Le nouveau classement FIFA dévoilé hier par l’instance dirigeante comporte un changement majeur. Le Sénégal vire en tête en Afrique et est déjà assuré de boucler l’année 2018 sur le toit de l’Afrique.
La FIFA a publié hier, sur son site officiel, le nouveau classement des nations du football pour le mois de novembre 2018. La 5e journée des éliminatoires de la CAN 2019 a débouché sur de gros changements au niveau du classement. Après ces rencontres et quelques matchs amicaux, il y a eu un changement à la tête du classement. Avec 1505 points au compteur, le Sénégal trône sur le toit de l’Afrique. Les Lions ont battu à deux reprises le Soudan (3-0 et 0-1) et la Guinée équatoriale (0-1) et occupent désormais la première place en Afrique. Pour sa part, la Tunisie est battue à deux reprises par l’Egypte et le Maroc. Avec ces résultats, le Sénégal a devancé la Tunisie et s’installe au premier rang africain. Le Sénégal occupe désormais le 23eme rang mondial dans la dernière actualisation du classement FIFA. Les victoires enregistrées lors de ses dernières sorties ont entrainé cette percé de la sélection sénégalaise. La Tunisie et le Maroc complètent le podium africain.
L’édition de novembre 2018 du classement mondial FIFA voit le Sénégal (23eme, +2) doubler la Tunisie (26eme, 4). Le Maroc (40eme, +7) complète le podium. Suivent le Nigeria (44eme, stable), la RD Congo (49eme, -3) et le Ghana (51eme, +1). Le Cameroun (55eme, -4) est désormais talonné par le cinquième mondialiste sortant, l’Egypte (56eme, +2). La Côte d’Ivoire (65eme, -1) et l’Algérie (67eme, stable) restent loin de leurs performances passées.
Dans le Top 10 mondial, la Belgique (1727 points) est seule en tête du classement, devançant la France, championne du monde d’un point, alors que le Brésil reste à la 3e place avec (1676 points). La Croatie, finaliste du Mondial russe, est quatrième avec 1634 pts. A noter que le Sénégal a déjà validé son billet pour la Coupe d’Afrique des nations 2019 au Cameroun. Les Lions vont recevoir au mois de mars 2019 Madagascar lors de la dernière journée des éliminatoires de la Can 2019.
«NOUS NE CHERCHONS PAS A CONVAINCRE LES TALIBES TIDIANES, MAIS PLUTOT LES CITOYENS SENEGALAIS…»
Pr Issa SALL Sg du Pur
Propos recueillis par Pape NDIAYE |
Publication 30/11/2018
A vingt-quatre heures de la tenue du congrès d’investiture pour la présidentielle de février 2019, le secrétaire général du Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur), Pr Issa Sall a choisi « Le Témoin » pour s’exprimer. Ce, malgré un agenda trop chargé. D’ailleurs, c’est ce qui explique que l’éminent Professeur, de nature éloquent et assez expansif, n’a pas été trop bavard cette fois ci. Submergé de travail à quelques heures de l’événement au point d’avoir accumulé les nuits sans sommeil et coupé le contact avec ses proches, le patron du PUR s’est efforcé malgré tout de répondre à nos questions. D’où les réponses courtes et précises. Ce qui donne un entretien exclusif, certes, mais avec un goût inachevé ! Ce n’est que partie remise, sans doute…
Le Témoin : Votre parti, dites vous, a déjà obtenu le nombre de parrainages requis pour, entre autres conditions, valider la candidature de son candidat à la prochaine élection présidentielle. Confirmez-vous cela et, si oui, pouvez-vous nous dire dans quelles conditions le PUR prépare-t-il cette échéance ?
Issa Sall : Nous confirmons que le parti a obtenu le nombre de parrains demandés par la loi et que nous avons même un stock de réserve en cas d’invalidation des doubles parrainages. Nous préparons les élections comme d’habitude. Nous avons été aux élections de 2017 et cela va nous servir d’exemple pour les échéances de 2019.
D’autre part, pouvez-vous nous dire qui sera le candidat de votre parti à l’élection présidentielle à venir étant donné que nombreux sont les militants, et même des Sénégalais lambda, qui se demandent qui va porter vos couleurs le 24 février 2019 ?
Ecoutez ! Le candidat du parti pour l’élection présidentielle est El Hadji Issa Sall. Et ce même El Hadji Issa Sall sera investi demain, samedi 1er décembre 2019, Inchallah !
