Spécialiste reconnu par ses pairs, il revient, dans cette interview avec “EnQuête’’, sur des questions cruciales qui continuent de cristalliser la vie de la nation. Avec lui, pas de questions qui fâchent. Le troisième mandat, le processus électoral, les réformes judiciaires... Il dit ce qu'il pense. Comme il le pense. N’en déplaise à ses détracteurs. Entretien !
Quels enseignements tirez-vous de l’élection présidentielle du 24 février dernier ?
Je pense qu’il faut quand même reconnaitre que c’est une élection qui s’inscrit dans la logique de la consolidation démocratique du Sénégal. Elle entre dans la ligne des dernières élections organisées au Sénégal et présente assurément une valeur ajoutée certaine à la richesse démocratique du Sénégal. Dans notre pays, au moins depuis 1993, les élections se passent de manière tout à fait transparente. Généralement, les élections suivent trois étapes dans un pays : celle de la transition, celle de la consolidation et celle de la routinisation. Le Sénégal est au stade le plus élevé, celui de la routinisation où l’élection devient un évènement républicain ordinaire, facteur non pas conflictogène, mais d’apaisement de la société et de régénération de la légitimité. Mais la présidentielle de 2019 revêt tout de même quelques particularités. La première particularité, c’est le parrainage qui a produit son effet de rationalisation des candidatures, d’amélioration de la lisibilité du jeu politique et d’apaisement de la compétition. L’autre particularité très importante, c’est la qualité de l’organisation. Tous les acteurs indépendants reconnaissent que l’élection a été très bien organisée. Le troisième enseignement, c’est le taux de participation qui est de plus de 66 %. C’est tout à fait remarquable, même si le record de 2007 - qui est de 70 % - n’a pas été battu. A Rufisque, nous avons eu 72 % de participation. Cela montre aussi la maturité civique des populations et leur détermination à régler leurs problèmes par le biais de l’élection. C’est d’ailleurs cette maturité qui fait que les multiples appels à manifester de l’opposition ne sont jamais suivis d’effet. Les citoyens sénégalais sont mûrs et ont une conscience démocratique élevée. Ils savent que le moment décisif dans une démocratie pour prendre une décision qui engage le destin du pays, c’est le moment électoral. Finalement, c’est une élection qui a consolidé notre démocratie et dont le Sénégal peut être très fier. La onzième élection a été la meilleure de toutes.
Vous vantez les mérites de la loi sur le parrainage. Mais certains de ces effets ont été très décriés. Ne faudrait-il pas revoir cette loi ?
Je pense qu’à l’unanimité, les acteurs reconnaissent les effets positifs de cette loi. En Afrique, beaucoup de pays sont en train d’ailleurs de réfléchir sur cette expérience du Sénégal. Il y a un pays, notamment en Afrique de l’Ouest, où il y a eu récemment 70 candidats. Beaucoup de pays se disent qu’il faut aller au Sénégal pour voir comment ils ont réussi le parrainage. C’est une bonne technique de rationalisation et de régulation de l’élection. Maintenant, la loi n’est pas parfaite ; aujourd’hui, après l’élection, il convient de faire une évaluation sereine de ce système qui nous a quand même permis d’avoir une très bonne élection.
Qu’est-ce qui n’a pas marché, à votre avis ?
J’ai entendu certains candidats dire qu’ils auraient voulu avoir davantage d’informations sur le logiciel qui a permis de sélectionner les parrainages. Si cela peut aider à renforcer la transparence, c’est bien. Certains ont aussi regretté la bousculade qu’il y a eu au premier jour. Je pense qu’on peut trouver un système où il n’y aura plus de bousculade en invalidant, par exemple, les doublons pour tous les candidats concernés. Il faudra observer toutes les forces, mais aussi les faiblesses afin de les corriger. C’est comme ça que la démocratie avance. Il faudra discuter de tout cela en vue d’initier les réformes nécessaires. Je dois dire que c’est aussi ça la particularité du Sénégal. C’est toujours après les élections que le pays tire les enseignements et fait des bonds très importants en matière de démocratisation.
Vous êtes aussi un spécialiste des sciences politiques. Suite à ce scrutin, d’aucuns ont parlé de renouveau d’Idrissa Seck et d’émergence d’Ousmane Sonko. Etes-vous surpris par leurs résultats ?
Il faut considérer qu’il y avait des chances que même les candidats malheureux aient de bons scores, pour une raison très simple. Avec le parrainage, on a réduit le nombre de participants. Ce qui fait qu’il y a une concentration des suffrages sur un nombre limité de candidats. Et ici, c’était au bénéfice de trois candidats principalement. Sinon, je pense que, pour Idrissa Seck, il n’y a pas eu vraiment de performances, au regard de son histoire personnelle. C’est quand même sa troisième élection présidentielle (il insiste). A sa première participation, il a eu plus de 14 %. Après, en 2012, il est descendu à moins de 8 %, pour se retrouver aujourd’hui, dans ces conditions, avec 20 %. C’est une performance, mais pas suffisante pour gagner une présidentielle. Macky Sall était à plus de 26 % à sa première participation. C’est ça un gagneur. Pour Sonko, je pense qu’il a su cristalliser le vote contestataire. Comme dans toute démocratie, il y a l’opinion majoritaire qui est d’accord avec le système et une frange, souvent minoritaire, de cette opinion qui croit que le système doit radicalement changé. Je pense qu’il a pu bénéficier de ce vote antisystème, si on peut l’appeler ainsi. Mais, à mon avis, il a atteint le plafond. Je ne crois pas qu’un candidat qui a l’insulte à la bouche, qui est si radical et contradictoire dans ses positions, puisse un jour avoir la majorité des votes des Sénégalais. C’est un score honorable, mais avec lui, c’est le plafond de verre. A mon avis, il va stagner ou dégringoler, comme Seck entre 2007 et en 2012 ; c’est évident. Je ne vois pas les Sénégalais, le peuple qui a élu Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, élire un candidat qui a ce profil. Il n’a pas le parcours, la maturité, la tenue et la retenue pour exercer la magistrature suprême. Il n’a pas le profil du métier.
Du côté de la majorité, quelle lecture devrait-on faire de ces plus d’1,5 million de Sénégalais qui ont quand même voté contre votre candidat Macky Sall ?
D’abord, il faut admettre qu’en démocratie, qu’il y ait des gens qui ne soient pas d’accord. En théorie de la science politique, on dit que pour qu’une démocratie soit qualifiée de pluraliste, il faut que 30 % des électeurs au moins soient de l’opposition. Ici, on a 42 % ; on est donc sur les standards. Mais, je dois souligner que c’est quand même extraordinaire pour un président qui a fait 7 ans de gagner au premier tour avec 58 %. C’est un véritable vote d’adhésion, à mon avis. Maintenant, pour les 42 % qui ont eu un vote défavorable, il faut voir, comme l’a dit le président luimême, pourquoi ils n’ont pas voté pour nous et essayer de voir comment faire pour qu’ils se reconnaissent dans les politiques publiques que nous sommes en train de mener. Le président est très attentif à leur égard.
Il se dit que la majorité avait particulièrement horreur d’un second tour. Etait-ce votre cas ?
Un second tour, c’est vrai, peut toujours être risqué, dans nos pays. Mais cela ne veut pas dire que le président sortant perd obligatoirement. Au Mali, c’est au second tour qu’IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) a gagné l’élection. Le second tour n’est donc pas si fatal. Maintenant, c’est toujours plus confortable de gagner au premier tour. Sinon, c’est la porte ouverte aux chantages. Aussi, la légitimité pourrait être un peu érodée. Voilà pourquoi l’enjeu était, pour nous, de gagner dès le premier tour. En dehors des hurlements et cris d’orfraie de l’opposition, tous les indicateurs étaient au vert pour un passage au premier tour.
L’opposition conteste les résultats, mais n’a pas jugé utile d’aller le faire devant le Conseil constitutionnel. N’est-ce pas grave, dans une démocratie, quand les acteurs en arrivent à ce niveau de remise en cause des institutions ?
Dans une certaine mesure, oui. Mais il faut se demander pourquoi ils ne vont pas devant le Conseil constitutionnel. Si on dit qu’on n’est pas d’accord, il y a des voies de droit qui permettent de formuler notre désaccord et de faire en sorte que la justice nous donne raison. S’ils ne l’ont pas fait, c’est surtout parce qu’ils n’ont pas d’arguments à faire prévaloir. Je pense qu’on est plutôt dans ce cas, parce qu’ils n’ont rien contesté dans les Pv qui émanent des bureaux de vote. Vous savez, le problème, devant le juge électoral, c’est qu’il vous demande où est la preuve de vos allégations. Si vous n’avez pas de preuves, il ne donne pas suite à votre requête. Maintenant, la contestation de l’élection est une donnée inhérente à l’histoire politique du Sénégal. En 1963, lors de la première élection, il n’y avait qu’un seul candidat, mais les élections étaient contestées. En 1978, il n’y en avait que deux (Senghor et Wade). Tout le monde sait que Senghor avait gagné, mais Wade avait contesté. En 1983, même chose avec la première élection d’Abdou Diouf. La contestation était tellement vive qu’il était envisagé de boycotter l’Assemblée nationale. D’ailleurs, Cheikh Anta Diop avait boycotté son poste de député.
