Le nouveau ministre de l’Environnement et du Développement durable Abdou Karim Sall est engagé à apporter ‘’une touche personnelle’’ à ce département- Il a tendu la main à tous les militants de l’environnement.
(Seneplus.com, Dakar) - Officiellement installé dans sa nouvelle fonction de ministre de l’Environnement et du Développement durable mardi, en remplacement de Dr Mame Thierno Dieng, Abdou Karim Sall a promis en même temps de ‘’suivre les pas de son prédécesseur’’.
Abdou Karim Sall, militant de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir), nommé à la tête de ce ministère dans le nouveau gouvernement a réitéré son action dans le dialogue et la concertation avec les acteurs. ‘’Je reste persuadé qu’ensemble, nous pouvons relever tous les défis. Je ne ménagerai aucun effort pour la préservation de notre environnement qui est une affaire de tous’’, a-t-il assuré.
Le ministre sortant, Mame Thierno Dieng a pour sa part salué les efforts fournis par le personnel du département ministériel. ‘’Les résultats auxquels nous sommes parvenus sont également à mettre à l’actif des agents et de l’ensemble du personnel du ministère de l’Environnement’’, selon Mame Thierno Dieng.
Macky offre 16 billets pour la Mecque aux députés
Dans le cadre des consultations qu’il a initiées depuis quelques jours pour mieux expliquer et promouvoir la réforme constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre, le Président Macky Sall a reçu hier les députés de la majorité. Aux termes de deux tours d’horloge d’échanges, le chef de l’Etat et ses hôtes ont accordé leurs violons sur tous les points abordés. Visiblement satisfait de ses invités, Macky Sall leur a offert, en guise de cadeau d’au revoir, 16 billets pour le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. La part belle a été faite aux femmes parlementaires puisqu’elles vont se retrouver avec 10 billets. Au moment où leurs collègues hommes se contenteront eux de 6 billets pour le pèlerinage.
Six transitaires et commerçants en prison
Trois transitaires et trois commerçants ont été déférés, lundi 15 Avril 2019, devant le Procureur par la Division des Investigations criminelles (Dic) pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux. Causant un préjudice énorme à la Douane et aux Impôts et Domaines, ils pirataient le système «Gaïndé». Leur mode opératoire consistait à se servir d’anciens numéros pour les procédures de dédouanement. Ce qui permettait à certains gros importateurs de ne pas s’acquitter du dédouanement de leurs marchandises. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.
«Boy djinné» prend un an pour évasion
Le délibéré est tombé hier, mardi 16 avril 2019. Baye Modou Fall alias «Boy djinné» a été condamné à 1 an de prison ferme pour évasion. Son complice Moustapha Sow a écopé de 8 mois. Profitant d’une altercation entre détenus, ils s’étaient évadés, le 20 janvier 2016, de la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Diourbel.
Boy «djiné» et Cie fixés sur leur sort le 15 mai prochain
Restons avec «Boy Djiné» et ses 12 co-accusés pour dire qu’ils ont comparu hier à la barre de la chambre criminelle pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs, de vol en réunion avec usage d’arme, de faux et usage de faux, et d’agression. L’affaire n’a pas été débattue à fond, car l’avocat de la partie civile a demandé le renvoi du dossier pour pouvoir mieux s’en imprégner. Ainsi, les accusés vont devoir prendre leur mal en patience puisque le procès a été renvoyé au 15 mai prochain.
Secrétariat général du Gouvernement
Les cérémonies de passation de services au niveau du Gouvernement se sont poursuivies hier. Le Secrétariat général sortant du Gouvernement, Seydou Guèye, a passé le témoin hier à son successeur Maxime Jean Simon Ndiaye. Seydou Guèye a réaffirmé sa disponibilité à servir encore la Nation à tous les niveaux puisqu’il se considère comme un missionnaire. A l’en croire, une mission s’est achevée et d’autres attendent certainement. Seydou Guèye indique qu’il reste à la disposition du Président Macky Sall pour poursuivre le travail dontla seule perspective est de rendre les Sénégalais heureux. L’exporte-parole du Gouvernement n’a pas tari d’éloges à l’endroit de son successeur, un Inspecteur Général d’Etat (Ige) avec qui il a eu à collaborer pendant sept ans.
Passation de service au ministère de l’Environnement
Mame Thierno Dieng, ex-ministre de l’Environnement, a remis hier le témoin à son successeur, Abdou Karim Sall. Sitôt installé dans ses fonctions, le nouveau ministre de l’Environnement et duDéveloppementDurable a annoncé la réorientation des priorités du département ainsi que la création de l’Office national de la reforestation. Exprimant sa détermination à relever tous les défis à la tête du ministère, AbdouKarim Sall souligne que la phase 2 du Plan Sénégal Emergent (PSE) décline une réorientation et une réactivation des priorités du ministère dans le management des projets. Pour ce qui est de la création de l’Office national de la reforestation, il va convoquer dans les meilleurs délais une réunion de coordination pour dégager les grandes orientations de cet organe. Abdou Karim Sall précise également à l’endroit du personnel que son leitmotiv sera le travail, le dialogue et la concertation dans le respect des valeurs républicaines. Pour sa part, le ministre sortant Mame Thierno Dieng a remercié le Président Macky Sall pour lui avoir donné l’opportunité de servir le Sénégal au plus haut niveau, alors que rien dans sa carrière et ses activités ne l’y prédestinait. Il se réjouit aussi d’avoir servi avec loyauté et dévouement.
Youssou Ndour annonce un nouvel album
Une bonne nouvelle pour les fans du leader du Super Etoile et les mélomanes d’une manière générale. Le roi du Mbalax va sortir très prochainement son nouvel album dénommé «History». Selon YoussouNdour, l’opus sera disponible le 26 avril prochain. Mais déjà, deux titres sont disponibles. Il s’agit de «Habib Faye» et «Confession».
Message de Macky Sall sur l’incendie de Notre Dame de Paris
Le Président Macky Sall se solidarise avec le peuple français à la suite de l’incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris. Il a adressé un message de soutien à son homologue français, Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a exprimé au Président français, ainsi qu’au peuple français et à l’ensemble de la communauté catholique, ses sentiments de sympathie et de solidarité. Il se dit également convaincu que le peuple français trouvera dans son génie créateur les moyens de restaurer cette grandiose œuvre spirituelle et architecturale.
Mamadou Lamine Diallo interpelle le Gouvernement
Le député Mamadou Lamine Diallo ne lâche pas prise. Il tient à ce que le gouvernement éclaire sa lanterne sur l’exploitation du gaz naturel de GTA. A cet effet, il a envoyé une question écrite au gouvernement et attend des réponses concises des autorités, notamment sur le montant final des dépenses d’exploration et la part de chaque partie prenante du champGTA, notamment Petro tim/Timis Corporation. Le président du mouvement Tekki souhaite aussi connaitre le montant retenu des dépenses de développement et la part de chaque partie prenante, notamment Petrosen et les coûts opérationnels projetés et le modèle financier sous-jacent.
