SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 juillet 2025
l’UNION EUROPÉENNE DURCIT LES CONDITIONS D’OBTENTION DU VISA SCHENGEN
Le visa Schengen est naturellement considéré comme difficile à obtenir. Ce qui n’empêche pas l’Union européenne (UE) de durcir encore les conditions d’obtention de l’un des sésames les plus célèbres au monde.
Le visa Schengen est naturellement considéré comme difficile à obtenir. Ce qui n’empêche pas l’Union européenne (UE) de durcir encore les conditions d’obtention de l’un des sésames les plus célèbres au monde.
Désormais, le demandeur du visa Schengen devrait se présenter deux semaines à l’avance. Il doit également payer plus de 50 000 FCFA pour les frais de traitement de son dossier. S’y ajoute que l’acceptation de la demande de visa reste suspendue à la coopération de son pays avec l’UE par rapporte aux rapatriements de ses migrants irréguliers.
Cette mesure est, sans surprise, appréciée négativement par les demandeurs de visas. Au centre de visas, sis à Ouakam, les demandeurs qui veulent voyager dans l’espace Schengen ont déploré ces nouvelles procédures.
" L’obtention de visas Schengen ne doit pas être conditionnée. Parce que, les Européens quand ils viennent en Afrique, ils n’ont aucun problème. Je ne trouve pas normal que nous, Africains, ayons beaucoup de difficultés pour obtenir le visa », a déclaré Dieynaba Lam. Ressortissant guinéen, Alpha Woury Ba est du même avais que Dieynaba Lam. ’’ Ces mesures ne sont pas bonnes. Elles empêchent les citoyens africains de circuler librement même si ils ont tous les documents nécessaires », a déploré M. Ba.
La forme révisée du code des visas suggère également que le rôle de la politique de l’UE en matière de visas devrait être renforcé en ce qui concerne la coopération avec les pays tiers.
A SANDAGA ET PETERSEN, LE MARCHÉ DE NOËL ATTEND ENCORE SES CLIENTS
Les difficultés financières régulièrement mises en avant ces dernières années par les ménages y sont peut-être pour quelque chose, les fêtes de Noël ne semblent plus susciter au Sénégal l’engouement qu’on en attend d’habitude, si l’on se fie à l’ambiance
Dakar, 24 déc (APS) - Les difficultés financières régulièrement mises en avant ces dernières années par les ménages y sont peut-être pour quelque chose, les fêtes de Noël ne semblent plus susciter au Sénégal l’engouement qu’on en attend d’habitude, si l’on se fie à l’ambiance caractérisant les marchés dakarois à quelques jours de la fin de l’année.
A Petersen comme au marché Sandaga, deux places marchandes parmi les plus réputées de la capitale sénégalaise, rien ou presque ne renvoie à la fièvre marchande qui caractérisait les fêtes de Noël il y a de cela quelques années.
Les commerçants avouent guetter à longueur de journée des clients qui ne viennent pas encore, d’où la faible affluence dans les échoppes proposant des cadeaux et jouets pour enfants par exemple, a constaté un reporter de l’APS.
De nombreux commerçants interrogés sur l’état de leurs affaires se plaignent de la rareté des clients et de leurs faibles taux de vente.
"Cette année est très différente des précédentes, car on constate que les clients se raréfient de plus en plus", explique Moustapha Dieng, établi au marché de Petersen.
M. Dieng estime que cette situation se justifie par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, constatée selon lui ces dernières années.
"Ce n’est pas évident et on s’en sort à peine mais on espère que les clients vont venir avant la Saint Sylvestre", c’est-à-dire le 31 décembre, ajoute-t-il, l’air de s’accrocher à un dernier espoir.
Abou, un commerçant d’origine libanaise qui tient une boutique au marché Sandaga, a la même analyse de la situation.
"Cette année, rien ne marche pour l’instant", dit ce commerçant spécialisé dans la vente de vélos et autres accessoires pour enfants. Il y a quelques années, en de pareilles périodes, les choses "marchaient très bien mais maintenant, on peut rester toute la journée sans vendre un article", indique-t-il.
Le plus décourageant selon lui est que certains revendeurs passent commande avant de décommander à la dernière minute, au motif que les prix appliqués ne sont pas à leur portée.
Certains, comme Tidiane Diallo, établi au marché Petersen, semble tirer leur épingle du jeu. "Je ne me plains pas, je m’en sors très bien", affirme ce commerçant.
"LA CRAINTE DE VOIR L'ÉCO COMME UN FCFA BIS N'EST PAS JUSTIFIÉÉ"
Pour l’économiste togolais Kako Nubupko, il y a un sentiment « erroné » de voir l’Eco comme un bis repetita du Franc CFA
L’annonce de la disparition du franc CFA au profit de l’Eco a créé des réactions d’enthousiasme et d’inquiétude chez beaucoup de citoyens des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa).
Pour l’économiste togolais Kako Nubupko, il y a un sentiment « erroné » de voir l’Eco comme un bis repetita du Franc CFA, a confié à APA.
« Je pense que la crainte de voir l’Eco comme étant un CFA bis n’est pas justifiée pour une raison simple : le projet de création de cette monnaie dit explicitement qu’à terme, elle aura un taux de change flexible et sera pilotée via un ciblage de l’inflation », a expliqué l’ancien ministre togolais de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques, qui plaide depuis longtemps pour l'abandon du franc CFA par les États d'Afrique de l'Ouest.
Garantie par la France sous certaines conditions, la future monnaie des huit pays de l’Uemoa conservera une parité fixe avec l'euro et la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Cette disposition pourrait cependant évoluer dans le temps et en fonction de la volonté des autres pays de la Cedeao lorsqu'ils décideront de rejoindre l'Eco.
Par ailleurs, souligne l’auteur de « L'improvisation économique en Afrique de l'Ouest, du coton au franc CFA », l’annonce qui veut que l’Eco soit à un taux de change fixe avec l’euro « vise à ne pas affoler les marchés financiers et provoquer un phénomène de fuite devant la monnaie ». Toutefois, elle « est une mesure transitoire » qu’il faudra surveiller, prévient-il.
Qualifiant de « mesures historiques » la décision de fermer le compte d’opérations, de rapatrier les réserves de change et de changer le nom du Franc CFA, l’ancien directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie estime que la question importante à se poser aujourd’hui est de savoir si « les critères de convergence sont une condition nécessaire ou suffisante » pour pouvoir intégrer la zone Eco.
A ce propos, il note que les pays de l’Uemoa sont « les plus proches » car ayant déjà des critères de convergence depuis 1999. Toutefois, le Togolais précise que seul son pays respecte à ce jour le critère du maintien du déficit budgétaire sur le PIB à un taux inférieur ou égal à 3%.
Evoquant la question de l’intégration des autres pays de la Cedeao dans cette prochaine union monétaire, Kako Nubupko met l’accent sur la condition fixée par le géant nigérian, à savoir la rupture totale avec le trésor français. Une partie de cette exigence a été satisfaite par les Etats de l’Uemoa qui ont obtenu le rapatriement de 50% de leurs réserves de change détenues à la Banque de France.
Malgré cette avancée, il avertit « qu’il ne faut pas dire qu’on a signé l’acte de mort de l’Eco » parce que la première économie du continent africain n’a pas encore rejoint la zone Eco.
