Les banques et établissements de crédit du Sénégal se portent bien. En fin mars 2019, ils ont réalisé un total bilan de 7.194 milliards de francs, soit une progression de 9,8 % par rapport à mars 2018. Mais c’est surtout l’activité d’émission de monnaie électronique qui a connu une ascension fulgurante dans notre pays. C’est ainsi que les transactions financières à partir du mobile banking des opérateurs de télécommunications Tigo et Orange ont enregistré à fin décembre 2018 un volume total de 294,90 millions d’opérations évaluées à 2.470 milliards FCFA.
Ces informations ont été données hier par le directeur national pour la Bceao au Sénégal, Ahmadou Al Aminou Lô, qui tenait une conférence de presse, conjointement avec Thierno Seydou Nourou Sy, le vice-président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal. A fin mars 2019, a-t-il informé, le secteur bancaire sénégalais composé de deux holding financières et 29 établissements de crédit agréés répartis entre 25 banques et 4 établissements financiers affichait un total bilan de 7 194 milliards, en progression de 9,8 % par rapport à mars 2018. C’est ce qui fait que les emplois bancaires, ressortis à 6 340 milliards, ont augmenté de 520 milliards (+8,9 %) sur la période. Cet accroissement est imputable pour l’essentiel, selon lui, à celui des encours nets de crédits à la clientèle (+519 milliards ; 13,1%). Conséquemment, Ahmadou Al Aminou Lô renseigne que les ressources collectées par les établissements de crédit constituées des dépôts et emprunts, se chiffrent à 5 859 milliards, en hausse de 8,5 % par rapport à la même période de 2018. Elles sont essentiellement réparties entre les dépôts à vue (2 614,5 milliards ; +12,8 %) et les ressources à terme (2 154,3 milliards ; +8,0 %). Concernant les conditions de banque, les taux de base bancaires oscillent entre 6,5 % et 9,0 %. Le taux de base moyen est resté stable à 8,2 %. Les plafonds des taux débiteurs des banques varient dans un intervalle compris entre 12,5 % et 15 %. Les taux créditeurs, quant à eux, se situent entre 1 % et 8,97 %. Ainsi, au plan de la rentabilité, la Bceao informe que les établissements de crédit ont affiché un résultat excédentaire estimé à 96 milliards en 2018.
Explosion de la monnaie électronique
La Bceao a été claire ! Aucune structure ne peut exercer des activités d’émission de monnaie électronique sans passer par elle ! C’est ce qu’a souligné avec force le directeur national de la Bceao pour le Sénégal, hier, lors d’une rencontre à laquelle il avait convié la presse. Ahmadou Al Aminou Lo indique que durant l’année 2018, le paysage financier et la structure des paiements au Sénégal ont connu des mutations profondes. Selon lui, les changements qui s’opèrent résultent principalement de l’apport combiné d’innovations technologiques et de la volonté des consommateurs de bénéficier de la commodité que procurent les technologies de l’information et de la communication. C’est dans cette optique, explique-t-il, que la Banque Centrale a adopté un règlement régissant les conditions et modalités d’exercice des activités des émetteurs de monnaie électronique dans les Etats membres de l’Umoa. L’instruction a été prise en application des dispositions d’un des règlements relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’Union économique et Monétaire Ouest africaine (Uemoa) qui consacrent la monnaie électronique comme un levier pour la promotion des services financiers inclusifs. A cet effet, le patron national de la Bceao a été sans équivoque à propos des activités de Facebook relatives des transactions.
« Dans un communiqué de la Banque de France, leurs activités ne peuvent se faire qu’à travers la réglementation existante. Nous avons la chance d’avoir une réglementation très précise. Soit la monnaie électronique est émise par une banque, ou elle est sponsorisée par une banque, ou on demande un agrément d’établissement. Ce qui est clair, personne ne peut offrir cela dans la zone si l’on ne travaille pas avec le système bancaire. Si l’on décide de passer outre, en tout état de cause, on arrivera à des paiements transfrontaliers », a prévenu le patron de la Bceao pour le Sénégal M. Lô. Il souligne qu’à l’exception des banques et des établissements financiers de paiement habilités par la loi portant la réglementation bancaire, aucun structure ou établissement ne peut exercer des activités d’émission de monnaie électronique, sans avoir été dûment agréée ou autorisée préalablement par la Banque Centrale.
Orange money et Tigo cash font mieux que les banques en termes de recettes
Par ailleurs, la Bceao indique que des mutations financières ont été observées avec la digitalisation de la micro-assurance, de l’épargne et du crédit. Ainsi, les transactions financières à partir du mobile banking ont enregistré à fin décembre 2018 un volume total de 294,90 millions d’opérations évaluées à 2.470 milliards FCFA pour les deux établissements émetteurs de monnaie électronique en activité au Sénégal. Concernant les autres acteurs, ils totalisent un volume de 3,98 millions d’opérations pour un montant de 250 milliards FCFA. Le patron de la Bceao, M. Lô, informe que les services les plus utilisés sont les rechargements cash (1 070 milliards FCFA ; 39,41 %), les retraits cash (734 milliards FCFA ; 27 %), les transferts de personne à personne (412 milliards FCFA ; 15 %), le paiement de factures (105 milliards FCFA ; 3,86 %), les achats de crédits téléphoniques (92 milliards FCFA ; 3,38 %) et, last but not least, les paiements marchands (84 milliards FCFA, 3,09 %). Il n’a pas manqué d’indiquer que les Orange money et Tigo cash ont fait des résultats excédentaires l’année dernière. M. Ahmadou Al Aminou Lo informe en conclusion que les établissements de crédit couvrent le territoire national grâce à un réseau de 618 agences. Le nombre de comptes bancaires s’est situé à 1 817 728 en mars 2019, en hausse de 8,9 % sur un an.