Que diriez-vous à ceux qui ont du mal à distinguer le mouvement islamique Moustarchidines Wal Moustarchidates du parti politique Pur ? Quelle est la différence entre les deux ?
Je leur répondrai ceci pour qu’ils puissent faire la différence : Le mouvement Moustarchidine est un mouvement religieux tandis que le Pur est un parti politique et donc ne peut être d’aucune obédience qu’elle soit éthique, religieuse ou régionale. Ceux qui entretiennent la confusion le font soit sciemment ou des fois par ignorance de notre loi fondamentale.
Les Moustarchidines, on le sait, font partie de la confrérie Tidjanya dont la capitale spirituelle au Sénégal se trouve à Tivaouane. Or, le khalife général de cette confrérie ne fait pas mystère de son soutien au candidat Macky Sall. Pensez-vous, malgré ce soutien, pouvoir remporter le vote à Tivaouane ou en tout cas convaincre les Tidianes de voter pour votre candidat ?
Le Pur ne cherche pas à convaincre les Tidianes, mais les citoyens sénégalais de tout bord et de toute obédience. Il ne cherche pas aussi à se positionner dans une ville déterminée qu’elle soit Tivaouane ou une autre. Nous allons battre campagne dans tout le pays et essayer d’engranger le maximum de voix.
Certains membres du Pur France demandent qu’un congrès investisse le candidat de votre parti. Pensez-vous que le congrès de samedi prochain répondra à cette question bien que certains responsables contestent votre candidature que l’ont présente comme autoproclamée ?
Vous savez, nous n’avons pas attendu la réaction des militants de France pour faire un congrès. Cela procède de l’ordre normal des choses. Mais ce qu’il faut retenir c’est qu’un congrès d’investiture ne peut se faire que si le candidat est connu d’avance et le congrès ne se tient que pour la formalisation. Et je le répète, le candidat du parti pour la présidentielle de 2019, c’est El Hadji Issa Sall !
Et si toutefois le Pr Issa Sall est officiellement investi candidat du PUR, Serigne Moustapha Sy ne va-t-il pas incarner le rôle de directeur de campagne ?
Si le professeur El Hadji Sall est investi et que sa candidature est validée, nous allons mettre comme pour les législatives un directoire de campagne qui va être une équipe collégiale. Naturellement, le directeur de campagne, hiérarchiquement, est souvent le second du candidat. Il ne pourrait donc pas être Serigne Moustapha qui est le président du Parti
Jusque-là, les Sénégalais n’ont pas une idée précise sur votre offre programmatique. Est-ce qu’il n’est pas temps de dévoiler ce que vous réservez à nos compatriotes si vous étiez élu à la magistrature suprême ?
À chaque fois que l’occasion nous est donnée, nous avons dévoilé une partie de notre programme. Le congrès qui se tiendra, demain, sera une bonne occasion d’en parler largement
Actuellement pensez-vous, avec les histoires de fichiers, de parrainages, de couacs dans la distribution de cartes d’électeurs, que les conditions sont réunies pour une bonne organisation de l’élection présidentielle ?
Pour le moment, il n’y a pas de fichier, car sans carte électorale, on ne peut pas parler de fichier. Et pas plus tard que ce matin (Ndrl : avant-hier), le sous-préfet de Ndame est entrain de créer de nouveaux bureaux de vote à Touba et c’est pareil dans tout le pays. Il faut que cette opération finisse pour alimenter le pseudo fichier qui va être un véritable fichier qui ne devra plus être retouché. Le nombre d’inscrits, les lieux de vote et les bureaux de vote devront être définitivement connus de tous et arrêtés. Tout le monde est d’accord que le parrainage est inutile, mais le pouvoir l’a imposé aux partis politiques. Quel est maintenant le rôle des partis avec ce parrainage ?
La situation économique de notre pays préoccupe au plus haut point beaucoup de nos compatriotes. Le ministre de l’Economie et des Finances lui-même a reconnu une « tension de trésorerie » avant de se rectifier pour parler de « tension budgétaire ». Bref, pensez-vous que les clignotants de notre économie soient au vert comme le soutiennent nos autorités ?
Les clignotants sont-ils au vert ou pas ? Mais, tout le monde est d’accord qu’il y a une tension de trésorerie, car même s’il annonce des liquidités dans ses comptes de la Bceao, l’Etat reste redevable à beaucoup de sociétés et ne parvient pas à les payer. Cela va de soi…
Pr Issa Sall, que répondez-vous à ceux qui déplorent le fait que Serigne Moustapha Sy aurait lâché son « talibé » Khalifa Sall qu’il se promettait de rejoindre en prison s’il était arrêté ?
