Dans le cadre de ses visites de courtoisie, Khalifa Sall, tout fraichement sorti de prison, a été reçu par plusieurs chefs religieux à Kaolack. Ses militants n’étaient pas en reste car ils sont venus nombreux pour communier avec leur leader politique. Apparemment l’engagement de l’ancien maire de Dakar est loin d’être émoussé. Il a lancé un appel à l’endroit de tous ceux qui épousent ses convictions politiques.
A l’étape de Kaolack d’une tournée qu’il veut sans coloration politique, auprès des guides religieux, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall a reçu tous les honneurs. Il a été reçu tour à tour par l’évêque de Kaolack, le khalife de Léona Kanène, Khalifa Ababacar Kane.
A Médina Baye, il a été reçu d’abord par Cheikh Mahi Niass qui lui a offert, en guise de cadeau, le Livre saint de l’Islam. Il a aussi rencontré l’imam de Médina Baye, Ckeikh Ahmed Tidjane Niass. Il s’est rendu également à Touba Ndorong. Au terme de ce périple, Khalifa Sall s’est félicité de l’accueil chaleureux. Il a dit en outre avoir reçu des prières et de prodigieux conseils de la part des religieux. Attendu pendant plus de 8 tours d’horloge par ses militants et sympathisants, c’est finalement à 19 heures passées que Khalifa Sall et sa suite ont foulé la permanence de la coordination des socialistes dirigée par Diockel Gadiaga. Venue de tous les coins de la région de Kaolack, l’assistance qui n’avait rien perdu de sa patience a réservé un accueil enthousiaste à Khalifa Sall.
Après avoir communié avec les militants, il a déclaré qu’il n’en voulait à personne. « Nous allons nous tourner vers l’avenir ; et dans cet avenir en friche, nous convions tous ceux qui partagent avec nous cet idéal et cet amour du Sénégal, d’un Sénégal meilleur, pour la construction duquel nous allons tous participer», a déclaré Khalifa Sall. «Nous avons tous convenu que cette épreuve a été la volonté du Seigneur ; et que Celui-ci, après qu’il a été sollicité par chacun de nous, a accepté de nous couvrir de Ses Grâces et de nous laisser recouvrer notre liberté. Nous avons convenu de rendre grâce à Dieu à nouveau. Nous avons convenu aussi d’accepter que c’est une décision divine que nous avons vécue et que nous allons aujourd’hui dépasser. Nous rendons grâce à Dieu et nous nous tournons vers l’avenir. Ce fut une épreuve, on l’a dépassée. On ne regarde pas dans le rétroviseur », a-t-il insisté en précisant n’avoir ni rancune ni rancœur envers qui que ce soit.
ABDOUL MBAYE SABLE LE COUSCOUS DU GOUVERNEMENT
Le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (AcT), Abdoul Mbaye, est revenu dans un long texte sur le satisfecit donné par le Fonds Monétaire International (FMI), le mois dernier, au Sénégal.
Le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (AcT), Abdoul Mbaye, est revenu dans un long texte sur le satisfecit donné par le Fonds Monétaire International (FMI), le mois dernier, au Sénégal. L’ancien premier ministre et banquier de formation estime que ce ne sont que de fausses solutions et la confirmation d’un nécessaire réajustement structurel.
En lisant le communiqué du FMI publié le 23 septembre dernier, l’homme politique a été frappé par la manière dont le document a été rédigé. Il soutient qu’il a été fait par des diplomates et non par des économistes. «Son analyse oblige donc à s’interroger sur le sens des oublis, les temps de conjugaison utilisés, sans omettre quelques contradictions économiques et financières. Cette analyse est d’autant plus nécessaire que beaucoup se sont empressés d’en considérer le contenu comme un satisfecit délivré par le FMI à la politique économique du Sénégal», a dit l’ancien patron de la CBAO. Selon lui, une telle attitude à caractère hautement politique ne saurait bien entendu ne pas provoquer une réplique.
Dans ce satisfecit, Abdoul Mbaye n’a pas manqué de relever des oublis qui touchent plusieurs secteurs de notre économie. «L’accompagnement du FMI devrait porter sur la mise en œuvre d’un programme économique baptisé «Phase 2 du PSE ». Mais nulle part la phase 1 de ce même Plan Sénégal Émergent (PSE) et son bilan ne sont évoqués. La raison est celle d’un échec sur lequel il ne serait pas convenable de s’étendre ; il s’agit non pas de celui d’une «phase 1 du PSE» qui n’a jamais existé, mais du début de la mise en œuvre de ce PSE», a constaté celui qui a été le premier chef du gouvernement sous l’ère Macky Sall. Abdoul Mbaye estime que l’entrée dans une pré-émergence ne s’apprécie pas au regard d’un taux de croissance, mais à la construction de fondamentaux qui donnent une assise à une croissance durable.
Or, pour l’ancien chef du gouvernement, ces fondamentaux n’ont pas pu être bâtis au cours des premières années du PSE. «Le renforcement du capital humain n’a pas eu lieu, l’amélioration de l’environnement des affaires devant porter l’accroissement du rôle du secteur privé dans l’accélération de la croissance a été absent, la compétitivité de l’économie ne s’est pas renforcée de manière significative à la faveur notamment d’une énergie qui demeure trop chère et insuffisamment disponible, la diversification de l’économie n’a pas eu lieu», lance-t-il. Ter ET Airbus NEO Il cite d’autres aspects de l’économie nationale devant être la locomotive du développement, mais qui connaissent toujours du retard. C’est le cas du développement industriel et de la diversification des exportations qui sont au point mort .Il soutient que la réalisation des infrastructures n’a pas été pensée dans l’objectif de construire de la compétitivité, mais plutôt pour la satisfaction d’égos politiciens et en vue de projeter l’image d’un «président bâtisseur » dans la perspective de futures élections. Le coût du TER et l’acquisition d’avions Airbus Neo n’ont pas été épargnés par le leader du parti ACT.
Et les fondamentaux n’ayant pas pu être réalisés, l’ancien premier Ministre en déduit que les mauvaises décisions prises compliquent grandement le démarrage de cette phase 2 du PSE. «Et c’est pour cette raison que l’oubli du FMI devient blâmable car il permet de taire l’évidence suivante : il est bien plus difficile de construire les bases de l’émergence aujourd’hui que cela ne l’était en 2014, date du début du PSE», a-t-il constaté. Dans la deuxième partie de son texte, l’homme politique explique les fausses solutions que veut imposer le FMI au Sénégal.
