400 coups de balaie au moins ! C’est l’âge de ces tablettes en bois sur lesquelles Khaly Amar Fall enseignait les sciences islamiques, ici, à Pire. L’installation de l’érudit dans la cité religieuse en 1603, l’a rendue populaire. C’est la première université de sciences religieuses en Afrique. Aujourd’hui, la ville a un Gamou (célébration religieuse) annuel qui se tient depuis 116 ans avec l’arrivée d’un autre homme de Dieu, Serigne Tafsir Abdou Birane Cissé, Mouhadam de El Hadj Malick Sy de Tivaouane.
Mais toujours est-il que Pire reste mieux connu en tant que temple du savoir islamique qui a révolutionné l’enseignement de la religion en Afrique subsaharienne.
El Hadj Ibrahima Fall est un petit fils de Khaly Amar Fall. A 76 ans, le Chef de village, en même temps, marabout de Pire et conservateur de l’Université, garde en mémoire les noms des nombreux érudits du pays et de la sous-région qui ont fait leurs humanités dans ce lieu.
Malheureusement, en 1864 l’université de Pire a connu le même sort que la bibliothèque d’Alexandrie. Elle a été brulée par Valière, gouverneur de l’AOF (Afrique occidentale française). Selon Ibrahima Fall, c’était suite à une mésentente entre le colon et le Serigne de Pire de l’époque, Boubacar Penda Yéri. C’est toute l’histoire de ce bout de bois fixé au sol qui attire l’attention de certains visiteurs. Il a été pris comme repère car sous cette terre sont ensevelis des milliers de livres avant que le colon ne mette le feu à l’université.
154 ans après, le repère est devenu un lieu de pèlerinage. Entre autres affaires enterrées, ici, des centaines de livres d’El Hadj Omar Foutiyou Tall. Ibrahima Fall est revenu sur l’histoire mais aussi sur la mysticité de ce lieu.
Cependant, il n’a jamais été question de les déterrer après le feu de la bibliothèque. Les quelques rares personnes qui connaissent l’histoire de ce site se contentent de venir y prier.
KALIDOU KOULIBALY, ÉTOILE MONTANTE DU FOOTBALL
Potentiel joueur africain de l'année, un éventuel transfert dans un des meilleurs clubs européens ... Le sénégalais récolte aujourd'hui les fruits de ses choix, parfois contestés, de carrière
Le Point Afrique |
Marlène Panara |
Publication 10/12/2018
Tout sourit à Kalidou Koulibaly. Le nom du Franco-Sénégalais fait en effet partie de la liste des candidats au meilleur joueur africain de l'année 2018, établie par la Confédération africaine de football (CAF) publiée vendredi. À côté de son nom figurent ceux de Mohamed Salah, vainqueur l'année dernière, de son compatriote de Liverpool Sadio Mané, ou encore celui du Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, évoluant à Arsenal. Un gage de talent et de reconnaissance de la part de l'organisation panafricaine qui, en nominant le joueur de 27 ans, confirme son succès grandissant. Car les bonnes performances de Kalidou Koulibaly suscitent les convoitises des plus grands clubs européens.
D'après le média britannique The Times, son éventuel transfert aurait été au cœur d'un entretien entre les dirigeants de Manchester United et du SSC Naples. L'équipe italienne, consciente des capacités de son joueur, exigerait un montant supérieur à 100 millions d'euros. Une somme qu'aurait également évoquée la Juventus, également très intéressée d'après la radio locale italienne Kiss Kiss Napoli. Si le transfert du défenseur central est avéré, cela casserait son contrat avec le club napolitain, qui l'avait pourtant prolongé en septembre jusqu'en 2023.
Du FC Metz à l'Italie
Kalidou Koulibaly en aurait-il espéré autant il y a encore quelques années ? Ce Vosgien de naissance né de parents sénégalais a su qu'il serait footballeur après le but de Lilian Thuram contre la Croatie en 1998. Plus d'une décennie plus tard, c'est au sein du FC Metz, alors en Ligue 2, que le joueur débute sa carrière professionnelle. Le 20 août 2010 marque sa première apparition dans le championnat face à Vannes, à la 69e minute. Il signe son premier contrat professionnel l'année suivante, pour une durée de trois ans. Pour sa première saison, le Messin participe à 19 matchs de Ligue 2, et deux matchs de Coupe de France.
En juin 2012, Metz est relégué en National, le défenseur cherche alors un nouveau club. Ce sera la Belgique, au sein du KRC Genk : il y signe un contrat de quatre ans, pour un million et demi d'euros. Deux ans plus tard, le gamin de Saint-Dié-des-Vosges part pour Naples, après son transfert d'un montant de 8 millions d'euros. Kalidou Koulibaly y progresse vite, entraîné de 2015 à mai 2018 par Maurizio Sarri. Mais en Italie, il est également confronté au racisme des spectateurs. Le 29 septembre dernier, lors du match Juve – Naples (3-1), il est la cible de cris de singe de la part de supporters turinois. En réponse, la Fédération italienne a suspendu le virage Sud de l'Allianz Stadium pour les deux matchs qui avaient suivi à domicile, en plus d'une amende de 10 000 euros.
Le choix du Sénégal
Au vu de son succès aujourd'hui, Kalidou Koulibaly a su prouver qu'en partant pour Naples, il avait fait le bon choix. En revanche, se serait-il trompé en préférant l'équipe nationale sénégalaise à la France, championne du monde cette année ? Car le footballeur, qui a d'abord intégré l'équipe de France des moins de 20 ans en 2011 – il a même joué la Coupe du monde dédiée à cette catégorie – a choisi le Sénégal le 20 août 2015. Il répond alors à l'appel du sélectionneur Aliou Cissé pour le match contre la Namibie, comptant pour les éliminatoires de la CAN 2017. Le 5 septembre marque le début de sa carrière sous le maillot des Lions de la Téranga, en tant que titulaire.
Mais c'est lors de la Coupe du Monde en Russie que l'émotion est la plus forte. Malgré sa combativité, le pays est éliminé des le premier tour, alors qu'ils sont à égalité de points avec le Japon. Et les deux équipes sont finalement départagées au fair-play. La compétition reste « une bonne expérience » pour Kalidou Koulibaly, interrogé par la BBC. « Je voulais montrer que le Sénégal est l'une des meilleures équipes d'Afrique ». C'est pour la fierté qu'il a eu à représenter le pays de ses parents, mais aussi sa double culture, qu'aujourd'hui le joueur n'a « pas de regrets ».
VIRELLA PRÉSENTE SES LETTRES
Ambassadeur d’Espagne au Sénégal - «Le Sénégal vit une époque extraordinaire» – «Il faut être prudent avec les comptes publics»
Le Royaume d’Espagne a célébré le jeudi 6 décembre dernier, les 40 ans de sa Constitution. Cela a été un prétexte pour l’ambassadeur de ce pays au Sénégal, de gravir Les Marches du journal Le Quotidien. En plus de l’importance de cette Constitution dans la vie politique de son pays, le diplomate n’a pas hésité à évoquer plusieurs sujets d’intérêt commun, ainsi que l’état de la coopération entre le Sénégal et son pays qui, il n’a pas manqué de le rappeler, est le plus proche d’Europe pour les Sénégalais qui d’ailleurs, y vivent en grand nombre.
Quand on consulte la Constitution espagnole, on se rend compte que le pouvoir émane du Peuple. On se demande alors ce que fait le Roi d’Espagne dans un pays où le Peuple est souverain ?
Bien sûr, le Peuple est souverain et il est représenté au Parlement, constitué de 2 chambres à savoir le Congrès des députés et le Sénat. Mais comme dans tous les pays, il y a un chef de l’Etat. En Europe et pas seulement, il y a une tradition qui veut que le chef de l’Etat dans quelques pays soit un Roi. Il s’agit donc des monarchies. Il faut remarquer que le système politique est une démocratie. Vous avez rappelé la souveraineté du Peuple mais il y a 2 formes d’Etat : la République et la Monarchie. En Espagne, le Roi n’a pas un pouvoir exécutif. Le pouvoir exécutif, comme dans la plupart des monarchies européennes, réside au gouvernement, dirigé par le Premier ministre. Dans ces cas, le chef de l’Etat -un Roi ou une Reine- a une représentation symbolique. Par exemple, il ne nomme pas les ministres et n’a pas de fonction de direction politique.
Quelle est la différence entre le Roi d’Espagne et la Reine d’Angleterre ?
La Reine d’Angleterre est à la tête de l’Eglise anglicane. Si vous cherchez une personnalité qui a plus de pouvoir que le Roi d’Espagne, c’est la Reine d’Angleterre. A part cela, c’est pareil, grosso modo.
On a vu le Roi Felipe intervenir lors du débat sur l’indépendance de la Catalogne. Est-ce qu’il a n’a pas un rôle dans l’Exécutif ?
Le Roi en tant que chef de l’Etat, mais aussi en tant que citoyen espagnol, doit respecter la loi et la Constitution. Donc son discours, sa prise de position, était tout simplement de rappeler le droit, l’Etat de droit et que, pour vivre dans un Etat de droit, il faut respecter la Constitution. C’est difficile, voire impossible, d’imaginer une démocratie sans loi. La loi est fondamentale pour une société parce qu’elle donne des règles et des mécanismes ; et conformément à la loi on peut même changer ces règles. Il faut rappeler qu’il y a une Constitution qui établit le droit, les obligations, la séparation des pouvoirs, l’organisation de l’Etat, le rôle du gouvernement au niveau de l’Etat, au niveau des régions. Il faut rappeler qu’au-dessus de tout le monde, y compris du chef de l’Etat, il y a la Constitution et la loi.
