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14 septembre 2025
MAMADOU DIA, HISTOIRE D'UNE ARCHIVE INÉDITE
Dix ans après la mort de l'ancien président du Conseil (1957 à 1962), son ancien directeur de cabinet, Roland Colin, choisit de confier l’intégralité de ses douze heures d’entretiens enregistrés à Dakar entre 1975 et 1978, à RFI
RFI |
Valérie Nivelon Maxime Grember |
Publication 25/01/2019
C’est une archive sonore inédite où le premier président du Conseil du Sénégal revient sans aucune concession ni amertume sur la crise de 1962 et ses années de prison, suite à son arrestation ordonnée par son mentor Léopold Sédar Senghor, premier président de la République sénégalaise. Mais le témoignage de Mamadou Dia ne se résume pas à l’événement de 1962, aussi tragique soit-il. Sa dimension autobiographique revisite toute l’histoire de la lutte anticoloniale depuis les années 1930. Celle d’un instituteur africain et musulman, dont l’idéal nationaliste ne souffrait aucun compromis avec la France. À la proposition de Senghor de le libérer contre son engagement à renoncer à la politique, Dia a répondu qu’il préférait « vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ».
Avant de découvrir La voix Mamadou Dia, la série documentaire en trois épisodes diffusée en exclusivité dans La marche du monde sur RFIà partir du dimanche 17 mars à 11h10 TU, Roland Colin revient sur l’histoire de cette archive sonore et sur la dimension biographique du récit de Dia.
RFI : Dans quelles circonstances avez-vous réalisé ces entretiens ?
Roland Colin : J’ai retrouvé Mamadou Dia à Dakar en 1974, juste après sa sortie de prison et je lui ai dit que son témoignage était fondamental, que son histoire devait désormais être intégrée à la grande Histoire et qu’il devait reprendre la parole pour que tout le monde puisse entendre ce qu’il avait à dire.
Il a été très heureux de cette proposition, mais comme il était devenu presque aveugle et qu’il ne pouvait plus écrire, il a accepté de témoigner oralement et de revenir sur son parcours, de son enfance jusqu’à son emprisonnement en 1962.
C’est dans ce contexte que son récit autobiographique a été enregistré. Le travail de mémorisation a été fait par étape. Nous nous sommes vus une quinzaine de fois chez lui à Dakar entre 1975 et 1978. Ce travail lui a permis d’écrire son livre autobiographique : Afrique, le prix de la liberté (aux éditions L’Harmattan).
J’ai soigneusement gardé ces enregistrements et j’ai décidé aujourd’hui, à 90 ans, d’en faire don à RFI pour l’émission de Valérie Nivelon, La marche du monde. Il est important que ces archives puissent être connues de tous, car elles nous donnent à entendre la voix de Mamadou Dia, acteur de l’indépendance du Sénégal, mais aussi figure incontournable de la décolonisation en AOF (Afrique-Occidentale française) et en Algérie.
Quand entrez-vous au cabinet de et Mamadou Dia et quelle fonction occupez-vous ?
La loi-cadre Deffere du 23 janvier 1956 permet de créer pour la première fois un gouvernement sénégalais, et c’est le parti de Léopold Sédar Senghor qui occupe la position de responsabilité. Léopold Sédar Senghor nomme Mamadou Dia à la tête du gouvernement.
A la demande de Léopold Sédar Senghor, j’entre au cabinet de Mamadou Dia en juillet 1957, que je connaissais et pour qui j’avais de l’estime. Mamadou Dia me confie plusieurs missions importantes ; travailler à la fédération des Etats d’Afrique occidentale, suivre le transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar et l’accompagner dans la mise en place de sa politique de développement économique ; l’animation rurale.
Peut-on établir des comparaisons dans les parcours et les origines de Senghor et Dia ?
Mamadou Dia vient d’une classe pauvre. Il n’appartient pas au milieu de la bourgeoisie urbaine, à l’inverse de Léopold Sédar Senghor, dont le père était bien ancré dans le milieu des affaires.
Léopold Sédar Senghor a été extrait de son milieu dès l’âge de 7 ans. Il a été envoyé à l’école où on lui a appris le français et le wolof, alors que sa langue maternelle était le sérère. Il a découvert la religion et la culture française, tout en étant travaillé par l’aiguillon de la culture première perdue et qu’il appelait son royaume d’enfance. Dès lors, il va être obsédé par le retour à cette culture perdue ; la négritude, selon lui, qui sera vue comme une reconquête de soi. Il arrive à Paris en 1928 et il y restera jusqu’en 1945.
Quand il revient au Sénégal, il entend parler de Mamadou Dia, qui était un jeune instituteur et qui faisait un travail formidable avec les paysans sénégalais. Il rencontre un garçon en pleine possession de sa négritude première et sera dès lors fasciné par la négritude de Dia, qui venait de créer, avec un groupe d’amis, le cercle de l’authenticité, véritable creuset de la négritude accomplie.
De son côté, Dia considérait que la religion ne pouvait être un facteur discriminant pour s’intéresser aux autres, ce qui explique pourquoi il a accueilli Senghor (chrétien) avec beaucoup d’ouverture.
Dans quelle mesure la religion apparaît comme une clé de compréhension de la personnalité et de l’éthique politique de Mamadou Dia ?
Son témoignage nous permet de comprendre l’importance qu’a joué son père dans sa vie. Cet « homme digne et extraordinaire », comme il le qualifiait, était agent de police rurale et il incarnait à ses yeux la rectitude et la loi. Sa mort accidentelle va profondément le marquer et renforcer sa foi.
Par la voie d’un islam soufi que lui a transmis son père, la religion était de l’ordre du personnel et il était révulsé de voir l’utilisation de l’islam par les marabouts. Il voulait faire une grande assise nationale sur l’islam et le développement, mais cela n’a pas pu se faire à cause des événements de 1962.
D’où vient son intérêt pour les questions économiques ?
Il devient instituteur, puis comme directeur de l’école régionale de Fatick, il écrit pour des journaux dans lesquels il décrit la misère du monde paysan qu’il connaît bien. Ses articles portent essentiellement sur les questions économiques. Il préconise le regroupement des paysans en coopératives, voie idéale pour leur émancipation. Cette idée marquera par la suite sa pensée politique.
Comment Mamadou Dia est-il entré en politique et a-t-il créé le Bloc démocratique sénégalais (BDS) avec son mentor Léopold Sédar Senghor ?
D’abord réticent à l’action politique, il accepte de se présenter à la demande des habitants de Fatick qui souhaitent le voir candidat au conseil général. Parrainé par Senghor, il se présente sous l’étiquette SFIO.
Ses relations avec Lamine Gueye, leader de la SFIO, se détériorent et avec un groupe de camarades contestataires, dont Léopold Sédar Senghor, il décide de s’impliquer dans la création du BDS.
Pour quelles raisons Mamadou Dia entretient-il des relations privilégiées avec les religieux et avec les syndicalistes pour créer le BDS ?
Le contact avec les religieux et les syndicalistes a permis au BDS de se structurer et de s’étendre, là où la SFIO n’avait pas d’influence.
Mamadou Dia était proche du militant syndicaliste Ibrahima Sar, qui était l’animateur de la grande grève des chemins de fer de 1947. Ibrahima Sar a été ministre du Travail et de la Fonction publique dans le gouvernement de Dia. Il restera fidèle et solidaire à Dia lors des événements de 1962. Il sera emprisonné au même titre que Dia pendant douze ans. Il est mort peu de temps après, suite à une maladie mal soignée pendant son emprisonnement.
En quoi l’année 1958 est-elle un tournant dans la politique sénégalaise ?
L’année 1958 est celle de l’effondrement de la IVe République française. Le général de Gaulle arrive au pouvoir et accepte de faire un pas supplémentaire vers l’autonomie des territoires de l’AOF en proposant un grand référendum sur l’ensemble de l’espace d’influence française, où les pays doivent choisir entre deux options : prendre l’indépendance immédiatement ou se fédérer au sein de la communauté française…
Gros débat, car choisir l’indépendance, c’est émerger sur le plan international sous la forme d’un petit Etat et compromettre les chances réelles d’émancipation sur le plan économique et géopolitique. Le Sénégal, avec d’autres, choisit le statut d’Etat membre de la communauté, en annonçant qu’il transforme son système intérieur de telle sorte à être apte à assumer les responsabilités de l’indépendance. Le Sénégal se donne quatre ans pour transférer son économie.
Comment Mamadou Dia s’y prend-il pour transformer l’économie de son pays ?
Dia avait une formation économique, ce qui était précieux et rare pour un responsable africain de cette époque. Et comme le Sénégal vivait encore dans l’économie de traite colonialiste, il va choisir la voie de l’économie sociale pour transformer l’économie de l’arachide et créer les coopératives paysannes, qui seront de véritables lieux d’apprentissage de la démocratie. Il se fixe comme objectif de réaliser ce travail de formation et de transformation sur quatre ans.
Il lui faut un outil d’éducation paysanne pour permettre à la population de gérer ce qu’il lui est proposé ; ce sera l’animation rurale. Dia va parler d’une économie démocratiquement contractuelle et d’un socialisme humaniste - et non bureaucratique - selon les références culturelles du peuple. A partir de là, son gouvernement va proposer aux paysans de s’organiser en coopératives paysannes, puis il va choisir de réformer l’administration pour que celle-ci soit une administration de partenariat. Dia va appeler ce système de cogestion et d’autogestion le « socialisme africain humaniste ».
C’est à cette période que vous débutez votre collaboration avec Mamadou Dia ?
Oui. Accordé à cette idée, Mamadou Dia me demande de prendre la tête de son cabinet. Ce seront quatre années passionnantes de mise en place du développement de l’animation rurale. Une étape nécessaire pour passer de l’autonomie à l’indépendance.
Comment se met en place l’animation rurale ?
