NOUS SOMMES EN PRÉSENCE D'UN CAS D'ASSOCIATION DE MALFAITEURS
Le procureur de la République doit engager les actions les plus immédiates pour dénouer les contrats frauduleux et faire prendre les sanctions les plus sévères envers les auteurs et complices - COMMUNIQUÉ DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD) daté du 3 juin 2019, relatif au scandale de corruption présumée révélée par la BBC.
"Une enquête indépendante et neutre de la BBC diffusée le 03 Juin 2019 apporte un éclairage nouveau sur le scandale inqualifiable que représente l’immixtion du « parrain » Frank Timis dans le secteur pétrolier sénégalais en complicité avec les plus hautes autorités du pays de 2012 à nos jours en particulier le Président de la République, Macky Sall.
Cette enquête confirme que:
1. Frank Timis condamné par la justice et sans aucune compétence ni expérience dans le domaine des hydrocarbures a été introduit au Sénégal par des hommes de réseau proche du pouvoir de l’ancien Président Abdoulaye Wade et conforté par les services de Aliou Sall. Ce dernier, a selon la BBC reçu des payements substantiels pour obtenir la signature de son frère, le Président de la République, Macky Sall.
2. Il ressort que la société Agritrans qui aurait reçu une partie de ces montants a pour gérant Abdoulaye Timbo, oncle de Macky et Aliou Sall. En définitive ces attributions privent le Sénégal sur les 40 prochaines années d’environ 6 000 milliards de francs cfa.
3. Aly Ngouille Ndiaye a délibérément présenté au conseil des ministres un faux rapport pour établir les deux décrets qui ont permis l’entrée en vigueur des contrats.
4. Le Président de la République, Macky Sall a signé les décrets malgré l’opposition de l’Inspection Générale d’Etat qu’il avait lui-même chargé d’enquêter sur les conditions d’obtention par Frank Timis des permis entre les deux tours de la présidentielle de 2012.
En définitive, nous sommes en présence d’un cas manifeste d’association de malfaiteurs ou se mêlent corruption, concussion, et non transparence qui n’aurait jamais existé n’eut été l’implication directe et personnelle de Macky Sall, de Aly Ngouille Ndiaye et de hauts fonctionnaires de l’Etat. La responsabilité ultime de Macky Sall est flagrante.
Dés lors le Congrès de la Renaissance Démocratique, en raison des grands torts causés au peuple sénégalais estime que :
1. Le procureur de la République doit engager les actions les plus immédiates pour dénouer les contrats frauduleux et générateurs de corruption et faire prendre les sanctions les plus sévères envers les auteurs et complices de ce crime d’Etat.
2. L’assemblée nationale doit en relation avec le procureur engager les mesures nécessaires pour présenter devant la haute cour de justice les responsables de ce crime d’Etat ;
Pour sa part, et au stade actuel de développement de ce scandale, sans précédent dans l’histoire du Sénégal, le CRD appelle à un large front de toutes les forces politiques et sociales du pays pour la récupération de ces énormes ressources détournées à titre privées au détriment des intérêts et des priorités du Sénégal.
Par ailleurs, le Congrès approuve la démarche du FDRS et la cohésion de l’opposition pour la reconstruction du Sénégal. Le CRD salue et approuve à cet égard les efforts des organisations socioprofessionnelles et des mouvements citoyens en lutte pour le respect de leurs droits légitimes et la satisfaction de leurs aspirations.
NDLR: Le Congrès de la renaissance démocratique comprend les organisations suivantes : Mouvement Tekki, Alliance pour la citoyenneté et le travail, Parti de l’Émergence citoyenne, Mouvement pour la République des Valeurs, Taxaw Temm, LD Debout et Ensemble.
PAR Ndèye Fatou Kane
IL EST URGENT DE VOTER UNE LOI CRIMINALISANT LE VIOL
Il faut désormais agir et sortir des indignations cycliques - A l’heure où l’on parle de dialogue national, la question des violences faites aux femmes doit être placée au cœur des débats
Depuis quelques semaines au Sénégal, on assiste à une recrudescence de viols et de meurtres dont les femmes sont les principales victimes. Le 21 mai au soir, le corps de Bineta Camara, 23 ans, a été retrouvé dans la demeure familiale à Tambacounda, dans le centre du pays. La jeune femme a semble-t-il été étranglée après que son agresseur ait tenté de la violer.
Le week-end suivant, le cadavre d’une femme dévêtue a été découvert à Ouakam, une commune de Dakar. Il ne s’agit pas de deux cas isolés. Des affaires similaires se sont enchaînées ces dernières semaines. En plus de cette flambée d’attaques, les violences verbales sexistes et les commentaires désobligeants à l’encontre des femmes pullulent sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Facebook. Comme si l’on avait attendu ces moments pour déverser une bile contenue depuis longtemps.