Et pour lui, dans le but de rassurer les populations, les bailleurs et autres investisseurs, les autorités ont remis au goût du jour les vieilles recettes et vieux engagements de l’exécutif, ressassés depuis plus d’une vingtaine d’années. «Ainsi, le secteur public étant désormais hors du coup pour justifier une croissance aussi élevée (plus de 6% par an), il est prévu que le secteur privé prenne le relais. Mais puisqu’il ne l’a pu jusqu’à présent, cela passe par un certain nombre de réformes en cours depuis vingt ans», regrette-t-il. En guise de conclusion, Abdoul Mbaye déclare que le FMI est satisfait de l’option prise par le Sénégal, consistant à privilégier le service de la dette par des mesures d’accroissement de recettes qui contribueront malheureusement à l’éviction du secteur privé national.
par Djibril Diaw
LE NOUVEAU SÉNÉGAL ET SES QUESTIONNEMENTS
Pour que ce pays puisse aspirer à l'émergence, il est primordial de repenser un autre modèle. Eduquer le peuple s'avère être le fondement de base
03H passées de 17 minutes devant l'écran et le gaz où bouillonne le fameux "ataya", quel ami fidèle ! Des images me traversent l'esprit de ce nouveau Sénégal qui est fait de questionnements.
Nouveau accoutrement, qu'a t-on raté ? Les jeunes sensés trouver leur salut dans l'apprentissage sont victimes de la mode. Et de quelle manière ? Combien de fois vous êtes-vous posés la question à savoir quand de loin vous apercevez un jeune vous vous demandez si c'est un jeune garçon ou jeune fille ? Quant à moi, cela m'arrive chaque jour que Dieu fait. Les jeunes s'habillent n'importe comment de nos jours. Le distinguo est rare ou inexistant ces dernières années. Ces mêmes vêtements destinés aux filles sont portés par les garçons et vice versa. Voir un garçon avec un déchiré me déchire au plus profond de moi d'autant plus qu'un pantalon serré. "Ba aduuna di baax goor moomul dangal" (Le serré n'est pas destiné à l'homme).
En voici un parfait exemple du rappeur Wizaby "Jooni gorko boornoto bas kaalda e mum ina siñña ñiiñe" (L'homme porte un bas tu lui parles il te montre ses dents).
Eduquer ne se limite pas seulement à envoyer un enfant à l'école ou au dahra, faire attention à son choix vestimentaire est partie intégrante de son devenir.
Le surveiller c'est lui dicter une bonne fréquentation car les mauvaises fréquentations conduisent inévitablement à de mauvaises habitudes.
L'abus du smartphone et des réseaux sociaux, à quelles fins ?
Le smartphone est une invention pour faciliter une communication mobile, maniable et rapide. Les réseaux sociaux à l'image de Facebook, Instagram, Whatsapp, Snapchat, Tik Tok et j'en passe sont une invention pour que le monde soit un village planétaire d'où la facilitation de la communication. Mon constat est qu'au Sénégal on a tendance à tomber dans l'abus. L'usage abusif a permis de nos jours à promouvoir la médiocrité à toutes les échelles de la société. Il suffit d'avoir un bout de smartphone, d'un pass internet de 10 Méga Octets (MO) et des applications qui vous modifie jusqu'au point de ressembler à un top modèle pour s'inventer une vie. Et bien sûr s'en suit une imagination d'ennemis alors que vous n'êtes même pas connu des voisins. Je me rappelle toujours de cette jeune fille trouvée dans un supermarché de la place, venue acheter un paquet de chips à 100 francs et qui fait snap de 10 secondes pour crier haut 《Ennemy doundeul》.
Nos plateaux de télévision, quel gâchis !
Sois ancienne miss Sénégal, grande gueule comme Birima, ou insouciante et ignorante comme Adja Astou pour remporter la palme d'or du meilleur animateur de télé. Ce pays n'avancerait-il pas de dos ? Nos télévisions ont le même programme allant des émissions matinales avec des animatrices aux maquillages qui raviraient la vedette aux clowns, en passant par les fameuses émissions de religions avec chaque Oustaz au savoir propre, et les plateaux de causeries pour soi-disant discuter des faits divers de la société sénégalaise. Je me retrouve à avoir une once de pitance pour nos vaillants journalistes au savoir incontestable même si certains iront vendre leur maison de presse au plus offrant. Car il faut le souligner, les animateurs ont pris une ascension fulgurante dans les plateaux télé. Ils sont donneurs de leçons alors qu'eux-mêmes devraient être les principaux élèves. La course vers le buzz devient une obsession sans faille dans ce milieu, c'est pourquoi le débat est devenu stérile allant du coq à l'âne et pourtant capte l'attention du peuple.
Dans la fameuse série Idoles, l'une des rares séries que je suis, saison 07 épisode 08, j'ai capté cette discussion : 《le gouvernement utilise cette presse médiocre pour distiller les fakes news afin d'endormir le peuple pour ne pas penser aux priorités》.
Pour que ce pays puisse aspirer à l'émergence, il est primordial de repenser un autre modèle. Eduquer le peuple s'avère être le fondement de base. Un autre Sénégal est possible si chacun de ces citoyens y met son grain de sel.
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LE 20H DE LA RTS du Mardi 8 Octobre 2019 AVEC PAPE BOUNA THIAW
MAGAL: l’important dispositif sanitaire – SECURITE : près de 1500 agents renforcent la police – VOL DE BETAIL : l’épineuse question du sud – SENEGAL-BRESIL : les lions jouent pour la victoire.
MAGAL: l’important dispositif sanitaire – SECURITE : près de 1500 agents renforcent la police – VOL DE BETAIL : l’épineuse question du sud – SENEGAL-BRESIL : les lions jouent pour la victoire.
DES INTELLECTUELS INQUIETS DU SÉNÉGAL DE 2019
La montée du radicalisme, des indices du communautarisme, l’insulte gratuite, parfois ethniciste proférée via les réseaux sociaux et la désertion des institutions de la République de certaines communautés, ont été discutées le week-end dernier
Le Club Convergences Plurielles, un cercle de réflexion regroupant un certain nombre d’intellectuels et d’acteurs culturels, a organisé ce week-end, un panel sur «Le commun vouloir de vivre ensemble» sur l’ile de Ngor. Cette rencontre vient à son heure parce que le Sénégal de 2019 inquiète à plus d’un titre et plusieurs comportements observés dans la société justifient cette inquiétude : la montée du radicalisme, des indices du communautarisme, l’insulte gratuite, parfois ethniciste proférée via les réseaux sociaux et la désertion des institutions de la République de certaines communautés. Toutes choses qui sapent et hypothèquent le vivre ensemble dans une société apaisée, avec des citoyens responsables, ayant à cœur la préservation de l’unité nationale et la cohésion sociale. Cette première rencontre marque le lancement officiel des «Rendez-vous de l’île de Ngor», un cadre de réflexions et d’analyses pour un meilleur Sénégal.