Est-ce que le Roi peut intervenir par exemple, dans le cadre d’une crise politique au sein de l’Assemblée nationale pour y proposer des solutions ?
Non, ce n’est pas le rôle du Roi. Mais lorsqu’il y a des élections générales, il joue un rôle important parce qu’il doit proposer au Parlement le nouveau Premier ministre qui doit présenter son programme de gouvernement. Bien sûr, il y a des règles : il doit d’abord rencontrer au Palais royal le chef du parti qui a le plus de députés au Parlement, mais aussi les autres. Là, le chef de l’Etat joue un rôle mais ce sera conforme à la décision du Peuple qui a élu tel nombre de députés pour tel parti.
Si on prend la crise catalane, ne pensez-vous pas que le système monarchique cristallise la revendication d’indépendance de la Catalogne ?
Le Roi d’Espagne au cours des siècles, a été le roi de plusieurs royaumes qui existaient avant l’unification de l’Espagne. A la fin du 15ème siècle, la reine de Castille et le roi d’Aragon se sont mariés. Leurs successeurs sont devenus rois de l’ensemble de l’Espagne. Dans cette première étape, chaque royaume au sein de l’Espagne avait ses lois, ses traditions et ses langues. Cela veut dire que depuis les origines de l’Espagne en tant que monarchie, il y a cette tradition de représenter l’ensemble très diversifié de plusieurs royaumes, de langues voire de systèmes législatifs. Donc, ce n’est pas historiquement étonnant qu’à la tête d’un pays, il y ait un chef de l’Etat qui est le représentant de la diversité de la société. La Constitution espagnole octroie beaucoup d’importance dans ses premiers articles, à la diversité des langues et des cultures des régions. En même temps, elle précise que l’unité de l’Etat espagnol est indissoluble. Mais elle dit aussi dans ses premiers articles, que la diversité est une richesse et un patrimoine de l’Espagne qu’il faut préserver. Je dirais comme dans d’autres secteurs, que la richesse vient du pluralisme, des différences. L’homogénéité est souvent très pauvre. Si on essaie d’imposer une seule façon de voir, la société ne va pas fonctionner. Tandis que, conformément à la Constitution espagnole, le respect de la diversité va accompagner la solidarité, pour enrichir l’ensemble de la société.
Malgré tous ces droits que vous avez cités, et la Constitution qui reconnaît le droit à l’autonomie, on a vu les Basques réclamer l’autodétermination avant, aujourd’hui c’est la Catalogne.
Pourquoi, cette sorte de fermeture dans la Constitution et au sein de la majorité ?
Il y a ceux qui font beaucoup de bruit tandis que la plupart des citoyens sont engagés à mener une vie d’ensemble. Si on regarde les sondages d’opinion et les résultats des élections, sur les prises de position pro ou contre l’indépendance, la plupart des citoyens en Catalogne, au Pays basque et dans n’importe région en Espagne, ne sont pas pour l’indépendance. Quand j’entends que les Catalans veulent l’indépendance, je dis que c’est faux. La société catalane, qui est elle-même très diversifiée, lors des élections s’est manifestée avec une majorité des voix contre l’indépendance. Ce n’est pas juste d’oublier ceux qui sont contre l’indépendance, et qui sont en plus majoritaires. On ne peut pas construire une société en écartant la moitié de la population. Les pros et les contre l’indépendance ont les mêmes droits. On ne peut pas faire de distinction au niveau des droits humains, des droits d’expression et d’obligations de l’Etat vis-à-vis de ses citoyens. Donc, la société catalane est diversifiée dans une société espagnole diversifiée. Ces citoyens sont tous des Espagnols et au même temps ils sont des citoyens au sein de la société européenne, elle aussi très diversifiée (…)
L’impact de la crise économique et financière mondiale déclenchée en 2008 a été grand en Espagne. Le taux de chômage est monté à 25%. La récupération économique a été un succès, mais malheureusement le taux de chômage reste encore à 16%. Cela veut dire qu’aujourd’hui il n’y a pas de travail pour tout le monde en Espagne. Et je ne veux pas dire «pour les Espagnols», je dis, même pour les migrants qui sont déjà en Espagne. Il faudrait rappeler que l’Espagne a été historiquement un pays de migration et lors de cette crise économique ces dernières années, des milliers de jeunes espagnols ont émigré.
Où est-ce que vous en êtes avec les accords bilatéraux entre l’Espagne et un pays comme le Sénégal pour organiser cette migration ? Est-ce que cela a donné des fruits ? Et est-ce que c’est une expérience qui continue ?
Oui c’est une expérience qui continue. Depuis l’année 2006, la coopération entre l’Espagne et le Sénégal est multiforme. Dans plusieurs secteurs. Pas seulement pour contrôler la migration, il faut à mon avis remarquer ça. Notre coopération a pour but de contribuer d’une façon solidaire, aux efforts, aux processus qui sont en place au Sénégal, pour créer de l’emploi, lutter contre la pauvreté, renforcer la démocratie et la stabilité du pays. Parce que l’Espagne est un pays voisin du Sénégal. Les Îles Canaries sont en face de l’Afrique de l’Ouest. Du Sahara occidental pour être plus exact. Ce ne sont que 2h de vol de Dakar à Las Palmas. L’Espagne est le pays européen le plus proche du Sénégal. Il faut donc se demander ce qu’on veut de nos voisins. On veut qu’ils soient prospères, qu’ils soient des pays où les habitants ont du bien-être, de la prospérité. On n’aime pas avoir un voisin qui reste tout seul face à ses problèmes. Par conséquent à partir de 2006, on a travaillé ensemble en termes de coopération avec le gouvernement du Sénégal et avec la population du Sénégal, dans les secteurs de l’agriculture, de la formation professionnelle, de la culture, de la pêche, des rapports commerciaux en général, des investissements espagnols et bien sûr, pour la gestion de la migration. Nous avons établi un mécanisme de migration circulaire, c’est-à-dire, les entrepreneurs espagnols offrent de postes de travail aux Sénégalais et les Sénégalais, à travers des bureaux de l’ambassade d’Espagne, obtiennent leurs visas, partent en Espagne et retournent après des mois de travail. Malheureusement pendant les années les plus dures de la crise espagnole, quand le taux de chômage est monté à 25%, ce mécanisme n’a pas marché, tout simplement parce qu’il n’y a pas eu d’offre des entrepreneurs espagnols. Il s’agit surtout du secteur de l’agriculture. Mais j’espère que ça va recommencer à démarrer.
Est-ce que vous avez des statistiques sur cette question ?
L’année 2017, c’était la première année après l’arrêt de ce mécanisme. On n’avait eu que dix Sénégalais qui sont allés en Espagne dans ce cadre de migration circulaire à travers le bureau de Travail de l’ambassade d’Espagne ici à Dakar. Cette année 2018 le chiffre s’est maintenu, mais cinq travailleurs parmi les dix vont rester en Espagne avec un contrat indéterminé.
Et le dispositif du Frontex ?
C’est un dispositif modèle. A vrai dire Frontex est une agence de l’Union Européenne qui finance ce dispositif pendant trois mois de l’année, d’août à novembre. Pendant ces trois mois, c’est le dispositif Frontex. Mais au-delà de ces trois mois, ce dispositif est en place durant toute l’année et seulement avec des moyens, des ressources sénégalo-espagnols. Donc à vrai dire, pendant neuf mois sur douze, ce n’est pas Frontex, c’est un dispositif sénégalo-espagnol qui marche parfaitement, parce qu’ils font le travail pas seulement pour contrôler les tentatives de migration irrégulière mais aussi combattre la pêche illégale et faire le sauvetage lorsqu’il y a des problèmes. Il y a toujours un hélicoptère espagnol, des navires sénégalais et espagnols qui font ce travail en parfaite coordination. A vrai dire, si on parle en termes juridiques, ce dispositif appuie le Sénégal à mieux contrôler ses eaux territoriales, à exercer et faire respecter sa souveraineté.
Ce dispositif n’est-il valable qu’avec le Sénégal en Afrique de l’Ouest ?
Non, on l’a aussi avec la Mauritanie, c’est très similaire.
Pour la réinsertion des Sénégalais rapatriés d’Espagne il y avait un fonds qui avait été estimé à 13 milliards de francs Cfa qui était alloué au gouvernement sénégalais. Est-ce que, selon-vous, ce fonds-là est bien suivi et quel bilan tirez-vous de ce programme de réinsertion des Sénégalais rapatriés d’Espagne ?
Il y a plusieurs programmes pour appuyer le retour productif de Sénégalais. D’abord, il faut dire que les financements pour la coopération internationale, en général, viennent des contribuables espagnols, cela veut dire que les institutions publiques qui gèrent la coopération au développement, l’Agence espagnole de coopération internationale par exemple ou le ministère du Travail, ont l’obligation de vérifier que l’utilisation de chaque euro est conforme aux lois. C’est-à-dire que les fonds sont utilisés pour réaliser des activités qui étaient prévues à l’origine, pour qui le projet a été destiné et les deux parties se sont mises d’accord. Les institutions sénégalaises publiques ou privées, le gouvernement ou les organisations de la Société civile sénégalaise, à la fin de la période d’exécution, doivent présenter des factures, des certifications. Tous ces documents sont analysés. Quand il n’y a pas assez de clarté ou de factures, l’Etat espagnol à travers l’ambassade demande à l’entité sénégalaise qui a reçu le montant total, de nous rembourser ce qui n’est pas dûment justifié. Donc pour les fonds publics espagnols, il y a vraiment un contrôle extraordinaire. S’il y a un cas d’un don qui n’a pas été dûment justifié et le remboursement n’est pas fait, la loi espagnole ne nous permet pas d’octroyer un nouveau don.
