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5 août 2025
CE QUE SIGNIFIENT LES NOMS DES PAYS D'AFRIQUE (DEUXIÈME PARTIE)
Derrière les noms des 54 États africains se cachent bien des histoires et autant de langues, coloniales ou pas. De l’Algérie au Zimbabwe, voici l’Afrique de A à Z, une série en quatre épisodes. Dans ce deuxième volet, de l'Égypte à la Libye
Plusieurs strates d’histoires se cachent derrière le nom du pays où est née l’une des plus anciennes civilisations de l’Antiquité. Le nom latin Aegyptus vient du grec ancien Aígyptos, qui dériverait de deux sources. L’une serait grecque, Aigaíou hyptíos signifiant « la terre en dessous de la mer Égée ». L’autre remonterait à Babylone, lorsque les habitants de l’ancienne Mésopotamie appelaient la ville de Memphis, au sud de l’actuel Caire, Hwit ku Pitah ou Hetkaptah, « le temple de Dieu ». En arabe, l’Égypte se dit Misr (« cité, forteresse ») et en hébreu Mistraim, le nom de l’un des enfants de Cham. Elle est surnommée Misr um al-dunya, « Égypte mère du monde » par les Égyptiens.
Du grec, encore. L’un des derniers pays d’Afrique à avoir accédé à l’indépendance, après la colonisation italienne (1869-1941) puis une guerre contre l’Éthiopie (1962-1993), tire son nom du grec ancien Erythraia, « rouge ». Ce qui a donné en latin Mare Erythraeum, « mer Érythrée » ou « mer Rouge ». Puis Ertra en tigrigna, l’une des langues nationales.
Et du grec, toujours, avec le mot Aithiops, « visage brûlé »… Ce que des sources éthiopiennes contestent, en mettant en évidence une étymologie plus locale avec Ityopp’is. Fils de Koush et petit-fils de Cham, il n’est autre que le fondateur de la ville d’Aksoum, qui a donné son nom au puissant Empire aksoumite, au IVe siècle avant Jésus-Christ.
« Bâton de commandement », en zoulou, voilà un nom qui va comme un gant à la seule monarchie absolue d’Afrique. L’ancien Ngwane est ainsi nommé depuis le règne de Mswati II (1840-68). Son actuel roi, Mswati III, a imposé en 2018 une seule appellation internationale, qui s’écrit eSwatini dans la langue locale, le swati, pour se débarrasser du mot hybride de Swaziland, vestige de la colonisation.
Le mot viendrait du portugais Gabão, « caban » ou manteau à capuchon, inspiré aux premiers Portugais à arriver sur cette terre par la forme de l’estuaire de la rivière Komo.
Le fleuve Gambie, qui a donné son nom à cette petite enclave anglophone en territoire sénégalais, tire sa source étymologique de cambio (« échange », « marché », en portugais et en italien). Le navigateur vénitien Cadamosto ne croyait pas si bien dire en 1455, onze ans après la première vente publique d’Africains à Lisbonne. Ce sont des côtes sénégambiennes que la traite transatlantique est en effet partie, tournant à plein régime dans les années 1680, lorsque la France établit un comptoir à Albreda, sur la rive nord du fleuve.
Le terme viendrait de nwana, « héros » ou « roi guerrier » en soninké. Dénommé « Côte de l’Or » (Gold Coast) sous la colonie britannique, le pays, à l’indépendance, se choisit le nom de l’ancien Empire du Ghana (VIe-XIIIe siècles), même si son territoire n’en fait partie. La suggestion est faite par l’historien Joseph Kwame Danquah, selon lequel les peuples de l’actuel Ghana descendent de cet ancien royaume ouest-africain, situé entre les actuels Mali et Mauritanie.
Un atlas catalan de 1320 appelle « Guinuia » les peuples de Djenné, au Mali, sur le fleuve Niger. Le mot vient du « pays des Noirs » en berbère, ou Akal-n-Iguinaouen… La Guinée désigne pour les marchands maures et les Européens du XVe siècle un territoire bien plus vaste que l’actuelle Guinée-Conakry. En témoigne la Guinée-Bissau, qui doit son nom à sa capitale Bissau, un comptoir fortifié fondé en 1687 par les navigateurs portugais, mais aussi la Guinée équatoriale, un pays du golfe de Guinée proche de l’Équateur. Autre explication invoquée à Conakry : en soussou, le mot « djine », « femme », aurait servi de réponse maladroite aux habitantes interrogées par les premiers navigateurs portugais. À la question de savoir où ils se trouvaient, posée en portugais, elles auraient répondu qui elles étaient, en soussou.
« Montagne blanche » ou « brillante », la nuance dépend du mot utilisé, Kiinyaa en langue akamba ou Kirinyaga en kikuyu. Tout le pays doit son nom au mont Kenya, second plus haut sommet d’Afrique après le Kilimandjaro. C’est aussi la montagne qui inspire son nom au père de l’indépendance Jomo Kenyatta. C’est sous ce pseudonyme que Kamau wa Ngengi, alors anthropologue, signe en 1938 une thèse sur le peuple kikuyu intitulée Au pied du mont Kenya.
Premier État indépendant d’Afrique, en 1847, le Liberia vient du latin liber (« libre »). Il a été fondé en 1822 par la National Colonization Society of America comme terre de retour pour les esclaves noirs affranchis aux États-Unis. Ce nom ne tient pas ses promesses. Une longue histoire de domination de l’élite américano-libérienne sur les « autochtones » se solde en 1980 par un coup d’État mené par un autochtone, Samuel Doe, puis le début en 1989 de l’une des plus atroces guerres civiles qu’ait connu l’Afrique, menée entre autres par des chefs de guerre dénommés Prince Johnson et Charles Taylor.