Mamadou Lamine Diallo interpelle le Gouvernement (bis)
Restons avec le député Mamadou Lamine Diallo qui se demande pourquoi Macky Sall veut imposer un nouveau régime politique après la présidentielle qu’il prétend pourtant avoir gagnée haut la main. En vérité, d’après le leader de Tekki, le chef de l’Etat est pris de panique. Malgré le parrainage qui lui a permis de se choisir des adversaires politiques et le soutien de la justice qui lui a permis d’éliminer deux candidats, affirme le parlementaire, Macky Sall sait que les Sénégalais lui ont tourné le dos et qu’il va perdre les locales dans les grandes villes ainsi que les législatives de 2022, d’autant plus qu’il y a une vingtaine de prétendants à sa succession dans ses propres rangs. «Autrement dit, il va perdre le pouvoir au plus tard en 2022». C’est la raison pour laquelle, affirme Mamadou Lamine Diallo, le Président veut chambouler l’organisation institutionnelle du pays pour renforcer et surtout protéger la fonction présidentielle. Pour le tekkiste en chef, si le Président Sall était courageux et sincère, il en aurait parlé pendant la campagne présidentielle et proposé un référendum comme leGénéral deGaulle. «Le progrès démocratique, c’est le renforcement du législatif pour contrôler l’exécutif etl’indépendance de la justice», indique Mamadou Lamine Diallo.
Abdoul Mbaye exprime sa compassion aux chrétiens
Abdoul Mbaye et ses camarades de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail tiennent à manifester toute leur sympathie et leur compassion à la communauté catholique et chrétienne, à la suite du terrible drame de l’incendie de la Cathédrale Notre Dame de Paris. «Puisse l’avènement de la résurrection du Christ dans les jours à venir raffermir la foi de tous les Croyants qui en auront souffert et permettre l’entame d’une reconstruction pleine d’espérance», prient l’ancien Premier ministre et ses partisans.
Les boulangers en grève à partir d’aujourd’hui
Finalement, la rencontre avec la nouvelle ministre du Commerce n’a rien donné. Par conséquent, c’est ce mercredi 17 avril que la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) démarre sa grève. D’après le président de cette structure, Amadou Gaye, la grève de production de pains des boulangers va s’étaler sur 72 heures, sur toute l’étendue du territoire nationale. Selon le Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs), ils n’excluent pas d’emprunter les méthodes de lutte des gilets jaunes, en France. Les boulangers dénoncent la hausse du sac de 50 kilogrammes de farine, passant de 14 000 francs à 18 000. Les camarades de Amadou Gaye exigent également une augmentation du poids de la baguette de pain à 200 grammes pour être vendue à 200 francs contre 150 francs pour les 190 grammes, actuellement. Cependant, le gouvernement ne veut pas attendre parler de hausse du prix du paix. Le seul point sur lequel, les deux parties s’entendent, c’est la suppression des intermédiaires. C’est donc un premier revers pour la nouvelle ministre Assom Diatta.
Coup de comm pour Carlou D
Le rappeur Carlou D a été arrêté de façon musclée par la police. La vidéo virale de son arrestation par la police est visible sur plusieurs sites et les réseaux sociaux. Manifestement, l’interpellation s’est passée, hier matin aux environs du siège du concessionnaire de voitures EMG. On voit Carlou D sortir de son luxueux véhicule, poursuivi par des policiers qui cherchent à lui passer les menottes. La scène se passe sous les regards de badauds qui ont immortalisé la scène. D’après nos confrères de PressAfrik, Carlou D n’a pas été arrêté. Il s’agirait plutôt d’un coup de Com’ pour son prochain album «Eupeuneu» qui doit sortir prochainement.
Mansour Faye confirme Suez
Suez est provisoirement attributaire du contrat d’affermage de l’eau au Sénégal. Mansour Faye, qui passait le témoin à Serigne Mbaye Thiam au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, hier, a déclaré que les soumissionnaires malheureux ont 5 jours pour procéder à des recours gracieux. «S’ils ne le font pas, le contrat sera confirmé», précise le nouveau ministre du Développement communautaire. Il estime que la procédure de passation dudit marché a été réalisée de la manière la plus transparente. «C’est une procédure qui n’a été entachée d’aucune irrégularité et ce sont des procédures tout à fait normales. Parce que les soumissionnaires ont la possibilité de faire des recours, s’ils ne sont pas contents ou ne sont pas satisfaits », a indiqué le désormais ancien ministre de l’Hydraulique. Lors, de son passage à l’Assemblée, pour le vote du budget de son ministère, Mansour Faye si c’est Suez qui est choisie, la SDE sera liquidée tout bonnement.
Le CNP dit oui au dialogue national
Le Conseil national du patronat est partant pour participer au dialogue national auquel le Chef de l’État a convié les forces vives de la nation. Baïdy Agne l’a révélé hier, lors de l’ouverture des « Assises de l’Entreprise ». Selon lui l’invitation au dialogue national faite par le Chef de l’État, le « parti de l’entreprise » l’a entendue. Ajoutant que dans la République, l’entreprise est une force économique mais aussi un régulateur social. Car, dit-il, la prospérité économique doit aller à tous ceux qui aiment le Sénégal, y investissent et créent des emplois. Par conséquent, pour lui la réponse du CNP est ce « Oui » pour prendre part à un dialogue où les relations entre l‘État et son secteur privé sont bâties sur la confiance et la complicité, où l’émergence se construit avec sa famille d’entrepreneurs nationaux.
"IL FAUT PRIVILÉGIER LE PRAGMATISME DANS L'ENSEIGNEMENT DES OEUVRES DE CHEIKH ANTA DIOP"
Pour que les idées de Cheikh Anta Diop soient bien connues des Sénégalais, il faut les enseigner de la maternelle à l’université - C’est ce que recommande Aboubacry Moussa Lam, historien et égyptologue
Pour que les idées de Cheikh Anta Diop soient bien connues des Sénégalais, il faut les enseigner de la maternelle à l’université. C’est ce que recommande le Pr Aboubacry Moussa Lam, historien et égyptologue. Il indique que les idées du savant sénégalais sont enseignées au département d’Histoire de l’Ucad depuis 1981. Le Pr Lam plaide aussi pour la création d’un institut d’égyptologie.