Y’a-t-il des cas comme cela, que vous avez connus, d’une mauvaise gestion ?
Pas des cas significatifs.
Mais y’ en a-t-il eu quand même ?
Je crois que la loi espagnole peut sembler très exigeante. Il y a des dépenses pour lesquelles on n’a pas toujours la possibilité d’avoir des factures 100% formelles. Mais pour ces types de dépenses, on peut exiger une certification et être plus flexible car chaque société a sa façon de se gérer économiquement. La situation des affaires en Espagne et en Europe n’est pas exactement la même qu’au Sénégal.
Vous avez plus de 63 mille Sénégalais établis en Espagne plus ou moins, vous avez mis en place un programme de financement de la réinsertion de Sénégalais qui veulent bien se financer au pays ou entamer une activité ou bien revenir sans moyens, mais votre programme tout compris n’a pas pu enrôler 1000 Sénégalais, est-ce que le programme est incitatif, est-ce qu’il est bien financé, est-il bien connu des Sénégalais ?
Il y a toujours plusieurs facteurs qui expliquent les phénomènes sociaux. Les explications ne sont toujours simples. Le financement ne manque pas aujourd’hui, donc cela n’est pas le problème. Il y a certes un manque d’information, tout le monde n’est pas toujours dans les réseaux sociaux, ou lit les journaux, il y a même des migrants qui ne parlent pas bien l’espagnol, alors qu’en Espagne le plus souvent les communications se font en espagnol. Mais il y a d’autres facteurs intéressants à mon avis. Pour l’immigré, et je parle en général, il y a le côté initiative personnelle d’aller chercher des opportunités ailleurs, mais il y a le côté familial aussi. Il y a les attentes de la famille à l’égard de celui qui a émigré ou est poussé à émigrer. Si le migrant n’a pas eu de succès à l’étranger, il sent qu’il est regardé par ses parents et sa famille comme quelqu’un qui a failli, c’est un échec et souvent ces personnes-là ont honte et ont du mal à reconnaître qu’ils n’ont pas eu la chance de leur côté, ou les capacités ou la formation adéquates. Ils craignent que chez eux, leurs familles n’acceptent pas cet échec, parce qu’elles comptent sur les envois d’argent de ceux qui sont partis. Voilà aussi un facteur important. C’est la honte de l’échec. On ne peut pas pousser les gens, mais peut-être que du côté des communautés d’origine, on pourrait sensibiliser à être plus d’indulgence, plus sensibilité à l’égard de leurs fils qui ont, quelques-uns, des succès mais ce n’est pas donné à tout le monde.
Les différents pays de l’Union européenne ont une approche très différente de la gestion de l’émigration au gré des différents gouvernements. Ne pensez-vous pas que cette question risque d’être la pomme de discorde ou bien sonner le glas de l’Union européenne ?
Oui, au sein du gouvernement espagnol on l’a dit et c’est évident : la question de la migration n’est pas bien gérée par l’ensemble de l’Union européenne, il y a des gouvernements qui ne collaborent pas, qui ne partagent pas la même vision solidaire …
C’est vraiment un problème et en même temps je crois qu’il faut que tout le monde sache qu’une migration sans contrôle n’ajoute que du feu à cette crise. Et elle va mettre la pression sur la démocratie européenne. J’espère que je me trompe, mais il va y avoir plus de tensions dans les rapports entre les nations. Même parmi les sociétés européennes, quand on commence à regarder l’autre comme un migrant étranger, souvent on ne fait pas de limitations géographiques, et même ceux qui sont de notre quartier peuvent devenir étrangers. Ce n’est pas une question ethnique. Par conséquent il faut prendre des mesures pour soigner et respecter nos démocraties partout dans le monde et respecter les êtres humains. On ne peut pas abandonner le terrain aux discours de la xénophobie. Et si on pense qu’on a le droit de faire ouvrir les portes à des entrées incontrôlées, cela aura des conséquences. Cela dit, je crois qu’il faut toujours avoir un discours de rationalité, un discours qui ne va pas trouver des boucs émissaires ailleurs, ni oublier les droits humains, encore moins le devoir d’être solidaire, et d’aider ceux qui en ont besoin. Mais il faut avoir des moyens, des arguments pour convaincre. On trouve aujourd’hui à travers les réseaux sociaux, les fausses nouvelles, qui montrent quelquefois, une faute attribuée à une personne qui est étiquetée comme un étranger et quand on fait des recherches, on se rend compte que tel n’est pas le cas, mais souvent c’est très tard. C’est très important que les moyens de communication fassent cet effort de rationalité, d’avoir des principes, d’avoir des valeurs, et aussi de dénoncer les mensonges. Parce que, les mensonges aujourd’hui ne contribuent qu’à la confrontation.
Est-ce que cette xénophobie n’est pas la due à la peur de l’autre ?
Oui, oui c’est la peur, pas toujours basée sur des faits réels. Avec la mondialisation trop de choses ont changé. Tout le monde sait que les choses ne seront pas comme elles étaient. On n’a plus de garantie d’avoir les mêmes postes de travail qu’on avait. On ne sait pas ce qui va arriver à nos enfants. Les jeunes ne savent plus ce qu’ils doivent étudier, quelle formation ils doivent faire pour avoir un bon boulot. Il y a trop de questions, et cette incertitude peut nous amener à la peur, c’est humain.
En mars passé, deux Sénégalais ont été tués à Madrid, où en est l’enquête annoncée par l’ambassade d’Espagne ?
Non, les Sénégalais n’ont pas été tués. Le premier cas a eu un Accident vasculaire cérébral (Avc) et c’est son ami qui a demandé au secours et ce sont deux policiers de la municipalité de Madrid qui ont été les premiers à le secourir. Malheureusement, il n’a pas pu s’en sortir. Il n’a pas été tué, il est décédé. Il y a des gens qui ont interprété la situation de façon à pousser à la confrontation, à la violence. Et c’est ce qui s’est passé malheureusement. L’autre citoyen sénégalais décédé le lendemain, c’était aussi un accident. Donc, des enquêtes ont été faites, des autopsies également. Elles ont été mises à la disposition du Consulat du Sénégal à Madrid.
L’Espagne, comparée à certains pays européens et occidentaux, est actuellement peu présente dans la réalisation d’infrastructures au Sénégal. C’est un choix de privilégier d’autres secteurs ou bien vous n’avez pas été sollicités ?
Il y a des entreprises espagnoles qui sont depuis longtemps en train de participer aux marchés publics. Et j’espère que dans les prochaines opportunités, il y aura des entreprises espagnoles qui feront des infrastructures au Sénégal. C’est mon souhait.
Quels sont les domaines d’investissement ou bien l’offre commerciale espagnole vis-à-vis du Sénégal ?
Vous savez, l’Espagne est la 13e économie au niveau mondial par produit intérieur brut nominal. Les entreprises transnationales espagnoles sont placées parmi les plus réputées dans les rapports internationaux comme ayant une forte responsabilité sociale d’entreprise. Elles gagnent beaucoup de marchés publics dans les pays où les conditions sont les plus compétitives, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni. En Afrique du Sud, 46% de la production d’électricité provenant des énergies renouvelables sont faits par des entreprises espagnoles. Pour les trains, les voies ferrées, les autoroutes, le bâtiment, les énergies renouvelables, les entreprises espagnoles sont parmi les plus grandes, avec beaucoup de succès dans le monde. Et j’aimerais bien qu’elles soient beaucoup plus présentes au Sénégal et ça va arriver. Dans tous les secteurs, travaux publics, électricité, énergie…
Et le pétrole ?
Il y a une grande entreprise espagnole de pétrole, mais jusqu’à présent elle n’est pas présente au Sénégal. Les entreprises ont des stratégies, aussi, elles ne peuvent pas tout faire partout. Donc, il y a des choix à faire.
Et vous en tant que ambassade, qu’est-ce que votre pays fait pour inciter les entreprises à venir ici ou bien ça ne vous intéresse pas ?
Bien sûr ça nous intéresse beaucoup. Parce que je suis convaincu que le partenariat au niveau des entreprises et au niveau de l’économie ne peut être que gagnant-gagnant. La croissance inclusive au sein de la société sénégalaise c’est quelque chose qui très important pour l’Espagne. Pour les entreprises espagnoles, faire des bons chiffres d’affaires, avoir du profit après avoir payé leurs impôts en bonne et due forme, c’est quelque chose qui nous intéresse aussi. On fait la diffusion de toutes les informations qui peuvent être intéressantes pour les entreprises espagnoles, on fait des missions commerciales avec les représentants des entreprises espagnoles qui viennent au Sénégal ou des Sénégalais qui partent en Espagne. On a même fait une chose innovante pour l’Espagne dans cette partie du monde : une rencontre triangulaire entre entreprises espagnoles, marocaines, et sénégalaises. On s’est réuni en juin 2016 à Las Palmas, aux Iles Canaries, et on a une première rencontre triangulaire avec ces 3 parties. Les gouvernements, les ambassades, les pouvoirs publics ont la responsabilité d’appuyer, d’informer, de défendre les intérêts, d’agir pour le bien-être commun, et avoir aussi des outils, des instruments pour appuyer les opérations commerciales telles que les prêts dans des conditions concessionnelles plus favorables que les prêts commerciaux. On a ces outils pour le Sénégal. Et on a aussi la vision au sein de l’Union européenne qui est d’utiliser les outils européens pour vraiment appuyer la croissance inclusive au Sénégal. J’en profite pour souligner l’importance d’un secteur qui mérite plus d’efforts et d’attention ici au Sénégal notamment. C’est l’industrie. La production des biens, des produits à travers des usines industrielles est nécessaire pour accompagner ce qui est déjà une réalité au Sénégal, à savoir l’agriculture. Il y a un fort potentiel de l’agriculture au Sénégal, il y a aussi la connaissance et la volonté du gouvernement du Sénégal de miser sur le numérique. L’agriculture et les services modernes sont importants mais on ne peut pas oublier l’industrie. Les usines ont la capacité d’offrir du travail à de milliers de personnes. Il y a quand même au Sénégal une grande partie des personnes qui subissent de l’analphabétisme. Est-ce qu’on va les mettre dans l’économie digitale tout d’un coup ? L’industrie pourrait être une alternative pour ceux qui sont déjà dans des villes, et bien sûr pour ceux qui ont une formation technique spécialisée.