Le consensus multiséculaire fort sur lequel s’est bâti le Sénégal moderne tient-il encore ? La question est grosse de sens et mérite que l’on y médite dans un contexte de montée des radicalismes, de l’apparition des communautarismes et des replis identitaires, qui menacent dangereusement le commun vouloir de vivre ensemble, et met à rude épreuve l’unité nationale et la construction de l’État nation. Ce sont ces problématiques entre autres, qui étaient au cœur de la première édition des «Rendez-vous de l’île de Ngor», un cadre de réflexion initié par le «Club Convergences Plurielles». C’est un rendez-vous d’échange entre personnalités du monde Universitaire et culturel, des acteurs politiques et de la société civile marque le lancement . Le diagnostic fait aussi bien par des panélistes de très haut niveau (Penda Mbow, Mamoussé Diagne, Abdoul Aziz Kébé, etc.) ainsi que les discutants de ce panel est sans appel : plusieurs comportements menacent le vivre ensemble au Sénégal aujourd’hui et il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
En effet, le vivre ensemble est de plus en plus problématique ces dernières années au Sénégal. Une situation qui inquiète au plus haut niveau les intellectuels conscients de leur devoir et de leur responsabilité vis-à-vis de la société. Ces comportements qui menacent le vivre ensemble transparaissent très clairement aussi bien dans les médias classiques que les médias sociaux. Ainsi, l’explosion médiatique et l’ essor des technologies de l’information et de la communication posentun problème de régulation de la parole publique dans la mesure où, les journalistes n’ont plus le monopole de la production et de la diffusion de l’information. Cependant, tout citoyen étant potentiellement son propre média, il est devenu difficile de réguler la parole publique.
Dans ce rôle de «citoyen médias» dont peut se prévaloir tout Sénégalais, il n’y a pas le processus de filtre, de traitement responsable de l’information qui doit être diffusée. «Les compétences des journalistes sont disputées tous les jours si bien que le coût de l’info est quasi nul. Il suffit d’avoir son smartphone d’être son propre média», note le journaliste et ministre conseiller El Hadj Hamidou Kassé. D’autre part, l’explosion médiatique de ces dernières décennies aidant, il y a une tendance des médias à donner la parole à n’importe qui. Or pour la plupart des panélistes, la parole publique doit avoir une certaine légitimité. « La parole publique ne peut pas appartenir à tout le monde car si elle appartient à tout le monde, elle devient dérégulée. Les médias sont dérégulées», estime le Pr. Abdoul Aziz Kébé.
La perversion des réseaux sociaux
Les médias sociaux au-delà de tout ce qu’ils ont de positif exposent aussi la société dans la mesure où il n’y a plus de « frontières» ni entre les individus, ni entre « les lettrés et les illettrés ». Avec les réseaux sociaux, il y a une sorte de cristallisation des identités. «On peut être plus proche de quelqu’un qui est aux États-Unis que de quelqu’un dont on est plus proche physiquement et géographiquement». Dans le même temps, malheureusement, avec la « garantie de l’anonymat», on se cache derrière son téléphone pour insulter, s’offusque El Hadj Hamidou Kassé.
On a notamment vu ces derniers temps, des citoyens au Sénégal comme à l’étranger proférer des insultes gratuites à l’endroit des autorités publiques. Selon l’historienne Penda Mbow, il y a un certain radicalisme »qui émerge dans le pays. Et curieusement «ceux qui reviennent des pays occidentaux sont plus radicalisés car ils reviennent avec cet islam nouveau que nous ne connaissions pas et c’est en rapport avec la violence qui existe dans les pays occidentaux», s’inquiète l’historienne.
Radicalisme rampant
Inquiète du chemin glissant que le Sénégal actuel a emprunté, l’élite a disparu etle plus préoccupant est qu’on note de plus en plus une désaffection de l’éducation dans certaines régions du Sénégal (Touba, Thiès) et même dans certains quartiers de Dakar. A ce rythme, il y a fort à parier que l’université en arrive à être elle aussi marginalisée. Ce qui est dangereux. Aussi, l’ancienne ministre de la Culture s’insurge de ce qu’au nom de la religion non seulement qu’on se permette d dire ce qu’on veut mais qu’on ne tolère pas le débat, qu’on développe un discours contre les femmes. Après Macky Sall, Penda Mbow se demande ce que le prochain président du Sénégal proposera pour maintenir les fondements de la République. «Je ne sais pas qui sera le prochain président. Le modèle qu’on va nous proposer après Macky Sall risque d’être un modèle religieux parce que ce modèle est en train de se construire》, s’inquiète l’historienne. Pour elle il n’est pas question de mettre en question outre mesure le modèle laïc de la république. «Ce contre quoi je me battrai c’est la préservation du modèle laïc et surtout pour nous les femmes. Les femmes sont les premières victimes, on leur dénie la capacité de parler».
Quel avenir pour l’école sénégalaise ?
Le système éducatif est, lui, aussi devenuproblématique dans ce pays. L’historienne se demande quel type de citoyen on veut créer avec des modèles éducatifs aussi divers : modèle occidental, turc, iranien, etc. Elle note pour se désoler de ce que de plus en plus en plus à Touba, Thiès, les zone de forte présence wolof il y aitmoins d’engouement à envoyer les enfants à l’école. Ici même à Dakar, le cas du quartier populaire de Médina est assez illustratif de la situation. «A la médina, seuls les enfants desétrangers (Guinéens)vont à l’école. La wolof envoie de moins en moins les enfants à l’école française ».Pour le Pr. Abdoul Aziz Kébé, « cettedésaffection de l’école dans certaineszonesdu pays est dû au fait que les gens ne se reconnaissent pas dans ce qu’on leur propose comme modèle d’éducation ».
Selon lui, le projet éducatif au Sénégal pose problème et l’État devait y revenir puisque la citoyenneté se construit de l’éducation et de la formation que l’on reçoit. Le Pr. Kébé relève en outre que l’on tente d’opposer l’élite arabophone et l’élite francophone. Ce qui met en conflit deux visions différentes qui ne sont pas notre conception de l’éducation parce que «nous ne sommes ni de l’Occident, ni de l’Orient». «Nous sommes Sénégalais» Sur la question de la citoyenneté, les jeunes devraient se donner corps et âme pour le futur de ce pays. «La citoyenneté n’est pas encore une réalité chez nous. C’est un projet en construction». Mais pour Abdoulaye Diallo, la question des modèles éducatif est un faux problème parce que quel que soit le système éducatif, les savoirs demeureront les mêmes.
D’éminents intellectuels notamment philosophes, des historiens, ministres et anciens ministres étaient à ce rendez-vous de l’île de Ngor. On pouvait noter la présence des professeurs Mamoussé Diagne, Magueye Kasse, Abdourahme Ngaide, Abdou Aziz Kébé, Penda Mbow, le ministre El hadji Hamidou Kassé , l’Abbe Henri Cissé, El Hadj Ibrahima Sall, Abdou Fall, président de Club Convergence Plurielle, Abdoulaye Diallo, le secrétaire général, etc. Cette rentréen’est que le lancement d’une série de réflexion de ce genre. Les réflexions seront collectées pour en faire «Des cahiers de l’île de Ngor» afin d’aider à la réflexion. Et pour cause ‘Sunnugal’, notre pirogue prend de l’eau de partout et nous n’avons pas le droit de regarder ailleurs. C’est ce que semble dire Club Convergence Plurielle.
LE SUDES/ESR LISTE LES DIFFICULTES DES UNIVERSITES PUBLIQUES
Le secrétaire général dudit syndicat, Dr Oumar Dia, a en effet déposé depuis le 1er octobre sur la table du gouvernement sa plateforme revendicative.
