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3 octobre 2025
LA SANTÉ MENTALE, PARENT PAUVRE EN AFRIQUE
« À la répudiation des “fous” hors de la ville, avec des battues organisées par les pouvoirs publics, s’ajoute l’encadrement familial des malades, sous forme d’incarcération »
Blog du Monde Diplo |
Sabine Cessou |
Publication 01/03/2020
Le « double exil » des personnes atteintes de troubles psychiatriques a été évoqué en octobre à Dakar, lors des Ateliers de la pensée, organisés au Musée des civilisations d’Afrique noire par Felwine Sarr et Achille Mbembe. « À la répudiation des “fous” hors de la ville, avec des battues organisées par les pouvoirs publics, s’ajoute l’encadrement familial des malades, sous forme d’incarcération ».
Parfait Akana, sociologue et anthropologue travaillant depuis dix ans sur la folie au Cameroun, où il a fondé The Muntu Institute (centre de recherches et think-tank), a évoqué dans sa contribution ces familles elles-mêmes « incarcérées dans des pratiques de soins violents ». Le contexte relève d’un « projet d’effacement et un travail d’occultation de la folie qui traduit la honte et la culpabilité », dans les espaces publics comme privés.
Le sociologue jette un regard sans complaisance sur cet « espace de vulnérabilité » que représente la folie, avec ce qu’il dénonce comme un manque flagrant d’empathie. Il tire ses exemples de l’histoire : le Sénégal sous Senghor gérait ce qu’il appelait en 1971 des « encombrements humains » dans l’espace public. « Les figures de la marginalité étaient les bana-bana, marchands ambulants, des voyous, faux talibés [disciples religieux], les lépreux, handicapés physiques et aliénés ». Au Cameroun, une circulaire de 1935 initiée par un commissaire français dans le pays demande à connaître le nombre « d’indigènes atteints d’aliénation mentale en circulation ». L’hôpital Jamot à Yaoundé devient « l’hôpital des fous » dans l’imaginaire populaire, à la suite d’une visite de Georges Pompidou à Yaoundé en 1971, à l’occasion de laquelle les pouvoirs publics ordonnent « le déguerpissement » des marginaux et aliénés sur les artères que les deux présidents doivent emprunter.
Conclusion : « Le terrain mené sur la durée nous ramène à la complexité de notre condition d’Africains : nous sommes aussi de façon endémique des sociétés de la vie dévaluée, de la production intensifiée d’individus superflus et de cadavres, de la guerre contre les enfants et les femmes. Qu’advient-il de ceux qui vivent et respirent une mort atmosphérique omniprésente ? »
Dégradation de la condition de patient au Cameroun
Interrogé par Le Monde diplomatique, Parfait Akana observe en dix ans de travail de terrain « non seulement une intensification des stéréotypes qui pèsent sur des personnes souffrant de troubles mentaux, mais aussi une dégradation de la condition de patient due, en grande partie, aux multiples déficits structurels du secteur de la santé mentale et à la crise économique. À cela, il faut ajouter les crises sécuritaires qui agitent le pays depuis plus de trois ans, notamment au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, mais également dans l’extrême Nord du pays. Celles-ci provoquent des traumatismes dont on ne mesure pas encore suffisamment les conséquences ». L’offre de soins classiques se limite aux deux principaux services de psychiatrie dans les hôpitaux Jamot à Yaoundé et Laquintinie à Douala, pour une population de 24 millions d’habitants.
En dehors d’initiatives associatives, telles que le Centre de santé mentale construit par la Congrégation des sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, « l’essentiel des offres de soins se trouve chez des tradi-praticiens, des prêtres et pasteurs qui, d’un point de vue sociologique, constituent le recours le plus immédiat et le plus accessible pour les patients et les familles. Ici, la question des thérapies religieuses est importante », précise le sociologue.
« Errance thérapeutique entre hôpital et pasteur »
Il serait facile de les juger de manière péremptoire, en évoquant la présence de « charlatans » en leur sein. Ce que M. Akana se refuse à faire : « Ils font parfois un travail important là où l’État échoue à proposer des offres de soins concurrentes, convaincantes et robustes. Les gens adhèrent aussi à un système de soins parce qu’ils ont de “bonnes raisons” de le faire — à cause de nombreux déficits structurels et organisationnels. Dans de telles conditions, la demande de soins se solde souvent par une errance thérapeutique entre l’hôpital, le pasteur et le guérisseur. »
Des expériences pionnières restent à répliquer, comme celle du psychiatre nigérian Adeoye Thomas Lambo (1923-2004), fondateur d’un hôpital neuropsychiatrique à Aro, sous forme de villages combinant soins occidentaux et traditionnels. De même, Moussa Diop (1923-1967) a travaillé au Sénégal avec le professeur Collomb à l’Hôpital de Fann, où a été fondée la revue Psychopathologie africaine, dont Parfait Akana est aujourd’hui le rédacteur en chef. L’héritage laissé par « l’école de Fann », avec un questionnement sur le mélange entre thérapies occidentales et soins traditionnels, reste lui aussi un chantier ouvert. Au Rwanda, la petite dizaine de spécialistes qui travaillaient avec feu Naason Munyandamutsa, disparu en 2016 à 58 ans, abattent un travail de titan. Ce psychiatre avait créé un service ambulatoire de consultations externes à Kigali, puis commencé la décentralisation de services psychiatriques dans les hôpitaux des régions. « Rien ne peut suffire, disait-il sur son travail après le génocide de 1994. Le tout est de faire quelque chose ».