L’Etat met en place un plan de développement sur quatre ans pour chacune des régions : 750 coopératives sont créées la première année. L’Etat crée une banque de développement et un office de commercialisation, ce qui permet de sortir de l’économie de traite. Sur les 600 000 tonnes d’arachide produites chaque année, 150 000 tonnes le sont par le biais de l’économie sociale. Les protagonistes extérieurs n’y croient pas et pensent que les Noirs sont incapables de se gérer eux-mêmes… Au bout de la première année, tout marche au cordeau.
Lors de la deuxième année, 1 500 coopératives sont créées et 300 000 tonnes d’arachide sont produites. Tout marche normalement et les protagonistes extérieures hostiles au régime commencent à avoir peur et pensent que si l’on passe à 75%, ce sera irréversible… Dès lors, il faut « abattre » Dia avant la troisième année.
Comment les opposants de Mamadou Dia vont-ils s’y prendre pour faire tomber son gouvernement ?
Les opposants forment une coalition comprenant trois composantes : « les firmes de commerces internationaux », « les grands marabouts sénégalais » et « le personnel des administrations ». L’objectif est de faire renverser le gouvernement avant la troisième année en déposant une motion de censure par les députés qui s’opposent à la politique de Dia.
Entre-temps, Senghor avait pris les fonctions de président de la République. Dia était toujours chef de gouvernement et pouvait orienter le gouvernement avec la confiance de Senghor, qui pouvait arbitrer en cas de crise. La gestion de Dia est critiquée. Il reprend contact avec certains dirigeants venant des pays de l’Est, notamment la Yougoslavie dont le principe d’autogestion l’intéresse. Les ennemis de Dia intoxiquent Senghor, car le socialisme de Dia mènera au communisme qu’on lui présente comme une destruction pour l’Afrique. On fait croire à Senghor que Dia est en train de monter un complot contre lui pour transformer le Sénégal en République islamique. Progressivement, Senghor va se laisser envahir par cette idée.
Comment Mamadou Dia décrit les événements de 1962 dans vos entretiens ?
Senghor s’était installé dans un protocole « élyséen », si bien que Dia n’avait plus le même accès à Senghor qu’auparavant pour discuter simplement.
Les députés frondeurs déposent une motion de censure alors qu’ils sont issus du même parti que Dia et Senghor. Ils programment le vote de la motion de censure avant que le Conseil national ne se réunisse. Dia se trouve face à un dilemme politique et moral ; s’il laisse faire, c’est toute la politique menée depuis des années qui s’écroule. Il faut donc convaincre les parlementaires avant que le parti ne se réunisse, ce qu’il ne réussit pas à faire. La motion de censure est votée. En parallèle, la Constitution change et on passe au régime présidentiel. Dia est embarqué par l’armée. La nouvelle est répandue : Dia a tenté un coup d’Etat, la presse est sous contrôle, et on dit que Senghor a sauvé la démocratie d’un coup d’Etat.
Ou étiez-vous à ce moment précis ?
Un mois avant les événements de 1962, j’étais au cabinet de Dia et j’avais encore accès à Senghor avec qui je pouvais discuter, car il avait confiance en moi, mais une tuberculose m’oblige à être évacué en France. J’apprends la nouvelle de l’emprisonnement de Dia à la radio depuis la France.
A quel moment revenez-vous au Sénégal ?
Senghor m’envoie un message et me dit que ma place est au Sénégal, et qu’il me confiera des responsabilités importantes quand je sortirai du sanatorium. Je lui réponds que je ne peux pas remettre les pieds au Sénégal tant que Dia est en prison. Senghor se fâche et interrompt ses relations avec moi. Je retrouve Paris en juin 1963 après huit mois au sanatorium et j’entre à la direction de l’Iram, l’Institut de recherche et d’applications des méthodes de développement. Madagascar et le Niger s’intéressaient aux méthodes de Dia et je leur servais d’interlocuteur.
Entre-temps, Dia est condamné pour coup d’Etat par une cour de justice constituée de parlementaires qui avaient voté la motion de censure, et est envoyé dans un centre de détention proche de la frontière du Mali.
En 1967, je reviens à Dakar pour un congrès international et je rencontre Senghor le lendemain de mon arrivée. Je lui rappelle l’estime que j’ai pour lui et que le tandem qu’il formait avec Dia était fondamental, que c’était une chance pour l’Afrique d’avoir un homme de culture et un économiste à la tête du gouvernement du Sénégal, et qu’ensemble ils doivent faire front commun pour mener le destin du Sénégal. Senghor veut bien envisager des mesures permettant la libération de Dia, mais il veut des garanties et me propose de faire l’intermédiaire pour mettre en œuvre sa libération.
Quel est votre rôle pendant les douze années de prison de Dia ?
Je continue d’écrire régulièrement à Senghor sans réussir à faire avancer les choses et un jour Senghor me fait venir à Dakar. Il me demande de porter le message suivant : « J’ai décidé d’envisager la libération de Dia à condition qu’il fasse l’engagement par écrit de renoncer à faire de la politique ». Je me charge de faire l’intermédiaire et Senghor me permet de rencontrer secrètement Dia en prison.
Je revois Dia en 1972 et lui expose les exigences de Senghor et il me dit qu’il considère la politique non pas comme un droit mais aussi comme un devoir. Il me dicte un texte que je remets à Senghor dans lequel il lui dit préférer « vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ». La lettre est transmise au cabinet de Senghor, qui estime que Dia fait sa mauvaise tête.
Entre-temps, Dia souhaite que son message soit connu et me demande que sa lettre soit envoyée à Houphouët-Boigny, alors président de Côte d’Ivoire. La réconciliation entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire bat son plein ; Senghor fait son voyage de réconciliation à Abidjan et invite Houphouët à Dakar. Houphouët-Boigny appelle l’ambassade du Sénégal et dit qu’il accepte à condition que Dia sorte de prison. Senghor reçoit le message et les négociations se rouvrent pour faire sortir Dia de prison. Un compromis est trouvé. Nous sommes en 1974.
Comment Dia a-t-il supporté ses douze années de détention ?
Ses conditions de vie étaient très dures. Il a tenu le choc moralement et spirituellement en le prenant comme une épreuve humaine et métaphysique. Une mission vis-à-vis de son peuple. Il a beaucoup médité, réfléchi, lu et écrit. Il en est sorti encore grandi.
J’ai beaucoup admiré sa force morale et sa sérénité. Dia a été séparé de ses cinq compagnons avec qui il n’a eu aucun contact pendant ces douze ans. Chacun dans son pavillon. Il a vécu dans une grande solitude et il ne pouvait recevoir de visite qu’une fois par trimestre. Il est sorti de ces longues années d’incarcération avec une volonté de liberté totale.
Dans quel état d’esprit retrouvez-vous Mamadou Dia à sa sortie de prison ? Une réconciliation était-elle envisageable avec Senghor ?
Dia était évidemment heureux de retrouver les siens et la liberté mais il n’était pas habité par un esprit de revanche. Il avait la conviction qu’il avait encore un devoir à accomplir dans la ligne de la démocratie participative.
Avec Senghor, on peut parler de reprise de contact et non d’une réconciliation. Dès que Dia est sorti de prison, il a demandé à être reçu par Senghor. Une fois dans son bureau, il s’est avancé vers lui, a ouvert les bras et lui a dit : « Alors, tu ne m’embrasses pas Léopold ? » S’en est suivi une conversation politique dans laquelle Dia lui a dit qu’il fallait impliquer davantage la société civile pour qu’elle puisse avancer vers la démocratie participative et qu’il souhaitait fonder une internationale africaine pour le développement. Senghor était interloqué par la demande de Dia.
Dia créée cette fondation en 1975 et commence à faire des voyages. Le gouvernement sénégalais lui a mis des bâtons dans les roues. Le projet a fonctionné deux ans. Dia a ensuite repris sa militance politique.
Né en 1928, Roland Colin entre à l'Ecole nationale de la France d'outre-mer en 1948 où il a Léopold Sédar Senghor comme professeur et avec qui il se lie d’amitié. Diplômé de l'Ecole des langues orientales, il commence sa carrière comme administrateur au Soudan français (actuel Mali) en 1952, puis au Sénégal en 1955.
En juillet 1957, à la demande du président Senghor, il est nommé conseiller technique dans le cabinet de Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement du Sénégal, puis chef du gouvernement de la République du Sénégal en 1958.
Suite à l’arrestation de Mamadou Dia en décembre 1962, Roland Colin abandonne toute fonctionne officielle et rentre en France pour entamer une carrière d’anthropologue et d’universitaire, spécialiste du développement des pays africains.
ASSANE DIAGNE NOUVEAU DIRECTEUR DE RSF À DAKAR
Le fondateur de la version francophone du site Africa Check prend la tête du premier bureau de l’organisation en Afrique subsaharienne
Diplômé du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI) de Dakar et de l'école de journalisme de l'université de Cardiff, Assane Diagne a été rédacteur en chef à l'Agence sénégalaise de presse avant de fonder à Dakar Africa Check, devenu le premier site de fact-checking d'Afrique francophone. Il en assurait la rédaction en chef depuis octobre 2015.
"Nous sommes fiers d'accueillir Assane au sein de l'organisation déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Fort de sa riche expérience, Assane dispose de toute la légitimité et des qualités requises pour mener à bien le développement du premier bureau de RSF en Afrique subsaharienne. Il apporte un savoir-faire singulier dont profitera toute l'équipe de RSF à travers le monde."
Les missions du bureau de Dakar consistent notamment à plaider pour garantir et protéger la liberté de la presse, soutenir les acteurs locaux et promouvoir les priorités de l'organisation dans la région. Le bureau de Dakar couvre douze pays d'Afrique de l'ouest (Sénégal, Cap vert, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Ghana, Togo, Bénin). Au sein de la direction des programmes, il complète l'activité du desk Afrique dirigé par Arnaud Froger au siège de RSF à Paris.
RSF consolide et poursuit son développement. Le bureau de Dakar est le premier ouvert par RSF en Afrique sub-saharienne. Il s'intègre au dispositif de déconcentration de RSF qui compte désormais 13 bureaux régionaux et nationaux ainsi que des correspondants et représentants dans 130 pays.