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du supérieur (Sudes)/Esr affute déjà ses armes. Le secrétaire général dudit syndicat, Dr Oumar Dia, a en effet déposé depuis le 1er octobre sur la table du gouvernement sa plateforme revendicative. Des perturbations de l’année universitaires sont en vue. Parmi les points de revendication, figurent la transformation de l’UVS en Institut National de la Formation continue sous la tutelle scientifique de l’Ucad et l’arrêt de l’orientation des bacheliers dans cette institution pédagogique inadéquate pour la formation initiale.
Le feu couve dans les universités. Les prémices d’une année universitaire mouvementée sont déjà perceptibles. Les coordinations des étudiants des Universités de Saint-Louis, Ziguinchor et Bambey ont décrété une grève illimitée et le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du supérieur (Sudes)/ Enseignement Supérieur et Innovation rajoute une couche en déposant sur la table du gouvernement, depuis le mardi 01 Octobre, sa plateforme revendicative. Le secrétaire général du Sudes/Esr, Dr Oumar Dia, a regroupé en cinq points la plateforme, lesquels sont: la gouvernance, l’enseignement, la recherche, les infrastructures et la prison en charge sociale.
Parlant des infrastructures, le secrétaire général du Sudes/Esr réclame l’achèvement des chantiers des universités Amadou Makhtar Mbow (UAM) de Diamniadio, ElHadji Ibrahima Niasse du Sine Saloum (USSEIN), Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) et de ses centres délocalisés à Sédhiou et à Kolda. L’achèvement des chantiers des centres délocalisés de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis à Guéoul et à Matam, la construction de l’Université du Sénégal oriental et celle de l’institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) dans chaque région du Sénégal figurent également dans la plateforme revendicative. Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du supérieur (Sudes) se plaint aussi de la gouvernance des universités. Le syndicat demande l’abrogation ou modification substantielle de la loi 2015-26 relative aux universités publiques, l’élaboration et l’adoption de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la science et de la technologie et le respect strict de la hiérarchie et de l’orthodoxie universitaires.
Pour le cas spécifique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Dr Oumar Dia exige l’exécution immédiate par le Recteur Ibrahima Thioub de l’arrêt de la Cour suprême relatif au recrutement de deux enseignants-chercheurs à l’Institut des droits de l’Homme et de la Paix (IDHP). Quant aux revendications liées à la recherche, le secrétaire général du Sudes/Esr souhaite le développement d’une politique de recherche volontariste, le financement et l’équipement des laboratoires de recherche des universités.
En termes de rémunération Dr Oumar Dia revendique la mise aux normes de la prime de recherche. Concernant les voyages d’études, le syndicaliste réclame le respect de la loi pour les nouveaux recrutés et des ordres de mission avec un per diem statutaire pour les deux mois de voyage d’études de ces derniers. Le volet social est constitué de plusieurs points dont la redéfinition du solde indiciaire et des indices affectés aux enseignants du supérieur et l’unification des traitements accordés dans les différentes universités. Le Sudes/Esr continue d’exiger la renégociation de l’accord sur les retraités qu’il a refusé de signer, une meilleure organisation de la période transitoire menant à la retraite, la prise en charge médicale effective avec remboursement des médicaments et des lunettes et la facilitation de l’accès à la propriété privée des enseignants près de leurs lieux de travail.
LE SUDES/ESR VEUT LA TRANSFORMATION DE L’UVS EN INSTITUT SOUS LA TUTELLE SCIENTIFIQUE DE L’UCAD
Pour le chapitre de l’enseignement, le Sudes/Esr remet en cause le statut de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS). Pour Dr Oumar Dia, l’UVS doit être transformée en Institut National de la Formation Continue sous la tutelle scientifique de l’Ucad, et il demande l’arrêt de l’orientation des bacheliers dans cette institution pédagogique inadéquate pour la formation initiale. Il souhaite aussi le financement de la formation à distance (FAD) de la FASTEF de l’UCAD.DrOumarDia recommande au gouvernement un plan Marshall de recrutement d’au moins 500 enseignantschercheurs et chercheurs par an pendant 10 ans, de personnel de support compétent dans toutes les universités etle rééquilibrage de la distribution des postes d’enseignants-chercheurs en faveur des établissements et des universités au ratio catastrophique. Aussi, le Sudes plaide pour l’arrêt de l’orientation des bacheliers dans le privé.
«JE PRÉFÈRE UN ENFANT SOUS UN ABRI PROVISOIRE, QU’UN ENFANT DANS LA RUE»
Kalidou Diallo, ancien ministre de l’Education énumère un à un les facteurs qui handicapent l’efficacité du système éducatif
Pour célébrer la Journée Internationale dédiée à l’Enseignant, la Fédération des Enseignants et Educateurs pour la république (Feer) a organisé un panel sur la baisse du niveau dans le système éducatif. Le conférencier Kalidou Diallo, ancien ministre de l’Education a énuméré un à un les facteurs qui handicapent l’efficacité du système.
A l’occasion de la Journée Internationale de l’Enseignant, la Fédération des Enseignants et Educateurs pour la République (Feer) a organisé un panel sur la baisse du niveau dans le système éducatif du Sénégal. Le conférencier Kalidou Diallo a passé en revue tous les obstacles qui ont favorisé cette baisse de niveau. Parlant des abris provisoires qui ont été particulièrement indexés, l’ancien ministre de l’Education Nationale sous Me Abdoulaye Wade a indiqué que chaque année, 300.000 élèves en moyenne sont inscrits au cours d’initiation (CI). Et il s’avère que le rythme de construction d’infrastructures d’accueil n’a pas suivi celui de croissance des effectifs, d’où l’existence des abris provisoires. Mais il estime que l’Etat a entamé une politique de suppression de ces abris qui étaient de 21% en 2012 et qui tournent aujourd’hui autour de 16%. Toujours est qu’il est impossible, à ses yeux, de supprimer définitivement les abris provisoires devant ce forttaux de natalité et cette volonté de scolariser tous les enfants. «Je préfère un enfant sous un abri provisoire qu’un enfant dans la rue», affirme-t-il.
Selon Kalidou Diallo, l’Etat du Sénégal investit énormément de moyens dans l’éducation notamment 6% du Produit Intérieur Brut (PIB) et 40% du budget de fonctionnement de l’Etat. C’est ainsi que la masse salariale des enseignants a grimpé, compte non tenu des gros investissements au niveau des infrastructures, des documents pédagogiques, des manuels. Mais malgré cela se désole-t-il, le rendement est faible à travers les résultats scolaires.
