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27 juillet 2025
PAR Ndongo Samba Sylla
DU FRANC CFA À L’ECO CFA : CHANGER LES SYMBOLES, MAINTENIR LE SYSTÈME ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Si la France voulait « rompre les amarres », elle aurait pu abolir l’accord de coopération monétaire qui la lie aux pays de l’UEMOA - Macron et Ouattara n’étaient pas les personnes les plus indiquées pour annoncer "la fin du franc CFA"
Après avoir soutenu à Ouagadougou en novembre 2017 que le franc CFA était une « monnaie africaine » et donc un « non-sujet » pour la France, le président Emmanuel Macron est récemment revenu à la réalité sous la pression de mouvements panafricanistes soucieux de voir l’Afrique francophone couper les liens coloniaux avec l’ancienne métropole. Macron a décidé souverainement d’apporter des réformes à la dernière monnaie coloniale qui circule encore sur le continent africain. « C’est en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme », a-t-il déclaré à Abidjan, le 21 décembre 2019, avec à ses côtés le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.
Premièrement, le nom franc CFA, qui porte l’empreinte de ses origines coloniales (« franc des colonies françaises d’Afrique »), va être rebaptisé « ECO », apparemment dès juillet 2020 pour les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Deuxièmement, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) n’aura plus l’obligation de déposer auprès du Trésor français la moitié de ses réserves de change. Troisièmement, le gouvernement français ne sera plus représenté dans les instances de la BCEAO. Telles sont les annonces du duo Macron-Ouattara.
Des réformes symboliques de nature populiste
Au cours des décennies passées, la logique des réformes du franc CFA a toujours été de rendre moins visible la tutelle monétaire française. Au début des années 1970, la France, acculée par une forte demande de décolonisation monétaire, acceptait le transfert à Dakar et à Yaoundé des sièges des banques centrales et l’africanisation de leur personnel. Malgré cette « africanisation » des institutions de la zone franc, elle gardait le contrôle du système puisque ses représentants disposaient d’un droit de veto statutaire dans les instances de la BCEAO et de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) et qu’elle contrôlait au moins 65% des réserves de change de ces dernières, lesquelles étaient déposées sur un compte spécial ouvert dans les livres du Trésor français, le compte d’opérations.
Dans les années 2000, le taux de dépôt obligatoire des réserves extérieures a été abaissé à 50 %. Les banques centrales de la zone franc sont devenues statutairement indépendantes vis-à-vis de leurs États membres. Mais elles restent sous le contrôle du Trésor français, dont la réduction du nombre de représentants a été « rééquilibrée » par le verrouillage de leurs statuts. Jusqu’à présent, aucune décision de nature statutaire ne peut être prise par la BCEAO et la BEAC sans le consentement du gouvernement français.
Les réformes annoncées par Macron ne dérogent pas à cette logique historique. La fermeture du compte d’opérations et le retrait du gouvernement français des instances de la BCEAO reviennent à passer d’un système de contrôle direct à une forme de contrôle indirect. La politique monétaire et de change en tant que telle n’est pas affectée par ces évolutions. Du moment que la parité fixe avec l’euro est maintenue, les réserves de change, quels que soient la forme ou le lieu où elles sont détenues, serviront d’abord et avant tout à la défense de cette parité. Ces réformes ne rendent donc pas la BCEAO plus autonome : elle demeure une annexe de la Banque de France, rivée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne.
Soulignons que l’absence d’obligation de dépôt des réserves de change au Trésor français n’implique pas nécessairement une rupture des relations financières entre ce dernier et la BCEAO. Dans le cas de la BEAC, la quotité non-obligatoire des réserves de change a souvent été investie dans des obligations du Trésor français.
Si la France voulait vraiment « rompre les amarres », selon les mots de Macron, et mettre fin au franc CFA, elle aurait pu simplement abolir l’accord de coopération monétaire qui la lie aux pays de l’UEMOA. Mais elle a choisi de le renouveler et de maintenir son rôle de « garant ». Ce qui implique qu’elle reste de facto souveraine sur la gestion du franc CFA renommé ECO. Il s’ensuit également que les pays de l’UEMOA demeurent toujours sous la tutelle indirecte des autorités de l’Eurozone étant donné qu’elles encadrent la « garantie » de convertibilité supposément apportée par la France.
Que signifie cette « garantie » ? La France promet de jouer le rôle du Fonds monétaire international (FMI) auprès des pays qui utilisent le franc CFA en leur fournissant des liquidités en cas de problèmes de paiements extérieurs. Plus précisément, à chaque fois que la BCEAO se trouve dans une situation de zéro réserve de change, le Trésor français s’engage à lui prêter les montants souhaités en monnaie française (autrefois le franc français, aujourd’hui l’euro).
Or, le fonctionnement de la BCEAO (et de la BEAC) est paramétré pour que cette situation arrive le plus rarement possible, voire jamais. Dès que ses réserves de change atteignent un niveau critique, elle prend des mesures restrictives – limiter les possibilités de financement des économies de la zone – pour reconstituer ses avoirs extérieurs. Grâce à ce mode de gestion la garantie a été rarement activée pour les pays de l’UEMOA entre 1960 et aujourd’hui. La France a honoré sa promesse de « garantie » uniquement pendant la période 1980-1993. Elle l’avait fait pour permettre aux entreprises françaises, qui anticipaient une dévaluation du franc CFA, de rapatrier leurs capitaux et leurs revenus. Selon la BCEAO, la « garantie » française portait à cette époque sur un montant annuel de 32 milliards de francs CFA, un chiffre relativement dérisoire comparé à une fuite de capitaux estimée dans la zone franc à 750 milliards de FCFA pour les seules années 1988-1989. Doit-on s’étonner de voir qu’il est systématiquement inscrit le montant « zéro » dans la loi de finances française au titre de la « garantie » de convertibilité ? Dans un document publié en 2018, intitulé « Gestion des réserves internationales de la CEMAC », le FMI notait qu’il « existe des incertitudes quant à la capacité du Trésor français, qui lui-même doit respecter les règles plus larges de la zone euro, à offrir ce type de garantie à grande échelle pour une période indéfinie. » Dans ces conditions, comment la France, qui ne parvient pas à respecter ses engagements budgétaires au niveau européen, pourrait-elle se porter « garante » ? Quand les pays africains ont des difficultés économiques, comme c’est actuellement le cas dans la zone CEMAC, c’est le FMI qui est appelé à la rescousse par Paris pour imposer des politiques d’austérité, lesquelles produisent toujours et partout les mêmes résultats : misère et désolation.
Quand le ministre français des Finances, Bruno le Maire prétend que la « garantie » française permet aux pays de l’UEMOA d’avoir la certitude de pouvoir toujours financer leurs importations, il montre nolens volens son manque de considération pour l’intelligence collective des peuples et des économistes africains. Le désir de maintenir un lien formel sur le plan monétaire – et donc de garantir les intérêts économiques français – pouvait se passer d’une justification aussi paternaliste que malhonnête.
Pourquoi 14 pays rassemblant une population de plus de 160 millions auraient-ils besoin de la France pour leurs paiements extérieurs là où un petit pays comme la Gambie bat sa propre monnaie nationale sans solliciter la « garantie » d’aucune puissance extérieure ? Le concept de « garantie » de convertibilité employé par les officiels français et les partisans de la relique coloniale est d’autant plus absurde que nous vivons depuis les années 1970 une ère post-Etalon or, où la monnaie émise par les États est de nature essentiellement fiduciaire. Visiblement, la France et les thuriféraires du franc CFA ont toujours du mal à sortir du paradigme monétaire du 19e siècle, le siècle colonial par excellence !
Court-circuiter la CEDEAO
Les réformes envisagées par Macron s’attaquent seulement à certains aspects visibles de la colonialité du franc CFA devenus particulièrement embarrassants pour la France. Elles ne constituent pas une base crédible pour parler de la fin du franc CFA. Tant qu’il existera un lien formel de subordination monétaire, tant que le franc CFA/ECO sera arrimé fixement à l’euro et tant que la Banque de France continuera de détenir 90 % du stock d’or monétaire de la BCEAO, le colonialisme monétaire aura encore de beaux jours devant lui.
