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27 juillet 2025
DES AGENTS «VEREUX» FERMENT LES YEUX
Dans la commune de Grand Yoff, plus précisément derrière la station Shell communément appelée “Station Shell Hlm Patte d’Oie“, on note au vu et au su de tous l’érection d’une gare clandestine opérant dans les directions : Dakar-Mbour, Dakar-Thiès
Au moment où les autorités du pays ne savent plus où donner de la tête du fait de la récurrence des accidents de la circulation dans la commune de Grand Yoff, plus précisément derrière la station Shell communément appelée “Station Shell Hlm Patte d’Oie“, on note au vu et au su de tous l’érection d’une gare clandestine opérant dans les directions : Dakar-Mbour, Dakar-Thiès. Très prisés par les usagers, bien que illégaux, les véhicules particuliers de marque « Dacia » et autres « Peugeot 307 » appelés «wargaïndé», sans licence de transport ni bons de sortie de la région de Dakar, encore moins d’assurances de transport, y exercent sans être inquiétés ni par la police ni par la gendarmerie. Pis, des chauffeurs et apprentis rencontrés sur les lieux informent verser par jour la somme de 20.000 FCFA, soit 600.000 FCFA par mois, à des agents de la mairie de la commune de Grand Yoff pour pouvoir exercer en toute quiétude au niveau de cet espace qui leur est dédié. Ce que les autorités municipales de Grand Yoff réfutent, tout en précisant que dans tous les services, il existe des agents véreux. Tout en n’écartant pas des arrestations pour les récidivistes, le sous-préfet de l’arrondissement des Parcelles Assainies reconnait qu’il s’agit là d’un éternel jeu de cache-cache avec ces transporteurs clandestins. Il ne s’avoue pas vaincu pour autant. Tout ce transport clandestin se fait au grand dam des transporteurs de la gare des « Beaux Maraichers », qui ont fini de considérer leur gare routière comme un «mouroir pour les transporteurs». Une enquête réalisée sur les lieux, avec l’appui de l’Ecole de formation en journalisme E-jicom, à travers son fond d’appui à la production, a permis de mettre à nu toute la mafia qui entoure cette gare clandestine à Grand Yoff.
Lors d’une discussion sur les raisons de l’augmentation des prix du transport Dakar-Mbour, à partir de la “Station Shell des Hlm Patte d’Oie“ qui est passé de 2.500 FCFA à 3.000 FCFA pour les véhicules particuliers de 6 places, de 2.000 FCFA à 2.500 FCFA pour les minicars, le samedi 16 novembre dernier, l’apprenti-car renseigne qu’il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Au-delà du prix de l’autoroute à péage jugé élevé et celui du gasoil, notre interlocuteur nous révèle que les chauffeurs sont obligés de verser un «mandat», c’est-à-dire une commission, pour entre autres les «rabatteurs» appelés «coxeurs», la mairie de Grand Yoff pour le droit de stationnement journalier de 20.000 FCFA. Il précise que les agents de la mairie passent chaque jour aux alentours de midi, pour donner aux rabatteurs le temps de leur collecter ladite somme. Une information qui nous a interpellé du fait qu’il s’agissait d’un garage clandestin, en plus du transport illégal auquel se livrent des chauffeurs de véhicules particuliers. Pour y voir un peu plus clair, nous avons décidé de revenir au niveau de ladite gare pour une petite enquête.
DES AGENTS DE LA MAIRIE DE GRAND YOFF ACCUSES DE PERCEVOIR 20.000 PAR JOUR POUR FERMER LES YEUX
Samedi 7 décembre dernier, nous nous sommes rendus vers 10h30mn dans ce garage. Il grouillait déjà de monde, à cette heure de la journée. Sur les lieux, celui qui recense les numéros de véhicules par ordre d’arrivée et encaisse les «mandats» des chauffeurs, un monsieur barbu, s’activait à orienter les passagers, selon le moyen de transport choisi. Très occupé à orienter les usagers vers un véhicule particulier de marque Dacia et vers l’un des deux minicars garés sur les lieux, avec des va-et-vient incessants, nous nous résignons à nous rabattre vers le chauffeur de la Dacia. Ce dernier qui répond au prénom de “Modou chauffeur“ indique que le prix du transport pour les véhicules particuliers est à 2.500 FCFA. Mais, poursuit-il, «il arrive les week-ends qu’on le fasse passer à 3.000fr à cause de l’affluence des clients». Sur les raisons de ce prix jugé très élevé par les usagers, “Modou chauffeur“ précise qu’il faut 3.500 FCFA à payer pour l’autoroute à péage, à l’aller comme au retour. Il informe que pour le voyage Dakar-Mbour et le retour, il faut, pas moins, de 8.000 FCFA de gasoil, pour un véhicule qui ne consomme pas trop. Poursuivant sur les détails de ses dépenses, le chauffeur nous indique qu’il faut laisser une «commission», qu’il appelle «mandat», de 3000 FCFA pour le premier voyage et de 1.500 FCFA pour le second. Sur le pourquoi d’une telle différence sur les «commissions», “Modou chauffeur“ explique que le matin, il faut prendre en compte les nombreux rabatteurs, mais également le droit de stationnement à payer à la mairie. Cela, sans pour autant avancer le montant, contrairement à l’apprenti-car qui nous avait transporté de Dakar à Mbour, le samedi 16 novembre dernier. Au moment où nous avons voulu pousser les discussions, le rabatteur en chef lui demande de partir car son véhicule est plein. Comme il tardait à s’exécuter, le monsieur impatient s’engouffre dans ledit véhicule et le déplace de quelques mètres. “Modou chauffeur“ se résigne alors à couper court à nos échanges pour récupérer son véhicule, avant de démarrer en trombe. Direction Mbour.
Sollicité, son ami chauffeur de minicar, Moussa, assis de l’autre côté du garage, confirme de son côté toutes les charges évoquées par son collègue. Il y rajoute le bon de sortie que les minicars qui disposent d’une licence de transport doivent se procurer à la gare routière des Beaux Maraichers à Pikine. Il trouve toutefois que les prix sont abordables, au regard des dépenses. Pour étayer son propos, il évalue le total des charges, à savoir le péage, la commission et le gasoil aller-retour à 18.000 FCFA, pour un véhicule de 6 places qui encaisse un total de 15.000 FCFA aux clients. Suffisant pour lui de démontrer que les chauffeurs de ces véhicules ne peuvent compter que sur d’autres potentiels clients, lors du voyage retour de Mbour, pour s’en sortir.
DES TRANSPORTEURS ILLEGAUX TRES PRISES PAR LES USAGERS
Malheureusement, il informe que tous les véhicules de marque « Dacia » et autres Peugeot 307 n’ont pas de licence et ne cherchent pas de bons de sortie. «Ce qui ne les empêche pas de travailler sans problème», précise Moussa. Pour preuve, il nous montre du doigt les nombreux passagers qui attendent l’arrivée des véhicules particuliers, alors qu’il y avait sur place deux minicars stationnés dans l’attente des passagers. Sur les raisons de cette préférence de la clientèle, il dira que c’est parce que ces véhicules font le plein très facilement et sont beaucoup plus rapides, via l’autoroute à péage. Comme pour lui donner raison, dès qu’un véhicule particulier se gare, les usagers se bousculent pour prendre place. Ce jour, entre 11h et 12h, les chauffeurs de Dacia et Peugeot 307 ne faisaient pas plus de 15mn à ladite gare clandestine, car leurs véhicules étaient pris d’assaut dès leur arrivée.
LES AGENTS DE LA MAIRIE DE GRAND YOFF FERMENT LES YEUX
Revenant sur la répartition de la commission de 3.000 FCFA laissée le matin par chaque chauffeur, Moussa Mbengue renseigne que ceux qui doivent y trouver leur compte sont nombreux. Pour autant, il ne cite que les rabatteurs, qui seraient, selon lui, plus d’une cinquantaine, répartis en cohorte. Il explique que ces derniers, tous des chauffeurs en possession de leur permis de conduite, mais sans moyen de transport, se sont organisés en quarts. Il y a ceux qui commencent très tôt le travail jusqu’à 8h, d’autres qui prennent le relais jusqu’à 10h avant de se faire remplacer par la cohorte qui assure jusqu’à midi. Au-delà de 12h, précise-t-il, l’équipe de l’après-midi dispose de plus de temps car, «non seulement elle est plus nombreuse, mais le mandat est à 1.500 FCFA par véhicule».
