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23 août 2025
LES RESIDENTS DE LA CITE DES IMPOTS ET DOMAINES CRIENT LEUR RAS-LE-BOL
Les résidents de la Cité des impôts et domaines sont descendus dans la rue pour dire qu’ils ne veulent pas que leur cité soit transformée en urinoir à ciel ouvert ou en quartier où l’occupation anarchique de la voie publique règne en règle
Occupation anarchique de la voie publique, insalubrité, insécurité…
Mouvement d'humeur, avant-hier samedi, devant la mairie de la Patte d'Oie : les résidents de la Cité des impôts et domaines sont descendus dans la rue pour dire qu’ils ne veulent pas que leur cité soit transformée en urinoir à ciel ouvert ou en quartier où l’occupation anarchique de la voie publique règne en règle
D'après Pape Seck «Omer», un des initiateurs de ce sit-in, «ce combat date de 2004 et la situation est devenue intenable. Nous en avons marre. Nous ne pouvons plus vivre dans cette occupation anarchique de la voie publique, dans cette insalubrité, avec ces odeurs d'urine permanente, une insécurité totale et s'y ajoute l’ensablement du quartier». «A certaines heures, on ne peut pas sortir de chez soi à cause de l'insécurité. Il faut que cette commune écoute au moins les gens quand on adresse des lettres à la mairie. Les gens sont partis en réunion avec le maire pour trouver des solutions. Mais depuis, il n’a même pas levé le plus petit doigt pour pouvoir satisfaire les besoins des populations», se désole-t-il. «On ne demande pas de dons, ni autre chose. Ce qu'on demande, c'est que le maire fasse le travail qu'il faut faire pour nous garantir un cadre de vie adéquat. Je crois que ce n'est pas trop demander», assène «Omer» Seck
Banda Diop : «Dans les meilleurs délais, nous allons accéder à leur demande»
Réagissant à cette sortie de ses administrés, le maire de la Patte d’Oie déclare : «Je leur manifeste tout mon soutien par rapport à cette manifestation qui n'est rien d'autre qu’une manifestation contre les garages clandestins que les chauffeurs de car ‘Ndiaga –Ndiaye’ et certains transporteurs ont installé à la devanture de la cité et qui détériore le cadre de vie». «Nous leur apportons tout notre soutien. Il y a un courrier qu'ils ont envoyé le 12 février par lequel ils informaient qu’ils vont faire une manifestation. C’était en pleine campagne électorale. Et nonobstant cette action, je les ai reçus jusqu'à une heure tardive et j’ai appelé le sous-préfet de l'arrondissement pour l'informer. Mais déjà, j'ai répondu le 14 février pour leur dire que je suis en phase avec eux», s’est expliqué Banda Diop. Le maire de dire qu’il porte dans son cœur les récriminations de ses administrés. «Maintenant, vous nous laissez juger de l'opportunité et du contexte par lequel il faut agir», a-t-il ajouté, confiant : «dans les meilleurs délais, nous allons accéder à leur demande et on va les déguerpir. Mais qu'ils nous donnent le temps de faire une planification. Ce que je veux leur demander, c’est du temps pour une collaboration entre la municipale et l'autorité centrale. En tant qu'autorité, nous devons en effet travailler avec le CETUD, l'AGEROUTE, mais également avec le commandement territorial».
MADICKÉ NIANG QUITTE LE PDS
Le candidat à la présidentielle a annoncé son départ devant ses militants, réunis à Dakar samedi 9 mars - La candidature de l’ancien ministre – qui avait obtenu 1,48% des voix lors du scrutin du 24 février – a toujours été jugée dissidente par le parti
Le candidat à la présidentielle a annoncé son départ devant ses militants, réunis à Dakar samedi 9 mars. La candidature de l’ancien ministre – qui avait obtenu 1,48% des voix lors du scrutin du 24 février – a toujours été jugée dissidente par le PDS. Un parti qui ne l’avait pourtant pas exclu.
« J’ai décidé de tourner la page du PDS », a déclaré samedi Madické Niang, face à ses militants. Durant la campagne, le candidat a fait cavalier seul, sans les moyens ou le maillage territorial du PDS. Et sans le soutien d’Abdoulaye Wade.
La ligne du parti démocratique Sénégalais est restée intangible : Karim Wade ou rien. Dans un de ses communiqués avant le scrutin, Abdoulaye Wade n’avait même pas fait mention de Madické Niang comme un des candidats de l’opposition. L’indifférence reste la ligne en vigueur au PDS. « De toute façon, en se présentant à la présidentielle, Madické Niang avait acté sa démission de fait » explique un cadre, pour qui « c’est un non-événement ».
Le PDS ne s’est jamais donné les moyens pour le mettre à l’ écart. Contacté par RFI, Madické Niang explique que cette démission doit encore être officialisée au niveau des instances de son ancien parti. L’homme doit aussi réunir son entourage pour décider de la suite. Et, pourquoi pas, de la fondation d’un nouveau mouvement.
UN CAMION REMORQUE ECRASE UN APPRENTI-CHAUFFEUR
Un jeune apprenti-chauffeur est mort atrocement, avant-hier, à Rufisque. Il a été écrasé par un camion remorque qu’il était en train de dépanner.
RUFISQUE - Un jeune apprenti chauffeur répondant au nom d’Abdou Lahad Ka a rendu l’âme, ce samedi, dans des circonstances dramatiques au cours d’une opération de dépannage d’un camion remorque. L’accident malheureux a eu lieu, peu avant midi, dans un garage mécanique en face de l’arrêt «Thiakhaane» sur la nationale n°1. «Au moment où nous essayions de placer le cric sous le camion pour changer le pneu avant côté chauffeur, l’appareil de levage a cédé et la tête du camion s’est affaissée sur lui.
On n’a rien pu faire, il est mort sur le coup», a témoigné son compagnon Adama Kane qui l’assistait dans cette manœuvre. Visiblement affecté par cette mort atroce, le jeune Adama Kane avec qui il partageait le même garage, revient sur les derniers instants partagés avec celui qu’il qualifie d’homme affable. «Dans la nuit du vendredi, il m’a partagé sa connexion internet. Peu avant minuit, il m’a demandé d’aller me coucher, puisque le lendemain (ce samedi), on devait se réveiller, tôt le matin, pour achever les derniers réglages du camion avant de rallier Touba.
Au réveil, il a payé la note du petit-déjeuner pour ensuite me dire qu’il allait laver la tête avant du camion», a-t-il relaté. Il a par la suite informé avoir contacté aussitôt Badou Bâ, patron du camion immatriculé DL-5571- D qui, selon ses dires, a passé la nuit à Pikine. Les chefs mécaniciens des garages environnants ont pointé du doigt une certaine inattention de la part du défunt. Une erreur, selon eux, qui a été fatale à ce jeune apprenti. «Il aurait dû s’assurer que le cric était bien en place sachant que le camion magnum 480 avait à son bord un container lourdement chargé», a repris l’un d’eux qui déplore tout de même la mort du jeune homme.