Ce serait cependant faire une erreur d’analyse que de croire que les motivations du président Macron sont exclusivement populistes. Ses réformes ont également pour objectif de court-circuiter le projet d’intégration monétaire tel qu’il a été conçu jusque-là dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les 15 pays de la CEDEAO, y compris les huit qui utilisent le franc CFA, avaient choisi le nom ECO pour leur future monnaie unique et s’étaient mis d’accord pour l’adosser à un panier de devises. Avant de pouvoir adopter l’ECO, ils étaient chacun tenus de remplir un certain nombre de critères d’entrée (les « critères de convergence »). Or, d’après une déclaration récente de Zainab Ahmed, la ministre nigériane des Finances, aucun pays de la CEDEAO n’était qualifiable pour l’ECO en 2020, à l’exception du Togo, un pays qui à l’évidence n’a pas la taille suffisante pour porter seul ce projet.
Au moment même où Macron, en présence de Ouattara, annonçait ses réformes, les chefs d’État de la CEDEAO étaient en train de clore une réunion à Abuja, où ils étaient censés se prononcer sur l’avenir du projet de monnaie unique régionale. Le communiqué final de la CEDEAO a dû se résoudre à accepter le fait accompli : « Cette réforme de la zone monétaire de l’UMOA facilitera son intégration dans la future zone monétaire de la CEDEAO (ECO) », peut-on lire.
En s’appropriant indûment le nom ECO sans remplir les critères d’entrée de la zone éponyme, Macron et les pays de l’UEMOA, avec Ouattara à leur tête, signifient clairement qu’ils se moquent de l’intégration monétaire telle qu’elle était envisagée dans le cadre de la CEDEAO. Á Abidjan, Macron a appelé nommément quasiment tous les pays ouest-africains n’utilisant pas le franc CFA à rejoindre l’UEMOA, à l’exception du Nigéria et du Ghana. Le message est clair : il s’agit d’isoler le géant nigérian voire le Ghana. Ce projet n’est pas nouveau. On le trouve dans un rapport sur la zone franc de l’ex-ministre français Dominique Strauss-Kahn, publié en 2018. Dans les années 1970, la Côte d’Ivoire et le Sénégal s’étaient déjà alliés à la France pour faire capoter un projet de réforme monétaire porté par le président du Niger, Hamani Diori, et qui devait renforcer la coopération monétaire entre les pays de l’Afrique de l’Ouest. Près de cinquante ans plus tard, rien n’a visiblement changé.
Soulignons au passage que le travail de sabotage de la Côte d’Ivoire ne se limite pas au domaine monétaire. En ratifiant, en 2016, un accord de libre-échange intérimaire avec l’Union européenne alors que la CEDEAO évolue déjà dans le cadre d’une union douanière, elle a mis également en péril l’intégration commerciale régionale.
Le « kidnapping » de l’ECO par la France et les pays de l’UEMOA a au moins un « mérite » : celui d’avoir mis fin à l’ajournement récurrent du lancement de la monnaie unique de la CEDEAO. La passivité des chefs d’État de la CEDEAO face à ce détournement d’objectif est sans doute une conséquence logique au fait qu’ils n’ont jamais pris la peine d’associer leurs peuples à la discussion sur l’ECO et de leur tenir un discours de vérité. Ils ont toujours prétendu que l’ECO – une copie grossière de l’Euro qui pose des problèmes similaires au franc CFA en tant que monnaie unique – était faisable et qu’ils déployaient les meilleurs efforts du monde pour son lancement, alors qu’ils devaient savoir que la méthodologie des critères de convergence, importée de l’Union européenne, était la meilleure manière de perpétuer l’immobilisme monétaire. Macron et Ouattara, ayant compris l’impasse de l’ECO version CEDEAO, ont profité de la situation. Et, même si cela est triste pour les supporters de l’ECO version CEDEAO, le couple franco-ivoirien a en partie rendu service aux chefs d’État de la CEDEAO qui devaient logiquement annoncer un nouveau report du lancement de l’ECO. Au moins, certains pourront avoir l’illusion/l’espoir que les choses « avancent » dans la bonne direction, pour une fois.
Dans la mesure où les pays de l’UEMOA ont adopté l’ECO sans satisfaire les critères d’entrée requis, quel sens y aura-t-il à exiger des sept autres pays de la CEDEAO qu’ils les respectent afin de faire partie de la zone monétaire ECO ? Difficile d’envisager présentement comment le projet de monnaie unique CEDEAO pourra se relever de ce coup de massue. Au revoir le franc CFA, vive l’ECO CFA ! Sans doute qu’une telle prouesse incitera le gouvernement français à considérer avec bienveillance d’éventuelles ambitions de troisième mandat de certains actuels dirigeants des pays de l’UEMOA.
La lutte continue
Les réformes de Macron n’apporteront aucun changement significatif à la conduite de la politique économique et à la situation matérielle des populations. Il est cependant ironique que des réformes à la portée essentiellement symbolique aient échoué justement sur le plan des symboles. Car Macron et Ouattara n’étaient pas les personnes les plus indiquées pour annoncer « la fin du franc CFA ». L’annonce aurait eu plus de crédibilité si elle était venue, par exemple, des chefs d’État de la CEDEAO et, éventuellement, si elle avait eu l’onction des peuples. Voir le président de l’ancienne métropole coloniale « décider » de la fin d’une relique coloniale lors d’une revue des troupes françaises stationnées en Côte d’Ivoire n’est pas la manière la plus convaincante de décréter une nouvelle mort de la résiliente « Françafrique ».
Ceci étant dit, les nombreux mouvements panafricanistes, intellectuels, économistes, citoyens ordinaires qui se battent pour une seconde indépendance de l’Afrique peuvent savourer une petite victoire. Ces réformes symboliques sont des concessions qu’il faut apprécier à leur juste mesure. La forteresse CFA commence à vaciller. Une bataille vient d’être gagnée. D’autres devront être menées.
Sur le plan économique et monétaire, il faudra viser à doter le continent de monnaies souveraines qui garantissent son indépendance financière. Au-delà de la nécessité de récupérer leur souveraineté monétaire formelle vis-à-vis du gouvernement français et du FMI, les pays africains devront également procéder à des réformes en profondeur du secteur bancaire et financier, lequel conserve son fonctionnement colonial malgré le recul des banques françaises. Ils devront mettre en place des banques centrales « agents de développement », avec lesquelles ils travailleront étroitement pour faciliter le financement des économies, les projets d’industrialisation, la création d’emplois et la transformation écologique. Ils devront essayer d’éviter de s’endetter en monnaie étrangère en misant au maximum sur la mobilisation des ressources domestiques. Ce qui suppose de rompre avec l’attitude qui consiste à organiser toute la politique économique autour de la nécessité d’attirer des « financements extérieurs ». Bien entendu, tout ceci ne sera possible sans une mobilisation permanente des peuples pour exiger des « représentants »/« élus » qu’ils garantissent un cadre politique plus égalitaire.
Nous aurions tort de nous arrêter aux symboles et à la seule réforme monétaire.
Ndongo Samba Sylla a coécrit un livre sur le franc CFA avec Fanny Pigeaud : L’Arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, La Découverte, 2018.
NOUS AIDONS DANS LA DISCRÉTION POUR PRÉSERVER LA DIGNITÉ DE NOS BÉNÉFICIAIRES
L'Association d' entraide dans la dignité et de solidarité dénommée "Soutoura" a célébré hier la 5ième édition du déjeuner gala en vue de lever des fonds et autres soutiens
L'Association d' entraide dans la dignité et de solidarité dénommée "Soutoura" a célébré hier la 5ième édition du déjeuner gala en vue de lever des fonds et autres soutiens. En effet l'action de solidarité et d'entraide qui a démarré il y a quelques années par des cotisations de ses membres pour venir en aide aux personnes souffrant de cancer et autres pathologies a réussi à faire adhérer à sa cause des institutions financières, des services et de bonnes volontés. Ces derniers n'ont pas été insensibles aux œuvres sociales de "Soutoura" car au delà des millions octroyés, une maison a été mise à la disposition des malades démunis et un terrain offert à ladite structure pour accueillir les malades habitant loin des structures sanitaires.
Radisson Blue a refusé du monde ce week-end avec notamment la présence hautement remarquable et appréciée de la marraine l'ancienne ministre de la Santé Eva Marie Colle Seck, et de Aly Ngouille Ndiaye, le Ministre de l'Intérieur.
"Soutoura" comme son nom l'indique vient au chevet des malades du cancer et autres pathologies dans une discrétion absolue. Elle est aussi présente dans trois autres pays à savoir la France, les États-Unis, et Canada. D'ailleurs les dernières levées de fonds ont été organisée à Paris, à Washington DC et à New York.