LETTRE DE DESAMOUR A OXFAM
Ça commence à devenir une affaire à tiroirs.
Bassirou MBAYE et Abdoulaye Oumarou Amadou |
Publication 10/07/2019
Les représentants des différentes organisations de la société civile sénégalais, réunis hier lors d’une conférence de presse, ont dénoncé «La Lettre d’amour» dans laquelle Oxfam invite son personnel à promouvoir les Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (Lgbt). Ils rappellent par ailleurs que la collaboration avec les organisations internationales doit reposer sur les principes et valeurs de la Nation sénégalaise et marquent leur ferme opposition à tout projet allant dans le sens de promouvoir les communautés Lgbt au Sénégal.
Ça commence à devenir une affaire à tiroirs. Accusée de développer des stratégies dans le but de promouvoir les Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels (Lgbt) au Sénégal, Oxfam est au cœur d’un vrai tumulte qui vient d’écorner son image reluisante. Cette situation semble semer la zizanie entre ces Ong et certaines de leurs cadres. Situation qui ne laisse pas également indifférentes les organisations de la société civile sénégalaise. En effet, elles se sont réunies hier en conférence de presse pour dire non à ce projet allant dans le sens de promouvoir ces Lgbt. «Oxfam s’est illustrée tout dernièrement par une missive intitulée ‘’Lettre d’amour’’, dans laquelle elle enjoint à son personnel d’opérer une discrimination positive au profit des personnes issues des communautés Lgbt», regrette dans une déclaration des organisations de la société civile, signée par le Pr Babacar Guèye de la Plateforme Ane, Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, Sadikh Niasse de la Raddho, Cheikh Oumar Sy de l’Osidea, imam Amadou Kanté, le Dr Cheikh Guèye du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal, entre autres.
Ces défenseurs des droits de l’Homme, issus de différentes organisations de la société civile sénégalaise, disent «marquer leur opposition à l’agenda caché de certains partenaires et organisations internationales qui, sous le manteau d’une présumée lutte pour la défense des droits, tentent de promouvoir le développement des communautés Lgbt au Sénégal». Tout de même, la société civile salue le «travail important» d’Oxfam auprès des populations démunies du Sénégal. En revanche, «nous tenons, à travers cette présente, rappeler que la collaboration avec les organisations internationales et nos partenaires doit reposer sur les principes et les valeurs qui sous-tendent le commun vouloir de vie commune de la Nation sénégalaise.
Nous vivons dans une société régie par des valeurs que nous entendons préserver», signent-ils. Et pour être plus clairs dans leur position, ils font savoir qu’en aucun cas ils ne peuvent pas appuyer la promotion de l’homosexualité et ses pratiques assimilées sous prétexte des financements qu’ils reçoivent des organisations internationales. Dans leur déclaration, les représentants de la société civile sénégalaise entendent «consolider la réconciliation entre le respect des droits humains et la préservation des valeurs sociales, culturelles et religieuses sur lesquelles reposent la paix et la stabilité de la société sénégalaise».
TUER LE «QUART» NOIR !
Vaincre la malédiction des quarts, c’est l’objectif des Lions qui n’ont pas joué une demi-finale de Can depuis 2006 contre l’Egypte au… Caire. Suffisant comme motivation pour les hommes d'Aliou Cissé, cet après-midi contre le Bénin
Vaincre la malédiction des quarts, c’est l’objectif des Lions qui n’ont pas joué une demi-finale de Can depuis 2006 contre l’Egypte au… Caire. Suffisant comme motivation pour les hommes de Aliou Cissé, cet après-midi (16h GMT) face au Bénin.
Comme en 2017 lors de la Can au Gabon, le Sénégal se retrouve à ce même stade de la compétition pour la Can égyptienne. Une Can gabonaise qui a laissé un goût amer à la bande à Sadio Mané sortie en quart de finale par le Cameroun.
Du coup, les Lions devront tuer le chat noir si on sait que depuis 2006 en Egypte, ils n’ont pas joué une demi-finale de Can. Cela fait 6 éditions et c’est beaucoup pour un pays qui coure toujours après son premier sacre continental. Et même avant 2006, il y avait la hantise des quarts avec, entre autres, l’échec retentissant de 1992 à Dakar, suite à une élimination face au Cameroun. Alors est-ce la bonne pour cette 32e édition ?
Aliou Cissé se montre prudent. «Nous sommes ambitieux. Nous savons que nous sommes capables d’aller loin dans cette compétition. Mais comme je le dis, faut jouer match par match. Il ne suffit pas de venir bander les muscles et dire que nous sommes les favoris. Si nous sommes favoris, c’est sur le terrain qu’il faut le montrer, match après match. On s’attend donc à un match difficile dans la mesure où c’est un match de quart de finale d’une Coupe d’Afrique», a soutenu le sélectionneur qui insiste beaucoup sur le respect de l’adversaire.
