO a également convoqué, deux jours plus tard, plusieurs anciens « comzones » afin de leur rendre compte de la situation. Le lendemain, les membres du gouvernement en ont également été informés lors d’un conseil de gouvernement extraordinaire convoqué par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.
Selon le procureur Richard Adou, « Guillaume Soro projetait d’attenter à la sécurité de l’État et à l’intégrité du territoire national ». Dans sa déclaration, Adou a expliqué que « les éléments en possession des services de renseignement, dont un enregistrement sonore, établissent clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment ». « Nous sommes en possession d’un enregistrement audio d’une douzaine de minutes dans lequel on l’entend évoquer un projet d’insurrection et de coup d’État », précise un ministre. Selon une autre source gouvernementale, Soro y détaillerait « comment il compte frapper le régime, ses relais, ses réseaux ».
Deux accusations aussi graves que floues, sur lesquelles peu d’informations ont filtré. Le procureur Adou devrait tenir une conférence de presse avant le 26 décembre pour préciser les faits qui sont reprochés à l’ex-rebelle par les autorités ivoiriennes.
Guillaume Soro est aussi accusé de détournement de deniers publics, recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Le procureur de la République a ainsi expliqué avoir été sais, le 20 décembre, d’une plainte du Trésor public.
« Il a créé une Société civile immobilière (SCI) avec laquelle il a acheté sa résidence à Marcory [un quartier d’Abidjan] pour un montant de plus de 1,5 milliard de francs CFA grâce à des fonds publics provenant de comptes de l’Assemblée nationale », assure une source gouvernementale. Une affirmation battue en brèche par un intime de Guillaume Soro qui, bien qu’il confirme que la résidence de Marcory, qui appartenait à l’homme politique béninois, Adrien Houngbédji, a été achetée via cette SCI, assure qu’elle le fut en 2008, alors que Soro était Premier ministre.
Arrestation de plusieurs de ses proches à Abidjan
Lundi 23 décembre, vers 16 heures locales, des éléments des forces de sécurité, certains cagoulés, ont fait irruption dans la permanence de l’ancien président de l’Assemblée nationale, un bâtiment jouxtant l’ambassade des États-Unis. Les partisans de Soro y étaient rassemblés et une conférence de presse animée par Alain Lobognon venait juste de s’achever.
Quinze personnes ont alors été interpellées, dont plusieurs députés, comme Alain Lobognon, Kanigui Soro et Loukimane Camara. Le frère de l’ancien Premier ministre, Simon Soro, et son directeur de protocole, Souleymane Kamagaté, ont eux aussi été arrêtés. Selon nos sources, des perquisitions ont eu lieu dans la nuit, et ce mardi matin, chez d’autres membres de son mouvement, Générations et peuples solidaires (GPS).
Les personnes appréhendées ont été présentées devant le procureur mardi et pourraient être inculpées pour atteinte à l’autorité de l’Etat, trouble à l’ordre public et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur le bon fonctionnement des institutions. Dans le même temps, le bureau de l’Assemblée nationale, seul organe habilité à lever l’immunité des députés, a été informé de l’ouverture d’une procédure judiciaire.
DES FIDÈLES SE MOBILISENT POUR SAUVER LA BASILIQUE DE POPENGUINE
L’édifice, classé monument historique, est dans un état de « dégradation avancée » - À l’intérieur comme à l’extérieur, elle a besoin d’un grand coup pour retrouver son éclat
Située à Popenguine dans la région de Thiès, au Sénégal, la basilique Notre-Dame de la Délivrance est délabrée. L’archevêque de Dakar tente d’y mobiliser les fidèles pour financer sa rénovation.
Le village de Popenguine, à environ 70 kilomètres au sud de Dakar, au Sénégal, est un lieu important pour les catholiques du pays, qui compte environ 5 % de chrétiens. Il abrite un sanctuaire dédié à Marie, et accueille chaque année un pèlerinage très fréquenté. Mais cela fait plusieurs mois que les messes ont lieu à l’extérieur, au sanctuaire. La basilique de Popenguine est fermée.