Informés du drame, les éléments de la 14e Compagnie de secours des sapeurs-pompiers de Rufisque ont rappliqué sur les lieux. Le corps sans vie du jeune originaire de Touba, plus précisément du quartier Olomya, a été acheminé vers 13 heures 30 minutes dans une structure hospitalière de Rufisque. Les policiers enquêteurs du commissariat urbain de Rufisque ont procédé aux constats d’usage. Les deux ressortissants de Touba avaient fait escale à Rufisque, où ils avaient prévu de changer le pneu avant gauche, avant de rallier la ville sainte.
789 KG DE COCAÏNE SAISIS DANS UN CAMION SENEGALAIS...
... La drogue qui se trouvait dans le véhicule immatriculé TH (Thiès) à double fond devait être acheminée au Mali
4 personnes arrêtées (1 Sénégalais, 2 Nigérians et 1 Guinéen), le cerveau en fuite, l’affaire en lien avec Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)
La police judiciaire bissau-guinéenne a saisi samedi soir 789 kilos de cocaïne dans un camion sunugaalien immatriculé TH, donc de la région de Thiès. Selon la presse locale, la drogue était cachée dans un faux fond, dans plusieurs sacs de 30 kilos, dans des emballages noirs. La police a été obligée de démanteler le camion. Selon la même source policière, la drogue est arrivée dans le pays par voie maritime et a été placée dans le camion, appartenant à un élément associé à Al-Qaida du Maghreb islamique (Aqmi), dans un entrepôt près de la capitale. Le camion était chargé de poisson et était destiné au Mali, où la drogue devrait être acheminée. Il faut noter que selon la presse locale en Guinée Bissau, la cocaïne saisie, «avec un haut degré de pureté» est la plus grande saisie, après le record de 650 kg de drogue en 2007
... Dans un camion immatriculé à Thiès
Au cours de l'opération de police, qui a duré deux semaines, quatre suspects ont été arrêtés : un Sunugaalien, deux Nigérians et un Guinéen. Le cerveau de l’opération présenté comme un étranger est en fuite et activement recherché. Quelques heures après cette saisie, le président de la Guinée-Bissau, José Mário Vaz, a déclaré que la priorité du pays était la «grande guerre» contre le trafic de drogue. «Je dis souvent : regardez bien ces mains, ce ne sont pas les mains d'un seigneur de la drogue, d'un meurtrier ou d'un homme corrompu. Notre grand combat est contre l'épidémie de drogue. Ce fut donc un grand plaisir pour moi Hier, quand j’ai appris que cela s’était passé en Guinée-Bissau», a-t-il déclaré à Lusa après avoir voté pour les élections générales.
« COMMENT NOUS AVONS GERE L’ELECTION PRESIDENTIELLE »
La question sécuritaire a été une préoccupation majeure, lors de l’élection présidentielle. Hier, le commissaire Tabara Ndiaye, porte-parole de la police, s’est longuement prononcée sur la stratégie policière pour relever le défi, au ‘’Grand Jury’’
“Pour l'élection présidentielle, nous avons su prendre nos devants. On a élaboré une stratégie, depuis le parrainage, pour veiller au grain. Il y a eu un poste de commandement qui a été mis sur pied par l'autorité. Il y avait même des gendarmes et des militaires”, renseigne le commissaire Tabara Ndiaye. La porte-parole de la police nationale souligne qu’à Touba comme à Dakar, la police a su prendre les devants, ‘’car il y avait des craintes. Nos éléments ont été sur les lieux un peu plus tôt pour veiller au grain. Le ministre de l'Intérieur voulait que l’élection se passe dans de bonnes conditions. Ce qui a été le cas”.
En outre, la cheffe du Bureau des relations publiques de la police a été invitée à se prononcer sur la criminalité qui a pris de l’ampleur dans ce pays. Selon ses explications, c'est dû à certains facteurs qui ont pour noms débits de boissons, promiscuité, maisons meublées... “Ce sont des facteurs qui font que la criminalité persiste. Il urge d'organiser des méthodes préventives pour juguler ce phénomène. La plupart des bars doivent fermer à minuit. Cela dépend des licences. Mais il y a peu qui respectent cela. Mais nous contrôlons pour que, dans ce genre de lieux, la loi puisse être respectée. Nous faisons des descentes récurrentes dans les bars”, explique le commissaire. Fusion police-gendarmerie Faut-il fusionner la police et la gendarmerie ? “Nous espérons que, d'ici peu, les deux forces vont fusionner.
Les hautes autorités y pensent. Ce sera dans l'intérêt de tout le monde. Qu'il n'y ait plus cette séparation de secteurs entre la police et la gendarmerie. Que les gens travaillent en synergie. Pour l'instant, on n’en est qu'à la phase de réflexion. Les stratégies ne sont pas encore définies. Mais c'est sûr qu'à l'issue, ce sera dans l'intérêt de tous, autrement dit quelque chose qui va arranger tout le monde”, répond-t-elle. “Levée de certaines contraintes pour qu'il y ait plus de femmes” Selon les révélations du commissaire Tabara Ndiaye, il y a actuellement 27 femmes commissaires de police au Sénégal, 6 femmes officiers et une dizaine de sous-officiers. En tout, selon elle, il y a plus de 500 femmes dans la police. Soit 9 % du personnel. Malgré ce chiffre, les femmes peinent à percer. D'où, pour elle, la levée de certaines contraintes pour qu’il y ait plus de femmes dans la police. Il s'agit notamment de la taille et des capacités physiques.
Corruption dans la police La question de la corruption dans la police revient sans cesse au-devant de l’actualité. Aux yeux du commissaire Ndiaye, elle n'est pas systématisée. “Nous constatons des cas isolés et les fautifs sont toujours sanctionnés. On ne le rend pas public, mais il y a toujours des suites, à chaque fois qu'un cas est signalé. On ne fait pas de publicité sur ça pour le respect de la dignité”, dit-elle. Avant de laisser entendre que le métier fait toujours rêver les jeunes. En attestent les 12 000 candidats de l’année dernière pour juste 1 500 places.
« ATTENTION AUX RESEAUX SOCIAUX »
L’évêque du diocèse de Thiès, Monseigneur André Guèye, a demandé hier, aux jeunes fidèles catholiques, de faire “très attention’ ‘aux messages et commentaires qu’ils véhiculent sur les réseaux sociaux.
Pour consolider davantage la paix sociale et les acquis du dialogue islamo chrétien dans ce pays.
L’avènement du net en général et des réseaux sociaux en particulier a véritablement changé la manière de penser, d’analyser, et offre à l’homme une dose significative de liberté d’expression.