En 1988, la contestation a viré à des émeutes. En 1993, alors qu’on venait d’adopter le Code électoral consensuel, qualifié de meilleur code du monde par l’opposition même, l’opposition a contesté. La contestation a été tellement vive qu’un magistrat a été tué. En 2000, pas de contestation. Pourquoi ? Parce que le pouvoir a perdu. En 2007, le sortant gagne et il y a encore contestation. Une contestation qui a même abouti au boycott des législatives de la même année. Or, c’était bien une élection transparente, en 2007. Moi, je n’étais pas avec Wade, mais je reconnais qu’il l’avait gagnée normalement. En 2012, pas de contestation parce que le pouvoir a perdu. En 2019, on conteste parce que le pouvoir gagne… Situation cocasse : les alternances sont célébrées, les victoires du pouvoir chahutées…
Votre conclusion ?
J’ai au moins deux conclusions. Premièrement, l’élection est toujours contestée, lorsque l’opposition ne gagne pas. Deuxièmement, on a l’impression que ceux qui sont au pouvoir sont plus démocrates que ceux qui sont dans l’opposition. Je le dis parce qu’en 2000, c’est Diouf qui appelle Wade pour le féliciter. Même chose en 2012. Mais l’opposition, elle, n’a jamais appelé le pouvoir pour le féliciter. Je considère donc qu’il y a une négation systématique des lois les plus élémentaires de la démocratie quand on est dans l’opposition. Mais heureusement, et c’est intéressant, celle-ci a l’habitude de contester, mais elle revient toujours à la raison. Les contestations ne sont pas de longue durée.
La particularité, cette fois, c’est qu’on en est quand même arrivé à une série d’arrestations. Cela se justifiait-il ?
Vous aurez remarqué que les citoyens paisibles n’ont pas été arrêtés. Ceux qui sont allés voter et rentrés tranquillement chez eux n’ont pas été arrêtés. Ceux qui se sont limités à dire qu’ils ne sont pas d’accord n’ont pas été arrêtés, non plus. Ceux qui ont été arrêtés, ce sont les fauteurs de troubles, ceux qui ont été à l’origine de troubles à l’ordre public. Certains ont été à l’origine de sinistres avec des bus de Ddd qui ont été brûlés, des gens qui ont été grièvement blessés. A Sacré-Cœur, un citoyen s’est même trouvé presque amputé d’une main, du fait d’une bombe artisanale jetée dans un meeting. Ça, il faut aussi le regretter. Aujourd’hui, les autorités judiciaires s’inscrivent dans une démarche d’indulgence, d’apaisement, de décrispation. La plupart des membres de l’opposition qui ont été arrêtés ont été libérés, à l’exception de certains sur qui pèsent de faits quand même assez graves. On ne peut pas tout se permettre, parce qu’on est en période électorale.
Certaines de ces dérives passent par les réseaux sociaux. Aujourd’hui, que faudrait-il faire pour mettre leurs auteurs hors d’état de nuire ?
Il y a, à mon avis, un impératif, je dis bien, je le répète, un impératif de réglementer l’utilisation des réseaux sociaux dans notre pays, notamment en rapport avec la démocratie, avec l’élection. Il nous faut des mesures législatives strictes pour encadrer, réprimer, lorsque c’est nécessaire, les fake news, lorsqu’ils ont un impact politique, électoral ou subversif. Toutes les démocraties l’ont fait.
A propos toujours de la Présidentielle, certains ont commencé à parler de vote communautariste, voire ethnique et religieux. Etes-vous de cet avis ?
Sur cette question, on a vite parlé. On a vite dit des choses. Au fond, c’était une question de sociologie électorale. Il faut faire des enquêtes pour voir quelle est la composition de la population qui a voté pour tel candidat. A quelle ampleur tel groupe a voté pour tel candidat. En plus, il faudra comprendre quelles sont les motivations du vote des uns et des autres. C’est une question classique en science politique. On parle de l’électeur rationnel et de l’électeur émotionnel. Est-ce que le vote a été plus rationnel ou émotif ? Moi, je pense que c’est une question fondamentale qui se pose. Mais, à mon avis, les réponses qui ont été formulées l’ont été de manière hâtive. Elles ne résultent pas d’analyses approfondies. Il appartient à ceux qui s’intéressent à la sociologie électorale d’approfondir la question et de donner les vraies réponses et non les fausses réponses que j’entends dans la presse.
Donc, pour vous, il n’y a pas de souci à se faire par rapport à ce possible repli identitaire de certains groupes sociaux ?
Non ! Je pense qu’il n’y en a pas. En tout état de cause, il faudra faire des études avant de pouvoir se prononcer dans un sens ou un autre. On pourrait faire de l’histoire politique ou de la sociologie électorale pour avoir la réalité du phénomène et l’explication du phénomène. De ce point de vue, on constate qu’il y a au Sénégal des zones qui sont habituellement favorables au pouvoir et d’autres qui le sont moins. Par exemple, les sages disent que chez nous les Lébous, on n’est généralement pas hostile au pouvoir, quand il est raisonnable dans sa manière de gouverner. C’est le cas également dans le Nord. Dans d’autres localités, la réalité peut être différente
Le président de la République a appelé au dialogue. Quels devraient en être les contours ?
D’abord, c’est le énième appel du président Macky Sall. Il avait lancé un dialogue sur les institutions, sur la décentralisation, un dialogue sur tout ce qui est social, sur le Code électoral… Ce n’est donc pas nouveau. A l’instar des précédents appels, il faudra dialoguer sur tout, notamment sur la démocratie, l’organisation de l’Etat, le fonctionnement des institutions, le processus électoral, le statut de l’opposition… L’agenda du dialogue, les termes de référence seront définis, si l’opposition répond favorablement.
Par rapport au statut du chef de l’opposition, on en parle depuis longtemps. Pourquoi ça bloque ?
Pour moi, rien ne bloque. Mais encore faudrait-il que celle-là qui est concernée, qui est intéressée, à savoir l’opposition, consente au dialogue. Le pouvoir ne peut pas, de façon unilatérale, définir le statut de l’opposition et de son chef. Après, il y a un problème pratique qu’il faudra régler. Est-ce que nous allons faire un statut de l’opposition parlementaire ou un statut de l’opposition nationale. Si c’est l’opposition parlementaire, le chef de l’opposition devrait être un parlementaire. Si c’est l’opposition nationale, on pourrait envisager que celui qui est arrivé deuxième à la Présidentielle soit le chef de l’opposition.
Quelle est la meilleure formule, selon vous ?
Sachant qu’on est un régime présidentiel, et que l’élection présidentielle est celle qui détermine les autres, elle est donc l’élection mère, l’élection phare, la plus importante, elle devrait à mon sens permettre de désigner qui est le président de la République, mais aussi qui est le chef de l’opposition.
Si on vous suit, ce devrait donc être Idrissa Seck ?
A mon avis, si on est dans la logique du régime présidentiel et si on fait jouer à cette élection toutes les fonctions qu’elle devrait jouer dans notre système politique, le chef de l’opposition devrait être Idrissa Seck.
Lors de cette élection, il a beaucoup été question de la date de mise à disposition de l’opposition du fichier électoral. A ce niveau, ne faudrait-il pas faire quelque chose pour renforcer la transparence ?
On peut l’envisager. Mais “dura lex sed lex’’. Ici, l’opposition nous invitait à violer la loi. On ne peut pas nous le permettre. Maintenant, on peut voir s’il est opportun de faire ce que réclamait l’opposition. Sachant que là, il y a un piège à éviter avec le parrainage. En tout cas, si la loi présente des insuffisances, on peut corriger.
Quid de la Cena dont le mandat du président est arrivé à terme depuis 2017 ? L’heure n’est-elle pas venue de normaliser cet organe de régulation ?
Bien sûr que oui. La normalisation va se faire sans aucun problème. En réalité, le président voulait juste éviter un chamboulement de toute la composition de la Cena à la veille de l’élection. Et amener des gens nouveaux qui n’ont pas été habitués au processus. C’était tout, mais la situation va être normalisée
Avant les locales ?
e ne saurais le dire, mais je pense que ça va être normalisé, parce que le président tient aussi au respect des textes. Même si, parfois, il veut concilier respect des textes et efficacité républicaine.
Vous avez parlé d’un vent de décrispation. Peut-on s’attendre, dans le cadre du dialogue, à ce qu’il soit évoqué la possibilité d’une amnistie de Karim Wade et Khalifa Sall ? D’autant plus que le président l’avait déjà évoquée au cours d’une interview avec la chaine française France 24 ?