Professeur Lam, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Professeur titulaire de classe exceptionnelle ayant plafonné depuis 2006 et définitivement à la retraite à partir du 31 juillet 2019. Sans fausse modestie, j’ai eu une carrière plutôt honorable avec 12 ouvrages, dont 11 écrits tout seul (trois sur ces 11 sont écrits en langue pulaar), 44 articles de haut niveau, 81 articles de vulgarisation et contributions diverses, six thèses encadrées dans une discipline peu courue des étudiants. Et comme distinctions, je suis commandeur de l’Ordre national du Lion, chevalier de L’Ordre national des Arts et Lettres du Sénégal et chevalier de l’Ordre des palmes académiques du Cames. Je suis aussi très proche des problèmes de développement de mon terroir, l’Ile-à-Morphil.
Le « Mouvement carbone 14 » a organisé, en mars, une marche pour une meilleure prise en compte de l’œuvre de Cheikh Anta Diop dans le système éducatif. Qu’est-ce que cela vous inspire en tant qu’ancien assistant de ce dernier de 1981 à 1986 ?
Le combat pour l’enseignement des idées de Cheikh Anta Diop ne date pas de cette marche. Depuis au moins deux ans déjà, le gouvernement du Sénégal a donné son feu vert pour que ses idées soient intégrées dans les curricula, de la maternelle à la terminale. J’ai personnellement participé à deux séminaires sur cette question et tous les niveaux d’enseignement ont été examinés et des propositions de modifications faites. Mais, les choses traînent à se mettre en place, car il faut, entre autres, réformer les programmes. Je pense qu’il faut désormais privilégier le pragmatisme. Une bonne documentation et des séminaires de mise à niveau pourraient nous permettre de démarrer pour certaines disciplines,en attendant la production de manuels et de supports pédagogiques adaptés. Autrement, on risque d’attendre encore de longues années avant un démarrage effectif. C’est le lieu de préciser que pour le département d’Histoire, les idées de Cheikh Anta sont enseignées depuis 1981, date de la levée des mesures qui le frappaient, mais également date de retour de Babacar Sall, Babacar Diop et moi-même à l’Ucad, après une formation en France.
Quelles sont les œuvres qui ont été réalisées par Cheikh Anta Diop ?
Puisque la porte des amphithéâtres lui avait été fermée, Cheikh Anta Diop a enseigné par écrit. Parmi ses travaux d’importance, citons « Nations nègres et culture » (1954), « L’unité culturelle de l’Afrique noire » (1959), « L’Afrique noire précoloniale », (1960), « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire » (1960), « Antériorité des civilisations nègres. Mythe ou vérité historique ? » (1967), « Le laboratoire de radiocarbone de l’Ifan » (1968), « Physique nucléaire et chronologie absolue » (1974), « Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines » (1977), « Civilisation ou barbarie » (1981) et « Nouvelles recherches sur l’égyptien ancien et les langues négro-africaines modernes » (1988). Certains de ces titres ont été traduits en anglais et même en espagnol. A ces livres, s’ajoutent de nombreux articles dont nous citons deux à titre d’illustration et pour leur grande importance. Il s’agit de « La métallurgie du fer sous l’ancien empire égyptien », Bifan, série B, T. XXXV, n° 3, 1973, pp. 532-547 ; et « Introduction à l’étude des migrations en Afrique centrale et occidentale. Indentification du berceau nilotique du peuple sénégalais », Bifan, série B, T. XXXV, n° 4, 1973, pp. 769-792.
L’un des livres fétiches est « Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire ». Pensez-vous que cet ouvrage devrait être un bréviaire pour les chefs d’Etat africains ?
C’est un livre écrit au moment des indépendances pour mettre en garde les élites de l’époque contre la division et recommander l’unité dans un Etat fédéral fort. Malheureusement, Cheikh Anta ne fut pas entendu. Il y avait expliqué que l’unité serait plus difficile à faire une fois les indépendances acquises. Sur cette prédiction, les faits ont déjà fini de lui donner raison. Mais,son livre reste actuel et peut toujours être d’une grande utilité pour tout chef d’Etat soucieux de l’unité africaine et des voies et moyens d’y parvenir.
Au département d’Histoire, il y a une Section d’Egyptologie. Est-ce que les étudiants s’intéressent à cette discipline ?
Dans les choix optionnels, ils s’y intéressent, mais pas autant qu’à l’Histoire moderne et contemporaine, réputée être plus facile. L’Egyptologie est enseignée à partir de la Licence II en cours obligatoires et semble passionner les étudiants, si j’en juge par leur affluence (la présence aux cours magistraux n’est pas obligatoire) et les multiples questions qu’ils me posent. En Master, nous totalisons une vingtaine d’inscrits et 12 thèses d’Egyptologie sont en cours, malgré les conditions de travail difficiles en matière de documentation. C’est le lieu de rappeler qu’en Egyptologie, l’Ucad n’a pas d’équivalent dans l’espace Cames, mais pour combien de temps encore ? Depuis 2008, l’Assemblée de l’université a donné son feu vert pour la création d’un Institut d’égyptologie, mais à ce jour, aucun texte n’a encore été pris, malgré les promesses réitérées par les plus hautes autorités de ce pays lors de la commémoration du 30e anniversaire de la disparition de Cheikh Anta Diop. Un tel institut aiderait beaucoup dans la naissance de vocations et l’enracinement de l’enseignement et de la recherche égyptologiques.
En tant qu’enseignant-chercheur, comment contribuez-vous à la vulgarisation des œuvres de Cheikh Anta Diop ?
En les utilisant dans mes cours et en montrant, à travers mes propres publications, que Cheikh Anta a ouvert de nombreuses pistes de recherche qui méritent d’être explorées parce que nécessaires à la compréhension de notre histoire. J’explique également, en utilisant ses œuvres, que sur presque toutes les controverses qui l’opposèrent aux savants occidentaux, les dernières recherches lui ont donné raison : l’Afrique comme berceau de l’humanité, l’africanité et la négritude des anciens égyptiens, le peuplement de l’intérieur de l’Afrique par des vagues migratoires parties de la vallée du Nil et aussi l’unité culturelle du continent.
Quelles sont les stratégies à développer pour que Cheikh Anta Diop soit bien connu des Sénégalais ?
En enseignant ses idées de la maternelle à l’université mais aussi en mettant ses œuvres à la portée des jeunes sénégalais. Pour les adultes qui n’ont pas eu la chance de fréquenter le système formel, leur donner la possibilité de lire ses œuvres à travers leurs traductions dans nos différentes langues ou de les écouter à travers des supports audio.
Est-ce que la relève est assurée au département d’Histoire ?