Sur ces entrefaites, l’équipe de rabatteurs qui avait assuré de 10h à 12h se retire dans un coin pour se partager les gains de la journée. Au même moment, une petite voiture remplie de sabots d’immobilisation de véhicules se gare en face du garage clandestin. Les occupants du véhicule descendent tous sauf le chauffeur, et se fondent dans la masse. Après quelques 15 minutes sur les lieux, le véhicule quitte sans tambour ni trompette comme il était arrivé. Interpellé sur la présence de ce véhicule qui n’a pas procédé à l’immobilisation des véhicules qui s’adonnent au transport illégal, Moussa nous informe que ce sont les agents de la mairie de Grand Yoff. Mais, il nous rassure que «les agents ne feront rien, à moins qu’un chauffeur se gare mal ou que son véhicule se trouve en dehors de la place réservée pour le garage». Ainsi donc, sans le dire expressément, Moussa confirme l’apprenti-car qui avait laissé entendre qu’il y a un espace réservé au garage clandestin, géré par la mairie de Grand Yoff.
LA POLICE ET LA GENDARMERIE LAISSENT FAIRE
Quid de la police et de la gendarmerie ? Interpellé sur une scène que nous avons notée, à savoir la présence sur les lieux, vers 11h30mn, d’un motocycliste gendarme, notre interlocuteur nous fait savoir que ce dernier ne leur fera absolument rien, sans pour autant s’avancer sur les raisons. En effet, l’homme de tenu s’était juste arrêté au niveau du garage clandestin, sans descendre de sa moto, et avait échangé quelques mots avec des rabatteurs et beaucoup plus avec le rabatteur en chef, le monsieur à la barbe. Notre attention avait été retenue par le geste du chauffeur de la Dacia, à savoir “Modou chauffeur“, aidé en cela par un autre rabatteur, à la vue du gendarme, ils se sont précipités derrière le véhicule, juste là où se trouve l’immatriculation de la voiture. Nous avons alors compris qu’ils cherchaient à cacher sa reconnaissance. En tout cas, le gendarme est reparti de plus belle, sans pour autant récupérer le permis de conduire du chauffeur de la Dacia, qu’il a bel et bien vu, pour avoir garé juste au niveau dudit véhicule.
Autre chose marquante, la gare clandestine Dakar-Mbour et Dakar-Thiès de la “Station Shell des Hlm Patte d’Oie“ se trouve à une dizaine de mètres d’un grand arrêt de cars, communément appelé «car rapide», juste à la Pharmacie Patte d’Oie. A ce niveau, il y a constamment un agent de la police pour réguler la circulation. D’ailleurs même, le jour de notre visite, à savoir le samedi 7 décembre dernier, vers 11h et 12h, il y avait bel et bien un agent de police sur les lieux. Ce qui n’a pas empêché les transporteurs clandestins de vaquer à leurs occupations, sans sourciller.
LA MUNICIPALITE DE GRAND YOFF REFUTE ET CHARGE CERTAINS AGENTS VEREUX
Dès lors que la municipalité de la commune a été citée dans ce transport mafieux, avec des accusations d’encaissements journaliers de 20.000 FCFA, nous nous sommes rendus, le mardi 10 décembre, vers 10h, à la mairie de Grand Yoff, sans rendez-vous au préalable. Sur les lieux, un agent de sécurité de proximité (Asp) nous informe que pour rencontrer le maire ou un de ses adjoints, ou encore quelqu’un du personnel de la marie, il fallait se rendre à l’annexe qui se trouve à quelques mètres des lieux. Sur place, l’agent préposé à la sécurité nous indique que personne d’entre le maire et ses adjoints n’est encore sur les lieux. Mais quand nous lui avons expliqué l’objet de notre visite, il nous a recommandé d’entrer dans le bureau de la Salle 17. Ledit bureau est occupé par El Hadji Oumar Gueye, chef de la Division des Services techniques de la commune de Grand-Yoff.
D’une courtoisie exquise, le monsieur nous invite à nous asseoir avant de s’enquérir de l’objet de notre présence.
A peine avoir terminé de décliner notre identité et l’objet de notre visite, M. Guèye se déchaine sur le sujet, affirmant d’emblée «qu’aucun véhicule «clando» qui fait ce transport Dakar-Mbour et Dakar-Thiès ne paie à la marie aucune taxe, encore moins une autorisation d’occupation d’espace». Pour autant, il reconnait que des informations leur parviennent parfois concernant un paiement que recevrait la municipalité de Grand-Yoff pour permettre aux transporteurs clandestins d’exercer en toute quiétude. Il dira à cet effet qu’effectivement, «nous avons appris que c’est en complicité avec certains agents de la mairie et même certains de la police». Pour se dédouaner, il fera remarquer que «comme dans tout corps de métier, il y a des fois des agents véreux qui peuvent entrer dans ce système». En tout état de cause, il reste catégorique, assurant que la commune ne perçoit absolument rien pour une autorisation d’occupation de cet espace, tout en nous faisant savoir que ces derniers ne disposent d’aucun document attestant l’accord de la municipalité pour occuper les lieux.
Pour étayer son propos, El Hadji Oumar Guèye renseigne que la mairie a «informé le sous-préfet, la police et la gendarmerie pour leur dire que nous n’avons pas donné d’autorisation d’occupation de l’espace et nous ne cautionnons pas leur présence sur les lieux, car cela a été déploré par la population». Pourtant, rapporte-t-il, la mairie avait essayé de travailler avec un policier du commissariat de Grand Yoff, en vain. Mieux, il nous rapporte que la municipalité dispose d’une brigade permanente de surveillance de l’occupation anarchique de la voie publique. «Les agents ont des sabots qui leur permettent d’immobiliser tous les véhicules qui sont irréguliers sur la voie publique», indique-t-il. Hélas, se désole-t-il, «ce qui est malheureux, nous avons constaté, comme tout le monde d’ailleurs, qu’ils continuent d’exercer là-bas». Une information que corrobore ainsi la petite voiture pleine de sabots d’immobilisation de véhicules vue à la gare clandestine, le samedi 7 dernier, et qui n’avait pas stabilisé le moindre véhicule de transport irrégulier. Pourtant, les véhicules étaient là. Tel un cri du cœur en direction autorités de la commune, surtout les forces de l’ordre, il dira que «l’autorité étatique devrait nous accompagner pour faire quitter les clandos. Si elles (forces de l’ordre) récupéraient les permis et sanctionnaient comme il le faut, je pense qu’on ne verra plus cela».
BABACAR IBRA MAR, SOUS PREFET DES PARCELLES ASSAINIES, N’ECARTE PAS DES ARRESTATIONS
Pour être édifié sur la connaissance de ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la commune, nous nous rendons, sans rendez-vous, le mercredi 11 décembre, à la sous-préfecture de l’arrondissement des Parcelles assainies qui couvre aussi les communes de Grand Yoff, Patte d’Oie et même Cambérène. En l’absence du sous-préfet, son adjoint M. Kane nous fait savoir qu’il est nouveau à ce poste, tout en nous proposant de revenir plus tard, quand le sous-préfet sera là. Ce que nous avons fait vers 12h, le même jour. A peine informé de l’objet de notre visite, le sous-préfet Babacar Ibra Mar appelle en notre présence le commissaire de police de Grand Yoff pour l’informer que les véhicules «wargaïndé» assurant irrégulièrement la navette Dakar-Mbour et Dakar-Thiès ont repris du service et se seraient déplacés de l’autoroute vers la station Hlm Patte d’oie. Il lui a demandé de prendre le plus rapidement possible les dispositions nécessaires pour les dégager. Cela, quitte à procéder à des arrestations contre les récidivistes. Mieux, il a demandé au commissaire de police de lui revenir dès que possible.
Après ce coup de fil, le sous-préfet Babacar Ibra Mar nous indique que nous venons de lui donner une information, car il pensait que le problème était réglé, alors qu’ils se sont repliés alors un peu à l’intérieur de Grand Yoff. Après quelques recherches sur les registres des départs courriers, il a brandi une correspondance datant du 3 mai dernier, enregistré sous le numéro n° 338, qu’il avait adressé au Capitaine Commandant d’escadron de la gendarmerie de Mbao. Dans la missive qu’il nous a lue, il a d’abord remercié le Commandant pour le travail fait sur le tracé de l’autoroute, au niveau du jardin qui fait face à l’autoroute, où exerçaient les transporteurs clandestins, impactant négativement sur la circulation. Ensuite, il l’a informé que ces derniers, suite à une investigation qu’il avait menée lui-même, s’étaient retranchés derrière l’usine de Poissons qui se trouve à quelques mètres de là, non sans l’inviter à réagir de nouveau. Autant de choses qui lui font dire que «c’est des gens qui, aujourd’hui, jouent au chat et à la souris avec nous».
Il nous a ainsi assuré avoir donné des instructions au commissaire de Grand-Yoff pour démanteler ledit garage, parce que «c’est un garage qui n’a pas sa raison d’être». Il reste ferme, indiquant que «tant qu’ils sont dans cette situation d’illégalité, ils ne pourront pas exercer correctement cette activité». Mieux, l’autorité administrative renseigne qu’il ne s’agira plus, aujourd’hui, de les traquer et de les démanteler. A son avis, «s’ils persistent à exercer cette activité-là, il faudrait que les rigueurs de la loi leur soit imposée».