Oui, nous sommes dans l’apaisement. Il n’y a quasiment plus de fauteurs de troubles en prison. Même les candidats malheureux, qui étaient tout de même groggys et sonnés par la défaite, ont retrouvé leurs esprits et reconnaissent que l’élection s’est bien passée. Mais apaisement n’est pas synonyme d’amnistie. Toutefois, la décision de gracier ou d’amnistier relève de la souveraineté du président de la République. Vous comprendrez que je ne peux émettre mon avis à ce propos.
J’interroge encore le spécialiste. Ne pensez-vous pas que le Pds et Khalifa Sall ont été les grands perdants de cette élection présidentielle ?
Ils n’ont pas pris part à ce rendez-vous majeur, mais ils ont certainement influencé l’élection. Le Pds est quand même le deuxième ou le troisième parti le plus important de l’échiquier politique sénégalais. Ses voix ont dû se disperser essentiellement entre les trois candidats qui arrivent en tête. Une grande partie a dû préférer Macky Sall pour plusieurs raisons, notamment idéologique (c’est un libéral) et politique. Une partie moindre a peut-être porté son dévolu sur l’autre libéral Idrissa Seck qui en a profité. Et, dans une bien moindre mesure, peut-être au bénéfice d’Ousmane Sonko. L’influence de l’électorat de Khalifa Sall, pour l’essentiel circonscrit à la capitale, doit être moins significative.
Par rapport au président Macky Sall, il en est à son dernier mandat… N’est-ce pas ?
Bon… Pour moi, la Constitution est claire, mais j’ai entendu des professeurs de droit dire que, telles que les dispositions ont été rédigées, le président peut faire un autre mandat. Moi, je pense que la Constitution est claire. En principe, c’est le deuxième et dernier mandat.
En tant que spécialiste, quel est votre point de vue ?
Moi, j’ai donné mon point de vue. C’est ce que je viens de dire. A mon avis, les dispositions sont claires. D’autres ont donné leur avis en disant que les dispositions ne sont pas claires. Il appartient au président de la République d’apprécier
S’il en est à son dernier, comment voyez-vous la recomposition au sein de l’Apr et de la majorité ?
Je pense qu’au Sénégal, on aime trop parler de mandat. Le président n’a même pas encore commencé son deuxième et on parle du troisième. Certains parlent de recomposition, et je vois déjà la bataille de positionnement qui a commencé. Cela me rappelle d’ailleurs le roman d’Ousmane Sembène “Le mandat’’. On ne parle que de ça (éclats de rire). En ce qui me concerne, j’estime qu’il est prématuré d’envisager la recomposition. Il faut attendre que les choses prennent forme, que les choses se mettent en place. Sauf si on est devin. Les gens aiment parler du futur, moi, je veux parler du présent. En tout état de cause, tout dépendra de la manière dont le chef de la majorité va piloter les choses. C’est lui qui a toutes les cartes en main.
Avant la Présidentielle, vous appeliez tout le monde à penser d’abord Présidentielle, avant de penser locales. Maintenant que la Présidentielle est derrière et que l’on se profile vers les locales, pouvez-vous nous dire si vous aspirez à diriger la mairie de Rufisque ?
Je disais plus exactement : Pensons à la Présidentielle sans arrière-pensées locales. Je le disais comme ça, parce qu’on était à Rufisque, dans une ville marquée par la politique municipale où la principale préoccupation des gens, ce sont les locales, la mairie. Je leur disais pensons d’abord à élire notre candidat et après, on pourra avoir des préoccupations municipales. A ce stade, je ne peux pas dire que j’ai une ambition pour Rufisque. Je sais que j’envisage de continuer à m’impliquer dans la vie politique rufisquoise et dans le développement de Rufisque. Sous quelle forme ? Je ne le sais pas encore… Donc, pour le moment, je ne peux pas dire que je serai candidat. J’ai des amis qui me font la proposition, mais je n’ai pas encore pris la décision, parce qu’il y a beaucoup de facteurs dont il faut tenir compte. Et c’est des facteurs que je ne maitrise pas.
N’est-ce pas légitime, d’autant plus que vous vous êtes beaucoup impliqué dans la victoire, en débauchant notamment de hauts responsables de l’opposition ?
Quand je suis arrivé, tous les maires quasiment étaient avec le président sauf un, en l’occurrence Alioune Mar. Je me suis surtout impliqué pour associer tous les gens qui étaient avec le président, mais qui étaient frustrés, qui étaient parfois même restés chez eux. Je les ai fait revenir. Ensuite, ce qui m’intéressait le plus, c’était d’intéresser des citoyens rufisquois qui ne s’intéressaient pas à la politique. J’ai aussi fait venir des représentants d’autres partis politiques. Ensemble, avec tous les responsables, nous avons travaillé pour réaliser une telle performance.
Maintenant que le président est réélu, quels doivent être les chantiers prioritaires de son prochain gouvernement ?
Le président les a déjà indiqués. Il a dit : “Nous avons déjà fait beaucoup de choses sur le plan des infrastructures, du social… Maintenant, priorité aux réformes.’’ Il y a des réformes qu’on devait faire sur le secteur public, le secteur parapublic... Il y a des réformes à faire dans le pays, pour améliorer l’Administration, l’économie. Priorité donc aux réformes. Deuxième priorité, c’est l’emploi des jeunes. Il avait promis, lors de son premier mandat, 500 000 emplois ; il en a fait 491 000, presque 500 000. Maintenant, il dit 1 million. Je pense qu’on peut croire quelqu’un qui fait toujours ce qu’il dit.
Parlant de réformes, à quand la mise en œuvre des recommandations du Comité de concertation sur la modernisation de la justice ?
En principe, c’est une commission dont les travaux ont été remis au président de la République. Le président a donné son accord de principe pour que ces recommandations soient mises en œuvre. Mais il a dit que ça doit se faire de manière progressive, dans un agenda de réformes qui va consolider l’indépendance de la justice, mais qui ne va pas la fragiliser. Le président est donc d’accord sur le principe de réformer à partir des recommandations formulées par le comité. Mais selon un agenda raisonnable.
N’y a-t-il pas un retard dans l’exécution de cet agenda ?
Non, il n’y a pas de retard. La justice fonctionne bien. Tout le monde dit : la justice est indépendante, mais on peut améliorer cette indépendance. Je suis d’accord. Je ne dis pas autre chose. Voyez-vous qu’aujourd’hui la justice communautaire a rendu hommage à la justice sénégalaise. Malheureusement, la presse n’en a pas beaucoup parlé, alors que si c’était le contraire, elle en aurait fait ses choux gras (rires). La justice communautaire a donné totalement raison à la justice sénégalaise sur l’affaire Khalifa Sall, comme sur l’affaire Karim Wade. D’ailleurs, j’ai entendu les gens qui critiquaient les juridictions nationales commencer à critiquer la justice communautaire.
Mais cette dernière décision, c’est surtout par rapport à l’exclusion de Karim Wade des listes électorales et de son corolaire qui est le rejet de sa candidature…
Oui ! Mais c’est ce qui intéressait les requérants. Ils disaient qu’on les a condamnés pour les exclure du processus électoral. La cour a reconnu que la condamnation et ses effets ne posent pas problème. Aussi, il faut souligner que l’Etat du Sénégal a toujours respecté les décisions rendues par les juridictions communautaires. C’était le cas, par exemple, lorsque la Cour d’appel prenait sa décision, toujours dans cette affaire Khalifa Sall.
Quid de la décision du Comité des Droits de l’homme des Nations Unies dans l’affaire Karim Wade ?
D’abord, c’est rendu par un organe qui n’est pas une juridiction. Deuxièmement, ses décisions ne s’imposent pas au Sénégal. Troisièmement, ce sont des recommandations qui ont été faites au Sénégal et que nous accueillons favorablement, puisque nous sommes à l’aise avec celles-ci.
Où en êtes-vous avec le projet de modification du statut des notaires ?
Dans le respect de l’autonomie de la profession, j’ai demandé aux acteurs (Chambre des notaires, jeunes notaires et autres aspirants notaires) de discuter, de trouver un consensus et de revenir vers le gouvernement.
Qu'en est-il de l'idée prêtée au président de vouloir créer environ 30 nouvelles charges ?
C’est le consensus des acteurs de la profession qui sera privilégié.
Vous attendez-vous à être reconduit dans le prochain gouvernement ?
Pouvoir discrétionnaire du président de la République !
A quelle station serviriez-vous le mieux la République ?
Sous la houlette de Yaya Sow, délégué régional de Benno Bokk Yakaar (Bby) de Kaffrine, le collectif des maires de la région s’est félicité du score qui classe leur zone troisième en terme de vote favorable au candidat Macky Sall.