Selon l’économiste, il « se dessine un schéma à deux étapes : le noyau dur des pays de l’Uemoa avec les pays qui ont le même profil économique que lui comme le Ghana, la Guinée, le Libéria (…) avec qui il faudra négocier en premier, et ensuite une seconde étape qui serait la négociation avec le Nigéria qui n’a pas le même profil économique que nous, car étant grand exportateur de pétrole ».
par Mamadou Ndiaye
NOËL ARRIVE...
Catholique pratiquant, Lepold Sédar Senghor a su, avec intelligence, forger la nation sénégalaise en s’appuyant sur ses ressorts et ses valeurs cardinales qui ont cimenté les communautés
Noël au chaud ! Le temps de référence change. L’atmosphère hésite entre douceur et fraîcheur. Peu importent les évolutions saisonnières, le culte subsiste. A cet égard, nos frères chrétiens se montrent toujours enthousiastes pour célébrer la Nativité avec ferveur et jovialité. A l’approche de la fête et en habits de lumières, Dakar, la capitale, donnait le ton. Avec faste. Les rues s’illuminaient de mille feux, enjolivant les soirées plongées dans une ambiance féérique la dernière semaine de l’année qui s’achève. Au Sénégal, cette fête appartient en principe à la minorité catholique dont les moments de réjouissance se diffusent à une vaste échelle d’un pays majoritairement musulman !
Le Sénégal offre ainsi à la face du monde le visage lisse d’une nation diverse, ouverte et tolérante où coexistent, sans heurts, toutes les confessions religieuses. Les lieux de culte (églises et mosquées) voisinent ou jalonnent les quartiers dans une belle harmonie. Le dialogue islamo-chrétien a de profondes racines pour faire fleurir la paix, socle de vie d’une société qui accepte les différences et les nourrit même si elle ne les entretient proprement.
Ces acquis, fruit d’une tradition séculaire, structurent les rapports entre hommes et femmes qui, en s’appropriant la lettre, acquièrent l‘esprit et développent une puissante culture de paix. Celle-ci prévaut dans le pays. Les familles conjuguent la paix dans tous les temps. Elles la vivent dans leur chair. Par tous les moyens, elles tentent de préserver ce précieux héritage qui est un entrelacement de destins croisés, un enchevêtrement de parcours mais aussi et surtout un idéal de vie partagé.
Que de cimetières catholiques incorporant des tombes de musulmans ! Que de lieux de cultes chrétiens disséminés dans des zones à forte prédominance musulmane ! Plusieurs facteurs se conjuguent pour donner naissance à ce trait socioculturel éminent. Mais un homme l’a incarné au plus haut point : Léopold Sédar Senghor, premier président de la République. Catholique pratiquant, ce grammairien agrégé, poète de haute facture, a su, avec intelligence, forger la nation sénégalaise en s’appuyant sur ses ressorts et ses valeurs cardinales qui ont cimenté les communautés. Lesquelles ont fini de faire de leurs différences, une richesse chantée, louée et vantée.
Cette singularité bien sénégalaise se reflète dans de nombreuses familles mixtes, à l’école, dans les corps assermentés, les pouvoirs politiques, économiques et sociaux. A l’inauguration au mois de septembre dernier de la majestueuse mosquée Massalikoul Djinane, l’archevêque Benjamin Ndiaye, à la tête d’une délégation de l’Archidiocèse de Dakar, a rendu visite à Sérigne Mountakha MBacké, Khalife Général des Mourides. Mémorable rencontre ponctuée d’amabilités entre deux hommes de Dieu qui ont su parler le même langage de paix pour se comprendre et envoyer un signal clair aux croyants.
Les mêmes croyants, les mourides notamment, se sont vu ouvrir les portes de l’église de Bopp, lorsque la rue a paru petite et exiguë pour contenir les nombreux fidèles venus à la fois pour la prière du vendredi et l’ouverture de la Grande Mosquée. Les faits révèlent en eux la grandeur des guides religieux, leur clairvoyance et l’actualité de l’enseignement qu’ils professent. L’universalité du message divin peut s’apprécier comme un dénominateur commun entre gens lettrés, de surcroît gens de Livres. Sans prétendre à l’œcuménisme, l’unité qui en découle favorise l’éclosion de la concorde au grand bonheur des populations en quête de rédemption face à un quotidien chaque jour plus éprouvant.
Au cours de l’histoire, des épisodes riches en péripéties ont rythmé la marche du Sénégal. Le président Senghor, d’extraction rurale, a pu s’adresser aux paysans dans un langage dépouillé, séduisant les foules et convaincant les guides religieux. C’est ainsi qu’il reçut le soutien de l’incomparable Sérigne Fallou Mbacké, de l’héroïque Thierno Seydou Nourou Tall et du fin lettré Khalifa Ababacar Sy. Décidé à descendre dans l’arène politique, Sérigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, rend visite à Sérigne Abdoul Ahad MBacké pour lui faire part de son intention de combattre Senghor. « Je peux tout t‘offrir sauf cet objet de ta requête. Simplement parce que ton père et ton oncle Sérigne Fallou ont prié pour Senghor. » Le débat était clos entre les deux hommes connus pour leur intelligence vive et leur habileté qui frise la romance.
Avec le recul, des décennies plus tard, ce savoureux tête-à-tête traduit l’éloquence de nos guides religieux, leur savoir-faire social et leur sens aigu des responsabilités quand l’exigent justement la situation ou les contextes. Les problèmes, même complexes, trouvaient des solutions. Parfois avec une déroutante simplicité. Gardons-nous encore aujourd’hui ces réflexes de bons sens, cette lucidité ou cette lecture subtile d’une société en proie aux soubresauts ? Il est permis d’en douter au regard de la parole désacralisée, insensée et irréfléchie.
La parole abrupte et discourtoise envahit l’espace public. Elle tient même lieu de vérité. Alors qu’elle en est dépouillée. Personne ne s’en aperçoit. Ou plutôt cela n’offusque personne. Dans le fond, cette parole est d’autant plus fausse qu’elle est désarticulée, parce que désincarnée. L’opinion publique ne s’en émeut pas outre mesure. Ceux qui professent cette parole, souvent des irresponsables (au sens d’acteurs assujettis à la reddition), tiennent le haut du pavé. Leurs ritournelles : le franc CFA, le pétrole et le gaz, « France dégage » ! Eux ne s’engagent pas. Du moins dans des projets de transformation. Ils ressemblent plutôt à des ascètes de la Thébaïde.