A titre comparatif, il souligne qu’en 1960, il n’y avait que 1.068 candidats au Baccalauréat au Sénégal contre 157.000 en 2019. En 1960, il y avait 660 admis soit plus de 50% et cette année le taux d’admission se situe entre 35 et 40%. Ce qui veut dire à ses yeux qu’on est passé de la moitié en termes d’efficacité, au tiers. Cependant dit-il, il suffit de voir le nombre d’élèves et de candidats qui augmente pour comprendre qu’il y ait cette baisse d’efficacité. Parmi les facteurs bloquants, il cite l’environnement systémique, les programmes et la formation des enseignants. Il y a aussi les questions liées à la santé, à la nutrition et aux effectifs pléthoriques.
En effet, le système est passé de 20 à 40 élèves par classe à plus de 100 par classe. On est passé d’une éducation élitiste avec toutes les salles de classe en dur et en ciment avec tous les enseignants diplômés d’écoles de formation à une situation de massification et de démocratisation de l’éducation. En 1996 on était à 52% de taux de scolarisation contre 90% et c’est pourquoi cette impossibilité d’avoir partout des salles de classe bien construites et des enseignants bien formés. C’est ainsi qu’il y a eu ce recours au volontariat et au vacatariat et un tel système a favorisé l’introduction d’enseignants pas bien formés, mais aussi des abris provisoires, pour que les enfants soient dans le système.
«LA NORME INTERNATIONALE EST DE 900 H EN TERME DE QUANTUM HORAIRE, LE CAP DES 400 A ETE RAREMENT FRANCHI AU SENEGAL»
Il y a eu ainsi ce phénomène d’enseignants moins chers et moins bien formés, avec également un environnement peu favorable. Ce qui a des conséquences sur la qualité. Kalidou Diallo souligne également qu’il y a eu une évolution très positive car en 1995 on recrutait des enseignants avec des diplômes requis, mais avec une formation de 3 semaines à un mois et ces enseignants percevaient des salaires mensuels de 50.000 Fcfa et ils n’avaient droit ni à une pension, ni à la promotion interne, encore moins à la sécurité sociale. C’est à partir de 1998 que le corps des maîtres contractuels et des professeurs contractuels a été créé, avec des salaires améliorés et une formation parfaitement assurée. Aujourd’hui, il n’y a dans le primaire aucun enseignant qui n’a pas un diplôme pédagogique et le niveau de recrutement a même été relevé au Baccalauréat et des dispositions sont mises en œuvre pour la disparition du corps des instituteurs adjoints pour qu’on ait des enseignants de niveau. Il a par ailleurs proposé qu’il y ait des professeurs d’école comme en France et un peu partout en Europe où le Professeur niveau licence choisit entre Prof dans le moyen secondaire ou dans le primaire. Selon lui, il y a une grande évolution en ce qui concerne la formation des enseignants au Sénégal. Pour Mamadou Diène Coordonnateur national de la FEER, la baisse de niveau est inquiétante et il urge que le gouvernement et les organisations syndicales se retrouvent autour de l’essentiel dans l’intérêt des enfants, du pays, du système éducatif, pour ne serait-ce que régler définitivement le problème du quantum scolaire. En effet dit-il, la norme internationale en matière de quantum scolaire est de 900 heures, mais au Sénégal rarement le cap des 400 heures a été franchi.
BESOIN FINANCIER DE 1500 MILLIARDS
Construction de 100 mille logements sociaux en 5 ans
Le besoin financier pour la construction des 100 mille logements sociaux est estimé à 1 500 milliards de francs CFA sur les cinq prochaines années, selon le directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS) Bocar SY
Les quatre commissions techniques dans la mise en œuvre du projet de construction de 100 mille logements sociaux ont partagé hier les résultats de leurs travaux qui ont duré deux mois. Il s’agit de la commission «Aménagement et foncier», la commission «Innovation, normalisation et formation», la commission «Ecosystème de la construction» et la commission «Financement et fiscalité». Cette dernière a estimé à 1 500 milliards de francs CFA le besoin brut de financement des 100 mille habitations pour les cinq ans. Le chiffre a été avancé par le directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs). Bocar Sy explique que la qualité des revenus a constitué la difficulté classique de la commission qu’il a coordonnée. Il leur fallait faire un arbitrage entre les besoins quotidiens et l’avenir d’un ménage sénégalais dont le salaire est agressé par plusieurs charges. L’exercice de son équipe a consisté à voir comment alléger les apports personnels, comment prêter sur des durées plus longues «parce qu’avant, c’était 10, 15 ans. Maintenant les gens peuvent aller jusqu’à 20, 25 ans, mais à condition de s’endetter assez jeune». Bocar Sy et son équipe se sont évertués à diminuer les taux autant que possible. «L’argent a un coût. On essaie de trouver des ressources qui ne coûtent pas cher... la taxe sur le ciment et l’ensemble des ressources pour aider les personnes à revenu faible à accéder au logement», a dit M. Sy. Il détaille : «Le Sénégal n’appartient pas qu’aux salariés. Il y a des tailleurs, des mécaniciens qui gagnent plus qu’un salarié, mais ils ne peuvent pas le prouver, parce que n’ayant pas de bulletin de salaire. Donc, il faut qu’on apprenne à appréhender les gens qui sont des auto-entrepreneurs.»
Les travaux restitués hier vont faire l’objet d’un Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi). Le modèle de logement retenu est de deux chambres et un salon sur 150 m2, une surface construite en 60 et 70 m2 pour un prix compris entre 10 et 12 millions de francs CFA, a expliqué Abdou Karim Fofana, ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique qui a présidé l’atelier de restitution. Selon le directeur général de la Construction et de l’habitat, les besoins en logements en 2013 étaient estimés à 322 mille unités, alors que l’offre ne dépassait pas 5 000 unités d’habitation. «L’objectif des 100 mille logements est juste un objectif intermédiaire qui nous permettra d’accélérer la production pendant ces cinq prochaines années, mais l’objectif général c’est de permettre d’absorber définitivement ce déficit en logements d’ici cinq ans», a dit Ousmane Wade
LES POPULATIONS DE NDAYANE S’OPPOSENT A L’ETAT
Les populations de la commune de Popenguine Ndayane sont très remontées contre l’Etat du Sénégal. Lors d’un point de presse tenu hier, elles ont dénoncé la démarche de l’Etat qui vise à s’accaparer de 1200 hectares pour le projet du port de la localité
Les populations de la commune de Popenguine Ndayane sont très remontées contre l’Etat du Sénégal. Lors d’un point de presse tenu hier, elles ont dénoncé la démarche de l’Etat qui vise à s’accaparer de 1200 hectares pour le projet du port de la localité. Les populations qui ont accepté de donner 600 hectares ne comptent pas baisser les bras.
Les habitants du village de Ndayane engagent le combat contre l’Etat, face à ce qu’ils appellent une boulimie foncière au niveau de leur localité. Après avoir accueilli à bras ouverts le projet de construction du futur port qui devrait s’étendre sur 444 hectares, puis 600 hectares, elles ont subitement changé de position. La tournure du projet serait la base de ce changement. Selon eux, la superficie qui a été prévue pour accueillir l’infrastructure est largement supérieure à celle annoncée au début. Les habitants de Ndayane évoquent des « prédateurs fonciers » dont la seule ambition est de faire main basse sur leurs terres. «Nous sommes venus au niveau des impôt et domaines de Mbour pour répondre à l’avis sur l’immatriculation de 444 hectares.