Les Libous, peuples berbères, inspirent aux Grecs anciens le nom de Libye à un vaste territoire qui comprend toute l’Afrique du Nord-Ouest, des régions ouest de l’Égypte jusqu’à l’océan Atlantique. Dans l’Antiquité, ce qui correspond à l’actuelle Libye s’appelait aussi Marmarica (Libye inférieure) et Cyrénaïque (Libye supérieure).
POURQUOI MACRON VEUT S'APPUYER SUR LA DIASPORA AFRICAINE
Le chef de l’Etat français a invité jeudi à l’Elysée près de 300 personnes liées à l’Afrique pour expliquer comment la France compte sur eux pour retisser ses liens avec le grand continent
Le Parisien |
Philippe Martinat |
Publication 10/07/2019
Deux ans après avoir prononcé à Ouagadougou un discours décapant sur la relation franco-africaine - dans lequel il promettait notamment de renforcer les mobilités vers l'hexagone des étudiants et chercheurs africains et ouvrait la voie à la restitution des œuvres d'art spoliées - Emmanuel Macron remet ça chez lui, à l'Elysée.
Devant quelque 350 invités supposés représenter la diversité de la diaspora africaine en France (simples résidents, binationaux ou afro-descendants), figures médiatiques comme le rappeur Abd al Malik ou simples militants d'associations, le président entend faire à la fois le bilan de ses engagements – tenus ou non – et donner une plus grande visibilité à ce qu'il revendique comme une des principales priorités de sa politique.
« En Afrique les francophones ont entendu le discours de Ouagadougou mais c'est vrai qu'ici en France cela n'imprime pas suffisamment », constate Jules-Armand Aniambossou, un Franco-Béninois condisciple de Macron à l'Ena à qui ce dernier a confié il y a deux ans le pilotage d'un tout nouvel organe, le Conseil pour l'Afrique (CPA).
Prise de risque
Comme à Ouagadougou, où il n'avait pas hésité à affronter un amphi d'étudiants remontés à bloc, Emmanuel Macron veut à tout prix éviter, jeudi dans la salle des Fêtes de l'Elysée, d'adopter une forme compassée. « Je ne veux pas faire un exercice académique, je veux des échanges avec les gens qui seront là », a-t-il explicitement demandé à ses collaborateurs. « Il n'y aura aucun sujet tabou, ni sur la Françafrique ni sur les dictatures en Afrique », affirme Jules-Armand Aniambossou.
Autre prise de risque, Macron s'est assuré la présence à son côté d'un des plus charismatiques mais remuant dirigeant africain actuel, le président ghanéen Nana Akufo-Addo qui n'hésite pas à tenir tête au FMI. Devant lui et ses invités, le locataire de l'Elysée n'hésitera pas, si la question lui est posée, à se dire à nouveau ouvert à toutes les évolutions concernant le Franc CFA – y compris sa disparition réclamée à cor et à cri par une partie des élites africaines qui voient dans cette monnaie de l'Afrique de l'Ouest un symbole néocolonial.
Impatiences et critiques
Jeudi, le chef de l'Etat français devra également répondre aux impatiences. « Moi j'ai eu la triple peine », raconte la jeune entrepreneuse franco-marocaine Noura Moulali : « Je suis une femme, je suis africaine et je ne suis pas ingénieure, qualité souvent exigée pour se lancer dans l'e-commerce ». Un Franco-Guinéen s'emporte lui aussi : « Avec mon passeport européen je peux aller presque partout dans le monde mais avec mon passeport africain je ne peux aller nulle part. Il faut que cela change ! ».
Emmanuel Macron qui, selon nos informations, aurait pris connaissance d'une enquête encore confidentielle sur les pratiques de discrimination à l'égard des Franco-Africains qui subsistent dans certaines grandes entreprises françaises, mesure les progrès qu'il reste à accomplir ici.
L'une des tables rondes organisées par le Conseil pour l'Afrique a noté que les services du ministère des Affaires étrangères « se mobilisent » pour traiter les demandes de visas mais relève de manière diplomatique : « néanmoins, comme le rappellent certains panélistes, des progrès restent à faire. » À voir la longueur des files d'attente devant les consulats, c'est le moins qu'on puisse dire.
L'essayiste franco-sénégalaise Rokhaya Diallo (qui n'a pas été invitée à l'Elysée) pointe aussi « une politique migratoire la plus sévère de l'après-guerre qui met en danger les Africains qui prennent des risques de plus en plus grands pour atteindre les côtes européennes. Nous avons une responsabilité dans ces choix politiques aux conséquences tragiques. »
L'enjeu de la diaspora
Le Franco-Sénégalais Fodé Sylla, ancien président de SOS Racisme et ex-député européen qui a eu le courage de se relancer dans la vie politique de son pays d'origine, apprécie « la manière dont le président Macron a reposé sans tabous les termes de la relation France-Afrique ». Mais il s'inquiète aussi de la montée de l'intolérance sur le sol français. « Une bonne façon de lutter contre cela serait d'intensifier les mobilités dans les deux sens ». Et d'avertir : « Il ne faudrait pas que la diaspora devienne un terme pratique pour ne plus parler des immigrés et de leurs enfants, des discriminations et des migrants. »
Reste une critique que le chef de l'Etat devra aussi désamorcer, celle de parler aux cinq millions de personnes de la diaspora avec une arrière-pensée électoraliste en vue des échéances qui approchent. Un reproche que balaye sans réserve Jules-Armand Aniambossou : « L'intérêt d'Emmanuel Macron pour l'Afrique n'est pas feint. Quand il était étudiant, il a choisi de faire son stage de l'Ena au Nigéria tandis que ses amis Franck Paris (NDLR : aujourd'hui conseiller Afrique à l'Elysée) et Romain Grau (NDLR député LaREM des Pyrénées-Orientales) étaient partis en Côte d'Ivoire et au Niger. Moi-même je pars occuper ces jours-ci le poste d'ambassadeur de France en Ouganda tandis qu'Aurélien Lechevallier (autre condisciple de l'Ena de Macron et numéro deux de la cellule diplomatique de l'Elysée) va devenir ambassadeur à Pretoria. Nous n'avons jamais lâché l'Afrique et nous vivons nos convictions sur le terrain ».