Je devais partir à la retraite en décembre, mais j’ai été finalement maintenu jusqu’en juillet pour terminer les deux semestres réglementaires. A vrai dire, la relève n’est pas encore totalement assurée, en dépit de nos efforts. En effet, avec une équipe de trois jeunes égyptologues et un quatrième qui va rejoindre l’effectif, nous ne pouvons pas assurer correctement les enseignements. C’est en matière d’encadrement que la relève n’est pas encore bien assurée. En appliquant strictement les normes Cames, l’encadrement adéquat de nos Masters ne peut plus être fait de manière correcte. Pour les thèses, il ne sera plus possible de les faire au département à partir de la rentrée prochaine, faute d’un enseignant de rang magistral (Maître de conférences ou Professeur titulaire). Ce serait une dangereuse régression vu la peine que nous nous sommes donnés depuis 1981 pour faire de Dakar un pôle qui compte dans l’enseignement et la recherche égyptologiques en Afrique. Cette situation demeurera tant qu’un de nos deux Maîtres-assistants ne sera pas inscrit sur la Lafmc.
Cheikh Anta Diop avait créé le Rnd, un parti aujourd’hui divisé en plusieurs entités. Croyez-vous que son héritage politique est bien préservé ?
J’ai surtout pratiqué le scientifique,mais en tant qu’observateur, il me semble que, même durant sa vie, Cheikh Anta n’a pas été très heureux en politique. Il était, sans doute, en avance sur ses contemporains et trop honnête pour faire un bon politicien. Avec sa disparition, le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ne se sont pas améliorées. Le Rnd est parti en lambeaux du fait, peut-être, de divergences d’orientation ou, plus prosaïquement encore, d’ambitions mal gérées à l’interne de la part de ses anciens compagnons.
CHEIKH ANTA DIOP, UN GÉANT ENCORE PEU CONNU
Les œuvres du scientifique, linguiste, sociologue et anthropologue sont méconnues des élèves - Beaucoup en effet, ne connaissent l’égyptologue que de nom
Fin mars dernier, des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) se réclamant du « Mouvement carbone 14 » ont organisé une marche pour exiger l’enseignement des œuvres du célèbre savant sénégalais dans les programmes scolaires et universitaires. En plus de porter le nom de la plus grande université du Sénégal, Cheikh Anta Diop est considéré comme l’un des plus grands penseurs de l’Afrique. Le désir des étudiants témoigne de cette envie de la nouvelle génération de mieux se familiariser avec les livresde nos grandes figures historiques et scientifiques. Refondateur de l’histoire de l’Afrique par une recherche scientifique pluridisciplinaire, Cheikh Anta a tiré sa révérence le 07 février 1986. Toutefois, ses livres et activités restent encore peu connues aujourd’hui chez la plupart des jeunes.
Lycée Blaise Diagne. En ce début de matinée, un vent fort et poussiéreux souffle et agresse presque les yeux. L’ambiance des jours d’école n’est pas au rendez-vous dans cet établissement qui, d’habitude, grouille de monde. Les vacances de la Quinzaine de la jeunesse sont passées par là. Seuls quelques élèves de Première et de Terminale sont présents sur les lieux. Ils révisent ou suivent des cours de rattrapage. Parmi eux, certains affirment, en toute franchise, qu’ils n’ont aucune idée des thèses défendues par l’égyptologue. Son travail est encore considéré comme un mythe dans la conscience de ces apprenants. Coumba Badiaga, élève en classe de Terminale L’1A, en fait partie.« Je n’ai jamais étudié une œuvre de Cheikh Anta Diop. Ses ouvrages ne sont pas inscrits dans le programme. Mais, je sais au moins que c’est un homme politique », avoue-t-elle. Ses autres camarades embouchent la même trompette. Une situation qu’ils déplorent tout de même, car trouvant insensé d’étudier les œuvres littéraires de figures historiques étrangers, en lieu et place de certains livres d’érudits sénégalais comme Cheikh Anta Diop.
Au lycée Maurice Delafosse, le même décor s’offre à nous. Un calme y plat règne. Ici également, seuls quelques élèves du Club scientifique sont visibles dans la cour de l’école. Trouvé en pleine discussion avec ses camarades, un élève en Seconde SD, sous le couvert de l’anonymat, soutient que les œuvres de Cheikh Anta Diop ne sont pas inscrites au programme. Mais, en bon scientifique, il s’est débrouillé pour prendre connaissance de ses ouvrages, tels que « Nations nègres et culture », « Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ». «C’est à la bibliothèque du Centre culturel Blaise Senghor que j’ai eu à les lire parce que je voulais vraiment découvrir les écrits de ce grand scientifique pour pouvoir m’inspirer de lui », révèle le jeune élève, le sourire au coin des lèvres. Tout le contraire de Mamadou Sylla, élève en classe de Première S qui n’a pas une grande connaissance des travaux du dit chercheur.
Des clubs et cercles d’amis pour inverser la tendance
Il lui a fallu découvrir un pan du travail de Cheikh Anta pour demander à ce qu’on inscrive ses ouvrages dans le programme scolaire. « J’ai récemment découvert un de ses livres bilingues où il traduisait certains termes scientifiques en wolof pour montrer qu’on peut étudier la science en wolof. Je trouve que toutes ses œuvres doivent être inscrites au programme pour mieux aider les élèves à connaître le caractère multidimensionnel de Cheikh Anta Diop », indique le jeune Mamadou. D’ailleurs, le Club scientifique compte rendre un hommage au savant durant les journées scientifiques du lycée mixte Maurice Delafosse prévues le 4 mai prochain », dit-il.
Au lycée Lamine Guèye, c’est la même remarque. Mais ici, pour combler le vide, un cercle des amis de Cheikh Anta Diop a été mis en place par les élèves.
Un contenu parcellaire dans l’enseignement supérieur
Parrain de l’Université de Dakar, le travail de Cheikh Anta Diop est enseigné dans certains départements, souvent à partir de la Licence III. Par contre, au département d’Histoire, l’œuvre du professeur figure dans les programmes dès la Licence II/Section Egyptologie. Seulement, des voix en réclament davantage vu la dimension du savant. A la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad, près de 32 000 étudiants sont inscrits. Mais,du fait des fêtes de la jeunesse, elle s’est un peu vidée d’une bonne partie de ses pensionnaires. Néanmoins, quelques étudiants y maintiennent le souffle de la vie. A notre passage au département d’Histoire, un des hauts lieux de diffusion des idées du Pr Cheikh Anta Diop, moins de dix étudiants étaient présents. Sur place, nous avons trouvé le Pr Alioune Dème. Interrogé sur la vulgarisation de l’œuvre de Cheikh Anta, il pense que des efforts sont faits dans leur département. D’après cet archéologue, dès la Licence II, les étudiants se familiarisent avec ses œuvres. « Il y a des cours sur lui en Licence II et III et en Master. C’est déjà quelque chose avec la Section d’Egyptologie », ajoute M. Dème.