Ils occupent indistinctement les médias pour hurler, vociférer. Un mal d’orgueil stupide ruine leur élan basé sur le dégoût ! Leur médiocrité se diffuse, se répand par le truchement de médias très peu regardant sur la source émettrice, la véracité ou le manque de sérieux. Des médias anesthésiés par l’urgence, tétanisés par l’empressement relayent sans discernement des propos immondes. La paresse des médias, ajoutée à l’outrecuidance d’hommes de petite vertu, renforce la propagation de contre-vérités qui se libèrent à flots continus. Qui croire, le mensonge ou la rumeur ? L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a voix au chapitre : « il n’y a pas d’un côté les anges et de l’autre les démons ». Parole de sage…
Joyeux Noël. Bonne année 2020, pleine de résolutions positives…
LE NIGERIA PRUDENT CONCERNANT L'ÉCO
« Il est évident que nous ne sommes pas tous prêts, reconnait un responsable ouest-africain. Abuja a l'impression que l'on veut brûler les étapes »
Le franc CFA devrait être remplacé d'ici 2020 par l'éco. Pour l'instant, le projet concerne huit pays francophones d'Afrique de l'Ouest. Le but, à terme, est d'étendre cette monnaie aux 15 membres de la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Mais le Nigeria, qui représente 60 à 75% du PIB de la Cédéao, voit cette annonce avec beaucoup de prudence.
Pour le Nigeria, l'abandon du franc CFA n'est qu'un premier pas. « On se détache de la France, les pays anglophones de la Cédéao attendaient ce geste », explique une source diplomatique. « Sur le plan politique, les réticences persistent. Paris reste garant de l'éco, mais avec quelle contrepartie?», s'interroge de son côté l'analyste nigérian Emmanuel Igha.
Abuja, qui gère déjà sa propre devise, le naïra, conditionne la mise en place de l'éco à une discipline budgétaire. La ministre nigériane des Finances, Zainab Shamsuna Ahmed, le répète à chaque réunion : les critères de convergence doivent être respectés. À savoir un déficit budgétaire qui n'excède pas les 3%, une inflation de moins de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB. Or à ce stade, seul le Togo répond à ces exigences. « Il est évident que nous ne sommes pas tous prêts, reconnait un responsable ouest-africain. Abuja a l'impression que l'on veut brûler les étapes ».
Bismarck Rewane, consultant et PDG du cabinet Financial Derivatives, résume les enjeux : « Pour nous, l'éco est une transition vers une éventuelle monnaie commune en Afrique de l'Ouest, qui rassemblera les pays anglophones et francophones. D'abord, côté nigérian, il nous faut lever une question : le naïra n'est pas une monnaie convertible. Ensuite, il faut que les critères de convergences soient établis et respectés. Enfin, il faut que les pays francophones soient indépendants du soutien dont ils bénéficient avec la France. En effet, avec ce nouvel accord, Paris conserve un rôle de garant financier. Pour nous, pays anglophones, cela pose une question de gouvernance d'autant que l'éco sera toujours arrimé à l'euro. Mais selon moi, cette garantie ne peut pas durer de manière illimitée. Donc nous sommes dans une période de transition, qui prépare progressivement nos États à une intégration régionale, dans laquelle tous les pays d'Afrique de l'Ouest auront une monnaie unique, basée sur des critères de convergence. Cela va prendre du temps. »
Le Nigeria fait donc preuve de prudence. En témoignent les longues discussions avant d'adhérer à la zone continentale de libre-échange; ou encore, la fermeture de sa frontière terrestre depuis août, pour lutter contre la contrebande. Selon Abdoul Salam Bello, chercheur invité à l'Atlantic Council et auteur de La régionalisation en Afrique, « le Nigeria cherche avant tout à protéger son marché, à diversifier son économie et à s'industrialiser, constate ce spécialiste. Cela l'amène à être réservé sur les questions d'intégration ».
Par Abdou Karim DIARRA
SE FÉLICITER DES ACCORDS D’ABIDJAN
Ne faisons pas la fine bouche parce que personne n’osait penser un jour que la France ne gérerait plus nos réserves de change, ni qu’elle ne siégerait plus dans les instances de gouvernance de l’UEMOA pour y faire le gendarme financier
Rien que la disparition du FCFA, symbole de la dictature coloniale française depuis plus de 75 ans mérite à être magnifiée pour nos dirigeants, mais surtout du coupé décalé pour Alassane Ouattara. Une étape importante vers la souveraineté monétaire a été franchie samedi à Abidjan avec la fin du mécanisme du compte d’opération et le passage prévu à l’Eco pour les huit pays de l’Uemoa. Savourons déjà cela. Le reste attendra.
La France est décapitée. Il reste à l’achever. Cela demande encore du temps et surtout une dose de courage politique qui doit être dicté par un réalisme qui prend cependant en compte l’environnement économique et financier mondial. Comment comprendre certains qui disent qu’avec la garantie de stabilité accordée par la France à l’Eco, rien ne change. Un tel discours ne repose sur rien. Il faut l’honnêteté intellectuelle pour reconnaître quand même qu’il y a eu quelque chose d’inédit dans ce qui s’est passé à Abidjan. Il reste qu’entre ce samedi et ce dimanche, on aura tout entendu surtout venant d’agitateurs, d’économistes dépassés et d’une autre époque jusqu’à prédire l’échec du projet d’intégration de la Cedeao, de pseudo-économistes qui ont pollué les médias pour plus s’exposer que d’expliquer aux 80 millions d’habitants de l’Uemoa la portée historique des accords d’Abidjan du samedi 21 décembre 2019.Le danger énorme, c’est le pessimisme de mauvais aloi de certains intellectuels de notre espace. Tout peindre en noir.
Tout est suspect à leurs yeux. Cela frise de la désinvolture. Ne faisons pas la fine bouche parce que personne n’osait penser un jour que la France ne gérerait plus nos réserves de change au niveau de son Trésor, ni qu’elle ne siégerait plus dans les instances de gouvernance de l’UMOA pour y faire le gendarme financier. Que le franc CFA disparaisse de la circulation, que nos réserves de change ne soient plus logées obligatoirement en France et que des fonctionnaires français ne siègent plus dans nos instances de gouvernance monétaire…
Et après cela, il se trouve des gens pour soutenir encore que rien n’a changé ? Il est vrai que nos chefs d’Etat ont toujours tellement courbé l’échine devant la France, son président et ses ministres que tout ce qu’ils font avec l’ancien colonisateur est forcément suspect. Il n’est qu’à rappeler la fameuse dévaluation du FCFA en 1994 imposée en quelques heures par un petit ministre français de la Coopération du gouvernement Balladur, M. Michel Roussin en l’occurrence, pour se convaincre de cet asservissement. La tutelle française est un facteur de blocage pour l’avènement de la monnaie unique de la CEDEAO. De nombreuses tentatives ont échoué du fait que la France était encore omniprésente dans notre système monétaire. Cela, des pays comme le Nigéria et le Ghana, les têtes de pont du système anglophone, ne pouvaient l’accepter.
L’acte posé ce samedi doit être vu comme un processus bien lancé. Un processus qui rend possible la fusion monétaire avec les autres sept pays de la Cedeao. C’est pourquoi, on ne doit pas cracher dans la soupe en soulevant des futilités qui sonnent comme une cosmétique de représentation. Les enjeux sont importants et, pour une fois, demandent une convergence de toute la société civile, des économistes, et, surtout, de la classe politique pour rendre possible cette grande ambition d’une monnaie commune à toute la CEDEAO. Prenons les acquis déjà obtenus et laissons se dérouler le processus de création de cette future monnaie commune. Un processus qui pourrait faire l’objet de rectifications nécessaires au fur et à mesure. Ne soyons pas nihilistes, en pensant toujours au petit coup fourré de l’homme blanc. Certes, il est vrai que ce dernier n’est pas digne de confiance, mais tout de même quelque chose s’est passé à Abidjan ce samedi 21 décembre 2019. Dégustons donc ce que nos chefs d’Etat ont pu décrocher à Abidjan en attendant….