Allant plus loin, il dira que «si ça doit amener à des arrestations, je pense que l’autorité policière ne ménagerait pas ses efforts pour ça». Il reconnait tout de même qu’il peut exister une certaine complicité avec certains agents sans que les autorités ne soient au courant. Pour lui, «aucun responsable, que ce soit le maire, le sous-préfet, le commissaire de police ou le capitaine de la gendarmerie, n’a ce don d’ubiquité-là d’être présent partout». Toute chose qui lui fera dire que tout agent au courant de cette activité illégale doit entreprendre les diligences nécessaires pour y mettre un terme ou à défaut, faire remonter l’information. «Mais, laisser le gars exercer dans l’illégalité, sans pour autant essayer de faire quelque chose, on peut le considérer comme une forme de complicité qui n’a pas sa raison d’être», trouve-t-il.
Malgré les injonctions faites au téléphone par le sous-préfet, en notre présence, au commissaire de police de Grande Yoff, afin de diligenter le plus rapidement une action pour démanteler ledit garage, les activités se poursuivaient de plus belle sur les lieux. Jusqu’au vendredi 20 décembre dernier, vers 10h30mn, les transporteurs interurbains illégaux continuaient d’exercer à ladite gare clandestine.
DISPOSITIONS LEGALES EN VIGEUR AU SENEGAL : Les transporteurs illégaux risquent la fourrière
Les raisons de la persistance du transport irrégulier dans le pays sont à chercher ailleurs que l’absence de dispositions réglementaires dans le domaine. En effet, le Sénégal dispose d’une loi n°2004-13 du 13 janvier 2004 fixant les règles d’application de la loi n°2002-30 du 24 décembre 2002 du Code de la route. Dans la partie législative, il est prévu à l’article L.119 une mise en fourrière de véhicules, c’est-à-dire, le transfert d’un véhicule en un lieu désigné par l’autorité administrative en vue d’y être retenu jusqu’à la décision de l’autorité désignée à l’article 128. Les transporteurs irréguliers qui exercent en toute quiétude dans le pays et plus précisément, ceux qui font la navette Dakar-Mbour et Dakar-Thiès, sont concernés par cette disposition. A l’alinéa 7 dudit article, l’officier de police judiciaire territorialement compétent et les agents assermentés de l’administration chargée des Transports terrestres peuvent prescrire la mise en fourrière pour «circulation d’un véhicule employé au transport public ou privé de personnes ou de marchandises sans visite technique en cours de validité».
Sachant que ces derniers ne paient aucune taxe pour exercer le transport de passagers, le même article en son alinéa 10 prévoit la fourrière pour eux aussi. Il stipule que la fourrière concerne le «défaut de règlement de la taxe annuelle sur les véhicules à moteur et défaut de paiement de la patente annuelle pour les véhicules affectés soit aux transports publics de personnes, soit aux transports de marchandises, ainsi que le défaut de paiement de l’amende forfaitaire dans les délais».
RECRUDESCENCE DES ACCIDENTS DE LA CIRCULATION AU SENEGAL : 550 décès, selon Oumar Youm
S’exprimant lors du lancement de la Semaine nationale de la prévention routière, en juin dernier, le ministre des infrastructures terrestres et du désenclavement, Me Oumar Youm avait fait l’état des lieux des accidents de la circulation dans le pays. A cet effet, il avait déclaré que «le pays connait une recrudescence des accidents de la circulation. Ces accidents ont atteint une moyenne annuelle de 4 554 accidents avec au moins 550 décès». De l’avis du ministre, bon nombre de ces accidents sont imputables au comportement humain. Me Youm a notamment mis en cause l’excès de vitesse, la somnolence au volant, la conduite en état d’ébriété, la fatigue et le non-respect des règles (Code de la route). Des accidents dont les conséquences «économiques, sociales et environnementales énormes atténuent les performances économiques du pays». Pour y remédier, il informe que «le chef de l’Etat a demandé à la tutelle, en rapport avec les acteurs concernés, notamment la police et la gendarmerie, de prendre des mesures durables contre cette problématique qui constitue un enjeu économique et sociétal majeur».
LA GARE DES BEAUX MARAICHERS CONSIDEREE COMME UN MOUROIR PAR LES TRANSPORTEURS
Pendant ce temps, les chauffeurs de la gare routière des Beaux Maraîchers trinquent. En effet, un tour effectué le mercredi 11 décembre sur les lieux, vers 10h-11h, a permis de rencontrer des transporteurs dans le désarroi, ne sachant plus à quel saint se vouer. Déjà, au tableau Dakar-Mbour et Dakar-Thiès, les rabatteurs et les chauffeurs étaient plus nombreux que les clients. Une pléthore de véhicules type 7 places et minicars attendaient patiemment des passagers. A peine avoir fini d’exposer l’objet de notre présence sur les lieux, les langues ont commencé à se délier en même temps, comme si les chauffeurs n’attendaient que notre présence pour vider leurs sacs d’amertume. Il était difficile pour nous de les suivre tous. Après un moment de tohu bohu, nous nous sommes résolus à cibler un seul, plus calme à nos yeux, qui s’est présenté sous le nom d’Ibrahima Ndong. Ce chauffeur nostalgique des moments passés au garage Pompier, rappelle que les activités marchaient très bien là-bas. «Depuis que nous sommes venus aux Beaux Maraîchers, notre calvaire a commencé», s’est-il lamenté. Selon lui, il est très difficile pour un chauffeur d’avoir un seul aller par jour vers Mbour, alors qu’ils paient des assurances de transport de 25.000 par mois. Ce qui n’est pas le cas, à son avis, pour les maraudeurs «wargaïndé».
Du même avis qu’Ibrahima Ndong, ce septuagénaire du nom de Momar Ndao, responsable du tableau Dakar-Mbour, nous pointe du doigt le véhicule «7 places» pour lequel le tour est arrivé de charger. Concernant ce véhicule, il informe que «le chauffeur s’est inscrit, depuis 3 jours pour ne pouvoir prendre départ qu’aujourd’hui». Sur les raisons, Momar Ndao indique que les «wargaïndé» font du maraudage au vu de tous à Bounte Pikine, à quelques mètres de la gare des Beaux Maraîchers et partout dans la ville au point que les clients n’arrivent pas dans la gare. Pis, il déplore que le maraudage se fasse même en centre-ville, alors qu’il leur est impossible de se rendre à Dakar pour une location sans un bon de sortie. Très remonté contre les autorités du pays, au premier chef le président de la République Macky Sall qui, selon lui, n’a rien fait pour endiguer ce mal, Momar Ndao rapporte que «nos camarades chauffeurs se moquent de nous qui sommes dans la gare en nous considérant comme des gens qui sont dans un mouroir pour transporteurs et ils ont raison de le dire car on ne gagne rien ici». Lassés par l’inaction des autorités, les transporteurs des Beaux Maraîchers n’écartent pas de sortir tous leurs véhicules de la gare pour faire comme les maraudeurs.
Ce phénomène des véhicules de transport illégal Mbour-Dakar et Dakar-Thiès, communément appelé «wargaïndé» prend de plus en plus des proportions inquiétantes dans le pays. Au-delà du transport interurbain auquel se livrent les véhicules de marque Dacia et Peugeot 307, le transport en commun urbain avec des voitures «clandos» dans la capitale se fait de manière illégale et sans problème. Cela, au vu et avec la complicité de tous, au grand dam des transporteurs réguliers qui disposent de tous les papiers de transport. Un transport illégal qui ne sera pas sans impact sur l’économie du pays, au moment où les autorités remuent ciel et terre pour trouver des ressources financières pour leurs grands projets.
Par Jean Michel DIATTA
«UN MAUVAIS COUP CONTRE L’INTEGRATION EN AFRIQUE DE L’OUEST»
L’économiste Demba Moussa Dembélé est très déçu de l’accord trouvé entre les présidents Ouattara et Macron sur la monnaie ECO.
L’économiste Demba Moussa Dembélé qualifie l’accord trouvé entre Ouattara et Macron de «mauvais coup contre l’intégration en Afrique de l’ouest». Dans son réquisitoire, l’un des détracteurs du franc CFA tient à faire valoir que: «L’accord Ouattara-Macron ne signifie nullement la fin du CFA, mais se situe plutôt dans la continuité de la servitude monétaire et de la tutelle de la France sur les économies africaines. Ce que demandent les peuples africains, c’est la fin du franc CFA et non sa réforme».
L’économiste Demba Moussa Dembélé est très déçu de l’accord trouvé entre les présidents Ouattara et Macron sur la monnaie ECO. «L’accord Ouattara-Macron ne signifie nullement la fin du CFA, mais se situe plutôt dans la continuité de la servitude monétaire et de la tutelle de la France sur les économies africaines. Ce que demandent les peuples africains, c’est la fin du franc CFA et non sa réforme». Le détracteur du Fcfa de poursuivre: «C’est la souveraineté monétaire que réclament ces peuples, après près de six décennies d’indépendance formelle».