Sortir des indignations cycliques
On s’invective, on s’insulte, on met en avant son appartenance ethnique, religieuse, clanique, ou même son sexe, pour justifier les dérives langagières. La mort de Bineta Camara a suscité de vives réactions d’indignation, de Dakar à Abidjan, ou à Paris, et dans de nombreuses autres villes du Sénégal, où les femmes ont manifesté pour exprimer leur ras-le-bol. Le mur du vivre-ensemble entre hommes et femmes, si fragile soit-il, était le socle de notre nation. Ce mur est en passe de s’effondrer pour laisser la place aux frustrations qui ne demandent qu’à surgir.
La triste nouvelle de la tentative de viol de Bineta Camara a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En 2018, l’épisode du professeur Songué Diouf avait choqué le Sénégal entier, mais nous étions vite passés à autre chose. Cet éminent professeur de philosophie avait déclaré, le plus tranquillement du monde dans une émission de télévision, que si les femmes sénégalaises se faisaient agresser sexuellement c’était de leur faute, provoquant l’ire de toute la population sénégalaise. Mais un an après, cette colère s’est dissipée et l’homme continue sa carrière d’enseignant.
Il faut désormais agir et sortir des indignations cycliques. Pour le moment, le débat tourne de manière stérile autour de deux idées : le rétablissement de la peine de mort pour punir les violeurs ou leur accompagnement psychologique. Il devrait se situer ailleurs, autour de la mise en place d’un arsenal législatif.
Au Sénégal, l’article 320 du code pénal stipule qu’il y a viol dès lors « qu’il y a un acte de pénétration de quelque nature que ce soit commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Les peines d’emprisonnement varient entre cinq et quinze années de réclusion. Bien que le sursis ne peut être appliqué dans ces cas, une dizaine d’années de prison constitue une goutte face à l’océan d’une vie gâchée.
L’opprobre est jeté sur les femmes
Car la mort sociale qui suit l’acte de viol est un autre drame pour les victimes. Pour illustrer cette double peine, il y a quelques années, une affaire de viol avait opposé un journaliste sénégalais très connu d’un hebdomadaire panafricain installé à Paris à une jeune fille sénégalaise. Le violeur s’en était sorti indemne après trois ans d’emprisonnement, tandis que sa victime, elle, avait quitté le pays sur la pointe des pieds, emportant avec elle le poids du jugement de la société, qui avait fait des gorges chaudes de cette affaire, avec en boucle l’interrogation : « Qu’est-ce qu’elle faisait avec lui dans une chambre d’hôtel ? » Et pourtant, il a été prouvé que les deux entretenaient une relation amoureuse !
La loi doit donc être plus répressive. Pour aller plus loin, il faudrait urgemment mettre fin à une aberration : considérer le viol non pas comme un délit, comme c’est le cas aujourd’hui, mais comme un crime. Il est urgent de voter une loi criminalisant le viol !
Mais dans mon si beau pays, tout ce qui a trait aux débats en dessous de la ceinture est à proscrire. L’opprobre est jeté sur les femmes, elles qui doivent rester vierges, dans tous les sens du terme. En attestent les propos du père de feue Bineta Camara après les résultats de l’autopsie, qui a tenu à préciser que sa fille est décédée en ayant opposé une farouche résistance à son agresseur. Il ajoute que sa fille n’a pas été violée. Elle est donc partie rejoindre le royaume des cieux en emportant son hymen, symbole de sa pureté.
Ces précisions étaient-elles nécessaires ? L’honneur et le respect dont bénéficie le groupe familial, à l’aune du sutura – discrétion, propension à masquer, à maquiller en wolof – qui fait taire nombre de femmes, sont encore une fois brandis au-dessus de nos têtes. A l’heure où l’on parle de dialogue national, la question des violences faites aux femmes doit être placée au cœur des débats.
Ndèye Fatou Kane est écrivaine et chercheuse en genre à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris.
PAR Thierry Amougou
LA ZLEC NE DOIT PAS ÊTRE UNE SIMPLE ARÈNE POUR MULTINATIONALES
Pour l’Afrique, l’urgence est plus que jamais de signaler au monde capitaliste qu’elle n’est pas une marchandise et qu’elle a de la suite dans les idées, en traçant sa propre voie
Le libre-échangisme industrialiste des pays occidentaux a participé à la prédation de l’Afrique. Le continent doit donc partir d’un nouveau paradigme pour espérer faire fructifier sa propre zone de libre-échange. Se dressent en face de lui des idées économiques ouvertement néo-colonialistes. C’est le cas du projet mis sur la table par le conseiller Afrique d’Angela Merkel, Günter Nooke, de construire des « villes africaines sous charte » dirigées par les instances financières internationales et l’Union européenne dans le double but de lutter contre les migrations et de participer au développement industriel du continent.