Dans les réseaux, on y voit presque du tout. C’est une tribune où on peut se faire insulter, attaquer par son prochain, laisser des commentaires salés sans coup férir. Face à l’ampleur du phénomène, l’évêque de Thiès trouve qu’il est utile de s’arrêter et de faire un diagnostic complet, afin d’y mettre un terme. Monseigneur André Guèye a mis à profit, hier, la célébration de la 29e édition du pèlerinage diocésain de Mont-Rolland, pour appeler les jeunes fidèles catholiques à une introspection générale. “Attention aux réseaux sociaux. J’appelle au respect des convictions religieuses dans les réseaux sociaux. Les commentaires qu’on voit dans les réseaux sociaux ne sauraient prospérer. Dès qu’il s’agit de religion, certains y laissent des commentaires et des propos insultants, voire irrespectueux. C’est une expression de la haine et du refus d’accepter l’autre. Une telle pratique ne doit prospérer au Sénégal. Car c’est une pire menace contre l’unité et la paix sociale. A nous de consolider cette paix sociale et les acquis du dialogue islamo-chrétien’’, a plaidé l’ancien curé de la paroisse Sainte croix de Bambey (Diourbel).
“LA PRESIDENTIELLE EST DERRIERE NOUS…’’
Devant un public réceptif et essentiellement composé de jeunes, le successeur de monseigneur Jacques Sarr (1934-2011) a ouvert un autre registre. Ainsi, monseigneur André Guèye a invité tous les politiques à préserver cette paix sociale si chère au Sénégal et symbole d’une nationale unie. “L’élection présidentielle est une page déjà tournée. C’est une histoire récente. Il n’y a plus de coalitions. Tout le monde se doit de préserver la paix sociale. Car c’est un bien-être fondamental. Tous doivent travailler à consolider cette paix sociale. Le président de la République, Macky Sall, a dit que le Sénégal est un et indivisible. Je crois que l’heure est venue pour se consacrer uniquement au peuple, parce que l’élection présidentielle est derrière nous’’, a recommandé l’ancien vicaire en la paroisse Sainte Anne de Thiès. Avant de clore son propos, l’évêque du diocèse de Thiès a encore insisté sur sa leçon du jour livrée à la jeunesse diocésaine : “
Attention aux réseaux sociaux.’’ A la suite de l’évêque, le maire de la commune de Mont-Rolland a reconnu que, sans la paix, il n’y aura pas de développement. C’est pourquoi Yves Lamine Ciss soutient que ce que le Sénégal a de plus cher, c’est la paix. “Nous n’avons pas encore de pétrole, ni de gaz, mais nous avons une richesse : c’est la paix. A nous de la préserver. L’élection est finie. Ceux qui sont dans l’opposition peuvent s’opposer, mais dans la paix’’, a ajouté le maire socialiste de la commune de Mont-Rolland.
« HISTORIQUEMENT, AU SENEGAL, CEUX QUI SONT AU POUVOIR SONT PLUS DEMOCRATES QUE CEUX QUI SONT DANS L’OPPOSITION »
Quand Ismaïla Madior Fall parle, tout le monde écoute. La Constitution, la science politique, c’est son dada. Bien avant même l'homme politique.
Spécialiste reconnu par ses pairs, il revient, dans cette interview avec “EnQuête’’, sur des questions cruciales qui continuent de cristalliser la vie de la nation. Avec lui, pas de questions qui fâchent. Le troisième mandat, le processus électoral, les réformes judiciaires... Il dit ce qu'il pense. Comme il le pense. N’en déplaise à ses détracteurs. Entretien !
Quels enseignements tirez-vous de l’élection présidentielle du 24 février dernier ?
Je pense qu’il faut quand même reconnaitre que c’est une élection qui s’inscrit dans la logique de la consolidation démocratique du Sénégal. Elle entre dans la ligne des dernières élections organisées au Sénégal et présente assurément une valeur ajoutée certaine à la richesse démocratique du Sénégal. Dans notre pays, au moins depuis 1993, les élections se passent de manière tout à fait transparente. Généralement, les élections suivent trois étapes dans un pays : celle de la transition, celle de la consolidation et celle de la routinisation. Le Sénégal est au stade le plus élevé, celui de la routinisation où l’élection devient un évènement républicain ordinaire, facteur non pas conflictogène, mais d’apaisement de la société et de régénération de la légitimité. Mais la présidentielle de 2019 revêt tout de même quelques particularités. La première particularité, c’est le parrainage qui a produit son effet de rationalisation des candidatures, d’amélioration de la lisibilité du jeu politique et d’apaisement de la compétition. L’autre particularité très importante, c’est la qualité de l’organisation. Tous les acteurs indépendants reconnaissent que l’élection a été très bien organisée. Le troisième enseignement, c’est le taux de participation qui est de plus de 66 %. C’est tout à fait remarquable, même si le record de 2007 - qui est de 70 % - n’a pas été battu. A Rufisque, nous avons eu 72 % de participation. Cela montre aussi la maturité civique des populations et leur détermination à régler leurs problèmes par le biais de l’élection. C’est d’ailleurs cette maturité qui fait que les multiples appels à manifester de l’opposition ne sont jamais suivis d’effet. Les citoyens sénégalais sont mûrs et ont une conscience démocratique élevée. Ils savent que le moment décisif dans une démocratie pour prendre une décision qui engage le destin du pays, c’est le moment électoral. Finalement, c’est une élection qui a consolidé notre démocratie et dont le Sénégal peut être très fier. La onzième élection a été la meilleure de toutes.
Vous vantez les mérites de la loi sur le parrainage. Mais certains de ces effets ont été très décriés. Ne faudrait-il pas revoir cette loi ?
Je pense qu’à l’unanimité, les acteurs reconnaissent les effets positifs de cette loi. En Afrique, beaucoup de pays sont en train d’ailleurs de réfléchir sur cette expérience du Sénégal. Il y a un pays, notamment en Afrique de l’Ouest, où il y a eu récemment 70 candidats. Beaucoup de pays se disent qu’il faut aller au Sénégal pour voir comment ils ont réussi le parrainage. C’est une bonne technique de rationalisation et de régulation de l’élection. Maintenant, la loi n’est pas parfaite ; aujourd’hui, après l’élection, il convient de faire une évaluation sereine de ce système qui nous a quand même permis d’avoir une très bonne élection.
Qu’est-ce qui n’a pas marché, à votre avis ?
J’ai entendu certains candidats dire qu’ils auraient voulu avoir davantage d’informations sur le logiciel qui a permis de sélectionner les parrainages. Si cela peut aider à renforcer la transparence, c’est bien. Certains ont aussi regretté la bousculade qu’il y a eu au premier jour. Je pense qu’on peut trouver un système où il n’y aura plus de bousculade en invalidant, par exemple, les doublons pour tous les candidats concernés. Il faudra observer toutes les forces, mais aussi les faiblesses afin de les corriger. C’est comme ça que la démocratie avance. Il faudra discuter de tout cela en vue d’initier les réformes nécessaires. Je dois dire que c’est aussi ça la particularité du Sénégal. C’est toujours après les élections que le pays tire les enseignements et fait des bonds très importants en matière de démocratisation.
Vous êtes aussi un spécialiste des sciences politiques. Suite à ce scrutin, d’aucuns ont parlé de renouveau d’Idrissa Seck et d’émergence d’Ousmane Sonko. Etes-vous surpris par leurs résultats ?