L’ECO, UN COUP GAGNANT POUR LA CEDEAO
Fin de 75 ans de domination monétaire de la France
Changement « cosmétique ». « Mort déguisée ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’acte de décès de la monnaie commune aux huit pays de l’UEMOA — ceux d’Afrique centrale et les Comores ne sont pas concernés pour le moment — n’a pas convaincu grand-monde quant à la disparition effective de cette monnaie « coloniale ». Toutefois, force est de reconnaître que les prétendus spécialistes en économie ont été plus dans la réaction, voire la critique, émotionnelle que dans l’analyse scientifique d’une décision — l’avènement de l’ECO — qui fait disparaître près de 75 ans de servitude monétaire imposée par la France à l’Afrique de l’Ouest. A ce niveau, il y a à magnifier la décision historique annoncée ce samedi 21 décembre à Abidjan par les présidents français et ivoirien, Emmanuel Macron et Alassane Dramane Ouattara. Un vrai coup gagnant pour la CEDEAO.
Le Franc CFA est mort, vive l’Eco ! Le symbole est fort car, jusqu’ici, il n’était guère pensable, ni envisageable une seule minute, que le « Franc des colonies françaises d’Afrique » FCFA mis en place depuis 1945 par le colonisateur français pour exploiter les ressources des pays de l’Afrique de l’Ouest sous sa tutelle, puisse disparaître de la circulation. Ou même mieux, mourir.
Malgré le changement d’intitulé dans les années 1960 avec le terme « Franc de la Communauté financière africaine » remplaçant celui des colonies françaises d’Afrique, les huit pays de l’Uemoa (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) continuaient de confier leur politique monétaire à l’ancienne puissance coloniale puisqu’ils plaçaient la moitié de leurs réserves de change dans un compte spécial du Trésor français. Des montants astronomiques puisque rien que pour la zone Uemoa, ces réserves étaient estimées à plus de 5000 millions dollars. Une obligation (de déposer ces réserves en France) jugée honteuse voire humiliante par de nombreux Africains. Et dénoncée avec véhémence par les détracteurs du CFA ainsi que par l’ancien président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade qui avait demandé le rapatriement de ces fonds pour financer les activités de développement de la zone Uemoa. Il n’a jamais obtenu gain de cause. L’autre tare dénoncée vigoureusement par les anti-Cfa fut la présence de représentants de la France dans les organes de gestion des instances de gouvernance de l’Union monétaire ouest-africaine.
A Abidjan, ce samedi 21 décembre, avec la mort décrétée du franc CFA, l’Afrique de l’Ouest francophone a désormais en mains son propre destin économique et monétaire. Outre le changement symbolique de nom avec l’avènement de l’Eco, la disparition du CFA symbole fort de la perpétuation du système néocolonial dans nos Etats, la fin du dépôt obligatoire des réserves de change en France et le retrait de ce dernier pays des instances de gouvernance de l’UMOA doivent être salués fortement. « L’ECO n’est que le CFA. Il n’y a rien d’autre » précise d’emblée le Dr Cheikh Ahmadou Bamba Diagne, directeur scientifique du Laboratoire de recherches économique et monétaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Toutefois, le chercheur estime que ce changement historique est une très bonne chose. « Depuis hier (Ndlr dimanche), j’ai entendu des soi-disant spécialistes économiques dire beaucoup d’inepties. J’ai beaucoup ri sous cape parce que ces gens n’ont rien compris.
Toutes les banques centrales du monde cherchent ce que nous avons au sein de l’Uemoa. A savoir une maitrise de l’inflation et la croissance économique. Or nous avons tout cela » souligne notre interlocuteur. Le Dr en économie prend en compte deux paramètres pour apprécier la nouvelle situation. Le premier aspect selon lui, lorsqu’on change de monnaie en allant du CFA à l’ECO, c’est de faire table rase de tout ce qui existait auparavant avec les inconvénients et les avantages. Si on procédait de la sorte, indique-t-il, il y aurait plus d’inconvénients que d’avantages.
Le second aspect, c’est de bénéficier de l’existant pour bâtir nos propres paradigmes. « La bonne démarche, c’était de travailler sur l’existant. La zone Cedeao, c’est 15 pays dont les 8 de l’Uemoa ont une seule monnaie. Ce qu’on demande à une banque centrale, c’est de maîtriser l’inflation et d’avoir la croissance économique. Nous avons cela au sein de l’Uemoa. C’est d’ailleurs ce que cherchent le Nigéria, qui connaît une inflation de 23 %, et le Ghana. Alors pourquoi ne pas commencer avec la zone CFA ? Donc, il n’est pas besoin de faire table rase puisqu’il y a un existant incarné par les pays de l’Uemoa. C’est la meilleure démarche ».
Le Dr Idrissa Yaya Diandy, enseignant à la Faculté des Sciences d’économie et de gestion (FASEG) de l’Université de Dakar partage les mêmes vues que le Dr Diagne. « Dire que rien n’a changé, c’est trop dire » estime-t-il. Selon lui, il y a fondamentalement une chance pour la création d’une monnaie unique de la Cedeao avec ce qui s’est passé ce samedi à Abidjan. « Depuis près de 75 ans, le système FCFA n’a pas évolué. L’accord obtenu par le président Ouattara ce samedi à Abidjan, c’est une bonne chose puisque c’est une évolution importante. La fin du dépôt des réserves de change en France, le retrait de la France des instances de gouvernance de l’Umoa sont synonymes en partie de la fin de l’ingérence de l’ancienne puissance colonisatrice sur la zone. Même s’il reste encore à apprécier les tenants et les aboutissants de l’accord d’Abidjan, je commence à croire à la possibilité de la création d’une monnaie unique pour la Cedeao » confie le Dr Diandy.
« L’ECO est une réponse politique à une exigence citoyenne. Il raisonne comme une réconciliation entre les gouvernants et les différentes sociétés civiles des activistes et des économistes engagés. Par conséquent, nous devons regarder les choses avec beaucoup plus d’optimisme et d’esprit de contribution. Nous devons faire confiance à nos brillants frères banquiers centraux et hauts fonctionnaires des ministères des Finances pour réaliser dans les meilleures conditions cette réforme. On ne les entend pas souvent, heureusement, ces banquiers centraux et ces hauts fonctionnaires mais ils nous écoutent en permanence et entendent les ÉCHOS de nos tiraillements sur le CFA » souligne pour sa part l’économiste Ousmane Biram Sané sur sa page Facebook ;
La France, garante de l’ECO, une bonne chose
La France continuera de conserver son rôle de garant financier pour les huit pays de l’Uemoa. « Si la Bceao fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France. Cette garantie prendra la forme d’une ligne de crédit » a expliqué Emmanuel Macron samedi dans la capitale économique ivoirienne. « Avec le maintien de cette garantie, en attendant l’ECO, nous voulons éviter la spéculation et la fuite des capitaux » a justifié Alassane Ouattara. Qui a reçu une volée de critiques de la part des détracteurs du CFA. Parce qu’une telle garantie, estiment ces derniers, serait une continuité de l’asservissement de la zone à la France. Des critiques « infondées » selon le Dr Cheikh Ahmadou Bamba Diagne. Le directeur scientifique du Laboratoire de recherches économiques et monétaires de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pense qu’une telle précaution permet de continuer à garantir la stabilité monétaire et économique de la sous-région. « Si on perd cette stabilité, la zone va se retrouver avec une monnaie flottante et des taux d’inflation en hausse. Regardez le cas du Nigéria qui est à un taux d’inflation de 23 % ! Toute banque centrale recherche cette stabilité » insiste le Dr Diagne. « C’est un bon compromis, cette garantie de la France puisque nous n’avons jamais eu une monnaie flottante. La réflexion devra être menée sur l’instauration d’un système flexible ou semi-flexible adossé à un panier de devises comme le dollar, le yen, l’euro pour exposer le moins possible nos économies aux fluctuations du marché » ajoute le Dr Idrissa Yaya Diandy de la FASEG de Dakar.