Pour l’Afrique, l’urgence est donc plus que jamais de signaler au monde capitaliste qu’elle n’est pas une marchandise et qu’elle a de la suite dans les idées, en traçant sa propre voie d’un développement réel aux antipodes de la transformation des hommes en choses pour l’accumulation. C’est dans cette direction que semble aller la zone de libre-échange continentale [ZLEC, entrée en vigueur mercredi 30 mai et qui réunit 24 pays] comme articulation motrice de l’agenda 2063 de l’Union africaine.
Pour une croissance qualitative
Faire de la ZLEC un moteur du développement réel panafricain exige cependant quelques précautions.
En effet, la mise en place d’une zone de libre-échange peut, théoriquement, entraîner deux types de croissance. Une croissance quantitative, dans laquelle la division du travail induit un élargissement du marché, et une croissance qualitative, dont le but est l’amélioration de la qualité des échanges, du travail, des produits échangés et des procédés de fabrication grâce à l’innovation.
La ZLEC doit donc veiller non seulement à ce que ces prévisions théoriques soient réelles, mais aussi et surtout à ce que la croissance qualitative, dont le rôle est crucial dans le développement réel, ne manque à l’appel. Pour cela, des innovations institutionnelles sont à prévoir, de façon à ce que la ZLEC ne soit pas uniquement l’arène de jeu des entreprises multinationales occidentales, un espace qui n’apporterait pas de surplus conséquent de bien-être aux populations africaines.
Etant donné qu’il n’est pas certain que la ZLEC entraîne une hausse quantitative des échanges, il est aussi important de comparer son effet sur la création de commerce à son effet sur le détournement du commerce. Ce dernier effet est possible dans une zone de libre-échange, qui, dans ce cas, peut devenir conflictuelle et exploser si des pays restés à l’écart, comme le Nigeria, en tirent plus de bénéfices que ceux qui l’ont intégrée.
En d’autres termes, les nations africaines parties intégrantes de la ZLEC doivent en tirer des dividendes tels, en matière de développement réel, qu’ils souhaitent la renforcer et que ceux restés à l’écart frappent à sa porte pour leur intégration.
Un protectionnisme éducateur
La ZLEC est juste un instrument de développement et pas le développement lui-même, objectif plus large pour lequel elle doit être pensée. Y a-t-il amélioration de la qualité de la vie ? Les droits humains et la protection environnementale se renforcent-ils ? Telles sont les autres questions auxquelles doit répondre positivement la ZLEC pour que développement et croissance économique soient compatibles.
Pour cela, il va falloir ajouter des mesures protectrices pour l’Afrique, qui, avec un poids d’à peine 3 % dans le commerce mondial, reste un acteur subalterne des échanges. Aucun pays dit développé, contrairement aux pays africains à qui les pays riches et les organisations internationales imposent l’ouverture des économies aux quatre vents, n’a basé son développement réel sur le libre-échange, mais sur un protectionnisme constant et un taux de change au service de son plan national d’industrialisation.
C’est bien entendu la manipulation du taux de change qui permet de réguler son commerce international au service d’un protectionnisme éducateur censé protéger les jeunes industries nationales de la concurrence internationale afin qu’elles puissent devenir des champions nationaux aguerris. Les bases de la prospérité française, espagnole, allemande et britannique s’expliquent moins par les gains de leur inclination historique au libre-échange que, respectivement, par le protectionnisme colbertiste, le protectionnisme bullioniste, le protectionnisme caméraliste et le protectionnisme maritime qui garantirent leur accumulation primitive au détriment des régions sous leur domination.
Vers une « Silicon Valley panafricaine »
L’Afrique se doit d’en être consciente pour tisser ce que l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo appelait « sa propre natte », seule capable de l’extirper de l’extraversion négative d’un développement « clé en main » pour un développement « clé en tête ».
Cela implique plusieurs choses. Premièrement, que l’Afrique, ayant à nouveau la main sur les matières premières, exige, ainsi que le fait la Chine, des transferts technologiques aux Occidentaux contre ses matières premières et l’intégration de son marché. Cela peut servir de levier à la naissance de champions industriels panafricains.