Ah bon ! Je ne pense pas que les Sénégalais soient de cet avis !
La question de l’emploi dans les Domaines agricoles communautaires (DAC) reste une préoccupation majeure de tous les acteurs comme l’Etat, les partenaires, les collectivités locales, les jeunes et surtout la maitresse d’œuvre l’entreprise israélienne Green 2000. Un coup d’œil dans le modèle économique permet de mieux comprendre cette question qui suscite un grand espoir chez des milliers de jeunes garçons et filles en milieu rural et urbain.
Dans le modèle économique des Domaines agricoles communautaires (DAC) parcouru par votre journal, l’objectif est d’en installer 10 en 5 ans, et d’aménager 30.000 ha sur l’ensemble du territoire national et d’’installer 2000 groupements d’entrepreneurs agricoles (GEA) opérationnels sur 2000 Unités Autonomes d’Exploitation (UAE). Un tel schéma adossé à des Centres de formation et de Services agricoles (ASTC) est la voie royale pour créer effectivement 120.000 emplois régie DAC et 180.000 emplois hors DAC, faisant que globalement la création de 300.000 emplois est largement à la portée de ce programme.
Avec le DAC de Sangalkam dont le président Macky Sall a fixé les délais de livraison à 4 mois et le Centre de formation et de services agricoles (ASTC) de Sefa déjà opérationnel, il est permis de croire que les ASTC de Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane et Itato seront afin achevés, les terres aménagées et les GEA mis en place pour que les milliers d’emplois dans les DAC soient enfin une réalité. Dès le départ, l’objectif est de « *créer en milieu rural les conditions favorables à l’investissement privé ». Il s’agira de doter l’intérieur du pays, d’infrastructures agricoles et d’aménagements structurants permettant la mise en valeurs de grands domaines allant de 1000 à 5 000 ha d’un seul tenant. Le PRODAC cherche ainsi contribuer à la réduction de la précarité sociale en milieu rural par la promotion de l’entreprenariat agricole des jeunes.
Les DAC sont alors des lieux d’insertion de jeunes diplômés d’écoles de formation aux métiers de l’agriculture et disciplines connexes, mais également de promoteurs privés désireux d’investir le secteur aussi bien dans ses activités de production que dans celles de transformation et de services. Le programme consiste à aménager de vastes étendues de terres et de les doter d’infrastructures de qualité, permettant aux jeunes, en particulier, de s’adonner à des activités économiques en continu (production végétale, animale, aquacole, transformation, services, mise en marché).
Partant d’un tel cadrage, l’objectif spécifique est de créer des pôles de compétitivité économique favorisant la création de richesses en milieu rural par le développement de véritables entreprises agricoles rentables. Cela permettra de faciliter l’insertion des jeunes, diplômés ou non, dans les métiers de l’agriculture pour lutter contre le sous-emploi et la précarité en milieu rural et urbain et d’accroitre le rythme et la qualité des aménagements pour une production agricole qui satisfait la demande alimentaire locale. L’ASTC, une stratégie qui a fait ses preuves Seulement toute cette articulation tourne autour du concept Centre de services agricoles et de formation (ASTC), une propriété exclusive de l’entreprise israélienne Green 2000. « C’est un concept novateur générateurs de milliers d’emplois durables. L’ASTC a fait ses preuves notamment dans des pays africains tels que l’Angola, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, le Ghana, l’Ethiopie, le Sud Soudan, ma Sierra Leone,... La Zambie et le Bénin travaillent d’arrachepied pour réaliser dans plusieurs de leurs régions ce système complet de modernisation de l’agriculture conçu par Green2000. Un DAC avec son ASTC est le meilleur moyen de développer les filières agricole, végétale et aquacole, sur toute la chaîne de valeurs, avec des métiers in situ, des productions répondant aux normes internationales et des emplois stables et bien rémunérés pour des milliers de jeunes garçons et filles qui pourront gagner jusqu’à 9500 FCFA/jour dans les DAC.
Le Président Macky a tellement compris que c’est la voie la meilleure pour la modernisation de l’agriculture nationale qu’il a annoncé son option de créer un Réseau national des Domaines Agricoles. C’est assurément la solution pour le développement durable de nos territoires et l’emploi des jeunes. Mais pour que la décision présidentielle ne reste pas un voeu pieux, il est impératif que le financement de la réalisation des DAC et des ASTC ne soit pas laissé à certains » souligne notre expert en domaine agricole.