TIDJANE THIAM, CE SUPER-BANQUIER QUI DÉRANGE LA SUISSE
Quatre ans après son arrivée, le Franco-Ivoirien a remis à flot le fleuron de la finance - Mais le premier Noir à diriger une multinationale cotée à Londres a été accueilli fraîchement par la presse qui le verrait plutôt en politique en Côte d'ivoire
Les Echos |
Pierre De Gasquet |
Publication 25/01/2019
Le choc des cultures. Sur la Paradeplatz de Zurich, les Porsche noires rutilantes font du slalom entre les trams bleus et blancs. Au centre du grand hall du Lichthof, siège historique du Credit Suisse, fondé par Alfred Escher en 1856, trône la Fontaine du désir (Silvie Defraoui, 2002), un puits octogonal où l'on jette une pièce en formulant un désir inassouvi. Derrière son imposante façade aux plantureuses cariatides, le temple de la finance helvétique fleure bon le luxe et l'opulence. C'est là, au coeur de la deuxième place financière d'Europe, la « ville du bout du lac » où Lénine a préparé la révolution bolchevique, que Tidjane Thiam, le surdoué de la finance internationale , est arrivé depuis Londres, en mars 2015.
Un « plafond de glace »
A priori, plus de plafond de verre lié aux stéréotypes pour le Franco-Ivoirien, parvenu à l'un des sommets de son industrie. Mais, pour le transfuge de Prudential , persiste un « plafond de glace » qu'il n'a pas complètement percé. La greffe n'a pas vraiment pris avec Zurich. Même s'il a été nommé « banquier de l'année » par le magazine britannique Euromoney en août 2018, le « Master strategist » se heurte encore à la froideur de la presse suisse-allemande qui lui reproche son absentéisme - réel ou fantasmé. « Fêté à l'étranger, mal aimé en Suisse », titre le site financier suisse Finews.com, tandis que le Neue Zürcher Zeitung (NZZ) épingle son allergie à toute critique.
« Il garde l'image d'un mercenaire très bien payé mais qui n'est ni très présent, ni très bien connecté. Il est plus un stratège qu'un banquier qui met les mains dans le cambouis », observe Peter Hody, rédacteur en chef de Finews.
Une reconversion prochaine ?
Près de quatre ans après son arrivée, les médias suisses spéculent déjà sur son prochain point de chute. Depuis son vaste bureau sur Paradeplatz, où trônent les photos de sa famille et de son ami et « idole », Roger Federer, ce géant souriant de 1,93 m ne se voit pas prendre la tête d'un autre grand groupe financier : « Le Credit Suisse, c'est ma fin de carrière de PDG. Je suis dans ma dixième année de PDG et je ne pense pas l'être une troisième fois ! J'ai 56 ans... » Parmi les rumeurs récurrentes : la politique ivoirienne, pour succéder au président Ouattara après les élections de 2020, ou la direction du FMI, où certains le verraient bien briguer la succession de Christine Lagarde en juin 2021... ou avant.
Son ami le banquier franco-béninois et éphémère Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, ne croit pas à l'hypothèse ivoirienne : « Le FMI lui conviendrait mieux que la politique. Tidjane représente probablement la plus grande réussite de la diaspora africaine en Europe. Il a tout à fait le calibre pour diriger n'importe quelle grande institution financière désormais », estime cet autre géant surdoué, ardent promoteur des nouvelles élites africaines.
Dans le partage traditionnel de la direction de la Banque mondiale et du FMI entre respectivement Américains et Européens, le Franco-Ivoirien pourrait faire figure de candidat européen « pas tout à fait comme les autres ». À l'instar de l'Américano-Coréen Jim Yong Kim, qui a démissionné de la Banque mondiale à la surprise générale, le 8 janvier.
Dès qu'il le peut, Tidjane Thiam écoute de la musique. Il peut réciter par coeur les paroles de chansons entières de Charles Aznavour - le chanteur préféré de sa mère -, Cat Stevens, Bob Marley ou Stevie Wonder... Il « adore » aussi l'opéra Orphée et Eurydice. Mais son chanteur préféré reste Ismaël Lô, le « Bob Dylan africain », qui a inspiré Pedro Almodovar dans son film Tout sur ma mère.
Il faut remonter aux berges de la lagune Ebrié, près d'Abidjan, pour mesurer le chemin parcouru par « l'homme que la France peut regretter d'avoir laissé partir », selon la formule de Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE).
« J'ai l'habitude de travailler sous les ordres des femmes »
D'abord, sa mère : Mariétou Sow, nièce du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, issue d'une noble lignée de Yamoussoukro qui a donné son nom à la capitale ivoirienne. « La personne la plus smart que j'aie jamais rencontrée », confie-t-il aujourd'hui. Illettrée, car issue de la tribu Akouè de l'ethnie des Baoulés, opposée à la présence française, c'est elle qui a donné le goût des études à ses sept enfants. Ils ont tous obtenu un « PhD ou un équivalent ».
« Ma mère est Baoulée : c'est une tribu non seulement matrilinéaire, mais matriarcale. On n'a pas besoin de m'expliquer l'importance du rôle des femmes », lance Tidjane Thiam lorsqu'on pointe la modestie de la présence féminine au sein du comité exécutif de Credit Suisse (une seule femme, l'Australo-Américaine Lara Warner, sur douze personnes). « Quand on allait au village, moi je n'étais rien du tout, mes soeurs c'était tout. J'ai l'habitude de travailler sous les ordres des femmes. »
Faux timide et vrai showman
« C'est une grosse tête. Lorsqu'on a fait connaissance à la fin de l'adolescence, il m'a dit : 'Tu as mis une sacrée pression sur moi sans le savoir', se souvient Lionel Zinsou, au siège de sa banque d'affaires, près de la place de l'Etoile, à Paris. Nos familles sont très liées. Il y a toujours eu une espèce d'émulation à distance entre nous. » Tel Aliocha, son personnage préféré des Frères Karamazov de Dostoïevski - son livre favori -, Tidjane Thiam a toujours essayé de concilier l'irréconciliable.
Musulman passé chez les Jésuites (en prépa à « Ginette », à Versailles) - son grand-père était musulman et sa grand-mère catholique -, faux timide et vrai showman, Tidjane Thiam est aussi chaleureux qu'imposant. Il ponctue souvent ses phrases d'un petit rire impromptu. Pour lui, « une journée sans rire est une journée perdue ». À la tête d'une banque suisse au service des « ultrariches », il cultive une fibre sociale. Il croit avant tout à la méritocratie.
Un cerveau brillant
Son père, un Sénégalais d'origine modeste devenu ministre de l'Information en 1963, lui a transmis le sens de la compétition. Dernier d'une fratrie de sept enfants, le petit Tidjane était complètement illettré jusqu'à l'âge de 6 ans. Il aura fallu que son frère dénonce ses parents à Félix Houphouët-Boigny, pour que le « père » de l'indépendance les convoque dans sa résidence de Genève, en bordure du golf de Cologny : pas question de jouer les rois fainéants. Le jeune Tidjane a largement rattrapé le temps perdu. Premier au concours général de mathématiques, major de l'Ecole des mines et diplômé de l'Insead, au 14 juillet, il défile en tête de sa promotion X81 de Polytechnique sur les Champs-Elysées.
« Il était simple sans être timide, il excellait en mécanique quantique », se souvient Jean-Louis Basdevant, son professeur de physique à Polytechnique. « Outre sa force de travail, il avait de grandes qualités humaines », renchérit son professeur à l'Ecole des mines, Alain Gaunand. Mais le brillant cerveau va vite se cogner à un plafond de verre français. « Tous mes camarades avaient des entretiens d'embauche sauf moi », se rappellera-t-il, en 2013, lorsqu'il reçoit le Grand Prix de l'économie des Echos .
Il finira par suivre le conseil de directeur de l'Ecole des mines : « Va voir chez les Anglo-Saxons » et commence sa carrière chez McKinsey, à Paris et à New York ; avant de retourner en Côte d'Ivoire diriger une agence de grands travaux, puis comme ministre du Plan et du Développement.
Sentiment d'injustice
Après le coup d'Etat de 1999, il revient chez McKinsey, en France. En 2002, il devient le patron pour l'Europe de l'assureur britannique Aviva, puis rejoint Prudential, d'abord comme directeur financier, puis comme directeur général en 2009. Il est alors le premier Noir à diriger une entreprise du FTSE 100. De ses sept années chez Prudential, Tidjane Thiam garde une grande fierté et une blessure cuisante. « Mais pour qui se prend ce Nègre qui pense qu'on va lui laisser faire une OPAde 35 milliards de dollars ? »
Cette terrible phrase d'un de ses principaux actionnaires, que lui a rapportée un journaliste à la suite du raid manqué sur une filiale d'AIG, en 2010, reste forcément gravée dans sa mémoire. Il en garde une forme de défiance inavouée envers l'establishment traditionnel et le sentiment d'une « injustice extrême ».
Un bilan en demi-teinte ?
Aujourd'hui, ses actionnaires sont saoudiens, qataris et américains. Mais le dialogue n'est pas forcément un chemin de rose. Quatre ans après son arrivée au Credit Suisse, son bilan est moins resplendissant que prévu aux yeux des analystes. Malgré son sévère plan de réduction de coûts (10 000 suppressions de postes, en trois ans, en majorité des sous-traitants), le cours de l'action de la deuxième banque suisse a chuté de plus de 50% depuis son arrivée. « Thiam to think », ironise le Financial Times qui s'inquiète de la stagnation des revenus.
Selon certaines rumeurs, ses relations se seraient refroidies avec Urs Rohner, le président de l'établissement, auquel il reprocherait de ne pas avoir été assez transparent sur la situation « désastreuse » de la banque en 2015.