Sur l’avis, il est mentionné 444 hectares. Mais à notre grande surprise, en plus de cette superficie, il y a une autre demande d’autorisation pour en faire un titre foncier », dénonce Omar Séne, membre du comité d’initiative pour le développement de Ndayane.
Fustigeant cet avis de l’administration qui, selon eux, veut les priver de leurs terres, les populations de Ndayane informent que, même à un certain moment, l’Etat avait tenté de prendre 2000 hectares. Mais face à la vague de contestations, l’autorité à cédé les 800 hectares. «Ils ont donné une nouvelle délimitation du port de Ndayane qui passe à 2000 hectares. Au début, Dubaï port Wold avait indiqué qu’il avait besoin de 600 hectares pour construire un port. Lorsqu’il y a eu une manifestation, le ministre de la pêche d’alors, Omar Gueye, avait effectué le déplacement. Il nous avait donné des garanties que le port n’allait pas dépasser 600 hectares. Même le président de la République avait indiqué que 400 hectares suffisaient largement », rappelle Omar Séne.
Malgré la détermination des populations, le projet est passé de 600 à 1200 hectares. Même s’ils ne sont pas contre le projet, les habitants de Ndayane s’opposent à l’agrandissement de la superficie. Pour montrer leur engagement à accompagner le projet, ils se disent disposés à céder uniquement 600 hectares. «Nous ne sommes pas contre la création du port. Mais nous n’accepterons pas que ça dépasse la superficie initiale. D’ailleurs, le plus grand port au monde, c’est Amsterdam qui fait une superficie de 600 hectares», précise M. Séne.
CHARLES ONANA, L’AMÈRE SAVEUR DE LA LIBERTÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour les observateurs de la scène médiatique africaine, c’est un nom qui sent le soufre - Retour sur la carrière d’un journaliste touche-à-tout sur qui pèsent de lourds soupçons - INVENTAIRE DES IDOLES
Essayiste et journaliste franco-camerounais, Charles Onana a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages sur le Rwanda, les Tirailleurs, la crise ivoirienne, le Darfour, René Maran, etc. A la veille de la publication de son livre Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise, le 23 octobre aux éditions de l’Artilleur, il s’apprête à jeter un autre pavé dans la mare dans un parcours déjà agité. Rencontre avec un auteur contesté et retour sur la carrière d’un journaliste touche-à-tout sur qui pèsent des soupçons lourds.
Dans le petit hôtel de bordure du périphérique parisien où il nous donne rendez-vous, Charles Onana arrive, commun, chaleureux et élégamment mis : un blazer noir, une chemise blanche, un pantalon beige, des lunettes à montures fines sur le nez. Strict, chic, l’allure altière. Il s’excuse du petit retard. Pendant un temps très bref, on perçoit chez lui, quand il s’installe dans ce confortable hall aux fauteuils capitonnés, comme une forme de scepticisme, notable dans le regard, à se demander qu’est-ce qu’un journaliste sénégalais peut bien lui vouloir ? Cette méfiance passe très vite dès que la conversation s’engage. Ce qu’il avance en premier sur la table, comme un préambule longuement médité - et il y tenait - c’est Cheikh Anta Diop. Référence, modèle, inspirateur, le scientifique sénégalais lui a ouvert un champ intellectuel stimulant, en dopant ses ardeurs de jeune étudiant camerounais, arrivé en France au milieu des années 80.
Cheikh Anta Diop, le maître
Quand il parle de l’égyptologue sénégalais, c’est avec un enthousiasme non feint, une vigueur dans le propos et une gratitude totale que les années n’ont, semble-t-il, pas altérés. Pourquoi Cheikh Anta Diop ? La question est presque idiote. « Pour tout », semble-t-il opiner. Avant de détailler : « pour son envergure, sa rigueur, son étoffe, son courage, le bénéfice inestimable de ses travaux ». L’admiration qu’il a pour cet homme est sans bornes. Il met en particulier au crédit du chercheur, sa trajectoire et l’insolente bravoure de sa carrière. Cheikh Anta Diop, ce jeune chercheur de 27 ans, qui soutient dans les années 50, une thèse audacieuse, prenant à rebours toutes certitudes figées, motrices dans le déni d’histoire du continent africain. Voilà de quoi susciter une vocation et séduire le jeune aspirant. Le culot du scientifique, dans un temps où la soumission intellectuelle était le certificat pour être adoubé en France, enchante le jeune étudiant de la Sorbonne qui étudie alors la science politique.
De Cheikh Anta Diop, naît sans doute chez lui, à côtés de prédispositions personnelles, un goût pour la « vérité cachée », les « zones d’ombres », pour le « hors-champ historique » mais surtout une grande rigueur dans l’approche qu’il revendique. « Est-ce qu’on conteste ma rigueur ? », questionne-t-il d’ailleurs fier de lui, admonestations en direction de ses détracteurs. Rigueur qu’il poursuit, comme obsession et point d’honneur, jusqu’à soutenir une thèse tardive en 2017 à l’université Lyon 3, sur la période du génocide Rwandais. Très vite, cette inclination intellectuelle lui fait rencontrer un deuxième père spirituel : Pierre Péan. L’enquêteur, auteur d’Affaires africaines, ouvrage qui lui vaut des menaces pour avoir ébruiter les secrets de la Françafrique, le séduit. Il ne tardera pas à devenir son « ami intime ». Il l’évoque avec émotion. Les deux hommes développent au fil des années une forte relation : Péan l’appelle son « fils spirituel » et leur regard commun mais surtout impopulaire sur le Rwanda, achève de les unir dans la solitude de l’épreuve.
Le Rwanda, le berceau et le cercueil ?