Dans le document il est précisé que "Soutoura" est une organisation caritative qui apporte secours et soutien moral et assistance financière aux malades démunies et aux enfants au Sénégal. "Nous aidons dans la discrétion pour préserver la dignité de nos bénéficiaires", lit-on dans le texte.
COLONISATION FRANÇAISE : "CE QUI A DOMINÉ DEPUIS 60 ANS, C'EST L'AMNÉSIE"
En qualifiant de "faute de la République" la colonisation française, Emmanuel Macron porte le premier coup au "tabou absolu" du pays des droits de l'Homme. Entretien avec Pascal Blanchard, historien et spécialiste du "fait colonial"
TV5 Monde |
Séraphine Charpentier |
Publication 23/12/2019
En 60 ans, jamais aucun président français n'avait osé aller jusque là. Samedi 21 décembre 2019 à Abidjan, Emmanuel Macron l'a fait. En qualifiant de "faute de la République" la colonisation française, il porte le premier coup au "tabou absolu" du pays des droits de l'Homme. Entretien avec Pascal Blanchard, historien et spécialiste du "fait colonial".
Dans certains pays d'Afrique, un sentiment "anti-français" s'exprime, dénonçant l'ingérence de l'hexagone dans les politiques intérieures de ses ex-colonies, notamment en terme de lutte contre le terrorisme.
C'est dans ce contexte que le chef d'État français a entamé sa tournée en Côte d'Ivoire et au Niger. Il n'a pas hésité à mettre les mots sur la période sombre de l'Histoire de son pays. Dans son discours du 21 décembre à Abidjan, Emmanuel Macron a ainsi qualifié la colonisation française de "faute de la République". Une histoire, que la France n'a pas osé regarder en face depuis plusieurs décennies.
Entretien avec Pascal Blanchard, historien, spécialiste du "fait colonial" et auteur de "La République coloniale" et de l'ouvrage à paraître le 14 janvier 2019, "Décolonisations françaises. La chute d'un Empire".
TV5MONDE : Quel a été le mécanisme psychologique de la France depuis la fin de la colonisation ?
Pascal Blanchard : Ce qui a dominé depuis 60 ans, c’est l’amnésie. C’est le sentiment de ne pas trancher, de ne pas regarder. La colonisation est le dernier grand sujet de notre Histoire contemporaine qui fait encore débat en France. Le meilleur exemple pour l’illustrer, ce sont les musées. Il y en a pour tous les sujets, sauf un : l’Histoire coloniale. En plusieurs décennies, nous n’avons même pas réussi à construire un récit commun à partager. Ça reste un des grands tabous de l’Histoire.
En quoi Emmanuel Macron est-il été radicalement différent de ses prédécesseurs sur la question coloniale ?
Tous les chefs d’Etats français ayant précédé Emmanuel Macron n’ont jamais tranché sur cette question. Même pour la gauche, ce fut un tabou absolu. On pense à François Mitterrand, qui fut ministre des Colonies en 1950-1951 avant d’être ministre de l’Intérieur, puis de la Justice pendant la guerre d’Algérie. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n’ont pas bougé. François Hollande a tourné autour du pot sans jamais vraiment prendre de grande décision.
À aucun moment ils n'ont affirmé très clairement que c’était une page sombre de notre Histoire, avec la même dynamique qu’Emmanuel Macron. C’est une grande nouveauté de dire que la « République » a été responsable de ce qu'il a qualifié, en 2017, de « crime contre l’humanité ». La décision d'un tel discours n’est pas mince. Le président sait qu'il va se heurter à la droite ou à l’extrême droite, à une opposition extrêmement vive des nostalgiques de ce passé. C’est donc une décision qui est mûrie, ce n’est pas juste un discours secondaire. Et il fallait passer par là pour commencer à construire une mémoire et une histoire partagées. La France est enfin prête à regarder son passé en face.
Pourquoi cette prise de conscience vient-elle seulement maintenant ?
Cette prise de conscience vient maintenant, tout simplement parce qu’Emmanuel Macron est né après les indépendances. Il l'a dit dans son discours : "Je n'appartiens pas à une génération qui a connu le colonialisme. Beaucoup des jeunes qui me le reprochent ne l'ont pas connu davantage", dit-il.
Pour lui, il est temps de changer la manière d’appréhender ce passé. Et c’est un changement fondamental dans notre manière de penser notre Histoire, nos relations avec l’Afrique, avec les diasporas africaines mais aussi antillaises, moyen-orientales et asiatiques qui vivent en France.
Pourquoi est-il toujours si difficile pour la France de reconnaître la colonisation et ses ravages ? Quel est le vrai tabou ?
Le tabou, c’est la République. Comment la République, pays des droits de l’Homme, pays de l’égalité républicaine, a pu mettre en place un système d'inégalité raciale, de domination sur les hommes, au nom de la couleur de leur peau ? C’est simple, la colonisation est une contradiction absolue avec les valeurs de la République française, avec les valeurs de la révolution française, avec les principes d’égalité et je dirais même de liberté, de solidarité et de fraternité, qui fondent les principes de la République.
L’histoire coloniale est le dernier grand tabou, puisqu’il est en antinomie avec ce qu’est la substance même de la France. Comment expliquer à quelqu’un que la France, pays des droits de l’Homme, a mis en place un système qui justement était l’antithèse des droits de l’Homme ?
La violence des conquêtes coloniales et l’Histoire des décolonisations expliquent aussi qu'il est si dur de reconnaître le mal perpétré ...
Oui. De 1943 jusqu’aux années 67-68, ce sont 25 années de violence, une jeunesse sacrifiée et dans tous ces pays, une violence absolue pour s’opposer aux indépendances. Ces histoires-là marquent notre récit avec une autre ambiguïté absolue, celle des rapatriés.
Enfin, au cœur de tous ces traumatismes de la société française, il y a un dernier paradoxe. Ceux qui hier avaient eu des grands-parents colonisés ont migré et sont venus dans le pays qui avait colonisé par le passé le pays de leurs parents ou de leurs arrières grands-parents. Quand vous mettez tout ça bout à bout, vous avez affaire à un des sujets majeurs et des plus sensibles, qui traverse aujourd’hui en terme identitaire, mémoriel, historique mais aussi en terme de relation diplomatique, la société française du XXIe siècle.
Pourquoi "reconnaître" l'Histoire coloniale et ne pas s'en excuser ?
Emmanuel Macron a reconnu. Il ne s’est pas excusé et ce n’est, en effet, pas la même chose. Ma logique sur la question est la suivante : ce n'est pas un petit blanc n'ayant pas connu la colonisation, qui est responsable de ce qu'il s'est passé en colonie. Par contre, je pense que ce qu'il faut faire pour que la société et la République aillent mieux, c'est pacifier, écouter les mémoires de tous et comprendre le fait qu’il reste quelques vieux reliquats dans la tête de certains blancs dans ce pays.
Quelle est la relation qui unit la France à l'Afrique aujourd'hui ?
Par rapport à ses relations anciennes, la France a réussi un tour de force : celui de ne pas être un pays qui serve de balise à l'Afrique, à travers un certain nombre de questions. La France n’a même pas été intelligente dans l’héritage de ce passé, tout simplement parce qu’elle n’a pas été capable de le digérer. Pourtant, nous sommes tous lucides sur ce qu’a fait l’Amérique avec les noirs, par exemple.
Il va être temps d'ouvrir les yeux, parce que les jeunes d’aujourd’hui ont bien compris ce qu’était cette Histoire, des deux côtés de la barrière. Ils sont beaucoup moins dans l’ambigüité que leurs aînés. Ceux qui ont été les petits-enfants des colonisés, savent très bien ce qu’ont vécu leurs grands-pères et leurs grands-mères.
Si la République ne regarde pas cela en face, nous allons nous heurter à une vraie violence identitaire. Tant que la société française est incapable d’accepter ce qu’elle a fait, elle continuera d'avoir un regard colonial, d'une certaine manière. C’est dévastateur pour notre société, pour nos relations avec les pays africains - et pas seulement africains, les Antilles, la Guadeloupe, la Martinique, la Nouvelle-Calédonie - et c’est dévastateur sur notre capacité de savoir que la République est capable de dépasser ces questions, pour arriver à se rebâtir sur autre chose.
Notre gestion de l'Histoire est-elle responsable de la violence présente chez certaines jeunes générations ?