Dans son raisonnement s’interroge-t-il: «Peut-on sérieusement envisager le lancement d’une monnaie unique pour la Cedeao sans le Nigeria et le Ghana, qui représentent plus de 75% du PIB de cette communauté? En faisant un parallèle avec la zone Euro, pouvait-on avoir l’Euro sans l’Allemagne et la France?»
Face à la pression des peuples et à la montée du sentiment ‘’anti-français’’, dira-il encore: «La France et ses vassaux ont cru avoir trouvé la parade, avec cette prétendue réforme du franc CFA. Ils pensent avoir coupé l’herbe sous les pieds des critiques, en éliminant les symboles néocoloniaux. Mais ils ne feront que galvaniser davantage la résistance contre la servitude au profit d’une véritable souveraineté monétaire dans la Cedeao afin de contribuer à la réalisation des grands chantiers de l’Union africaine».
Confortant son propos, il rappelle ceci: «Le samedi 21 décembre, Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, annonce, aux côtés du président français, Emmanuel Macron, que le franc CFA aura pour nom ECO à partir de juillet 2020 et que son taux de change restera fixe par rapport à celui de l’Euro. Il ajoute qu’il n’y aura pas rupture avec le Trésor français et que la France aura un ‘’rôle de garant’’».
Ouattara : le cheval de Troie de la France
A cette déclaration, l’économiste estime que «cet accord est en contradiction avec la décision du 29 juin 2019, des chefs d’Etat de la Cedeao, qui avaient adopté le nom ECO ainsi que les mesures devant valoir cette décision à savoir que la future Banque centrale serait de type fédéral, le régime de change retenu serait flexible, avec un ciblage de l’inflation globale, comme cadre de politique monétaire», a-t-il dit tout en laissant entendre: «L’annonce de Ouattara ne nous surprend guère. Nous l’avions envisagé comme l’un des scénarios possibles, lors du «samedi de l’économie» du 14 décembre, consacré à ce sujet…
Après son entretien avec ce dernier, le 9 juillet dernier, il avait déclaré ceci : «À terme, le franc CFA s’appellera l’ECO». Pour souligner sa volonté d’écarter les pays non-CFA, il ajoutait : «Il faudrait que les critères de convergence soient atteints par tous les pays avant d’y aller». Pour aller au bout de sa pensée, Ouattara disait que la parité fixe avec l’Euro ne «changerait pas dans l’immédiat» avec l’entrée en vigueur de l’Eco…
DES REFORMES COSMETIQUES
Le président français, Emmanuel Macron, a parlé d’accord «historique», sans doute pour impressionner les naïfs et fourvoyer l’opinion publique française. Il n’y a absolument rien «d’historique» dans l’accord Ouattara-Macron. La plupart des mesures annoncées avaient été proposées par Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du FMI, dans un papier publié en avril 2018. Aussi bien le changement de nom, que le transfert des réserves du Trésor français vers une autre destination ou encore le remplacement des représentants français dans les instances de la Bceao. Le but est de couper l’herbe sous les pieds des critiques, en éliminant les symboles, qui fâchent sans toucher au fond du problème.
Car si le taux de change reste fixe, alors la Bceao continuera à mener les mêmes politiques monétaires, avec comme priorité la lutte contre l’inflation, comme le stipulent ses Statuts de 2010. En outre, la libre transférabilité des capitaux entre les pays africains et la France sera maintenue. Quant au transfert des réserves de change des pays de l’UEMOA vers un autre pays, cela changera quoi pour les pays africains ? Et si la France joue le « rôle de garant », quelle sera la marge de manœuvre des pays africains?
POURQUOI LES PAYS DE L’UEMOA SEULEMENT?
Démontant les arguments du président en exercice de la Conférence des chefs d’Etats et gouvernements de l’Uemoa, il dira: Alassane Ouattara, le président la République de la Côte d’Ivoire, fait croire que ces pays remplissent tous les critères de convergence de premier rang, qui se composent comme suit: Maintien d’un taux d’inflation inférieur à 10%; avoir un ratio du déficit budgétaire de l’Etat (hors dons) par rapport au PIB inférieur ou égal à 3%; respecter la limite maximale de 10% des recettes fiscales de l’année précédente pour le financement du déficit budgétaire par la Banque centrale ; maintenir un niveau de réserves de change couvrant au moins 3 mois d’importations».
A l’en croire: «Si le taux d’inflation et le financement par la Banque centrale sont respectés- malgré eux- par les pays de l’UEMOA, il n’en est pas nécessairement de même pour les deux autres critères. Par exemple, pour le déficit budgétaire, à part la Côte d’Ivoire, aucun des autres pays de l’UEMOA ne le respecte. En 2018, le Sénégal était à un déficit de 3,7% et en 2019, il serait de 3,8%. Le Bénin, le Burkina et le Mali avaient des déficits avoisinant 5% en 2018, tandis que celui du Niger s’approchait des 6%, selon les données de l’Annuaire statistique 2019 de la BAD et de la CEA. La Guinée fait mieux que tous ces pays, sauf la Côte d’Ivoire». Dembélé de s’interroger: «Est-ce que tous les pays de l’Uemoa partagent la position de Ouattara ? On est en droit de se poser cette question, vu le point de vue exprimé par le président nigérien Issoufou, dans une interview à Jeune Afrique, le 14 août 2019, dans laquelle il disait: Soyons clairs.
La création de l’Eco signifie la sortie du franc CFA. Cette monnaie sera liée à un panier de monnaies, constitué des principales devises: euro, dollar, yuan… avec lesquelles nous commerçons. Ce ne sera donc pas le CFA sous un autre nom, ainsi que je l’entends parfois. Ce ne sera pas non plus une réforme contre la France, mais une réforme pour le développement de l’Afrique de l’Ouest, pour les investissements, pour la création d’emplois sur le continent et donc dans l’intérêt de tous». Il fera noter que «toutes ces décisions ont été prises à l’unanimité des 15 États membres de la Cedeao, francophones et anglophones.»
AÏDA MBODJ PREDIT LA PRIVATISATION DE LA SENELEC
Le régime du président Macky Sall envisage de privatiser la Senelec. La révélation est du député Aïssatou Mbodj dite Aïda Mbodj qui estime que c’est tout le sens de l’audience entre le président de la République et le Directeur général de FIELDSTONE
Le régime du président Macky Sall envisage de privatiser la Senelec. La révélation est du député Aïssatou Mbodj dite Aïda Mbodj qui estime que c’est tout le sens de l’audience entre le président de la République et le Directeur général de FIELDSTONE, une société conseillère financière de la commission économique des Nations Unies. L’invitée de l’émission “Jury du dimanche“ de la radio I-radio d’hier, dimanche 22 décembre, n’a pas manqué de théoriser la nationalisation des sociétés à souveraineté nationale.
L’audience entre le président Macky Sall et le Directeur général de FIELDSTONE, une société conseillère financière de la commission économique des Nations Unies, sur le financement d’actifs de la Senelec pour faire baisser le tarif de l’électricité, ne rassure pas du tout la présidente du mouvement politique «Alliance Nationale pour la Démocratie/Saxal liguey». Invitée à l’émission “Jury du dimanche“ de la radio privée I-radio du dimanche 22 décembre, Aïssatou Mbodj dite Aïda Mbodj a présagé une envie pour le régime actuel de privatiser la Senelec.
A son avis, «aujourd’hui, c’est sûr que la Senelec va directement vers la privatisation. Après l’audience de FIELDSTONE, on nous dit que le Conseil d’administration a autorisé, depuis le mois de novembre, la transformation de la Senelec en holding. Mais, moi je retiens que les prochains jours nous éclaireront. Ils n’ont pas exclu la privatisation». Pour cause, elle renseigne que ladite société est connue de tous comme «spécialiste mondiale de la privatisation des sociétés d’énergie en difficulté».
Toutefois, le député de Bambey exprime tout son désaccord quant à une éventuelle privatisation de la Senelec. Elle dira à cet effet, «je suis contre la privatisation de quelque ordre que ce soit. Je suis une nationaliste». Elle reste catégorique que personne n’a le droit de privatiser des sociétés concessionnaires à vocation souveraine, telles que l’eau, les données personnelles, etc. Elle a ainsi théorisé la nationalisation de toutes ces sociétés pour garantir la souveraineté nationale. L’ancienne ministre sous Wade a, par ailleurs, botté en touche les arguments servis par le ministre du Pétrole et de l’Energie, Mouhamadou Makhtar Cissé pour justifier la hausse du prix de l’électricité. «De mon point de vue, ça cloche quelque part. Parce que, comme je l’ai dit tout à l’heure, les Sénégalais ont été pris de court. Parce que ce n’est pas ce qu’ils nous avaient promis. Ils nous avaient présenté une société fiable, une société qui respire bien. Ils nous avaient même promis qu’à un certain moment, à terme, o0n vendrait de l’électricité. Mais on a vu le contraire», a-t-elle pesté.