Tidjane Thiam dément, assure avoir eu non moins de « dix-neuf rencontres avec Urs Rohner » avant d'accepter le poste. Pour autant, « la banque était dans une situation difficile, ce qui n'était pas toujours suffisamment apprécié ni compris : coûts élevés, revenus sous pression, niveaux de risque élevés et une base de capital faible », explique le PDG. Il reconnaît que le besoin en capital était le double de ce que tout le monde estimait à l'automne 2015. « Ce fut une prise de conscience salutaire mais douloureuse. » En clair, les cadavres dans le placard étaient plus nombreux que prévu. Un moment de panique totale.
C'est là qu'il a l'idée de préparer une cotation en Bourse de la filiale suisse du groupe. L'opération n'aura jamais lieu, mais sans ce coup de « bluff » stratégique qui facilitera, par d'autres moyens, la levée de 10 milliards de francs suisses, la banque aurait difficilement été sauvée.
12 milliards de pertes
Parallèlement, la création de la « bad bank », fermée fin 2018, a permis de purger en trois ans les 75 milliards de francs suisses d'actifs toxiques et non stratégiques. « Au total, cela nous a coûté 12 milliards de pertes, y compris la pénalité de 2,5 milliards payée aux Etats-Unis à la suite de notre accord avec le Department of Justice sur les RMBS [prêts hypothécaires résidentiels, NDLR] et les 2 milliards des plans de départs, mais nous avons complètement restructuré la banque et le cours va commencer à remonter, assure-t-il. On dit : « Thiam a divisé le cours de l'action par deux », non, il a nettoyé le bilan ! » Mieux : la banque s'est massivement recentrée sur la gestion de fortune auprès des Ultra High Net Worth, comme on appelle les catégories les plus riches, qui représentent désormais 90% de ses profits.
Même si Credit Suisse s'est fait épingler dans plusieurs affaires , et notamment le scandale de corruption de la Fifa, « il s'en sort plutôt mieux que les autres [UBS ou Julius Baer, NDLR] », estime François Pilet, fondateur de Gotham City, une lettre de veille sur les affaires de corruption. Mais la plupart des analystes réservent encore leur diagnostic sur le retour à la croissance.
Une garde prétorienne
Face aux rebuffades de la presse suisse qui s'inquiète de son management « hors-sol », Tidjane Thiam s'appuie sur une garde prétorienne en grande partie venue de Londres. Après les polémiques sur son salaire élevé (10,2 millions de francs suisses en 2016) et son bonus garanti, auquel il a dû en partie renoncer, il a recruté en 2017 Adam Gishen, un ancien banquier de Lehman Brothers, pour piloter sa communication, et James Quinn, un ancien rédacteur en chef du Daily Telegraph, comme « spin doctor » à la City.
Fidèle d'entre les fidèles, le Français Pierre-Olivier Bouée, directeur général, fait figure de bras droit. Enarque et diplômé d'HEC, lui aussi transfuge de Prudential, cet ancien du Trésor a croisé la route de Tidjane Thiam chez McKinsey en 2000. Parmi ses autres fidèles figurent l'Helvético-Pakistanais Iqbal Khan - numéro 3 du groupe, souvent cité comme son successeur potentiel -, l'Américain Brian Chin et David Mathers, le directeur financier proche du conglomérat saoudien Olayan Group, un des principaux actionnaires de la banque. Le Singapourien Kai S. Nargolwala, qu'il avait fait entrer au conseil de Prudential, a rejoint celui de Credit Suisse.
Sa plus grande fierté ? Avoir purement et simplement sauvé la deuxième banque suisse. Il fulmine et bondit sur son siège lorsqu'on évoque les accusations d'absentéisme de la presse helvète. « J'ai passé l'an dernier 229 jours et 35 week-ends à Zurich, soit 70% de mon temps ! » Quant à d'éventuelles tensions avec Urs Rohner ou ses actionnaires, il balaie d'un revers de la main cette « légende infondée ».
Pour preuve, il n'hésite pas à brandir un SMS de soutien d'un de ses principaux actionnaires, David Herro, le patron de la société d'investissement américaine Harris Associates, qui avait « débarqué » les frères Saatchi dans les années 90.
Une fibre sociale
Autre sujet d'agacement : Tidjane Thiam n'a guère apprécié qu'un hebdomadaire suisse révèle son divorce, quelques mois après son arrivée au Credit Suisse. Dès le 30 octobre 2015, la deuxième banque suisse a dû discrètement confirmer que son nouveau patron s'était séparé d'Annette Thiam, une avocate afro-américaine proche de Joe Biden, l'ex-vice président américain, son épouse depuis vingt ans et mère de ses deux fils.
Quant aux critiques sur son salaire , qu'il a dû réduire à 9,7 millions de francs suisses en 2017 face à une fronde des investisseurs, Tidjane Thiam les juge « assez désagréables » vu « l'ampleur des problèmes qu'il a trouvés ». Le patron de la banque des ultrariches revendique par ailleurs haut et fort une fibre sociale. « Chaque fois que je rencontre un milliardaire en dollars, on parle deux minutes de Credit Suisse et des affaires et cinquante-huit minutes de philanthropie et d'investissement éthique. Je ne connais pas de milliardaire qui ne souhaite pas faire de la philanthropie. »
Il a également confié un département impact advisory and financing à Marisa Drew, « la femme la plus senior du Credit Suisse », pour s'occuper de projets sociaux. « On va placer 5 000 enfants défavorisés dans les sept premières Business schools du monde (Harvard, Stanford...). C'est une des raisons pour lesquelles j'ai pris ce job, car je peux faire ici ce que je pourrais faire à la Banque mondiale », ajoute celui qui reste proche de Jim Yong Kim.
Garder la colonne droite
À court terme, Tidjane Thiam a pour priorité de traverser sans dommage les fortes turbulences en vue sur les marchés. Pour lui, la sortie du quantitative easing (QE) ne se fera pas sans douleur. Il n'a jamais été un grand fan du rachat massif de dettes par les banques centrales au motif que la sortie serait très coûteuse. « C'est la plus grosse opération de redistribution massive de richesses de l'histoire récente qui n'a pas été débattue, ni politiquement ni démocratiquement. Dans le désir d'arrêter la crise, on a négligé le traitement social. » Il déplore que des poches entières de pauvreté aient résisté à la reprise : « C'est ce qui explique largement le résultat des élections aux Etats-Unis. »
Le QE aurait dû être accompagné d'actions sociales avec une réflexion sur le niveau de déficit post-crise à tolérer pour amortir les effets de la redistribution de richesses. Les mois qui viennent seront décisifs pour conforter son bilan, mais une certaine dose d'impopularité ne lui a jamais fait peur. « On a beau suivre un chemin accidenté, il faut garder la colonne droite », dit un de ses dictons ivoiriens préférés. Une forme de stoïcisme.
SON PLUS BEL ÉCHEC
Lors de sa tentative d'OPA ratée sur AIA (la pépite asiatique de l'assureur américain AIG), nombreux pensaient que l'erreur du patron de « Pru » avait été de sous-estimer l'importance de ses actionnaires : en juin 2010, sous leur pression, il doit renoncer à lancer son offre de 35,5 milliards de dollars, la plus élevée de l'histoire du secteur. Pour Lionel Zinsou, c'était pourtant une « intuition fulgurante », mais le conseil a pris peur devant ce pari très osé. La tension avec les actionnaires a été très forte. Trois heures d'invectives en assemblée générale dont il garde le sentiment d'une « injustice extrême ». Il a failli se faire éjecter mais la remontée spectaculaire du cours de Prudential l'a sauvé. Et l'histoire lui a donné raison : la capitalisation boursière d'AIA atteint aujourd'hui 105 milliards de dollars.
IDRISSA SECK MET L’ETAT DEVANT SES PROPRES RESPONSABILITES
Saccage du siège de Pastef, recrutement de nervis, insécurité, injustice…Idrissa SECK rappelle à l'Etat ses fonctions
Idrissa Seck et quelques leaders du C25 (une coalition de 25 leaders de l’opposition) étaient ce jeudi après-midi au siège saccagé de Ousmane Sonko à Yoff, pour s’enquérir de l’état des lieux. Profitant de cette visite, le leader de Rewmi et candidat à la présidentielle a appelé les acteurs politiques au calme en cette période pré-électorale avant de rappeler que « la stabilité du Sénégal est son bien le plus précieux ». A l’intention du régime en place, Idrissa Seck a rappelé que « les deux premières fonctions d’un Etat, c’est de garantir la justice et la sécurité » et que si les acteurs de cet Etat ont eux-mêmes recours aux milices privées, cela signifie qu’ils n’ont pas confiance en leur propre sécurité et en leur propre justice.
Même s’il avait décidé de ne plus s’attaquer à Macky Sall et à son régime, Idrissa Seck ne pouvait certainement pas rester muet face au saccage du siège du parti de Ousmane Sonko sis sur la route de Yoff. Le leader de Rewmi a encore une fois enfilé hier sa robe de farouche opposant à Macky Sall et à son régime pour dénoncer la mise à sac des locaux du parti Pasteef dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 janvier dernier. L’ancien Premier ministre a expliqué qu’ils (lui et les membres du collectif des 25 candidats à la présidentielle) sont venus au siège de Pastef pour exprimer leur indignation face à « l’agression sauvage dont le siège de Pastef a été l’objet, exprimer notre indignation et exprimer aussi aux militants et sympathisants de Pastef notre solidarité ». « Nous saisissons aussi l’occasion pour lancer un appel solennel à tous les acteurs pour que nous sachions que la stabilité du Sénégal est son bien le plus précieux. Des actes de cette nature menacent sérieusement sa stabilité et faussent la perception que l’opinion internationale peut avoir de notre pays. Je voudrais aussi rappeler que les deux fonctions premières d’un Etat est de garantir la sécurité et la justice », a confié l’actuel président du conseil départemental de Thiès. A l’en croire, si les acteurs de cet Etat eux-mêmes ont recours à la création de milices privés ou ont recours à des nervis, cela signifie qu’ « ils n’ont pas confiance en leur propre sécurité et en leur propre justice ». Et ça, c’est, selon l’ancien Premier ministre de Me Abdoulaye Wade, « manquer de sérénité et risquer d’entrainer le pays dans un chaos absolument indescriptible ».