On a voulu fuir cette histoire, on a voulu l’enterrer et on a cru qu’en l’enterrant ça se passerait bien. Et bien pas du tout. Cela a créé chez la jeune génération encore plus de violence que leurs parents où leurs grands-parents qui sont venus vivre en France. Il faut rendre hommage et faire Histoire, c’est-à-dire transmettre aux jeunes générations, au-delà des mythes et des manipulations. Sinon, d’autres vont s’emparer de ces questions, à tous les extrêmes. Notamment le Rassemblement National qui rejoue, à chaque génération, la guerre contre les noirs et les arabes. Il y a une vraie dimension politique derrière cela et le Rassemblement National joue sur ces questions-là depuis 45 ans. Nous savons les fractures que ça fabrique.
De l’autre côté, vous avez des jeunes racisés dans les quartiers populaires, qui adoptent un discours extrêmement violent parce qu’ils pensent que les blancs ne seront jamais capables de regarder en face cette Histoire. Nous devons être très vigilants car il y a un vrai danger identitariste dans le présent. La question coloniale permet, d’un côté aux ultra-racisés et de l’autre, au Rassemblement National, de nous faire une vraie guerre identitaire.
Les jeunes de France seront-ils ceux qui apporteront le changement ?
Cette jeune génération qui vit aujourd’hui en France a fait des études et elle est très lucide. Elle souhaite être le bras mémoriel de ce que leurs grands-parents et leurs parents ont pu connaître, en remettant l’Histoire à l’endroit.
De l’autre côté, les enfants de France sur dix, quinze, vingt générations se demandent comment leurs aînés ont pu faire ça, comment ceux qui se prétendent républicains ont pu accepter ça. Eux aussi ont appris à l’école, eux aussi ont regardé des films. Ils ont vu "Indigènes", des documentaires, ils se sont informés sur les réseaux sociaux, ils ont des amis de ces ex-territoires coloniaux.
Nous vivons aujourd'hui dans une société métisse. Nous devenons donc sensibles à l’histoire de l’autre, qui jusqu’alors n’était portée que par ceux qui avaient subi les affres de l’Histoire.
Au bout de combien de générations un peuple peut-il guérir d'un tel traumatisme ?
Un peuple peut guérir en quatre générations si nous faisons ce qu’il faut. La première génération subit, la deuxième se tait, la troisième est acteur de son histoire et de la mémoire. Mais si, par exemple, le discours d’Emmanuel Macron ne restait qu’un discours, alors il n'y aurait pas de vraie guérison possible. Nous avons affaire à des transferts générationnels. Si vous prenez l’Allemagne, la troisième génération est celle qui a fait le plus gros travail sur l’Histoire de la Shoah et du nazisme. Et elle ne l’a pas connu pourtant.
Que reste-t-il à faire à Emmanuel Macron et à la France ?
C’est d’abord un problème franco-français. Je considère que les Africains ont beaucoup mieux digéré cette histoire qu’on ne l’imagine. La France l'a fait sur la période de Vichy et sur la Seconde Guerre mondiale, on est donc tout à fait capable de le faire ici.
Nous avons réussi à faire un manuel scolaire franco-allemand. Il est temps d’écrire un manuel scolaire entre les pays africains et les pays européens, qui serait capable d’écrire les cinq derniers siècles en commun.
Il faut aussi des politiques publiques, savoir enseigner cette histoire à l’école. Il faut créer des grands musées qui parlent de cette question, il faut l’aborder avec des grands documentaires. Il y a aussi eu, dans l'Histoire de la République, des gens qui se sont opposés à la colonisation. Il est temps de raconter tout cela.
Nous avons cette aptitude à pouvoir remettre l’Histoire à l’endroit, à rendre hommage à ceux qui ont pu subir à l’époque les discriminations, la violence coloniale et la douleur d’être dominés. Emmanuel Macron est dans un mouvement du temps. Les choses changent, parce que la dernière génération n’a pas vécu ces événements. Et qu’elle veut comprendre.
SORO EMPÊCHÉ D'ATTERRIR À ABIDJAN
L'ex-chef de la rébellion ivoirienne qui vient de passer six mois à l'étranger, n'a pas pu atterrir en Côte d'Ivoire, comme prévu, ce 23 décembre - L'ancien allié de Ouattara devenu son opposant est présentement au Ghana
L'ex-chef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro, qui vient de passer six mois à l'étranger, n'a pas pu atterrir en Côte d'Ivoire, comme prévu, selon notre correspondant à Abidjan. Guillaume Soro vient d’atterrir au Ghana à Accra, confirme son porte-parole Alain Lobognon en conférence de presse.
Il avait décalé d'un jour son retour en Côte d'Ivoire où il devait arriver le 23 décembre, en raison de la visite du président français Emmanuel Macron dans le pays.
"Le comité d'organisation a décidé du report du retour de M. Soro du 22 au 23 décembre (....) La préfecture de police a relevé la focalisation et la mobilisation des services officiels de l'Etat sur cette visite officielle du chef de l'Etat français" du 20 au 22, selon un communiqué remis à l'AFP par le député Alain Lobognon, membre du parti de Soro, Générations et peuples solidaires (GPS) et proche de Soro.
Agé de 47 ans, M. Soro, qui a annoncé depuis l'Europe sa candidature à la présidentielle de 2020, devrait lancer sa campagne en Côte d'Ivoire.
Ancien Premier ministre (2007-2012) et ancien président de l'Assemblée nationale (2012-2019), il a rompu les ponts en début d'année avec le président Alassane Ouattara et la coalition au pouvoir, Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Le président Ouattara, 77 ans, a plusieurs fois déclaré qu'une nouvelle génération politique devait assumer le pouvoir en Côte d'Ivoire, mais il n'a pas exclu de se représenter lui-même en 2020, pour un troisième mandat, si ses rivaux historiques les ex-présidents Henri Konan Bédié, 85 ans, et Laurent Gbagbo, 74 ans, se représentent.
Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts, la prochaine présidentielle de 2020 s'annonce tendue en Côte d'Ivoire. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.
par Ousseynou Nar Gueye
UNE DÉVALUATION DU FCFA INÉLUCTABLE D’ICI JUILLET 2020
Cette vraie-fausse proclamation de souveraineté retrouvée est une victoire à la Pyrrhus et une défaite stratégique en marche pour l’Uemoa - Un remplacement imminent de monnaie ne s'annonce pas, il doit se constater au réveil par les populations
Les mâles sénégalais (surtout musulmans ; les chrétiens du pays étant moins enclins à la polygamie) le savent : dans ce marché matrimonial très concurrentiel qu’est celui du pays de la Teranga : le meilleur moyen de ne pas arriver à épouser une niarèle (seconde femme) est d’en informer au préalable la awo (première femme). Il faut l’annoncer à cette dernière une fois que l’hymen est noué et même consommé. Et mieux encore, le lui faire annoncer au lieu de le faire soi-même, après que la cola des deuxièmes noces ait été croqué par les convives. Ou alors, le futur polygame que vous êtes, arrivera à son deuxième mariage dans un état d’éclopé.
Il est va de même de la monnaie. Et le franc CFCA n’y échappera pas. On n’annonce pas la fin prochaine d’une monnaie et un changement aussi important que celui d’une banque centrale, sans risques gros d’intempéries économiques et financières.
Ouattara aurait dû le savoir, quand le samedi 21 décembre, aux côtés d’Emmanuel Macron (première faute de goût que cette pose à deux devant les micros), il a annoncé l’indépendance monétaire bientôt retrouvée des pays de l’UEMOA, sous le regard du président français : selon Ouattara donc, ADO (« A-dos-solutions ? »), le franc CFA disparaîtra en juillet 2020, pour être remplacé par l’Eco, la nouvelle monnaie ouest-africaine.
Nouvelle monnaie de la Cedeao ou de l’Uemoa ? Rien n’est sûr, car on ne sait si le Ghana et le Nigéria intégreront l'Eco dès sa création. Nouvelle Banque centrale à Abidjan ou à Abuja (cela est donc encore loin d'être tranché). Parité fixe avec l’Euro ? Permettez-nous d’en douter, quand hier, le ministre français de l’Economie, Bruno le Maire, marquant à la culotte Ouattara, annonce illicco avoir signé l’acte mettant fin au franc CFA, dans un tweet tout en rodomontades, à la manière de Trump.
En d’autres termes, depuis hier, la Banque de France ne garantit plus le franc CFA et n’assure plus sa convertibilité. Le président Alassane Ouattara vient de nous faire piquer là un AVC à l’échelle sous-régionale, dont il est sûr que nous ressortirons avec une hémiplégie.