Deuxièmement, la protection de la proto-industrie ou de l’industrie naissante africaine (artisanat, agriculture, métallurgie, économie populaire…) de la concurrence commerciale européenne et chinoise. Une telle protection est par exemple très difficile pour les pays africains de la zone franc, étant donné que c’est très souvent l’ajustement du taux de change qui permet de protéger ses secteurs encore fragiles. La sortie ou la réforme du franc CFA se pose donc avec acuité.
Troisièmement, lancer un vaste programme de bassins panafricains de recherche et d’innovation, où l’intelligentsia africaine de tous les domaines peut créer une « Silicon Valley panafricaine » porteuse et inventrice de procédés, de techniques et de produits sources d’un renouveau du commerce et du développement du continent, sans hésiter à imiter ce qui s’est fait ailleurs, car l’innovation fonctionne tant par destruction créatrice que par imitation créatrice.
Quatrièmement, que mécènes, banques et hommes d’affaires panafricains utilisent leurs réseaux internationaux pour permettre aux marchés financiers africains de faire fructifier le capital nécessaire aux investissements, en soutien à la mise en place d’un programme panafricain de recherche, d’innovation et de transformation de sa démographie galopante en force développante.
Faire de l’Afrique « son propre centre »
In fine, « tisser sa propre natte » ne peut se faire sans analyser les échanges suivant plusieurs strates interdépendantes structurant le quotidien de la vie réelle des Africains. D’autres historiens, notamment Fernand Braudel et Edward Palmer Thompson, montrent que le « développement clé en tête » auquel fait allusion Joseph Ki-Zerbo ne peut se penser sans mettre en exergue le fait que « les acteurs du bas », les Africains ordinaires, ne vivent pas des accords internationaux de libre-échange mais peuvent en être affectés négativement.
Les nations africaines doivent donc veiller à ce que la ZLEC apporte une valeur ajoutée aux échanges entre villages africains, entre régions africaines et entre villes et campagnes africaines. Strates commerciales inférieures qui, de proche en proche, innervent les systèmes nationaux d’échanges, au sens de strates intermédiaires sur lesquelles s’adosse la strate internationale de l’échange notamment à travers l’import-export.
Dans la mesure où des cultures africaines précoloniales telles que les spiritualités et les mythes, des legs coloniaux comme le christianisme, l’islam, l’anglais, le français ou le portugais, et des hybridations postcoloniales passant par l’habillement, l’administration, l’économie, l’école ou l’agriculture, peuvent être sources de techniques, de procédés et de produits, il faut réorienter les échanges pour faire de l’Afrique « son propre centre », comme l’exprime Achille Mbembe.
Réorganiser l’espace panafricain des échanges est la meilleure façon de prendre en compte le sort des Africains ordinaires en tenant compte des interactions entre les différentes strates, pour promouvoir les bases matérielles, imaginaires et spirituelles d’un « made in Africa ».
Thierry Amougou est économiste à l’Université catholique de Louvain (UCL), en Belgique, et directeur du Centre de recherches interdisciplinaires Démocratie, Institutions, Subjectivité (Cridis).
CHEZ SADIO MANÉ, LES ORACLES AVAIENT DÉJÀ PARLÉ
La certitude que Sadio Mané, l’enfant de Bambaly, et son club Liverpool allaient gagner la finale de la Ligue des champions de ce 1er juin est à l’origine de la grande affluence que son village natal a connu
La certitude que Sadio Mané, l’enfant de Bambaly, et son club Liverpool allaient gagner la finale de la Ligue des champions de ce 1er juin est à l’origine de la grande affluence que son village natal a connu. L’enfant chéri de cette nouvelle commune nichée en plein cœur de la région de Sédhiou a été fêté comme il se doit.
A Bamaly, village natal de Sadio Mané, les oracles avaient partout désigné Tottenham perdant de la finale de la Ligue des champions qui s’est jouée samedi dernier. Différentes offrandes ont ainsi été faites dans l’objectif que Liverpool d’un des leurs, Sadio Mané en l’occurrence, gagne cette finale. Pour relever ce défi, rien n’a été négligé. Surtout que la finale perdue l’année dernière contre le Real Madrid était toujours fraîche dans les mémoires. Et c’est par centaines que les fans de Sadio Mané ont bravé les rigueurs du ramadan pour rallier Bambaly, son village natal transformé en commune il y a peu. Le Fan’s Club Sadio Mané de Goudomp, habillé de tee-shirts à l’effigie de leur idole, a également effectué le déplacement.
La vaste cour de la maison, où se dresse majestueux un bâtiment en construction, est noire de monde. Dehors, il y a aussi une forte mobilisation. « On est venu pour une intronisation du roi Sadio », déclare Mamadou Dounou Faty de Djidima.