PROGRAMME 100 000 LOGEMENTS, UN AUTRE PROJET À CARACTERE SOCIAL POUR MIEUX PIÉGER LES ELECTIONS
L’opération de collecte de données personnelles des Sénégalais initiée depuis le 20 décembre 2019, par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique est illégale - DÉCLARATION DE L'ASUTIC
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de ’lAssociation des utilisateurs des TIC (ASUTIC) du Sénégal , daté du 1er mars 2020, concernant le projet 100 000 logements initié par le gouvernement.
Apparus aux États-Unis au début des années 2000, les logiciels de stratégie électorale permettent à des partis politiques où des candidats qui n’existaient pas il y a un an, de gagner une élection un an plus tard. L’un des principaux avantages de ces outils est qu’ils sont particulièrement adaptés aux structures à faible implication militante, ainsi avoir un parti politique bien structuré et organisé avec des militants engagés n’est plus nécessaire pour gagner une élection à l’ère du numérique.
Cependant, sans le «big data» ces logiciels sont inutiles, aussi la collecte et le traitement des données personnelles sont devenus la pierre angulaire des nouvelles stratégies électorales des partis politiques. Aussi, avoir une stratégie de collecte de données afin de créer une base de données bien fournie et de qualité est devenu un atout fort pour tout candidat à une élection.
Ainsi, à la fin de la campagne de parrainage, lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019, la coalition au pouvoir a déclaré avoir collecté plus de 3600000 parrains.
Il faut d’abord noter, qu’il est impossible de collecter 3600000 parrains en un peu plus de trois (3) mois (la campagne de parrainage s’est déroulée du 27 août au 11 décembre 2018). Pour atteindre ce nombre, il fallait collecter environ des données personnelles de 40000 personnes par jour. La logistique pour atteindre un tel objectif est titanesque et aucun parti politique au Sénégal n’en dispose.
Par conséquent, nous pensons que la «Coalition Benno Bokk Yaakaar» a démarré sa campagne de collecte de parrains bien avant le vote de la loi n°22/2018 portant révision du code électoral instituant le parrainage.
En effet, un membre de l’équipe de collecte de données de cette coalition révèle dans une interview au journal «The Mail & Guardian» que leurs opérations de parrainage ont débutés un an auparavant, à l’issue desquelles, l’équipe a collecté 3 500 000 parrains.
Ainsi donc, la «Coalition Benno Bokk Yaakaar» n’aurait collectée que 100000 parrains durant la période de parrainage, ce qui semble beaucoup plus faisable, et non 3600000 comme précédemment annoncé.
Dès lors, se pose la question de la légalité de cette collecte, en amont de la loi sur le parrainage, des données personnelles des Citoyens Sénégalais à des fins de profilage politique pour gagner l’élection présidentielle.
Ces données ne peuvent pas etre traitées ni dans un fichier Excel encore moins manuellement donc nécessairement, un logiciel électoral a été utilisée, et certainement, «Corto» celui du conseiller en analyse de données du candidat Mack Sall.
En outre, la collecte de cette masse de données ne peut pas se faire à l’improviste. L’équipe de collecte n’est pas parti au hasard pour collecter des données. En effet, seule une stratégie et un plan de mise en œuvre bien élaborée, en amont de la phase de collecte des parrains, peuvent permettre de réaliser un tel travail.
Aussi, nous estimons que les projets à caractère social du Gouvernement du Sénégal (les Bourses de Sécurité familiale, la Couverture Maladie Universelle, les Cartes d’Egalité des chances, la Délégation à l'Entreprenariat Rapide, etc), ont constitué le point de départ de cette gigantesque opération de collecte de données personnelles des Sénégalais.
Tous ces projets sociaux ont un dénominateur commun: ils créent des bases de données qui permettent d’identifier et de localiser de potentiels électeurs économiques vulnérables, pour ne pas dire indigents.
De potentiels électeurs qui ne votent ni pour un programme encore moins pour un projet de société mais pour le quotidien à savoir de quoi manger au jour le jour. Donc, des projets sociaux qui ont tous des soubassements politiques.
Cette base de données de plus de 3600000 parrains sera croisée avec le fichier électoral pour identifier ceux qui sont déjà inscrits et inscrire ceux qui ne le sont pas encore, pour en faire de potentiels électeurs du candidat Macky Sall.