UN MANQUE CRIANT DE FORMATION DES GARDIENS EN AFRIQUE
À l’exception du Camerounais André Onana (Ajax Amsterdam), aucun gardien de but africain né sur le continent n’est titulaire dans un grand club européen de football, à la différence des joueurs de champ
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 10/07/2019
En parcourant les effectifs des vingt-quatre équipes qualifiées pour la CAN 2019 de football et en s’attardant sur les seuls gardiens de but, on se rend compte qu’aucun d’eux, hormis André Onana, n’évolue dans un club de standing, et surtout y est titulaire.
Son compatriote Carlos Kameni n’est que remplaçant au Fenerbahce Istanbul, et son cousin Fabrice Ondoa joue à Ostende, un modeste club belge. Le Sénégalais Edouard Mendy (Reims) est né en France, et Alfred Gomis, le numéro 2 des Lions de la Teranga, a vu le jour à Ziguinchor mais a été formé en Italie.
Les autres gardiens africains évoluent soit sur le continent, soit en Europe, mais dans des championnats de deuxième ou de troisième catégorie.
André Onana, une exception
Onana, Ondoa et Kameni sont tous nés au Cameroun, mais ils ont effectué le plus gros de leur formation en Europe. Au FC Barcelone pour les deux premiers, au Havre pour Kameni. Mais seul Onana, champions des Pays-Bas avec l’Ajax Amsterdam et demi-finaliste de la Ligue des Champions, sort du lot.
Leur illustre compatriote Thomas Nkono (112 sélections de 1976 à 1994), qui est depuis plusieurs années l’entraîneur des gardiens de l’Espanyol Barcelone, ne nie pas l’évidence. « Les qualités des gardiens ne sont pas remises en cause, le continent manque tout simplement de formateurs de haut niveau, estime-t-il. Le poste de gardien est très spécifique et certains pays semblent avoir pris conscience du problème en créant des centres de formation. » C’est le cas du TP Mazembe (RD Congo), de Diambars, Génération Foot et de Dakar Sacré Cœur (Sénégal), de clubs au Ghana ou en Afrique du Sud, dont certains ont signé des conventions de partenariat avec des clubs européens.
Ce constat est partagé par Oumar Diallo. Comme Nkono, l’ancien gardien des Lions de la Teranga (23 sélections entre 1997 et 2004) s’est reconverti comme entraîneurs des gardiens à Diambars, le célèbre centre de formation sénégalais mais aussi auprès de la sélection des moins de 23 ans de son pays. « Être un bon gardien de but est une chose, avance celui qui a notamment évolué au Maroc et en Turquie. Savoir transmettre, former, en est une autre. » Et de poursuivre : « Tous ceux qui ont joué en haut niveau ne deviennent pas forcément de bons formateurs et il faut que l’Afrique se dote d’un système de formation efficace, via des diplômes. »
Depuis Barcelone, Nkono revient sur la spécificité du poste et les exigences qui l’accompagnent : « Un gardien ne fait pas que plonger et se servir de ses mains, le rôle a beaucoup évolué. Il doit savoir se servir de ses pieds car il doit être capable de relancer. Il faut qu’il sache lire le jeu. Moi, quand je jouais au Cameroun, j’avais bénéficié des conseils du Croate Vladimir Beara, qui a entraîné les Lions Indomptables (1973-1975), mais j’avais aussi appris à me corriger tout seul. »
Le rôle de la CAF
Les académies les plus réputées du continent, ou les clubs disposant de moyens assez élevés pour rémunérer des staffs techniques fournis, ont pris conscience de la situation. « L’Afrique a toujours eu de bons gardiens mais cela n’est plus tellement vrai aujourd’hui, estime Diallo. Un joueur comme André Onana peut constituer un bon exemple et susciter des vocations pour les jeunes, lesquels s’imaginent plus devenir attaquant, en espérant devenir les futurs Eto’o, Mboma, Sané ou Salah, qui ont marqué ou marquent le foot africain ».
Pour Oumar Diallo, la Confédération africaine de football (CAF) a un rôle essentiel à jouer. « Elle a organisé récemment une formation spécifique au Maroc pendant trois semaines. C’est une initiative importante, mais qu’il faudra renouveler le plus souvent possible, et à chaque fois sur deux ou trois semaines, pour que la formation des cadres soit de meilleure qualité. »
Cela permettra, peut-être, de redonner confiance aux clubs européens qui ont tendance à bouder les gardiens formés en Afrique. « Un club européen ne prendra pas le risque d’acheter un gardien qui ne répond pas à toutes les exigences du poste. Le gardien, c’est un élément clé dans une équipe », intervient Nkono. Mais la CAN égyptienne pourrait aussi permettre à des gardiens évoluant encore en Afrique de briller.
LES ECUREUILS DU BÉNIN "SOUTENUS" PAR LES DIGNITAIRES VODOUN
"C’est inédit, ce que réalisent nos joueurs dans cette compétition.Les gens pensent que nous ferons piètre figure, mais ils se trompent.Nous sommes engagés pour le meilleur"
Des bruits de tambour, des castagnettes, gongs et surtout des voix féminines louant les mérites des religions endogènes… Pour un dimanche matin, dans un quartier où plusieurs églises rivalisent d’ardeur dans les prêches, l’ambiance semble quelque peu inhabituelle.