Il faut considérer qu’il y avait des chances que même les candidats malheureux aient de bons scores, pour une raison très simple. Avec le parrainage, on a réduit le nombre de participants. Ce qui fait qu’il y a une concentration des suffrages sur un nombre limité de candidats. Et ici, c’était au bénéfice de trois candidats principalement. Sinon, je pense que, pour Idrissa Seck, il n’y a pas eu vraiment de performances, au regard de son histoire personnelle. C’est quand même sa troisième élection présidentielle (il insiste). A sa première participation, il a eu plus de 14 %. Après, en 2012, il est descendu à moins de 8 %, pour se retrouver aujourd’hui, dans ces conditions, avec 20 %. C’est une performance, mais pas suffisante pour gagner une présidentielle. Macky Sall était à plus de 26 % à sa première participation. C’est ça un gagneur. Pour Sonko, je pense qu’il a su cristalliser le vote contestataire. Comme dans toute démocratie, il y a l’opinion majoritaire qui est d’accord avec le système et une frange, souvent minoritaire, de cette opinion qui croit que le système doit radicalement changé. Je pense qu’il a pu bénéficier de ce vote antisystème, si on peut l’appeler ainsi. Mais, à mon avis, il a atteint le plafond. Je ne crois pas qu’un candidat qui a l’insulte à la bouche, qui est si radical et contradictoire dans ses positions, puisse un jour avoir la majorité des votes des Sénégalais. C’est un score honorable, mais avec lui, c’est le plafond de verre. A mon avis, il va stagner ou dégringoler, comme Seck entre 2007 et en 2012 ; c’est évident. Je ne vois pas les Sénégalais, le peuple qui a élu Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, élire un candidat qui a ce profil. Il n’a pas le parcours, la maturité, la tenue et la retenue pour exercer la magistrature suprême. Il n’a pas le profil du métier.
Du côté de la majorité, quelle lecture devrait-on faire de ces plus d’1,5 million de Sénégalais qui ont quand même voté contre votre candidat Macky Sall ?
D’abord, il faut admettre qu’en démocratie, qu’il y ait des gens qui ne soient pas d’accord. En théorie de la science politique, on dit que pour qu’une démocratie soit qualifiée de pluraliste, il faut que 30 % des électeurs au moins soient de l’opposition. Ici, on a 42 % ; on est donc sur les standards. Mais, je dois souligner que c’est quand même extraordinaire pour un président qui a fait 7 ans de gagner au premier tour avec 58 %. C’est un véritable vote d’adhésion, à mon avis. Maintenant, pour les 42 % qui ont eu un vote défavorable, il faut voir, comme l’a dit le président luimême, pourquoi ils n’ont pas voté pour nous et essayer de voir comment faire pour qu’ils se reconnaissent dans les politiques publiques que nous sommes en train de mener. Le président est très attentif à leur égard.
Il se dit que la majorité avait particulièrement horreur d’un second tour. Etait-ce votre cas ?
Un second tour, c’est vrai, peut toujours être risqué, dans nos pays. Mais cela ne veut pas dire que le président sortant perd obligatoirement. Au Mali, c’est au second tour qu’IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) a gagné l’élection. Le second tour n’est donc pas si fatal. Maintenant, c’est toujours plus confortable de gagner au premier tour. Sinon, c’est la porte ouverte aux chantages. Aussi, la légitimité pourrait être un peu érodée. Voilà pourquoi l’enjeu était, pour nous, de gagner dès le premier tour. En dehors des hurlements et cris d’orfraie de l’opposition, tous les indicateurs étaient au vert pour un passage au premier tour.
L’opposition conteste les résultats, mais n’a pas jugé utile d’aller le faire devant le Conseil constitutionnel. N’est-ce pas grave, dans une démocratie, quand les acteurs en arrivent à ce niveau de remise en cause des institutions ?
Dans une certaine mesure, oui. Mais il faut se demander pourquoi ils ne vont pas devant le Conseil constitutionnel. Si on dit qu’on n’est pas d’accord, il y a des voies de droit qui permettent de formuler notre désaccord et de faire en sorte que la justice nous donne raison. S’ils ne l’ont pas fait, c’est surtout parce qu’ils n’ont pas d’arguments à faire prévaloir. Je pense qu’on est plutôt dans ce cas, parce qu’ils n’ont rien contesté dans les Pv qui émanent des bureaux de vote. Vous savez, le problème, devant le juge électoral, c’est qu’il vous demande où est la preuve de vos allégations. Si vous n’avez pas de preuves, il ne donne pas suite à votre requête. Maintenant, la contestation de l’élection est une donnée inhérente à l’histoire politique du Sénégal. En 1963, lors de la première élection, il n’y avait qu’un seul candidat, mais les élections étaient contestées. En 1978, il n’y en avait que deux (Senghor et Wade). Tout le monde sait que Senghor avait gagné, mais Wade avait contesté. En 1983, même chose avec la première élection d’Abdou Diouf. La contestation était tellement vive qu’il était envisagé de boycotter l’Assemblée nationale. D’ailleurs, Cheikh Anta Diop avait boycotté son poste de député.
En 1988, la contestation a viré à des émeutes. En 1993, alors qu’on venait d’adopter le Code électoral consensuel, qualifié de meilleur code du monde par l’opposition même, l’opposition a contesté. La contestation a été tellement vive qu’un magistrat a été tué. En 2000, pas de contestation. Pourquoi ? Parce que le pouvoir a perdu. En 2007, le sortant gagne et il y a encore contestation. Une contestation qui a même abouti au boycott des législatives de la même année. Or, c’était bien une élection transparente, en 2007. Moi, je n’étais pas avec Wade, mais je reconnais qu’il l’avait gagnée normalement. En 2012, pas de contestation parce que le pouvoir a perdu. En 2019, on conteste parce que le pouvoir gagne… Situation cocasse : les alternances sont célébrées, les victoires du pouvoir chahutées…
Votre conclusion ?
J’ai au moins deux conclusions. Premièrement, l’élection est toujours contestée, lorsque l’opposition ne gagne pas. Deuxièmement, on a l’impression que ceux qui sont au pouvoir sont plus démocrates que ceux qui sont dans l’opposition. Je le dis parce qu’en 2000, c’est Diouf qui appelle Wade pour le féliciter. Même chose en 2012. Mais l’opposition, elle, n’a jamais appelé le pouvoir pour le féliciter. Je considère donc qu’il y a une négation systématique des lois les plus élémentaires de la démocratie quand on est dans l’opposition. Mais heureusement, et c’est intéressant, celle-ci a l’habitude de contester, mais elle revient toujours à la raison. Les contestations ne sont pas de longue durée.
La particularité, cette fois, c’est qu’on en est quand même arrivé à une série d’arrestations. Cela se justifiait-il ?