Vers une monnaie unique de la CEDEAO
Désormais, la Cedeao a tous les atouts en mains pour mettre en place une monnaie unique commune aux 15 pays de la zone. « Nos dirigeants ont désormais une certaine liberté pour la création d’une monnaie unique s’ils ont le courage politique de continuer de réformer la politique économique en cours » selon l’enseignant à la FASEG. Le Dr Cheikh Ahmadou Bamba Diagne trace la voie. « Avec l’existant incarné par l’UEMOA, la plateforme pourrait désormais être ouverte aux 7 autres pays de la CEDEAO. Le seul problème se situe au niveau du Nigéria qui applique la planche à billets. A chaque fois que ce géant de l’Afrique de l’Ouest a besoin d’argent, il produit une quantité d’argent qui n’a rien à voir avec le dynamisme de son économie. Cette situation a engendré un taux d’inflation de 23 % dans ce pays. Maintenant, on pourrait mettre en place une stratégie de convergence, la tutelle française ayant disparu, pour que d’année en année chacun des 7 autres pays puisse rejoindre l’ECO » indique le Dr Diagne. A l’en croire, les anti-Cfa font un mauvais procès à Alassane Ouattara. « Si le président ivoirien a été mandaté pour parler au nom de ses pairs, c’est parce que ces derniers savent qu’il est un homme du sérail. Le président Ouattara peut bien parler au nom des 80 millions d’habitants de la CEDEAO puisqu’il a intégré la Bceao en 1967 avant d’en devenir le gouverneur en 1994. C’est lui qui a piloté la dévaluation du CFA en 1994, puis lancé toutes les réformes politiques. Il a commencé à travailler à la Bceao quand Macky Sall avait trois ans. Par conséquent, c’est lui faire un mauvais procès par rapport à la conduite d’un dossier qui lance un processus que de le critiquer de la sorte. Laissons ce processus se dérouler puisque, même s’agissant des réserves de la zone placées à la Banque de France, il y a eu beaucoup de mensonges et de contre-vérités de la part des détracteurs du CFA. Parce que même si ces devises sont rapatriées, elles ne serviront pas à grand-chose puisque leur rôle se limite à garantir nos exportations. Elles ne peuvent être utilisées sur place, sinon être placées dans d’autres banques centrales du monde » conclut le Dr Diagne.
«MON COMBAT POUR LA CRIMINALISATION DU VIOL …»
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin.
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin. Les violences faites aux femmes, la question des enfants de la rue, la construction de l’université de Kolda, le lycée technique et la réhabilitation de la boucle du Fouladou ont constitué les points essentiels de sa plaidoirie dans cet entretien.
Témoin : Mme la députée. Le marathon budgétaire 2020 vient de s’achever avec son lot de cacophonie et de guéguerre notée surtout entre les députés de la mouvance présidentielle. Cela ne confirme-t-il pas la thèse avancée par plus d’un et selon laquelle, cette 13eme législature est la plus médiocre de l’histoire politique du Sénégal ?
Coumba Baldé - Attendez ! Il ne faut pas juger le travail de toute une Assemblée par rapport aux querelles que se livrent deux ou trois parlementaires au sein de l’hémicycle. Bien que ces querelles soient déplorables, il faut quand même reconnaitre que des esclandres entre députés ne sont pas nouveaux dans l’histoire politique du Sénégal. Et puis, quelques fois même cela peut se comprendre par ce que nous sommes en démocratie. Le groupe parlementaire Benno Bok Yakkar auquel j’appartiens a fait un excellent travail. D’ailleurs, j’en profite pour féliciter son président, Aymérou Gningue, qui n’a ménagé aucun effort pour nous faciliter notre rôle de législateurs et de contrôleurs de l’exécutif. C’est pourquoi, les Sénégalais qui ont suivi tout le marathon budgétaire savent qu’il y a eu beaucoup de députés qui ont joué pleinement leur rôle avec des interventions qui cadrent avec les préoccupations des populations qu’ils représentent.
Justement, par rapport à ces préoccupations, actuellement la situation économique du pays est décriée partout avec des marches de protestation contre la hausse du prix de l’électricité. Ici, dans le monde rural, vous êtes témoins des affres de la précarité, non ?
Pas comme vous le prétendez quand même. Depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour sortir le monde rural de la pauvreté. Plusieurs projets et programmes ont été lancés en ce sens. Les bourses de sécurité familiales et le PUMA constituent des exemples illustratifs de ces politiques qui visent essentiellement l’amélioration des conditions de vie dans les zones reculées du pays. Actuellement, il y a la seconde phase du Plan Sénégal émergent qui a été lancée par le chef de l’Etat. Et au niveau de Kolda, dans le cadre du PUDC, beaucoup de projets d’électrification et d’aménagement de pistes de production sont prévus. D’ailleurs, les études ont déjà démarré. Il ne reste que la finalisation pour débuter les travaux. Donc, il faut admettre que les populations de ce terroir ne sont pas oubliées par le Président Macky Sall.
Pourtant l’exode rural, l’émigration clandestine et le manque d’infrastructures de qualité continuent de plomber le Fouladou qui est réputé être une région riche en ressources naturelles. S’agit-il d’un échec des politiques publiques ou celui des représentants de cette zone au niveau des instances de prise de décisions ?
C’est vrai qu’il reste des choses à faire. En tant que porte-parole des populations de cette région, j’ai fait état de cette situation à l’hémicycle. L’année passée, j’avais constaté qu’un budget avait été alloué pour la construction du lycée technique de Kolda. Or, jusqu’à présent, cet établissement tarde à être effectif. Des élèves y sont orientés alors que les filières ne sont pas exhaustives. En ce qui concerne également l’extension de l’université Assane Seck de Ziguinchor à Kolda, les infrastructures n’ont toujours pas vu le jour alors qu’une telle réalisation va constituer un grand soulagement pour les nouveaux bacheliers de la région. Par ailleurs, des lenteurs sont aussi notées dans la construction, depuis 2016, du pont de Ilel situé dans la zone de Sikilo. Il y’a également la réhabilitation de ce qu’on appelle la boucle du Fouladou. A savoir la route qui relie Kolda et des commune comme Pata, Medina Yoro foula, Dabo et Fafacourou. En outre, la route de Salikegné qui traverse trois communes jusqu’à la frontière avec la Guinée Bissau doit être construite pour faciliter la mobilité dans cette zone. Toutes ces doléances de ma communauté, je les ai soumises à l’Assemblée nationale afin que des mesures idoines soient prises par l’Etat en ce sens.