A l’entrée du couvent, un grand tableau noir renseigne sur l’activité de ces 90 derniers jours.Mais le menu de ce dimanche est particulier: prier pour l’équipe nationale du Bénin, qui s'est hissée pour la première fois de son histoire en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), disputée en Egypte.
Aux adeptes de Dah Gbediga, président des religions endogènes du Bénin, se sont joints quelques Vodounsi (adeptes), venus apporter leurs prières à cette "cérémonie spéciale au profit des Ecureuils", l’équipe nationale.
Dans la cour du domicile du grand dignitaire Vodoun qui lui sert de lieu de prière, pas moins de cinq grands fétiches aux rôles divers.Mais ce dimanche, tous sont mis à contribution pour "accompagner spirituellement" les Ecureuils.
Un peu plus tôt, au petit matin, loin des regards indiscrets, Dah Gbediga, l’un de ses fils et d’autres initiés ont immolé un bouc et trois moutons "pour nourrir les esprits et les exhorter à accepter les supplications des fidèles".
Les jumeaux, Sakpata, Ogou, Heviosso et Tolègba ont ainsi reçu du sang frais.
Au bout d’une demi-heure d’animation et de danse, Dah Gbediga sort de sa chambre, torse nu et prend contact avec la terre.Il est suivi quelques minutes plus tard de Tangninnon, une sexagénaire édentée qui tient difficilement sur sa canne et dont les requêtes en raison de son parcours de grande initiée sont facilement acceptées par les dieux.C’est elle qui dira l’essentiel des prières en face d’une centaine d’adeptes.
-'Ceux qui pensent que nous ferons piètre figure se trompent'-
Calebasse d’eau à la main, cauris et colas posés près des pieds, la vieille dame enchaîne des minutes d’exhortation."C’est inédit, ce que réalisent nos joueurs dans cette compétition.Les gens pensent que nous ferons piètre figure, mais ils se trompent. Nous sommes engagés pour le meilleur", lance-t-elle sereine.A sa prière se mêlent les cris haletants d’une demi-douzaine de poules, qui elles aussi ne tarderont pas à passer sur l’autel des supplications en faveur des Ecureuils.
Dah Gbediga, le président des religions endogènes du Bénin est tout aussi confiant.Lui qui depuis 90 jours et bien avant le début de la compétition a initié une série de prières pour les Ecureuils pense que "c’est une marche vers le progrès dans le football avec l’appui des ancêtres et que plus rien ne doit nous arrêter".
Puis, prie le vieux dignitaire Vodoun caressant les grosses perles de son long collier, "nous avons obtenu ce que nous n’avions jamais eu cette année.Nous émerveillons le monde entier et nous demandons aux ancêtres de faire en sorte que cela dure le plus longtemps possible".
Les prières pour l’équipe nationale du Bénin, qui dispute sa quatrième CAN avec une qualification historique pour les quarts de finale, ne se limitent pas à ce seul couvent.
Victor Adoko, fan de l’équipe et prêtre de Heviosso, croit aux chances de qualification pour la finale.Face à son fétiche, il le supplie de faire avancer l’équipe.Ce sont les trois matchs nuls en phase de poule qui l’ont poussé à accentuer ses prières "pour accroître les chances de l’équipe".
- 'Union sacrée' -
Supporters et adeptes ont en revanche une lecture croisée de ces prières.Certains y croient.D’autres pas du tout.
Adeline Tonouéwa, adepte de la divinité Thron, a plusieurs fois offert des colas et des libations à son fétiche.Souriante, cette supportrice du milieu de terrain Stéphane Sessègnon dit "jouer sa partition".
Enock Agasounon, pense à des accusations infondées."Les gens accusent le Bénin d’avancer par la magie du Vodoun, mais toutes les équipes le font", s’offusque ce fonctionnaire de l’administration privée."Rien n’est gratuit.Même ce qui est demandé et obtenu par une simple prière à l’église n’est pas gratuit.Les Ecureuils ont des talents et de la performance.C’est d’abord leurs forces.Les prières ne viennent qu’après".
L’acteur culturel et adepte Paulin Kintonou est formel."On est parti à la CAN avec une force terrible.Cette fois-ci, il y a une union sacrée derrière l’équipe.J’ai la ferme conviction que ce sont ces prières qui nous poussent si loin.Nos dignitaires sont engagés à leurs côtés", répond-t-il.
«TOUT FAIRE POUR GAGNER CE MATCH»
Blessé depuis le début de la Can, Salif Sané a retrouvé ses sensations.
Blessé depuis le début de la Can, Salif Sané a retrouvé ses sensations. face à la presse, il a confirmé être à la disposition du coach. Selon le défenseur de Schalke 04 (D1 allemagne), il n’y a plus de calculs à faire.
Salif Sané pourrait débuter le match d’aujourd’hui contre le Bénin. Blessé depuis plusieurs jours, le défenseur des « Lions » a retrouvé le groupe et s’entraîne depuis avec eux. Face aux « Ecureuils » du Bénin, il se dit prêt pour le combat. « Je suis apte à jouer ce match. A ce stade de la compétition, nous nous disons qu'il faut simplement gagner. Si nous perdons, nous allons renter. Donc tout le monde est conscient de l'importance de gagner ce match, mais aussi de poursuivre la compétition », a-t-il indiqué en conférence de presse.