«Le pouvoir manque de sérénité raison pour laquelle il recrute des nervis»
Selon Idrissa Seck, « c’est de la responsabilité première du président de la République de veiller à ce que toute la lumière soit faite sur cette agression sauvage et que les auteurs soient rapidement identifiés, trouvés et remis à la justice. » Interpellé sur la disqualification de Macky Sall de l’élection présidentielle du 24 février prochain par le collectif des 25 candidats à la présidentielle dont il fait partie, le « patron » du Rewmi explique que lui et ses compagnons ont justement invité les populations à éliminer le président sortant comme candidat « c’est-à-dire à ne pas reconnaitre sa candidature, donc, à ne pas le recevoir, à ne pas voter pour lui, à ignorer la présence même de ses bulletins dans les urnes. » A l’en croire, il s’agit juste de cela mais il n’a jamais été question pour l’opposition d’actions violentes, de recrutement de nervis. « Nous n’avons jamais dit cela. C’est un combat politique. Vous a été tous témoins de la cascade de mesures injustes, d’agressions judiciaires, physiques, politiques, administratives, techniques que le pouvoir mène depuis le début en direction de l’opposition », souligne Idrissa Seck.
« Cette agression-là et un combat politique, l’opposition va y apporter une réponse politique »
Revenant sur le saccage du siège de Pastef, le président du conseil départemental de Thiès indique que « cette agression-là vous en avez été témoins. Il est absolument normal que l’opposition y apporte une réponse politique. Mais, cette mobilisation ne doit pas entrainer la panique de l’autre coté au point d’entrainer les autorités dans une voie qui ne soit pas conforme à leur responsabilité première de justice et de sécurité pour tout le monde », a confié en conclusion le leader de Rewmi et candidat à la prochaine présidentielle.
BABACAR GAYE CONFIRME MOHAMED LAMINE MASSALY
Madické Niang parrainé par des responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds). L’information livrée par le dirigeant libéral Mohamed Lamine Massaly a fini d’installer le malaise au niveau de la formation politique du président Abdoulaye Wade.
Tout en assumant son soutien à l’ancien ministre des Affaires Etrangères, le jeune responsable politique de Thiès soutient que plusieurs responsables libéraux ont agi dans l’ombre pour parrainer Me Madické Niang.
Cette déclaration de Mohamed Lamine Massaly, qui secoue le Pds, a été confirmée par le porte-parole du PDS. Selon Babacar Gaye, « il existe effectivement des responsables et des militants qui ont parrainé Karim Wade et qui ont tiré sur leurs stocks restants de signatures pour parrainer Me Madické Niang ». Cependant l’ancien directeur de cabinet politique du président Abdoulaye Wade minimise la portée politique de ces parrainages. « Je peux vous citer nommément des cas de responsables libéraux qui ont d’abord donné des listes de parrainages à la direction du PDS avant de donner d’autres listes pour soutenir Madické Niang puisque le parti avait déjà privilégié de déposer le stock minimum nous permettant de satisfaire les critères du parrainage. En guise d’exemple, un responsable comme Amadou Diarra de Pikine avait commencé le processus du parrainage avec le Pds avant d’aller soutenir la candidature de Madické Niang puisqu’il a été désigné coordonnateur régional de Dakar pour Madické Niang.
Forcément Amadou Diarra devait disposer de stocks de parrainages qu’il a pu offrir à Madické Niang. Mohamed Lamine Massaly pourrait être cité dans ce même cas de figure. Ce phénomène pourrait être observé ailleurs au niveau d’autres formations politiques lors du processus de parrainage. Il est la cause principale de doublons causant l’élimination de certains candidats » souligne Babacar Gaye joint au téléphone. Interpellé sur d’éventuelles sanctions de la direction du parti sur ces actes de soutien au parrainage de Me Madické Niang, Babacar Gaye dégage en touche. « Ecoutez, je n’ai pas à qualifier ces actes. Pourquoi alors une dame comme Aida Mbodj n’a-t-elle pas été sanctionnée par la direction du Parti puisqu’aux législatives de 2017, elle avait fait dissension en créant sa propre liste pour aller sous sa propre bannière à ces dites élections ? C’est à la direction du parti de décider. Ce n’est pas ma tasse de thé. Je crois qu’aujourd’hui, ces actes posés par certains dirigeants de notre parti sur la situation du candidat Madické Niang sont moins importants que de débattre profondément de la problématique du processus électoral.
Regardez la situation des partis politiques, il y a des remous dans tous les partis forts comme le PDS. Une telle situation pourrait même arriver à l’APR lors des prochaines locales, d’autant que, lors des dernières législatives, des responsables du camp présidentiel sont entrés en rébellion contre la direction de leur parti. Cette tendance est même observée dans des pays comme la France et ailleurs. C’est le mal des démocraties modernes. Par conséquent, de pareils actes posés par des frères libéraux ne peuvent pas à mes yeux signifier de la trahison. On peut ne pas être d’accord avec la ligne du parti et l’assumer » conclut Babacar Gaye.
L’attitude de Me Wade à l’endroit de Madické Niang déplorée
Une autre source libérale préférant garder l’anonymat digère mal les attaques du président Abdoulaye Wade contre Madické Niang. L’ancien chef de l’Etat a récemment demandé à la C25 d’exclure Madické Niang de cette instance. Il a aussi réclamé à l’ancien ministre des Affaires étrangères de rendre au Pds son siège de député à l’Assemblée nationale. « Abdoulaye Wade est un coutumier des faits. Dès lors que quelqu’un qui lui était proche prend ses destinées politiques en main, il prend cela très mal. En 2012, Pape Diop alors président du Sénat avait décidé de quitter Me Wade parce qu’il refusait le diktat du Pape du Sopi qui voulait imposer son fils Karim Wade à la tête du PDS. Me Abdoulaye Wade n’avait jamais pardonné à son ex-compagnon une telle bravade. Il avait alors décidé d’en découdre avec son ex-compagnon, le président du Sénat.
Après avoir fait des révélations sur la véritable identité de Pape Diop lors d’une dernière conférence de presse, l’ex-président de la République lui avait porté l’estocade lors d’une réunion du comité directeur du PDS. Des gens sont venus me dire que Pape Diop a fait tuer un albinos qu’il a fait venir du Mali. Me Wade avait même demandé séance tenante à Me Ousmane Ngom de prendre contact avec ceux qui lui ont filé l’information. Si l’info s’avère vraie, Me Ousmane Ngom devrait s’en ouvrir au procureur de la République » déplore notre source. Laquelle estime que le PDS doit plutôt réfléchir aujourd’hui aux moyens de savoir comment renforcer Madické Niang et Idrissa Seck qui appartiennent à la famille libérale pour faire face avec les autres membres de l’opposition à Macky Sall. « De toutes les façons, plus on avance vers le 24 février, plus les jeux seront clairs parce qu’il y a une importante masse de dirigeants du PDS qui se dévoileront soit pour Madické Niang ou Idrissa Seck. Donc posons le débat avec sérénité pour préserver les forces de notre camp pour faire partir Macky Sall » indique cette même source.
L’ETAT VA RECUPERER 55.000 KM DE TOTAL ET LUI LAISSER 10.000 KM
Sur les 65.000 km de superficie accordés à la multinationale internationale pétrolière française, l’Etat a décidé, avec le nouveau Code pétrolier voté hier à l’Assemblée nationale, de récupérer les 55.000km.
Total a d’ici le mois de mars prochain pour restituer ces surfaces. L’annonce a été faite hier par le ministre du Pétrole et des Energies, Mansour Elimane Kane.
L’Assemblée nationale a convoqué hier les députés pour le vote du nouveau Code de la presse à un mois seulement de l’élection présidentielle du 24 février prochain. Même si le quorum a été atteint laborieusement, force est de reconnaitre que beaucoup de députés étaient, comme d’habitude, aux abonnés absents… Après la lecture du rapport de présentation, le président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie », Cheikh Mbacké Bara Dolly, a demandé la parole pour faire savoir au ministre que cette procédure est « anormale » parce qu’ « on ne peut pas lire en quelques jours seulement tout ce document ». Poursuivant, le député de Touba pense que si le président Macky Sall était animé de bonne foi, il leur aurait bien permis d’étudier en long et en large tout le document. Ce qui lui fait dire qu’il est inacceptable, à quelques jours des élections, de faire voter ce Code pétrolier.
Soutenant que le pétrole et le gaz n’appartiennent pas au président Macky Sall, encore moins à son frère Aliou Sall, Cheikh Mbacké Bara Dolly a demandé à ses collègues de refuser de voter ce Code élaboré « rien que pour satisfaire l’intérêt d’une personne ». Et d’explique que « si nous le faisons, nous serons responsables devant l’avenir et devant la jeunesse. Monsieur le ministre, sachez bien qu’avant même que vous ne soyez nommé, tous les contrats ont été signés par Macky Sall et Aly Ngouille Ndiaye. Macky Sall vous demande de faire voter ce Code à quelques jours des élections pour pouvoir le sauver, sauver son frère Aliou Sall et Aly Ngouille Ndiaye », a asséné le député de Touba.