Au milieu de cette cour, un écran géant surplombe les têtes. Premier moment d’hystérie : l’entrée des deux équipes sur l’aire de jeu. Le nom de Sadio est scandé suivi des ovations et encouragements. La faute, qu’il a provoquée et qui a valu le pénalty transformé par Salah, a très tôt libéré les supporters. Que l’enfant de Bambaly ait laissé son coéquipier Salah tirer le coup de pied de réparation a été considéré par les supporters comme un état d’esprit chevaleresque. Mais ils n’ont pas été du tout tendres avec Salah quand ce dernier a refusé de lui faire la passe, alors que Sadio Mané était bien placé sur l’action.
Le deuxième but sera celui de la délivrance. En effet, à certains moments du match, on s’est rendu compte que Tottenham n’avait pas dit son dernier mot. Cette équipe a même donné parfois des sueurs froides aux supporters de Liverpool. Le deuxième but, prédiction de ce score ayant déjà été avancée partout, sonnait le glas de Tottenham. Tout le monde pensait en son for intérieur à ce second but.
Quand l’entraîneur a décidé de faire sortir Sadio Mané, ça n’a pas beaucoup heurté, puisqu’il a accompli sa mission : faire gagner son équipe. Au coup de sifflet final, c’était l’effervescence, les cris de joie, les klaxons de motos « Jakarta ». C’était l’hystérie collective en somme. « Cette finale ne pouvait se passer que de la sorte. Celle de l’année dernière n’a pas été préparée de la même façon », a justifié quelqu’un dans la foule. Selon des indiscrétions, la mère de Sadio n’a fait que prier toute la journée. Des prières donc exaucées.
L’Inspecteur régional des Sports, qui a suivi le match à Sédhiou, est venu participer, à la tête d’une forte délégation, à la fête populaire de Bambaly. C’est tard dans la soirée que la maison du roi intronisé a commencé à se vider.
MIMI TOURÉ DÉROULE SA FEUILLE DE ROUTE
Aminata Touré veut redorer le blason du Conseil économique social et environnemental (Cese). Officiellement installée dans ses nouvelles fonctions, ce lundi 3 juin 2019, la nouvelle présidente du Cese compte privilégier la communication institutionnelle
Aminata Touré veut redorer le blason du Conseil économique social et environnemental (Cese). Officiellement installée dans ses nouvelles fonctions, ce lundi 3 juin 2019, la nouvelle présidente du Cese compte privilégier la communication pour faire davantage connaitre la mission de cette institution. « Je souhaiterais avec vous montrer toute la pertinence et l’utilité de cette institution », a-t-elle déclaré, devant les Conseillers. Et d’ajouter : « Je voudrais aussi engager nos amis de la presse à nous visiter et à nous fréquenter régulièrement et assidûment pour la vulgarisation de nos travaux au sein de la communauté ».
Au Cese, il y a plus de 70 rapports avec des recommandations. Une bonne partie de ces recommandations est rangée dans les tiroirs et reste méconnue du grand public.« Les rapports du Cese sont soumis au président de la République qui en apprécie la pertinence. D’après une première évaluation qui a été faite, il a intégré plus de 70 % des propositions qui se retrouvent dans les programmes des différents ministères. Aujourd’hui, il s’agira de partager davantage le contenu de ces rapports. Ils seront portés à la connaissance de nos concitoyens », a promis Mimi Touré.
Sur la feuille de route déclinée devant ses collègues, l’environnement y occupe une place privilégiée. C’est pourquoi, l’ancien Premier ministre s’engage à jouer sa partition sur le programme « zéro déchet » initié par le gouvernement. « Nous souhaitons engager cette mission avec l’ensemble des acteurs du secteur économique, culturel et de tous ceux qui œuvrent pour la préservation de l’environnement en vue de formuler des recommandations utiles pour les populations ».
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ALIOU SALL RÉPLIQUE ET ACCUSE LA BBC DE PARTIALITÉ
Le maire de Guédiawaye mis en cause par le média britannique dans un scandale de corruption présumée, s'est défendu ce lundi de tout acte illégal, concernant les contrats pétroliers au large des cotes du Sénégal
"Je constate que la BBC n'a pas voulu tenir compte de mes réponses", a d'emblée rétorqué Aliou Sall à propos des accusations dont il fait l'objet, accusant le média britannique de partialité. Le maire de Guédiawaye déclare en effet ne pas être au courant des transactions de rachat des actions de Frank Timis par le géant pétrolier British petroleum (BP).