«On ne doit sous-estimer aucune équipe. Sous-estimer le Bénin serait la plus grosse bêtise de notre part. Il faut respecter l’adversaire. Dans le sport de haut niveau, je crois que l’humilité et la modestie, sont quelque chose de très important. J’appelle donc mes joueurs à plus d’humilité, de respect.»Aliou Cissé est donc conscient que «le Bénin sera une équipe difficile à jouer». Surtout qu’en face on n’entend pas venir en victime expiatoire à entendre les sélectionneur des Ecureuils, Michel Dussuyer. «Contre le Sénégal, on sait que c’est un gros challenge car on aura en face une des toutes meilleures équipes du continent, favorite pour le titre. Donc, on sait ce qui nous attend.
On sait le défi à relever, mais on a tout à gagner dans cette compétition. La pression est plus sur les épaules du Sénégal qui postule au titre que sur nous qui sommes un peu dans une dynamique positive. On voudrait aller le plus loin possible», souhaite le technicien français. Qui est loin de bouder le plaisir d’une qualification sans obtenir aucune victoire en 4 matchs. «C’est votre vision de parler de matchs nuls. Moi, j’aurais envie de dire aucun match perdu. C’est ce que je retiens de positif c’est le match gagné contre le Maroc. Même si c’est aux tirs au but, c’est une victoire.»
LES DROITS DE « L’HOMMISTES » SE LAVENT A GRAND EAU
La question homosexuelle est tellement sensible dans le contexte sénégalais que chacun se précipite à déchirer la ‘lettre d’amour’ de l’ONG Oxfam qui promeut la cause des transgenres.
C’est temps ci, la chasse aux défenseurs de la cause homosexuelles et associations tendant à bafouer les valeurs morales et culturelles du peuple sénégalais fait rage dans le pays. Et il faut dire que, les droits de « l’hommistes », longtemps soupçonnés d’accointances avec la communauté gay et consorts, sont sur la ligne de mire de l’opinion publique particulièrement les religieux, défenseurs intransigeant des préceptes islamiques (la charia). C’est dans la foulée de leur conférence de presse d’hier, organisée suite à la polémique née de l’exposition publique de l’agenda de promotion de la cause LGBT par Oxfam que les droits de « l’hommiste » vont plaider non coupables.
La question homosexuelle est tellement sensible dans le contexte sénégalais que chacun se précipite à déchirer la ‘lettre d’amour’ de l’ONG Oxfam qui promeut la cause des transgenres. Quant aux droits de l’hommistes, le fait de souligner qu’ils sont soupçonnés être des agents au service des réseaux gays et franc-maçon, relève d’un secret de polichinelle. D’ailleurs des personnalités de la société civile sont conscientes de cette étiquette qui leur est collée. «Il y’a un mauvais procès fait aux organisations droit de l’hommiste sur les questions liées à l’homosexualité. On nous taxe souvent de vouloir faire la promotion de la communauté gay alors que nous ne faisons que défendre les minorités », s’est-il justifié Moundiaye Cisse patron de l’ONG 3D.
Et selon lui, c’est même dans cette optique que les organisations de la société civile ont jugé nécessaire de se concerter en réunion pour réfléchir sur la question liée à la polémique découlant de la politique d’Oxfam. «Aujourd’hui, toutes les organisations qui militent en faveur de la défense des droits de l’homme, parmi lesquelles, la RADDHO, le mouvement Y’en à marre, sont signataires de cette déclaration consistant à fustiger les nouvelles pratiques de l’ONG britanique, Oxfam », s’est défendu Mr Cisse.
L’ONG OXFAM ACCULÉE
Si les organisations de la société civile se sont démarquées des principes d’«amour» prônés par Oxfam, les religieux musulmans eux aussi sont en croisade contre cette organisation britannique.
Si les organisations de la société civile se sont démarquées des principes d’«amour» prônés par Oxfam, les religieux musulmans eux aussi sont en croisade contre cette organisation britannique. Hier, lors d’une conférence de presse, ce conglomérat d’ONG en bloc avec des imams, a fustigé la politique clandestine amorcée par Oxfam pour promouvoir le développement des communautés homosexuelles au Sénégal sous le manteau d’une lutte pour la défense des droits humains.
Manifestement, la ‘lettre d’amour’ d’Oxfam qui fait languir les homosexuels, n’a pas séduit au Sénégal. Car, les indignations autour de la politique menée par l’organisation britannique pour défendre et promouvoir les communautés transgenres au pays de la terranga, s’accentuent de plus en plus fort. Hier, religieux et organisations de la société civile ont tous rappelé à Oxfam que le respect des valeurs sociales, culturelles et religieuses relève du droit et de la sacralité au Sénégal. En tête d’affiche lors cette conférence de presse, on pouvait apercevoir, l’ancien député Oumar Sy, Moundiaye Cissé de l’ONG 3D, Babacar Ba du Forum du justiciable, Imam Kanté, Mackhtar Ndiaye, imam de la grande mosquée de Liberté 6, entre autres personnalités.