OUSSEYNOU DIOP ACCUSE SA VOISINE DE LUI AVOIR DONNE UN COUP DE PILON A L'ŒIL GAUCHE
La dame Nd. O. Ndiaye, domiciliée à Castors, a comparu hier à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar. Elle répondait des faits de coups et blessures volontaires ayant entraîné une interruption temporaire de travail (Itt) de 21 jours. Au cours d’une altercation avec son voisin Ousseynou Diop, elle lui aurait donné un coup de pilon à l’œil gauche. A la barre, la dame a nié les accusations de la partie civile. Le jugement sera rendu aujourd’hui vendredi.
Entre les deux voisins Ousseynou Diop et Nd. O. Ndiaye, le moins que l’on puisse dire c’est que les relations n’étaient pas cordiales. Et le 3 juillet dernier, elles ont dégénéré. D’après les déclarations de la victime, il s’était rendu au domicile de son antagoniste pour rendre visite à sa belle-sœur. N’étant pas contente de sa présence sur les lieux, la prévenue l’avait agressé. « Après m’avoir frappé avec une cravache à la figure, elle s’était emparée d’un pilon. Avec cette arme, elle m’avait administré un coup au niveau de mon œil gauche », déclare le plaignant. C’est alors que son ami Ousseynou Dieng était intervenu pour le faire sortir de la maison. Une fois chez lui, il a commencé à sentir des douleurs très atroces.
Ainsi, il s’est rendu à son domicile familial aux Parcelles Assainies vers les coups de 15 h. Conduit au centre de Santé Mame Abdou Aziz Dabakh le lendemain, il a reçu quelques soins. Ce n’est que quelques jours après qu’il a subi une opération chirurgicale, a expliqué la partie civile en lunettes de soleil. Des accusations que la prévenue a balayées d’un revers de main. « C’est vers les coups de 9h qu’il s’était invité chez moi. Ivre comme un polonais, il s’est mis à m’abreuver d’injures. D’une façon très polie, je l’ai sommé de sortir. Je n’ai en aucun moment levé ma main sur lui », a t-elle nié. Une version que le témoin, A. D. A, a confirmée à la barre des flagrants délits.
A en croire le témoin, c’est depuis son balcon qu’elle avait aperçu le prévenu en train de proférer des insanités de toutes sortes à l’endroit de la mise en cause. « Lorsque je suis descendue pour m’enquérir de la situation, il sortait de la maison à la demande de Nd. O. Ndiaye. Cette dernière ne lui a pas donné des coups. D’ailleurs, quelques minutes après les faits j’ai rencontré le plaignant au moment d’aller à la boutique. Il n’avait aucune blessure au niveau de son œil », a-t elle soutenu.
Dans son réquisitoire, le substitut du procureur a requis l’application de la loi. Il sera suivi par la défense qui a sollicité le renvoi de la prévenue des fins de la poursuite sans peine ni dépens. Pour Me Kayossi, il se pose un problème d’imputabilité des faits. « La partie civile s’est désistée certes de sa plainte. Mais l’action publique demeure. L’œil est logé dans une cavité. Si un coup de pilon l’atteint, ça doit laisser des traces. On a une victime qui se livre à l’usage abusif de l’alcool. Elle peut être blessée dans un bar et désigner n’importe quelle personne comme auteur des faits.
Le plaignant insulte à tout-va, tout peut lui arriver », a plaidé la robe noire. Abondant dans le même sens, Me Mbaye Sène a estimé que c’est sa cliente qui a essuyé des injures. « On ne peut pas donner une once de crédit aux déclarations de la partie civile. C’est un médecin légiste qui lui a délivré un certificat médical 10 jours après les faits. Pourquoi le premier médecin ne lui avait pas délivré un certificat médical ? » s’est interrogé l’avocat. Au terme des plaidoiries, le juge a fixé son délibéré pour aujourd’hui vendredi.
IL FAUT QUE NOS ETATS ARRETENT DE CONSIDERER LA CULTURE COMME LE MAILLON FAIBLE DANS LE DEVELOPPEMENT D’UN PAYS»
Palabres avec… MOUNA NDIAYE, ACTRICE
Entretien réalisé par Fadel LO |
Publication 30/11/2018
Elle n’est plus à présenter sur la scène du cinéma et du théâtre africain. Il s’agit de l’actrice Maïmouna Ndiaye dite Mouna. Cette célèbre comédienne burkinabé, d’origine sénégalaise, guinéenne et ivoirienne, a été rendue célèbre par son rôle d’Inspectrice teigneuse dans la série « Super Flics ». Depuis, elle a fait du chemin et sillonne le monde pour livrer une autre image de la femme africaine. Elle était à Dakar pour animer des stages de perfectionnement en « actorat » lors des Recidak (Rencontres cinématographiques de Dakar). Entretien…
Quelle appréciation faites-vous de cette formation que vous venez de faire suivre à des acteurs sénégalais?