Mis en cause dans un documentaire de la BBC pour corruption concernant les contrats du pétrole et du gaz entre Frank Timis et BP, Aliou Sall a démenti les informations de la chaîne de télévision britannique.
« Les affirmations de la BBC sont totalement fausses et mes conseils sont en train d’étudier la pertinence d’une plainte », a asséné Aliou Sall, en conférence de presse lundi 3 juin, après la diffusion, la veille, d’un documentaire de la BBC qui le mouillait pour corruption à hauteur de 146 millions de dollars sur la concession de blocs de pétrole et de gaz lors de transactions entre Bp et Frank Timis Corporation, société où il a été d’abord consultant avant d’en être le gérant au Sénégal.
Dans sa séance d’explications, le maire de Guédiawaye a tenu à porter un argumentaire basé sur six points. D’abord, il a regretté que le documentaire de la BBC ait donné la parole à l’opposition sénégalaise sans en faire autant pour les experts sénégalais ou la société civile ; l’ancien journaliste du « Soleil » a, aussi, dénoncé les pratiques journalistiques de la BBC qui aurait « fauté en disant qu’il y a eu des manifestations contre (sa) personne avec de fausses images d’illustration » ; le dirigeant de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC) a poursuivi en indexant également l’orientation du documentaire qui « n’a interrogé que des anciens collègues de Frank Timis. Ceux qui sont en conflit contre lui » ; Aliou Sall a ensuite balayé d’un revers de la main « les allégations » portant sur 146 millions reçus à travers sa société Agritrans ; il a, par la suite, dénoncé la publication par la BBC de son salaire (25 000 dollars par mois) quand il était salarié de Frank Timis Corporation : « Ce sont des salaires normaux dans ce milieu. J’ai des collègues qui percevaient plus et d’autres moins » ;
Enfin, Aliou Sall a tenu à préciser qu’il n’a « jamais reçu directement ou indirectement un quelconque paiement à travers Agritrans », sa société.
Les avocats de Aliou Sall ont fait savoir, à l’issue de la conférence de presse, qu’ils allaient porter plainte contre la BBC pour diffamation car « le documentaire est déloyale et porte atteinte à la dignité » de leur client.
Voir sa conférence de presse.
par Anne Cécile Robert
CARICATURES MÉDIATIQUES
Les préjugés ont la vie dure : pour les médias français, l’Afrique demeure un continent énigmatique prompt à verser, malgré les progrès dus à la croissance, dans le drame et la violence
Monde Diplomatique |
Anne Cécile Robert |
Publication 03/06/2019
Les préjugés ont la vie dure : pour les médias français, l’Afrique demeure un continent énigmatique prompt à verser, malgré les progrès dus à la croissance, dans le drame et la violence. L’effort d’analyse, y compris concernant les pays où Paris joue un rôle important, reste chétif. L’information est aussi entravée par la discrétion qui entoure encore les engagements français sur le continent.
La presse évoque peu le presque milliard d’Africains et leurs cinquante-cinq pays. Il faut attendre une catastrophe (une guerre, une maladie comme le sida, une famine, etc.) pour que les médias s’intéressent à l’Afrique. Et encore ! La République démocratique du Congo – où trois millions de personnes auraient été tuées depuis 1997 – fait rarement la «une» des quotidiens français. L’Afrique est considérée comme un sujet «non vendeur».
Même lorsque la France est impliquée, les journaux restent muets. «Entre 1990 et le 6a vril 1994, remarque Jean-François Dupaquier, l’intervention de militaires français au Rwanda ne suscite presque aucun article ou reportage télévisé (et pas une seule question écrite de parlementaire). La “surprise” du génocide de 1994 ne provoque pas davantage d’interrogations, ni de remises en cause, pas plus que l’instrumentalisation des envoyés spéciaux dans les fourgons de l’opération “Turquoise” (1). »
Parfois, les enjeux militaires et diplomatiques entravent une information libre. Ainsi, en mars 2019, le rédacteur en chef de la revue Afrique contemporaine, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, a démissionné pour protester contre la censure exercée, selon lui, par le mécène de la revue, l’Agence française de développement, concernant un dossier, jugé trop critique, sur l’intervention française au Mali. En outre, une vision dépolitisée des événements empêche toute analyse sérieuse. Ainsi le préjugé «ethnique» sert-il encore de grille d’analyse quand les conflits reflètent de banals enjeux économiques. Qui fait le lien entre les massacres «inter communautaires» au Mali en 2019, l’effondrement de l’État dans ce pays et les politiques ultralibérales qui lui sont imposées ? Le tropisme humanitaire ne contribue pas non plus à éclaircir les enjeux. Les médias relatent complaisamment l’arrivée d’une aide alimentaire sans s’interroger sur les origines, parfois peu naturelles, des famines (2). Autre facteur d’opacité pour le public : la «politique africaine » de la France est encore trop souvent gérée directement par l’Élysée ou au sein des cabinets ministériels. L’intervention militaire au Rwanda fut ainsi décidée par le président François Mitterrand, le premier ministre Édouard Balladur prétendant même l’avoir apprise par la presse ! Le Parlement est court-circuité.