L’édifice, classé monument historique, est dans un état de « dégradation avancée » résume l’abbé Baye Rémi, chargé de communication de l’archidiocèse de Dakar. « À l’intérieur comme à l’extérieur, elle a besoin d’un grand coup pour retrouver son éclat, détaille-t-il. La charpente comporte des défaillances considérables. Ça accueille de l’eau et la basilique en accuse le coup ».
Visite de Jean-Paul II en 1992
Ces dégâts ont poussé l’archevêque à mettre en place une campagne de dons ces dernières semaines. Il espère recueillir 20 millions de francs CFA (30 000 euros) pour les travaux : « Ce qui est en jeu ici, c’est plus une catéchèse profonde du don que l’argent,estime-t-il. L’État fera ce qu’il peut mais c’est aux chrétiens même de relever le défi qui s’oppose à eux aujourd’hui. Si un frère musulman veut contribuer, c’est aussi le visage du Sénégal ».
Un appel entendu par ce fidèle à Popenguine, impatient de pouvoir prier de nouveau dans la basilique visitée par le pape Jean Paul II en 1992. « Quel que soit le peu que j’ai, je vais participer au financement de mon Église, promet-il. Cela me ferait vraiment plaisir de retrouver notre basilique ». La collecte s’achèvera le 31 décembre, lors d’une veillée autour de l’archevêque de Dakar.
SADIO MANÉ, ITINÉRAIRE D'UN CHAMPION
Quatrième au Ballon d’or 2019, le joueur a réalisé une année exceptionnelle, en remportant notamment la C1 et le Mondial des clubs. Mais pour en arriver là, le sénégalais a dû emprunter des chemins sinueux pour convaincre son entourage de son rêve
So Foot |
MATHIEU ROLLINGER |
Publication 24/12/2019
De la lumière, mais pas trop. Sadio Mané est ce héros masqué qui file dans l’obscurité après avoir sauvé son monde. Meilleur joueur offensif des Reds pendant toute la campagne de la dernière Ligue des champions, fer de lance de l'équipe qui est en train de marcher sur la Premier League, il va terminer son année 2019 avec 34 buts au compteur toutes compétitions confondues. Peut-être même un peu plus, sachant que Liverpool doit encore disputer deux matchs de championnat, ce jeudi face à Leicester, puis dimanche contre Wolverhampton.
Une année au cours de laquelle Mané aura donc remporté la Ligue des champions, la Supercoupe d'Europe, le Mondial des clubs, terminé vice-champion d’Angleterre, vice-champion d’Afrique et co-meilleur buteur de Premier League. Un CV qui, apparemment, ne suffit pas à remporter le Ballon d’or, les votants lui ayant préféré Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, et son coéquipier Virgil van Dijk. Quand les deux premiers cités ont su faire de victoires collectives des faits d’armes personnels, Sadio Mané a, lui, encore du mal à être dissocié de l’incroyable trio qu’il forme avec Roberto Firmino et Mohamed Salah. Peu importe, après tout : sa réussite saute aujourd'hui aux yeux de tous.
« Quitter l’ombre de l’arbre à palabres »
Avant d’être considéré comme un « cadeau de Dieu » au Sénégal, Sadio Mané a dû faire tomber des barrières, avec le consentement ou non de son entourage. Ce chemin a commencé à quelque 4500 kilomètres d’Anfield, à Bambali, localité posée sur les rives du fleuve Casamance. Là-bas, dans des territoires où musulmans et chrétiens cohabitent, ce fils d’imam a dû sans cesse pousser sa famille à croire en ses rêves de footballeur. « Je suis né dans un village où il n’y a jamais eu de footballeur ayant participé aux grands championnats, expliquait-il au Bleacher Report. Quand j’étais petit, mes parents pensaient que je devais étudier pour devenir professeur.