Vous citez l’économie numérique, l’industrie, la formation des jeunes, c’est comme-ci vous aviez lu le programme du Président Macky Sall hier (Itw réalisée au lendemain de la prestation de Macky Sall à Dakar Arena, Ndlr) ?
(Rires) Si c’est le cas, nous sommes là pour accompagner le Sénégal dans la voie du bien-être, de la croissance inclusive.
Pourquoi pas ?
Vous êtes le président du groupe des partenaires techniques et financiers du Sénégal, le G50. Quel est votre regard sur la situation économique du Sénégal ? Et quelles sont les perspectives pour ce pays ?
Le Sénégal est en train de vivre une époque extraordinaire dans son histoire. Je crois qu’il n’y a pas eu dans l’histoire du Sénégal indépendant une période, déjà 4 années successives de croissance au-delà de 6% du Pib sans interruption. Je suis au Sénégal en tant qu’ambassadeur depuis 3 ans et 3 mois et je vois comment le Sénégal a changé. Les travaux publics, les infrastructures, les voitures… il y a peut-être trop de voitures mais ça veut dire aussi qu’il y a renouvellement du parc automobile, des voitures nouvelles ; les Btp, les bâtiments nouveaux qui poussent. La classe moyenne à Dakar est plus forte qu’avant. Si on va à la campagne, on voit que là où il y avait de mauvaises pistes, il y a du goudron maintenant, il y a l’accès à l’électricité dans beaucoup plus de communes qu’avant. Il y a des puits là où il n’y en avait pas. Il y a une forte amélioration pour tout le monde. Cela veut dire qu’une croissance de plus de 6% du Pib a de l’impact pour tout le pays, pas seulement à Dakar. C’est vrai que le gouvernement du Sénégal, avec son programme de développement stratégique, le Pse, a eu l’appui de la majorité de la Communauté internationale. Dans le cas de l’Espagne, pendant la période 2014-2017, l’Espagne a fait de dons pour un montant total de 50 millions d’euros, c’est-à-dire 33 milliards de F Cfa mais nous nous préparons pour la prochaine période, à partir de 2019, à ajouter un montant de prêts pour accompagner les dons. L’engagement de la Communauté internationale, parmi laquelle l’Espagne, c’est de continuer à accompagner le Sénégal dans la voie de croissance inclusive. Je remarque beaucoup ce concept inclusif, la croissance doit avoir des impacts positifs pour tout le monde et surtout pour les couches de la population les plus vulnérables. La coopération espagnole travaille avec ce segment de la population. C’est une coopération présente à Matam où on a des projets importants de sécurité alimentaire pour lutter contre la malnutrition des enfants. On appuie les femmes, les mères et les petites exploitations à travers des techniques agricoles et de la formation. Nous sommes aussi en Casamance avec plusieurs projets, comme les fermes familiales, les «fermes naatangué» avec l’Anida (Agence nationale d’insertion et de développement agricole). On a un fort partenariat depuis la création de cette agence, on travaille bien ensemble. On travaille aussi à renforcer les ressources pour des projets amenés par l’Anida et la coopération espagnole, tels que ceux qui sont venus de l’Union européenne, parce que le travail bien fait a une reconnaissance qui se traduit par plus de fonds qui vont multiplier les résultats et l’impact. Je crois que le travail qui a été fait jusqu’à présent nous pousse à faire davantage, à continuer à appuyer le Peuple sénégalais dans la voie de la stabilité, de la croissance inclusive.
Le Sénégal va avoir un Groupe consultatif avec les partenaires techniques et financiers au courant de ce mois. Quelle sera la place de l’Espagne à cette occasion ?
Elle sera là, j’étais à Paris en tant que directeur de la coopération avec l’Afrique et l’Asie en 2014 lors du dernier Groupe consultatif. Maintenant je suis ambassadeur et je reste toujours sur place ; c’est mon successeur probablement, la personne qui est maintenant le directeur de la coopération avec l’Afrique, qui sera là avec un message j’imagine similaire à celui que je vous ai transmis dans cette interview.
Vous êtes optimiste pour le Sénégal ?
Moi je suis optimiste, je vous dirais même que la dynamique d’un pays comme le Sénégal, est présente un peu partout en Afrique. Vous avez la force de la jeunesse, vos sociétés comptent sur son dynamisme, sa créativité et aussi la pression dans le sens positif, sur les institutions politiques. Vous exigez tous les droits et vous devez le faire. Par comparaison, en Europe malheureusement nos sociétés sont plus âgées, on a plus de retraités, moi je serai un retraité dans quelques années donc je ne vais pas parler contre les retraités. Mais ce n’est pas la même chose : la force est dans la jeunesse. La dynamique sociale et économique d’un pays comme le Sénégal qui va vers l’émergence est beaucoup plus positive que celle qu’on trouve en Europe. En Europe notre approche est de maintenir ce que nous avons aujourd’hui, ne pas perdre trop ce qu’on a réalisé, ce qu’on appelle l’état de bien-être. Ce n’est pas un discours optimiste sur le Sénégal, mais un discours de la réalité.
Quel regard portez-vous sur la situation politique du Sénégal ? Il y a la question du fichier électoral qui divise le pouvoir et l’opposition, fichier qui a d’ailleurs été audité par des experts de l’Union européenne. Un audit contesté par l’ancien président de la République qui donne une note de 0 sur 20, Qu’en pensez-vous ?
L’Espagne respecte le Sénégal, on ne se mêle pas des affaires intérieures de la politique sénégalaise. Donc je n’ai pas de commentaire à faire à cet égard.
Vous venez d’évoquer les performances que le Sénégal est en train de réaliser mais certains partenaires financiers appellent à la prudence par rapport surtout au niveau d’endettement. Est-ce que ce sont des inquiétudes que vous partagez ?
Je pense qu’il faut toujours être prudent avec les comptes publics. Il faut bien gérer dans la mesure où on peut le faire. Par exemple, les prix du pétrole, on ne peut pas les contrôler quand on est un pays qui n’est pas producteur de pétrole. C’est le cas de l’Espagne, c’est le cas du Sénégal. Une hausse du prix du pétrole frappe l’économie nationale. Mais il faut le gérer, il faut aussi faire les bons choix et faire attention. Du côté des partenaires techniques et financiers, il faut rappeler cela, il faut appuyer ces responsables politiques et économiques au sein du gouvernement sénégalais qui partagent le même point de vue et en entendant ce type d’appel, vont renforcer la bonne gestion. Il faut interpréter ce type d’appel des partenaires techniques et financiers comme un appui aux bonnes pratiques et un renforcement de ceux qui ont la conscience de continuer à le faire pour qu’ils restent fermes dans leurs actions.
A l’opposé aussi y en a qui peuvent dire les partenaires techniques et financiers nous demandent de limiter nos endettements alors qu’il y en a certains qui n’hésitent pas à s’endetter pour financer leur développement. Parce qu’aujourd’hui, si vous prenez un pays comme les Etats-Unis, le Japon, et même l’Espagne, vous êtes à des niveaux d’endettement supérieurs vis-à-vis du Pib d’un pays à un autre ?
Le Sénégal est un pays souverain qui, comme les autres pays, est dans l’ensemble de cette mondialisation au sein de la Communauté internationale. Tous les pays ont besoin d’avoir de bons rapports avec le Fmi, la Banque mondiale, la société financière internationale… Il faut gérer tout cela, il faut prendre les bonnes décisions, c’est la responsabilité des choix nationaux. Ce n’est pas facile de gouverner. On entend des messages, des points de vue différents, il faut faire des choix et ils sont aussi faits par les sociétés lors des élections. Vous aurez bientôt une élection présidentielle et c’est le moment pour une société démocratique comme le Sénégal de faire des choix.
Par rapport à la sécurité notamment la lutte contre le terrorisme, quel est le niveau de participation de l’Espagne dans le cadre de sa coopération avec le Sénégal ?
On a en Espagne beaucoup souffert à cause du terrorisme, on sait ce que c’est la résilience des sociétés de rester fermes en dépit des frappes terribles avec des dizaines de morts, parfois des enfants et des femmes. La seule voie, c’est renforcer la démocratie et la croyance que l’Etat de droit est la seule solution. Dans cette stratégie, il y a le fait de ne pas rester les bras croisés, de prendre des mesures de renforcement des forces de sécurité, des agents, augmenter les effectifs comme le Sénégal est en train de le faire avec la Gendarmerie et la Police nationales. Aussi augmenter l’équipement et approfondir la coopération internationale. Parce qu’aujourd’hui la criminalité et le terrorisme sont devenus transfrontaliers, et la seule façon de faire face à une menace transfrontalière c’est la coopération internationale. C’est évident mais il faut prendre des mesures pour être cohérent. Et l’Espagne et d’autres pays européens sont engagés à côté du Sénégal dans ce sens-là.