Pour accéder aux demi-finales, le Sénégal devra résoudre l’équation béninoise. Ce qui ne semble pas être une mince affaire. Mais de l’avis de l’ancien joueur de Bordeaux (D1 France), les « Lions » ont des raisons d’espérer. « Je connais cette équipe du Bénin. J'ai pas mal d'amis qui jouent dans cette équipe. Je dirai que le Bénin n'est pas là par hasard. Ils se sont donné les moyens pour atteindre ce niveau là. Nous ne devons pas les sous estimer. Il faudra tout faire pour gagner ce match », a fait savoir le défenseur sénégalais.
Face aux « Lions », Michel Dussuyer fera sans son défenseur Khaled A de non. Mais de l’avis de Salif Sané, cela ne devrait pas perturber les «Ecureuil». « L'absence de leur défenseur ne devrait pas se faire ressentir. Le coach a un groupe de 23 joueurs et c'est certain qu'il trouvera la solution », soutient-il. Jusque-là non utilisée sur les pelouses égyptiennes, la Var va entrer en service dès aujourd’hui. Une nouvelle donne qui ne semble pas ravir le Sénégalais. « Je ne suis pas trop fan de la Var. Mais bon, ça peut nous aider, comme cela peut aussi nous pénaliser. Nous n'avons pas le choix. Nous allons faire avec. Il faudra se fier à la Var et faire confiance à ces personnes », a-til expliqué.
Salif Sané qui espère aller le plus loin dans cette compétition compte également sur le soutien de sa famille qui lui prodigue toujours les bons conseils. « Ma famille est très contente de ma présence dans le groupe des 23 pour cette coupe d'Afrique. Défendre son pays est toujours une fierté. Ils m'encouragent et me demandent de donner le meilleur de moi-même pour que le peuple soit fier de moi », a ajouté le joueur formé à Nancy.
LES MISES EN GARDE DE SEYNABOU NDIAYE DIAKHATE
«La fraude et la corruption compromettent l’efficacité de l’administration fiscale dont les compétences et le rôle dans la mobilisation et la gestion efficiente des ressources publiques ne sont plus à démontrer»
La présidente de l’office national de lutte contre la fraude et la corruption (ofnac) amis en garde, mardi, contre les pratiques de fraude et de corruption dans l’administration fiscale.
«La fraude et la corruption compromettent l’efficacité de l’administration fiscale dont les compétences et le rôle dans la mobilisation et la gestion efficiente des ressources publiques ne sont plus à démontrer», a dit Seynabou Ndiaye Diakhaté. ’’En attendant les futurs revenus de l’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières, nous devons plus que jamais veiller à l’effort de participation que nous requérons de la part des agents économiques, qu’il ne soit galvaudé par des pratiques de fraude et de corruption’’, a-telle ajouté, lors d’un atelier sur la gouvernance du secteur de la fiscalité.
Mme Diakhaté a rappelé que grâce à l’approche sectorielle adoptée d’un commun accord avec les partenaires de l’OFNAC, les parties prenantes ont réussi à débusquer des niches de corruption et de fraude dans les actes et les procédures relatives à l’urbanisme, par exemple. Elle a cependant noté que ’’le défi de la mobilisation optimale des ressources reste énorme lorsque l’on connait le rôle de la fiscalité dans le financement de l’économie du pays’’. ’’L’importance du caractère fiscal se mesure par le rôle indispensable des ressources internes de notre pays, dès lors les notions de transparences et de lutte contre la corruption deviennent incontournables dans le développement’’, a pour sa part indiqué le coordonnateur de la direction générale des impôts et domaines, Dame Fall.
Selon lui, il est important de sensibiliser les citoyens sur le rôle et la centralité de l’impôt dans la mise en œuvre de toutes les politiques publiques, tout en leur donnant des gages de transparence quant aux dispositifs normatifs et organisationnels de la gestion de l’Etat. ’’La lutte contre la fraude et la corruption reste un combat pour lequel toutes les administrations doivent s’aligner’’, a-t-il ajouté.
LA SOCIÉTÉ CIVILE DÉCHIRE «LA LETTRE D’AMOUR» D’OXFAM
L’ONG 3D, la Raddho, le Forum du justiciable, le Collectif des organisations de la société civile (Cosce), la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) ont fustigé, dans une déclaration, la démarche d’Oxfam.
Le mail intitulé «Lettre d’amour» envoyé par Oxfam à ses agents qu’elle invite à faire la promotion des homosexuels et à œuvrer pour leur meilleur gestion dans les instances de décision n’a pas d’écho favorable auprès de la société civile. ces organisations qui œuvrent pour la promotion des droits humains au même tire que l’onG britannique se démarquent totalement de celle-ci. Elles ont tenu un point de presse pour afficher leur position.
L’Ong 3D, la Raddho, le Forum du justiciable, le Collectif des organisations de la société civile (Cosce), la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) ont fustigé, dans une déclaration, la démarche d’Oxfam. En plus de ces organisations, il y a l’imam Makhtar Kanté, le mouvement Y en a marre, Cheikh Tidiane Dièye et l’ancien député Cheikhou Omar Sy. C’est ce dernier qui a porté la voix de la nouvelle plateforme contre la promotion des antivaleurs. Selon Cheikhou Oumar Sy, la collaboration de l’Etat du Sénégal avec les organisations internationales doit reposer sur les principes et les valeurs qui sous-tendent e commun vouloir de vie commune de la nation sénégalaise.