Comment ne pas comprendre ces parents dubitatifs et aux moyens modestes : leur village est à plusieurs heures de Dakar, là où tout se passe, et difficile de s’imaginer que le petit Sadio, qui esquinte ses pieds nus dans la boue et la poussière pour taper dans la balle, puisse avoir un jour sa chance. Le football est alors vu comme une perte de temps par le clan familial, d’autant plus après la mort du paternel. Sadio a alors onze ans. « Ma mère me chassait à chaque fois qu’elle me voyait jouer au foot. Je devais quitter l’ombre de l’arbre à palabres* pour me retrouver en plein soleil, raconte-t-il à France Football, encore marqué par les coups qu’il pouvait recevoir. C’était dur pour moi, car je me sentais un peu seul. Je ne comprenais pas pourquoi on ne m’autorisait pas à vivre mon rêve. » Désinvolte et croyant dur comme fer à ce rêve, le garçon sèche les cours, tente d’éviter les récoltes de mil avec son oncle, jusqu’au jour où il décide de prendre son destin en main.
Adolescent, il prend son baluchon et met le cap sur Dakar, la capitale. « J’ai tout préparé minutieusement, en sachant que je n’avais pas du tout d’argent. La veille, j’ai caché dans les herbes hautes, devant la maison, mon sac de sport avec des affaires pour ne pas me faire surprendre en partant. Et tôt le lendemain matin, vers 6h, j’ai filé sans prévenir personne, sauf mon meilleur ami. » Ce dernier, sous pression, finira par vendre la mèche, la famille étant trop inquiète. Mais Sadio était déjà bien loin et cherchait déjà à intégrer les équipes de Dakar. Retour donc à la case départ, mais un deal est passé avec sa mère : ok pour jouer au foot, à condition de continuer ses études et de rester un bon musulman. S’il s’arrêtera à la classe de troisième, il ne manquera plus jamais une des cinq prières de la journée.
Et comme une récompense pour sa nouvelle bonne conduite et la prise de conscience que le travail finit toujours par payer, il se fait remarquer sur un terrain de M’bour. « Il y avait deux ou trois cents jeunes qui attendaient en file pour tenter leur chance. Ça partait mal pour moi, car quand je me suis présenté, on m’a un peu ri au nez, se rappelle-t-il, toujours pour France Football. Je ne ressemblais pas trop à un footballeur. J’avais une culotte qui ne ressemblait en rien à un short de foot, et mes chaussures de foot étaient toutes déchirées sur le côté et réparées comme j’avais pu avec du fil. [...] Comme je n’étais pas trop mal, j’ai été pris. C’était le début de mon aventure. »
Self-made Mané
C’est donc ainsi que Sadio Mané arrive dans le giron de Génération Foot, académie fondée par Mady Touré et liée au FC Metz. Comme Babacar Gueye, Papiss Cissé ou Diafra Sakho, il ne mettra pas longtemps à éblouir les responsables du club à la Croix de Lorraine.
« On nous signalait les bons joueurs, et Sadio avait un talent exceptionnel, se souvient Olivier Perrin, alors responsable du partenariat franco-sénégalais. Il pouvait prendre le ballon dans ses 18 mètres, éliminer tous ses adversaires pour amener le ballon jusque dans l’autre surface pour donner une passe décisive ou marquer. C’était fou. » Voilà son ticket pour l’Europe. Metz est alors en Ligue 2, mais c’est là-bas qu’il découvre à 18 ans le professionnalisme, non sans difficulté. « Il est arrivé en décembre et il faisait vraiment froid, témoigne Bouna Sarr, lui aussi considéré comme un des espoirs lorrains de l’époque. Le choc thermique pour quelqu’un qui vient du Sénégal, ce n’est pas facile. » Ses premiers mois, il les passe avec l’équipe réserve, mais voit son intégration interrompue par des pépins physiques, qu’il a un temps essayé de dissimuler. « Arrivé à Metz, il s’est blessé au début de l’hiver, une pubalgie, resitue Olivier Perrin. Ça a rendu sa progression un peu plus compliquée, mais cela reste quelque chose de positif, car il a tenu à revenir encore plus fort après ça. »