Sur le plan des menaces sécuritaires, qu’est-ce qu’il faut faire ?
La seule façon de faire face à une menace transfrontalière c’est la coopération internationale. L’Espagne y est complétement engagé. D’autres pays européens le sont aussi. Et je crois que le travail est déjà très bon. Les fondements sont très clairs et fermes. On ne peut pas publiquement parler de succès mais je suis satisfait et reconnaissant du bon état de la coopération menée par le Sénégal dans le domaine de la sécurité. On va continuer sans doute dans cette même voie.
Et dans le domaine sportif ? Qu’est-ce que l’Espagne peut faire en matière de coopération sportive avec le Sénégal ? Y’a-t-il des projets en cours ?
Les grandes équipes de football sont des entreprises. Par contre, il y a des équipes espagnoles dans la Ligue 2 qui sont assez bons aussi. J’en profite pour féliciter le Sénégal pour avoir été choisi comme le premier pays africain hôte d’un évènement olympique, les Jeux Olympiques de la Jeunesse de l’année 2022. C’est un succès et le président du comité olympique du Sénégal, M. Diagna Ndiaye, a beaucoup à avoir dans ce succès. Je suis au courant qu’au niveau des infrastructures, le Sénégal a presque tous les stades. Mais peut-être qu’il y aura besoin de quelqu’un d’autre, et les entreprises espagnoles avec leur expérience seraient prêtes… On a de bons stades, de bons aéroports, on a eu les Jeux Olympiques à Barcelone en 1992, des expositions universelles. On sait bien comment faire de grandes infrastructures modernes, très utilitaires, et comment gérer les flux de gens. C’est aussi important. On a l’expérience dans plusieurs domaines et nous sommes à l’écoute, à la disposition de nos amis sénégalais.
Le gouvernement espagnol a failli mettre son veto sur l’accord sur le Brexit si l’Angleterre ne voulait pas discuter de la question de Gibraltar. Ça montre à quel point l’Espagne tient à la continuité territoriale. Mais en même temps on voit l’Espagne occuper une partie du territoire africain et semble considérer que c’est tout à fait logique et naturel. Est-ce qu’il n’y a pas deux poids deux mesures entre Gibraltar et Ceuta et Melilla ?
Si tout le monde reconnaît que les Nations unies ont quelque chose à dire à cet égard, il faut voir ce qui se passe au sein des Nations unies. Il y a un comité, qui s’appelle le comité des 24, qui est chargé de tous les processus de décolonisation, qui existent au monde aujourd’hui. Il y avait beaucoup de travail dans les années 50 et au-delà. Les Nations unies ont une liste de territoires dont les processus de décolonisation sont en cours ou doivent être entamés. Gibraltar est parmi ces territoires. C’est un territoire reconnu par les Nations unies comme à décoloniser. Parce que c’est une colonie du Royaume-Uni. Les villes espagnoles de Ceuta et Melilla ne sont pas reconnues par les Nations unies comme des colonies. Ce sont des territoires dans un continent, qui nous rappellent que la géographie n’est pas une barrière. Et la mer est un pont. Les Iles Canaries sont en Afrique aussi. La Turquie a une partie en Europe. Du côté nord du détroit de Bosphore, c’est l’Europe et c’est la Turquie. On ne peut pas trop se tromper à l’égard de la géographie. C’est une vision et une opinion, si vous voulez. Ce qui est la loi internationale, c’est au niveau des Nations unies que nous la trouvons comme je vous ai déclaré.
Vous êtes là depuis 3 ans. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au Sénégal ?
J’ai eu la chance de devenir ambassadeur d’Espagne au Sénégal, d’abord parce que j’ai demandé au ministre des Affaires étrangères espagnol de devenir ambassadeur espagnol au Sénégal et seulement ambassadeur d’Espagne au Sénégal. Oui, j’avais le choix d’autres ambassades. Je connaissais déjà le Sénégal en tant que directeur de coopération avec l’Afrique. Le Sénégal et d’autres pays avec lesquels l’Espagne a bien des rapports.
Et mon choix était le Sénégal. J’ai eu la chance d’avoir cette décision de mon ministre. Pourquoi mon choix ? Parce que je savais que l’Espagne a des rapports avec le Sénégal dans tous les secteurs. Il y a une grande ambassade ici, des relations commerciales, culturelles, de coopération… On peut bien travailler ensemble au Sénégal, les Espagnols et les Sénégalais. En plus il y a une stratégie, une vision de développement. Je voulais travailler et avoir des résultats. Je me suis dit, le Sénégal c’est le meilleur choix. Et une fois que je suis arrivé et que j’ai commencé à travailler, j’ai trouvé que la situation est encore meilleure. Je suis même plus enthousiasmé qu’avant de vivre au Sénégal. J’ai mentionné justement cette dimension très énergique de la jeunesse. Toute la société sénégalaise est en train de négocier un contrat social avec le pouvoir et au sein de la société aussi. Quel type de pays pour l’avenir ? Qu’est-ce que vous allez faire avec le pétrole et la croissance économique ? Il y a même parmi les mouvements de jeunes des appels à ne pas trop endetter l’Etat. Parce que ça peut devenir une sorte de poids qui alourdisse l’avenir des générations. Vous êtes en train de tout discuter. Vous êtes en train de construire un contrat social. Ça c’est remarquable. Ce n’est pas la même mouvance, la même attitude de construction qu’on trouve ailleurs. Il faut essayer de ne pas laisser tomber ça quand vous êtes en train de construire.
C’est comme si vous disiez aux jeunes qui sont là, vous n’avez pas besoin de partir, restez chez vous ?
Ce n’est pas mon intention. Je ne suis pas un diplomate avec une seule idée fixée, soit-elle la migration. Ce n’est pas du tout cela. La migration est une réalité, qui restera pendant beaucoup d’années encore. Des études montrent que jusqu’à ce qu’une société atteigne un niveau de revenu de 5000 dollars par habitant, la migration continue. Le Sénégal est encore à a peu près 1000 dollars de revenus par habitant. Il s’agit d’un phénomène à gérer, sans doute, comme beaucoup d’autres d’ailleurs.
Et sur la coopération culturelle, qu’en-est-il ?
Il y a de très bonnes nouvelles. Le Sénégal est le seul pays en Afrique au sud du Sahara, qui abrite l’Instituto Cervantès, l’équivalent du Goethe Institute, ou du British Council. Il se trouve au sein du campus de l’Ucad. C’est un petit local, mais la décision a été prise et le budget a été assigné par le gouvernement espagnol pour ouvrir un institut à capacité pleine ici à Dakar. Cela va nous permettre de mieux accompagner l’intérêt que j’ai noté pour la langue espagnole au sein de la population au Sénégal.
La colère des populations de Bargny ne retombe pas. Hier, elles ont encore dénoncé l’expansion continue du Pôle urbain de Diamniadio sur leurs terres.
Les populations de Bargny s’inquiètent de «l’élasticité» du Pôle urbain de Diamniadio qui grignote graduellement leurs terres. Ils ont étalé leur exaspération dimanche lors d’un point de presse organisé à quelques encablures des installations du Pôle. «Le Pôle est assis sur les terres de Bargny sur 1640 hectares officiellement mais de manière officieuse c’est plus de 2000 hectares qu’ils ont pris. C’est élastique car ils tirent à chaque fois qu’ils le veulent et la manière dont ils donnent les terres est anormale», a expliqué Libasse Ngom, propriétaire terrien, mettant toute les spéculations sur le dos de la Direction générale aux pôles urbains (Dgpu).
Les contestataires sont d’autant plus remontés que la Dgpu s’adresse à toutes les communes environnantes du pôle sauf à la leur. «Elle parle avec tout le monde ; que ce soit ceux de Diamniadio, Bambylor, Rufisque ou Sangalkam mais pas avec les Bargnois», a déploré le porte-parole. «Quand ses responsables sont venus ici ; ils n’ont pas trouvé une forêt mais des terres qui appartiennent à des familles qui les ont toujours exploitées en y pratiquant l’agriculture», a-t-il tonné à l’endroit de la structure que gère Seydou Sy Sall. D’après eux, même la nomination du préfet sortant de Rufisque Baye Oumy Guèye au poste de Secrétaire général de la Dgpu s’inscrit dans la dynamique d’accaparement de cette partie de Bargny. Ces propriétaires se disent déterminés à garder cette «seule poche restante de quelque 250 hectares» sur tout le périmètre communal. «Bargny est fatiguée. Tout a commencé en 1998 avec la Sococim qui a annexé 461 hectares de Bargny sur une zone qui abritait plus de 6000 parcelles destinés à l’habitat. Un programme de relogement sur Sendou avait été programmé et depuis lors rien.
Ensuite, il y a les deux lotissements Miname 1 et Miname 2 de plus de 1700 parcelles et aujourd’hui c’est la centrale qui est assise. Le port de Sendou, qui s’étend sur 800 hectares, a pris aujourd’hui la moitié des terrains qui ont été donnés aux populations pour y habiter», a-t-il dressé pour décrire l’ampleur de leur souffrance. «Il ne se passe plus une semaine sans que des gens viennent ici pour nous dire que c’est la Dgpu qui leur a donné des terres pour l’implantation d’une usine ou un projet immobilier et nous ne l’accepterons pas. Bargny est en étau entre la mer au sud et le Pôle urbain au nord sans compter la Sococim, la Centrale à charbon et le Port de Sendou. Il ne nous reste que cet espace», a assuré Bandane Diouf, appelant le Président Macky Sall «à freiner la Dgpu dans sa politique faite sciemment d’accaparement des terres de Bargny». Momath Pouye a embouché la même trompette. «Le Président avait dit que rien ne serait plus comme avant et il l’a réitéré récemment à Diamniadio en demandant aux promoteurs de laisser aux populations leurs terres. Aujourd’hui, nous sommes dans cette lancée ; tout ce que nous demandons c’est que l’on nous laisse nos terres», a-t-il laissé entendre avec la conviction que l’Etat va réagir favorablement à leur appel.