Toujours à l’Assemblée, face au ministre de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance, vous avez plaidé pour le retrait immédiat des enfants de la rue. Des enfants qui, selon vous, proviennent en majorité de la région de Kolda dont vous êtes issue. N’est-ce pas là un cri de cœur chronique ?
Effectivement ! La situation des enfants de la rue est devenue très inquiétante au Sénégal. Mais nous, de la région de Kolda, je pense que nous sommes plus concernés par ce fléau. Lors du dernier jour de vote des projets de budget, j’ai interpellé le ministre en charge de la protection de l’enfance sur la question. Car, l’un des constats que j’ai faits sur ce phénomène est le fait qu’à Dakar tous les enfants qui circulent dans les rues pour la mendicité, sont originaires de ma région. D’ailleurs, il suffit juste de s’adresser à eux pour se rendre compte qu’ils parlent le pulaar de Kolda et ses environs. La plupart de ces enfants proviennent aussi de la Guinée Bissau, dans la zone frontalière de Kolda. Cependant, le ministre m’a rassuré sur le projet de retrait des enfants de la rue qui bientôt sera relancé. L’autre problématique qui est une préoccupation majeure de la gent féminine et particulièrement du réseau des femmes parlementaires, ce sont les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, Al hamdoulillah ! Le projet de loi portant criminalisation du viol est annoncé à l’Assemblée nationale. Moi, en ce qui me concerne, née dans une région où cette barbarie est banalisée, mon combat pour la criminalisation du viol est date de longtemps. C’est de nos jours que les gens jugent la situation intolérable car les cas de viol sont devenus monnaie courante et défraient la chronique mais en réalité la pratique est ancienne
Selon vous, pourquoi dès l’annonce de ce projet de loi, une controverse s’est-elle installée à propos du texte et de son fond ?
Vous savez, très tôt, moi j’ai compris que pour mettre fin à ces actes qui portent atteinte à la dignité de la femme, il fallait que je travaille avec les associations féminines de ma localité pour une large sensibilisation. Ceci permet aux populations une meilleure compréhension des problèmes et conséquences qui résultent du viol. Donc, j’estime que c’est juste une question de compréhension des enjeux. C’est pourquoi, en tant que parlementaire, je suis disposée à accompagner les autorités en charge de la question pour mieux sensibiliser les acteurs concernés. Mais au delà de ca, il y a d’autres fléaux comme l’excision et les mariages précoces qui sévissent dans le monde rural. Les femmes en souffrent également dans cette région.
En tant qu’agricultrice, quelle note accordez-vous à la politique du président Macky Sall dans ce secteur ?
L’agriculture est au cœur de la politique du chef de l’Etat Macky Sall. Sa volonté est de moderniser ce secteur considéré depuis longtemps comme étant l’apanage des pauvres. Sur ce, beaucoup d’investissements ont été faits dans ce secteur à travers le PSE. Une des mesures phares prises par le chef de l’Etat a été la subvention du prix des tracteurs au profit des agriculteurs. Le prix de la machine s’élevait à 30 millions de FCFA. Actuellement, l’Etat subventionne les 2/3 de cette somme, en plus des intrants agricoles. Et puis, en ce qui concerne le volet financement, les prêts sont accordés pour une durée de quatre ans. Donc il faut saluer les avancées notées dans le domaine de l’agriculture depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir.
SORO, LE FUGITIF
Le visage de l’ancien chef rebelle et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne 2020 est à la Une de tous les journaux de son pays. Et rien que le choix des titres indique la passion qui entoure cette personnalité
Le visage de l’ancien chef rebelle et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne 2020 est à la Une de tous les journaux de son pays. Et rien que le choix des titres indique la passion qui entoure cette personnalité. Certains sont strictement factuels. « Un mandat d’arrêt contre Soro » : c’est le choix du Quotidien d’Abidjan ou du journal Le Miroir. L’Intelligent d’Abidjan fait le récit le plus précis possible de son arrivée manquée dans la capitale économique, son avion dérouté vers Accra. Le Matin nous dit qu’il est en fuite vers l’Espagne, qu’Interpol est « à ses trousses ».
Mais il y a aussi des titres qui font davantage figure de commentaires. Le journal Le Rassemblement semble satisfait des derniers événements : « Soro a cherché, Soro a trouvé, enfin ! » Le Temps annonce : « Le président Gbagbo avait prévenu Soro ».
D’autres paraissent beaucoup moins enthousiastes, comme le Nouveau Courrier : « Le régime déclare la guerre à Soro ». « La machination ! », titre Générations Nouvelles. « La guerre des ex-alliés s’intensifie », ajoute Notre Voie.
Crainte pour la paix
Quoi qu’il en soit, le retour au pays de Guillaume Soro est manqué. C’est tout le sens de l’éditorial de l’Observateur Paalga. « Ce devait être le retour triomphal de l’enfant prodige, écrit le quotidien burkinabè. Cela s’est transformé en véritable désillusion. Drôle d’akwaba(bienvenue en baoulé) pour celui qui était, il n’y a pas longtemps, la 2e personnalité de l’État ivoirien.L’ancien patron des Forces nouvelles a passé presque un semestre à l’extérieur, tissant sa toile internationale, échappant de peu à Barcelone en Espagne à une arrestation dans son hôtel ; opération, selon lui, téléguidée depuis Abidjan, avant de déclarer sa candidature, même si c’était devenu un secret de Polichinelle. »
«Le divorce était déjà consommé entre Soro et son mentor ADO, poursuit le journal burkinabè. Avec ce dernier rebondissement, la guerre est maintenant déclarée, et elle sera impitoyable. N’ayant plus rien à perdre politiquement, il faut craindre qu’il ne joue le tout pour le tout pour sa survie politique, sociale et même physique. Malheureusement, quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit le plus. Il faut donc craindre que la paix ne soit menacée. »
Alliés d’hier, ennemis d’aujourd’hui
La descente aux enfers commence pour Guillaume Soro, estime pour sa part Le Pays. Mais « pour qui connaît sa pugnacité et sa ténacité, il y a lieu de craindre pour la Côte d’Ivoire, tant ce jeune loup aux dents longues est capable de tout. Soro, faut-il le reconnaître, compte de nombreux soutiens qui sont loin d’être des enfants de chœur. En tout cas, à l’allure où vont les choses, la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri d’une nouvelle rébellion. Cela dit, s’il y a quelqu’un qui, actuellement, peut boire son petit lait en voyant ADO et Soro dressés l’un contre l’autre, c’est bien Laurent Gbagbo contre qui les deux hommes s’étaient coalisés pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Comme quoi, en politique, les alliés d’hier peuvent subitement devenir les ennemis d’aujourd’hui et vice versa. »
«NOTRE MISSION EN GAMBIE A ETE RICHE EN ENSEIGNEMENTS…»
Exclusif général d’Armée Cheikh Gueye, Chef d’Etat-major général des armées (Cemga) fait ses adieux
Après plus de quarante ans de bons et bons loyaux services, le Chef d’etat major général des armées (Cemga), le général d’armée Cheikh Guèye fait ses adieux ! promu dans la deuxième section, le général Cheikh Guèye part avec la fierté d’avoir été au service de son pays. avec loyauté, compétence et abnégation. après avoir rendu grâce à Dieu, il exprime sa très profonde gratitude au président de la république, Chef suprême des armées, pour la confiance qu’il avait placée en lui, en lui confiant les destinées des armées pendant trois ans. a la veille de son départ, le général Cheikh Guèye a choisi « le témoin » quotidien pour tirer une partie de son bilan élogieux et fermer le ban de sa brillante carrière. exclusif !