Pour rappel, tout est parti d’une missive interne adressée à chaque employé de la confédération d’Oxfam invitant à promouvoir la cause gay sous peine de quitter le poste de responsabilité lui étant confié. Ainsi, s’en suit une grogne au sein de l’antenne d’Oxfam Sénégal, soldée par le licenciement du responsable du programme bonne gouvernance, Elimane Haby Kane. L’affaire atterrit sur la place publique. Oxfam, ses arguments de défense servis, est accusée de vouloir bafouer les lois et valeurs du peuple sénégalais qui sanctionnent et désapprouvent les ‘acte contre natures’ à l’image de l’homosexualité. «Tout en reconnaissant le travail important de l’ONG Oxfam auprès des populations démunies du Sénégal, nous tenons à travers cette présente déclaration, rappeler que la collaboration avec les organisations internationales et nos partenaires doit reposer sur les principes et valeurs qui sous-tendent le commun vouloir de vie commune de la nation sénégalais», a précisé en amont, l’ancien député Cheikh Oumar Sy, à travers sa lecture de la déclaration du collectif. Poursuivant, il lance à l’entendement d’Oxfam que le Sénégal est régi par des valeurs auxquelles la société civile du pays compte préserver. «En aucun cas, nous ne pouvons appuyer la promotion de l’homosexualité et ses pratiques assimilées sous prétexte des financements que nous recevons des organisations internationales », a martelé l’ancien députe et le président d’AHBA.
Imam Kanté : «Oxfam s’entête à maintenir sa volonté de promouvoir sa politique homosexuelle »
Suite à la polémique née de la volonté d’Oxfam de promouvoir la cause homosexuelle au Sénégal, l’administration de son antenne relais de Dakar s’est fendue d’un communiqué suivi d’une déclaration médiatique de son directeur pour battre en brèche les accusations dont il fait objet. Mais, Imam Kanté lui y voit une tortuosité caractérisée par un double discours afin d’endormir l’opinion publique. D’après le religieux, il y’a une large différence entre le contenu du communiqué et la réponse servie à Jamra par le directeur d’Oxfam Adama Koulibaly. «La réponse d’Adama Koulibaly n’engage que lui, mais pas la volonté de l’organisation Oxfam en tant que telle. Car dans le communiqué rendu public, cette ONG a belle et bien maintenu ses principes de vouloir défendre la communauté homosexuelle malgré son interdiction par les lois et valeurs du pays » a-t-il fait remarquer avant de souligner que le sieur est dans une stratégie de communication consistant à amadouer les sénégalais.
HARPISTE A MILLE CORDES
Son nom ne dit certainement pas grand-chose aux acteurs du monde culturel, mais Senny Camara est une jeune artiste qui a du talent à revendre. Elle n’a pas encore sorti d’album, faute de producteur convenable
Son nom ne dit certainement pas grand-chose aux acteurs du monde culturel, mais Senny Camara est une jeune artiste qui a du talent à revendre. Elle n’a pas encore sorti d’album, faute de producteur convenable. Mais elle projette de mettre bientôt sur le marché sa première production, qui sera un vrai melting-pot.
Senny Camara est, depuis 2013, la seule Africaine à apprendre la harpe au Conservatoire de Saint-Denis. Il s’agit notamment de cet instrument de musique à cordes pincées et souvent triangulaire. Rien ne liait la harpe à Senny Camara, si ce n’est sa ressemblance avec la kora. Elle fut son premier instrument. Née à Dakar, Senny Camara a grandi à Tataguine, aux côtés de sa grand-mère très traditionnaliste. L’artiste baigne alors très tôt dans une ambiance culturelle avec les chants de “ndeup’’ et les envolées lyriques de cantatrices sérères, lors de combats de lutte. C’est à cette période que la musique est devenue sa passion. “J’aimais cette ambiance et j’y ai trouvé ma voie’’, indique-telle. C’est ainsi qu’elle a décidé de quitter l’école, après y avoir passé quelques années. Elle devient animatrice musicale dans des hôtels de la Petite Côte.
Par la suite, elle a commencé à chanter dans l’orchestre de l’hôtel où elle travaillait. “A un moment, je me suis dit pourquoi pas ne pas apprendre à jouer de la musique. J’ai acheté une kora et j’ai commencé. Des amis m’ont alors suggéré d’aller à l’Ecole des arts de Dakar. C’est làbas ou j’ai appris mes premières leçons’’, explique-t-elle. De la kora, elle s’oriente vers la guitare. “J’ai appris toute seule la guitare, à ma manière. Je suis gauchère. Pour trouver une guitare pour une gauchère, c’était trop compliqué. J’ai mal appris à jouer de cet instrument. Mais, je l’ai fait à ma manière’’, dit Senny Camara. En 2000, une nouvelle page s’ouvre pour elle. Elle arrive à Paris où elle retrouve son mari. Un grand changement s’impose à elle. Elle y reste 16 ans, avant de décider de retourner à l’école. Arrivée au Conservatoire de Saint-Denis pour des cours de guitare, elle se retrouve en apprentissage de la harpe. “Il est difficile, pour un adulte, d’apprendre à jouer de la guitare, surtout que je jouais de la guitare suivant mes feelings.