Logé à l’internat, quand il évite les réprimandes de Madame Brech, qui veille sur les pensionnaires « comme une maman » , le jeune Sadio s’impose du travail supplémentaire en allant courir seul, dès l’aube. « Quand je me réveillais tôt pour courir, je me cachais pour sortir discrètement, raconte-t-il à Onze Mondial. Je savais que si Madame Brech me voyait, elle allait me dire : "Retourne au lit." Moi, je ne voulais pas dormir, je voulais bosser encore plus. » Cette soif de réussite portera ses fruits. Joël Muller, directeur sportif de l’époque, se souvient très bien de ses premières impressions : « J’étais allé voir un match de la réserve où il n’était pas titulaire. J’étais surpris de voir ce garçon-là sur le banc. Je suis allé voir José Pinot (le coach de l’équipe B, N.D.L.R.), et les semaines suivantes, il a été intégré. Il lui a fallu 3-4 matchs pour que tout le monde soit convaincu. Ceux qui arrivent de Dakar, d’habitude, ils ont besoin d’une ou deux saisons pour s’adapter, mais Sadio, ça a été différent. Immédiatement, il a été un renfort important. »
Mais malgré sa demi-saison en Ligue 2 aux côtés de Kalidou Koulibaly et Andy Delort, le FC Metz est relégué en National pour la première fois de son histoire. « Je pense que cette expérience à Metz reste une expérience favorable, dans un contexte défavorable, assure le coach messin Dominique Bijotat, qui préfère voir le verre à moitié plein. Formé ailleurs, peut-être qu’il aurait dû attendre un petit peu plus longtemps pour s’exprimer au haut niveau. Il a aussi pu développer des qualités psychologiques qu’il n’aurait peut-être pas eues s’il n’avait jamais joué le maintien dans sa vie. »
Suivre la ligne rouge
Le 30 août 2012, Sadio Mané a alors vingt ans et vient de s’installer dans le bus devant amener les Grenats à Quevilly. Il n’arrivera jamais en Normandie. Évacué du bus en urgence par son agent, en raison d’un marché des transferts s’apprêtant à fermer ses portes, c’est en Autriche, au Red Bull Salzbourg, qu’il continuera sa carrière. Le FC Metz était obligé de vendre au vu de sa situation sportive et financière, et il a tapé dans l’œil de Gérard Houllier, alors chargé de chapeauter les projets footballistiques de la marque de boisson énergétique. Le chèque de 4 millions d’euros finira de ficeler l’affaire, même si Sadio Mané ignorait tout de sa destination. « Je ne savais même pas où c’était, j’ai dû faire des recherches, confie-t-il à Onze Mondial. Mon rêve était d’écrire l’histoire dans mon club formateur, Metz, avant de partir. Ça n’a malheureusement pas été le cas. Les dirigeants de Salzbourg me disaient que c’était nécessaire pour un jeune joueur comme moi de continuer ma progression chez eux. »
Une fois la brutalité du transfert digérée, Sadio Mané finit par comprendre ce que cette expérience peut lui apporter. « C’est à Salzbourg que j’ai appris le vrai football. Je n’ai jamais regretté mon choix. » C’est en Autriche qu’il prend alors toute sa dimension, sous l’impulsion de l’entraîneur Roger Schmidt, au point d’être proposé en 2014 à un certain Jürgen Klopp, alors patron de Dortmund. L’Allemand racontait au Guardian cet acte manqué : « Nous étions ensemble dans un bureau et je lui ai parlé. Après, je n’étais pas sûr, mais c’était vraiment de ma faute ! J’ai fait quelques erreurs dans ma vie, et l’une des plus grosses aura été de ne pas avoir emmené Mané à Dortmund. Heureusement, la vie m’a donné une seconde chance de travailler avec lui. » Cette collaboration se fera en 2016, du côté de Liverpool, après une première étape anglaise de deux saisons à Southampton. L’Angleterre était alors à en passe de réaliser à quel phénomène elle allait avoir affaire, le Sénégalais comprenant enfin le sens de tous ses sacrifices. Tant pis si sa mère refuse toujours de regarder ses matchs, Sadio est allé au bout de son rêve. Enfin, pas encore tout à fait au bout.
*En Afrique, c’est sous « l’arbre à palabres » que les habitants se réunissent pour échanger sur la vie du village.