De toute évidence, elle estime qu’aucun Sénégalais n’est prêt pour cette hausse. Quid de son absence à la manifestation interdite du mouvement “Noo Lank“ du vendredi dernier ? L’ancienne présidente du Conseil départemental de Bambey explique que ces jeunes n’ont que la rue comme espace d’expression. Pour sa part, elle dit être parlementaire et qu’elle a l’Assemblée nationale comme cadre pour faire face aux tenants du pouvoir et exprimer ses opinions.
MAMADOU NDOYE SAPE LE «MACKY»
Les déballages entre responsables du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), renseignent des enjeux pour le régime du président Macky Sall.
Les déballages entre responsables du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), renseignent des enjeux pour le régime du président Macky Sall. C’est la conviction de l’ancien Secrétaire général démissionnaire de la Ligue démocratique (Ld), Mamadou Ndoye, qui révèle que les tenants du pouvoir sont invités par le président de la République à faire des performances électorales et non celles économiques. Il était l’invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm d’hier, dimanche 22 décembre.
C’est un Mamadou Ndoye, ancien Secrétaire général démissionnaire de la Ligue démocratique (Ld), très critique qui a fait face au journaliste Baye Oumar Gueye, à l’émission politique Objection d’hier, dimanche 22 décembre. L’invité du jour de la radio privée, Sud Fm, n’a pas du tout été tendre avec le régime de Macky Sall. En effet, se prononçant sur la guéguerre interne à l’Apr, sous fond de déballages et attaques, Mamadou Ndoye explique que les vraies raisons sont à chercher au niveau des enjeux actuels du régime. A son avis, les tenants du pouvoir se disent que «nous devons coûte que coûte garder le pouvoir et pour le garder, il faut qu’on entretienne une clientèle politique. Pour entretenir une clientèle politique, il faut avoir de l’argent et des postes à distribuer. Si je distribue des postes et qu’il y en a plus, il faut que je distribue des privilèges au niveau de l’économie. Ça touche tous les secteurs».
Pis, Mamadou Ndoye qui se présente comme «Accompagnateur» de la jeune génération impute la responsabilité au chef de l’Etat, Macky Sall. Il rappelle que c’est lui qui «a dit très clairement publiquement et tout le monde l’a entendu : «je vous nomme pour que vous me donnez des résultats électoraux». C’est-à-dire, poursuit-il, «il ne s’agit pas de performer sur le plan économique. Les gens qui sont chargés de gérer notre développement actuel, doivent performer sur le plan électoral». Ce qui lui fait dire qu’à partir de ce moment, «ceux qui gèrent la gouvernance sont orientés vers ça et non par rapport aux intérêts du pays».
Donnant son avis sur les institutions du pays, Mamadou Ndoye pense que l’image des institutions, à savoir le gouvernement, l’Assemblée nationale ainsi que la justice est «ternie depuis longtemps». Il reste formel «qu’aucune institution n’est devenue crédible dans ce pays». Sur les raisons d’une telle perception, il indiquera que «cette perception vient du comportement de ceux qui portent ces institutions. C’est-à-dire du président de la République, des députés, les magistrats. C’est à partir de leurs comportements que ces perceptions sont en train de se développer».
Ne s’en limitant pas là, l’ancien ministre est revenu sur l’état de la démocratie dans le pays. S’il admet que sur la forme «le Sénégal a la même démocratie que les autres pays», il trouvera par contre que «dans la pratique réelle et dans les cultures qui font cette pratique, cette démocratie n’est pas la même». Prenant ainsi en exemple l’arrêté Ousmane Ngom brandi par le préfet pour interdire la manifestation contre la hausse du prix de l’électricité de “Noo Lank“, il accuse les tenants du pouvoir de manquer de courage pour se réfugier «derrière le régime qui est parti, en disant que c’est l’arrêté Ousmane Ngom». Il s’offusque ainsi qu’un arrêté ministériel limite un droit constitutionnel. A son avis, «on pourrait comprendre qu’on prenne un arrêté ministériel dans un contexte spécifique. Mais qu’un arrêté ministériel, de façon permanente, limite un droit constitutionnel, ça nous montre l’état de notre démocratie, comme quand on parle de l’indépendance de la justice».
PAR MADIAMBAL DIAGNE
LES MANIFESTANTS PROFESSIONNELS SUR SCÈNE
Chaque cause mérite une marche. Les forces de police et de sécurité seraient-elles dédiées exclusivement à devoir encadrer des marches ? Un tel laisser-aller, un tel laxisme, n’est acceptable dans aucun pays
Plus d'une fois, nous nous sommes insurgés à travers ces colonnes des interdictions administratives prononcées pour empêcher des marches pacifiques de l’opposition. Nous apostrophions, avec une certaine véhémence, le gouvernement, notamment dans une chronique en date du 16 juin 2019 intitulée : «Quand vont-ils s’interdire d’interdire les marches de l’opposition ?».
Nous considérons qu’il demeure fondamental de reconnaître et de faire droit au citoyen de son droit de manifestation contre une décision ou un fait d’une autorité publique. Il n’en demeure pas moins que ce droit doit s’exercer strictement dans le cadre du respect des droits des autres citoyens et surtout pas dans un objectif ou une finalité de causer des troubles à l’ordre public. Les citoyens sénégalais se gardent de se joindre à des actions qu’ils perçoivent comme entrant dans une logique de trouble de l’ordre public ou mues par des velléités subversives.
Ainsi, a-t-il été observé que les rangs des marches de l’opposition, autour de thèmes n’emportant pas l’adhésion des populations, ont été snobés par ces dernières. Les organisateurs des marches s’en offusquaient et finissaient par insulter les autres citoyens qui ont choisi librement de ne pas se joindre à leurs actions.
Ainsi, nous relevions dans un autre texte en date du 6 août 2019, à l’endroit des organisateurs des marches : «Comment peuvent-ils s’étonner que les populations ne viennent pas à leurs marches ?» Il se trouve que les marches autorisées ne drainent guère des foules et passent donc inaperçues auprès de l’opinion. Pour faire la «Une» des médias, il faudrait arriver à provoquer des confrontations entre marcheurs et policiers. En effet, seules les marches réprimées par la police suite à des interdictions revêtent du succès.
En France ou aux Usa, un manifestant qui agresse un gendarme devant le Palais présidentiel serait abattu.
Il reste que les projets de marche deviennent de plus en plus nombreux et portent sur divers motifs. On voit que pour une raison ou pour une autre, de la raison la plus populaire ou essentielle pour les populations et pour l’Etat, jusqu’au motif le plus futile, des personnes sonnent la charge pour appeler à des marches. Ce qu’il y a sans doute à déplorer n’est nullement que des gens demandent à marcher pour quelque raison que ce soit, mais on voit que les organisateurs usent de tous les stratagèmes pour amener l’autorité administrative à interdire leurs marches.
On a vu la semaine dernière les organisateurs de marches pour protester légitimement contre la hausse du prix de l’électricité déposer deux déclarations de marche simultanées sur deux lieux différents et distants de plusieurs kilomètres. Comment peut-on marcher à Dakar, à la fois à la Place de l’Obélisque et à la Place de l’Indépendance ? Il est manifeste que par ce procédé, les organisateurs cherchaient à faire interdire leurs marches et ainsi avoir l’alibi pour braver les forces de l’ordre.
En outre, dans de nombreux cas, la déclaration préalable n’a pas été faite à temps ; dans d’autres, les organisateurs choisissent des itinéraires incluant des périmètres définis depuis de longues dates comme étant des périmètres de sécurité à l’intérieur desquels aucun rassemblement de personnes exprimant des contestations ne saurait être toléré. Dans tous les pays au monde, l’autorité administrative, appréciant les situations et les contextes, peut décider d’ériger un périmètre de sécurité.
En France, suite aux manifestations violentes des «Gilets jaunes», le périmètre des Champs-Elysées à Paris reste toujours déclaré comme «périmètre de sécurité», à l’intérieur duquel toute manifestation est interdite. Les juridictions administratives ont fini de donner raison à l’Etat français pour une telle mesure administrative. Au Sénégal, on refuse de reconnaître cette prérogative à l’Etat, alors que la justice saisie a confirmé la légalité de la mesure de «sanctuariser» le secteur allant de la Place de l’Indépendance à la Place Washington et incluant donc les installations du Palais présidentiel, du gouvernement et d’autres services essentiels de l’Etat.
Les organisateurs de marches qui voudraient imposer leur itinéraire dans ce secteur ne laissent pas le choix à l’autorité administrative. Dans la même logique, des organisateurs bravent les autorités administratives et menacent ouvertement d’en découdre avec les forces de sécurité si d’aventure la marche n’est pas autorisée.