Pour autant, ils se disent prêts pour le combat si la situation persiste. «Nous n’accepterons pas qu’on nous prenne nos terres qui représentent notre passé et notre futur. Nous ferons face à tout promoteur qui s’aventurera sur le site, quel qu’en soit le prix», a prévenu Bandane Diouf, sous l’approbation de la centaine de propriétaires venus prendre part à la rencontre.
LE «DEFI» DE LA FAMILLE BARRO DE MBOUR
Daara d’excellence et de formation pour l’insertion
A Mbour, la famille de Thierno Mansour Barro, décédé en 2007, tente d’entretenir l’héritage familial en poursuivant son travail. Il s’agit du renforcement de l’éducation coranique et de la modernisation du Daara de Thierno Mansour Barro «dont les charges de fonctionnement sont supportées par la famille depuis 1894». Aujourd’hui, les membres de la Fondation Thierno Ahmad Barro, «reconnue d’utilité publique par un décret présidentiel de 2014», poursuivent l’œuvre mise en place par leurs aïeuls. Thierno Ibou Omar Barro, président de cette fondation, rappelle que le Daara familial prend en charge à Mbour plus de 700 enfants âgés de 5 à 25 ans. «Personne ne mendie au sein de ce daara. C’est une prise en charge totale», se félicite Thierno Ibou Omar Barro. Malgré cette «performance», la Fondation continue d’élargir sa palette d’offres en essayant d’innover.
C’est dans ce cadre qu’elle a décidé de mettre en place un Daara d’excellence et de formation pour l’insertion (Defi) par l’harmonisation des offres éducatives au Sénégal. Autrement dit, il s’agit d’un programme de modernisation «novateur», qui permettra aux talibés de disposer de qualifications professionnelles en plus de leurs connaissances islamiques. «Avec ce projet, nous ne voulons plus nous limiter seulement aux enseignements coraniques. Les apprenants pourront ainsi bénéficier d’une formation professionnelle de qualité, qui leur permettra de s’insérer facilement sur le marché de l’emploi. On a constaté que les gens cherchaient de l’emploi à fin de leur formation. C’est un projet majeur, qui permettra à tous ces enfants de préparer tranquillement leur avenir en bénéficiant d’une formation adaptée aux besoins de la société et de l’économie», poursuit l’homme religieux.
A travers ce projet, la Fondation élargit son intervention en ne laissant pas évidemment de côté l’amélioration des conditions d’apprentissage et environnementales du Daara de Thierno Mouhamadou Mansour Barro, le renforcement des activités d’autosuffisance alimentaire et d’autonomisation, la construction et la réhabilitation d’infrastructures socioéducatives.
PAR MADIAMBAL DIAGNE
RENDEZ-VOUS AU 66, AVENUE D’IENA À PARIS
L’opposition va à nouveau huer Macky Sall devant le siège de la Banque mondiale à Paris les 17 et 18 décembre prochain - Mais les partenaires techniques et financiers du Sénégal semblent ignorer les cris d’orfraie
En 2014, quand il s’était agi d’organiser le Groupe consultatif sur le Sénégal, au siège de la Banque mondiale à Paris, pour réunir les ressources nécessaires au financement de la première phase du Plan Sénégal émergent (PSE), les responsables de l’opposition au régime du président Macky Sall étaient vent debout. Ils avaient manifesté leur farouche opposition à la tenue de la rencontre et avaient préconisé d’organiser des marches à Paris pour, disaient-ils, «huer, le président Macky Sall et dissuader les partenaires au développement de fournir les financements sollicités». Ils avaient joint l’acte à la parole et avaient manifesté le 26 février 2014. La manifestation avait été autorisée et la police française leur avait fait respecter le périmètre qui leur était défini sur l’Avenue d’Iéna. Les slogans avaient fusé de toutes parts mais le Groupe consultatif s’était bien tenu et le PSE en était sorti, adoubé par les partenaires du Sénégal.
Le PSE finit par s’imposer comme référentiel de politique économique
Le gouvernement du Sénégal se voulait modeste en présentant un programme de financement estimé à quelque 1853 milliards de francs Cfa. La mayonnaise avait pris et les partenaires s’étaient engagés à financer le PSE pour la phase 2014-2018 à hauteur de 3729 milliards de francs Cfa. C’est ainsi que le PSE était entré dans sa phase d’exécution pratique. Les manifestations organisées à Paris contre le PSE et la gouvernance du président Sall n’avaient pas manqué, il faut le dire, de laisser quelques stigmates.
En effet, il était incompréhensible que des hommes politiques qui affirment aspirer à diriger les destinées de leur peuple pour espérer lui prodiguer un mieux-être, puissent se permettre des initiatives qui ont pour vocation d’empêcher leur pays de trouver des ressources nécessaires à son développement économique et social. Une bonne enveloppe de ces financements était constituée de dons importants et les taux de prêts qui avaient été consentis au Sénégal demeurent les meilleurs accordés à des pays africains. On se rappelle encore que le président Macky Sall, piqué au vif par une telle adversité, n’a pu s’empêcher de faire remarquer urbi et orbi que le PSE «transcende sa gouvernance car il vise d’impulser le développement du Sénégal à l’horizon 2035, une échéance à laquelle fatalement il ne sera plus au pouvoir». L’ancien président du Ghana, John Kuffuor (2001-2009), drapé dans sa belle et inconstatable réputation d’avoir impulsé les progrès économiques et démocratiques de son pays, avait tenu à faire le déplacement pour prendre part au Groupe consultatif afin d’apporter un soutien au président Macky Sall.
Au lendemain de ce Groupe consultatif, dans une chronique en date du 3 mars 2014 intitulée : «Un leader est né», pour reprendre l’appréciation de John Kuffuor à l’endroit de Macky Sall, nous écrivions notamment «qu’avec le Plan Sénégal émergent (PSE) présenté aux Sénégalais et à la Communauté internationale, le chef de l’Etat a fixé un cap nouveau, précis, inscrit dans un délai et dont les voies qui y mènent sont bien déterminées. Il s’y ajoute que Macky Sall, en décidant de présider personnellement la rencontre du Groupe consultatif, s’est révélé un chef d’Etat engagé, déterminé et qui se met dans une posture d’être comptable des résultats. Si le Groupe consultatif avait échoué et on pouvait bien le craindre, il en paierait le prix politique et sa crédibilité en aurait pris un coup.
A l’opposé, le succès du Groupe consultatif de Paris avec des engagements de la Communauté internationale deux fois supérieurs aux objectifs du Sénégal, devient son succès personnel et renforce son positionnement». Un collaborateur du chef de l’Etat satisfait de commenter : «Macky Sall vient de commencer véritablement son mandat.» Nous ajoutions : «(…) le plus dur reste à faire. Il a réussi à redonner confiance aux Sénégalais, à ressusciter l’espoir. Faudrait que cet espoir ne soit pas vain ! Pour ce faire, Macky Sall est attendu sur la prise en charge des accords convenus avec les partenaires techniques et financiers. De la même manière qu’il a réussi à fédérer toutes les énergies autour du PSE, le chef de l’Etat devra susciter l’adhésion populaire, un consensus autour de sa mise en œuvre. Pour ce faire, il s’avère nécessaire de placer l’exécution entre des mains expertes et surtout transcender les clivages et petites querelles qui ne manquent pas de voir le jour quant à la conduite des réalisations prévues dans le PSE.
Une expérience observée au Qatar, avec l’institutionnalisation d’un ministère dédié au Suivi des actions du gouvernement pourrait inspirer en vue de plus d’efficacité. Aussi, le chef de l’Etat devrait se mettre à l’école d’un style de gouvernance qui lui apprendrait à prendre plus de hauteur vis-à-vis de certaines diatribes de mauvais aloi. Ainsi, consacrerait-il son énergie à mettre en œuvre ses grands projets plutôt que de se révéler irascible chaque fois qu’il est titillé dans ses relations avec ses adversaires politiques ou qu’il surveille les sorties de son prédécesseur dont le jeu favori est de casser du sucre sur son dos».
Dès le 14 mars 2014, Mahammed Boun Abdallah Dionne sera nommé ministre chargé de la Coordination du Bureau opérationnel Sénégal-Emergent (Bosse). On le voit, le travail a été fait. En effet, on constate, à la fin de cette première phase, que les partenaires du Sénégal ont accompagné le PSE au-delà des attentes. En définitive, quelque 6721,6 milliards de francs Cfa ont été injectés dans l’économie dans le cadre du Plan d’actions prioritaires 1 (2014-2018) du PSE. Cela a eu pour conséquence d’élever la croissance à plus de 6,8% sur plus de trois années consécutives. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un tel niveau de croissance n’a été enregistré auparavant et surtout dans la durée et de manière constante. Le PSE a complètement changé le visage du pays comme en témoignent les nombreuses réalisations engrangées en termes d’infrastructures et autres leviers économiques. Le Sénégal organise un nouveau Groupe consultatif les 17 et 18 décembre 2018, pour demander un financement du Plan d’actions prioritaires 2 du PSE, pour la période 2019-2023.