Qu’a dit Ouattara samedi ? Le président ivoirien a annoncé « le remplacement du franc CFA par l'éco en Afrique de l'Ouest : Aux côtés d'Emmanuel Macron, il a annoncé ce 21 décembre la fin prochaine du franc CFA qui sera remplacé par l'éco. Les huit pays de l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France.".
Hé bien, cette vraie-fausse proclamation de souveraineté retrouvée est une victoire à la Pyrrhus et une défaite stratégique en marche pour l’Uemoa. C’est une annonce seulement de nature à faire jouer les spéculateurs de monnaies contre le FCFA pour sa redévalution, après celle de janvier 1994.
Un remplacement imminent de monnaie ne s'annonce pas, il doit se constater au réveil par les populations. Avec cette annonce de Ouattara, tous ceux qui peuvent changer leur FCFA en devises internationales (Euro et autres) vont commencer à le faire et être poussés à s’y résoudre : les multinationales et les salariés nantis, les industriels, les banquiers, les hommes d’affaires, les populations diasporiques adeptes du Western Union…
Jusqu’en juillet 2020, le FCFA ne sera plus que la monnaie d’échange (monnaie de singes) des couches modestes et de la classe moyenne pressurisée de toutes parts et qui n’a pas les moyens d’épargner, encore moins de thésauriser. Les agneaux du futur sacrifice donc.
De plus, cette annonce ouattaresque (don quichottesque ?) conduira à un marasme économique et a une rétraction/contraction de l’activité économique dans tous les pays l’UEMOA, durant le premier semestre 2020, et jusqu’en juillet : tous les nantis vont non seulement thésauriser de l’euro, en prévision de le changer en Eco après juillet, mais dès ces fêtes de décembre, ils vont également restreindre au maximum toutes dépenses non nécessaires : sorties, voyages, restaurants, frais d’hôtels, achats de luxe (à part l'or)…
De Ouattara, on aurait espéré une autre posture, plus précautionneuse et de meilleur père de famille, plutôt que cette déclaration inconséquente d’Abidjan. Afro…Affreux.
Non, président ADO, qui vous nous mettez à dos, un changement de monnaie et de banque centrale ne s’annonce pas. Ce doit être une blietzkrieg. Outtara a pourtant été gouverneur de la BCEAO. Il l’aura malencontreusement oublié.
Un peu plus loin en Afrique, quand la Banque centrale d’Afrique du Sud a annoncé il y a quelques années devoir faire le lendemain une déclaration, importante : les cours de la bourse de Johannesburg ont drastiquement chuté. Il ne s’agissait pourtant que de la sortie le lendemain, de nouveaux billets de banque à l’effigie de Nelson Mandela. Madiba le sage, qui a dit : « Je ne pers jamais : soit je gagne, soit j’apprends". Avec Ouattara et le FCFA, sur ce coup-là : c’est « je ne gagne jamais : soit je perds, soit je persévère dans la perte ».
Pendant ce temps, l'afroclown Robert Capo Chichi alias Kemi Seba fait des conférences à auto-expulsion au Burkina, d’où il a été jeté comme un malpropre vers le Bénin. Tract le prendra au sérieux, Kemi "CFA" Seba, quand il aura renoncé à sa nationalité française et brûlé son passeport Schengen. A partir de juillet et du remplacement du FCFA par l'Éco, le sieur Chichi devra se trouver un autre cheval de bataille : la lutte contre l’excision, la dépigmentation, les mariages précoces, l'esclavage des talibés ? Le choix est large
Eco ? Le FCFA paiera plus que son écot à l’écho du 21 décembre d’Alassane Ouattara. A la différence de la dévaluation de 1994 à laquelle le populo ne s'attendait, au moins cette fois, les choses sont claires. Toute le monde sait à quelle sauce foutou on sera mangés.
Eco ? Yako !
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste, fondateur de Tract.sn
«PERSONNE NE ME FERA DEVIER DE MON CHEMIN ET PERSONNE NE M’IMPOSERA SON AGENDA»
Accusé de mauvaise gestion à la Senelec dont il a occupé la direction générale, Mouhamadou Makhtar Cissé a profité de sa rencontre avec ses sympathisants du Walo pour riposter.
Depuis l’annonce de la hausse du prix de l’électricité, le ministre de l’Energie et du Pétrole Mouhamadou Makhtar Cissé, qui avait dirigé la Senelec, est la cible de virulentes attaques. L’opinion l’accuse en effet de mauvaise gestion à la Senelec. Il s’est fendu d’un communiqué pour se défendre et mettre en garde ses détracteurs.
Cible de nombreuses attaques depuis l’annonce de la hausse du coût de l’électricité, le ministre de l’Energie se rebiffe enfin. Accusé de mauvaise gestion à la Senelec dont il a occupé la direction générale, Mouhamadou Makhtar Cissé a profité de sa rencontre avec ses sympathisants du Walo pour riposter.
Face à ses partisans qu’il a remerciés, il a qualifié de cabale les griefs soulevés à son encontre. «Des réponses appropriées existent ; vous en avez livré une partie. Continuez à maintenir la mobilisation pour que jamais le mensonge, la calomnie et la pure méchanceté ne triomphent. Ce combat n’est pas le mien, il est celui de l’homme contre le mal», a-t-il martelé.
Estimant que Sénégal et les Sénégalais méritent tous les sacrifices, il annonce que le reste sera dit en temps opportun. « Mon agenda est clair : rester aligné derrière le président de la République dans la rigueur et la loyauté que m’impose sa confiance. Personne ne me fera dévier de ce chemin qui est celui de l’honneur. Personne ne m’imposera son propre agenda », clame-t-il en soldant ainsi ses comptes avec ses adversaires.
Après avoir bénéficié du soutien des cadres de Senelec, Mouhamadou Makhtar Cissé affirme que la boîte vend bel et bien de l’électricité à la Gambie, parfois au Mali et en achète aussi parfois à la Mauritanie. « C’est le cas de la Côte d’Ivoire, première économie de l’Uemoa, qui n’a pas encore atteint l’accès universel, mais vend du courant au Mali et à la Sierra Leone et en achète au Ghana.
Tous les pays qui le peuvent installent plus de capacité de production que leurs besoins immédiats pour anticiper la demande sans cesse croissante, prévoir des périodes d’arrêt pour entretien ainsi que les aléas des pannes. Senelec a défini une norme N-2 pour assurer la continuité et la qualité du service : pouvoir assurer le service même si deux des groupes les plus puissants de son parc s’arrêtent pour une raison de panne ou un besoin d’entretien. La norme aurait pu être N-1.
Tout est question de l’exigence de qualité que vous voulez pour vos clients », expliquent les cadres de la Senelec. Si aucun de ces aléas ne se réalise, soutiennent-ils, Senelec dispose d’une production supérieure aux besoins de la partie du Sénégal déjà électrifiée pour vendre le surplus aux voisins qui le souhaitent. « C’est déjà arrivé avec le Mali. C’est encore le cas avec la Gambie. Les échanges sont la norme des réseaux interconnectés, parce que l’énergie produite en surplus ne peut être stockée comme l’eau. Cela permet de gagner des parts de marché comme pour toute entreprise et de contribuer à amortir ses investissements.» Ils estiment que si leurs propos entraient dans le cadre d’une opération de communication, un démenti de la Gambie serait tombé depuis fort longtemps.
«CHAQUE ANNEE, PRES DE 106 MILLIARDS FCFA QUITTENT LE SENEGAL POUR L’EUROPE ILLEGALEMENT»
Révélation de Birahim Seck sur la lutte des flux financiers au Sénégal
Les flux financiers illicites en provenance du Sénégal connaissent une ampleur alarmante. L’alerte est de Birahim Seck qui révèle que chaque année, près de 166 millions d’euros (soit 106 milliards de Fcfa) quittent illégalement le Sénégal pour l’Europe. Il a donné cette information le week-end dernier à Saly où il présidait la rencontre de toutes les sections du Forum Civil.
Des délinquants à col blanc s’adonnent à une gigantesque opération d’appauvrissement du pays. Ils pillent les ressources nationales et planquent de faramineuses sommes d’argent dans des paradis fiscaux. D’après le rapport présenté par Thabo Mbéki (Président du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique), les flux illicites en provenance du Sénégal vers l’Europe sont estimés à près de 166 millions d’euros, soit 107 milliards 900 millions de francs CFA. Ces actes répréhensibles, s’émeut le coordonnateur du Forum Civil, entraînent des conséquences désastreuses dans le pays où la mal gouvernance est érigée en règle. Ils entraînent aussi la pauvreté et le manque de sécurité avec l’installation des cellules terroristes dont les financements pourraient venir de cette manne financière.