Portrait initialement paru dans SO FOOT CLUB #56
par Amadou Tidiane Wone
SENTIMENTS ANTI-FRANÇAIS, DITES-VOUS ?
La colère est là. Mais, soyons clairs, elle n'est pas dirigée contre les français mais contre les lobbies économiques et politiques français qui, depuis des siècles, siphonnent l'Afrique et hypothèquent son avenir
Depuis quelques années on constate la montée en puissance progressive de la mobilisation de la jeunesse africaine, tant sur le Continent qu’à travers la diaspora noire du monde entier, sur des sujets stratégiques comme l’indépendance économique et monétaire, le panafricanisme ainsi que l'exigence de plus en plus pressante, d'un standard de gouvernance publique plus élevé. Les dirigeants de nos pays sont désormais soumis à une pression quotidienne par une génération d’hommes et de femmes, de plus en plus connectés au reste du monde, et qui n’admettent plus d’être traités comme des sujets, mais comme des acteurs de leurs propres destins. Cela est à la fois encourageant et prometteur pour l'avenir de l'Afrique, confinée dans la pauvreté et l'indigence depuis plusieurs siècles, mise en jachère plutôt, par les « puissances » du moment.
Et puisque l’actualité récente est marquée par la dénonciation de l'un des symboles les plus achevés, et le plus incompréhensible, de la relation de la France avec ses anciennes colonies, le franc CFA, certaines autorités politiques françaises se disent préoccupées par la montée « d'un sentiment antifrançais » dans les pays concernés. Et c'est d'ailleurs, quant au fond, pour tenter de désamorcer cette bombe que le Président Macron « a décidé de réformer » le franc CFA selon ses propres termes. La décision est sienne donc. Son projet à lui, c'est une réforme. Et non la rupture d’avec un ordre ancien que réclament les jeunesses africaines de mieux en mieux formées et informées. Les ingrédients d'un dialogue de sourds sont donc réunis au départ. Il va falloir faire un effort d’écoute et de dialogue pour transformer, en douceur, une relation de domination univoque et séculaire en un partenariat honorable entre pays libres et mutuellement consentants. Cela suppose du respect et de la considération. Les autorités politiques françaises ne nous ont pas habitués à cela depuis trop longtemps. Et cela devra changer. Impérativement.
Mais commençons par le commencement ! A partir du 16ème siècle, l'Europe entreprend une conquête de l'Afrique, pour la déposséder de ses ressources naturelles et humaines par la violence, sur fond de mépris culturel et de haine raciale. Pour faire court, les portugais d'abord suivis par les Espagnols, les Anglais et nos amis les Français se sont partagés un Continent pourtant habité par des gens civilisés, organisés et épanouis. Désarmés face à la puissance de tir adverse, le désordre et le chaos ont détruit des Empires , des royaumes, des villes et des villages. Des hommes vigoureux et des femmes à la fleur de l’âge ont été arrachés à leur terre et transplantés en Amérique pour travailler les terres dont les indiens ont été, eux aussi, dépossédés par les nouveaux arrivants…européens. Une autre histoire là encore…L’état actuel de l'Afrique et la perte du sens de son développement s'expliquent, essentiellement, par les traumatismes profonds consécutifs à une somme d’humiliations, de maltraitances et de trahisons internes, conséquence de la bonne et vieille recette « diviser pour régner » qui vient, encore une fois d’être mise en œuvre à l'occasion de la « réforme du CFA » version Macron. Nous y reviendrons.