Prenant son contrepied, le président de la commission, Cheikh Seck a soutenu que son collègue qui venait de parler –Cheikh Mbacké Bara Dolly — ne comprend absolument rien à ce qu’il a dit. Et de railler le patron des députés libéraux en disant qu’ « il n’a pas fait des études poussées. Donc, il ne sait pas lire et comprendre un tel document. Si vous prenez le Code de 1998, on disait que les ressources naturelles sont la propriété de l’Etat. Ce nouveau code vient tout régler car, il dit bien que les ressources naturelles sont exclusivement la propriété du peuple sénégalais. Donc, on ne peut reprocher au président Macky Sall d’être animé de bonne foi », tacle le député socialiste. Mais, le frère cadet du président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie » n’a pas voulu laisser cette attaque du député socialiste sans réponse. Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly fera savoir à Cheikh Seck qu’on n’a pas besoin de faire des études poussées pour savoir ce qui est écrit dans le document. Avant de conseiller que quand ils devront voter ce Code, les parlementaires devront tous penser aux générations futures. « Donc, nous, députés, devons savoir que notre responsabilité est bien engagée et nous allons rendre compte. Monsieur le ministre, dans le nouveau Code, vous dites qu’il ne peut être cédé que 10.000 km au maximum aux firmes pétrolières alors que vous avez remis 65.000 km à Total. Aly Ngouille Ndiaye, qui a fait des dégâts, doit aller en prison », flingue-t-il.
Reprenant la parole, le ministre du Pétrole et des Energies, Mansour Elimane Kane reconnait que Total a effectivement 65.000 km. Mais, révèle le ministre, au mois de mars prochain, la multinationale pétrolière française devra restituer au Sénégal 55.000 km. Ce qui fait qu’in fine, Total n’aura que 10.000 km. Et M. Kane d’expliquer : « 10.000 km qui seront en adéquation avec le nouveau Code. Parce qu’il ne faut pas perdre de vue que Total est aujourd’hui dans un espace qu’on appelle ultra-profond c’est-à-dire plus de 3000 mètres de profondeur. Il n’y a que 3 ou 7 compagnies qui peuvent aller à ce niveau d’exploration. Donc, Total va nous remettre 55.000km qui ont eu le bénéfice d’avoir des études sismiques. Aujourd’hui, ces 55.000km vont couter beaucoup plus chers que 56.000 vierges parce que ces 55.000km ont déjà des données sismiques qui peuvent intéresser des sociétés ».
Poursuivant, Mansour Elimane Kane c confie que 7 grandes sociétés pétrolières ont manifesté leur souhait de venir au Sénégal. D’ailleurs, révèle-t-il, c’est le 31 janvier prochain qu’elles vont « nous envoyer leurs dernières propositions ». Soumis au vote, la question préalable proposée par le président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie » a été rejetée et la discussion a continué. Toutefois, Serigne Abdou Mbacké Bara Dolly a demandé de faire un amendement. Dans celui-ci, le jeune frère du président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie » propose que les 10.000 km de Total annoncés par le ministre soient ramenés encore à 3000 km. Hélas, son amendement a été rejeté par la majorité suite à un vote.
Prenant la parole à l’ouverture des débats, le député de Sicap Mbao, Mme Aissatou Cissokho Camara, pense que ce présent code pétrolier vient s’ajouter à la longue liste des actes posés allant dans le sens d’une utilisation plus juste et plus optimale des ressources du pétrole et du gaz. Ce code, affirme Mme Camara, « garantit une gestion optimale et transparente du pétrole et du gaz au bénéfice de la génération d’aujourd’hui et surtout celle de demain ». A ce titre, le député de la banlieue de Pikine dit se féliciter de son contenu important avant d’inviter le gouvernement à le renforcer dans le cadre des décrets d’application qui vont devoir l’accompagner. Sonko trempé dans le pétrole Le candidat à l’élection présidentielle Ousmane Sonko a été mouillé hier dans le pétrole par les députés de la mouvance présidentielle. Du moins ses collègues de la majorité ont-ils essayé de le salir. Ouvrant le bal des attaques, la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Awa Gueye, raille en demandant : « ce grand monsieur de pétrole et gaz où est-il aujourd’hui ? ». Et de répondre elle-même : « On ne le voit jamais. Des réunions de commissions techniques à la plénière, on ne l’a pas vu. Ce alors que ce monsieur passait tout son temps à parler de pétrole. Ils n’ont qu’à arrêter. Parce qu’aujourd’hui, on parle de pétrole et gaz et il est aux abonnés absents !», flingue-t-elle.
Son collègue Djimo Souaré a pris le relais. Selon lui, tout le monde sait que, dans l’opposition, « il y a des candidats qui sont en accointance avec des firmes internationales pétrolières. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle ils ne sont pas là aujourd’hui », tance-t-il. Comme s’ils s’étaient passé le mot hier, certains députés de la mouvance présidentielle ont soutenu que si le leader de Pastef croyait en ce qu’il dit, il allait être à l’Assemblée hier ! La page de Sonko tournée, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly a repris la parole pour proposer une suspension de la plénière. C’était compter sans les députés de Macky Sall qui ont imposé leur majorité mécanique en votant non. Le Code est finalement passé comme lettre à la poste…
«LES MOTIVATIONS DE MA SORTIE CONTRE OUSMANE SONKO…»
Baba Hamdy occupe le devant de la scène depuis un bon moment. Il a été très critiqué sur sa virulente sortie contre le candidat à la présidentielle et leader de Pastef, Ousmane Sonko. Bien entendu certains n’ont pas apprécié son intrusion sur le terrain de la politique. Dans cet entretien, il revient sur ses motivations et surtout sa vision de la situation actuelle du pays et l’environnement musical.
M. Hamdy, vous avez fait une sortie pour parler de Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de février prochain. Qu’est –ce qui motive cette sortie d’autant plus que vous évoluez sur le terrain musical ?
Comme je l’ai dit et je tiens à le préciser. J’ai toujours apprécié Ousmane Sonko. Cependant, il faut qu’il descende sur terre et m’écoute attentivement. Il commet trop d’erreurs de communication. Je persiste et je signe, il faut qu’il arrête de tirer sur tout ce qui bouge.
N’est- ce pas un peu prétentieux de votre part d’émettre votre opinion sur ce volet communicatif ?
Pas du tout ! Il est vrai que c’est la première réaction que les gens auront et Sonko lui –même se fera une telle appréciation. Il va se dire que Baba Hamdy est trop petit pour me donner des conseils en communication. Il faut qu’il change. Il ne peut pas s’ériger en justicier et regarder tout le monde de haut. Cela le dessert considérablement. Il faut qu’il prenne en compte tout cela. Qu’il sorte de sa bulle et s’entoure de personnes ressources qualifiées pour le conseiller. Il n’a pas le droit de commettre ces erreurs de débutant. Son discours va- t- en guerre et nihiliste ne peut pas prospérer. Un jour ou un autre, cela va se retourner contre lui. Je le suis depuis ses débuts à l’Assemblée nationale. Dès que je l’ai vu intervenir à Hémicycle, je me suis dit qu’il ira loin et qu’il fera encore parler de lui. En qualité de jeune et de porteur de voix et aussi jeune de la même génération que lui, je peux bel et bien m’autoriser à livrer mon opinion.
Comment donc appréciez-vous les réactions négatives de votre sortie sur la toile ?
Je peux bien comprendre que ses partisans ne puissent se gêner à me descendre sur la toile. J’ai la chance d’avoir l’occasion d’être interviewé par des journalistes et d’être diffusé partout à travers le monde. Les partisans de Sonko qui m’attaquent n’ont pas cette possibilité et je les comprends très bien. Néanmoins il faut qu’ils acceptent que les autres aient des visions différentes des leurs. Je ne peux pas m’offusquer de ces réactions épidermiques, cela ne peut m’empêcher de donner mon avis.
Mais Baba sur quoi vous basez vous pour parler ainsi de Sonko ?
Je suis un citoyen et j’ai bien le droit de donner mon avis. Même si beaucoup de gens l’ignorent, je me déploie beaucoup dans le domaine de la communication. C’est ce qui me donne le droit de dire objectivement ce que je pense.
Vous attaquez Sonko et prenez la défense de Youssou Ndour…
Je vais encore le dire et le répéter. La personne de Youssou Ndour représente beaucoup de choses. Youssou Ndour a carrément dit au président Hollande d’éviter d’utiliser l’émigration clandestine pour se faire réélire. Il a osé dire non aux Français. En 2008 au G8, Youssou a encore tapé fort en disant à Tony Blair, Georges Bush et Merkel d’éponger la dette du Sénégal qui s’élevait à plus de deux mille milliards. Je connais bien Youssou Ndour et je sais qu’il aime profondément le Sénégal. C’est un grand Monsieur qui fait partie des cents hommes les plus influents du monde. Récemment, il a dit qu’il était déçu de certaines choses faites par le gouvernement. Il a fait face à Diouf en défendant Mademba Sock. Il a fait face à Wade en s’opposant au troisième mandat au péril de sa vie. Il a bravé les lacrymogènes et manifesté pour mener ce combat.
Oui, mais Ousmane Sonko lui reproche de ne pas payer des impôts…
Mais cela ne veut pas dire grand-chose. Sonko était Inspecteur des Impôts, mais pas le plus grand manitou de la boite. Il ne pouvait pas tout savoir. Si vraiment Youssou était favorisé à ce point, il n’aurait pas fermé Jololi. Personne ne doit tirer sur Youssou Ndour. Au-delà de son patriotisme, il faut savoir qu’il s’est beaucoup battu pour le rayonnement du Sénégal et de l’Afrique. Il a posé énormément d’actes courageux et porteurs pour défendre son pays et son continent.
Est – ce cependant une raison de s’attaquer à Sonko ?
Non, je n’attaque pas Sonko. Encore une fois, je n’ai rien contre lui. Cependant, il doit éviter certaines maladresses. Il faut qu’il soit plus tolérant et moins passionné. Qu’il fasse preuve de grandeur. Sonko, qui est dans la posture d’un éventuel futur président, ne doit pas être revanchard. A titre d’exemple, je vais vous citer deux cas. Quand Cheikh Yérim Seck parlait de lui comme un phénomène, tous ses partisans avaient applaudi des deux mains. Pourtant quand le même Cheikh Yérim a été un peu critique en affirmant que les élections ne se gagnent pas sur Internet, il a été attaqué de toutes parts par les partisans de Sonko. Il y a aussi son attitude et ses attaques contre Ahmet Khalifa Niass lors du décès de Sidy Lamine. Il aurait pu faire preuve de grandeur et éviter de descendre à ce niveau. Encore une fois, je ne suis pas d’accord avec lui sur sa manière de communiquer.