Vous aurez remarqué que les citoyens paisibles n’ont pas été arrêtés. Ceux qui sont allés voter et rentrés tranquillement chez eux n’ont pas été arrêtés. Ceux qui se sont limités à dire qu’ils ne sont pas d’accord n’ont pas été arrêtés, non plus. Ceux qui ont été arrêtés, ce sont les fauteurs de troubles, ceux qui ont été à l’origine de troubles à l’ordre public. Certains ont été à l’origine de sinistres avec des bus de Ddd qui ont été brûlés, des gens qui ont été grièvement blessés. A Sacré-Cœur, un citoyen s’est même trouvé presque amputé d’une main, du fait d’une bombe artisanale jetée dans un meeting. Ça, il faut aussi le regretter. Aujourd’hui, les autorités judiciaires s’inscrivent dans une démarche d’indulgence, d’apaisement, de décrispation. La plupart des membres de l’opposition qui ont été arrêtés ont été libérés, à l’exception de certains sur qui pèsent de faits quand même assez graves. On ne peut pas tout se permettre, parce qu’on est en période électorale.
Certaines de ces dérives passent par les réseaux sociaux. Aujourd’hui, que faudrait-il faire pour mettre leurs auteurs hors d’état de nuire ?
Il y a, à mon avis, un impératif, je dis bien, je le répète, un impératif de réglementer l’utilisation des réseaux sociaux dans notre pays, notamment en rapport avec la démocratie, avec l’élection. Il nous faut des mesures législatives strictes pour encadrer, réprimer, lorsque c’est nécessaire, les fake news, lorsqu’ils ont un impact politique, électoral ou subversif. Toutes les démocraties l’ont fait.
A propos toujours de la Présidentielle, certains ont commencé à parler de vote communautariste, voire ethnique et religieux. Etes-vous de cet avis ?
Sur cette question, on a vite parlé. On a vite dit des choses. Au fond, c’était une question de sociologie électorale. Il faut faire des enquêtes pour voir quelle est la composition de la population qui a voté pour tel candidat. A quelle ampleur tel groupe a voté pour tel candidat. En plus, il faudra comprendre quelles sont les motivations du vote des uns et des autres. C’est une question classique en science politique. On parle de l’électeur rationnel et de l’électeur émotionnel. Est-ce que le vote a été plus rationnel ou émotif ? Moi, je pense que c’est une question fondamentale qui se pose. Mais, à mon avis, les réponses qui ont été formulées l’ont été de manière hâtive. Elles ne résultent pas d’analyses approfondies. Il appartient à ceux qui s’intéressent à la sociologie électorale d’approfondir la question et de donner les vraies réponses et non les fausses réponses que j’entends dans la presse.
Donc, pour vous, il n’y a pas de souci à se faire par rapport à ce possible repli identitaire de certains groupes sociaux ?
Non ! Je pense qu’il n’y en a pas. En tout état de cause, il faudra faire des études avant de pouvoir se prononcer dans un sens ou un autre. On pourrait faire de l’histoire politique ou de la sociologie électorale pour avoir la réalité du phénomène et l’explication du phénomène. De ce point de vue, on constate qu’il y a au Sénégal des zones qui sont habituellement favorables au pouvoir et d’autres qui le sont moins. Par exemple, les sages disent que chez nous les Lébous, on n’est généralement pas hostile au pouvoir, quand il est raisonnable dans sa manière de gouverner. C’est le cas également dans le Nord. Dans d’autres localités, la réalité peut être différente
Le président de la République a appelé au dialogue. Quels devraient en être les contours ?
D’abord, c’est le énième appel du président Macky Sall. Il avait lancé un dialogue sur les institutions, sur la décentralisation, un dialogue sur tout ce qui est social, sur le Code électoral… Ce n’est donc pas nouveau. A l’instar des précédents appels, il faudra dialoguer sur tout, notamment sur la démocratie, l’organisation de l’Etat, le fonctionnement des institutions, le processus électoral, le statut de l’opposition… L’agenda du dialogue, les termes de référence seront définis, si l’opposition répond favorablement.
Par rapport au statut du chef de l’opposition, on en parle depuis longtemps. Pourquoi ça bloque ?
Pour moi, rien ne bloque. Mais encore faudrait-il que celle-là qui est concernée, qui est intéressée, à savoir l’opposition, consente au dialogue. Le pouvoir ne peut pas, de façon unilatérale, définir le statut de l’opposition et de son chef. Après, il y a un problème pratique qu’il faudra régler. Est-ce que nous allons faire un statut de l’opposition parlementaire ou un statut de l’opposition nationale. Si c’est l’opposition parlementaire, le chef de l’opposition devrait être un parlementaire. Si c’est l’opposition nationale, on pourrait envisager que celui qui est arrivé deuxième à la Présidentielle soit le chef de l’opposition.
Quelle est la meilleure formule, selon vous ?
Sachant qu’on est un régime présidentiel, et que l’élection présidentielle est celle qui détermine les autres, elle est donc l’élection mère, l’élection phare, la plus importante, elle devrait à mon sens permettre de désigner qui est le président de la République, mais aussi qui est le chef de l’opposition.
Si on vous suit, ce devrait donc être Idrissa Seck ?
A mon avis, si on est dans la logique du régime présidentiel et si on fait jouer à cette élection toutes les fonctions qu’elle devrait jouer dans notre système politique, le chef de l’opposition devrait être Idrissa Seck.
Lors de cette élection, il a beaucoup été question de la date de mise à disposition de l’opposition du fichier électoral. A ce niveau, ne faudrait-il pas faire quelque chose pour renforcer la transparence ?
On peut l’envisager. Mais “dura lex sed lex’’. Ici, l’opposition nous invitait à violer la loi. On ne peut pas nous le permettre. Maintenant, on peut voir s’il est opportun de faire ce que réclamait l’opposition. Sachant que là, il y a un piège à éviter avec le parrainage. En tout cas, si la loi présente des insuffisances, on peut corriger.
Quid de la Cena dont le mandat du président est arrivé à terme depuis 2017 ? L’heure n’est-elle pas venue de normaliser cet organe de régulation ?
Bien sûr que oui. La normalisation va se faire sans aucun problème. En réalité, le président voulait juste éviter un chamboulement de toute la composition de la Cena à la veille de l’élection. Et amener des gens nouveaux qui n’ont pas été habitués au processus. C’était tout, mais la situation va être normalisée
Avant les locales ?
e ne saurais le dire, mais je pense que ça va être normalisé, parce que le président tient aussi au respect des textes. Même si, parfois, il veut concilier respect des textes et efficacité républicaine.
Vous avez parlé d’un vent de décrispation. Peut-on s’attendre, dans le cadre du dialogue, à ce qu’il soit évoqué la possibilité d’une amnistie de Karim Wade et Khalifa Sall ? D’autant plus que le président l’avait déjà évoquée au cours d’une interview avec la chaine française France 24 ?
Oui, nous sommes dans l’apaisement. Il n’y a quasiment plus de fauteurs de troubles en prison. Même les candidats malheureux, qui étaient tout de même groggys et sonnés par la défaite, ont retrouvé leurs esprits et reconnaissent que l’élection s’est bien passée. Mais apaisement n’est pas synonyme d’amnistie. Toutefois, la décision de gracier ou d’amnistier relève de la souveraineté du président de la République. Vous comprendrez que je ne peux émettre mon avis à ce propos.
J’interroge encore le spécialiste. Ne pensez-vous pas que le Pds et Khalifa Sall ont été les grands perdants de cette élection présidentielle ?