Personne ne m’a appris à jouer de cet instrument. Il était difficile de trouver une place au conservatoire et le directeur m’a demandé si je savais jouer d’un autre instrument. Je lui ai dit que j’apprenais à jouer de la kora qui est un peu comme une harpe africaine. Il m’a dit que c’était intéressant et qu’il y avait la harpe celtique au niveau de l’école”, raconte Senny Camara. “Je me disais que je ne perdais rien à essayer de jouer de cet instrument nouveau pour moi. J’ai fait six mois et j’ai bien aimé, parce que ça ressemble à la kora. Depuis trois ans donc, j’apprends à manier la harpe celtique et à jouer de la musique irlandaise. Je fais un mélange de la harpe et de la kora”. Senny Camara puise un peu partout pour faire ses compositions musicales. Les thèmes qu’elle traite sont autant variés que les rythmes qu’elle propose. Elle parle de la situation des enfants de la rue, de l’esclavage, de la paix, du vivre ensemble et du partage. En France où elle est établie, elle se désole de voir des enfants dans la rue mendier. “Ils viennent de l’Est pour mendier. On voit des enfants de 5 à 6 ans tendre la main. La première fois que j’ai vu cela, ça m’a choquée. Je croyais que c’était qu’au Sénégal qu’on voyait des enfants mendier. Ça m’a serré le cœur. C’était trop dur’’, confesse cette maman de deux garçons.
“J’attends le bon producteur”
Dynamique, elle s’investit à conscientiser les mères dont les enfants mendient dans les rues de Paris. “Je parle tout le temps avec les mamans. Et ce n’est pas évident, parce que, le plus souvent, elles ne parlent pas français. Je leur dit qu’il ne faut pas éduquer un enfant dans la rue”, indique-t-elle. Elle chante en wolof, mandingue, français et anglais. Elle a repris et réécrit un morceau de Khar Mbaye Madiaga et de Mahawa Kouyaté qui sont ses idoles. Aussi, elle a repris un morceau traditionnel sérère qui parle d’esclavage ainsi que “Redemption Song’’ de Bob Marley. Elle a participé dans des festivals et dans de petites salles de concert. Aujourd’hui, elle souhaiterait sortir son premier album. Pour cela, ce n’est pas des propositions qui manquent. Mais elles ne lui conviennent pas. “Je prends mon temps pour analyser les différentes propositions. J’ai déjà fini quelques morceaux. J’attends le bon producteur”, dit-elle. L’album sera un cocktail musical. Elle y travaille avec un Ougandais, une Brésilienne et un guitariste hollandais.
Par ailleurs, Senny Camara travaille sur un projet de musique afro-électronique, qui s’appelle “Moussolou’’, qui signifie femme en langue mandingue. Le projet réunit sept artistes de différents pays qui se battent pour l’amélioration des conditions des femmes. Lors de leurs prestations, elles s’habillent en noir et blanc. “Le noir et le blanc, c’est fort. Ce n’est pas seulement des couleurs. Mais des valeurs. Ça parle du rôle de la femme dans la société. Il y a tellement de préjugés qui entourent les femmes. Et c’est ce que nous dénonçons”, défend l’artiste. Le clip “Moussolou”, qui passe sur YouTube, est une mixture de musique électronique et de rythmes africains. Sa voix y résonne comme une complainte. Senny Camara invite à un retour aux sources, aux us et coutumes.
QU’EST-CE QUI A BIEN PU EMPORTER KAMAL, LE «LEBU BLANC » ?
La mort du célèbre Kamal Salémé, surnommé le “Lébu blanc’’, est troublante. Sa famille a saisi l’Ordre des médecins du Sénégal d’une plainte pour faire la lumière sur cette affaire.
Qu’est-ce qui a bien pu emporter de façon foudroyante le célèbre Kamal Salémé, surnommé le “Lébu blanc’’ ? Cette question, beaucoup se la posent dans le milieu lébu, une communauté qui le considère comme un de ses fils, pour avoir été allaité par la maman d’un grand dignitaire lébu. Interné, en effet, dans une célèbre clinique de la place pour une “hernie douloureuse’’, il décède 48 heures plus tard, alors qu’il s’est lui-même rendu sur les lieux, au centre-ville, où il devait être pris en charge. Et les langues commencent à se délier sur cette affaire qui a atterri sur la table de l’Ordre des médecins du Sénégal. La rapidité avec laquelle Kamal a quitté ce bas monde intrigue au point que l’affaire ne risque pas de s’en arrêter là. Le lundi 1er avril dernier, il quitte, en effet, son lieu de travail, se plaignant de quelques douleurs au bas-ventre. Il joint son médecin, chirurgien de son état, qui lui demande de se rendre dans une clinique de la place. Il s’y rend lui-même. Moins de 48 heures, dans la nuit du 2 au 3 avril, Kamal Salémé n’est plus de ce monde.
Entre-temps, plusieurs actes ont été posés au sein de cette clinique très courue, comme l’examen au scanner du patient. Mais les résultats n’auraient pas été interprétés à temps et le patient “pas convenablement’’ pris en charge, selon ce que les médecins appellent le “protocole des experts’’. Nos sources avancent que, si on avait très rapidement procédé à une intervention chirurgicale, c’est-à-dire dans les 6 heures qui ont suivi son arrivée, sur la base des résultats du scanner, le patient aurait été sauvé, puisque dans ce genre de situation, les complications (perforation) arrivent dans les instants qui suivent, si on ne passe pas au bloc opératoire. Mais au lieu de cela, c’est dans une chambre qu’il a été installé, avec un calmant pour supporter les douleurs, pendant que la maladie continuait à creuser son sillon mortel.