Plus grave, ils brandissent la menace qu’autorisée ou pas, leur marche sera tenue, au prix de violentes confrontations avec les forces de sécurité. Qui n’a pas entendu des organisateurs de marches annoncer qu’ils prendront d’assaut le Palais présidentiel par exemple ?
Dans de telles conditions, comment pourrait-on autoriser la marche et surtout comment ne pas prendre les dispositions nécessaires pour protéger l’Etat et ses institutions. Des organisateurs de marches ont eu des pedigrees de fauteurs de troubles pour que l’autorité administrative soit fondée à leur opposer un refus systématique de diriger une marche. Dans de grandes démocraties à travers le monde, des fauteurs de troubles, identifiés et même fichés par les services de police, sont interdits de tout rassemblent public et sont même privés du droit d’aller au stade pour suivre un match de football. Une telle méthode est un instrument de police dont se sert l’autorité pour anticiper sur des situations troubles.
Comment alors autoriser une marche de personnes qui, chaque fois qu’elles arrivent à déjouer la vigilance de la police, s’agrippent sur les grilles du Palais présidentiel et agressent les forces de sécurité préposées à la surveillance de ce lieu stratégique ?
Il est clair que dans de grandes démocraties comme en France ou aux Usa, un manifestant qui se serait permis, à l’image de Guy Marius Sagna, d’aller s’agripper aux grilles du Palais présidentiel tout en criant des slogans agressifs et en se bagarrant comme un hystérique avec des gendarmes en faction sur les lieux aurait reçu une décharge d’une arme automatique. Le cas échéant, les conséquences auraient été encore plus graves. Il apparaît de bon sens pour une autorité administrative d’empêcher, par précaution, une aussi fâcheuse et on ne pourrait plus regrettable éventualité.
Le phénomène des manifestants professionnels
On va observer que les organisateurs des marches restent les mêmes personnes et endossent toutes les causes. Les mêmes personnes peuvent vouloir marcher pour le prix de l’électricité, elles voudraient aussi marcher, en synergie avec des commerçants, contre l’installation d’une chaîne de supermarchés, elles tiendraient à marcher pour donner du crédit à un reportage d’une chaîne de télévision étrangère accusant des personnalités politiques de malversations, elles voudraient prendre fait et cause pour une partie dans un différend commercial ou pour demander à des entreprises étrangères de quitter le sol sénégalais ou pour demander la disparition du franc Cfa ou pour s’opposer à une réforme politique, électorale ou de la Constitution du pays.
Ces personnes voudraient marcher parce qu’elles soupçonneraient le président Macky Sall d’entretenir l’idée, qu’il n’a d’ailleurs encore jamais exprimée, de briguer un troisième mandat à la tête du Sénégal en 2024. Les mêmes personnes voudraient marcher pour la date des élections ou pour exprimer une solidarité à des populations en colère dans d’autres pays. Ainsi, chaque jour est propice pour une marche, chaque cause mérite une marche. Les forces de police et de sécurité seraient-elles dédiées exclusivement à devoir encadrer des marches ?
Bien sûr que non ! Un tel laisser-aller, un tel laxisme, n’est acceptable dans aucun pays. Il reste que ces marcheurs sont pour la plupart des personnes à qui aucune activité professionnelle effective n’est connue. Ce sont en quelque sorte des chômeurs qui voudraient consacrer leur temps à organiser des marches pour toutes les causes et les plus farfelues. Ces personnes vivraient-elles de subsides que leur procurerait l’activité d’organisation de marches ?
On voudrait ne pas croire que des officines d’organisation de marches sont créées pour faire des prestations rémunérées d’organisation de marches à la carte. Ne serait-on pas en train de voir prospérer au Sénégal cette activité connue aux Usa, où des «manifestants professionnels» sont postés tous les matins aux abords de la Maison Blanche pour soulever des pancartes de dénonciation ou de protestation, au gré des questions qui préoccuperaient le payeur du jour ?
Il y a de l’intérêt à regarder sur YouTube, la pièce décapante, Manifestant professionnel, jouée en 1970, par les acteurs français Jean Yanne et Daniel Prévost. En effet, le dialogue souligne «qu’il y a un tas de gens qui ont des revendications, qui voudraient protester, mais qui ne peuvent pas manifester parce qu’ils n’ont pas le temps pour le faire, car ils travaillent. Alors ils paient des manifestants pour porter des pancartes et hurler des slogans à leur place». On ne le dira jamais assez, si on devrait qualifier l’action de certains hommes et femmes politiques et d’activistes quant à la tenue de manifestations dans Dakar, l’irresponsabilité ne serait pas un mot trop gros. Le chaos qu’on cherche systématiquement à installer à la Place de l’Indépendance et alentours, du fait d’une poignée d’individus, est à regretter.
On pourra épiloguer autant qu’on voudra sur le respect des libertés publiques, le droit de manifester et de marcher, mais on ne peut fermer les yeux sur une irresponsabilité à outrance d’acteurs se cherchant une légitimité tous azimuts. Nous sommes les premiers à reprocher dans ces colonnes tous les manquements des forces publiques et de l’Etat quant à l’encadrement des manifestations pacifiques des citoyens, mais force est de reconnaître qu’il y a un péril insurrectionnel qui cherche à faire son lit sur l’espace public sénégalais.
Cherche-t-on à émuler un siège comme celui de la Place Tahrir, avec des rangs vides ? Cherche-t-on à défier l’Etat et à mettre en pratique des démarches réactionnaires de guérilla urbaine pour exister ? Cherche-t-on juste à jouer aux héros irresponsables, enfilant la cape de n’importe quel combat ? A toutes ces questions, les actions que nous voyons ne nous contredisent guère.
Des personnalités se cherchent une légitimité dans la rue. La mise en scène reste classique. Les annonces chocs se succèdent à longueur de journée dans les médias. On prépare les esprits au chaos total, à des hordes de justiciers sociaux qui viendront libérer de tous les maux. L’action à venir est peinte comme le début de la lutte légitime qui va libérer. La posture de s’ériger en sentinelle de la démocratie et martyr est adoptée sur toutes les plateformes. Rares sont les argumentations structurées pour justifier le registre d’actions choisies. Tout est dans l’invective.
A population lassée, indifférence totale
Ce jeu d’irresponsabilité ne fait pas fortune pour la simple et bonne raison que les populations sénégalaises détournent leur regard de tous ces appels au désordre et à l’anarchie. La légitimité des acteurs qui invitent à investir les rues est une raison de cette indifférence. Le discours usé qui est tout le temps proposé est aussi une explication pertinente. A force de sauter de combat à combat, une justification des actions menées peine à faire sens auprès de l’opinion. La caricature du «dégagisme» vient à l’opinion qui ne se laisse plus embarquer dans n’importe quel combat.
Le préjudice causé aux populations par tous les manifestations et les dispositifs sécuritaires extrêmes finissent par irriter tout passant ou riverain. Ils sont nombreux les citoyens qui, par le tort subi lors des appels aux manifestations, discréditent tout combat et toute action que porteront les responsables politiques et les activistes. Ils sont nombreux les commerçants, travailleurs et automobilistes du centre-ville qui sont énervés et déçus qu’un jeu du chat et de la souris se tienne en plein cœur de Dakar et bloque leurs activités.
Ils sont nombreux les citoyens sénégalais qui en ont marre de se faire prendre en otage dans des combats sous le sceau du bien commun, mais qui s’inscrivent essentiellement dans la poursuite d’agendas personnels. Ils sont aussi légion les citoyens sénégalais qui voient clair dans le discours des «révolutionnaires» de salon et café de Dakar.
Ce n’est pas d’une telle manière que l’action contestataire se mène dans une démocratie. Avant de faire des appels à une lutte qui «libère», il faudrait penser la démarche, voir ses contradictions et surtout être logique dans celle-ci. Le Sénégal mérite bien plus que ces petits jeux de rue.
DAKAR SACRE-CŒUR CONSERVE LA 1ERE PLACE
Contrainte au partage des points par son dauphin, l’As Douanes (0-0), l’équipe de Dakar Sacré Cœur a réussi à conserver sa position de leader de la Ligue 1 au terme de cette troisième journée jouée durant le week-end.
Contrainte au partage des points par son dauphin, l’As Douanes (0-0), l’équipe de Dakar Sacré Cœur a réussi à conserver sa position de leader de la Ligue 1 au terme de cette troisième journée jouée durant le week-end. Une journée qui été marquée par la première défaite concédée par Génération Foot devant Niary Tally (0-2), après 20 matchs d’invincibilité à domicile. Mais aussi par la belle opération des Rufisquois de Teungueth FC qui, du coup, se sont hissés à la 2e place après une large victoire sur la pelouse du Stade de Mbour (0-3).