Le Témoin : Mon général, après près de 40 ans de bons et loyaux services rendus à l’Armée et à la nation sénégalaise, quel sentiment vous habite à la veille de passer dans la deuxième section?
Général Cheikh Guéye : Je ressens à la fois un sentiment de tristesse, de fierté et d’espoir. L’Armée est notre seconde famille, si ce n’est la première. Quand on y sert sans interruption pendant près de quarante ans avec des amis, des frères d’armes, on se sent triste au moment de quitter. Je pars, également, avec un sentiment de fierté d’avoir été au service de mon pays. C’est le lieu, ici, de rendre grâce à DIEU, de remercier mes parents, mon épouse et mes enfants. J’exprime également ma très profonde gratitude au Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, pour la confiance qu’il a placée en moi en me nommant à la tête du commandement de nos armées pendant ces trois dernières années. Je suis également reconnaissant à mes collaborateurs, au premier rang desquels le Sous-chef d’état-major général des Armées, pour leur fidélité et leur engagement à mes côtés. Au moment de rejoindre la deuxième section, j’ai également une pensée pieuse envers nos frères d’armes arrachés à notre affection. Je réitère ma profonde compassion à leurs parents et à leurs proches.
En tant que Cemga sortant, quel bilan tirez-vous de votre commandement placé sous le signe de la défense, de la sécurité sous régionale, de la protection individuelle des soldats en opération et surtout du social?
Il convient de rappeler que le Chef de l’Etat est le Chef suprême des Armées. A ce titre, il définit la politique de défense de la Nation et fixe ses orientations sur la base desquelles nous définissons les nôtres en direction de nos grands subordonnés. Les Armées sont en première ligne dans l’exécution de la mission régalienne du Président de la république qui, en vertu de notre charte fondamentale, est chargé du respect des engagements internationaux du Sénégal et la défense de l’intégrité du territoire national, en particulier dans le Sud du pays en proie à un mouvement irrédentiste depuis bientôt quarante ans. Dans ce cadre, les Armées s’attèlent en permanence à l’exécution du mandat qu’elles ont reçu et qui consiste en partie à disposer d’une force de manœuvre capable d’intervenir simultanément dans deux directions différentes dans un conflit de moyenne intensité et de participer au maintien de la paix et la sécurité sous régionale dans le cadre bilatéral de la Cedeao, de l’Union Africaine ou internationale dans le cadre des Nations unies. Pour ce faire, il nous a fallu une gestion rigoureuse et rationnelle de la ressource. Fondamentalement, nous avons pu établir et maitriser un cycle basé essentiellement sur le triptyque engagement intérieur, engagement extérieur, préparation opérationnelle et remise en condition. Ce cycle nous a permis de mieux préserver notre potentiel et une meilleure mise en condition opérationnelle de nos unités ;
« L’Armée sénégalaise poursuit sa montée en puissance à la hauteur des enjeux du moment… »
S’agissant de notre engagement intérieur, il tourne essentiellement autour de la sécurisation des régions méridionales et orientales, mais aussi de la conduite d’actions de présence sous forme de nomadisations sur l’ensemble du territoire national. Quant aux opérations extérieures, elles rentrent dans le cadre de notre contribution aux opérations de paix partout où celle-ci est menacée au sein des organisations dédiées. C’est ainsi que sur le plan de la sécurité sous régionale, nous participons aux opérations de soutien à la paix au Mali, en Gambie, en République de Guinée Bissau et, ailleurs en Afrique, nous disposons d’un contingent en République centrafricaine axé principalement sur une composante hélicoptères de combat. Enfin, la préparation opérationnelle occupe une place prépondérante dans la mesure où elle conditionne le succès dans les opérations et constitue un baromètre pour apprécier le professionnalisme d’une armée. Cette phase est également mise à profit pour les différents stages et une remise en condition de nos unités. Sur un autre registre des efforts conséquents ont été consentis au profit des différentes armées (terre, air et mer) pour une montée en puissance à la hauteur des enjeux du moment et la création d’unités spéciales. Un accent particulier a été mis dans l’acquisition d’équipements spécifiques pour la protection individuelle et collective de nos hommes mais également sur la puissance de feu. Au plan des infrastructures, de belles réalisations ont été obtenues, en particulier avec la rénovation complète de l’Ecole nationale des officiers d’active de Thiès qui dispose maintenant d’un cadre digne des plus grandes académies, du 12 ème d’instruction à Dakhar Bango complètement modernisé pour accueillir les recrues du contingent dans d’excellentes conditions. Dans la même veine, de nouveaux cantonnements ont été érigés à Louga, Ourossogui, Kédougou et Némanding pour abriter de nouvelles unités. Enfin, l’état-major général des armées a bénéficié d’infrastructures modernes qui ont considérablement amélioré les conditions de vie et de travail des personnels. S’agissant du devoir de mémoire, plusieurs camps et centres d’entraînement ont été baptisés au nom de grands anciens et de défunts camarades qui ont rendu des services exceptionnels aux Armées et à la Nation. En outre, la revalorisation de la condition militaire est une réalité tangible. Depuis 2012 en effet, le traitement des militaires a été sensiblement amélioré, les invalides ont obtenu un soutien conséquent et les primes servies en opérations ont été revues à la hausse. Le pôle social des Armées a été également au rendez-vous et des progrès notables ont été obtenus dans la prise en charge sanitaire, l’accès au logement, l’accompagnement des veuves et des orphelins, la reconversion des retraités et des libérés du contingent.
Mon général, votre commandement restera surtout marqué par l’intervention sénégalaise sous l’égide de la Cedeao pour chasser l’ancien président Yaya Jammeh. Que retenez-vous de cette mission qui porte votre marque en tant que chef de guerre?
Vous savez, notre mission en Gambie a été riche en enseignements. Nous avons été en mesure de projeter, en autonome, une force de manœuvre opérationnelle avec toutes les composantes nécessaires en termes de fonction opérationnelle dans des délais courts, afin d’exécuter le mandat reçu du Chef de l’Etat. Nous avons été en mesure de planifier dans l’urgence cette opération, en liaison avec nos partenaires de la Cedeao. A noter que nous n’avons pas eu besoin de dégarnir nos positions dans les zones méridionales et l’engagement d’un fort contingent en Gambie n’a eu aucun impact sur la participation de notre pays à la sécurité collective. Nous avons continué à dérouler notre agenda avec des unités en regroupement pour effectuer à dates échues les différentes relèves.
A Washington vous avez fait votre entrée dans le Hall of Fame (Panthéon) de l’Université de défense américaine. Que représente cette distinction pour vous?