A la lumière de ce qui précède, on comprend mieux les propos du Ministre de l’Intérieur, tenus, le 25 février 2018, un an avant la dernière l’élection présidentielle: «J'ai la ferme intention de travailler pour que le Président Macky Sall gagne au 1er tour de l'élection présidentielle du 24 février 2019. Pour cela, d'abord je ferai inscrire tous ceux qui veulent voter pour Macky Sall. Je m'emploierai pour qu'ils récupèrent leurs cartes d'électeurs et je les aiderai à aller voter pour Macky Sall».
Cette stratégie électorale basée sur la collecte de données personnelles des Citoyens Sénégalais pour identifier et localiser des électeurs économiquement vulnérables, dont l’opinion politique peut être facilement manipulée par l’argent est en train d’être consolidée en vue des élections locales par la mise en œuvre du projet «100000 Logements».
Certainement, une zone de la brousse, inhabitable par manque d’infrastructures de base, sera débroussaillée, morcelée et distribuée a grand coup de communication pour inciter les sénégalais à s’inscrire.
Déjà, on nous annonce environ 10000 inscrits en un jour, voir 42000 en deux. Eu égard au taux de pénétration d’internet et du niveau d’appropriation du numérique par les Sénégalais, ces chiffres semblent fantaisistes.
En outre, nous ne pensons pas que le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique dispose d’un serveur qui puisse accepter autant de requêtes en si peu de jour.
Dès lors, les données collectées ne peuvent être que dans le «cloud» exactement dans les serveurs en France du conseiller en analyse de données du candidat Macky Sall, Spallian. Des données sensibles de millions de Sénégalais, entre les mains d’une société privée française à des fins électorales.
Une société française qui ne se soucie guère ni de la légalité des données collectées ni de leur utilisation frauduleuse dans son logiciel de stratégie électorale «Corto». Un receleur des données personnelles des Sénégalais, voilà ce qu’est Spallian, société conseillère en «big data» du candidat Macky Sall.
Pourtant, la France est le champion de l’éthique dans le numérique. Mais ce discours français sur l’obligation de respecter les droits humains dans le numérique se tient face aux Américains et aux Chinois. En Afrique, continent toujours en retard, manipulable et corvéable, l’éthique dans le numérique est rangée dans les tiroirs.
Cette collecte de données personnelles ne saurait être légale. La finalité, qui est de permettre aux Sénégalais à revenu modeste d’acquérir un logement décent, est déjà floue et imprécise. C’est quoi un logement décent? Quels sont les critères pour qualifier un logement de décent ou précaire?
Que dit alors la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP) sur cette collecte de données personnelles des sénégalais?
Saisie, la CDP affirme que la plateforme lui a été déclarée le 02 Janvier 2020 par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique et qu’une décision n’a pas encore été prise.
Ainsi donc, l’opération de collecte de données personnelles des Sénégalais initiée depuis le 20 décembre 2019, par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique est illégale. Pire encore aucune politique de confidentialité n’est publiée pour permettre aux Sénégalais d’exercer leurs droits.
Par conséquent, l’ASUTIC:
Demande, à la CDP d’envoyer une lettre de mise en demeure au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique pour une cessation immédiate de cette collecte de données personnelles, de détruire les données déjà collectées et de régulariser sa situation en vue d’une nouvelle collecte;
Appelle, les sénégalais à ne pas utiliser cette plateforme tant que les outils permettant l’exercice de leurs droits ne sont pas mis en place;
Exhorte les parties politiques, la société civile à s’intéresser et à se saisir de cette question de la collecte de données personnelles en contexte politique et électoral."
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
BULLETIN DU CLANDO (ÉPISODE 2)
EXCLUSIF SENEPLUS - La femme doit reprendre le pouvoir, laissé entre les mains d’hommes jusque-là impuissants à faire évoluer la société, et sortir notre pays de “la longue nuit” - Le patriarcat ne marche pas au Sénégal, il faut l’abolir
Vendredi 28 février 2020. Le clando, après un détour kamikaze, où il a failli écraser un scooter et son conducteur, rejoint la file de voitures. Le chauffeur s’impatiente et klaxonne. Il n’y a pourtant rien à faire. A ce moment de la journée, la circulation est bloquée. C’est l'heure de pointe. En plus, c'est la fin de semaine. Et le mois se termine. Je n’arrive pas à comprendre l’empressement de certains chauffeurs de clando. Parfois, leurs agissements sont dangereux et frôlent l’inconscience. A l’arrêt dit “Butigu naar”, la voiture s’immobilise. Plusieurs coxeurs rameutent des passagers. Deux “kàrapid” sont positionnés devant le clando.