Face à la presse samedi dernier, les élus de Kaffrine invitent l’opposition à accepter le dialogue avec le chef de l’Etat. Ayant bénéficié de la confiance des Sénégalais, indique Yaya Sow, le Président Macky Sall n’a aujourd'hui en tête que le travail. «Donc, que l'opposition vienne répondre au dialogue, c'est mieux pour les Sénégalais», tranche-t-il. Le collectif des maires de la région de Kaffrine a fait face à la presse samedi à l’hôtel des députés pour analyser les résultats de la présidentielle du 24 février dernier.
Leur porte étendard, le député maire Yaya Sow en a profité pour inviter l'opposition à répondre à l'appel au dialogue du chef de l'Etat. «Qui connait bien le Président Macky Sall, sait que c'est un homme de paix. Il œuvre pour la paix et la stabilité du pays. Je pense que l'opposition devrait être la première à répondre à ce dialogue. Macky Sall a été clair et net sur ce point, il ne cherche plus un autre mandat, donc tout le monde devrait venir le soutenir pour ce dernier mandat et travailler pour le pays», souligne Yaya Sow.
«Le Président Macky Sall n'a pas attendu l'élection présidentielle pour appeler au dialogue, il l'a fait bien avant. Les Sénégalais lui ont accordé un second mandat, parce qu'il a bien travaillé dans tous les secteurs.. Aujourd'hui, il ne pense qu’au travail. Donc, que l'opposition vienne répondre au dialogue, c'est mieux pour les Sénégalais», tranche-t-il en soutenant que Macky Sall ne vise aucun autre intérêt politique avec ce dialogue. A propos, par ailleurs, du score obtenu par le candidat de Bby dans la région de Kaffrine, Yaya Sow parle d’un plébiscite.
«Je suis satisfait de ma région qui a parrainé et voté pour le chef de l'Etat. Le collectif des maires de la région y a joué un rôle important en se battant corps et âme pour sa réélection. La région s’est classée en troisième position en terme de scores», se vante le député maire de Ribot Escale.
DANFA EN LIBERATEUR AVEC UN DOUBLE
Casa Sports a réalisé l’une des belles opérations de la 16ème journée en s’imposant contre Pikine (2-1), hier, au stade Aline Sitoé Diatta. Cette victoire permet aux Ziguinchorois de remonter à la 5ème place.
Après deux journées sans victoire, le Casa sports s’est imposé à domicile contre Pikine (2-1). Passé le round d’observation, les hommes de Badara Sarr décident d’appuyer sur l’accélérateur. Profitant de ce temps fort en faveur des siens, Mamadou Lamine Danfa (7’) ouvre le score. Quatre minutes plus tard, l’international u20 corse l’addition (11’) et s’offre ainsi un doublé. Au retour des vestiaires, le promu Pikine multiplie les assauts et finit par être récompensé sur un penalty transformé par son capitaine, el Hadj Adama Mbaye (72’). N’empêche, les hommes de Djiby Fall concèderont leur 3ème défaite d’affilée (2-1).
Les Pikinois n’arrivent toujours pas à vaincre le signe indien en Ligue 1 à Ziguinchor. C’est leur 6ème défaite face au Casa sous l’ère pro dans le sud.
Stade Aline Sitoé Diatta
Buts
Casa sports : mamadou Lamine danfa (7’, 11’)
Pikine: el Hadji Adama mbaye (72’)
Avertissements
Casa sports : sang Pierre mendy (33’), Bonaventure mancabo (69’), Pierre Benoît manga (69’, 90’+2) ousmane diouf (69’)
Pikine : Ablaye diène (23’), Boubacar Cissokho (78’) Expulsion Casa sports : Pierre Benoît manga (90’+2)
Arbitres
Abdou Karim Ba, assisté de Mamadou Lamine Diop et de Babacar Touré (trio CrA thiès)
4ème Arbitre : mansata diatta (CrA Ziguinchor)
Équipes
Casa Sports : Ousmane Mané – Alieu Jatta, Ousmane Diouf (cap.), sang Pierre Mendy, Siaka Sané - Pierre Benoît manga, Bonaventure Mankabo (Malick Fall 79’), Lassana Djighaly (el Hadji Diouaré 64’) - Richard Sagna (Moussa Marone 52’), Mamadou Lamine Danfa, Youssouf Badji. Coach : Badara Sarr
MACKY TENAILLÉ ENTRE ALLIÉS, TRANSHUMANTS ET NÉCESSITÉ D’UN BON PROFILAGE
C’est une vérité universellement reconnue que former un gouvernement pour un président nouvellement élu relève d’un vrai casse-tête. Selon l’urgence et les priorités les équipes peuvent être de nature technocrate, politicienne ou encore partisane
C’est une vérité universellement reconnue que former un gouvernement pour un président nouvellement élu relève d’un vrai casse-tête. Et si peu que l’on sache de ses intentions et de ses calculs, le chef de l’Etat est appelé à tenir en compte beaucoup de paramètres dont la satisfaction des alliés qui l’ont aidé à reconquérir le pouvoir. Cependant, il ne doit pas perdre de vue que toute erreur de casting dans le choix de ses futurs ministres peut provoquer une perception négative de l’orientation de son second mandat et partant un désenchantement total.
Selon l’urgence et les priorités du moment, les équipes gouvernementales peuvent être de nature technocrate, politicienne ou encore partisane. Sous le président Wade par exemple, le dernier gouvernement a été principalement composé de juristes à qui étaient confiés les ministères-clé.
Le choix du premier ministre en la personne de Souleymane Ndéné Ndiaye, ajouté à celui des ministres de l’intérieur Ousmane Ngom et de la justice Cheikh Tidiane Sy pouvait suffire pour anticiper sur l’orientation de la dernière équipe gouvernementale du président Wade.
La nomination des praticiens du droit à ces départements sensibles a pu préparer et faciliter le forcing du troisième mandat à travers la légalisation par le conseil constitutionnel et la répression des manifestations par les hommes de Maitre Ngom. Il faut dire que dans ce dernier gouvernement de Wade, les avocats n’ont pas chômé et certains comme Maitre Elhadj Diouf ont pu être soit devenir ministres soit occuper des postes stratégiques. Tout simplement parce que Wade avait besoin de querelleurs et de faire-valoir pour s’arracher un troisième mandat.
Les gouvernements sous Macky Sall : entre technocratie et clientélisme politique
A l’instar du choix d’Adjibou Soumaré comme cinquième chef du gouvernement de Wade, le dévolu jeté sur Abdoul Mbaye pour conduire la première équipe gouvernementale sous Macky Sall était porteur d’espoir puisqu’il s’agissait là d’un technocrate. Désireux de travailler sans verser dans le clientélisme, dans un contexte où l’économie du pays semblait avoir touché le fond, le président Macky Sall n’avait d’autre choix que de nommer un banquier pour rassurer le peuple et s’assurer que des résultats suivront.
Ce qui avait fini par plomber cette option audacieuse d’un PM jusque-là apolitique, c’était cette fameuse théorie de « gagner ensemble, gouverner ensemble » si chère à Ousmane Tanor Dieng. Le président Sall devait ainsi satisfaire la boulimie des partis de sa grande coalition dont la plupart qui réclamaient des postes n’existaient que de nom.
Ainsi dans ce premier gouvernement, des erreurs de casting ont vite été repérées et conséquemment corrigées. Des ministères tels que le département de l’éducation confié à Ibrahima Sall, l’intérieur octroyé à Mbaye Ndiaye et même l’enseignement supérieur sous la tutelle de Serigne Mbaye Thiam entre autres ont dû changer de main pour plus d’efficience et d’efficacité.
A vrai dire, pour lesdits ministères, il n’y avait pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Le désir de partage du butin avec les alliés avait prévalu sur l’obligation de mettre à contribution les meilleurs profils pour la construction du pays. C’est exactement sous cet angle qu’il faut lire la nomination de Youssou Ndour à la tête du ministère du tourisme dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye. Erreur de casting ne pouvait être plus flagrante car l’artiste planétaire a démontré qu’il n’était pas assez qualifié pour diriger un ministère.
Les changements de ministère intervenus dans le gouvernement d’Aminata Touré et de Boun Abdallah Dionne obéissaient aussi à cette logique de sauvegarde de la coalition ; d’où la reconduction de ministres dont le travail n’a cessé d’être décrié et la mise au placard de certains au bilan élogieux.
Le maintien de Serigne Mbaye Thiam à la tête du ministère de l’éducation par exemple, le changement de ministère puis l’exclusion de Mansour SY qui a trouvé de bons accords avec les syndicats en tant que chef du département du Travail et Dialogue Social, et le renvoi de l’excellente ministre de la santé Awa Marie Colle Seck illustrent parfaitement ce manque de rigueur dans le choix des ministres.