Auteur d’un match nul vierge concédé, le samedi 21 décembre, devant l’As Douanes, Dakar Sacré coeur a laissé filer une belle occasion de conforter encore sa place de Leader de la Ligue 1 à l’issue de la 3e journée. Mais les Académiciens de la Sicap (7 points +5) se maintiennent encore sur le fauteuil de leader reléguant l’As Douanes à la 3e place ( 7 points +3). L’AS Pikine ( 4e, 7 points +2) qui avait également une belle occasion de s’emparer de la première place devrait aussi se contenter du point du nul(1-1).sur sa propre pelouse par les « Pélicans » de Mbour Petite Côte (10e ; 1 points). L’équipe de la banlieue dakaroise occupe désormais la 4e place avec 7 points. La meilleure opération de cette journée a toutefois été réalisée par l’équipe de Teungueth FC qui est revenue de son déplacement avec une large victoire (0-3) devant le Stade de Mbour, actuelle lanterne rouge. Avec ce succès, les Rufisquois ( 7 points +5) quittent la 5e place pour la 2e place (7 points+ 4).
Après deux victoires en autant de sorties, Génération Foot a de son côté enregistré samedi sa première défaite (2-1) de la saison, face à Niary Tally d’Aliou Mbaye, auteur d’un doublé. Invaincus à domicile depuis 20 matchs, les champions en titre se voient relégués à la 5e place à l’issue de cette 3e journée (6 points).
Le carton de la 3e journée a été réalisé par Diambars qui a étrillé (4-0) l’U Gorée au stade Amadou Barry de Guédiawaye. Les Insulaires sont désormais relégués à la 12e place (1 point). A Ziguinchor, l’équipe de Casa Sports (7e, 6 points) a pour sa part enchaîné en dominant (1-0) sur sa pelouse du stade Aline Sitoé Diatta, le Ndiambour de Louga (3 points, 9 points). Quant au Jaraaf, il a été accroché samedi par le promu du CNEPS (13e, 1point), au stade Lat Dior de Thiès (1-1). l’équipe vice-championne en titre enregistrait ainsi son premier point de la saison ( 9e, 1 point).
Résultats de la 3e journée
Génération Foot-Niary Tally (1-2)
CNEPS-Jaraaf (1-1)
US Gorée-Diambars (0-4)
St de Mbour-Teungueth FC (0-3)
Casa Sports-Ndiambour (1-0)
AS Douanes-Dakar SC ( 0-0)
AS Pikine-Mbour PC ( 1-1)
LA RÉPRESSION NE PEUT PAS ARRÊTER UN SOULÈVEMENT POPULAIRE
L'ancien secrétaire général de la Ld constate une «marmite qui bout» pour le régime de Macky Sall. Mamadou Ndoye avertit, après l’interdiction de la manifestation de vendredi à la Place de l’Indépendance
L'ancien secrétaire général de la Ld constate une «marmite qui bout» pour le régime de Macky Sall. Mamadou Ndoye avertit, après l’interdiction de la manifestation de vendredi à la Place de l’Indépendance, que «la répression ne peut pas arrêter un soulèvement populaire».
Les membres du collectif Noo lank n’ont pu manifester vendredi à la Place de l’Indépendance. Au moins 25 d’entre eux ont été arrêtés avant d’être libérés tard dans la soirée. Invité de l’émission «Objection», Mamadou Ndoye voit déjà, au-delà de cette manifestation, une «marmite qui bout depuis longtemps» et qui «risque d’exploser». «Comme dans d’autres pays, c’est une étincelle qui va apparaître quelque part et les gens ne comprendront pas pourquoi»,
avertit l’ancien secrétaire de la Ligue démocratique (Ld).
Se définissant désormais comme un «accompagnateur d’une jeune génération qui a pris en main ses responsabilités», il avertit Macky Sall et son gouvernement. «La répression ne peut pas arrêter un soulèvement populaire. Ça n’existe nulle part. Pour le moment, on n’a que des indices de soulèvement populaire. Lorsque le Peuple décide de se soulever, aucune répression ne peut l’arrêter. Les expériences ont été claires au Liban, en Irak, au Chili», dit-il.
L’ancien allié de l’Apr estime d’ailleurs que le gouvernement actuel «se réfugie» derrière le régime libéral en disant que c’est l’arrêté Ousmane Ngom. Il s’interroge : «Comment un arrêté ministériel peut, depuis 2012, limiter une loi constitutionnelle ?» Il dit comprendre que l’on prenne un «arrêté spécifique à une situation», mais pas de «façon permanente».
Mamadou Ndoye souligne par ailleurs que pour prouver la sincérité du dialogue politique, le gouvernement devait commencer par assurer l’exercice des droits fondamentaux comme les libertés. Et cela pouvait être en premier l’abrogation de l’arrêté Ousmane Ngom. «Donc pour moi, ce dialogue est un simple jeu politicien qui ne s’attaque pas aux problèmes majeurs du pays.»
LE CFA CHANGE, RIEN NE BOUGE
Mais une fois l’effet d’annonce passé, l’on se rend compte que si la façade a changé, rien n’a bougé dans le fond. D’ailleurs, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a tenu à préciser qu’en cas de nécessité, la nouvelle monnaie pourrait toujour
La décision annoncée le samedi dernier par les Présidents ivoirien Alassane Dramane Ouattara et français Emmanuel Macron de renommer la monnaie commune de l’Uemoa Eco, au lieu de franc Cfa, en plus de ne plus loger auprès de la Banque de France le compte d’opération de la moitié des réserves monétaires de la zone Uemoa, et de ne plus nommer de représentant français dans toutes les instances de décision concernant la monnaie commune aux huit pays, est tombée comme une surprise.
Mais une fois l’effet d’annonce passé, l’on se rend compte que si la façade a changé, rien n’a bougé dans le fond. D’ailleurs, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a tenu à préciser qu’en cas de nécessité, la nouvelle monnaie pourrait toujours bénéficier de la garantie française. De prime abord, on se demande comment le président de la Conférence des chefs d’Etat de l’Uemoa peut se permettre d’engager ses pairs à adopter une monnaie qui ne dépend pas de sa zone de compétence ; et ce, sans avoir au préalable consulté ses pairs membres de la zone Cedeao.
Ensuite, avec la garantie de la France, avec le maintien de la parité fixe avec l’Euro, et sans avoir précisé ce qu’il en adviendra du compte d’opération, peuton prétendre avoir créé une monnaie nouvelle ? Il faudrait croire que cette annonce de M. Ouattara ne mange pas de pain. On se rappelle sa déclaration de février dernier, au sortir d’une rencontre avec le même Président français, sur le perron de l’Elysée. Le chef de l’Etat ivoirien avait clamé son amour du franc Cfa : «Nous sommes très, très heureux d’avoir cette monnaie qui est stabilisante.» M. Ouattara demandait dans la foulée que «cesse ce faux débat» sur une «monnaie qui est très bien gérée».
Quelque temps après, dans un entretien, il acceptait d’envisager des changements cosmétiques, comme, entre autres, celui du nom qu’il comprenait qu’il rebute certains. Il ne faut pas oublier que Alassane Dramane Ouattara a fait une bonne partie de sa carrière au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dont il a gravi plusieurs échelons jusqu’à en devenir le gouverneur dans les années 1990, avant de se retrouver Premier ministre de Houphouët-Boigny, et d’entamer une carrière politique dans son pays.
C’est donc naturel qu’il ait cet amour pour une monnaie qu’il peut considérer comme son bébé. Mais de là à vouloir nous faire croire qu’il est prêt à l’enterrer de gaieté de cœur pour faciliter l’intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest, on demande à voir. D’abord, dans leur précipitation d’annoncer la mort du Cfa, les deux dirigeants n’ont pas donné de délai ni indiqué les étapes du processus. On se rappelle qu’à sa naissance, l’euro a pris près de dix ans avant de se retrouver dans les poches des Européens. La monnaie a longtemps circulé sous forme scripturale et instrument de change interbancaire.
De plus, il fallait accorder aux pays candidats à l’euro le temps de se mettre à niveau pour remplir les critères de convergence. Or le Président Ouattara voudrait faire croire que la zone Uemoa pourrait dans son ensemble rejoindre l’Eco en tant qu’entité monétaire unique. Il n’est pas certain que cette prétention soit acceptée par les autres membres de la Cedeao.
Pourquoi devrait-on demander à la Sierra Leone de réduire son déficit budgétaire si le Sénégal, par exemple, s’en trouve dispensé en tant que membre de l’Uemoa ? C’est dire que l’on n’est pas encore près de voir le Cfa mourir pour être remplacé au plus tôt par une nouvelle monnaie vraiment africaine.
SUR LES TRACES DES PAKISTANAIS, FICHÉS PAR LA DIC
Des recruteurs d’un genre particulier. Il y a quatre jours, l’information selon laquelle une équipe de missionnaires pakistanais séjourne depuis 7 mois à Dakar dans le but de trouver des croyants sénégalais pour les mener vers le chemin du paradis défraie
Des recruteurs d’un genre particulier. Il y a quatre jours, l’information selon laquelle une équipe de missionnaires pakistanais séjourne depuis 7 mois à Dakar dans le but de trouver des croyants sénégalais pour les mener vers le chemin du paradis défraie la chronique. Pour y voir plus clair, Emedia.sn s’est rendu dans la zone, à la trace des recruteurs de candidats au paradis.