Ralliement au «consensus de Washington»
Dans nombre de pays, la présence française est désormais associée à la dégradation des indicateurs économiques et sociaux, car Paris n’a pas tenu ses promesses de défendre une «autre mondialisation», dont le discours de Cancún de Mitterrand fut une illustration. Si, au sein de l’Union européenne, Paris plaide pour l’aide au développement, la France n’a pas empêché la destruction des accords de Lomé. Grâce aux fonds Stabex et Sysmin, ceux-ci s’attaquaient au problème fondamental de la stabilité des prix mondiaux des matières premières. Et les accords de Cotonou entérinent le ralliement de l’Union au «consensus de Washington». Pourtant, malgré sa schizophrénie, qui la conduisait à coloniser au nom des droits de l’homme, la France s’était historiquement identifiée à d’autres valeurs que les valeurs libérales (3) ! Il est d’autant plus regrettable que ce soit une France impériale et non celle de 1789 (de 1793?) qui se manifeste en Afrique. De plus en plus, les opinions publiques locales se tournent vers les États-Unis. Ce qui signifie encore plus de libre-échange destructeur. Dans la nouvelle géopolitique mondiale, seule une France qui pratique ce qu’elle prêche dans un vrai partenariat avec les pays africains pourrait retrouver du crédit et proposer une autre voie.
EN AFRIQUE, LES "ENFANTS SORCIERS"JETÉS À LA RUE PAR LEURS FAMILLES
On connaît le sort funeste des enfants albinos. Mais des marques bien plus anodines – une première dent qui sort sur la mâchoire supérieure, par exemple –, peuvent faire du nouveau-né un "enfant sorcier", un porte-malheur
francetvinfo |
Jacques Deveaux |
Publication 03/06/2019
Handicapés de naissance ou enfants turbulents, ils ont en commun de devenir les parias de leur famille. En Afrique subsaharienne, les "enfants sorciers" sont rejetés et survivent dans la plus grande misère. Un inquiétant phénomène urbain.
Il ne fait pas bon naître avec un handicap ou une malformation dans certaines communautés d’Afrique. Il suffit que l’enfant apparaisse par le siège pour qu’il soit rejeté par sa famille. On connaît le sort funeste des enfants albinos. Mais des marques bien plus anodines – une première dent qui sort sur la mâchoire supérieure, par exemple –, peuvent faire du nouveau-né un "enfant sorcier", un porte-malheur.
Parfois même, face aux difficultés de la vie, sans raison, l’enfant devient le bouc-émissaire de la famille. "Tenu pour responsable d'une maladie, d'un décès, d'un divorce, d'un manque d'argent ou même d'un simple désagrément, l'enfant est alors accusé de sorcellerie et devient rapidement le centre de violents conflits familiaux",explique l’association S.O.S. enfants.
L’abandon est souvent le seul acte de compassion à l’égard de cet enfant rejeté par la famille et la communauté. Au bord d’une route, il sera peut-être trouvé et recueilli par une structure d’accueil. Ainsi, l’association espoirs d’enfants apporte son soutien à un orphelinat du nord du Bénin, à Parakou. Il accueille beaucoup de ces enfants dits sorciers. "Il n’est pas rare de voir des nouveaux-nés abandonnés dans beaucoup de régions du Bénin", explique l’association.
Les églises évangéliques attisent le phénomène
Au Nigeria, la croyance des "enfants sorciers" est un phénomène récent. Son épicentre se situe dans le delta du Niger. Elle est entretenue par les prédicateurs des églises évangéliques, explique le journal canadien La Presse. "Une façon pour eux de fidéliser les parents à leur paroisse, de faire un peu d'argent et de gagner de l'influence dans leur communauté", explique notre confrère.
Pourtant la loi interdit ces accusations. Mais les juges eux-mêmes y croient, et rien n’est fait. Il s’agit d’un phénomène urbain. Il touche surtout des enfants en bas âge et au seuil de l’adolescence, déjà en difficultés. Rien à voir donc avec des enfants "mal nés", précise un rapport de l'Unicef.