Le ministère de l’éducation est ainsi resté un département à problèmes tout le long du septennat passé et celui de la santé a cessé d’être stable avec la nomination à sa tête d’Abdoulaye Diouf Sarr. Par contre, les ministères occupés par les hommes du sérail à l’instar de Mary Teuw Niane (enseignement supérieur), Makhtar Cissé (énergie) et Aminata Mbengue Ndiaye (élevage) ont connu de grandes avancées.
Pour le prochain gouvernement, il faut s’affranchir de la coalition et faire les meilleurs choix
Rien que la liste nominative des ministres pourra nous édifier le moment venu sur l’orientation du président Macky Sall pour son prochain quinquennat. Conformément à ses promesses de campagne et aux contours de la phase 2 du Plan Sénégal émergent (PSE), on devrait s’attendre à des ministres choisis surtout pour leur compétence.
Etant à son dernier mandat, Macky Sall peut faire sa liste de ministres à tête reposée car toute pression de la part de ses alliés ne saurait qu’être stérile. Après la victoire à l’élection présidentielle, tous les partis politiques, comme si l’on était dans une armée de chasseur, réclament leur part du butin. Le président Sall ne devra pas céder par rapport à cela car beaucoup d’erreurs ont été faites à cause de cette volonté de ménager le troupeau.
Avec les transhumants à satisfaire et les alliés qui réclament un plus grand quota, former un gouvernement devient un casse-tête plus compliqué à résoudre. Quelle que puisse être la composition de la prochaine équipe gouvernementale, il y aura des grincements de dents de la part de ceux qui attendent un retour d’ascenseur.
Nombre de transhumants ont été ministres et attendent un retour sur investissement de leur ralliement. Et chercher à les contenter en omettant de mettre en avant les critères de la compétence relèverait d’un pur tâtonnement. Le cas du Parti de l’indépendance et du Travail (PIT) avec le remplacement de Mansour Sy par le secrétaire général du même parti, Samba Sy, en est une éloquente illustration.
Il s’agit là d’un « ôte-toi-là-que-je-m’y-mette », d’une substitution peu opportune et très maladroite au vu des résultats obtenus par l’ancien ministre du travail, ne serait-ce que la stabilité du front social obtenue après de sérieuses négociations avec les syndicats.
Réduire la pléthore de ministres conseillers et remanier les ministères à problèmes
S’il y a des ministères qui devraient changer de patron, le tourisme, l’éducation, la santé et la justice ne devraient pas être exception. Le département du tourisme est sous la tutelle d’un ministre réputé pour son inculture et surtout son ignorance de la géographie, élément essentiel pour faire fructifier le secteur en question.
Quant aux trois autres secteurs, ils représentent les trois poumons grâce auxquels un pays parvient à respirer, s’ils sont bien entretenus. En effet, l’éducation, la santé et la justice constituent le triangle dont les contours, s’ils sont bien représentés, produisent un sentiment de protection, de satisfaction et de bénédiction.
Cependant, il est à noter que ces trois départements ont été les plus agités lors du quinquennat passé. Des grèves cycliques ont été notées et jusqu’ici la situation qui prévaut n’est pas porteuse d’espoir : soit des préavis déposés sont arrivés à expiration ou bien des mots d’ordre sont tout simplement suspendus en attendant qu’un nouveau gouvernement se forme.
Qu’à cela ne tienne, la santé, l’éducation et la justice sont malades dans notre pays et méritent toutes d’être placées entre des mains plus expertes et davantage magnanimes. La sourde oreille dont font montre les ministres Serigne Mbaye Thiam, Ismaila Madior Fall et Abdoulaye Diouf Sarr envers leurs administrés est tout simplement un manque de considération à ces vaillants travailleurs mais aussi aux usagers de ces secteurs qui paient toujours les pots cassés de ces grèves sans fin.
Le président Macky Sall devra également réajuster ses ministres conseillers dont la plupart n’ont même pas accès à lui. Ce genre de promotion, à la base clientéliste, coûte très cher aux contribuables. En vérité, les ministres conseillers vivent aux frais de la princesse et leurs rôles ne se ressentent absolument pas dans un pays qui compte déjà un Conseil économique social et environnemental (CESE) ainsi qu’un Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). De même que les ministres conseillers, les secrétaires d’Etat peuvent disparaître puisqu’ils interviennent dans des secteurs qui ont un ministère et des agences à n’en plus finir.
PIKINE TOMBE UNE 3EME FOIS, TFC SUR LE PODIUM
En dominant 1-0 Jaraaf, Teungueth FC remonte sur le podium, à la 3ème place derrière Pikine, qui concède devant Casa Sports (2-1) sa troisième défaite d’affilée en Ligue 1.
En dominant 1-0 Jaraaf, Teungueth FC remonte sur le podium, à la 3ème place derrière Pikine, qui concède devant Casa Sports (2-1) sa troisième défaite d’affilée en Ligue 1. Génération Foot conserve son fauteuil après son succès 1-0 devant Gorée.
La mauvaise série continue pour les Pikinois. Défait une première fois lors de la 14ème journée face au stade Mbour (2-1) puis contre Jaraaf (15ème journée, 1-0), l’As Pikine aligne une nouvelle contre-performance en Championnat face au Casa sports. Néanmoins, le club conserve sa place de dauphin derrière génération Foot, vainqueur de gorée (1-0). Les rufisquois sont les heureux gagnants de cette journée. Après deux mois sans victoire en Ligue 1, ils ont enfin arraché le succès lors de leur déplacement chez le champion en titre, Jaraaf. Ce succès les propulse sur la dernière marche du podium. Au nord, c’est ndiambour qui gagne le derby. Les Lougatois ont accueilli et battu sur la plus petite des marques leurs voisins de Saint-Louis, Linguère, grâce à Pa Omar Jobe, qui rejoint Pape Ousmane Sakho au classement des meilleurs buteurs (7 buts). La lanterne rouge Sonacos est allée tenir en échec zéro but par- tout Dakar Sacré-Cœur, qui quitte la 3ème place pour le pied du podium.
Dans l’arène, une bataille de positionnement est née entre les différentes places fortes de la lutte. Si Guédiawaye résiste bien avec Balla Gaye 2 et Lac de Guiers 2 et que les Parcelles Assainies s’agrippent avec Modou Lô, Pikine dispose d’un trio de feu composé du roi des arènes et de deux nouveaux VIP. Des attributs dont aucune autre localité ne peut se glorifier
Il fut un temps où l’arène était dominée par les Sérères avec les longs règnes de Manga 2 et surtout de Yékini qui a occupé, pendant plusieurs années, le plus haut siège de l’arène. Après la domination de cette ethnie réputée pour son amour pour la lutte, Balla Gaye 2 a effectué, un tant soit, un règne de bon aloi. Cependant, la consécration d’Eumeu Sène le 28 juillet passé fait que Pikine dépasse tout le monde.
UN ROI DES ARENES ET DEUX POTENTIELS PRETENDANTS
Actuellement, Pikine se classe au-dessus de toutes les autres places fortes de l’arène. Fass, son rival historique, enchaîne les années sans gloire, Guédiawaye recule dans la hiérarchie tandis que les Parcelles Assainies manquent de ténors avec comme unique leader Modou Lô. Que dire de Mbour, qui ne dispose que d’un Bombardier à la porte de la retraite ? Et, Baol compte sur Tapha Tine qui est évité de toutes parts. Face à cette situation quelque peu floue des autres franges de la lutte, Pikine nage dans le bonheur absolu.
En effet, depuis l’époque de Tyson, Pikine courait après le titre de Roi des arènes qu’il est parvenu à accrocher de nouveau, grâce à Eumeu Sène. 16 ans après le titre perdu par Mbeurou Askanwi en 2002, le Fou de Tay Shinger est devenu le «number one» de l’arène, suite à son succès de la saison passée devant Bombardier, le 28 juillet. Une victoire capitale qui positionne sa localité au sommet de l’arène. Et, il n’est pas seul dans cette bataille d’honneur. En plus d’avoir le Roi des arènes, Pikine est la seule place forte de la lutte à pouvoir se targuer d’avoir deux autres ténors susceptibles d’être couronnés dans un avenir proche.
Ama Baldé et Boy Niang 2 ont intégré le cercle restreint des ténors après leur victoire respective devant Papa Sow (24 février 2018) et Sa Thiès (11 mars 2018). Des succès qui font d’eux de sérieuses menaces pour les autres VIP, mais également des prétendants avérés au titre phare de la lutte. Pour montrer leur suprématie sur la concurrence, ces trois champions de Pikine ont occupé le podium du classement ANPS récompensant le meilleur lutteur de la saison. Maintenant qu’ils sont audessus de tout le monde, les ténors de Pikine se dirigent vers la difficile et compliquée année de la confirmation.