“Le choc septique’’
Pire, des témoins avec lesquels nous nous sommes entretenus indiquent que, non seulement le chirurgien qui a orienté Kamal vers une clinique de la place était injoignable toute la nuit où les premières complications ont commencé à se signaler, mais jusqu’au lendemain aux environs de 14 h. Où était-il pendant tout ce temps, lui qui a orienté le malade vers la clinique ? A l’hôpital, nous dit-on. Tout le problème du “xar mat’’ (travail au noir) ? Allez savoir ! L’attitude du radiologue aussi est incriminée, du fait qu’après avoir vu les résultats de la première analyse au scanner, il a choisi de faire un autre scanner le lendemain, “pour confirmer des choses déjà connues’’. Et là, mauvaise surprise, le second scanner montre une perforation avec une tension de 6 du patient. Ce qui veut dire que la situation est déjà très critique, “le choc septique’’, selon une terminologie médicale qui consacre en vérité l’état désespéré du malade est consacré. La mort est constatée dans la nuit du 2 au 3 avril et c’est le monde qui s’effondre dans la communauté lébu et la famille de la victime. L’on évoque aussi une possible responsabilité du médecin de garde qui aurait fait preuve de négligences coupables ainsi que la non-disponibilité de noradrénaline, une hormone et neurotransmetteur très adapté dans la prise en charge chirurgicale de la maladie.
Plainte introduite à l’Ordre des médecins du Sénégal
Un de ses frères que nous avons pu joindre par téléphone confirme avoir saisi l’Ordre des médecins du Sénégal d’une plainte, mais se refuse à tout commentaire. “J’espère que l’affaire sera tirée au clair par l’Ordre des médecins’’. Nous avons essayé de recueillir l’avis de l’Ordre des médecins sur cette affaire, mais le docteur Joseph Mendy, Vice-Président de l’ordre, peu loquace, nous renseigne qu’’’une instruction est en cours’’. Et qu’après cela “la commission de discipline va statuer’’. Il faut juste rappeler que celle-ci est dirigée par un magistrat. Et qu’une bonne palette de sanctions, allant de l’avertissement à la radiation définitive sont prévues. Toutes choses qui seront clairement définies par la loi, précisément le décret 147 et la loi 66 – 069 du 04 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine ainsi que le décret n°67-147 du 10 février 1967 instituant le Code de déontologie médicale. Fondateur de l'écurie Mermoz et formateur de grands champions tels que Khadim Ndiaye, Boy Kaïré, Mor Fadam, etc., Kamal Salémé était très apprécié à Dakar pour ses qualités de cœur. Ancien président de l’Us Gorée, très proche de l’ancien ministre et président du Conseil constitutionnel et du Grand Serigne de Dakar Abdoulaye Diop Makhtar, Kamal Salémé est aussi connu dans le milieu du handball. Autant dire que cette affaire risque de mener loin.
LA DIGITALISATION POUR COMBATTRE LA CORRUPTION
L’Office national contre la fraude et la corruption (Ofnac) et la Direction générale des impôts et domaines (Dgid) se donnent la main, pour lutter contre la corruption et la fraude dans la fiscalité.
Deux sorties médiatiques en moins de deux semaines. Seynabou Ndiaye Diakhaté, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), opère des efforts dans sa communication. Hier, en compagnie du ministère des Finances et du Budget, une évaluation des vulnérabilités à la fraude et à la corruption a été organisée. Un atelier sur la gouvernance du secteur de la fiscalité qui permet à l’Etat du Sénégal d’identifier et d’assécher les niches de corruption dans le domaine fiscal de façon efficace. La stratégie nationale de lutte contre la corruption, validée le 25 juin 2019, est désormais opérationnelle.
Toutes les modalités ne sont pas encore connues, mais pour y arriver, le coordonnateur de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid), Dama Fall, a annoncé que l’une des solutions sera numérique. Elle permettra de supprimer les chainons de transmission qui exposaient usagers et agents à la corruption. ‘‘On est là pour identifier et prévenir les risques. Quand on parle de corrompu, il y a forcément corrupteur (...) L’Administration fiscale s’est engagée dans une procédure de digitalisation. Ce qui veut dire qu’on va éviter, de plus en plus, les contacts entre usagers et agents des impôts. Tout se fera de manière automatisée. Cela participe de la lutte contre la corruption’’, a-t-il annoncé, forçant l’acquiescement satisfait de la présidente de l’Ofnac. Une digitalisation qui, en dehors d’éviter la corruption, est un gain de temps pour les consommateurs.
L’inspecteur des impôts et domaines et chef du bureau de la Qualité, Alain Paul Sène, confirme son collègue, en détaillant les mécanismes et dispositifs adoptés par la Dgid et le ministère des Finances pour le paiement des impôts en ligne. ‘‘Aujourd’hui, les grandes entreprises sont obligatoirement soumises à utiliser les télé-procédures. Cela signifie que ces personnes n’ont plus besoin de se déplacer pour venir au niveau de la Dgid, pour s’acquitter de leurs obligations fiscales. Donc, le contact physique, qui peut favoriser la corruption, est endigué’’, renseigne M. Sène. Pour ce dernier, ce combat est salutaire pour les finances publiques, car ‘‘la corruption, quelque part, participe à éroder la confiance du citoyen dans le dispositif institutionnel. Cela étant, le consentement et l’adhésion à l’impôt en sont compromis’’.