En aucun cas, souligne-t-il, ces organisations internationales ne peuvent promouvoir la promotion de l’homosexualité et ses pratiques assimilées sous prétexte des financements que le Sénégal reçoit d’elles. «Nous marquons notre opposition à l’agenda caché de certains partenaires et organisations internationales qui, sous le manteau d’une présumée lutte pour la défense des droits humains, tentent de promouvoir le développement des communautés LGBTI au Sénégal», affirme Cheikhou Oumar Sy. Interpellés sur leurs prétendus agendas inavoués de leurs organisations, les responsables de la Raddho, de la Lsdh se lavent de tout soupçon. «La Raddho ne promeut pas l’homosexualité», clame son secrétaire général Sadikh Niasse. Ce que promeut la Raddho, argue-til, c’est la non-discrimination de l’égalité devant la loi, le droit à un procès équitable, le principe de la non-violence et du respect de la vie privée des individus. Abondant dans le même sens, Le représentant de la Lsdh abonde dans le même sens que la Raddho et nie toute politique de promotion de l’homosexualité. Et l’imam Makhtar Kanté de renchérir en soutenant que leur organisation sera là pour proteger tous les Sénégalais qui veulent travailler dans les institutions internationales sans pour autant subir des pressions similaires à celles qu’Oxfam veut faire faire à ses employés.
Aussi, a-t-il demandé à toutes les organisations internationales désirant travailler dans le pays d’être en accord avec l’éthique et les réalités sénégalaises. Toutefois cette nouvelle plateforme précise qu’elle ne stigmatise personne et se limite aux questions de principe.
LE GÉNÉRAL NIANG VOTE LES LOCALES
Entre les modalités d’organisation des Locales et l’évaluation de la Présidentielle de 2019, les acteurs réunis autour du dialogue politique ne se sont toujours pas mis d’accord
Entre les modalités d’organisation des Locales et l’évaluation de la Présidentielle de 2019,les acteurs réunis autour du dialogue politique ne se sont toujours pas mis d’accord. Mais le président du dialogue politique estime que la majorité s’est dégagée sur la question des Locales comme prioritaire.
Le dialogue politique avance à pas de caméléon. Depuis le lancement des travaux le 31 mai dernier, les acteurs, sous la conduite du général Mamadou Niang, peinent à s’entendre sur les questions à aborder. Les Locales semblent prioritaires parce que le calendrier électoral n’attend guère. Déjà, l’on est dans les délais édictés par le Protocole additionnel de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance. Pour des Locales jusqu’ici fixées au 1er décembre, il urge de fixer les modalités d’organisation. «Tout le monde dit qu’il faut des réformes comme l’élection du maire au suffrage universel. Cela va nécessiter une réforme du Code électoral. On voudrait aussi que le président du Conseil départemental soit élu dans les mêmes conditions. Il y a aussi l’introduction du parrainage. Il faut qu’on en parle», a dit Ousmane Badiane, plénipotentiaire de la majorité. Le coordonnateur du Pole des non-alignés est du même avis. «Nous pensons que la question la plus urgente, c’est celle des élections locales qui sont fixées au 1er décembre. Les parrainages ont commencé. On va vers une révision exceptionnelle des listes électorales. Cela va engager beaucoup de dépenses. Aujourd’hui, on sait que le Code électoral, tel qu’il est, ne nous permet pas d’aller à des élections libres et transparentes», déclare Déthié Faye. Cette idée enchante majorité, non alignés et Société civile. Mais c’est aussi l’avis de la Commission cellulaire qui a recommandé la même chose, c’est-à-dire l’urgence de discuter des Locales.
GL NIANG : «Nous vous proposons de commencer par les Locales»
D’après des personnes ayant participé au huis clos, le général Niang a indiqué que mardi prochain les acteurs vont attaquer les termes de référence par la question des Locales. «C’est parce qu’il y a ces élections que le problème se pose. Encore une fois, nous vous proposons de commencer par ce point (sur les Locales) parce que d’une part, lamajorité s’est dégagée et, d’autre part, c’est plus logique pour l’intérêt du Sénégal. On va suspendre la séance jusqu’à
mardi, mais si on revient, on va commencer par ce point», a décrété le président de la Commission cellulaire du dialogue politique. Selon nos interlocuteurs, l’ancien ministre de l’Intérieur a avancé «l’urgence des Locales» pour asseoir sa préférence à ce point.
L’opposition campe sur ses priorités
Mais un vent d’objection continue de souffler dans le Pole de l’opposition. Déthié Fall et ses camarades soulignent que «le Sénégal sort d’une élection présidentielle très contestée au bout de laquelle les candidats de l’opposition n’ont pas félicité celui qui a été déclaré vainqueur». Par conséquent, ils proposent l’évaluation du parrainage et l’audit du fichier électoral pour ne pas revivre les mêmes contentieux électoraux
Le général Niang leur a donné une semaine pour réfléchir sur de «meilleures propositions». La position de
l’opposition «traduit une volonté à ne pas aller aux élections»,analyse Ousmane Badiane, par ailleurs chargé des Elections à la Ligue démocratique (Ld).
«AUJOURD’HUI, NOUS AVONS UNE COMMANDE PUBLIQUE QUI TOURNE AUTOUR DE PLUS DE 2000 MILLIARDS»
L’atelier de restitution de l’étude portant accès des PME à la commande publique, organisé, hier, par l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), a servi de tribune à El hadji Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan et de la Coopération.
L’atelier de restitution de l’étude portant accès des PME à la commande publique, organisé, hier, par l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), a servi de tribune à El hadji Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan et de la Coopération, pour saluer les efforts qui ont été jusque-là fait par les organes de régulation des PME. Et d’expliquer : «Puisque tout simplement, nous avons aujourd’hui dans notre code des marchés publics au moins 13 dispositions qui sont des dispositions favorables aux petites et moyennes entreprise sénégalaises et qui souvent d’ailleurs ont des relents de disposition discriminatoire en faveur de nos entreprises. De l’autre côté aussi, il y a un vent très intéressant qui est en train de souffler, et c’est ce qu’on appelle les achats publics durables, ça veut dire qu’aujourd’hui, les pays peuvent, au nom du développement durable, intégrer une nouvelle préoccupation dans le code des marchés publics». Mais, pour lui, le plus urgent, c’est de faire en sorte que «la commande publique ne pénalise plus les entreprises». «Nous avons des PME qui vont en faillite, parce que, justement, on ne les a pas payées à temps.