Les chroniques d'Ibn Battuta du 14ème siècle sont élogieuses quant au niveau de sécurité et de Justice qui règne, à l’époque, dans l'Empire du Mali par exemple. D’où l’intérêt de piocher à toutes les sources d’Histoire pour se reconstruire . Des empires et des royaumes prospères ont été déstructurés. De nouvelles classes sociales naîtront à la faveur de la circulation de l'argent et des nouveaux biens importés. Les courtiers et les intermédiaires en commerce d’Esclaves, leurs descendants et complices vont reconfigurer les sociétés africaines. Ne nous étonnons pas de ce que nous sommes devenus six siècles après, et de l'image lamentable que nous renvoyons aujourd’hui à un monde qui nous doit tant pourtant…
La France et nous dans ce contexte. Nantes,
La Rochelle, Bordeaux, Le Havre, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rouen, Vannes tous ces ports français ont été ce qu'il est convenu d'appeler des industriels de la traite négrière au 18ème siècle. Des millions d'Africains noirs ont été déracinés de leur terre par la force et ont contribué, par leur sueur et par leur sang, à faire des centaines, pour ne pas dire des milliers de fortunes françaises. De qui et de quoi la France tient-elle sa puissance ? Quel bilan économique et financier a été fait de cette catastrophe humanitaire et économique, mais aussi sociale et environnementale ? Ne serait-ce que par respect pour la mémoire des millions de morts en cours de route et pour tous les affamés contemporains du Continent qui continuent à payer le tribut du passé.
Puis lorsque l'esclavage fût « aboli », la période coloniale s'ouvre au 19ème siècle, entre 1830 et le début de la première guerre mondiale. Les grandes puissances se partagent l'Afrique comme un gâteau à Berlin, et se lancent dans une compétition territoriale au mépris de l'Homme africain, de ses aspirations, de ses rêves. Sans parler des viols et des violences faites aux hommes et aux femmes et donc à leurs enfants… Et dire que l'on vient nous donner des leçons sur ces thématiques aujourd’hui ! La colonisation, en fait, prolonge les relations de maître à esclave sur le sol africain. Humiliation supplémentaire : travaux forcés, exploitation du sol et du sous-sol sans contrepartie, jouissance de tous les avantages des meilleurs espaces de vie du continent africain, tentatives vaines d’extermination de la race noire par des campagnes de vaccination suspectes et l’inoculation de maladies épidémiques à des populations non informées. La littérature est abondante sur tous ces points. Il suffit de se documenter.
Bien avant la première guerre mondiale, la France a levé des troupes en Afrique. Les fameux tirailleurs sénégalais qui n’étaient pas originaires que du Sénégal, cela dit. Ils ont servi de chair à canons sur tous champs de batailles de France et de Navarre. C’est en 1857 que Faidherbe, représentant de la France coloniale au Sénégal, face au déficit
d’effectifs provenant de la métropole à créé
le corps des Tirailleurs sénégalais. Dans un premier temps pour le maintien de l'ordre français dans les colonies. Puis pour aller combattre, au nom de la France et défendre son intégrité territoriale. Dans plusieurs localités françaises des cimetières entiers leurs sont réservés. J'ai eu l’occasion d’en visiter quelques-uns. Je me souviens avec émotion du Tata de Chasselay près de Lyon où les noms inscrits sur les pierres tombales me sont si familiers. Ceci pour dire à Monsieur Macron que le sang français versé sur le sol africain est un écho à tous les sacrifices consentis par les africains sur le sol français. Au demeurant, le massacre des tirailleurs au camp de Thiaroye au retour de la seconde guerre mondiale parce qu'ils réclamaient leurs salaires reste une plaie incandescente, douloureuse et profonde.
Surviennent la prise de conscience des africains, les luttes anticoloniales, les batailles épiques menées par les premières élites africaines formées à l’école française, précédées par tous les mouvements de résistance à la colonisation dont le souvenir inspire les leaders de l'Afrique nouvelle en gestation. Certains pays arrachent leur indépendance par les armes. Notamment les pays asiatiques à l'instar de l’Indochine devenue Vietnam. Nos pays de la Zone UEMOA se caractérisent par des
« indépendances » négociées et octroyées. Et c'est là que se situe le malaise entre les autorités postcoloniales de l'Afrique et la jeunesse née après les « indépendances » : aucune relation de soumission mentale n'existe entre nos populations actuelles ayant majoritairement moins de 30 ans et l'ancien colon. Le gain psychologique est inestimable. Si et seulement si nous avions des leaders à la hauteur des enjeux !
Ce cadrage rapide du contexte est important pour comprendre pourquoi la gestion, ou même la cogestion, de notre monnaie est devenue insupportable !