(Rires) Je perçois cette distinction à sa juste valeur. De mon point de vue, c’est le Sénégal et les Armées qui ont été honorés. C’est le Sénégal qui m’a donné l’opportunité d’y effectuer un séjour. Je l’ai dédié par conséquent à Monsieur le Président de la République et aux Armées.
Mon général, ces cinq dernières années, le président de la République Macky Sall, chef suprême des Armées, a consenti d’énormes efforts pour l’acquisition d’équipements de pointe pour nos Armées. Pensez-vous que cette montée en puissance soit suffisante pour faire face aux menaces sous régionales (criminalité transfrontalière, terrorisme jihadistes, etc.) surtout au moment où le Sénégal doit protéger ses ressources gazières et pétrolières?
Les efforts consentis par le chef de l’Etat ont démarré dès son accession à la magistrature suprême. Il a conforté le moral dans les rangs, par une revalorisation significative de la condition militaire. Sur le plan doctrinal, il est l’initiateur du nouveau concept de défense et de sécurité national qui prend en compte les menaces émergentes. Aujourd’hui, les Armées dans toutes leurs composantes, ont vu leur potentiel s’accroître. C’est important parce que l’efficacité opérationnelle est tributaire de ces différents facteurs : le moral, l’équipement et l’entrainement. Pour ce dernier point, nous avons renoué avec les campagnes de tir de grande envergure à Dodji et nous avons repris les manœuvres nationales interarmes et interarmées avec nos moyens propres. Donc, il est indéniable que des efforts importants ont été consentis. Cependant, il reste des capacités à parfaire et l’exécution progressive du plan stratégique d’équipement y contribue. Il est à noter l’effort particulier qui a permis de restaurer notre flotte maritime qui nous confère désormais les capacités hauturières de surveillance et de contrôle de nos eaux territoriales. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, outre la capacitation des forces nationales, il est fondamental que nous parvenions davantage à une synergie d’action, à l’intérieur, entre les différentes forces de défense et les forces de sécurité mais, également, avec les pays de la sousrégion, par l’organisation d’opérations conjointes, l’échange de renseignements et l’harmonisation des législations en matière de lutte contre les organisations extrémistes violentes.
Le G5 Sahel regroupe cinq pays de la bande sahélo-saharienne, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Pourquoi le Sénégal, devenu une puissance militaire sous régionale, n’en fait - il partie?
La non implication du Sénégal dans le G5 Sahel est une question qui ne relève pas de mon ressort. Dans tous les cas, le Sénégal participe aux opérations de sécurisation au Mali avec des effectifs très importants qui le placent parmi les premiers contributeurs.
La plupart des observateurs constatent que les femmes militaires du rang sont souvent confinées dans les corps d’administration et autres secrétariats. Leur recrutement dans l’Armée n’est-il pas un échec?
Non ! L’intégration du personnel féminin n’est pas un échec, loin s’en faut. Il n’existe aucune discrimination à l’égard du personnel féminin, relativement à l’accès aux emplois, encore moins pour l’avancement dans les grades. Le recrutement se fait aujourd’hui dans toutes les catégories et les fonctions exercées sont de plus en plus diversifiées. Les Armées sénégalaises ont toujours fonctionné selon le principe de la qualification et du mérite et cela continue. Nous procédons régulièrement à des évaluations de la présence du personnel féminin dans les Armées et prenons les mesures correctives nécessaires. Quant à la question de l’intégration des femmes au sein des unités combattantes, il convient de la considérer sous le prisme de la progressivité. Du reste, le personnel féminin a commencé à être engagé dans certains emplois techniques et à des postes de responsabilité en opérations extérieures. Le retour d’expérience montre que leur engagement a été très concluant.
Mon général, les soldats ont beaucoup apprécié votre récent et long séjour en Casamance. Quel était l’objet de cette mission?
En Casamance, comme à Tambacounda, Saint-Louis etc, les visites régulières que nous effectuons revêtent un double caractère. Il s’agit d’abord de s’enquérir de la situation sur le terrain, en s’informant sur les questions relatives aux opérations et la logistique, afin de donner aux autorités sur le terrain les orientations nécessaires et trouver des solutions durables à leurs préoccupations d’ordre matériel. Ensuite, notre présence aux côtés des personnels en opérations intérieures et extérieures est de nature à rehausser leur moral. En effet, une visite d’inspection sur le terrain renseigne beaucoup mieux qu’une centaine de rapports ou de comptes rendus.
Depuis l’accession du président de la République à la magistrature suprême, le calme est revenu en Casamance où il n’y a pratiquement plus d’attaques ou d’exactions sur les populations. Quel rôle a joué l’Armée nationale dans ce retour à la paix?
(Regard hostile) Il est vrai que le niveau de violence a fortement baissé au cours de ces dernières années. C’est le lieu de féliciter tous les acteurs qui y ont contribué et de s’incliner devant la mémoire de ceux qui y sont tombés au champ d’honneur. Notre dispositif de sécurisation n’est pas figé. Il est fonction de la situation sécuritaire. Celle-ci est constamment suivie et évaluée, afin d’adapter le volume de forces et les moyens qui leur sont consacrés. Nous avons adopté une posture dynamique qui se traduit par des patrouilles sur l’ensemble de la région naturelle de la Casamance afin d’anticiper les menaces et de contrer l’occurrence de toute violence contre les populations civiles. Nous sommes également à la pointe du combat contre les trafics illicites, celui du bois en particulier. Des efforts importants ont été consentis par les pouvoirs publics pour améliorer la mobilité, la puissance de feu et la protection des unités par la dotation d’équipements spéciaux. C’est ce qui explique le bilan satisfaisant en termes de saisies régulières et importantes de bois, de drogue et de produits illicites.
Le chef suprême des Armées, le président de la République a récemment créé une Agence pour le Logement des Forces Armées (ALFA). Cette agence est-elle opérationnelle? Si oui, quelles sont ses réalisations?
L’Agence pour le Logement des Forces Armées (ALFA) effectue un travail remarquable sur toute l’étendue du territoire national. La création de cette agence répond à un besoin opérationnel et à un souci de mettre les familles dans de meilleures conditions de vie. Dans quasiment tous les cantonnements, le patrimoine bâti était dans un état de délabrement très avancé et des bâtiments menaçaient même de tomber en ruine. De ce fait, les militaires préféraient généralement vivre en location dans le domaine civil. Aujourd’hui, grâce aux travaux de réfection entrepris, voir la construction de bâtiments neufs, les militaires reviennent loger dans les casernes où ils sont plus disponibles pour le service et bénéficient de meilleures conditions pour les familles.
Comment comptez-vous fermer le ban de cet entretien?
Pour fermer le « ban » comme vous le dites, je voudrais exprimer toute ma confiance pour l’avenir. Je suis convaincu que l’outil militaire que nous avons hérité de nos anciens, continuera à rester professionnel, au service exclusif de la Nation sénégalaise. Nous avons des femmes et des hommes de très grande qualité et nous continuerons de bénéficier de la sollicitude du chef de l’Etat, Chef suprême des armés, afin que le Sénégal continue de bénéficier de la paix et la sécurité indispensables pour parachever les grands chantiers en cours pour le développement économique et social.