Une femme profite de l’arrêt pour monter dans l’automobile. Elle s’assied d’abord à l’entrée du clando. Apparemment, la place est inconfortable. Elle rouspète contre l’apprenti. Un passager lui indique un siège, juste en face de moi. Elle se lève et change de place. La manœuvre est délicate. Il y a très peu d’espace à l’intérieur du clando. En s’asseyant, elle piétine mon pied gauche. Elle ne s’en rend pas compte. Je ne proteste pas. Elle prend son temps, refait son habit plissé en l’étirant avec le pouce et l’index de chaque main, accroche son sac sous le bras droit, pour étaler son charme. L’odeur sucrée de son parfum se répand à l’intérieur de la voiture.
Je l’ai observée. Un petit moment. C’est une femme de moins de 30 ans. Elle porte une robe africaine, taille basse, bleu majorelle. Un petit foulard, assorti à sa tenue, attache les longues tresses qui descendent jusqu’à ses épaules. Des boucles d’oreilles rondes, couleur or, pendent au bout de ses lobes. Son poignet est paré d’un bracelet en spirale. Dans sa main gauche, elle tient un Iphone, protégé par une coque rose. L’apprenti est taquin. Il lui demande si elle est bien à l’aise. Elle ne semble pas avoir entendu, ou peut-être qu’elle fait semblant. Elle a une moue boudeuse.
Le fond de teint, imprimé sur son visage, n’est pas totalement unifié. Mais sa peau, d’un noir éclatant et naturel, ne laisse transparaître aucune imperfection. Elle a appliqué discrètement du rouge à lèvre autour de sa bouche. Un trait noir, tracé au crayon, se confond avec ses minces sourcils. Ses cils supérieurs sont légèrement rehaussés. Son nez est semi-long, un peu épaté. Elle a des yeux communs. Un regard souverain et savoureux. L’harmonie de ce visage, presque parfait, est gâchée par les Airpods blancs enfilés dans ses oreilles.
La Dakaroise est délicieuse. De beauté et de charisme. Ce qui interpelle le plus, c’est ce style flamboyant, qui appelle le grand air du large. Comme si elle était ivre d’une liberté absolue, encore insaisissable. Elle est encore d’une splendeur rare, lorsqu’elle est vêtue en robe africaine. Si j’avais manqué de pudeur et de retenue, j'aurais dévisagé cette femme. Elle était belle, d’une beauté sophistiquée et en même temps innée. Telle une œuvre majestueuse, qui renferme plusieurs significations paradoxales, et qu’on est obligé de contempler pour non pas essayer de saisir les caractères fondamentales de sa forme ou de faire un jugement de goût, mais pour se laisser bercer par un ravissement tendre.
Le vendredi est un jour béni, où l’on assiste à un défilé sublime de fin de semaine. Juste à l’abribus qui est en face d’Auchan, à Mermoz, elle a demandé d’une voix ferme et mélodieuse à l’apprenti de marquer l’arrêt. La commande validée, elle a saisi délicatement son sac, a redressé son habit, et s’est faufilée entre les quatre passagers assis à côté de la porte. Elle est descendue prestement. Je l’ai vue marcher sur le trottoir, sans précipitation, en se dandinant légèrement. Le corps souple et fluide. Tout dans son mouvement était altier. Sa silhouette étalait une élégance généreuse. Elle avait cette assurance naturelle qui est l’ADN de la femme sénégalaise. Sans même faire exprès, je l’ai contemplée jusqu’à ce que la voiture s’élance. J’étais accaparé par une sorte d’éblouissement résigné.
La femme sénégalaise, c’est l’histoire d’un grand mélange. Elle est la quintessence de la coquetterie et de l’indépendance de caractère héritées de l’ancien modèle social matriarcal, du système phallocratique actuellement dominant, et de la modernité occidentale. Elle n’a pas de valeurs uniques. Tout au plus, elle négocie avec un patrimoine multiple et en sort le meilleur. Elle est un alliage complexe forgé par l'histoire sociale et politique. Elle sera la source principale de la vitalité future de notre pays. Car elle incarne, le plus, l’esprit de résilience et d’ouverture. Ce sera à elle d’éclairer l’avenir de notre nation. C’est pourquoi elle doit reprendre le pouvoir, laissé entre les mains d’hommes jusque-là impuissants à faire évoluer la société, et sortir notre pays de “la longue nuit”. Comment ? En revendiquant sa place prééminente dans le jeu social. En luttant sans concession pour inverser le rapport de domination, imposé par les forces d’inertie. Le patriarcat ne marche pas au Sénégal. Il faut l’abolir. C’est d’abord le combat des femmes ! Les hommes sensés le mèneront avec elles.