Combattre cette perception d’une lourde pression fiscale
Ce qui est sûr est que le gouvernement, à travers ses démembrements, tient à combattre cette perception d’une lourde pression fiscale supportée uniquement par le Sénégalais lambda. Pour l’Etat qui tire essentiellement ses revenus de la fiscalité, il est important de faire adhérer tout le monde. Le budget sénégalais a été rectifié et revu à la baisse de 83 milliards de F Cfa par rapport à la Lfi de 2019. Les complaintes des députés de l’opposition, lors du vote de la Lfr 2019, concernaient principalement une pression fiscale trop lourde sur les usagers et des largesses faites aux grosses fortunes. Ce qu’a tenté de réfuter Seynabou Ndiaye Diakhaté. ‘‘Les contribuables, qu’ils soient de grandes industries, de petites et moyennes entreprises ou de simples citoyens comme vous et moi, seront d’autant plus aptes à payer l’impôt qu’ils auront suffisamment confiance dans le système organisé autour de la collecte et de son utilisation’’, a avancé la présidente de l’Ofnac. A travers cet atelier, Mme Diakhaté veut un cadre de réflexion et de partage, en vue de trouver les outils appropriés et les stratégies pertinentes de prévention, face aux potentiels risques de fraude et de corruption. Dans un contexte où notre pays reste encore fortement tributaire des recettes fiscales, il serait suicidaire que la confiance envers le fisc soit minée. ‘‘La fraude et la corruption compromettent l’efficacité de l’Administration fiscale. De surcroît, les conséquences de telles pratiques sont désastreuses. Ainsi, elles affectent les investissements, érodent les performances économiques et menacent l’équité sociale. Cette stratégie, si elle est adoptée en dernière ressort par le gouvernement, définira les orientations majeures et globales de la lutte contre la corruption pour les cinq prochaines années’’, a déclaré la présidente de l’Ofnac Seynabou Ndiaye Diakhaté.
LES FEMMES LEADERS S’ENGAGENT
Hier, à la permanence de Taxawou Sénégal, les femmes engagées en politique ont demandé, de façon solennelle, la libération de Khalifa Sall
La liste de ceux qui plaident pour la libération de l’ancien maire de Dakar s’allonge. Khalifa Sall peut désormais compter sur les femmes leaders politiques. En effet, hier, Aïda Mbodj et Hélène Tine, Nafissatou Wade, Présidente de la coalition Degg Jeuf, le professeur Amsatou Sow Sidibé, Maïmouna Bousso, “khalifiste’’, Présidente du mouvement Xalass, et bien d’autres se sont engagées dans la lutte. Et pour marquer le coup, c’est sous le sceau de la solidarité féminine, faisant fi de toute coloration politique, qu’elles ont procédé, hier, à la signature de la pétition pour la libération de Khalifa Sall.
En effet, le document existe, depuis la création du Front citoyen (début mai) pour la libération de l’ancien maire de Dakar, et l’objectif est d’atteindre 1 million de signatures sénégalaises (plus de 100 000 actuellement). Une volonté qui s’étend au-delà des frontières sénégalaises, selon son coordonnateur Abou Diallo.
Ainsi, outre la dénonciation, les femmes leaders veulent raviver la flamme de la solidarité qui, selon elles, s’éteint à petit feu, une sorte de déperdition des valeurs. “Tout le monde, aujourd’hui, a mal, en se souvenant que Khalifa est emprisonné, de l’intellectuel à la vendeuse de poisson. Nous aurions pu, chacune, signer de son côté, mais non, il est important, pour nous, de nous unir avec toutes celles qui ont partagé des moments de lutte avec nous, qui ont reçu des bombes lacrymogènes sur le terrain’’, explique Nafissatou Wade. Pour ces leaders politiques, s’unir pour une même cause va renforcer la dynamique enclenchée. Elles entendent ainsi soutenir jusqu’au bout les jeunes initiateurs du Front citoyen
. A cet effet, la “Lionne du Baol’’, la députée Aïda Mbodj, renchérit : “En prison, croupit un homme digne et courageux, un vrai Walo-Walo qui fait honneur à ses origines. Nous allons mener ce combat contre l’injustice, un combat contre l’arbitraire.’’
Emprisonné pour des intérêts personnels
Le discours ne change pas. Les défenseurs de Khalifa Sall s’indignent de l’injustice dont il est victime. Ce dernier aurait été mis en prison, à la suite d’un procès bâclé, pour permettre au président Macky Sall de remporter l’élection présidentielle. Et pour le Front citoyen, il n’est rien d’autre qu’un otage politique. “Il a été emprisonné sans qu’on ne sache réellement de quoi on l’accusait. Pourtant, il y en a qui sont soupçonnés, preuve à l’appui, mais ne sont pas interpellés par la justice’’, se désole Nafissatou Wade. Un fait que digèrent mal les proches et sympathisants de l’ancien maire de Dakar. Ils estiment qu’un pays ne se gère pas uniquement au nom d’intérêts politiques, mais aussi selon le droit et la justice. Ces derniers sont convaincus que si Khalifa Sall avait choisi de soutenir la candidature du président sortant, il serait libre depuis des lustres.
En tant que femme politiquement engagée, le professeur Amsatou Sow Sidibé ne pouvait manquer ce rassemblement qu’elle considère être celui “des femmes utiles à la société, des femmes de refus qui disent non’’. “Ce que nous vivons relève de ce qu’on appelle le démentiel, en termes de non-respect des droits de la personne humaine, cette politique du deux poids, deux mesures. Pour un juriste comme moi, c’est inadmissible. On soupçonne certains d’avoir détourné ou d’avoir été auteurs de corruption ou d’être corrompus sur des sommes extrêmement importantes. Cependant, ils sont libres de se promener. Dans un Etat de droit, le cœur ne peut l’accepter, l’esprit ne peut pas l’accepter, la solidarité nationale ne saurait l’accepter’’.