«Dans le dernier rapport de Thabo Mbéki, il est souligné que les sommes d’argent qui quittent l’Afrique pour aller vers les pays occidentaux tournent autour de 50 à 80 milliards de dollars par an. Au Sénégal, cela tourne autour de 166 millions d’euros par an», rapporte Birahim Seck qui pointe ainsi un doigt accusateur sur le régime de Macky Sall. « A cause de tous les scandales qu’on connaît et de cette absence de sanctions avec ce nouveau régime, il y a forcément mal gouvernance», affirme le coordonnateur du Forum Civil avant de prévenir : «Qu’on le veuille ou pas, si on ne lutte pas contre les flux financiers illicites, il y aura forcément des organisations ou des instances terroristes qui s’attaqueront fondamentalement aux pays africains. C’est ce que le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont en train de vivre aujourd’hui. Il suffit d’analyser les rapports produits par les instances internationales.
Dans le rapport de l’Indice de Développement Humain (IDH) produit par le PNUD, on se rend compte que la plupart des pays confrontés au terrorisme en Afrique sont au bas de l’échelle où les inégalités sont galopantes. Le Niger est à la dernière place dans le classement de l’IDH avec sa 189e place sur 189 pays. Le Mali est classé 184e, le Burkina occupe le 182e rang. Le Sénégal occupe, lui, la 166e place. Ces pays qui s’enlisent dans la pauvreté sont tous dans la zone rouge dans l’indice de perception de la corruption.»Une situation que le coordonnateur du Forum Civil trouve injuste puisque tous ces pays regorgent de ressources naturelles. «Dans le rapport de l’ITIE, le domaine minéral a injecté dans l’économie sénégalaise 122 milliards de Fcfa. Au Niger, la production d’or est estimée à 45 tonnes par année. Idem pour le Mali.
La production d’or au Sénégal se situe à 8,5 tonnes par an. Comment comprendre que ces pays assez riches puissent s’enliser dans la pauvreté et dans la corruption et que le gouvernement ne prenne pas des mesures pour stopper cette hémorragie ?» se demande Birahim Seck.
Pour rectifier, il demande aux corps de contrôle de publier les rapports. «On ne va jamais cesser d’inviter les corps de contrôle, que ce soit la Cour des Comptes, l’IGE ou l’Ofnac, de publier leurs rapports, parce que tout cela participe à améliorer la lutte et la prévention contre les flux financiers illicites», affirme Birahim Seck.
«IL N’Y A PAS UN AUTRE ENDROIT PLUS APPROPRIE QUE LA PLACE DE LA NATION POUR ORGANISER UNE MANIFESTATION»
Invité de l’émission «Point de vue» sur la RTS, Aly Ngouille NDIAYE est revenu sur la répression policière contre les membres du collectif «Noo Lank» qui voulaient organiser un sit-in à la Place de l’Indépendance.
Invité de l’émission «Point de vue» sur la RTS, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique est revenu sur la répression policière contre les membres du collectif «Noo Lank» qui voulaient organiser un sit-in à la Place de l’Indépendance. Aly Ngouille Ndiaye soutient qu’il n’y a pas un autre endroit plus approprié que la place de la Nation pour organiser une manifestation.
Il a profité de son passage à l’émission «Point de vue», à la télévision nationale pour s’expliquer sur le sit-in déjoué du Collectif «Noo Lank». Selon le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le droit de manifester est garanti par la Constitution. Mais, relativise-t-il, il n’en demeure pas moins que c’est une liberté encadrée. Ainsi, le chef de l’administration territorial estime qu’après avis de la police, le Préfet a décidé d’interdire le rassemblement de la Place de l’Indépendance en encadrant par ailleurs la marche du même collectif sur le boulevard Général de Gaulle. A l’en croire, rien n’empêchait les membres de «Noo Lank» qui voulait faire un forcing d’aller à la place de la nation. C’est la raison pour laquelle les forces de défense et de sécurité se sont interposées quand ils ont voulu braver l’interdiction de mobilisation au centre-ville. Toujours, d’après Aly Ngouille Ndiaye, il y avait un fort risque de trouble à l’ordre public, vu la sensibilité de la zone. «En plus d’être un lieu de commerce et de business, le centre-ville accueille toutes les Institutions. Donc, que la manifestation soit autorisée ou pas, c’est une zone à risque», a expliqué le ministre.
Selon lui, si c’était uniquement une question de visibilité, de contenance et de capacité, la place de la nation est plus adéquate. D’autant que, précise-t-il, l’itinéraire sur cet axe fait pratiquement moins de 10 km sur une très grande avenue bien visible, bien passante. «Il n’y a pas un autre endroit plus approprié que la place de la Nation pour organiser une manifestation. S’il n’y a pas d’autres objectifs en dessous, ils se seraient contentés de cet itinéraire», a déclaré Aly Ngouille Ndiaye.
«SUR 813 DEPOTS DE MANIFESTATIONS, 16 ONT ETE INTERDITS AU COURANT DU TROISIEME TRIMESTRE 2019»
Toujours, selon le ministre de l’Intérieur, il revient au préfet d’apprécier le risque de trouble à l’ordre public en se basant sur la déclaration des manifestants mais également sur d’autres sources comme le rapport de police. A l’en croire, qu’il y ait arrêté Ousmane Ngom ou pas, le préfet apprécie toujours l’opportunité de tenir une manifestation. « Récemment à Thiès, le préfet a interdit un sit-in devant la Senelec, parce que c’est une zone sensible. Et pourtant l’arrêté Ousmane Ngom ne s’applique pas à Thiès», a-t-il expliqué.
Cela étant, Monsieur Aly Ngouille Ndiaye estime que, contrairement à ce qu’on dit, il n’y a aucun recul dans l’exercice des libertés démocratiques dans le pays. «Si on se fie aux statistiques, sur le troisième trimestre de 2019, sur 813 dépôts de manifestations, 16 ont été interdits, cela fait un taux de 1,9% d’interdits. Ce qui fait qu’on ne peut pas manifestement parler de recul démocratique», a-t-il laissé entendre. En outre, sur un autre registre, en l’occurrence le dialogue politique, Aly Ngouille Ndiaye a confirmé que Famara Ibrahima Sagna sera installé jeudi prochain. Il s’est aussi félicité du bon déroulement du dialogue politique. «Aujourd’hui, out se passe bien et les réunions se tiennent régulièrement. C’est jeudi dernier qu’il a été tenu la 44ème réunion. Beaucoup de consensus ont été trouvés. Toute la classe politique est présente à ce dialogue. Les seules réticences viennent du PDS et je pense que le PDS va rejoindre le dialogue après l’installation de Famara Ibrahima Sagna », a expliqué Monsieur Ndiaye.
Pour ce qui est de l’organisation des élections locales, il affirme que l’administration est prête pour organiser le scrutin au bout de trois mois. Juste que, dit-il, l’opposition avait demandé l’audit du fichier et du processus électoral. C’est pourquoi il affirme que les élections locales ont été fixées au plus tard en mars 2021. «Si les gens s’entendent, on peut organiser le scrutin avant mars 2021. Ce n’est pas compliqué. L’essentiel, c’est le consensus. Le Président s’est engagé, s’il y a consensus, à appliquer les choses telles qu’elles se sont dégagées à l’issue du dialogue», a-t-il déclaré.
ALY NGOUILLE NDIAYE ESSAYE DE JUSTIFIER LA HAUSSE DU PRIX DE L’ELECTRICITE : «La Senelec veut se préparer à la venue du gaz»
«Cette hausse dont on parle au niveau des ménages, elle ne concerne pas tout le monde. La Senelec dit que 611 000 ménages répertoriés, payant moins de 15 000 F CFA de facture, ne sont pas concernés par cette hausse. C’est dire que 54% des ménages ne sont pas impactés. Les clients qui sont dans la tranche entre 15 000 et 25 000 F CFA, soit 27%, auront un impact entre 750 F CFA et 1016 F CFA le bimestre. (…) Et ce qui justifie cette situation, c’est que nous avons d’autres engagements. Parce que le président de la République veut que d’ici 2025, tous les Sénégalais accèdent à l’électricité. Avec le gaz qui se profile, on doit être prêt. Et il faut de l’investissement. Cela veut dire que la Senelec doit transformer ses centrales afin que celles-ci puissent fonctionner au gaz et permettre la diminution du prix de l’électricité. (…) La Senelec se porte bien et elle veut se préparer à la venue du gaz. Et tout cela demande de l’investissement. L’objectif visé, c’est un accès universel à l’électricité et à moindre coût.»