PAR MADIAMBAL DIAGNE
RÉFLÉCHIR, ENCORE RÉFLÉCHIR AVANT DE DISSOUDRE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Dissoudre l’Assemblée nationale dans un contexte de mise en œuvre de réformes de l’Etat dont certaines pourront s’avérer impopulaires, équivaudrait à attraper des mouches avec du vinaigre
Une élection en cache d’autres. Le président Macky Sall a fini d’être réélu, avec brio, pour un second mandat de 5 ans. Mais sitôt que les résultats du scrutin du 24 février 2019 sont rendus publics, les esprits pensent déjà aux prochaines joutes électorales. Le calendrier électoral prévoit des élections locales au mois de décembre 2019 et des élections législatives à la mi-2022. Les élections locales devaient initialement avoir lieu le 23 juin 2019, avant le terme du mandat des conseillers municipaux et régionaux qui étaient élus le 29 juin 2014. Seulement, le chef de l’Etat, dans une perspective d’aménager le calendrier électoral, avait pris un décret de prolongation du mandat des élus locaux pour fixer la nouvelle date de ces élections au 1er décembre 2019, au motif de «circonstances exceptionnelles».
En effet, le Président Macky Sall justifiait sa décision en août 2018 en raison, notamment, de «l’hivernage, de l’organisation de certaines cérémonies religieuses et la coïncidence entre les investitures pour les Locales avec la campagne électorale de la Présidentielle 2019, sans oublier le dépôt des listes fixé auparavant au 2 avril 2019 et la prestation de serment du futur Président élu». Après l’élection présidentielle du 24 février 2019, on peut bien juger que l’idée de «décaler» la date des élections locales apparaît comme pertinente, car il s’avère a posteriori qu’il aurait été pratiquement impossible d’organiser la Présidentielle et dans le même temps, préparer des listes de candidature pour des élections locales et engager ainsi une nouvelle campagne électorale. Aussi, les résultats, engrangés par les différentes coalitions à la Présidentielle de 2019, ne manqueront pas de servir de grille de lecture pour un positionnement en perspective des élections locales. Au regard des résultats de la Présidentielle, toutes les coalitions politiques devraient avoir plus de lisibilité pour procéder à des investitures.
Au demeurant, le fait de reporter la date des élections locales au Sénégal ne constitue pas une première. Déjà, le même Macky Sall avait «décalé» de trois mois la date de la tenue des élections locales de 2014 qui devaient se tenir initialement au mois de mars de la même année. La réforme du Code des collectivités locales, avec la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation, avait été présentée comme la cause de ce report. Avant lui, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf avaient pris les mêmes mesures pour reporter à plus tard, des élections locales. Le Président Abdoulaye Wade avait repoussé au 22 mars 2009 les élections locales qui étaient initialement prévues pour le 18 mai 2008, prétextant un nouveau découpage administratif avec la création des nouvelles régions de Sédhiou, Kaffrine et Kédougou. En 2001, le même Wade n’organisa pas les élections locales à date échue. Il décida de leur report au 22 mai 2002. Dans la foulée, avait-il fait instituer la mise en place de délégations spéciales afin de mettre sous son giron les collectivités locales que son régime, arrivé au pouvoir le 19 mars 2000, ne contrôlait pas encore.
Le Président Abdou Diouf avait lui aussi eu à décider de report des élections locales à plusieurs reprises. Ainsi, depuis 1983, jamais des élections locales n’ont été tenues à date échue au Sénégal. A chaque fois, le prétexte a été tout trouvé, comme des réformes des textes organisant la vie et la gestion des collectivités locales ou de nouveaux découpages administratifs ou un contexte politique pesant pour le calendrier électoral. On peut se demander si le Président Macky Sall, qui se plaint de l’embouteillage du calendrier électoral, ne déciderait pas, une nouvelle fois, du report des élections locales pour par exemple, les coupler aux élections législatives de 2022 ? Il faut dire qu’un consensus avec son opposition politique autour de cette idée serait difficile à trouver. Le Président Sall pourrait néanmoins avoir aussi la latitude de coupler ces élections locales avec les élections législatives, au cas où il déciderait d’une dissolution anticipée de l’Assemblée nationale. Le pouvoir de dissolution anticipée de l’Assemblée nationale reste une de ses prérogatives constitutionnelles exclusives. Dans tous les cas, il apparaît nécessaire d’adapter l’agenda électoral pour éviter au Sénégal de devoir vivre dans une ambiance de campagne électorale permanente. Un scrutin national est prévu quasiment tous les deux ans (élections locales en décembre 2019, législatives en juin 2022 et présidentielle en février 2024). Ainsi de suite… Il s’y ajoute que le système de parrainage a eu pour conséquence l’instauration d’une «campagne pour les parrainages».
L’opposition condamnée à l’unité
L’histoire électorale enseigne qu’au Sénégal, chaque fois que l’opposition politique arrive à mettre en place une coalition assez large, elle a pu défaire le camp au pouvoir ou a réussi, à tout le moins, à constituer une véritable menace. Il en était ainsi à la Présidentielle de 2000, quand la large coalition autour de Abdoulaye Wade avait eu raison du régime de Abdou Diouf et en 2012 quand Macky Sall a pu réussir à mettre toute l’opposition de son côté pour battre Abdoulaye Wade. La même situation a été observée dans les autres types d’élections. Ainsi par exemple, en 2009, dans le sillage des Assises nationales, une large coalition de l’opposition avait permis d’arracher, au Parti démocratique sénégalais (Pds) de Abdoulaye Wade, de grands centres urbains. Ainsi, la mairie de Dakar avait été remportée par la coalition Benno. Pour l’histoire, la liste avait été conduite par un certain Doudou Issa Niasse du Parti socialiste (Ps). Cela renseigne bien sur le peu d’ambition que nourrissait la coalition Benno de gagner la mairie de la capitale. Divine surprise, la coalition Benno gagna Dakar et se trouva confrontée à la question de la désignation d’un maire, du fait qu’aux yeux de nombreux responsables politiques, Doudou Issa Niasse n’était pas très «mairable». Le sort désigna son camarade Khalifa Ababacar Sall pour occuper le fauteuil de maire de Dakar. Khalifa Ababacar Sall changea de camp et se représenta en 2014 à la mairie comme porte-drapeau de l’opposition, face notamment à l’ancienne Première ministre Aminata Touré, candidate du pouvoir de Macky Sall. La nouvelle coalition Taxawou Ndakarou de l’opposition gagna Dakar et offrira un deuxième mandat à Khalifa Ababacar Sall.
Les résultats des élections législatives de juillet 2017 ont également montré que l’unité de l’opposition aurait pu faire mouche contre le camp du Président Macky Sall. On peut augurer que les états-majors de l’opposition ont pu apprendre de leurs erreurs, de leurs divisions, pour envisager les prochaines élections locales et législatives dans une dynamique unitaire. En effet, avec le système électoral caractérisé par une forte dose de scrutin majoritaire à un tour, la somme arithmétique des voix engrangées par ses différentes listes aurait donné un certain avantage à l’opposition. Il semble écrit sur les astres que, par réflexe, l’opposition réalisera son unité. Peut-être que seul le Parti démocratique sénégalais pourrait rester en rade, mais ce serait au prix de quelles concessions que Macky Sall pourra obtenir les faveurs de Abdoulaye Wade ?
Des élections à très hauts risques pour le camp de Macky Sall
Le camp du Président Macky Sall aura aussi à craindre les divisions dans ses propres rangs. Le coefficient personnel du chef de l’Etat devrait être moins déterminant dans l’issue des prochaines élections locales et législatives. Macky Sall, qui n’aura plus à briguer un autre mandat de président de la République, se trouvera dans une situation où il n’aura pas à influer de manière déterminante sur l’avenir politique des autres responsables de son camp. Ainsi, chaque responsable politique voudra chercher à s’assurer un bastion électoral propre ou tout simplement à trouver un strapontin qui lui garantirait une certaine survie politique. Ces élections vont se révéler, plus que jamais, de véritables «élections à domicile». Jusqu’où le Président Sall aura-t-il assez d’autorité sur ses troupes pour imposer une conduite à tenir ? Déjà, on avait observé de féroces querelles fratricides dans les rangs de sa coalition, lors des investitures aux Municipales et aux Législatives. Au lendemain des élections législatives du 30 juillet 2017, nous faisions la même mise en garde soulignant : «…on remarque que l’agrégation des scores des différentes listes de l’opposition pourrait révéler qu’une unité de celle-ci aurait pu gravement bousculer la majorité du Président Macky Sall. L’opposition ne manquera certainement pas d’en tirer les leçons. Il est également important de s’interroger sur l’adversité morbide et suicidaire qu’entretiennent les responsables de Benno bokk yaakaar. Les querelles de leadership et d’ego ont beaucoup détruit leur dynamique de victoire. La guerre fratricide des responsables de l’Alliance pour la République (Apr) a laissé de profondes blessures dans les urnes à Dakar.»