Deuxième chose, il faut que le facturage puisse se mettre en place, pour qu’à chaque fois qu’une PME gagne un marché public, qu’elle puisse avoir le financement derrière, une banque qui lui rachète son bon de commande et qui lui donne l’argent nécessaire pour expliquer le marché. Donc, ces dispositifs, il faut rapidement les mettre en place. Mais, l’idée qui a été sortie sur le contenu local est une bonne idée. Il faut la renforcer et puis essayer d’avoir quelque chose de plus spécifique en termes de loi sur le statut et le développement de la PME sénégalaise», a souligné El Hadji Ibrahima Sall. Selon lui, «l’ARMP y travaille et c’est un travail qu’il faut encourager, parce que tout l’avenir de la qualité de la croissance y va et tout l’avenir de la lutte contre la pauvreté et des impacts de la commande publique». «Parce qu’aujourd’hui, nous avons une commande publique qui tourne à peu près autour de plus de 2000 milliards.
Donc, c’est extrêmement important. Il faut se battre pour que les entreprises sénégalaises en bénéficient le maximum. Maintenant, il y a des questions sur la définition de l’entreprise sénégalaise. Il ne faudra pas seulement que l’entreprise soit de droit sénégalais. Mais, il faut en plus que l’entreprise soit possédée, par exemple, à 50% par des Sénégalais. Etje pense que ça changera un peu la configuration des choses, ça nous permettra d’être un peu plus précis dans notre recommandation», a renchéri M. Sall.
LES COMPLAINTES DES REFUGIES CASAMANCAIS EN GAMBIE
Après plusieurs sorties à l’intérieur du pays, le Grpc a pris l’option d’aller vers les Casamançais réfugiés en Gambie et en Guinée-Bissau.
Après plusieurs sorties à l’intérieur du pays, le Grpc a pris l’option d’aller vers les Casamançais réfugiés en Gambie et en Guinée-Bissau. Ce périple est la résultante de la volonté exprimée par ces populations de rencontrer Robert Sagna et son équipe afin de dissé quer leur situation actuelle du conflit et exprimer leurs préoccupations. C’est le cas à Bulock, localité gambienne qui abrite depuis plusieurs années des réfugiés casamançais dont le retour au bercail est encore tributaire au retour de la paix et de la sécurité.
Plus de 37 ans après l’éclatement de la crise casamançaise, il y a toujours des réfugiés dont le sort est presque négligé. Ils sont des milliers de réfugiées disséminés entre la Gambie et la Guinée Bissau, qui avaient fui les bombardements et les exactions. Mais il y aune date inscrite en gras dans cette histoire : Entre mai et juin 2001,une offensive rebelle dans les indian avait provoqué l’exode de plus de 3 500 personnes vers la Gambie qui seront temporairement installées dans des villages situés le long de la frontière. Et l’explosion de la violence entre 2006 et 2007avec le conflit entre les hommes de Salif Sadio, chassés de Barkaman dioka et les éléments de Ismaïla Magne Diémé, appuyés par César A toute Badiatte, avait également poussé les populations de la bande frontalière à migrer vers la Gambie. Des dizaines de milliers de personnes, originaires des communautés rurales frontalières des indian, d’Oulampane, de Djibidione, de Suelle et de Kataba I, dont la moitié est composée de femmes et d’enfants, qui seront contraintes d’abandonner leurs terres, leurs vergers, leurs bétails et leurs villages devenus des champs de bataille. Un mouvement forcé vers la Gambie voisine pour échapper au conflit, aux persécutions et aux répressions.
Pour bon nombre de réfugiés casamançais en quête d’assistance, la Gambie voisine, du fait des similitudes culturelles, constitue un havre de protection. Et ce, en plus de son cadre juridique et de ces mécanismes de protection. La Gambie, dans le cadre législatif sur la protection des réfugiés, a mis en place en 2008 la Commission gambienne pour les réfugiés (Gambian commission for refugees) qui s’identifie à la Police de l’immigration, chargée de coordonner l’ensemble des affaires relatives aux réfugiés dans le pays. Un de ses dispositifs législatifs qui confèrent également aux réfugiés le droit d’exercer un emploi rémunéré ou un emploi indépendant, la liberté de mouvement et l’accès aux prestations sociales. Grâce à de tels dispositifs, la nouvelle vague de réfugiés, venus à partir de 2006 de ces foyers de tensions en Casamance, va s’installer au niveau de 86 villages gambiens, frontaliers du Sénégal. Et en raison de la similarité culturelle avec les autochtones, ces réfugiés vont être bien intégrés au sein des communautés d’accueil. Dès leur installation également, le Hcr, qui leur accorde une carte d’identité de réfugié, le Programme alimentaire mondial et la Croix-Rouge gambienne vont s’atteler à leur fournir une assistance et les premiers secours d’urgence. Et sur place, les réfugiés vont pour la plupart se consacrer, avec l’appui du Hcr et des Ong, à l’agriculture de subsistance. Et avec la loi sur les réfugiés qui leur confère le droit de travailler et d’accéder aux prestations sociales, les réfugiés casamançais en Gambie mettront à profit un tel dispositif pour, en plus de l’agriculture et de l’élevage, s’activer dans la couture, la maçonnerie, le commerce, les activités génératrices de revenus, etc.