« C’est le lieu de préciser que, pour le département d’Histoire, les idées de Cheikh Anta Diop sont enseignées depuis 1981, date de la levée des mesures qui le frappaient mais également date du retour de Babacar Sall, Babacar Diop et moi-même après une formation en France », révèle, pour sa part, le Pr Aboubacry Moussa Lam, enseignant audit département. Il est de ceux qui pensent qu’on devait enseigner l’œuvre de Cheikh Anta Diop dans les autres départements de l’Ucad. M. Lamplaide également pour la révision des contenus pédagogiques portant sur l’œuvre du savant. Secrétaire au département d’Histoire, Djiba Camara souligne qu’en première année, il y a des cours en Histoire moderne et contemporaine. « En Licence II, on enseigne l’œuvre de Cheikh Anta Diop,et tous les étudiants sont concernés. Pour la Licence 3, c’est la spécialisation», explique-t-il. Le Pr Dème exprime toutefois ses inquiétudes avec le départ à la retraite du Pr Lam, le seul titulaire en Egyptologie au département d’Histoire. « Si le Pr Lam part à la retraite en juillet prochain, ce sera la mort de l’Egyptologie au département d’Histoire », avertit-il.
Une pensée toujours incompréhensible
Lors d’une conférence animée en 2016, à l’occasion de la célébration de la disparition du savant, le Pr Babacar Sall, archéologue, avait déploré que l’actualité de la pensée de Cheikh Anta Diop reste toujours « incompréhensible » dans les esprits des Africains. « Les Noirs n’ont pas encore compris que leur devenir est lié à la connaissance de ce qu’ils ont été », avait martelé l’égyptologue. Pour quelqu’un comme l’historien et égyptologue congolais Théophile Obenga, qui a longtemps cheminé avec Cheikh Anta Diop, l’homme qui a donné son nom à l’Université de Dakar s’est fait distinguer par sa création de concepts. « C’est ma conviction, disait-il, car il a permis aux Africains d’assumer ensemble les combats ». Le disciple du chercheur regrette cependant cette « faiblesse conceptuelle qu’il y a chez les Africains », avec cette facilité qu’ils ont parfois à « s’approprier les choses des autres ». « A la lueur de l’analyse globale de son œuvre, on constate que Cheikh Anta Diop a sérieusement ébranlé l’idéologie européenne en démontrant scientifiquement l’origine monogénétique et africaine de l’humanité, l’origine africaine de la civilisation égyptienne, l’origine africaine du savoir grec sans oublier l’origine africaine des concepts philosophiques, des religions dites monothéistes », s’était réjoui Babacar Sall.
A la fois physicien, paléontologue, historien, anthropologue et linguiste, le savant sénégalais a démontré que l’Afrique était bien la première civilisation au monde. Un point de vue qui lui a valu de vives critiques en Occident et sur le continent. « L’œuvre intellectuelle de Cheikh Anta Diop nous révèle un vaste champ de connaissances précises et bien développées », avait soutenu le Pr Obenga. Son apport intellectuel dépasse de loin les cadres étroits que comprennent les classifications égyptologues, avait-il ajouté. Selon lui, le professeur fut aussi un scientifique méticuleux qui nous a laissé des chemins bien tracés dans des domaines aussi divers que la linguistique et la chimie, l‘économie politique et l’esthétique.
Encore des efforts à faire
Trouvée en face de la bibliothèque du département, Rougui Thiam, étudiante en Licence i, pense que le Sénégal doit faire beaucoup d’efforts,pour que l’œuvre du savant soit bien connue. Déjà, cette originaire de Ndendory,dans le département de Kanel, se félicite de sa présence dans le programme dès la Licence 2.
Etudiant guinéen ayant fait tout son cursus scolaire au Sénégal, Mamadou Saliou Barry, inscrit en Licence II au département d’Histoire, dit être fier de parler d’un grand savant, avocat du continent africain. « Pour son immense œuvre, Cheikh Anta Diop mérite plus de considération, notamment par la vulgarisation de son travail », estime-t-il. « L’œuvre de Cheikh Anta Diop n’est pas bien valorisée au Sénégal ; ce qui est dommage ! Elle est enseignée en classe de Terminale en philosophie et en Seconde en histoire. Mais, on peut faire plus », déclare Souleymane Diao, étudiant en Licence 1 en Histoire. Il souhaite que le travail de Cheikh Anta Diop soit au programme dès la Licence I. Un autre étudiant, en Master 2 en Histoirecette fois, prône, sous l’anonymat, un travail de vulgarisation dans d’autres départements de l’Ucad, à savoir en Géographie, Philosophie, Physique...
LABORATOIRE CARBONE 14
Immersion dans l’antre du savant
L’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) abrite le Laboratoire carbone 14, une réalisation du Pr Cheikh Anta Diop connue essentiellement en datation à des fins archéologiques.
Derrière l’imposant bâtiment de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), se trouve une petite bâtisse. Elle abrite le Laboratoire de carbone 14. Tout juste en face de l’entrée principale, une affiche est collée au mur. On peut y lire des détails sur sa date de création, en 1965, par Cheikh Anta Diop. « Ce laboratoire est le noyau d’un centre atomique des basses énergies où les techniques suivantes sont en cours d’application », lit-on sur l’affiche. « Le laboratoire est devenu fonctionnel en 1966 et les datations ont été faites jusqu’au début des années 1980. L’activité du laboratoire s’est arrêtée complètement en 1986, date de la mort de Cheikh Anta Diop », explique le Pr Maurice Ndèye, chef du labo. Selon lui, les travaux de recherche effectués portent essentiellement sur la datation à des finsarchéologiques, préhistoriques, géomorphologiques, hydro-chronologiques, géologiques, océanographiques, paléo-climatologiques, géochimiques, etc. Il y a aussi des mesures de faibles activités en vue de déterminer la pollution atmosphérique et océanique, la contamination de la végétation... Entre 1999 et 2001, le gouvernement sénégalais a donné son feu vert à la réhabilitation du laboratoire. Ceci a permis de restaurer le bâtiment, d’acquérir un nouvel équipement et d’avoir un laboratoire neuf et fonctionnel. « Les premières nouvelles datations commencèrent en 2003 après une calibration du compteur par les échantillons fournis par l’Aiea et l’Université Paris VI », renseigne-t-il. Après ces explications, M. Ndèye nous fait visiter les différents compartiments de cette structure où le savant sénégalais a passé une bonne partie de sa carrière. D’abord, la salle 1 qui est celle du prétraitement des échantillons. Ensuite, nous pénétrons dans la salle du musée. « Dans cette salle, on y retrouve tout le matériel qu’utilisait Cheikh Anta Diop. Il est devenu obsolète », dit-il. Ensuite, il y a la salle de prétraitement chimique où on traite la pollution marine. La salle de synthèse, comme son nom l’indique, reçoit les échantillons après le prétraitement. Enfin, il y a la salle de comptage où se trouve un compteur à scintillation liquide. « C’est dans ce compartiment que se pratique la datation, renseigne Maurice Ndèye qui dirige ce laboratoire depuis 2003.