Monsieur Macron nous disant : « Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques sur la France. Je vois votre jeunesse qui nous reproche une relation qu'elle juge postcoloniale. Donc rompons les amarres ! »
Chiche ! auraient dû répondre en chœur les huit chefs d’États de l'UEMOA qui sont presque sommés de supplier la France de maintenir les liens de la servitude et instruits de mater les jeunesses africaines rebelles. Surréaliste !
Or, les observateurs africains et plusieurs milieux occidentaux s’accordent sur l’idée, selon laquelle, la « réforme » proposée par Emmanuel Macron ressemble à une manœuvre. Avec pour objectif de tuer dans l’œuf le projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO en permettant à la France de se maintenir dans le dispositif de l'Eco. « Diviser pour régner ! » une constante de la politique française en Afrique. A nos dirigeants de faire leur job. C’est-à-dire défendre les intérêts de l'Afrique !
Tout cela étant dit et pour parler de la nouvelle trouvaille des autorités politiques françaises qui considèrent que les africains sont émotifs et qu'il suffit de toucher leur sensibilité pour les faire fondre, parlons de cette notion de « sentiments antifrançais »
Avouons, tout de même, que le bref survol de notre histoire avec la France contient largement de quoi nourrir une colère ! Mais contre qui ? D'abord contre ceux qui nous gouvernent et se laissent manipuler au gré des intérêts de leurs tuteurs ! Une colère contre une relation asymétrique entre la France et nos pays. Une colère contre la balkanisation de notre sous-région, savamment dessinée à Berlin juxtaposant lusophones, anglophones, francophones et même arabophones, sur fond de tensions ethniques sourdes et savamment entretenues. Une colère contre le contrôle des leviers essentiels de nos économies par la France ainsi que le peu d’enthousiasme des banques françaises à financer le développement des projets innovants portés par les jeunes africains.
L’histoire du franc CFA institué à partir du 26 décembre 1945 sous le nom de « Franc des Colonies françaises d’Afrique » énonce tout un programme ! Nos pays étaient encore colonisés. En 1958 la dénomination s'adapte à la montée des revendications pour l’indépendance. Le franc CFA devient « Franc de la Communauté française d'Afrique »… puis et jusqu’à nos jours « Communauté financière d'Afrique ». On voit que le sigle CFA continue quant au fond à dire la même chose pour ses géniteurs. Le mécanisme reste le même. Seul l’emballage est maquillé ! De quoi nourrir de la colère ! Non ? Alors quand on entend Eco, cela nous semble une synthèse entre écu et euro et ça nous rappelle la méthode du changement d’emballage dénoncé plus haut…
Alors oui ! La colère est là. Mais, soyons clairs, elle n'est pas dirigée contre LES français mais contre les lobbies économiques et politiques français qui, depuis des siècles, siphonnent l'Afrique et hypothèquent son avenir. La colère est dirigée aussi contre tous les Zemmour de France, et apparentés, qui insultent nos intelligences et que nous suivons en direct par la magie de la globalisation. Contre les BHL et compagnie qui philosophent en répandant le sang en Lybie et commencent à rêver de la partition du Nigéria (voir son dernier reportage pour Paris-Match.)
Vous voulez savoir ce que nous voulons ? Eh ! Bien ! Tout simplement jouir pleinement des trois mots inscrits sur les frontons des édifices de France. Des mots dont la magie et la saveur nous font défaut depuis notre rencontre avec la France esclavagiste : LIBERTÉ- ÉGALITÉ- FRATERNITÉ.
LIBERTÉ de gérer nos pays et nos ressources, ÉGALITÉ, en droits, avec toutes les races de l’espèce humaine. Sans discrimination. FRATERNITÉ avec tous les hommes et femmes de bonne volonté pour construire un monde paisible, prospère et où il fait bon vivre. A ce prix là, rompons les amarres !
l’UNION EUROPÉENNE DURCIT LES CONDITIONS D’OBTENTION DU VISA SCHENGEN
Le visa Schengen est naturellement considéré comme difficile à obtenir. Ce qui n’empêche pas l’Union européenne (UE) de durcir encore les conditions d’obtention de l’un des sésames les plus célèbres au monde.