Ils n’ont pas pris part à ce rendez-vous majeur, mais ils ont certainement influencé l’élection. Le Pds est quand même le deuxième ou le troisième parti le plus important de l’échiquier politique sénégalais. Ses voix ont dû se disperser essentiellement entre les trois candidats qui arrivent en tête. Une grande partie a dû préférer Macky Sall pour plusieurs raisons, notamment idéologique (c’est un libéral) et politique. Une partie moindre a peut-être porté son dévolu sur l’autre libéral Idrissa Seck qui en a profité. Et, dans une bien moindre mesure, peut-être au bénéfice d’Ousmane Sonko. L’influence de l’électorat de Khalifa Sall, pour l’essentiel circonscrit à la capitale, doit être moins significative.
Par rapport au président Macky Sall, il en est à son dernier mandat… N’est-ce pas ?
Bon… Pour moi, la Constitution est claire, mais j’ai entendu des professeurs de droit dire que, telles que les dispositions ont été rédigées, le président peut faire un autre mandat. Moi, je pense que la Constitution est claire. En principe, c’est le deuxième et dernier mandat.
En tant que spécialiste, quel est votre point de vue ?
Moi, j’ai donné mon point de vue. C’est ce que je viens de dire. A mon avis, les dispositions sont claires. D’autres ont donné leur avis en disant que les dispositions ne sont pas claires. Il appartient au président de la République d’apprécier
S’il en est à son dernier, comment voyez-vous la recomposition au sein de l’Apr et de la majorité ?
Je pense qu’au Sénégal, on aime trop parler de mandat. Le président n’a même pas encore commencé son deuxième et on parle du troisième. Certains parlent de recomposition, et je vois déjà la bataille de positionnement qui a commencé. Cela me rappelle d’ailleurs le roman d’Ousmane Sembène “Le mandat’’. On ne parle que de ça (éclats de rire). En ce qui me concerne, j’estime qu’il est prématuré d’envisager la recomposition. Il faut attendre que les choses prennent forme, que les choses se mettent en place. Sauf si on est devin. Les gens aiment parler du futur, moi, je veux parler du présent. En tout état de cause, tout dépendra de la manière dont le chef de la majorité va piloter les choses. C’est lui qui a toutes les cartes en main.
Avant la Présidentielle, vous appeliez tout le monde à penser d’abord Présidentielle, avant de penser locales. Maintenant que la Présidentielle est derrière et que l’on se profile vers les locales, pouvez-vous nous dire si vous aspirez à diriger la mairie de Rufisque ?
Je disais plus exactement : Pensons à la Présidentielle sans arrière-pensées locales. Je le disais comme ça, parce qu’on était à Rufisque, dans une ville marquée par la politique municipale où la principale préoccupation des gens, ce sont les locales, la mairie. Je leur disais pensons d’abord à élire notre candidat et après, on pourra avoir des préoccupations municipales. A ce stade, je ne peux pas dire que j’ai une ambition pour Rufisque. Je sais que j’envisage de continuer à m’impliquer dans la vie politique rufisquoise et dans le développement de Rufisque. Sous quelle forme ? Je ne le sais pas encore… Donc, pour le moment, je ne peux pas dire que je serai candidat. J’ai des amis qui me font la proposition, mais je n’ai pas encore pris la décision, parce qu’il y a beaucoup de facteurs dont il faut tenir compte. Et c’est des facteurs que je ne maitrise pas.
N’est-ce pas légitime, d’autant plus que vous vous êtes beaucoup impliqué dans la victoire, en débauchant notamment de hauts responsables de l’opposition ?
Quand je suis arrivé, tous les maires quasiment étaient avec le président sauf un, en l’occurrence Alioune Mar. Je me suis surtout impliqué pour associer tous les gens qui étaient avec le président, mais qui étaient frustrés, qui étaient parfois même restés chez eux. Je les ai fait revenir. Ensuite, ce qui m’intéressait le plus, c’était d’intéresser des citoyens rufisquois qui ne s’intéressaient pas à la politique. J’ai aussi fait venir des représentants d’autres partis politiques. Ensemble, avec tous les responsables, nous avons travaillé pour réaliser une telle performance.
Maintenant que le président est réélu, quels doivent être les chantiers prioritaires de son prochain gouvernement ?
Le président les a déjà indiqués. Il a dit : “Nous avons déjà fait beaucoup de choses sur le plan des infrastructures, du social… Maintenant, priorité aux réformes.’’ Il y a des réformes qu’on devait faire sur le secteur public, le secteur parapublic... Il y a des réformes à faire dans le pays, pour améliorer l’Administration, l’économie. Priorité donc aux réformes. Deuxième priorité, c’est l’emploi des jeunes. Il avait promis, lors de son premier mandat, 500 000 emplois ; il en a fait 491 000, presque 500 000. Maintenant, il dit 1 million. Je pense qu’on peut croire quelqu’un qui fait toujours ce qu’il dit.
Parlant de réformes, à quand la mise en œuvre des recommandations du Comité de concertation sur la modernisation de la justice ?
En principe, c’est une commission dont les travaux ont été remis au président de la République. Le président a donné son accord de principe pour que ces recommandations soient mises en œuvre. Mais il a dit que ça doit se faire de manière progressive, dans un agenda de réformes qui va consolider l’indépendance de la justice, mais qui ne va pas la fragiliser. Le président est donc d’accord sur le principe de réformer à partir des recommandations formulées par le comité. Mais selon un agenda raisonnable.
N’y a-t-il pas un retard dans l’exécution de cet agenda ?
Non, il n’y a pas de retard. La justice fonctionne bien. Tout le monde dit : la justice est indépendante, mais on peut améliorer cette indépendance. Je suis d’accord. Je ne dis pas autre chose. Voyez-vous qu’aujourd’hui la justice communautaire a rendu hommage à la justice sénégalaise. Malheureusement, la presse n’en a pas beaucoup parlé, alors que si c’était le contraire, elle en aurait fait ses choux gras (rires). La justice communautaire a donné totalement raison à la justice sénégalaise sur l’affaire Khalifa Sall, comme sur l’affaire Karim Wade. D’ailleurs, j’ai entendu les gens qui critiquaient les juridictions nationales commencer à critiquer la justice communautaire.
Mais cette dernière décision, c’est surtout par rapport à l’exclusion de Karim Wade des listes électorales et de son corolaire qui est le rejet de sa candidature…
Oui ! Mais c’est ce qui intéressait les requérants. Ils disaient qu’on les a condamnés pour les exclure du processus électoral. La cour a reconnu que la condamnation et ses effets ne posent pas problème. Aussi, il faut souligner que l’Etat du Sénégal a toujours respecté les décisions rendues par les juridictions communautaires. C’était le cas, par exemple, lorsque la Cour d’appel prenait sa décision, toujours dans cette affaire Khalifa Sall.
Quid de la décision du Comité des Droits de l’homme des Nations Unies dans l’affaire Karim Wade ?
D’abord, c’est rendu par un organe qui n’est pas une juridiction. Deuxièmement, ses décisions ne s’imposent pas au Sénégal. Troisièmement, ce sont des recommandations qui ont été faites au Sénégal et que nous accueillons favorablement, puisque nous sommes à l’aise avec celles-ci.