TROISIÈME MANDAT, " UN DÉBAT SURRÉALISTE POUR AMUSER LA GALERIE"
Les contraintes contextuelles imposent la clarification du débat sur le 3e mandat. Tel est l’avis Mbacké DIAGNE, Directeur de recherches assimilé au clad UCAD,
e-media |
Dié BA & Pape D. DIALLO (Photo) |
Publication 01/03/2020
Les contraintes contextuelles imposent la clarification du débat sur le 3e mandat. Tel est l’avis Mbacké DIAGNE, Directeur de recherches assimilé au clad UCAD, l’un des invités de LR DU TEMPS, émission d’Alassane Samba Diop, sur iRadio et Itv, ce dimanche, 1 mars.
Par contraintes contextuelles, le linguiste entend "au niveau interne, national, et externe, géopolitique, sous-régional, il y a des phénomènes qui se passent, qui poussent les gens à imposer au pouvoir actuel de clarifier le débat. Je commence par les contraintes externes, dans les pays qui nous entourent, il y a ce problème qui se pose avec la Guinée, la Côte d’Ivoire. Donc, les gens par ricochet, réfléchissent sur leur propre situation par rapport à celle externe, et veulent que le débat soit clarifié dès maintenant."
Et, "les contraintes internes, c’est notre passé historique très récent, avec le départ d’Abdoulaye Wade, qui avait posé des jalons, des actes concrets, et législatifs, qui ont mené au 23 juin (2011) autour d’un 3e mandat. Ce passé récent-là impose aux acteurs aussi de demander la clarification sur le sujet".
En l’état, il doute que le débat soit un ballon de sonde envoyé par le chef de l’État, Macky Sall, dans le cadre d’une volonté qu’il aurait de briguer un autre mandat. Toutefois, une chose est sûre, tranche Mbacké DIAGNE, il a intérêt "à reprendre la communication en main".
Son vis-à-vis, Mohammadou Moustapha DIA, écrivain et journaliste, n’est pas du même avis, évoquant "un débat surréaliste pour amuser la galerie, en oubliant de parler du vécu des Sénégalais’’.
"POUR LE PS, LA CONSTITUTION EST ASSEZ CLAIRE"
Le porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane dit ne pas comprendre toute cette controverse autour de la question du troisime mandat d’autant que le concerné, lui-même, a déjà tranché la question
L’éventuel 3ème mandat, en 2024, du président Macky Sall, a fini d’agiter le Landerneau politique sénégalais. Invité à l’émission Le Jury Du Dimanche, sur Iradio (90.3), Abdoulaye Wilane dit ne pas comprendre qu’un tel débat s’impose et de manière inopportune.
Pour le porte-parole du Parti socialiste (Ps), cette question a été bien réglée par la constitution. « J’entends les gens en parler. Par moment, cela me fait rire. Par moment, cela me rend inquiet. D’abord, la constitution est claire. Ensuite, nous mêmes, militants et responsable du Ps, comme les partenaires et alliés que nous avons dans la grande coalition, Benno Bokk Yakar, nous avons battu campagne pour l’adoption de la nouvelle constitution par référendum. Une constitution qui est assez claire sur la limitation des mandats présidentiels et les principes qui doivent nous gouverner », a laissé entendre le député-maire socialiste de Kaffrine.
Wilane dit ne pas comprendre toute cette controverse autour de la question d’autant que le concerné, lui-même, a déjà tranché la question. « Je dois aussi signaler que le président de la République, clef de voute des institutions, actuellement chef d’Etat en exercice, s’est largement et plusieurs fois prononcé là-dessus. Et pour moi, la parole d’un chef d’Etat a une valeur », a-t-il déclaré.
Toutefois, le poulain d’Ousmane Tanor Dieng, défunt Secrétaire général du Ps, pense qu’il est prématuré de poser un tel débat. « Il y a juste un an qu’il a été réélu. Je ne vois pas, pourquoi il devrait y avoir doute ou de questionnement sur ce sujet », renseigne Wilane.
"ALPHA CONDÉ VEUT MOURIR AU POUVOIR"
L’opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo, dénonce une « mascarade électorale » alors que le double scrutin contesté a été reporté
Le Monde Afrique |
Christophe Châtelot |
Publication 01/03/2020
Cellou Dalein Diallo dirige le premier parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), au président Alpha Condé qui l’a battu aux présidentielles de 2010 et 2015 à l’issue de scrutins controversés.
L’UFDG a également rejoint le Front de défense de la Constitution (FNDC), large mouvement regroupant des organisations politiques et de la société civile qui appelle au boycottage des élections législatives et du référendum sur une nouvelle Constitution qui doivent se dérouler dimanche 1er mars dans un climat très tendu.
Pourquoi avoir décidé de boycotter les législatives ?
Cellou Dalein Diallo : A cause, notamment, du fichier électoral. Nous avons exigé qu’il soit assaini, nous avons obtenu aux forceps qu’il soit audité en 2018. Cela a révélé que, pour préparer « le coup KO » de 2015 [soit l’élection d’Alpha Condé dès premier tour de la présidentielle], ils ont bourré le fichier dans les fiefs du président. Il y avait déjà une anomalie statistique puisque 54 % de la population était inscrite contre seulement 39 % en 2010. Comme par hasard, cette forte augmentation était due à la Haute-Guinée [fief présidentiel] dans la région de Kankan.