Il n’est assurément pas besoin d’être un devin pour prédire que la même situation sera encore observée à Dakar, Ziguinchor, Thiès, Kaolack, Touba, Louga, Tivaouane, Kolda et dans bien d’autres circonscriptions électorales. A Dakar, la «remontada» réalisée par le camp de Macky Sall lors de la Présidentielle du 24 février 2019 risque fortement d’être annihilée par les velléités de candidatures multiples à la mairie de Dakar et en ordre dispersé. On annonce les candidatures de Amadou Ba, de Abdoulaye Diouf Sarr, de Mame Mbaye Niang, de Moustapha Cissé Lô, de Aminata Touré, entre autres. A Ziguinchor, il n’est pas non plus sûr que la fulgurante percée réalisée par Ousmane Sonko permette aux Benoît Sambou, Doudou Ka, Aminata Angelique Manga et autres, de réaliser que le combat sera perdu d’avance s’ils ne se serrent pas les coudes avec leurs alliés Robert Sagna et Abdoulaye Baldé notamment. La même logique devrait être de mise à Kolda, Sédhiou, Bignona, Oussouye. Partout, il avait été observé des batailles grégaires pour avoir une place de leader dans les comités électoraux mis en place par le candidat Macky Sall, pour la dernière compagne électorale. Il conviendrait alors, pour le Président Sall, d’arbitrer les conflits dans les rangs de son parti, de trouver les consensus avec ses autres alliés et surtout de clarifier les questions des investitures afin de s’éviter toute mauvaise surprise. Il apparaît nécessaire de savoir sur qui compter et qui va jouer collectif ou pas ? La tâche sera d’autant plus ardue que le Président Sall n’a jamais trouvé le temps ou la possibilité de structurer son parti. Chaque responsable peut revendiquer une certaine légitimité pour prétendre se mettre à la tête des troupes.
De même, la confiance n’est pas toujours de mise entre alliés de la coalition Benno bokk yaakaar. C’est un secret de polichinelle qu’il n’existerait entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng qu’une unité de façade. On a déjà aussi un avant-goût de l’ambiance dans laquelle une Aïssata Tall Sall sera accueillie au sein de cette coalition par ses anciens camarades socialistes. Il aura simplement fallu que Aïssata Tall Sall exprime, sur les ondes de la Rfm, le 3 mars 2019, avec certes, une tonitruance docte, l’idée déjà évoquée par d’autres, de la possibilité d’une dissolution anticipée de l’Assemblée nationale, que le Bureau politique du Parti socialiste se fende d’une déclaration indignée pour la rabrouer en quelque sorte. Il est à préciser que nous-même nous disions, sur iRadio, le 30 décembre 2018, que si les résultats de la Présidentielle l’y autorisaient, Macky Sall pourra envisager la dissolution de l’Assemblée nationale.
Qui fera l’unité au sein de Benno bokk yaakaar et autour de quelle offre politique ? Quel pacte faudrait-il souscrire entre alliés pour pouvoir se présenter ensemble aux élections prochaines et surtout dans quelles conditions faudrait-il en arriver à pouvoir organiser par exemple des primaires pour désigner un candidat à la Présidentielle de 2024 qui ne sera pas Macky Sall ? L’avenir de Bby semble dépendre de cette exigence de la transformer en une même formation politique qui pourrait générer un candidat soutenu par tout le groupe. En attendant, toutes ces conditions doivent faire réfléchir davantage le Président Macky Sall sur toute idée d’une dissolution anticipée de l’Assemblée nationale. Il faudrait s’éviter le syndrome Jacques Chirac qui avait dissous l’Assemblée nationale française en 1997, à un an de la fin de la législature, sans pouvoir obtenir une majorité parlementaire et a été ainsi contraint à une cohabitation avec un gouvernement socialiste dirigé par Lionel Jospin. C’était «une dissolution pour convenances personnelles», le même cas de figure dans lequel se trouverait le Président Macky Sall. En effet, réaménager le calendrier électoral est une bonne chose mais pour autant, faudrait-il le faire à ses gros risques et périls, pour ne pas dire à ses dépens ? Dissoudre l’Assemblée nationale dans un contexte de mise en œuvre de réformes de l’Etat dont certaines pourront s’avérer impopulaires, équivaudrait à attraper des mouches avec du vinaigre. Il s’y ajoute que certaines personnalités politiques, déçues par exemple, suite à la formation du premier gouvernement de Macky II, pourraient tourner casaque et grossir les rangs de l’opposition.
UN RESEAU DEMANTELE A SOUMBEDIOUNE
Quelques jours après l’arrestation d’une Chinoise à l’Aibd, la Sûreté urbaine et ses partenaires n’ont pas mis beaucoup de temps pour mettre fin aux agissements de trois présumés trafiquants d’ivoire au marché de Soumbédioune, samedi dernier.
Du nouveau dans le dossier de trafic d’ivoire de la ressortissante chinoise arrêtée le 5 mars dernier à l’aéroport international Blaise Diagne. Cette dernière, en partance pour l’Asie, était «en possession, circulation et exportation illégale de 350g d’ivoire fraîchement sculptée par la Caat (Cellule aéroportuaire anti trafic), une unité spéciale rattachée à l’Ocrtis, en collaboration avec la Defc (Direction des eaux et forêts et de la chasse) et Eagle Sénégal». A la suite de l’audition de la ressortissante chinoise par les limiers de la Sûreté urbaine, les policiers ont effectué une descente le samedi 9 mars à 15h40 au marché de Soumbédioune pour y interpeller «trois (3) présumés trafiquants d’ivoire, dont un récidiviste déjà condamné sur la même place en 2017 à 3 mois de prison de ferme». Cette opération «fructueuse» s’est faite «après la mise en place et coordination d’une opération majeure conjointe des parquets de Mbour et de Dakar, de la Defc- des éléments du Commissaire Dramé de la Sûreté urbaine», indique-t-on dans un communiqué du projet Eagle Sénégal parvenu hier au journal Le Quotidien.
Un travail d’enquête énorme «de plus de 72 heures non-stop qui est abattu par la Defc de Thiès, Mbour et Dakar, le procureur de Mbour et le projet Eagle Sénégal» a permis de «remonter la piste des trafiquants qui ont vendu illégalement de l’ivoire à cette ressortissante chinoise à Dakar». «S’ensuivent trois (3) perquisitions qui ont abouti à la saisie de 391 pièces d’ivoire sculptées ou brut pour un poids de 5kg 500», poursuit le communiqué. Qui informe que «les 3 présumés trafiquants ont été conduits au Tribunal de Grande Instance de Mbour pour y être entendus par le procureur et décider de leur sort».
Cette deuxième opération «coup de poing», intervenue «quelques jours seulement après l’arrestation de la ressortissante chinoise à l’Aibd pour remonter le réseau de trafic», reste «un signal très fort» du gouvernement du Sénégal à travers «ses ministères de l’Environnement, de l’Intérieur et de la Justice, sur l’interdiction de ce commerce ensanglanté et dangereux pour la sécurité des Etats et du patrimoine africain». «Il y a aujourd’hui, une “tolérance zéro” dans le traitement de ce Trafic international au Séné¬gal», rappelle encore le communiqué du projet Eagle Sénégal.
«UNE IDEE SAUGRENUE, ANTI-MACKY, ANTI-BBY»
Membre de cette 13ème Législature, Abdoulaye Wilane ne cautionne pas une dissolution de l’Assemblée nationale, émise par Me Aïssata Tall Sall.
Dans cet entretien, le député maire de Kaffrine Abdoulaye Wilane, porte-parole du Ps, se prononce sur la Présidentielle, la dissolution de l’Assemblée, le dialogue national et l’éventualité d’une amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade.
Quelle lecture faites-vous de l’issue de l’élection présidentielle avec la réélection de Macky Sall ?
L’élection, à nos yeux, s’est bien déroulée par rapport au passé. Nous saluons le vote massif des Sénégalais dans la sérénité et la dignité. Cela hisse notre pays à un niveau d’exemplarité appréciable dans la sous-région, aux niveaux continental et mondial. Les candidats ont fait preuve de responsabilité. C’est vrai qu’il y a eu de la nervosité, de la fébrilité, de l’anxiété et de la mélancolie parfois. Mais au finish, les acteurs politiques qui étaient en opposition, ont fait montre d’une grande retenue et de sens élevé de la responsabilité. Enfin, Macky Sall a été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel. Nous le félicitons et nous nous en félicitons, en tant que Parti socialiste.
Des résultats rejetés par les candidats de l’opposition avec en tête Idrissa Seck et Ousmane Sonko…
Ils sont dans leurs rôles. En démocratie, être contesté, c’est être constaté. Je ne vais pas dire qu’ils sont K.o debout, tout le monde constate que dans la nuit du 24 au 25 février, ils ont très rapidement convoqué la presse pour orienter les Sénégalais vers un deuxième tour.