Le Laboratoire de carbone 14 continue de recevoir des chercheurs, des enseignants et des étudiants. « Nous encadrons des étudiants. Chaque semaine, nous recevons aussi des élèves », note-t-il non sans préciser que l’infrastructure participe à l’animation scientifique de l’Ucad. D’ailleurs, le Labo a été choisi pour abriter la 22èmeConférence internationale sur le carbone 14 qui a eu lieu en 2015. « Depuis la découverte, par Frank Libby,en 1949, de la méthode de datation par le carbone 14, les spécialistes du genre se retrouvent, tous les trois ans, à l’occasion d’une conférence internationale, pour débattre des avancées des travaux et des découvertes dans ce domaine », informe M. Ndèye,soulignant que le Laboratoire participe régulièrement à ces rencontres. « De 2003 à 2012, notre laboratoire s’est distingué par des présentations scientifiques aux différentes conférences respectivement organisées par les villes de Wellington, Oxford, Hawaï et Paris », ajoute-t-il.
Même s’il fonctionne, fait savoir son chef, le labo est confronté à un problème de moyens. « Un laboratoire doit avoir un budget consistant. C’est un laboratoire de physique et de chimie, et cela demande beaucoup de moyens. Nous sommes régulièrement confrontés à des problèmes de budget », regrette le Pr Ndèye.
PAR MALICK SY
LE RISQUE DE PRENDRE ENCORE 5 ANS FERME
Cette disparition programmée de la Primature ne sera qu'un ingrédient de ce cocktail d'indices qui laisse entrevoir que le président de la République est en train, méthodiquement, de se sculpter un pouvoir qui lui ressemble, c'est-à-dire autoritaire
La prestation de serment pour son second mandat avait presque les allures d'un couronnement. Pour légitimer une légalité que lui conteste ses principaux adversaires politiques, Macky Sall s'est tourné vers ses pairs pour donner une onction, du moins diplomatique, à son nouveau mandat. A défaut d'une liesse populaire. Pour marquer les esprits, il n'a pas lésiné sur le casting avec un parterre de chefs d'États et de diplomates étrangers, invités à écouter son discours d'investiture qui ressemblait à s'y méprendre, à une opération fenêtres ouvertes pour le meilleur après un septennat portes ouvertes pour le pire. Lui qui avait fait naître en 2012, une immense espérance, avant que son système de gouvernance ne jette une lumière crue sur un régime qui, tout au long, aura pris congé de l'exemplarité et de l'intégrité.
Nombreux étaient les Sénégalais qui attendaient beaucoup de sa promesse d'une "république sobre et vertueuse", mais le mythe de la morale républicaine dans la gestion des affaires publiques se révèlera être une immense farce. Et quid du mantra de sa conquête du pouvoir "la Patrie avant le Parti", que Macky Sall psalmodiait à longueur de discours, qui a laissé place à une gouvernance consanguine et clanique où l'APR s'est substituée à la Patrie, où sa famille et belle famille ont infiltré le sommet de l'Etat.
Durant toute sa première mandature, le Président Sall aura mis la loyauté à ses propres intérêts, à ceux de son clan et son obsessionnelle réélection au-dessus de la République. Après sept ans de règne, il connaît bien le chemin et la séquence nouvelle qui s'ouvre pour cinq ans, risque de ne pas s'en écarter, bien au contraire. Parce que le centralisme autoritaire de Macky Ier fut une merveille d'orfèvrerie politique, pas étonnant de le voir ressortir la même enclume, pour forger la mandature de Macky II.
La première parure à en sortir, sera la suppression annoncée du poste de premier ministre. Un énième tripatouillage constitutionnel, voulu par Macky Sall et façonné par le virtuose de la jonglerie institutionnelle, Ismaila Madior Fall. Et voilà que ces deux là s'apprêtent à plonger le Sénégal dans une lourde ère de compression autocratique avec un Président absolu, doté d'un pouvoir absolu et avec un droit de contrôle absolu sur tout.
Et cette disparition programmée de la Primature ne sera qu'un ingrédient de ce cocktail d'indices qui laisse entrevoir que le Président de la République est en train, méthodiquement, de se sculpter un pouvoir qui lui ressemble, c'est à dire autoritaire, avec comme cœur du réacteur, le principe fondateur des anciennes monarchies: "Si veut le roi, si fait la loi."
Alors que de raisons d'ironiser pour l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, sur les risques de transformation du Sénégal en une sorte de "néo émirat", taillé pour un seul homme et seul aux commandes de tout un système politique, financier, économique, médiatique et culturel qu'il n'hésitera pas à instrumentaliser pour sa gloire, son profit personnel et le choix de son successeur au trône. C'est dire, si les mandats passent, le cynisme mackysard demeure. D'une efficacité clinique. Même son ex mentor, Abdoulaye Wade n'a pas su faire mieux. Chapeau Président.
Plus sérieusement, ce qui se trame dans les coulisses du Palais n'est rien moins qu'un bouleversement en profondeur de notre système politique. Car la disparition du premier ministre va de facto, transformer l'Assemblée Nationale en une institution cosmétique pour ne pas dire factice, avec des députés qui n'auront plus aucun pouvoir, ni moyen de contrôle sur le gouvernement.
On est jamais assez prévenant. Le Président se prépare trois ans à l'avance, à toutes les hypothèses, y compris celle d'une défaite aux prochaines
législatives qui l'obligerait à se coltiner une majorité parlementaire dissonante. Et à l'heure du "fast track", pas question de brider la cadence présidentielle ou d'avoir une confusion tout au sommet de l'état.
Macky Sall veut prendre un précaution d'avance en se dotant d'un airbag en cas de collision institutionnelle.
Pour se prémunir du syndrome d'un exécutif à deux têtes et deux signatures, il va s'octroyer un illimix présidentiel avec des pouvoirs sans contre pouvoir et sans restrictions. Il n'en aura que faire d'un parlement opposé, qu'il pourra enjamber sans état d'âme et gouverner par décret. Si nécessaire.
Le clou, puisqu'il en faudra pour définitivement fermer le cercueil de Macky Ier, sera la pulvérisation de Benno Bok Yakkar, cette diligence électorale d'inutilité politique et publique que Macky Sall trimballe comme un boulet depuis sept ans. Bennomaniaque en 2012, bennophobe en 2019, le Président veut être seul maître à bord. Plus question désormais de se "farcir" les humeurs et les pressions de groupes politiques dont l'influence et le stock de militants sont inversement proportionnels à leurs exigences politiques. C'est dire si les jours de la coalition BBY sont désormais comptés.
Alors, que chacun se le tienne pour dit!
Il est des moments où la realpolitik se contrefiche des apparences. Macky Sall est autant démocrate que Gouy Gui est universitaire. Alors son appel au dialogue, de la tartufferie. Le Président n'est pas franchement un intégriste de la délibération et du consensus qui sont pourtant les fondements de tout système démocratique. Que personne ne soit surpris de voir le Palais transformé en forteresse où seront stockés les codes du feu nucléaire contre tous ceux qui oseront se mettre en travers de la volonté de puissance présidentielle.