Le visa Schengen est naturellement considéré comme difficile à obtenir. Ce qui n’empêche pas l’Union européenne (UE) de durcir encore les conditions d’obtention de l’un des sésames les plus célèbres au monde.
Désormais, le demandeur du visa Schengen devrait se présenter deux semaines à l’avance. Il doit également payer plus de 50 000 FCFA pour les frais de traitement de son dossier. S’y ajoute que l’acceptation de la demande de visa reste suspendue à la coopération de son pays avec l’UE par rapporte aux rapatriements de ses migrants irréguliers.
Cette mesure est, sans surprise, appréciée négativement par les demandeurs de visas. Au centre de visas, sis à Ouakam, les demandeurs qui veulent voyager dans l’espace Schengen ont déploré ces nouvelles procédures.
" L’obtention de visas Schengen ne doit pas être conditionnée. Parce que, les Européens quand ils viennent en Afrique, ils n’ont aucun problème. Je ne trouve pas normal que nous, Africains, ayons beaucoup de difficultés pour obtenir le visa », a déclaré Dieynaba Lam. Ressortissant guinéen, Alpha Woury Ba est du même avais que Dieynaba Lam. ’’ Ces mesures ne sont pas bonnes. Elles empêchent les citoyens africains de circuler librement même si ils ont tous les documents nécessaires », a déploré M. Ba.
La forme révisée du code des visas suggère également que le rôle de la politique de l’UE en matière de visas devrait être renforcé en ce qui concerne la coopération avec les pays tiers.
A SANDAGA ET PETERSEN, LE MARCHÉ DE NOËL ATTEND ENCORE SES CLIENTS
Les difficultés financières régulièrement mises en avant ces dernières années par les ménages y sont peut-être pour quelque chose, les fêtes de Noël ne semblent plus susciter au Sénégal l’engouement qu’on en attend d’habitude, si l’on se fie à l’ambiance
Dakar, 24 déc (APS) - Les difficultés financières régulièrement mises en avant ces dernières années par les ménages y sont peut-être pour quelque chose, les fêtes de Noël ne semblent plus susciter au Sénégal l’engouement qu’on en attend d’habitude, si l’on se fie à l’ambiance caractérisant les marchés dakarois à quelques jours de la fin de l’année.
A Petersen comme au marché Sandaga, deux places marchandes parmi les plus réputées de la capitale sénégalaise, rien ou presque ne renvoie à la fièvre marchande qui caractérisait les fêtes de Noël il y a de cela quelques années.
Les commerçants avouent guetter à longueur de journée des clients qui ne viennent pas encore, d’où la faible affluence dans les échoppes proposant des cadeaux et jouets pour enfants par exemple, a constaté un reporter de l’APS.
De nombreux commerçants interrogés sur l’état de leurs affaires se plaignent de la rareté des clients et de leurs faibles taux de vente.
"Cette année est très différente des précédentes, car on constate que les clients se raréfient de plus en plus", explique Moustapha Dieng, établi au marché de Petersen.
M. Dieng estime que cette situation se justifie par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, constatée selon lui ces dernières années.
"Ce n’est pas évident et on s’en sort à peine mais on espère que les clients vont venir avant la Saint Sylvestre", c’est-à-dire le 31 décembre, ajoute-t-il, l’air de s’accrocher à un dernier espoir.
Abou, un commerçant d’origine libanaise qui tient une boutique au marché Sandaga, a la même analyse de la situation.
"Cette année, rien ne marche pour l’instant", dit ce commerçant spécialisé dans la vente de vélos et autres accessoires pour enfants. Il y a quelques années, en de pareilles périodes, les choses "marchaient très bien mais maintenant, on peut rester toute la journée sans vendre un article", indique-t-il.
Le plus décourageant selon lui est que certains revendeurs passent commande avant de décommander à la dernière minute, au motif que les prix appliqués ne sont pas à leur portée.
Certains, comme Tidiane Diallo, établi au marché Petersen, semble tirer leur épingle du jeu. "Je ne me plains pas, je m’en sors très bien", affirme ce commerçant.