L’audit nous a appris que 3,3 millions de personnes étaient inscrites deux fois, les fameux doublons. Et 1,6 million d’autres n’avaient pas de données biométriques. Il était recommandé que tous les électeurs reviennent se faire recenser correctement avec les données biométriques pour prouver que tout le monde existe. Ce rapport a été validé par le gouvernement qui a accepté d’appliquer les modifications. L’Organisation internationale de la Francophonie [OIF] est venue et a obtenu difficilement une circulaire demandant que les électeurs viennent se faire enrôler sous peine de radiation temporaire.
A l’issue du nouvel enrôlement, on découvre que le corps électoral est de 8,3 millions d’électeurs. C’est trop ! Davantage de mineurs qu’en 2015 ont été enrôlés dans les fiefs du pouvoir en profitant des faiblesses de l’état civil. Dans les nôtres, certains n’ont jamais vu les équipes d’enrôlement. Selon l’Institut national de la statistique, la population guinéenne est de 12,2 millions de personnes. Autrement dit, 68 % de la population serait apte à voter ! Nulle part dans la sous-région ce ratio ne dépasse 41 %.
On arrive à cette situation parce que les recommandations fortes de l’audit n’ont pas été appliquées alors que le président s’y était engagé. Ils font ça parce qu’avec un fichier nettoyé il leur serait difficile de gagner aux législatives. Mais le vrai danger, nous avons fait des simulations, c’est qu’avec ce fichier, le candidat du RPG [le parti au pouvoir] serait élu au premier tour de la présidentielle [théoriquement prévue en octobre 2020].
Ce boycottage ne comporte-t-il pas pour vous le risque de disparaître de la scène politique ?
Il y a des risques. Mais nous avons 120 maires et 2 500 conseillers locaux, donc nous continuerons d’exister à travers eux. Mais je ne peux pas aller aux législatives, cette mascarade électorale, parce que cela reviendrait à valider ce fichier qui leur assure une victoire dès le premier tour de la présidentielle.
Donc le débat politique va se déplacer dans la rue ?
Nous n’avons pas le choix. On va protester jusqu’à effacer cette injustice et ce fichier faux fabriqué sur mesure pour compenser une perte de crédibilité et de popularité du président. Nous voulons amener le chef de l’Etat à renoncer à son projet conflictuel et illégal de troisième mandat [l’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats successifs]. Nous sommes engagés dans une entreprise de contestation contre un recul de la démocratie et de l’Etat de droit dans notre pays.
Au risque d’assumer une répression meurtrière ?
La responsabilité revient à ceux qui tuent des manifestants. Nous sommes aujourd’hui à 140 morts depuis 2014 sans que jamais une enquête ne soit diligentée.
Au-dela de la question du troisième mandat, vous contestez également la nouvelle Constitution ?
Elle consacre une monarchisation de la fonction présidentielle en rognant, notamment, les prérogatives du premier ministre. Tout ce qui est présenté comme une innovation – la lutte contre le réchauffement climatique, l’égalité des femmes, les mutilations génitales – est soit déjà prévu par le Code pénal ou relève de simples lois organiques ou ordinaires. L’unique objectif de ce texte est de permettre au président de se représenter en mettant les compteurs à zéro à huit mois de la fin de sa deuxième présidence. Tout le monde sait qu’il s’agit d’un coup d’Etat constitutionnel : Alpha Condé veut mourir au pouvoir.
AUDIO
DIANO BI AVEC EL HADJI AMADOU DIENG
Le responsable du Mouvement Tekki fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
El Hadji Amadou Dieng est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
ISMAÏLA SARR, L'HOMME QUI A FAIT TOMBER LIVERPOOL
Tout le monde la guettait, certains l'espéraient, la première défaite de Liverpool en championnat cette saison et depuis 45 matches est venue de l'avant-dernier Watford, qui a corrigé (3-0) des Reds bien pâles samedi pour la 28e journée
Tout le monde la guettait, certains l'espéraient, la première défaite de Liverpool en championnat cette saison et depuis 45 matches est venue de l'avant-dernier Watford, qui a corrigé (3-0) des Reds bien pâles samedi pour la 28e journée de Premier League.
Au classement, le retentissement de ce revers est minime. Manchester City est encore à 22 longueurs, avec 11 matches à jouer pour les "Sky Blue" qui disputent dimanche la finale de la Coupe de la Ligue contre Aston Villa.
Mais cela n'a pas empêché Gary Neville, ancien joueur de Manchester United, rival honni de Liverpool, de se filmer quelques secondes après le coup de sifflet final en train d'ouvrir une bouteille de champagne sur son compte Twitter.