Une chose est sûre, le Chef de l’Etat n'est pas prêt à dégager totalement les grilles de ventilation de la démocratie sénégalaise qu'il a volontairement obstruées pendant sept ans pour conserver, renforcer et perpétuer son pouvoir. Macky Sall joue au democrate habillé en Erdogan et en Kagamé qui sont comme par hasard, ses meilleurs amis et surtout ses références politiques. Recep Tayyip et Paul, deux chefs à la tête de deux systèmes présidentiels forts, deux hommes de fer qui ont une lourde mainmise sur les institutions de leur pays.
Chef de l'État, Chef suprême des Armées et Patron de la Magistrature suffisent-ils
aujourd'hui à l'omnipotence de Macky Sall ou se rêve t-il en Grand Timonier du Sénégal. Le chef de l'Etat s'est lancé dans une opération d'hyperprésidentialition à très haut risque. Quelle sera son échelle de mesure pour peser sa nouvelle toute puissance. Le succès de l'opération et l'adhésion des Sénégalais dépendront pour beaucoup, des capacités du Président de la République à véritablement mettre le Sénégal, sur les rampes de l'émergence économique.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE
MACKY OU LA SOLITUDE DU PYROMANE
EXCLUSIF SENEPLUS - On demande aux parlementaires d’être encore plus inutiles, plus haïssables : bouffez l’argent du peuple, préservez vos privilèges et fermez la ! Le super président fera tout
Peut-on jouer au sapeur-pompier quand on est fondamentalement pyromane ? Chanter la douce musique du dialogue national et jouer la mélodie du preux chevalier solitaire qui éperonne vigoureusement son cheval pour qu’il passe du trot de sénateur à la bride lâchée du pur sang, pour avaler un quinquennat jugé trop court, voilà ce que l’élu du 24 février dernier veut imprimer à son deuxième (et dernier ?) mandat.
D’accord, gouverner n’est pas simple, mais notre gouvernant en chef est aussi d’une complexité quasi insondable. Depuis le 2 avril dernier, il nous a montrés quelques unes de ses multiples facettes : projeter de cisailler des pans entiers de notre texte fondamental sur les chapeaux de roue en prenant de court toutes les forces vives du pays, tailler au coutelas de boucher votre gouvernement après trois semaines d’attente pénible pour ceux qui espèrent rester, ceux qui espèrent entrer, ceux qui rêvent de miracles, mettre à la retraite certains des plus efficaces, promouvoir des délinquants à col blanc épinglé par nos corps de contrôle et, suprême humiliation, charger votre ex-Premier ministre de rester, le temps pour lui, d’organiser sa propre mort. C’est fort et cruel à la fois.
Comble de la complexité, tout cela était sensé simplifier sa prochaine et dernière gouvernance, en coupant les goulots d’étranglement, en supprimant les lourdeurs administratives par la modernisation de celle-ci, en allant en guerre contre nos villes-poubelles-déchets, en mettant fin aux carnivores fonciers qui taillent en pièces terres arables et habitat social. Oui, vous annonciez vouloir faire tout ça mais pas seul. Vous annonciez un dialogue national que vous avez réitéré le 3 avril dans l’euphorie d’une victoire « mystérieuse » avec de grands efforts de sincérité qui ont bluffé votre monde...un instant. Oui seulement un instant.
La surprise passée, vous voilà devant les conséquences des décisions prises dans la hâte et la solitude : faut éteindre le feu. Devenir sapeur-pompier après avoir été un pyromane convulsif. Oui, vous accumulez les fautes à une super cadence que même Mimi la sprinteuse doit s’étonner de vos foulées monstrueuses qui la relègueraient presque en queue du peloton.
Oui, vous avez fait si vite et si seul toutes ces choses -à, que mon confrère Madiambal (qui vous aime bien), dans son dernier « Lundis » semble s’inquiéter pour vous en écrivant : « Macky risque de se tromper seul ». Outre le fait qu’on peut discuter sur les notions de se « tromper seul » ou se tromper « collectivement », la vérité est que, quand on prend seul ses initiatives, quand sa constance c’est de clignoter à gauche et tourner à droite ; quand la fonction présidentielle s’apparente au métier du boulanger qui roule dans la farine les consommateurs et vous vos interlocuteurs, pourquoi s’étonne-t-on que forcément on se trompera seul. Voyez-vous, c’est le propre des monarques et autres apprentis tropicaux.
Peut-on, doit-on, s’étonner et plaindre celui qui hier, jurait de défendre, respecter et faire respecter les institutions devant Dieu et la Nation et, le lendemain, se comporter comme le plus grand « serial killer » de ces mêmes institutions ? On se trompe toujours seul quand on se taille les habits de monarque même pas éclairé. Le problème, non la tragédie, c’est que, voyez-vous, la faute solitaire occasionne toujours des dégâts collatéraux collectivement tragiques.
Il y a trois ans on nous imposait un référendum pour « parfaire » notre texte fondamental en introduisant 16 (18 ?) points. De l’avis de tous, ce fut les élections les « plus calamiteuses » de toute l’histoire politique contemporaine du Sénégal. Aujourd’hui, on veut charcuter autant d’articles (ou plus) par le biais d’une Assemblée aussi efficace que la caisse enregistreuse de ...Auchan. On demande aux parlementaires d’être encore plus inutiles, plus haïssables, plus parasites si c’est possible : bouffez l’argent du peuple, préservez vos privilèges et fermez la ! Le super président fera tout, règlera tout, vous soumettra tout, et vous, on ne vous demande qu’une seule chose : bouffez et fermez la ! C’est dans vos cordes non ? La question est : à quoi sert une telle Assemblée ? Que les députés de la majorité ne soient aucunement incommodés par leur nouvelle fonction peut se comprendre, dans une certaine mesure. Mais les députés de l’opposition, qu’en pensent-ils ? Ils vont faire comme les autres : bouffer et la fermer ?
Il veut un quinquennat qui s’écoule comme un long fleuve tranquille en se passant des institutions de régulation et de contrôle. Il veut un quinquennat au décollage plein gaz avec une vitesse de croisière. Seulement, il y a un risque à ce genre d’actions : atterrissage catastrophe, boites noires introuvables...
Un quinquennat du silence donc. Même les éléments de son Secrétariat Exécutif national (SEN), qu’il a convoqués à son palais, ont été frappés ...de silence. L’empereur a parlé, demandé aux grognons de ne plus polluer les pages des journaux et autres médias via leurs militants. Un SEN sans débats donc. A force de cohabiter avec les premiers théoriciens de congrès sans débats, on risque la contamination. On avait, paraît-il, demandé à un marronnier, de proposer une motion pour que la réunion soit sans débats...