Etablis dans la banlieue dakaroise plus précisément au quartier Alassane Samba Dia de Yeumbeul ils sont à la recherche de candidats qui veulent connaître, en 3 jours, la "voie du salut".’’Makatal Moukarama’’ sonne l’alerte. Dans ce coin niché au populeux quartier de Fass Mbao, au coeur de la banlieue dakaroise, il existe une présence qui réveille des soupçons et fait débat : c’est celle de religieux pakistanais.
Ces enturbannés qui viennent périodiquement à ’’Makatal Moukarama’’ et dans les quartiers environnants ont fini par semer le doute dans la tête de certains notables. Depuis des années, ils fréquentent périodiquement les douze (12) quartiers de Fass Mbao. Pendant leur séjour, ils logent dans les mosquées et se prennent en charge durant tout le temps qu’ils restent dans la zone. Ce qui a fini par réveiller le doute chez certains notables, c’est que ces étrangers, même s’ils ne dirigent pas les prières, se procurent toujours du temps pour faire des prêches dans les lieux de culte.
Ils ne manquent pas non plus l’occasion de faire des visites inopportunes dans les maisons pour faire tenir des prêches auprès des populations. Avec le contexte actuel, lié à la montée de l’extrémisme, l’attitude de ces ’’Pakistanais’’, intrigue et fait jaser à Fass Mbao. « Ils n’ont pas amené quelques choses de nouveau. Ils tiennent les mêmes discours que nos imams. Je ne vois pas aussi une rébellion ou une défiance dans leurs prêches. Toutefois, je me pose toujours la question de savoir ce qu’ils veulent réellement. Franchement, je ne comprends pas leur démarche », a laissé entendre Talla Bane.
Habitant de Makatal Moukarama, Talla, la soixantaine, dont sa maison fait face à la mosquée du quartier témoigne de la présence réelle de religieux pakistanais dans le quartier. « Ils sont partis récemment. Leur présence dans le quartier date depuis des années. Depuis la fête de tabaski, ils sont venus ici, au moins, à trois reprises », renseigne M. Bane. Pour avoir vécu une vingtaine d’années en Europe et par conséquent s’imprégner des questions d’actualité notamment celles qui sont liées au terrorisme, Talla Bane reste pessimiste vis-à-vis de ces étrangers et observe dans les moindres détails leurs faits et gestes. « Je vois même que dans leur façon de prier, ils sont une peu différent de nous. Alors que, je pense qu’en matière de religion, nous n’avons rien à apprendre des étrangers », a estimé M. Bane.
Fichés par la Dic
Interpellé sur cette présence d’étrangers dans son quartier, le Délégué de Makatal Moukarama, Alassane Moussa Dia, dit l’avoir constaté comme tout le monde. D’ailleurs, il n’était même au courant de leur dernier séjour dans son fief. « Cette fois, ils ne sont pas venus chez moi. Lors de leur dernière visite, ici, je leur avais clairement dit : ceux qui viennent chez moi, il faudrait que je sache qui ils sont, ce qu’ils veulent réellement... C’est peut-être à cause de cela qu’ils ne sont pas venus me rendre visite », nous confie le délégué de quartier de Makatal Moukarama.
Toutefois, Alassane Moussa Dia reconnaît que la présence de ces étrangers dans le quartier et dans les zones environnantes date, au moins, d’une décennie. D’après lui, ces ’’Pakistanais’’ ont un mouvement assez répandu en Afrique de l’Ouest. Ici au Sénégal, ils ont des représentants. Un de ses collèges délégués de quartier fait même partie de leurs représentants.
« Il y a environ une dizaine d’années, la Dic (division des investigations criminelles) m’avait convoqué pour me demander si j’avais remarqué la présence de ces gens dans mon quartier. Je leur avais dit qu’à ’’Makatal Moukarama’’ où je suis délégué, il n’avait pas d’étrangers. Pour dire vrai, à l’époque je ne les connaissais pas. Et ils ne fréquentaient pas le quartier », renseigne délégué Dia. Qui ajoute : « jusque-là, je n’ai pas vu ou entendu qu’ils ont posé un acte qui est contraire à la loi. Mais aussi, je ne sais réellement pas leur but ».
Le soutien de l’imam
En tenant des discours religieux qui accroches, ces ’’Pakistanais’’ ont fini par convaincre l’imam la mosquée de ’’Makatal Moukarama’’. Imam Gaye, contrairement aux précédents, n’a aucun doute sur la présence de ces étrangers dans « sa » mosquée. Ce septuagénaire, visiblement dépassé par les questions de l’heure, déroule le tapis rouge à ces Pakistanais. « Ils sont des musulmans. Ils véhiculent toujours de bons discours religieux. Ils ne parlent que de l’islam, le Prophète et le Coran », renseigne imam Gaye. Il poursuit : « A chaque fois, ils viennent avec leur ravitaillement. Durant leur séjour dans les locaux de la mosquée, les habitants du quartier ne leur fournissent absolument rien. Chaque fois, avant de rentrer, ils me remettent leur participation sur la facture du courant et de l’eau ». Difficile de savoir si ce n’était qu’un appât...
Dakar, 23 déc (APS) – L’annonce de l’avènement d’une nouvelle monnaie, Eco, en remplacement du Franc Cfa, en 2020, dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est un des sujets en exergue dans les quotidiens reçus lundi à l’APS.
’’Nouvelle monnaie Eco, le franc Cfa c’est fini !’’, s’exclame à sa Une La Tribune, relevant que le Cfa était considéré comme ‘’une monnaie coloniale’’, ‘’une monnaie de toutes les controverses’’.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé samedi soir, lors d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron, en visite officielle de trois jours en Côte d’Ivoire, que l’Eco remplacerait le franc CFA au sein des huit pays (le Bénin, le Burkina, la Côte-d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa).
’’Par un accord avec les autres chefs d’État de l’UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA avec les trois changements majeurs suivants : tout d’abord, le changement du nom de la monnaie du franc CFA à l’éco. Deuxièmement l’arrêt de la centralisation de 50% de nos réserves de change au Trésor et la fermeture du compte d’opération. Troisièmement le retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA’’, a déclaré le président Ouattara.
Toutefois, l’Eco gardera une parité fixe avec l’Euro et la France jouera un rôle de garant en cas de défaut de l’un des Etats membres.
Considérée par ses détracteurs comme la dernière monnaie coloniale en cours, le francs CFA, créé en 1945, est la devise partagée par 14 pays d’Afrique subsaharienne plus les Comores.
Le franc CFA est lié à l’euro par un système de parité fixe en contrepartie de laquelle, les Etats versent 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français.
De nombreuses voix s’élèvent de plus en plus, dans les milieux intellectuels et au sein de la société civile, pour critiquer un système considéré comme de "servitude monétaire".
Selon L’As, ‘’l’Eco remplace le Cfa’’, ajoutant que le président français Emmanuel Macron ‘’est manifestement sensible aux récurrentes critiques de la jeunesse africaine concernant les relations entre le pays de Marianne et les Etats de l’Afrique de l’ouest utilisant le franc CFa’’.
Dans le journal, l’économiste Felwine Sarr salue ‘’une avancée’’ mais estime qu’il reste encore ‘’du chemin à faire’’. Il relève que ‘’la question du régime de change, de la parité fixe avec l’Euro reste intacte’’.
’’Eco, fantôme du Cfa’’, commente Enquête qui fait état de ’’controverses’’ autour de la fin programmée de cette monnaie en vigueur depuis 1945.
Selon le journal, ‘’les détracteurs de la nouvelle monnaie à venir estiment que l’Eco a servi à court-circuiter le projet de monnaie unique de la CEDEAO ainsi que les grosses pointures anglophones de son économie dont le Nigéria qui représente plus de 70% du PIB, le Ghana qui posent la rupture avec le Cfa comme condition sine qua none’’.
’’Une réformette !’’, déplore Kritik, qui note qu’outre le maintien de la parité avec l’Euro, ‘’Paris conservera son rôle de garant financier pour les 8 pays de l’UEMOA’’.
’’Le Cfa change, rien ne bouge’’, estime Le Quotidien qui signale que ’’la France continue de garantir la monnaie ; la parité fixe avec l’Euro maintenue’’.
Pour Vox Populi, c’est la ‘’mort déguisée du Cfa’’. ‘’L’acte de décès du CFa a été signé, pas sa mort. Après une chirurgie esthétique, la Cfa deviendra Eco’’, souligne le journal.
’’Passage du franc CFa à l’Eco, entre leurres et lueurs’’, dit Walfadjri, relevant que la parité fixe avec l’Euro a été toujours critiquée par les économistes qui y voient un frein à la compétitivité des économies des pays de l’UEMOA.