C’est le cas aussi du Premier ministre qui a donné les résultats avant l’heure en parlant d’une victoire de Macky Sall avec 57% au minimum…
C’est Ousmane Sonko et Idrissa Seck qui ont co-organisé un point de presse pour orienter les gens vers l’attente d’un second tour. Ce n’est que quelques heures après que le Premier ministre, après avoir rassemblé les résultats issus des centres de vote, a indiqué les informations dont l’état-major du directoire de Benno bokk yaakaar disposait. Ces candidats qui se sont rendu compte de la victoire irréfutable et imparable de Macky Sall ont été estomaqués et groggys. Ils étaient K.o débout et, par la même occasion, habités par la mélancolie de l’espoir trahi. Voilà ce qui explique qu’ils aient dans un premier temps refusé de reconnaître leur défaite. Ils n’ont pas de preuve pour constituer des éléments de recours. C’est de bonne guerre parce qu’en refusant de céder, ils se donnent un temps pour consolider le bloc des sympathisants qui avait voté pour eux aussi bien pour Idrissa Seck que pour Ousmane Sonko. Ces positions ont été émises parce que chacun avait en tête la position de cette place de deuxième pour occuper le statut du chef de l’opposition. Malheureusement, Idrissa Seck et Ousmane Sonko sont mal placés pour occuper cette fonction parce qu’ils ont été portés par des coalitions qui étaient toutes circonstancielles. Ces leaders qui ont soutenu Sonko et Idy ne l’auraient pas fait s’ils étaient candidats. Donc, ceux qui parlent du statut du chef de l’opposition gagneraient à explorer d’autres voies, à savoir l’Assemblée nationale où le parti d’opposition avec le plus grand nombre de députés devrait aspirer à occuper ce statut. Il est peu probable que tous ceux qui avaient soutenu Idrissa Seck le suivent pour 5 ans encore.
A l’Assemblée nationale aussi, les députés sont élus sur la base de coalitions…
Si vous prenez le Parti de l’unité et du rassemblement, il a le plus grand nombre de députés issus d’une liste qui n’est pas une coalition. Si vous allez dans les coalitions, il y a des députés issus des partis.
Si on suit votre logique, c’est le Pds qui doit incarner le chef de l’opposition ?
En principe oui. Si on prend la Présidentielle, celui qui s’est radicalement opposé à Macky Sall, c’est Abdoulaye Wade et son parti. Objectivement, l’opposant de Macky Sall, c’est Abdoulaye Wade. Il ne m’appartient pas de dire que c’est tel ou tel qui doit incarner le chef de l’opposition. J’invite juste les acteurs politiques à y réfléchir sereinement.
Que pensez-vous du ralliement de Me Aïssata Tall Sall au camp présidentiel ?
C’est son droit parce qu’elle est libre.
Quels doivent être les termes de référence du dialogue national appelé par le président de la République ?
Le président de la République a été capable de gérer les divergences au sein de Benno bokk yaakaar et même dans la grande coalition de la mouvance présidentielle. Il donne la preuve aux Sénégalais qu’il est à la hauteur de ses responsabilités, qu’il est la clef de voûte des institutions de la République. C’est un appel sincère de la part d’un homme définitivement entré dans l’histoire et veut y rester. C’est à nous Sénégalais de percevoir l’intérêt supérieur du Sénégal. Chacun doit, à son niveau, faire preuve de responsabilité. Ce n’est pas un hasard si le Président Sall a mis à contribution ses illustres prédécesseurs, à savoir les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Enfin, c’est un appel au dialogue qui ne concerne pas uniquement les forces politiques. Les forces sociales, syndicales, les élites entrepreneuriales, patronales, les communautés religieuses et tous les médiateurs sociaux sont concernés. Le Président Macky Sall est dans son rôle. Si nous l’aidons durant ce quinquennat qui sera celui de la transformation, cela va être l’opportunité de mettre en œuvre toutes les réformes d’intérêt national. Ces réformes ne peuvent avoir lieu que dans le cadre d’un consensus fort pour refonder le Sénégal.
Taxawu senegaal exige d’abord la libération de Khalifa Sall comme condition de participation au dialogue. Etes-vous pour une grâce en faveur de l’ex-maire de Dakar ?
Impossible n’est pas politique. Si nous dialoguons, cela nous permettra de dépasser des situations difficiles. Ce qu’il faut éviter, c’est une inadéquation entre le fond et la forme. Si on dialogue pour régler des contentieux réglés par la justice, cela va poser problème. Je comprends les amis de Karim Wade et de Khalifa Sall qui rêvent d’une loi d’amnistie pour ces derniers. Le député Abdou Mbacké Bara Dolli a dit de façon catégorique qu’il a été abordé pour proposer une loi d’amnistie en faveur de Khalifa Sall et Karim Wade. Personnellement, je pense qu’il faut aller à ce dialogue.
Allez-vous voter une éventuelle proposition de loi d’amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade ?
Je ne sais pas. Je n’en connais pas les motivations. Malgré le fait que je suis un député indépendant mais j’appartiens à un parti, à un groupe parlementaire.
Conseillerez-vous à Macky Sall de gracier Khalifa Sall, ensuite de l’amnistier en même temps que Karim Wade ?
Après le temps de la justice, le président de la République a des prérogatives avec la grâce. Sur ce sujet, je n’ai pas à lui donner des conseils par voie de presse. Au nom de l’intérêt supérieur du Sénégal, s’il considère que prendre de telles décisions peut favoriser l’Unité nationale, je ne peux que les respecter. Je ne suis pas un homme politique qui fait du chantage ou des menaces à l’encontre d’un président de la République.
Mais une amnistie pour Khalifa et Karim pourrait apaiser la tension dans le pays…
Pourquoi pas. Mais il n’y a pas que ces questions comme problème dans ce pays. Je rappelle que je n’ai de l’animosité ni pour l’un ni pour l’autre. J’éprouve de l’affection et de la fraternité pour chacun des deux. Mais ce n’est pas à moi de décider.
Est-ce qu’on peut s’attendre à un congrès du Ps cette année ?
C’est inévitable pour deux raisons. Nous devons renouveler nos instances que nous avons mis entre parenthèses pour les besoins de la Présidentielle. Pour les Locales, il va falloir décider de la manière dont on va y aller. Mais le congrès aussi peut être organisé par d’autres rencontres.
De parti qui gérait le pouvoir, le Ps se retrouve à soutenir. Est-ce que le parti n’a pas perdu son influence ?
Pas du tout. La vie est faite de hauts et de bas.
Le Ps est-il dans ses moments bas ?
Le Ps est dans une situation très forte avec plein d’espoir. Son avenir est radieux. Nous sommes une force politique incontournable et notre représentativité, si elle ne s’est pas améliorée, ne s’est pas effritée. Nous avons montré qu’on peut servir son pays en étant au pouvoir, dans l’opposition, comme en étant associé au pouvoir. Nous sommes fiers de notre compagnonnage avec Bby. Au-delà de 2019, nous souhaitons que Bby soit perpétuée. Des hommes et des femmes qui nous flétrissaient jadis nous ont rejoints dans la mouvance présidentielle. Ils ont fait moins bien que nous.
Vous faites allusion à qui ?
Vous les connaissez. Je ne vous citerai pas de noms.
Vous parlez de Me Aïssata Tall Sall par exemple ?
Je ne veux pas citer des individus. Je ne suis pas le porte-parole du Ps pour tirer sur des personnes.
Que pensez-vous du débat sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale émis par Me Aïssata Tall Sall ?
C’est une idée à elle. Cela traduit son niveau d’intelligence, d’analyse et de perception des situations, des enjeux et des défis à relever. Maintenant, ni mon parti ni mon groupe parlementaire n’ont discuté de cette affaire. Cependant, je pose des questions. Que se passe-t-il pour que l’on dise qu’il faut dissoudre l’Assemblée nationale ? Y’a-t-il une crise ? L’esprit des lois doit être inextricable aux idées et propositions qu’on formule. Si le Président dissout cette Assemblée nationale, est-ce qu’il va réinvestir les mêmes candidats ? Sinon va-t-il s’allier avec certains de ses amis qui sont venus le soutenir lors de la Présidentielle ? Est-ce qu’il pourra satisfaire toutes les forces politiques qui sont avec lui à l’Assemblée nationale et qui étaient dans d’autres listes ? Je peux citer Modou Diagne Fada, Aïssata, Baldé… Est-ce que Macky Sall a besoin de plus que ce qu’il a pour le moment à l’Assemblée nationale ? Pourquoi Macky Sall doit avoir peur de finir son dernier mandat avec une nouvelle élection qui interviendrait à 2 ans de sa fin ? Et on aura deux systèmes parrainage qu’on n’a pas encore expérimentés aux Locales et aux Législatives. Quand on est un homme d’Etat, on ne doit pas se précipiter à formuler certaines idées. Après ces questions que je me pose, je dis que cette idée est saugrenue et anti-Macky, voire anti- .