Par Mamadou Ndione
MONNAIE AFRICAINE, DEPASSIONNER LE DEBAT
Il est fréquent en Afrique de mettre en avant les préoccupations "domestiques" avec une bonne dose de populisme sur des questions éminemment techniques et transnationales d'abord.
Il est fréquent en Afrique de mettre en avant les préoccupations "domestiques" avec une bonne dose de populisme sur des questions éminemment techniques et transnationales d'abord. L'annonce de la mise en place prochaine de la monnaie ÉCO dans l'espace UEMOA et CEDEAO à terme et la perspective de la monnaie unique africaine à l'horizon 2030 nous donnent l'occasion de partager sur la question monétaire africaine une préoccupation en 10 points.
1▪ L'annonce ce 21 décembre 2019 du remplacement prochain du franc CFA par l'Éco au niveau de l'espace UEMOA (avec nos 8 États) est une bonne nouvelle puisque devant servir de tremplin pour aller vers la devise de la CEDEAO (avec nos 15 États) conformément à l'agenda de la monnaie unique africaine horizon 2030.
2▪ Même si l'Éco garde sa parité fixe vis-à-vis de l'Euro, nous apprenons que les réserves de change ne seront plus gérées par la France avec également la disparition de l'obligation de versement de 50%de ces réserves sur le compte d'opération du Trésor français, mais aussi la non représentation de la France au Conseil d'Administration de la BCEAO. Pour rappel, le Conseil d'Administration de la BCEAO est actuellement composé du Gouverneur de la Banque Centrale, d'un membre nommé par chacun des Gouvernements des Etats membres de l’UMOA et d'un seul membre nommé par l’Etat assurant la garantie de la convertibilité de la monnaie commune.
3▪Cette disposition majeure ne doit pas faire oublier que sur le chemin de la monnaie unique continentale, LE PROBLÈME est que des 54 Etats africains, seuls quatorze ont quasiment une monnaie appelée Franc CFA convertible à taux fixe avec l’euro. En dehors de ces 14 Etats, les quarante autres ont quasiment quarante monnaies non identiques avec des taux de changes différents et souvent flottants vis-à-vis des fortes devises comme l’euro et le dollars US.
4▪Les pays africains qui ont leur propre monnaie et qui sans doute pouvaient user et abuser de la planche à billets (émission monétaire abusive) à leurs risques et périls vont devoir comme le faisaient les pays de la zone franc faire l'apprentissage de la souveraineté monétaire transférée au profit d'une Banque Centrale communautaire. Le pourront-ils dans les délais requis avant 2030 ? That is THE question.
5▪Il ne suffira plus d’avoir une bonne forge et une imprimerie infaillible pour battre monnaie. Il faudra bâtir autour d'une monnaie crédible capable d’être utilisée pour accéder aux devises dans le cadre des échanges internationaux. Pour ce faire, il faudra se plier aux décisions collectives d'une banque centrale appliquant même vis-à-vis des États une rigueur monétaire en adéquation avec les politiques économiques nécessairement communautaires.
6▪ La monnaie n’est pas seulement le côté pile ou face de l’activité économique. Elle peut en être un instrument d’orientation heureuse ou de désorientation (pour ne dire de déstabilisation) économique et sociale malheureuse. 7▪C’est pour ne pas aller à l’aventure que l’Union Africaine a un agenda axé sur une démarche graduelle avec des monnaies uniques « de transition » autour des six sous-régions économiques (comme la CEDEAO avec un horizon de convergence monétaire).Tous le Chefs d'État africains sont pour la monnaie unique d'Afrique horizon 2030.
8-▪ L’agenda de la monnaie unique africaine est en marche vers 2030 c’est-à-dire dans 10 ans parce qu'on ne peut pas (sauf à être populiste et aventurier) demander à 54 États de faire table rase sine die pour se jeter à l’eau avec l’espoir de compter sur une main invisible. Une monnaie unique ne se décrète pas, elle se construit.
9▪D’ici 2030, nos États (surtout ceux qui ont leur propre monnaie) doivent à l'instar des pays de la Zone franc apprendre tous à renoncer à la souveraineté monétaire au profit d'une seule Banque Centrale africaine qui va définir et mettre en oeuvre la politique monétaire et assurer la stabilité des systèmes à la fois bancaire, financier et de paiement. Ce processus ne se fera pas avec uniquement des slogans, mais avec l'implication des meilleurs économistes africains spécialistes de ces questions.
10▪ Le vrai débat africain sur la monnaie doit donc éviter de verser dans la "langue qui fourche" et qui fait plus de mal que "le pied qui trébuche". Nous devons éviter de faire du débat monétaire une question domestique populiste dans nos États respectifs. Car en vérité, le débat est à la convergence des prérequis vers la monnaie unique africaine. Et nous devons avoir le courage et la lucidité de mettre en avant la technique plutôt que le veux pieux qui, comme la rose, dure le temps des effets de manche de simple portée nationale.
CONCLUSION
Le débat monétaire africain est d'abord technique. Le dire n'est pas prétentieux. Il est simplement réaliste. Le pas franchis avec l'Éco est comme le pas de Neil Armstrong " Un petit pas pour certains" mais un "grand pas" vers la monnaie unique.
Mamadou Ndione
G du COSEC
Par Cheikhou Oumar SOW
MAKHTAR CISSE, PAR DEVOIR DE VERITE ET EN TOUTE BONNE FOI
L’électricité coûte cher, c’est un fait ! Même subventionné, c’est une charge considérable aussi bien pour l’Etat, pour Senelec, que pour le plus petit consommateur.
L’électricité coûte cher, c’est un fait ! Même subventionné, c’est une charge considérable aussi bien pour l’Etat, pour Senelec, que pour le plus petit consommateur. Parce que les charges inhérentes à la production, au transport et à la distribution de l’électricité coûtent excessivement cher pour un produit qui est devenu non pas un luxe, mais une nécessité vitale. Les gens de façon générale ne s’intéressent pas aux performances de Senelec, mais ne se penchent que sur les points faibles de l’entreprise. Il faut visiter les centrales électriques que tous ceux qui s’agitent n’ont jamais visité, pour se rendre compte du niveau de performance et des investissements énormes consentis pour permettre à Senelec d’atteindre un certain niveau de qualité et de performance.
Evidemment, le consommateur ce qui l’intéresse, c’est la disponibilité de l’électricité et à moindre coût. Un pari a été gagné, celui de la disponibilité de l’électricité que les populations consomment sans risque d’être délesté. Celui du coût est le défi à relever pour encore répondre aux préoccupations des populations, avec l’exploitation du pétrole et du gaz qui se profile à l’horizon, le renforcement du mix énergétique avec les centrales solaires et éoliennes et la décision de l’Etat du Sénégal de ne construire dans l’avenir que des centrales solaires et au gaz.
Les gens oublient vite, ceux qui s’agitent ont la mémoire courte. 2011 est une année de référence puisque notre pays a connu les émeutes de l’électricité. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’électricité en qualité et en quantité. Déficit de production, difficultés d’approvisionnement en combustibles, vétusté du parc de production, tout y passe. Senelec est passée d’une puissance totale installée de 827,5 MW en 2011 à 1249,29 MW en 2019 si on considère le mix énergétique dans son ensemble. Dans le même temps, des programmes importants ont été mis en œuvre pour renforcer et moderniser les infrastructures de transport et de distribution, améliorer la qualité de service et réduire drastiquement les coupures.
Ainsi, de 215 jours de coupures en 2010 à 197 jours en 2011, on est passé à 2 jours de coupures d’électricité en 2018, sur toute l’année. PERSONNE NE PEUT CONTESTER ces résultats qui sont vécus de nos jours par les populations. Les coupures existent dans tous les pays au monde et peuvent être liées à beaucoup de facteurs, mais le plus important, c’est d’arriver à un niveau de performance qui permette de rétablir l’alimentation électrique au plus vite pour que les consommateurs ne sentent pas les effets de la coupure. Sur ce point, la Senelec a fait des pas de géant et continue d’investir dans une approche prospective pour anticiper sur l’avenir.