L’opposition va à nouveau huer Macky Sall devant le siège de la Banque mondiale à Paris. On reprend à peu près les mêmes. Il faut dire que les rangs de l’opposition se sont dégarnis de 2014 à maintenant, car ils sont nombreux, des opposants qui ont estimé devoir jeter l’éponge considérant que le combat contre Macky Sall est perdu d’avance. Il n’en demeure pas moins qu’il ne devra pas être difficile de rassembler quelques dizaines de «gilets vert-jaune-rouge» à Paris, pour crier des slogans hostiles au président Sall.
Le Front de résistance nationale (FRN), mis en place par l’opposition au président Macky Sall, se voudrait irréductible. Ses membres ont pris l’engagement de «vilipender» le président Sall devant le Groupe consultatif. Le 14 novembre 2018, la cellule de communication du FRN a fait face à la presse pour annoncer qu’elle compte internationaliser son combat. Ainsi, «le FRN déposera une lettre au Groupe consultatif de Paris pour lui demander de surseoir à la signature de nouveaux prêts au gouvernement du Sénégal en décembre 2018, veille d’une élection présidentielle».
Aussi, «le Front a décidé, en cas de persistance du Groupe consultatif de Paris à signer de nouveaux engagements de prêts au gouvernement en décembre, de se déplacer dans la capitale française pour manifester, dénoncer avec force cette immixtion manifeste des bailleurs de fonds dans les affaires intérieures de notre pays». Le FRN fonde son action, selon Mansour Niasse, rapporteur de la Commission communication, sur le fait que «la revue du portefeuille des opérations de la Banque mondiale au Sénégal a mis à jour une situation monétaire tendue, avec insuffisance des fonds de contrepartie». En outre, il est de notoriété publique que des responsables de l’opposition ont envoyé des lettres aux institutions de Bretton Woods pour les accuser même de complaisance vis-à-vis de la gouvernance du président Macky Sall.
Des protestations ignorées par les partenaires du Sénégal
Le Plan d’actions prioritaires (Pap 2) est d’un coût global de 14 098 milliards de francs Cfa. Le financement est déjà acquis pour 9414 milliards de francs Cfa soit 66,8%. Le gap de financement à rechercher est de 4684 milliards de francs Cfa. Ce financement acquis provient de 45,1% du budget national et de 54,9% de la part des partenaires techniques et financiers. Pour financer le gap, le Sénégal attend 2850 milliards de francs Cfa de ses partenaires publics et 1834 milliards de francs Cfa de participation du secteur privé dans les projets.
La Communauté internationale, plus particulièrement les partenaires techniques et financiers du Sénégal, semblent ignorer les cris d’orfraie. Et pour cause ! Le 30 novembre 2018, à Bruxelles, l’Union européenne et la Banque mondiale ont décidé de soutenir le Pap 2. Les ambassadeurs des 14 pays de l’Union européenne à Dakar ont rencontré le ministre de l’Economie, des finances et du plan du Sénégal, Amadou Ba, pour l’assurer de leur engagement à appuyer le Sénégal dans sa politique de recherche de financement. Ainsi, une convention de financement pour un montant de 491 milliards de francs Cfa a été signée séance tenante. Le ministre de l’Economie, des finances et du plan a aussi présidé la cérémonie de signature du Document de Stratégie conjointe européenne pour le Sénégal 2018-2023. Mieux, l’Union européenne (UE) prévoit d’allonger son financement pour 500 autres milliards de francs Cfa à l’occasion de la réunion du Groupe consultatif. La Banque européenne d’investissement a eu aussi à annoncer aux autorités sénégalaises sa volonté de miser sur le PSE. La Banque mondiale qui, lors du Groupe consultatif de février 2014, s’était engagée à participer pour 500 milliards aux financements des projets du PSE, a suivi la cadence et a rallongé son enveloppe jusqu’à injecter quelque 1000 milliards de francs Cfa dans la phase 1 du PSE. Cette même Banque mondiale, suivant les appréciations positives de son président Jim Yong Kim sur les progrès économiques du Sénégal, a accordé, le mois dernier, un appui budgétaire de quelque 300 millions de dollars. La Banque mondiale se propose de faire mieux.
La même consigne est de rigueur auprès de la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea), de la Banque islamique de développement (Bid) et du Fonds saoudien, toutes institutions financières internationales démarchées par le Sénégal dans le cadre de la préparation du prochain Groupe consultatif. La Bid, faudrait-il le rappeler, a investi les quatre dernières années au Sénégal, plus qu’elle n’a jamais eu à le faire durant quarante ans de coopération avec le Sénégal. La Banque africaine de développement ne sera pas en reste. L’Agence française de développement s’est engagée, le 5 décembre dernier à son siège à Paris, à appuyer davantage le Pse. On se rappelle que la France avait promis au Groupe consultatif de 2014 de contribuer pour 282 milliards de francs Cfa. En définitive, la France a déboursé au profit du Sénégal quelque 1000 milliards de francs Cfa durant le Pap 1.
* Ce titre m’a été inspiré par un article de Abdou Salam Kane (Asak) titré : «Rendez-vous au Quai Conti.» Le 22 octobre 1996, le Président Abdou Diouf était invité pour s’adresser aux députés français au Palais Bourbon. Ses opposants, dirigés par Abdoulaye Wade, étaient dans la rue pour le houspiller. Non sans humour, Asak donnait rendez-vous à Wade et compagnie au Quai Conti, siège de l’Académie française, pour trancher un débat sémantique.
L’ARENE, LA «REINE» DES PROBLEMES
LUTTE – Insécurité, absence de cahier des charges et d’un directeur…
Annoncée en grande pompe, suivie de la remise des clefs, l’Arène nationale est loin de remplir les normes en matière de sécurité. Une situation qui explique la grogne des promoteurs de lutte qui s’inquiètent de l’absence d’un cahier des charges concernant ce complexe sportif toujours sans directeur et qui attend son inauguration.
On pensait qu’avec la mise en place d’un nouveau Cng, suite à un long feuilleton mouvementé entre le Collectif des lutteurs et le président Alioune Sarr, la lutte allait débuter enfin sa saison tranquillement. Mais rebondissement jeudi dernier, avec la sortie de l’association des promoteurs qui fustige l’absence de cahier des charges concernant l’Arène nationale.
Face à la presse, Pape Abdou Fall et Cie ont brandi le boycott en décidant de ne pas signer de licence tant que le cahier des charges de l’Arène n’est pas dévoilé. Avant d’exiger de pouvoir lutter au stadium Iba Mar Diop concernant les «petits combats».
Réagissant à cette sortie «musclée» des promoteurs, le directeur des Infrastructures au ministère des Sports, Cheikh Sarr, a tenu d’abord à rassurer par rapport à la disponibilité du stadium Iba Mar Diop qui, selon lui, «reste ouvert à la lutte».
Par contre, malgré ses assurances, le flou demeure au sujet du cahier des charges de l’Arène nationale toujours pas disponible. «Même si on attend la mise en place de l’administration de cette infrastructure sportive, cela ne saurait être un frein au démarrage des manifestations sportives», a soutenu M. Sarr dans un entretien avec l’Aps. Avant de poursuivre : «Sur instruction du ministre des Sports, si un promoteur veut organiser une manifestation, rien ne s’y oppose. Il appartient au promoteur de prendre langue et de négocier avec la direction des Infrastructures des modalités de la mise à disposition de l’infrastructure. Sans l’administration, le cahier de charges finalisé ne peut être validé.»
En clair, ce cahier de charges n’est toujours pas disponible ; surtout quand on entend Cheikh Sarr parler de «projet de cahier des charges» issu «d’un atelier sur le mode de gestion de l’Arène nationale». Car si tel était le cas, ce document serait transmis au Cng, premier interlocuteur des promoteurs. Comme pour confirmer l’inquiétude de la bande à Pape Abdou Fall.
L’Arène nationale et le Dakar Aréna toujours sans directeur
Mais en fait, il faut reconnaître que tout ce cafouillage est lié à la lenteur accusée pour la nomination d’un directeur, autant à l’Arène nationale qu’au Dakar Arena.
Cette nouvelle Arène de lutte, qui attend toujours son inauguration (seule la cérémonie de remise des clefs a été organisée), fait aussi l’objet de crainte concernant l’insécurité qui y règne et dénoncée à longueur de journées par les riverains.
Sans cahier des charges, sans directeur et avec le problème de sécurité, l’Arène nationale si chère aux amateurs semble poser plus de problèmes que de solutions. Retardant encore un peu plus le démarrage de la saison.
«IL PENSE QUE LA PRIORITE D’UN PAYS PAUVRE, C’EST DE CONSTRUIRE QUELQUES IMMEUBLES A DIAMNIADIO, UN TRAIN SURFACTURE»
Ousmane Sonko, candidat à la candidature de la prochaine élection présidentielle, a réussi hier le pari de la mobilisation sur la Promenade des Thiessois. C’était lors d’un meeting tenu après avoir visité plusieurs localités du département, de Cayar à Thiénaba en passant par Khombole, Touba Toul et beaucoup d’autres localités. Il a passé en revue l’essentiel de son offre politique dont l’objectif, dit-il, est de remettre la dignité humaine au cœur des politiques. A cette occasion, Ousmane Sonko a tiré sur le candidat et Président sortant Macky Sall. « Il pense que la priorité d’un pays pauvre, c’est de construire quelques immeubles à Diamniadio, un train surfacturé », a-t-il déclaré.