Où en êtes-vous avec le projet de modification du statut des notaires ?
Dans le respect de l’autonomie de la profession, j’ai demandé aux acteurs (Chambre des notaires, jeunes notaires et autres aspirants notaires) de discuter, de trouver un consensus et de revenir vers le gouvernement.
Qu'en est-il de l'idée prêtée au président de vouloir créer environ 30 nouvelles charges ?
C’est le consensus des acteurs de la profession qui sera privilégié.
Vous attendez-vous à être reconduit dans le prochain gouvernement ?
Pouvoir discrétionnaire du président de la République !
A quelle station serviriez-vous le mieux la République ?
Sous la houlette de Yaya Sow, délégué régional de Benno Bokk Yakaar (Bby) de Kaffrine, le collectif des maires de la région s’est félicité du score qui classe leur zone troisième en terme de vote favorable au candidat Macky Sall.
Face à la presse samedi dernier, les élus de Kaffrine invitent l’opposition à accepter le dialogue avec le chef de l’Etat. Ayant bénéficié de la confiance des Sénégalais, indique Yaya Sow, le Président Macky Sall n’a aujourd'hui en tête que le travail. «Donc, que l'opposition vienne répondre au dialogue, c'est mieux pour les Sénégalais», tranche-t-il. Le collectif des maires de la région de Kaffrine a fait face à la presse samedi à l’hôtel des députés pour analyser les résultats de la présidentielle du 24 février dernier.
Leur porte étendard, le député maire Yaya Sow en a profité pour inviter l'opposition à répondre à l'appel au dialogue du chef de l'Etat. «Qui connait bien le Président Macky Sall, sait que c'est un homme de paix. Il œuvre pour la paix et la stabilité du pays. Je pense que l'opposition devrait être la première à répondre à ce dialogue. Macky Sall a été clair et net sur ce point, il ne cherche plus un autre mandat, donc tout le monde devrait venir le soutenir pour ce dernier mandat et travailler pour le pays», souligne Yaya Sow.
«Le Président Macky Sall n'a pas attendu l'élection présidentielle pour appeler au dialogue, il l'a fait bien avant. Les Sénégalais lui ont accordé un second mandat, parce qu'il a bien travaillé dans tous les secteurs.. Aujourd'hui, il ne pense qu’au travail. Donc, que l'opposition vienne répondre au dialogue, c'est mieux pour les Sénégalais», tranche-t-il en soutenant que Macky Sall ne vise aucun autre intérêt politique avec ce dialogue. A propos, par ailleurs, du score obtenu par le candidat de Bby dans la région de Kaffrine, Yaya Sow parle d’un plébiscite.
«Je suis satisfait de ma région qui a parrainé et voté pour le chef de l'Etat. Le collectif des maires de la région y a joué un rôle important en se battant corps et âme pour sa réélection. La région s’est classée en troisième position en terme de scores», se vante le député maire de Ribot Escale.
DANFA EN LIBERATEUR AVEC UN DOUBLE
Casa Sports a réalisé l’une des belles opérations de la 16ème journée en s’imposant contre Pikine (2-1), hier, au stade Aline Sitoé Diatta. Cette victoire permet aux Ziguinchorois de remonter à la 5ème place.
Après deux journées sans victoire, le Casa sports s’est imposé à domicile contre Pikine (2-1). Passé le round d’observation, les hommes de Badara Sarr décident d’appuyer sur l’accélérateur. Profitant de ce temps fort en faveur des siens, Mamadou Lamine Danfa (7’) ouvre le score. Quatre minutes plus tard, l’international u20 corse l’addition (11’) et s’offre ainsi un doublé. Au retour des vestiaires, le promu Pikine multiplie les assauts et finit par être récompensé sur un penalty transformé par son capitaine, el Hadj Adama Mbaye (72’). N’empêche, les hommes de Djiby Fall concèderont leur 3ème défaite d’affilée (2-1).
Les Pikinois n’arrivent toujours pas à vaincre le signe indien en Ligue 1 à Ziguinchor. C’est leur 6ème défaite face au Casa sous l’ère pro dans le sud.
Stade Aline Sitoé Diatta
Buts
Casa sports : mamadou Lamine danfa (7’, 11’)
Pikine: el Hadji Adama mbaye (72’)
Avertissements
Casa sports : sang Pierre mendy (33’), Bonaventure mancabo (69’), Pierre Benoît manga (69’, 90’+2) ousmane diouf (69’)
Pikine : Ablaye diène (23’), Boubacar Cissokho (78’) Expulsion Casa sports : Pierre Benoît manga (90’+2)
Arbitres
Abdou Karim Ba, assisté de Mamadou Lamine Diop et de Babacar Touré (trio CrA thiès)
4ème Arbitre : mansata diatta (CrA Ziguinchor)
Équipes
Casa Sports : Ousmane Mané – Alieu Jatta, Ousmane Diouf (cap.), sang Pierre Mendy, Siaka Sané - Pierre Benoît manga, Bonaventure Mankabo (Malick Fall 79’), Lassana Djighaly (el Hadji Diouaré 64’) - Richard Sagna (Moussa Marone 52’), Mamadou Lamine Danfa, Youssouf Badji. Coach : Badara Sarr
MACKY TENAILLÉ ENTRE ALLIÉS, TRANSHUMANTS ET NÉCESSITÉ D’UN BON PROFILAGE
C’est une vérité universellement reconnue que former un gouvernement pour un président nouvellement élu relève d’un vrai casse-tête. Selon l’urgence et les priorités les équipes peuvent être de nature technocrate, politicienne ou encore partisane
C’est une vérité universellement reconnue que former un gouvernement pour un président nouvellement élu relève d’un vrai casse-tête. Et si peu que l’on sache de ses intentions et de ses calculs, le chef de l’Etat est appelé à tenir en compte beaucoup de paramètres dont la satisfaction des alliés qui l’ont aidé à reconquérir le pouvoir. Cependant, il ne doit pas perdre de vue que toute erreur de casting dans le choix de ses futurs ministres peut provoquer une perception négative de l’orientation de son second mandat et partant un désenchantement total.
Selon l’urgence et les priorités du moment, les équipes gouvernementales peuvent être de nature technocrate, politicienne ou encore partisane. Sous le président Wade par exemple, le dernier gouvernement a été principalement composé de juristes à qui étaient confiés les ministères-clé.
Le choix du premier ministre en la personne de Souleymane Ndéné Ndiaye, ajouté à celui des ministres de l’intérieur Ousmane Ngom et de la justice Cheikh Tidiane Sy pouvait suffire pour anticiper sur l’orientation de la dernière équipe gouvernementale du président Wade.
La nomination des praticiens du droit à ces départements sensibles a pu préparer et faciliter le forcing du troisième mandat à travers la légalisation par le conseil constitutionnel et la répression des manifestations par les hommes de Maitre Ngom. Il faut dire que dans ce dernier gouvernement de Wade, les avocats n’ont pas chômé et certains comme Maitre Elhadj Diouf ont pu être soit devenir ministres soit occuper des postes stratégiques. Tout simplement parce que Wade avait besoin de querelleurs et de faire-valoir pour s’arracher un troisième mandat.