La Senelec est une société de service public qui n’a pas pour vocation de faire des chiffres d’affaires. Mais c’est une société régulée par la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) et assignée à des objectifs de résultats contenus dans le contrat de performance qui le lie avec l’Etat du Sénégal. S’agissant du prix de l’électricité, il est important de préciser que la Senelec ne peut pas se permettre d’augmenter ou de diminuer le prix de l’électricité sans l’aval de la Commission qui a le pouvoir décisionnaire, charge à l’Etat d’apprécier. Il est aussi utile de rappeler que la Direction Générale ne peut rien engager dans sa politique sans l’autorisation préalable du Conseil d’administration de la Senelec.
L’augmentation des prix du pétrole et les fluctuations du dollar telles qu’énoncées par le ministre du Pétrole et des Energies Mouhamadou Makhtar Cissé ont forcément un impact sur la production d’électricité qui dépend encore fortement de l’importation des combustibles. La Senelec consacre 90% de son budget pour les achats de combustibles et assimilés, les investissements dans la production et le réseau, et seulement 10% pour les autres charges de gestion dont les salaires.
Dans le résumé du Plan Stratégique Yeesal, l’analyse de la situation fait ressortir un lourd déficit de 55 milliards F Cfa observé en 2010, avec une amélioration notable du résultat net devenu positif avec 11,5 milliards F Cfa en 2015, pour se stabiliser autour de 32 milliards F Cfa de bénéfices en 2018. Ces résultats sont le fruit d’un management accès sur trois points : le renforcement du capital humain de l’entreprise, la modernisation de l’outil de travail et le processus de mise aux normes de la Senelec. Cela a permis à la société de se soumettre aux rigueurs des cabinets de certifications et de notations financières, contraignant ainsi la Senelec à se maintenir à un niveau de performance continue au risque de perdre les acquis engrangés, gages de sa crédibilité sur le plan national et international, auprès des bailleurs de fonds et partenaires.
Ces résultats positifs ont permis à la Senelec de lever des fonds dans le cadre de l’emprunt obligataire, de bénéficier d’un second Compact Energie du MCC pour un montant de 600 millions de dollars (340 à 350 milliards F CFA) entièrement dédiés au secteur de l’énergie, donc à Senelec. Quand on a connaissance des exigences nécessaires en termes de viabilité économique, de performance et de transparence que cela requiert pour avoir la confiance des bailleurs, et que la Senelec ait réussi à avoir leur totale confiance, on ne saurait nullement parler de crise ou faillite de la Senelec car ce serait vraiment absurde.
Les besoins de recrutement, le social
Les recrutements effectués obéissent à un besoin d’efficacité et d’anticipation car les départs à la retraite vont s’accroitre chaque année. Senelec étant une société technique, faudrait-il attendre que l’essentiel du personnel soit à la retraite, au 31 décembre de l’année, pour lancer un processus de recrutement ? Ce serait nul ! De tous les recrutements, il n’y a que des jeunes, un nombre important de 490 prestataires qui ont été régularisés et des centaines de jeunes recrutés sur concours, qui n’ont aucun parent à la Senelec et qui ne bénéficient d’aucun privilège si ce n’est celui d’être de jeunes citoyens compétents et bien formés. Il y a un processus de rajeunissement du personnel et de transformation qualitative de Senelec qui se fait avec cette nouvelle génération, de façon progressive, intelligente et graduelle.
L’axe 1 du Plan Stratégique Yeesal Senelec 2020, montre que « Senelec est caractérisée aujourd’hui par un personnel plutôt vieillissant, avec une moyenne d’âge de 47 ans, dont la moitié enregistre plus de 15 ans d’ancienneté. » Mais aussi, le constat a été fait que « le report d’une année à l’autre des départs à la retraite non remplacés, cumulé à l’insuffisance des recrutements, pourrait entrainer une forte baisse de l’effectif et une augmentation mécanique de la charge de travail sur certains postes avec le risque de dégradation de la qualité du travail des agents et de la performance de la Senelec. »
Sur le plan social, aussi, faudrait-il le rappeler, la Senelec est une entreprise nationale qui appartient à tous les Sénégalais. Nous avons le programme du Woyofal Social qui permet aux familles les plus démunies de l’intérieur du pays, de bénéficier d’une installation intérieure gratuite, d’un compteur woyofal et de 5000 Frs Cfa de crédit woyofal par mois pendant 1 an. Il y va en effet de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) de Senelec que de faire des actions sociales qui ne sont pas toujours médiatisées pour renforcer le développement des infrastructures sociales de base des communautés humaines dont les préoccupations ne peuvent attendre. Ceux qui ont l’expérience des projets savent que pour faire adhérer les populations à un projet d’utilité publique, dans leur environnement immédiat, il faut aussi faire recours à la RSE pour répondre à leurs préoccupations.
L’avenir de l’interconnexion et du mix énergétique
La Senelec est en train, avec ses partenaires, de développer des projets révolutionnaires sur l’ensemble du territoire national pour faire en sorte que la qualité de service soit partout dans le cadre de l’accès universel à l’électricité. Ces projets permettent à la société de renforcer ses performances et de faciliter à terme l’industrialisation dans les zones les plus reculées du pays qui auront déjà accès à une énergie propre, de qualité, dans les mêmes conditions que Dakar. Il faut interroger les projets de Kalpataru, du programme « Pôles 2020 », de la ligne 225 KV Tamba Kolda Ziguinchor en état d’exécution très avancé, le projet de la Boucle du Ferlo, pour se rendre compte à l’évidence que Senelec est dans un processus d’avenir, de maillage du territoire national avec l’interconnexion des lignes haute tension pour permettre l’accès universel et l’industrialisation du pays. L’apport des centrales solaires et éoliennes est tout aussi déterminant pour les populations de l’intérieur du pays avec notamment le programme de promotion des énergies renouvelables qui se concrétise dans les iles du Saloum. Les populations de Dionewar peuvent en témoigner.
Savoir raison garder
Les gens doivent être raisonnables car même les institutions de Bretton Woods font des prévisions de croissance pour ensuite, quelques temps après, revoir leurs prévisions et réajuster. Dans notre pays, nous avons une économie fortement dépendante de facteurs et phénomènes exogènes et il en est de même de notre production d’énergie qui dépend encore fortement du pétrole.
Cela n’a donc rien à voir avec une quelconque mauvaise gestion de la Senelec comme certains voudraient le faire croire aux Sénégalais. Il n’y a pas non plus de crise qui se justifierait et qui aurait mis à terre la Senelec d’autant plus que les gens peuvent mentir mais l’électricité ne ment pas. Il n’y a pas non plus de crise de l’électricité au Sénégal, encore moins de faillite de la Senelec. L’électricité n’admet pas le tâtonnement, elle demande de la rigueur dans le travail et une certaine intelligence stratégique pour avoir les résultats escomptés.
En diminuant de 10% le prix de l’électricité, le Sénégal avait beaucoup profité de la baisse drastique des prix du baril du pétrole sur l’international. Senelec en a beaucoup profité aussi pour faire des investissements de rattrapage visant à renforcer le parc de production et moderniser les infrastructures de transport et de distribution. Au même moment, ces dernières années, tous les pays africains producteurs et exportateurs de pétrole étaient dans une crise profonde y compris le géant nigérian, au point que tous ces pays ont appelé à une diversification de leurs économies.
L’espoir est donc permis avec l’exploitation du pétrole et du gaz en 2023 et il n’y a nul doute que cela impactera positivement sur le vécu des populations. Ceux qui crient sur tous les toits aux mensonges et à la manipulation ou tromperie doivent cesser eux même de mentir, de manipuler et de tromper les populations sur des questions dont ils n’ont aucune connaissance. Ils doivent arrêter d’insulter l’intelligence des Sénégalais.
En tant que « soldat » de la République, Mouhamadou Makhtar Cissé a toujours considéré les travailleurs de la Senelec, non pas comme de simples agents, mais comme les « soldats de l’électricité » qui ont une mission sacerdotale. Leur sens du sacrifice de chaque seconde, de jour comme de nuit, et même pendant les jours de week end, de repos et de fête, mérite d’être salué. Avec tous les risques électriques encourus et les accidents de travail enregistrés qui nécessitent toujours des prises en charges urgentes et immédiates pour les cas des grands brulés, les travailleurs de la Senelec méritent le Respect.