Parlant du Projet de Train Express Régional (TER) si cher au pouvoir du Président Macky Sall, Ousmane Sonko a révélé que des dizaines et des dizaines de milliards, voire des centaines, vont être ajoutés au coût du projet pour que le Président Macky Sall puisse l’inaugurer au mois de janvier, et non au mois de juin 2019. Il a affirmé par ailleurs, qu’au lieu des 53 km annoncés initialement de Dakar à Dias, le TER va s’arrêter à Diamniadio parce que les gestionnaires de l’autoroute à péage se sont opposés au prolongement jusqu’à l’AIBD, de peur que cela n’affecte le trafic sur l’autoroute à péage. Et sur le plan purement économique, il affirme que tous les jours, le pouvoir sert des chiffres en terme de taux de croissance, mais les Sénégalais savent qu’il n’y a pas eu des emplois pour les jeunes, la pauvreté s’est accentuée, le système de santé n’a connu aucune amélioration, l’éducation nationale est loin d’être performante. « Entre économistes, nous pouvons être là à discuter sur des chiffres, c’est même à la limite rébarbatif pour le commun des sénégalais. Mais le premier élément d’appréciation quand un gouvernement fait des résultats, c’est le social. Il y a aujourd’hui une augmentation drastique de la pauvreté, ce qui a d’ailleurs accru les bourses familiales dans le cadre du colmatage. Mais il est vrai que c’est utopique de vouloir prendre en charge cette question en donnant 300 Fcfa par famille. L’augmentation drastique de la paupérisation justifie la Couverture Maladie Universelle (CMU), qui a d’ailleurs déjà laissé des ardoises énormes. Pourquoi autant de jeunes Sénégalais affrontent les océans ou le désert pour aller à l’aventure en Europe ? Pourquoi les gens meurent dans les hôpitaux faute de soins », s’interroge-t-il.
LE REGIME DE MACKY SALL PEUT SE RESUMER EN DEUX MOTS «ECHEC LAMENTABLE »
« En tout cas, nous considérons qu’il y a un échec total, parce que Macky Sall s’est totalement trompé de priorité. Il pense que la priorité d’un pays pauvre comme le Sénégal, qui fait partie des 25 pays les plus pauvres au monde, c’est de construire quelques immeubles à Diamniadio, un train surfacturé. Le développement ne s’invente pas, c’est un processus, et tous les pays qui se sont développés l’ont suivi. Il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire opérer des réformes structurelles pour avoir une économie réelle qui puisse porter le développement », dit-il. Il n’y a même pas de politique industrielle au Sénégal, dit-il ; et même si tout le monde est d’accord que la transformation ne se fait pas en deux ou cinq ans, au moins qu’il y ait les fondamentaux structurelles qui permettent de lancer la machine. En lieu et place, se désole t-il, le Président Macky Sall s’est surendetté pour construire des immeubles, des TER, des arènes, des rails, alors que cela n’impacte pas structurellement notre modèle économique. Et quand il emprunte de l’argent, tous les marchés sont donnés à des entreprises étrangères au détriment des sénégalais, et même dans des créneaux où des Sénégalais ont des compétences.
Pire encore, poursuit-il, ces entreprises étrangères se permettent d’utiliser des employés étrangers, alors que nos jeunes sont là en train de chômer et même des exonérations fiscales leur sont accordées. Par conséquent, dit il, «ce serait dramatique que les Sénégalais confient un second mandat à Macky Sall ». Il s’y ajoute, à son avis, la gouvernance marquée par une corruption endémique ; des proches du pouvoir sont épinglés et il n’y aucune suite, sans compter la gouvernance clanique et familiale. « Le régime de Macky Sall peut se résumer en deux mots : échec lamentable. Et dans deux mois, les Sénégalais devront prendre leurs responsabilités pour qu’on en finisse avec cet aventurisme », conclut-il.
Intronisé entraineur principal de Rennes après le limogeage de Sabri Lamouchi, julien Stéphan peut compter sur Abdoulaye Diallo. Brilant à Lyon (2-0), le portier breton a récidivé contre Dijon ce week-end. Le fils de Guy Stéphan (ancien sélectionneur des «Lions ») est déjà sous le charme de l’international sénégalais.
Pour son premier match en tant qu’entraineur titulaire sur le banc de Rennes, Julien Stéphan a titularisé Abdoulaye Diallo à Lyon. Un choix convainquant, car Rennes a non seulement gagné, mais avec une belle prestation de son gardien. Présent sur sa ligne, l’international sénégalais a sauvé sa cage à plusieurs reprises. Le joueur de 26 ans avait même réalisé un clean sheet, son premier depuis le mois de septembre.
Son coach ne pouvait que se frotter les mains. «J’ai misé sur lui parce que ça me semblait être le meilleur. Abdou a répondu favorablement. Un gardien, il faut qu’il arrête les buts. Il y a deux très bons gardiens à disposition, Tomas et Abdou. Ce sont deux gardiens de grande qualité, ce sont aussi deux très belles personnalités. Après, il a fallu faire un choix. Je sais que j’ai à ma disposition deux très, très bons gardiens et que le troisième (Edvinas Gertmonas) est aussi intéressant, donc c’est une chance pour nous », a fait savoir Julien Stéphan, dans des propos rapportés par Ouest-France.
Le départ de Sabri Lamouchi semble être une aubaine pour le portier international sénégalais. Formé au club, Abdoulaye Diallo semble avoir une avance sur le Tchèque Tomas Koubek. Après sa solide prestation à Lyon, le Sénégalais a livré une copie presque similaire samedi contre Dijon (2-0). En deux rencontres, Rennes a enregistré deux victoires, six points et aucun but encaissé. Et à la lecture de ses prestations, Diallo a déjà gagné le cœur de Stéphan fils. « Si on n’a pas pris de but à Lyon, c’est parce qu’en effet le gardien a été performant. Mais c’est aussi parce que l’équipe a bien fonctionné de manière collective », a expliqué le successeur de Sabri Lamouchi.
Désormais 10ème (23 pts) et à 9 points du premier relégable Caen (18ème, 14 pts), Rennes est plus que jamais une équipe à craindre. Et le nouvel entraineur espère surfer sur cette vague. « Il y a la satisfaction d’avoir enchainé un deuxième match sans prendre de but. C’est important d’être solide », s’est félicité Julien Stéphan. Invité à s’exprimer sur le choix de Abdoulaye Diallo sur ses deux premières sorties, le nouvel coach du club breton a mis en avant les qualités de l’homme. « Moi, je suis pragmatique. Ce qui m’intéresse, c’est la performance et l’efficacité, la réponse à un rapport de force», a ajouté le fils de l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal.
LE PLAN D’URGENCE DU GOUVERNEMENT EXPOSE AUX PECHEURS
Le gouvernement a présenté un plan d’urgence pour colmater l’ancien canal de délestage qui s’est mué en quelques années en une gigantesque brèche. La matérialisation de ce plan va soulager dans les meilleurs délais les populations de la Langue de Barbarie. L’annonce en a été faite, vendredi dernier à Saint-Louis, par le ministre de la Pêche.
Le ministre de la Pêche a présidé, vendredi, à Saint Louis, un Comité régional de développement spécial. D’après Omar Guèye, la longue attente des populations de la Langue de Barbarie de voir une solution apportée à la brèche sera bientôt un vieux souvenir. Et pour cause, le gouvernement a déjà mis en branle un plan d’urgence pour apporter les premières réponses à cette question lancinante. Celles-ci vont tourner autour du dragage et du balisage de la brèche. « Le financement est disponible. Les travaux sont confiés à l’entreprise marocaine Comagec, avec comme maître d’œuvre l’Agence nationale des affaires maritimes. Ils vont démarrer à la fin du mois de janvier 2019 et seront terminés dans cent-vingt (120) jours », a t-il informé.
Selon lui, en plus de la solution d’urgence, le rapport des experts néerlandais commis pour les études scientifiques fait état également de solutions à moyen et long termes. Mais, face à la situation que vit la communauté des pêcheurs de Saint-Louis, le « président de la République nous a instruit d’attaquer rapidement la solution d’urgence », a souligné le ministre de la Pêche et de l’économie maritime.
A l’en croire, le Président Macky Sall a toujours prêté une oreille attentive aux préoccupations des populations de la Langue de Barbarie. «C’est sous son magistère que de nombreuses réalisations ont été effectuées au profit de la communauté des pêcheurs», a-t il poursuivi. Et Omar Guèye d’évoquer une longue liste de réalisations allant de la subvention du matériel et équipement de pêche, la construction d’infrastructures de débarquement, de transformation et de commercialisation, l’appui et l’octroi de licences, en passant par celui de financements et autres secours. Depuis plusieurs années, les pêcheurs de Saint-Louis rencontraient d’énormes difficultés, mais avec l’avènement du chef de l’Etat, beaucoup de choses ont bougé en sept ans, a noté le ministre de la Pêche, avant d’exhorter les populations à respecter les mesures prises. Un appel bien entendu par la communauté des pêcheurs.
Selon Abdoulaye Sène, parlant en leur nom, si le dragage du fleuve est fait et le balisage effectué, les problèmes seront atténués, en attendant un règlement définitif. Même son de cloche chez son collègue Ndiawar Wade de la pêche continentale : «Nous n’avons pas besoin qu’on nous donne de l’argent. Ce que nous voulons, c’est qu’on stabilise la brèche pour nous permettre de mener à bien nos activités. Je suis heureux de constater que le gouvernement est sur la bonne voie». C’est à la suite d’une bonne pluviométrie enregistrée en octobre 2003, entrainant le débordement du fleuve dans certaines maisons et écoles riveraines, que l’ancien président Abdoulaye Wade avait décidé d’ouvrir une brèche dans la Langue de Barbarie. L’opération était censée faciliter le déversement des eaux du fleuve dans l’océan et contenir la crue. Mais, dès les premiers jours, la brèche s’est élargie. Elle a atteint désormais près de 10 kilomètres de large.