Journaliste, Charles Onana le devient ainsi au forceps et au culot. Une détermination et une endurance qui le font entrer en stage à l’AFP, lui le diplômé de Relations internationales. Comment a-t-il fait ? Il sourit. « Je me suis imposé », lâche-t-il fier. La vocation se fait ainsi double, il suit le fil. Pour les observateurs de la scène médiatique africaine, Charles Onana n’est pas tellement un nom propre, c’est un nom qui sent le soufre et le hors du commun, voire le méprisable négationniste. Son livre sur le génocide rwandais en 2003, le premier d’une longue série de travaux qu’il consacre à cette région a été un baptême fatal. Au refus des éditeurs de la place parisienne, s’ajoute l’extrême radioactivité du sujet. Il publie chez Duboiris, dont le dirigeant mentionné dans le registre d’immatriculation n’est autre que Auguste Onana, son deuxième prénom. Les éditions Duboiris sont domiciliées dans le chic quartier du Montparnasse, place des éditeurs. Mais c’est une maison confidentielle au catalogue singulier. C’est en hommage au grand sociologue américain William Du Bois qu’il fonde ce label, lui le nostalgique d’une période « féconde de l’histoire des grandes idées du panafricanisme ». C’est le début d’une curieuse production. Pour son livre sur le Rwanda, sur fonds propres, il se rend à Naïrobi au Kenya. Le projet, dit-il, est né d’un angle mort dans la construction narrative de l’attentat du 6 avril 1994. Cet angle mort, c’est que deux présidents africains, Juvénal Habyarimana (Rwanda) et Cyprien Ntaryamira (Burundi) sont décédés et les enquêtes ne semblent pas très diligentes pour faire la lumière sur les coupables. C’est bien l’une des premières fois qu’un attentat d’une telle ampleur frappe et pourtant, note-il, « les commanditaires et coupables n’ont jamais été poursuivis ». Cette incohérence le déconcerte et le pousse sur le terrain. La rencontre d’un diplomate onusien des Grands lacs et les secrets qu’il met à sa disposition creusent son appétit pour le sujet, sur lequel il semble régner un grand poids mort, celui de l’interdit. La suite on la connaît, Charles Onana publie son livre Les Secrets du génocide rwandais : enquête sur les mystères d'un président en 2003, puis un autre Silence sur un attentat en 2005, où il parvient, en avance, aux mêmes conclusions que Pierre Péan plus tard. Il accuse Kagame et son clan. Kagame le menace de procès ; il n’aura jamais lieu. L’homme fort de Kigali renonce. Charles Onana jubile in petto.
Le venin de la suspicion et l’accusation de négationnisme
C’est le début de la mise au ban du journaliste. Pour un coup d’essai, c’est un coup fatal. Toutes les promesses entrevues dans sa carrière semblent s’éteindre loin de l’épicentre médiatique, entachées par ses développements sur le Rwanda. Sur les rares plateaux où il est invité, comme ce jour-là dans le débat de France 24, il croise le fer avec une journaliste de Libération Maria Malagardis, spécialiste du Rwanda et François Garner, porte-parole de l’association Survie. Le débat tourne vite au pugilat. Il est seul. Sur cet épisode, sa mémoire est fraîche. Cheikh Anta Diop revient à la rescousse. On lui intente un procès en légitimité quasiment, sinon en révisionnisme. Il est le seul africain du plateau. « Pourquoi les africains n’ont pas l’initiative des enquêtes sur leur propre continent ? », s’interroge-t-il. Pourquoi ne pas faire comme l’égyptologue, en sacrifiant à toutes les exigences de rigueur mais ne rien s’interdire ? Quand, pendant l’émission, il dit détenir des documents factuels, fruits d’une investigation minutieuse, les autres débatteurs semblent rire de lui et n’accordent pas crédit à son « délire ». Charles Onana a une explication : qu’il soit africain n’était pas tellement prévu dans ce genre du sujet. Il fait donc tâche. Et qu’en plus il ne reprenne pas les mêmes antiennes, fait de lui véritablement un ovni, qui ne rentre dans aucune des cases préétablies. Ce débat, comme le résumé instantané d’une séquence sur les nouvelles narrations médiatiques sur l’Afrique depuis Paris, donne à voir l’isolement du journaliste. La question pourtant, elle, reste entière. Dans le temps actuel d’accusation du privilège blanc, il est notable de voir, qu’il persiste dans d’autres formes : les journalistes blancs ont plus de facilité à enquêter sur le continent. Ils jouissent d’un préjugé favorable de rigueur. Et pour peu qu’ils soient dans la repentance et dans l’empathie, on ne voit plus tellement ce « privilège » alors que les journalistes locaux souffrent d’un déficit de crédibilité. Ce que cela peut donner à lire, c’est que dans la promotion de la diversité si chère actuellement, ce qu’on promeut c’est le semblable et non le divers. Et dans le privilège blanc, ce n’est pas la couleur le problème, mais le désaccord. Le journaliste africain doit toujours donner des gages, une totale souveraineté est toujours risquée.
Des mentors prestigieux
Pourtant tout avait bien commencé avant la disgrâce. Charles Onana est disciple d’Amadou-Mahtar M’bow, l’ancien secrétaire de l’Unesco. Il était bien introduit dans les hautes sphères intellectuelles et politiques. Il avait ses réseaux, bien harnaché à gauche avec des amis puissants. L’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade l’appréciait allant jusqu’à s’exclamer devant un parterre d’officiels en le voyant « quand je le vois, je me revois jeune ». A côté aussi, s’épanouit une fibre littéraire et historique : ce lecteur magnanime de Senghor écrit sur La France et ses Tirailleurs (2003). Livre essentiel de son œuvre, il redonne vie à ses oubliés de l’histoire. Avant que le sujet ne devienne une évidence pour tout le monde et que les commémorations nationales ne s’enchaînent, il avait porté ce combat pour la reconnaissance de ces gloires de l’histoire africaine. Aujourd’hui que les hommages se multiplient, son livre prophétique n’est quasiment pas cité. L’auteur étant suspect, son œuvre est touchée par l’opprobre disqualifiant. La conséquence c’est que Onana, au faîte de la leçon de Péan, file en solitaire, travaille dans la crête. Si la reconnaissance tarde à le saluer par les canaux habituels, il gagne au moins en liberté et en indépendance. Il peut jeter son enquête sur tous les sujets. Ce qu’il ne tarde pas à faire. Mauvaise fortune, bon cœur ? « Même pas », tranche-t-il. Il touche à un lectorat modeste mais en demande.
A son actif, plusieurs autres livres : sur la crise ivoirienne notamment en prévenant du manichéisme triomphant qui peint Gbagbo en monstre, Ouattara en ange. Ce livre ce sera Côte d'Ivoire : le coup d'État, Duboiris, 2011, avec en prime la préface de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki. Sur la Palestine, l’édition, les banlieues en France, la vie d’un autre de ses maîtres René Maran, premier Goncourt noir ; sur le Congo, les crimes au Darfour, Joséphine Baker et Hitler…Plus d’une dizaine d’ouvrages. L’œuvre, toujours chez Duboiris, couvre un spectre large de tous les sujets récents et brûlants avec une réelle pénétration des séquences historiques. Elle cultive une qualité commune : une forme d’indépendance vis-à-vis des récits dominants, un temps de la pause et du contretemps qui éclaire différemment des sujets passionnels. A mettre à son actif, quelques vérités, d’abord hérésies avant que le temps, n’en fasse des évidences. A la comparaison, peu de journalistes africains, de quelques rédactions que ce soit, à l’échelle même de la diaspora, peuvent se targuer d’avoir eu une production aussi grande, une inspiration aussi plurielle, qui n’est sans doute pas à l’abri des imperfections. Les reproches seraient nombreux et légitimes contre Charles Onana. Une certaine facilité à se complaire dans cette liberté surévaluée. Un refus de la confrontation avec ses pairs, à charge et à décharge. Sans doute pourrait-on ajouter le peu d’égards par le traumatisme du génocide et la sensibilité du sujet. A-t-il toujours pris toutes les précautions pour aborder le sujet ? Il n’a jamais été « condamné », semble-t-il dire. Est-ce pour autant un gage ? Porter la plume dans la plaie, la devise d’Albert Londres, n’est pas toujours une vertu.