De son analyse, on retient que cette justice sélective crée des confusions qui peuvent être des vecteurs de déstabilisation du Sénégal. A l’en croire, pour la paix et la stabilité du pays, M. Sall doit être libéré. D’un commun accord, les femmes leaders comptent se battre pour toutes les personnes qui, comme Khalifa Sall, sont injustement emprisonnées. Par ailleurs, le coordonnateur du Front citoyen déplore “la disparition’’ de tous ces hommes politiques qui faisaient le rang, en période électorale, pour bénéficier du soutien de M. Sall. “Nous leur demandons de nous ouvrir leurs portes. C’est très difficile, aujourd’hui, de les rencontrer’’, a-til déclaré.
Les signataires demandent l’application du “fast-track’’ dans le dossier Khalifa et invitent particulièrement la première dame Marième Faye Sall à œuvrer en leur faveur. Et ce, au nom de la mère du détenu, de sa femme, de ses enfants, mais aussi au nom des projets innovants (zéro sable, zéro bidonville, désencombrement) de ce dernier pour la ville de Dakar. La prochaine étape est d’investir les régions, en commençant par un rassemblement à Bambey.
MARCEL MENDY TRAINE À NOUVEAU À LA BARRE PAR HISSENE HABRÉ
L’ex-coordonnateur de la Cellule de communication des Chambres africaines extraordinaires (Ccae), Marcel Mendy, a été une nouvelle fois attrait en justice par l’ex-président tchadien
Enrôlé hier, le dossier a été renvoyé au 23 juillet prochain, pour permettre au tribunal correctionnel de Dakar de statuer sur les exceptions de nullité soulevées par les conseils du journaliste. En effet, entre l’ex-président Hissène Habré et le journaliste Marcel Mendy, c’est un duel sans fin. L’ex-dictateur ne cesse de multiplier les procédures judiciaires contre celui qui fut coordonnateur des défuntes Chambres africaines extraordinaires (Cae). Après avoir perdu les trois, il a initié une quatrième procédure contre le journaliste qu’il accuse de l’avoir diffamé, à travers son livre intitulé “Affaire Habré : Entre ombres, silences et non-dits’’. En fait, après avoir attaqué l’auteur sur la couverture, en saisissant la justice pour le retrait de sa photo, l’ex-homme fort de N’Djamena fait grief au contenu de l’ouvrage. Il juge que certains passages constituent de la diffamation et des injures publiques.
Pour la réparation, le plaignant réclame la somme de 200 millions F Cfa à Marcel Mendy et Lamine Guèye de la maison d’édition Sarl les Mamelles d’Afrique. “La citation est d'une nullité absolue et définitive’’ Seulement, avant de statuer sur le fond, la troisième chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar devra se prononcer sur la forme. En fait, lorsque l’affaire a été évoquée, hier, les avocats de Marcel Mendy ont soulevé des exceptions de nullité. Selon Me Amadou Aly Kane, non seulement, il y a la prescription de l’action publique, car la partie adverse n’a pas respecté le délai de six mois, lorsqu’elle faisait la citation. Il y a un défaut de qualité à agir, car, d’après Me Kane, Habré, condamné à perpétuité pour, entre autres, crimes de torture, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, est frappé de dégradation civique. Donc, il n'est pas qualifié pour se présenter à une barre. “Il est mal placé pour laver un quelconque honneur’’, assène-t-il. “La citation est d'une nullité absolue et définitive’’, renchérit son confrère Me Bidjely Fall qui estime que Marcel Mendy bénéficie d’une immunité conférée aux membres de la défunte Cae. Par conséquent, il a écrit le livre en tant que porte-parole.
Embouchant la même trompette, Me Assane Dioma Ndiaye a ajouté que l'immunité est maintenue, après la cessation des chambres, puisque le coordonnateur de la cellule de communication fait la vulgarisation des activités de la défunte juridiction. Qu’à cela ne tienne ! Semble rétorquer Me Aliou Cissé qui estime qu’on veut lui trouver une immunité perpétuelle. Son confrère Me Ibrahima Diawara d’ajouter que “l'écrit a été fait postérieurement à sa qualité de coordonnateur’’. L’avocat a également rejeté l’argument de la déchéance, en soutenant que même si Habré a été condamné, ce n'est pas sur la base de la loi sénégalaise.
Encore que, indique-t-il, les droits civiques concernent les droits politiques et libertés. Le parquet s’est inscrit dans la logique des avocats de la partie civile pour demander le rejet de toutes les exceptions. D’après sa représentante, la prescription n’est pas fondée, car la procédure a été intentée dans le délai légal de six mois. Pour la précision de qualité à agir, la parquetière a soutenu que ce n’est pas une condition légale, puisque la loi dit qu’il faut juste indiquer les faits incriminés et les textes qui les répriment. S’agissant de l’immunité, elle a avancé qu’elle concerne les écrits et paroles prononcés dans le cadre de ses fonctions. Or, argue le maitre des poursuites, il y a des passages du livre qui portent atteinte à l’honneur de la partie civile. La parquetière considère également que la déchéance des droits civiques est une exception qui ne saurait prospérer. Le tribunal a voulu joindre les exceptions au fond, mais est revenu sur sa décision, en renvoyant les parties au 23 juillet prochain.