Une réaction sans doute partagée par les supporters de Manchester City, qui reste, grâce à cette défaite, co-détenteur avec les Reds du record de victoires consécutives en championnat (18), qui serait tombé si les Reds avaient battu Watford.
Ceux d'Arsenal soufflent de soulagement également. Leurs "Invincibles" restent dans l'histoire avec leurs 49 matches sans défaite entre mai 2003 et octobre 2004.
- Reds émoussés -
Liverpool n'avait connu la défaite depuis le 3 janvier 2019, et l'adversaire était le futur champion, Manchester City (2-1).
Mais cette défaite n'est pas totalement surprenante, tant l'avance très confortable au classement et l'accumulation des matches avaient émoussé le mordant des hommes de Jürgen Klopp dernièrement.
"Nous nous sommes battus contre toutes les sensations de notre corps. Nous nous sommes battus contre tout et c'est pour cela que nous avons autant de points", a commenté le coach allemand après le match.
"Ce qu'ont fait les garçons jusqu'ici est exceptionnel mais ce n'est pas fini !", a-t-il aussi lancé en guise d'avertissement, tout en estimant que cette défaite n'était pas "la plus grande catastrophe du football mondial".
Après des victoires de raccroc contre le dernier Norwich (1-0) ou West Ham (3-2), lundi, les Reds sont tombés sur Watford qui a su placer ses banderilles au bon moment pour remporter 3 points et sortir de la zone rouge pour la troisième fois seulement cette saison.
Les "Hornets" peuvent remercier leur duo Abdoulaye Doucouré-Ismaïla Sarr qui a trouvé la faille, le premier récupérant un ballon dans la surface pour servir le second qui a marqué de près (1-0, 54e).
Quelques minutes plus tard, l'attaquant sénégalais a placé une accélération pour déposer Virgil van Dijk après une ouverture dans le dos de Deeney, et piquer son ballon au dessus d'Alisson (2-0, 60e).
Malgré le tout pour le tout joué par Klopp, Watford a porté l'estocade par son capitaine Deeney, dans une défense rouge à nouveau aux abois (3-0, 72e).
Battu également (1-0) par l'Atlético Madrid au match aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions, dont il est le tenant du titre, Liverpool va devoir rapidement retrouver de sa superbe.
Peut-être dès mardi en huitième de finale de la Coupe d'Angleterre, face à Chelsea, en plein doute.
"LA CORRUPTION EST À LA BANQUE MONDIALE"
Pour Papa Demba Thiam, économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans au sein de l'institution de Bretton Woods, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce
Une partie de l’aide aux pays pauvres est détournée par les élites africaines qui placent l’argent dévoyé dans les paradis fiscaux, accuse une étude. Papa Demba Thiam, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, appelle à des réformes en profondeur et suggère que l’institution aiderait davantage l’Afrique en y menant une politique active d’industrialisation.
Dévoilé il y a une dizaine de jours, le scandale de détournement de l’aide au développement versée par la Banque mondiale à des pays pauvres défraie la chronique, particulièrement en Afrique. Selon l'étude «Elite Capture of Foreign Aid» réalisée par l’un de ses cadres et deux collaborateurs extérieurs, une partie des financements serait dévoyée par les élites des pays assistés et placée dans des comptes offshore en Suisse, au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. Pour Papa Demba Thiam, un économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans à la Banque mondiale, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce.
Côté face, selon Papa Demba Thiam, «la corruption est à la Banque mondiale. Ses cadres sont présents à chaque étape – de la conception à l’évaluation finale, en passant par le financement par tranches – de tout projet, détaille-t-il. Le décaissement ne se fait pas sans avoir obtenu le satisfecit de la mise en œuvre. Il y a forcément des complicités à l’intérieur.»
Lanceurs d’alerte censurés
Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale est confrontée à de telles accusations. Pour ne pas rester les bras croisés, elle a mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une unité qui traque les pots-de-vin dans l’exercice d’appel d’offres pour des projets financés par elle. Mais pour Papa Demba Thiam qui dit connaître le mal de l’intérieur, la bureaucratie étouffe les initiatives. «Des lanceurs d’alerte sont censurés et dans certains cas, ils sont licenciés sous des prétextes divers», accuse-t-il. Mais plus généralement, selon lui, des collaborateurs ne daignent pas dénoncer leurs collègues ou leurs supérieurs.
L’économiste sénégalais tient à signaler que des centaines de collaborateurs de la Banque mondiale, originaires d’Afrique et d’Asie, se complaisent dans leurs rôles respectifs par peur d’être licenciés. «Ils préfèrent garder leur emploi de fonctionnaire international avec les privilèges (le salaire moyen est de 15 000 dollars, sans taxe) qui vont avec, y compris le permis de séjour aux Etats-Unis, raconte-t-il. Pour certains, il est impensable de sacrifier leur emploi dans la mesure où leurs enfants sont scolarisés aux Etats-Unis ou ont des prêts à rembourser.» Et d’ajouter: «Le système se nourrit de lui-même et tous les maillons sont solidaires.»