Pourquoi donc, une telle contribution est-elle absente au débat ? Charles Onana n’a pas de réponse ou feint de ne pas en avoir. Il oppose un sourire satisfait et narquois qui en dit long. Il a été déprogrammé nombre de fois de plusieurs émissions, assure-t-il. Dès que ses co-débatteurs prenaient connaissance de sa présence, il disparaissait des radars. Il rappelle deux anecdotes. A l’assemblée nationale qui rend hommage aux Tirailleurs, on tente de « faire pression contre sa venue », confie-t-il. Au festival prestigieux de journalisme « le scoop d’Anger », bis repetita. Le refus du débat « n’est pas de son fait », répète-t-il. C’est « la peur de l’affronter », abonde-t-il. Toujours à la manœuvre selon lui, les réseaux de Kagamé et leurs puissants relais en France. Il ne sera pas plus loquace. Se sent-il banni ? Il dégonfle la question par un fair-play non moins acide : « ça ne m’intéresse pas ». Il n’est pas « victime de complot ». Il ne veut porter d’accusation gratuite. En toute chose, comme un réflexe professionnel, il souhaite instiller une dose de complexité. Toute son œuvre déconstruit le manichéisme, s’y vautrer donc dans notre entretien, serait en l’en croire malvenu. Cet excès de magnanimité cache-t-il quelque chose ? Il n’en dira pas plus. Le visage tantôt souriant, tantôt dur, ne livre aucun secret. Son ton est professoral, ses explications généreuses avec un goût immodéré pour l’anecdote.
Le médium est-il le message ?
Résultat des courses, il se retrouve parfois devant des audiences ou clubs suspects. Ce qui finit de faire dire à ses détracteurs qu’il se déporte seul dans la marge. A la question de savoir pourquoi, il honore des invitations de certains clubs comme le Cercle Aristote – très à droite – il répond serein, « qu’il honore toutes les invitations ». Quand on ose demander même Minute, hebdomadaire d’extrême droite, il ne se dégonfle pas : « il s’y rendrait ». Pour lui, la force du message prime sur le médium. Il n’adapte pas son discours à son auditoire. Donc le discours est inaliénable. On n’est pas sommé de le croire, mais il donne des gages à juger sur pièces. Jamais il ne sombre (à dessein, de façon calculée, pour déjouer sa réputation ?) dans la charge. Une pondération (de circonstance ?) habille son propos. Il dit n’avoir pas « d’ennemis ». On peut en douter.
Il se désole juste, pour changer de sujet, que les héritiers de Cheikh Anta Diop n’aient pas l’épaisseur de leur idole et travestissent son héritage en combat « médiocre ». L’afrocentrisme, pour lui, « pâle copie de l’eurocentrisme », c’est exactement ce que Cheikh Anta Diop réfutait. Voir ses partisans dans cette déviance le peine et le navre. Il semble avoir pris des distances. Sur Théophile Obenga, Jean-Charles Coovi Gomez, qui revendiquent la filiation de Cheikh Anta Diop, il est peu bavard. Il ne semble pas comprendre comment on en est arrivé là, avant de trancher en identifiant l’origine du problème : « le manque de rigueur scientifique et l’inaptitude toute simple et académique à entériner l’œuvre du maître ». Quand on lui dit que SenePlus a récemment abrité un duel à fleurets mouchetés entre Boubacar Boris Diop et Souleymane Bachir Diagne, il le découvre. Quand on lui fait savoir que Boris Diop était dans le rôle du disciple du Cheikh Anta Diop, et Bachir dans celui du vilain moqueur, il s’étonne, retient un esclaffement et se dérobe. Il a une vraie sympathie pour Bachir Diagne, même s’il convient, en conclusion, que pour briller en Europe, y recevoir des onctions, il faut souvent diluer son propos jusqu’à le rendre « très appréciable ». Il en veut pour preuve, les traitements respectifs de Léopold Senghor et de Cheikh Anta Diop, symbole qui n’a pas disparu selon lui des conditions de promotion. Il n’oppose pas tout de même les deux anciennes figures majeures de la scène intellectuelle africaine et sénégalaise. Il a admiré Cheikh Anta Diop et aimé Senghor, pour des raisons différentes : il se désole tout simplement. Arbitre élégant de la colère, il regrette que les deux ne soient pas restés dans leurs « domaines respectifs ». La tentation politique a ruiné leur relation et entravé leur héritage. Il coupe presque la poire en deux. Quand on lui fait remarquer sa ressemblance physique avec son compatriote camerounais Achille Mbembe, il sourit à peine. Que pense-t-il de son œuvre ? « Pas grand-chose » ! Un lien avec le Cameroun ? « J’y vais souvent »…On n’en saura pas plus.
Lire, évaluer, débattre ?
Les tentatives de dissuasion ont été nombreuses quand l’idée de le rencontrer à germer. Donner une visibilité à un négationniste ? Non l’ambition ici est sereine. Le défi du journalisme moderne, c’est de créer un espace pluriel pour ne pas nourrir les marges. Défi non encore gagné. Sortir les avis dits nauséabonds de leur terrier et les épurer par l’échange et le débat, sans complaisance, ce n’est qu’un pari. Celui de cet espace. Le révisionnisme est grave et indépassable, on veille à ne pas s’en faire le complice mais la justice se rend dans les prétoires. Et les lecteurs sont jurés souverains. Au total, après ses livres et l’entretien qu’il nous accorde, c’est un « monstre » aux traits curieusement très humains, même chaleureux, que l’on rencontre. Un homme de 55 ans, à la langue riche, à l’inclination bourgeoise, qui mène un combat, avec tout ce qui est inhérent à l’intransigeance : une rigidité, une marginalisation, une dureté. Un homme seul. Mais surtout retenir une production importante, essentielle, rare par le spectre qu’elle couvre, une œuvre perfectible et faible par moment. Sur son état d’esprit, sinon à risquer une psychologie de bazar, on démissionne à savoir plus. Amertume, rancœur, frustration, aigreur chez lui ? Rien de tout cela, sans doute un peu de tout cela aussi. Juste, s’autorise-t-il, le visage subitement clair, qu’il écrit pour « la postérité ». Mystique, prophétique et sans doute un peu trop d’aplomb. Pourtant, lui qui a soutenu une thèse le sait bien : le jugement des pairs est, aussi, une condition de la reconnaissance. Faire sans, c’est prendre des risques et tomber parfois dans la facilité et la vanité de son propre sanglot. Il le sait autrement aussi, lui formé à l’école de la colère de Césaire, son autre maître, que le « cri peut crever au sommet de son escompte ». Presque dommage que le détenteur des archives personnels de l’empereur Bokassa, un autre de ses faits d’armes, n’ait pas cité David Diop dans son panthéon, car dans son célèbre Afrique mon Afrique, bréviaire de tous les écoliers sénégalais, ce passage pourtant très à propos, parle éloquemment :