Mais quand tout le monde s’y met en l’attaquant de de toutes parts, cela pourrait être considéré comme une diabolisation de l’individu…
Vous savez tous que la politique n’est pas une affaire d’enfants de chœur. Sonko est bien inspiré de jouer la carte de la victimisation. Cependant, il ne faut pas aussi prêter le flanc et en faire un martyr. Le peuple sénégalais est assez mature pour choisir librement son candidat.
Seriez- vous devenu un partisan du pouvoir ?
Pas du tout ! Je suis plutôt un fin observateur de la vie politique de mon pays. Parce que je suis un citoyen qui travaille pour participer, tant soit peu, au développement de mon pays. Je ne vais pas faire de la propagande pour personne. J’ai mon opinion et mes convictions politiques, mais je ne suis pas un politicien. Il n’est pas question de parler de mon vote personnel ou du candidat que je vais soutenir. Je suis conscient que ce n’est pas à moi de faire ou dire certaines choses en faveur ou non d’un candidat.
Comment percevez-vous cette tension post-électorale ?
Je vais vraiment être sincère en affirmant que les choses auraient pu se passer autrement. Les invectives et les insultes n’ont pas leur place sur le champ politique. Mais j’aime beaucoup l’attitude du président Macky Sall qui ne répond jamais à ce genre de propos. Il en est de même pour Youssou Ndour. Je ne cautionne pas la démarche trop belliqueuse des hommes politiques sénégalais. Ils oublient souvent l’intérêt général du pays. Ils sont dans de bonnes conditions et oublient les souffrances du bas peuple. Il faut oublier la politique politicienne et éviter d’installer le pays dans une campagne électorale permanente. Il faut que les politiciens se rapprochent du peuple et s’occupent un peu plus des désirs du peuple. Que l’on évite d’user et d’abuser de ce genre de propos irresponsables qui pourraient brûler ce pays.
Vous êtes musicien, que vous inspire le single Sai Sai de Keurgui qui fait l’actualité ?
Je dois d’abord dire que Keurgui est un groupe de rap composé de deux personnes que je respecte énormément. Le rap a sa spécificité et généralement les rappeurs parlent beaucoup avec le cœur. Ils lancent souvent des cris du cœur. Je ne vais donc pas me hasarder à les descendre ou à critiquer leur travail. Cependant, à leur place, je n’aurais pas certainement usé des mêmes mots. Mais encore une fois, il faut bien essayer de comprendre la philosophie et la manière de voir les choses des rappeurs.
Wally Seck vous a publiquement félicité. Qu’est- ce qui pourrait expliquer son geste ?
Wally Seck est mon jeune frère et on s’entend très bien. Cela ne me surprend pas de lui. J’ai bien compris et saisi le sens de son message. Il a été grand en citant mon nom à plus de trois reprises. Il a eu l’humilité de reconnaitre que j’ai, tant soit peu, contribué à l’essor de sa carrière. Non content de dire que j’ai écrit « Mirna », il est revenu sur les autres morceaux que j’ai écrits pour lui. Je lui souhaite vraiment le meilleur et lui exprime toute ma gratitude. Le temps m’a donné raison car j’ai toujours dit que Waly est un grand Monsieur. J’ai écrit pour plus d’une cinquantaine de personnes et rares ont été parmi ces cinquante ceux qui le mentionnent. Encore un fois, il a fait preuve de grandeur et il ira loin. Il a le talent pour faire de très grandes choses.
Que pensez-vous de ses frictions avec Pape Diouf et des derniers développements de cette concurrence ?
Je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet. J’avais refusé de parler de cette affaire. Mais comme des autorités comme Hadji Mansour en ont parlé, je vais juste me limiter à quelques observations. Il y a bien de la concurrence dans la musique. Mais il faut que cette concurrence soit saine. Je dois saluer le geste de Wally qui est en train de prendre du galon. Je suis aussi très à l’aise pour parler de Wally et de Youssou Ndour. Ce sont des gagnants et je respecte ce qu’ils font. Maintenant pour revenir aux relations entre Wally et Pape Diouf, il faut éviter de verser dans la vulgarité en disant certaines choses susceptibles d’envenimer les relations. Je suis pour la concurrence mais que cela se fasse dans les normes. Je condamne surtout ces gens qui enregistrent les artistes, juste pour attiser les tensions. Il faut éviter de verser dans la délation. Cela ne nous mène nulle part.
Vous avez été souvent critique avec la Sodav. Votre opinion a-t-elle changé ?
(Il coupe) Je ne vais pas fuir la question ou mettre de gants. J’ai entendu que le chef de l’Etat a décidé de mettre à la disposition de la Sodav la faramineuse somme d’un milliard. Mais à mon humble avis, je dois demander aux autorités d’être plus vigilantes. Je n’ai rien contre les dirigeants de la Sodav, mais il faut que les choses se passent dans les règles. Cet argent doit être bien géré et il faudra que les artistes sentent bien ces avantages. Je ne suis pas d’accord sur la démarche adoptée par les dirigeants de la Sodav. Il faut qu’ils nous respectent plus en nous consultant. Ils ne peuvent pas défendre nos intérêts et nous snober. Cela n’a rien de personnel. Ils doivent nous consulter et nous demander notre avis sur tout ce qui se passe dans cette boite.
En votre qualité d’acteur respecté de la musique, quel regard portez-vous sur la musique sénégalaise ? Quels sont également les artistes qui vous ont marqué durant l’année écoulée ?
Il y a encore beaucoup de choses à faire. Je suis très exigeant et très critique. Actuellement, il m’arrive rarement d’éprouver certaines sensations en écoutant nos chanteurs. Il y a des chanteurs comme Youssou Ndour, Thione Seck et Viviane qui arrivent toujours à me toucher au plan mélodiques et me surprendre à lancer un « Ndeysane ». Par rapport à l’artiste qui s’est illustré, je dois avouer que c’est Coumba Gawlo Seck qui a produit l’album de l’année. Il y a aussi des chanteurs comme Adiouza et Pape Birahim qui sont vraiment capables de me faire frémir de temps en temps.
LA SOCIETE ICS TRAINEE PAR SES EMPLOYES ET EX-EMPLOYES DEVANT LA JUSTICE
« Actions frauduleuses sur les actions des employés des Industries chimiques du Sénégal, fraudes sur l’opération d’achat de ladite société et sur les recettes Ics utilisées pour acheter l’entreprise en question ».
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 25/01/2019
Ce sont là les griefs soulevés par l’association des employés et ex-employés actionnaires des Ics contre la société minière, au cours d’un point de presse tenu ce jeudi 24 janvier à la mairie de Tivaouane. Une affaire qui sera jugée ce lundi 28 janvier au tribunal du commerce de Dakar.
Au cours de rencontre, le président de l’association des employés et ex-employés actionnaires des Industries chimiques du Sénégal (Ics), Demba Ba, a renseigné que « la Société financière internationale (Sfi) du Groupe de la Banque Mondiale avait, en 2002, cédé de manière préférentielle, aux employés des Ics, les 32763 actions qu’elle détenait dans le capital des Ics, valorisées alors à 327 millions de FCFA. La quasi-totalité du personnel (Dg, ouvriers, cadres) avait alors souscrit avec un minimum requis de 15 actions ». Il précise que « la plupart des ouvriers et employés, sans épargne et sans ressources, ont, malgré leurs contraintes de dépenses familiales de subsistance, fait le sacrifice d’emprunter pour acheter leurs actions. Dettes déduites de leurs salaires sur plusieurs périodes, faisant ainsi la preuve de leur attachement indéfectible à leur entreprise ».
L’opération, à en croire les employés et ex-employés actionnaires des Ics, « a connu un tel succès que pour 32763 actions proposées, 38 405 étaient demandées par les travailleurs, soit un taux de sursouscription de 117 % (supérieur à celui, emblématique, de la Sonatel lors de sa privatisation) ». Et de poursuivre : « par la suite, la valeur de ces actions du personnel a augmenté de 327 millions à 362 millions de FCFA, du fait des importants bénéfices de l’entreprise mis en réserve puis repartis entre les actionnaires (18 à 20 milliards de FCFA par an avant le projet de doublement de la production de 2000, soit un potentiel bénéficiaire de 50 milliards FCFA annuels, si les recettes export ne sont pas détournées) ». En 2008, note Demba Ba, « profitant de la confusion autour des tentatives (infructueuses) de la bande à Jérôme Godard de prendre le contrôle de l’usine d’engrais de Mbao, la nouvelle Direction générale à spolié, entre autres, tous les actionnaires salariés, avec la complicité du soi-disant repreneur. Demba Ba assure que « les salariés n’ont jamais approuvé les décisions frauduleuses prises en totale violation de la loi OHADA, prises lors de l’assemblée générale. Le droit préférentiel de souscription n’a pas non plus été respecté ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « le coup de force de la Direction générale (Dg et Pca, complices) a été dénoncé par d’autres actionnaires (le bailleur de fonds BID, la banque SGBS et la RCI, notamment, qui ont voté contre les résolutions spoliatrices) ».