Des institutions gambiennes au chevet des réfugiés
Des pratiques et activités sont soutenues par Gambia food and nutrition association (Gafna),(Association gambienne pour l’alimentation et la nutrition) qui encadre et accompagne les réfugiés dans le cadre de la formation professionnelle. «Ici, des opportunités sont offertes aux réfugiés qui reçoi vent des parcelles pour l’agriculture, le
maraîchage et autres activités génératrices de revenus», confie Ansou Sagna de la Gafna, qui gère21 localités sur les 81 situées en territoire gambien et qui abritent aujourd’hui des réfugiés casamançais. Ansou Sagna estime d’ailleurs
le nombre des réfugiés basés en Gambie et formellement inscrits sur les fiches du Hcr entre 4 000 et5 000. «Des réfugiés dont l besoins prioritaires sont articulés, dit-il, autour de l’accès à l’eau, aux besoins alimentaires, aux activités génératrices de revenus, aux problèmes d’accès à la terre, etc.Autant de griefs qui, combinés àcette crainte de voir la fermeture du bureau du Haut-commissariat des réfugiés de la Gambie, hantent aujourd’hui le sommeil des réfugiés casamançais. Mais des réfugiés qui entendent malgré tout différer leur retour en terre sénégalaise ; et ce, à cause de la présence des mines et de l’insécurité souvent notée le long des localités frontalières.» En écho, le président de Sofora (Association des réfugiés casamançais en Gambie), portée sur les fonts baptismaux le 20 juin2007, essaie d’assister les Sénégalais installés loin de chez eux. Originaire de Couram, commune de Kataba I, il fut le dernier à quitter son village le 16 août 2006au plus fort du conflit.
«Tout le monde était parti, sauf moi, car je ne voulais pas abandonner mon verger, mes biens, ma maison. Mourir ou vivre ? Je me suis finalement résigné à partir en Gambie, vu la persistance du conflit armé dans la zone et suite à l’incursion d’éléments armés dans son village», témoigne Moussa Coly, rencontré en marge de la rencontre entre le Grpc et les délégués des réfugiés casamançais en Gambie à Bulock. Depuis 13 ans, il n’a remis pas les pieds dans son village natal. Pourquoi ? «J’ai trouvé mon salut en Gambie voisine où je n’ai rencontré aucune difficulté», témoigne-t-il. Quid de son retour et celui des réfugiés casamançais ? «Nous avons la paix ici et nous ne pouvons pas prendre le risque de retourner au bercail, car il y a encore la présence de l’Armée et des rebelles dans nos contrées. En outre, l’Etat et le Mfdc ne sont pas encore parvenus à des accords. Il n’y a pas encore de négociations sincères, gage d’une paix définitive en Casamance», expliquent Moussa Coly et ses amis qui réclament une assistance des autorités, notamment l’accès aux bourses de sécurité sociale. «Nous sommes des Sénégalais à part entière et nous devons nous aussi bénéficier de ces politiques sociales», a-t-il indiqué. Même son de cloche chez Saly Sagna, originaire du village de Kadialouck vers Diaboudior Frontière, qui vit à Kafuta Tombouen Gambie depuis 13 ans, suite à l’incursion de bandes armées dans son village. «Nous avons la paix ici en Gambie. J’ai des enfants qui sont nés ici. C’est pourquoi nous n’envisageons pas encore de retourner au bercail où les conditions de paix et de sécurité ne sont pas toujours réunies», ajoute-telle. «Nous voulons des aides venant de nos autorités pour faire face à nos difficultés. En attendant, nous sommes sensibles à la visite du président du Grpc», dit-elle. C’est la première fois qu’une autorité visite ces contrées qui abritent les réfugiés.
Les obstacles au retour
Aujourd’hui, le retour des populations au bercail n’est pas encore envisagé à cause de l’insécurité qui règne tout au long des frontières avec la Guinée Bissau et la Gambie. Celle-ci est surtout exacerbée par la culture du cannabis, la coupe illicite et le trafic du bois dans cette zone. Sans oublier les mines antipersonnel, la non-dépollution de ces localités et la psychose de retourner les mains vides, les lenteurs liées à reconstruction des infrastructures communautaires de base pour faciliter l’accès des populations à l’éducation, aux soins de santé, qui devait leur assurer de meilleures conditions d’existence.
Aujourd’hui, Robert Sagna a répertorié toutes ces complaintes et contraintes. «Les réfugiés casamançais ont leur part de responsabilité dans le cadre de la recherche de la paix en Casamance. Ils ont dit que ce n’est pas toujours de gaieté de cœur qu’on quitte chez soi, mais pour repartir il faut que les causes qui ont motivé le départ disparaissent», expose le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance à Bulock. Où il a tenté de rassurer les populations sur le retour de la paix. «Elle s’annonce, elle avance et c’est la raison pour laquelle le président de la République consacre le maximum d’efforts avec la priorité donnée à son mandat à la recherche de la paix et la priorisation de la Casamance dans tous ces plans de développement, notamment le Plan Sénégal émergent», relate l’ex maire de Ziguinchor qui a salué la situation dans laquelle vivent les réfugiés casamançais en Gambie. «Je suis extrêmement satisfait de voir que la Gambie les met dans des conditions exceptionnelles.
On n’a pas vu des gens qui se sont plaints de la manière dont ils ont été accueillis. Tout le monde s’est félicité de la manière dont le gouvernement s’est occupé d’eux et c’est l’occasion de féliciter les autorités et les populations gambiennes qui considèrent ces personnes comme Casamançaises», s’incline Robert Sagna qui envisage de rencontrer les réfugiés casamançais en Guinée-Bissau.