Position inconfortable
La Banque mondiale est mise dans une position inconfortable par l'étude. Cette dernière était prête déjà en novembre 2019 mais, pour la direction, les conclusions étaient trop à charge. C’est seulement après que l’un des auteurs l’a publiée sur son propre site internet, faisant éclater le scandale au grand jour, que la Banque mondiale l’a adoptée et finalement fait paraître le 18 février, non sans avoir nuancé certains propos. C’est dans le sillage de cette affaire que sa cheffe économiste Pinelopi Goldberg a démissionné de son poste.
Dans une note laconique postée sur son site internet le même jour, l’institution reconnaît que l’étude commençait à attirer beaucoup l’attention. «La direction prend au sérieux la corruption et les risques de fiduciaire, peut-on lire. L’étude «Elite Capture of Foreign Aid» a été revue plusieurs fois et a, par conséquent, été améliorée.»
L’Afrique a besoin d’industrialisation
Selon Papa Demba Thiam, cette étude serait restée dans les tiroirs sans le courage de ses auteurs. Le fait qu’elle a été réalisée par trois économistes ressortissants de pays nordiques a joué un rôle décisif. «Ils ont une culture de bonne gouvernance et du respect de la loi, commente-t-il. Ils ont bravé le système d’autant plus que leurs pays sont les premiers pourvoyeurs d’aide.»
La Banque mondiale reste-t-elle tout de même pertinente ? Papa Demba Thiam, qui la qualifie de «gestionnaire de la pauvreté», affirme que David Malpass, son président depuis avril 2019, est partisan des réformes. «Il faut aller revoir la mission de cette institution de sorte qu’elle fonctionne comme une banque commerciale. Elle ne doit prêter que pour financer des projets solides et avérés. Mais surtout, elle doit promouvoir en Afrique une politique d’industrialisation fondée sur les matières premières locales, avec des partenaires qui acceptent qu’une partie de la valeur ajoutée revienne au continent.»
"LA PEUR DU CORONAVIRUS EST LARGEMENT EXAGÉRÉE"
L’historien de la médecine Bernardino Fantini analyse l’anxiété grandissante suscitée par la propagation du virus
24heures.ch |
Marie Nicollier |
Publication 29/02/2020
De la prudence, certes, mais aucune raison de se faire du mauvais sang. Voici, en substance, le message de Bernardino Fantini, professeur honoraire à l’Université de Genève.
L’inquiétude grandit au sein de la population. Les gens font même des provisions de nourriture…
La peur a toujours accompagné les grandes épidémies. Il y a bien sûr la peur de l’inconnu, de quelque chose de nouveau que l’on ne connaît pas. Et puis la peste, la variole, la grippe asiatique ou encore la grippe espagnole au début du XXe siècle ont fait des ravages. Cette mémoire reste.
A-t-on raison d’avoir peur?
Cette peur est largement exagérée en Europe, à mon avis. Pour le moment, ce virus est moins dangereux qu’une grippe saisonnière qui fait des centaines de morts par année. En Italie, il y a eu des mouvements de panique car les autorités ont commis de graves erreurs de communication. Elles ont fermé des écoles, des cinémas et des théâtres dans des régions où il n’y avait pas un seul cas. Cette réaction émotionnelle dictée par la peur n’a fait que l’amplifier. Les gens se disent que si ces lieux ferment, c’est que la catastrophe est imminente. Les épidémies ont toujours provoqué des phénomènes de masse plus dangereux que la maladie elle-même... Quant à l’idée de fermer les frontières, cela n’a pas de sens: un virus ne connaît pas de frontière! Cela vise plus à tranquilliser la population qu’à contenir l’épidémie.
Comment protéger la population sans créer une psychose?
La peur est un phénomène tout à fait normal mais il faut qu’elle soit dominée par une attitude rationnelle. Il faut la contrôler avec une bonne communication, une connaissance des faits et des mesures à la hauteur de la situation.
Quel rôle jouent les médias dans la frousse ambiante?
Ils ont une responsabilité, en effet, et peuvent jouer un rôle important en incitant à la modération. Il faut continuer de donner des informations précises sur la réalité épidémiologique. Dire que sur 100 cas de contagion, 2 ou 3 seulement sont vraiment dangereux et peuvent mener à la mort. Cela peut tranquilliser les gens. Il faut certes être prudent et se laver les mains le plus possible, par exemple. Mais il ne faut pas avoir peur.
Et la ruée sur les masques, qu’en pensez-vous?
C’est irrationnel. Porter un masque en dehors des milieux hospitaliers et des foyers épidémiques n’a pas de sens. De plus, il faudrait le changer tous les jours, donc en avoir une dizaine en réserve chez soi. Le masque, c’est un peu un totem. On pense être plus en sécurité avec cet objet à portée de main.