Les gouvernements sous Macky Sall : entre technocratie et clientélisme politique
A l’instar du choix d’Adjibou Soumaré comme cinquième chef du gouvernement de Wade, le dévolu jeté sur Abdoul Mbaye pour conduire la première équipe gouvernementale sous Macky Sall était porteur d’espoir puisqu’il s’agissait là d’un technocrate. Désireux de travailler sans verser dans le clientélisme, dans un contexte où l’économie du pays semblait avoir touché le fond, le président Macky Sall n’avait d’autre choix que de nommer un banquier pour rassurer le peuple et s’assurer que des résultats suivront.
Ce qui avait fini par plomber cette option audacieuse d’un PM jusque-là apolitique, c’était cette fameuse théorie de « gagner ensemble, gouverner ensemble » si chère à Ousmane Tanor Dieng. Le président Sall devait ainsi satisfaire la boulimie des partis de sa grande coalition dont la plupart qui réclamaient des postes n’existaient que de nom.
Ainsi dans ce premier gouvernement, des erreurs de casting ont vite été repérées et conséquemment corrigées. Des ministères tels que le département de l’éducation confié à Ibrahima Sall, l’intérieur octroyé à Mbaye Ndiaye et même l’enseignement supérieur sous la tutelle de Serigne Mbaye Thiam entre autres ont dû changer de main pour plus d’efficience et d’efficacité.
A vrai dire, pour lesdits ministères, il n’y avait pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Le désir de partage du butin avec les alliés avait prévalu sur l’obligation de mettre à contribution les meilleurs profils pour la construction du pays. C’est exactement sous cet angle qu’il faut lire la nomination de Youssou Ndour à la tête du ministère du tourisme dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye. Erreur de casting ne pouvait être plus flagrante car l’artiste planétaire a démontré qu’il n’était pas assez qualifié pour diriger un ministère.
Les changements de ministère intervenus dans le gouvernement d’Aminata Touré et de Boun Abdallah Dionne obéissaient aussi à cette logique de sauvegarde de la coalition ; d’où la reconduction de ministres dont le travail n’a cessé d’être décrié et la mise au placard de certains au bilan élogieux.
Le maintien de Serigne Mbaye Thiam à la tête du ministère de l’éducation par exemple, le changement de ministère puis l’exclusion de Mansour SY qui a trouvé de bons accords avec les syndicats en tant que chef du département du Travail et Dialogue Social, et le renvoi de l’excellente ministre de la santé Awa Marie Colle Seck illustrent parfaitement ce manque de rigueur dans le choix des ministres.
Le ministère de l’éducation est ainsi resté un département à problèmes tout le long du septennat passé et celui de la santé a cessé d’être stable avec la nomination à sa tête d’Abdoulaye Diouf Sarr. Par contre, les ministères occupés par les hommes du sérail à l’instar de Mary Teuw Niane (enseignement supérieur), Makhtar Cissé (énergie) et Aminata Mbengue Ndiaye (élevage) ont connu de grandes avancées.
Pour le prochain gouvernement, il faut s’affranchir de la coalition et faire les meilleurs choix
Rien que la liste nominative des ministres pourra nous édifier le moment venu sur l’orientation du président Macky Sall pour son prochain quinquennat. Conformément à ses promesses de campagne et aux contours de la phase 2 du Plan Sénégal émergent (PSE), on devrait s’attendre à des ministres choisis surtout pour leur compétence.
Etant à son dernier mandat, Macky Sall peut faire sa liste de ministres à tête reposée car toute pression de la part de ses alliés ne saurait qu’être stérile. Après la victoire à l’élection présidentielle, tous les partis politiques, comme si l’on était dans une armée de chasseur, réclament leur part du butin. Le président Sall ne devra pas céder par rapport à cela car beaucoup d’erreurs ont été faites à cause de cette volonté de ménager le troupeau.
Avec les transhumants à satisfaire et les alliés qui réclament un plus grand quota, former un gouvernement devient un casse-tête plus compliqué à résoudre. Quelle que puisse être la composition de la prochaine équipe gouvernementale, il y aura des grincements de dents de la part de ceux qui attendent un retour d’ascenseur.
Nombre de transhumants ont été ministres et attendent un retour sur investissement de leur ralliement. Et chercher à les contenter en omettant de mettre en avant les critères de la compétence relèverait d’un pur tâtonnement. Le cas du Parti de l’indépendance et du Travail (PIT) avec le remplacement de Mansour Sy par le secrétaire général du même parti, Samba Sy, en est une éloquente illustration.
Il s’agit là d’un « ôte-toi-là-que-je-m’y-mette », d’une substitution peu opportune et très maladroite au vu des résultats obtenus par l’ancien ministre du travail, ne serait-ce que la stabilité du front social obtenue après de sérieuses négociations avec les syndicats.
Réduire la pléthore de ministres conseillers et remanier les ministères à problèmes
S’il y a des ministères qui devraient changer de patron, le tourisme, l’éducation, la santé et la justice ne devraient pas être exception. Le département du tourisme est sous la tutelle d’un ministre réputé pour son inculture et surtout son ignorance de la géographie, élément essentiel pour faire fructifier le secteur en question.
Quant aux trois autres secteurs, ils représentent les trois poumons grâce auxquels un pays parvient à respirer, s’ils sont bien entretenus. En effet, l’éducation, la santé et la justice constituent le triangle dont les contours, s’ils sont bien représentés, produisent un sentiment de protection, de satisfaction et de bénédiction.
Cependant, il est à noter que ces trois départements ont été les plus agités lors du quinquennat passé. Des grèves cycliques ont été notées et jusqu’ici la situation qui prévaut n’est pas porteuse d’espoir : soit des préavis déposés sont arrivés à expiration ou bien des mots d’ordre sont tout simplement suspendus en attendant qu’un nouveau gouvernement se forme.
Qu’à cela ne tienne, la santé, l’éducation et la justice sont malades dans notre pays et méritent toutes d’être placées entre des mains plus expertes et davantage magnanimes. La sourde oreille dont font montre les ministres Serigne Mbaye Thiam, Ismaila Madior Fall et Abdoulaye Diouf Sarr envers leurs administrés est tout simplement un manque de considération à ces vaillants travailleurs mais aussi aux usagers de ces secteurs qui paient toujours les pots cassés de ces grèves sans fin.
Le président Macky Sall devra également réajuster ses ministres conseillers dont la plupart n’ont même pas accès à lui. Ce genre de promotion, à la base clientéliste, coûte très cher aux contribuables. En vérité, les ministres conseillers vivent aux frais de la princesse et leurs rôles ne se ressentent absolument pas dans un pays qui compte déjà un Conseil économique social et environnemental (CESE) ainsi qu’un Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). De même que les ministres conseillers, les secrétaires d’Etat peuvent disparaître puisqu’ils interviennent dans des secteurs qui ont un ministère et des agences à n’en plus finir.