Aux députés, on demandera de voter et de faire le mort ou d’aller s’occuper de leurs vergers puisqu’ils seront désormais en chômage technique plus ou moins longue durée, selon les oukases du Prince. Aux alliés ensuite, on rappellera, s’ils veulent continuer à partager la table du Prince, ils savent ce qui leur reste à faire : chanter les louanges d’un compagnonnage très jouissif, en faisant rentrer dans les rangs les empêcheurs de manger en paix. Qu’ils restent donc à l’hôtel Rebeuss jusqu’à la fin du quinquennat.
Mais si on en croit certains journaux (qui donnent l’info comme s’ils y étaient), le Président, dans sa grande ouverture d’esprit, a déclaré maintenir l’appel au dialogue, et demandé à son ministre de l’Intérieur de lancer les convocations. Pendant des mois, ils vont nous pomper l’air avec cette histoire de « dialogue ». Au détriment de nos urgences qui sont elles, très sociales.
Une question quand-même : comment accueillir la nouvelle République de Ndoumbélane qu’on nous prépare : se laisser anesthésier totalement, ou résister malgré tout ? Parce que, c’est tout de même long, un quinquennat !
Pourquoi ne peut-on pas échanger le Franc CFA en Europe ? La question, posée par un internaute à Africa Check, s’ajoute aux multiples interrogations d’Africains vivant ou séjournant en Europe et qui ont le Franc CFA comme monnaie dans leurs pays respectif
Africa Check |
Mame Gor Ngom |
Publication 16/04/2019
Pourquoi ne peut-on pas échanger le Franc CFA en Europe ? La question, posée par un internaute à Africa Check, s’ajoute aux multiples interrogations d’Africains vivant ou séjournant en Europe et qui ont le Franc CFA comme monnaie dans leurs pays respectifs. Africa Check a interrogé des experts pour en savoir plus.
Un Africain avec la ferme volonté d’envoyer son courrier en Afrique se présente à « La Poste » en France avec un billet de 2.000 Francs CFA. Refus catégorique des agents de l’institution financière qui arguent : « c’est seul l’Euro qui a cours en France ».
On voit le même monsieur sur une autre vidéo, cette fois devant ce qui ressemble à un guichet de la compagnie aérienne Air France, voulant également effectuer une transaction avec des billets de CFA. Nouveau refus.
Mais pourquoi donc les commerces en France refusent de prendre le franc CFA ?
Interrogé par Africa Check, le Professeur Ahmadou Aly Mbaye Professeur d’Economie à la Faculté des Sciences économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, estime aussi que « quand on parle de monnaie, on parle de cours légal ».
« Toute monnaie a cours légal quelque part, par exemple le Dollar a cours légal aux Etats Unis, le Franc CFA n’a pas cours légal en France », indique-t-il.
« Autrefois, les francs CFA pouvaient être échangés aux guichets de la Banque de France. Ce n’est plus le cas depuis 1993 », poursuit Fanny Pigeaud.
« Allez dans une boutique Wari ou Orange Money et tendez de la Livre ou du Dollar. En Europe, aussi, c’est la même chose. Pourquoi prendre une monnaie que l’on ne connait pas ? (s)’il n’y a pas les moyens matériels de contrôler le billet et (si on ) doit supporter un coût pour (le) convertir », étaye-t-il.
C’est tout l’intérêt des comptes d’opérations, renchérit l’enseignant chercheur à l’Université de Dakar. « Si vous voulez acheter même en Corée du Sud des produits comme Samsung, LG ou Hyundai, vous n’allez pas vous déplacez avec de la liquidité, c’est une opération entre banque commerciale et banque centrale pas entre particulier, le système financier est organisé partout dans le monde. Nous avons une parité fixe avec l’Euro, c’est un choix », explique-t-il.
Manque de constance, flottement…
Pour le Professeur Ahmadou Aly Mbaye, « l’un des problèmes avec le franc CFA est qu’il est rigide ».
« On a dévalué (le Franc CFA) qu’une seule fois alors que l’évolution de la conjoncture peut justifier qu’on dévalue même si c’est difficile », préconise-t-il.
Selon ce Professeur d’Economie, « il faut que les pays se battent pour garder constante la valeur de leurs monnaies ». On considère ce manque de constance comme « un inconvénient qui s’applique à tous les régimes de change fixe », souligne-t-il.
« C’est plus facile de laisser la monnaie flotter mais le risque est que dans ce cas, les pays sont plus vulnérables aux chocs extérieurs », laisse-t-il entendre.
Devise et monnaie
« La monnaie est un instrument d’échange grâce auquel l’achat immédiat de tous biens et services est possible sans coûts de transactions ni coûts de recherche. C’est un phénomène social qui se base sur la confiance. Si une devise est une unité monétaire acceptée par un pays étranger, la monnaie est une unité monétaire acceptée à l’intérieur du pays », explique Docteur Cheikh Ahmed Bamba Diagne, directeur Scientifique du Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM).
« Le mot « Central » veut dire centralisation des réserves de changes et les pays de l’UEMOA ont un seul compte d’opération, ce qui a justifié que, pendant les onze années de la crise ivoirienne, notre monnaie est restée stable avec une inflation maîtrisée », soutient Dr Diagne.
Par contre, souligne-t-il, « dans la zone CEMAC chaque pays garde ses réserves de changes, c’est pour cela que la Centrafrique a tous les problèmes pour s’en sortir sur le plan économique et avec la baisse des ressources pétrolières dans les pays qui en sont producteurs, en 2016 – 2017, certains mêmes pensaient à la dévaluation de leur F CFA ».
« Le fait que ces deux Francs CFA ne soient pas convertibles est une décision des pays de la zone CEMAC qui avaient constaté que les transferts des migrants étaient presque dans un sens et avantageait la zone UEMOA », explique à Africa Check, Dr Diagne.
Cette distinction s’explique par « la centralisation des réserves en zone UEMOA » ce qui fait d’elle une communauté, alors que « chaque pays a son compte d’opération dans la zone CEMAC » ce qui fait d’elle une coopération.
Le cours légal, c’est quoi ?
Selon le site www.boursedescredits.com, « le cours légal désigne la valeur reconnue par l’État de la monnaie officielle en circulation ».
« Par exemple, poursuit le site, dans les pays de la zone euro, personne ne peut refuser des euros, ni exiger de se faire payer dans une autre devise. S’il s’agit de billets ou de pièces, ils auront légalement cours partout dans cette zone. S’il s’agit de chèques, les conditions peuvent être très différentes d’un pays à l’autre, mais les virements peuvent et doivent être effectués en euros ».
Le site précise que « dans certains pays dont la monnaie est faible, certaines monnaies fortes n’ont pas de cours légal, mais leur usage est très fréquent, comme l’euro ou le dollar».