Fraudes sur l’opération d’achat de la société minière
Selon le président de l’association des employés et ex-employés actionnaires des Industries chimiques du Sénégal, « la Direction générale a fait créer de toutes pièces des sociétés-écran dans des paradis fiscaux offshore (Senfer Africa et Senfer investment à Chypre et à Jersey) pour faire le ‘’portage’’, de concert avec la société indienne Archean ». Des actions Ics « nouvellement et illégalement créées », dit-il. Avant d’indiquer : « ces trois sociétés, qui n’avaient été créées que pour cette raison, ont d’ailleurs disparu rapidement avec l’arrivée du nouveau repreneur Indorama, soi-disant indonésien mais en réalité une société dirigée par des Indiens ». A en croire toujours Demba Ba, « le Directeur général des Ics et ses complices ont non seulement escroqué les employés actionnaires » mais aussi « doublement escroqué le Sénégal de plusieurs milliers de milliards FCFA sur la durée de vie de 30 ans d’exploitation de la mine de phosphate actuelle de Tobène ». D’ailleurs, renseigne-t-il, « l’enquête des Panama Papers a confirmé que c’est la société indienne Archean, (qui a été introduite dans le circuit par le PCA/ICS et DG/IFFCO), qui a servi de prête-nom, pour faire le ‘’portage’’ des 99 995 Euros du capital de Senfer investment. Et dès que Indorama a racheté les ICS (en contrepartie du versement de quelque 29 milliards de FCFA), elle a disparu, après avoir empoché, pour lui et ses mandats, le juteux pactole, alors qu’il était censé faire un investissement durable en achetant ladite société ».
Fraudes sur les recettes des Ics utilisées pour acheter les Ics
« Le Pca et son complice, le Dg de la boite, avaient obtenu un financement-relais auprès de la Bank Of India (BOI), contre une domiciliation des recettes d’exploitation des Ics alors qu’à cette date, l’Etat du Sénégal détenait encore près de 50 % du capital », accuse encore Demba Ba. Il informe que « c’est la somme de quelque 29 milliards de FCFA de recettes export Ics détournée qui a servi à financer l’achat des Ics ». L’affaire sera évoquée ce 28 janvier 2019 au tribunal du Commerce de Dakar.
LE MINISTRE GUINEEN DES SPORTS OPPOSE A TOUTE IDEE DE CO-ORGANISATION
Le ministre guinéen des Sports, Sanoussy Bantama Sow, s’est dit opposé à l’idée d’une co-organisation de la CAN 2025 prévue en Guinée, en réponse à une proposition du président de la FSF, Augustin Senghor.
L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 a été attribuée à la Guinée par la Confédération Africaine de Football (CAF). Après que l’annoncé a été faite à Dakar par le président Ahmad Ahmad, la Fédération sénégalaise de football avait émis son souhait de co-organiser la compétition avec la Guinée Conakry. Mais pour l’instant, la Guinée ne veut pas entendre parler de cette hypothèse. « La Guinée veut profiter de la CAN 2025 pour sortir des problèmes d’infrastructures », a expliqué le ministre guinéen des Sports dans des propos rapportés par des médias locaux, soulignant qu’avec cette édition de la CAN, son pays souhaite « réaliser les infrastructures dans les plus grandes villes [...] » de la Guinée. « Cela veut dire que la Guinée ne peut pas se camoufler derrière un pays pour dire que nous allons juste organiser la fête. Cette organisation est une opportunité de développement pour le pays », a-t-il souligné, tout en martelant : « Nous voulons des IN-FRASTRUC-TURES sportives. » Suivant cette option, « soit la Guinée n’est pas prête à organiser, soit nous sommes prêts à organiser et nous l’assumerons », a-t-il insisté. Le président de la FSF, qui a émis l’idée d’une co-organisation de la Coupe d’Afrique des nations, désormais à 24 pays contrairement aux éditions précédentes ouvertes seulement à 16 pays, « a parlé en patriote », selon son homologue guinéen. « C’est des patriotes, nous sommes des patriotes. Donc pas de co-organisation. 2025 sera la Guinée ou la Guinée », a-t-il indiqué.
Augustin Senghor, évoquant les charges d’organisation de la CAN, a émis l’idée d’une co-organisation avec la Guinée, le Sénégal, la Mauritanie et la Gambie, avant d’ajouter que le Sénégal doit s’apprêter à moyen terme, à organiser une phase finale de CAN seniors. La dernière édition de la CAN seniors organisée à Dakar, a eu lieu en 1992. Mais contrairement au ministre guinéen des Sports qui exclut toute co-organisation, le président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Antonio Souaré, dans un entretien à Jeune Afrique, n’a pas lui fermé la porte à une telle éventualité.
Le président de la FEGUIFOOT, se disant ouvert aux discussions, attend d’être saisi officiellement par son homologue du Sénégal qui s’en était ouvert à un de ses vice-présidents.
LA CARTE DES NERVIS
Saccage du siège de Pastef, le parti de Sonko indexe Diouf Sarr qui dément
Le siège de Pastef a été mis à sac par des nervis dans la nuit du mercredi au jeudi. Le parti de Sonko met en cause Abdoulaye Diouf Sarr et réclame justice. La gendarmerie a ouvert une enquête.
Rien n’a été épargné, tout est à l’envers. Des débris de verre tapissent le carrelage, des chaises cassées, le téléviseur écran plat fixé dans la salle de réunion trouée, des ordinateurs, des ventilateurs et des tables presqu’en morceaux. C’est là le décor des locaux de Pastef, sis à Yoff et saccagés par des individus dans la nuit du mercredi au jeudi. Les quelques militants trouvés sur les lieux demandaient à la presse de faire le constat. Birame Soulèye Diop, administrateur général du Pastef, fait son récit : «On nous a appelés à 3h du matin pour nous dire que dix nervis encagoulés et armés de coupe-coupe ont saccagé le siège. Ce n’est pas la première attaque : le siège du Pur l’a été aussi lors de la campagne de collecte des parrainages. Lors de notre meeting du 22 janvier à la Place de la Nation, les gros bras d’un ministre avaient attaqué un de nos militants qui a été évacué à l’hôpital.»
Abdoulaye Diouf Sarr pointé du doigt
Dans cette affaire, même s’il n’est pas affirmatif, M. Diop évoque le nom du maire apériste de Yoff. «Les nervis ont dit au planton, avant de passer à l’acte : ‘’Nous voulons que vous déménagiez votre siège. Ici c’est le fief de Abdoulaye Diouf Sarr’’», rapporte-t-il. L’accusation n’est pas anodine. Mercredi, Ousmane Sonko était à Yoff Layène. Au crépuscule, il a été reçu durant plus d’une heure par le porte-parole de la famille, Mamadou Lamine Laye. Dans cette communauté où Diouf Sarr compte une femme, en l’occurrence Sokhna Thiaw Laye (fille du khalife), le déplacement du leader de Pastef était risqué. Accompagné d’une dizaine de jeunes, le leader du Pastef, en quittant Layène, a dans la foulée inauguré le siège communal de son parti en plein cœur de Yoff, dans le quartier de Mbenguène, près du marché. Une sorte d’affront pour Diouf Sarr qui contrôle cette commune pratiquement sans opposition depuis 2014. En tout état de cause, une plainte a été déposée par le parti de Sonko et la gendarmerie qui a fait une décente sur les lieux a constaté les dégâts. «On fait confiance à leur professionnalisme. Nous savons que ces gens seront retrouvés. Nous sommes dans un pays dit de droit. Même si l’Etat de droit part en lambeaux, nous continuons de penser qu’il y a des ressources démocratiques qui restent au Sénégal. Nul n’a le monopole de la violence», avertit Birame Soulèye Diop. Et de rassurer : «Pastef ne fera aucune réaction en dehors de celle adressée à la justice. Aucun parti de l’opposition n’a déroulé des actes de violence contre le parti au pouvoir. Tout ce qui a été subi au Sénégal depuis 2014 a été perpétré par le parti au pouvoir. Ce que nous attendons, c’est que la justice réagisse et que les auteurs et les commanditaires soient traduits en justice.»
Le C25 : «Nous demandons au procureur de prendre ses responsabilités»
Dans l’après-midi, les leaders du C25 se sont rendus au siège national de Pastef. «Le coordonnateur du C25 (Malick Gakou) nous a demandé de passer manifester notre solidarité. Ce qui s’est passé ici est ahurissant. Ce sont des actes de barbarie que le Sénégal dans sa totalité réprouve. Il est temps que ça s’arrête. Nous demandons au procureur de prendre ses responsabilités, les forces de sécurité aussi. Il y a eu un ministre qui a déclaré haut et fort qu’il a recruté des nervis et ça se sont des nervis qui l’ont fait. Il doit être entendu. Des enquêtes doivent être diligentées et les coupables arrêtés et présentés au juge. S’ils ne le font pas, je suis sûr que tous les Sénégalais unis comme un seul homme feront face à ce camp qui a déjà installé la dictature et tous les ingrédients d’un régime dans lequel tous les droits sont violés. Ceux qui l’ont fait hier avec le siège de Khalifa Sall, aujourd’hui chez Ousmane Sonko, le feront avec d’autres parce qu’ils veulent nous intimider par la terreur», a dit Me Madické Niang.
Diouf Sarr dément toute implication : «Sonko doit grandir rapidement»
Le parti de Ousmane Sonko, Pastef/Les Patriotes, cherche à se «victimiser». Telle est la conviction ferme de Abdoulaye Diouf Sarr, ministre et responsable du parti au pouvoir (Apr), accusé d’être le commanditaire du saccage des locaux de Pastef à Yoff, son fief. Dans un entretien accordé à iRadio, Abdoulaye Diouf Sarr estime que l’Apr n’est mêlée ni de près ni de loin à cette affaire. «C’est vous qui m’apprenez qu’ils ont insinué l’implication de notre parti dans le saccage de leur siège. J’aimerais leur dire que c’est tout à fait absurde parce que Yoff est un village qui a une très grande culture politique, mais qui est très pacifique et où il y a une grande cohabitation avec beaucoup de sièges de parti politique. Abdoul Mbaye (Act), nous sommes côte à côte. Nous avons toujours ouvert notre siège sur la même rue avec mon ami et frère Khalifa Sall. On n’a jamais eu ce genre de problèmes. Si maintenant Sonko vient utiliser cette stratégie du buzz, je suis vraiment désolé. Il est important de lui demander de grandir rapidement et de sortir de cette stratégie qui consiste à chercher toujours à créer chaque fois une histoire invraisemblable pour attirer l’attention. Ce n’est pas normal. Il est important qu’il dise aux Sénégalais quel est son programme», a dit le maire de Yoff.