Ces enfants "difficiles" sont souvent rejetés, livrés à eux-mêmes. Enfants des rues, on les appelle des skolombo. Des centaines ont élu domicile dans la décharge de Lemna, en périphérie de la ville de Calabar. Ils fouillent les immondices à la recherche de produits recyclables, plastique ou métal.
Les adultes aussi
Al-Jazira cite un rapport de 2008 qui avance le nombre de 15 000 enfants accusés de sorcellerie au Nigeria. A Kinshasa, en RDC, ils étaient 20 000 en 2010, selon un rapport de l’Unicef.
"Dans une grande majorité de pays africains, les exécutions des supposés sorciers et sorcières ont atteint des proportions alarmantes", précise le rapport qui énumère les nombreux cas. En Afrique du Sud, dans la province de Limpopo, plus de 600 personnes ont perdu la vie dans des lynchages de 1996 à 2001. Au nord du Ghana, des femmes accusées de sorcellerie ont été bannies et vivent dans des villages de sorcières.
LA CORRUPTION RÉPANDUE CHEZ LES POLITIQUES AFRICAINS
De la famille Dos Santos, en Angola, à celle des Eyadema au Togo, en passant par les Bongo au Gabon, jusqu'au camerounais Biya, les détournements de fonds publics au profit des clans au pouvoir, sont estimés chaque année à plusieurs milliards d'euros
Alors qu'un rapport de l'ONG Sentry met en cause le clan Kabila en RDC, l'histoire montre que la corruption était et est encore répandue chez les politiques africains.
Il y a quelques jours, un rapport de l'ONG Sentry mettait en cause la gestion du clan Kabila en République démocratique du Congo (23.05.2019). L'ancien président et sa famille sont accusés d'avoir détourné d'importantes sommes d'argent public, par le biais de la banque Kwanza Capital.
Mais au-delà de la République démocratique du Congo, ce type d'abus a aussi été rapporté dans d'autres pays du continent.
De la famille Dos Santos, en Angola, à celle des Eyadema au Togo, en passant par les Bongo au Gabon, jusqu'au camerounais Paul Biya, les détournements de fonds publics, au profit des clans au pouvoir, sont estimés chaque année à plusieurs milliards d'euros.
140 millions de dollars
"Malheureusement pour le continent africain, c'est devenu quelque chose d'assez fréquent, que ce soit au Nigeria, au Cameroun, en Afrique centrale très largement, en Afrique de l'Ouest etc", estimeRegis Houmkpè, directeur exécutif d'Interglobe-Conseils, un cabinet spécialisé en expertise géopolitique.
Il explique que la corruption et le vol organisé freinent le développement du continent. "Au Maghreb, on a vu aussi avec le Printemps arabe que le clan Ben Ali avait fait main basse sur des pans entiers de l'économie tunisienne. Donc, malheureusement, l'Afrique est très riche mais les Africains sont très pauvres et les leaders ou les présidents qui dirigent ce continent sont riches mais de façon frauduleuse."
Concernant la République démocratique du Congo, le dernier rapport de l'ONG Sentry indique qu'environ 140 millions de dollars pourraient avoir bénéficié au premier cercle de l'ancien chef d'État, via la société d'investissement Kwanza Capital, qui a pris des parts importants dans des banques commerciales en RDC.
Prise de contrôle des entreprises par les Kabila
Des détournements qui rappellent les nombreux scandales au lendemain de la chute du président Mobutu. L'ancien président congolais aurait ainsi déposé environ cinq millions d'euro en Suisse, selon des déclarations du ministre de la Justice congolais en 1997.
Mais selon Patrick Mboyo, chercheur à l'université Paris Saclay, pour continuer à garder la main sur l'économie et la politique en RDC, la famille Kabila a choisi de faire les choses autrement :
"La famille de Mobuto avait commis l'erreur de piller, prendre l'argent et aller investir à l'étranger. Les Kabila ne veulent pas faire ça", détaille le chercheur. "Ils pillent le Congo, ils prennent l'argent mais ils prennent le contrôle des entreprises basées en RDC, de sorte qu'à chaque fois qu'on voudrait toucher à leurs intérêts ce soit l'économie congolaise qui en pâtisse. Voilà pourquoi Joseph Kabila reste toujours le maître du jeu dans l'économie et la politique congolaise."
Autre exemple de corruption, encore : il y a un peu plus de deux ans, la Suisse avait annoncé qu'elle allait restituer au Nigeria environ 321 millions de dollars volés par l'ancien dictateur Sani Abacha - accusé d'avoir détourné quelque cinq milliards de dollars des coffres de son pays, entre 1993 à 1998.