Pour moi, le terme de formation n’est pas adapté. Parce que je pense que ce sont plutôt des échanges d’expériences... J’apprends aussi bien d’eux, qu’eux aussi apprennent de moi. Donc, je dirai plutôt que ces échanges-là sont une très bonne initiative. Et nous les acteurs, nous sommes assez solidaires là-dessus. Parce que la transmission de techniques de jeu, de concentration est universelle à tous les acteurs du monde entier. Que ce soit en Afrique ou en Europe. Donc, moi, je suis très contente de participer à ces échanges là et j’espère qu’il y aura d’autres occasions pour qu’on puisse encore échanger et approfondir tout cela. Parce que le temps imparti a été trop court.
Quel effet cela vous fait de vous retrouver au Sénégal, l’une de vos nombreuses « terres d’origine ». Car quatre pays africains vous revendiquent comme fille ?
Je regrette d’abord que cela ne se soit pas fait plus tôt. Mais comme on dit de manière assez triviale, chaque chose arrive en son temps. Je pense que le moment n’était pas arrivé et les choses se font au moment où elles doivent se faire. Et le moment est arrivé, c’est pourquoi ça se fait maintenant. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Plusieurs pays se disputent votre nationalité ivoirienne, burkinabé, guinéenne, sénégalaise. Et vous, vous sentez quoi ?
(Elle éclate de rire). Moi, je suis une panafricaine !
Non, mais vous avez choisi d’être burkinabè ?
C’est effectivement le Burkina - Faso qui m’a adoptée et m’a donné la nationalité. Et je trouve que c’est une belle reconnaissance pour moi. Ce que j’ai eu, c’est à travers mon film que j’ai fait au Burkina- Faso. C’est un très beau cadeau pour ma modeste personne.
Justement, vous êtes choisie pour être l’égérie du cinquantenaire du Fespaco. On découvre votre photo sur les affiches. Quel effet cela vous fait?
A bon, vous avez vu ça où ? (Éclats de rire). Non, c’est un honneur ! En plus, avec le succès du film « L’œil du cyclone », j’ai eu des reconnaissances en Tunisie, au Maroc. Donc je vais rajouter la Tunisie et le Maroc sur ma nationalité. Parce que c’est le Maroc qui a commencé en me choisissant comme égérie pour le quarantième anniversaire du festival. Et cette année, le FESPACO a choisi mon image pour plusieurs raisons d’abord. Parce que justement, je revendique sincèrement mon panafricanisme. Et comme on dit Festival panafricain de Ouagadougou et de la diaspora, ils se sont dits, il n y a pas meilleure figure qu’on peut prendre que celle de Maïmouna. Car c’est elle-même qui se définit comme une panafricaine. Et je suis très fière pour l’Afrique, pour notre corps de métier, pour le cinéma, mais aussi pour les générations à venir. Parce qu’il y a plein de jeunes filles que ça peut encourager. A mon avis, c’est vraiment l’élément qui manque car les jeunes filles ne sont pas très persistantes dans notre métier. Et ça peut aussi se comprendre…
Au FESPACO, vous aviez reçu le Sotigui d’or. Quelles étaient vos relations avec Sotigui Kouyaté et qu’est-ce que cela vous fait d’être souvent primée en Afrique ?
Je pense que les distinctions, c’est vraiment une reconnaissance par rapport à tout le travail que j’ai eu à faire pendant toutes ces années. Pour moi, le « Sotigui d’or », c’était très important. Il faut savoir que j’ai fait ma première scène de théâtre et mon premier film aux côtés de Sotigui Kouyaté. C’était mon maître, mon grand frère, mon papa, mon conseiller etc. Et il m’a transmis sa générosité, son humilité et ça m’a donné envie de continuer et d’approfondir et c’est ce que j’essaie de transmettre autour de moi jusqu’à présent.
Formée en France et exerçant en Afrique, quel regard jetez-vous entre les deux mondes. C’est à dire le cinéma européen et africain ?
Je dis toujours qu’il faut qu’on arrive en Afrique à faire des films africains. Qu’on arrête de dire qu’on fait du cinéma burkinabé ou du cinéma sénégalais ou béninois ou encore malien. Moi je voudrais jouer dans un film africain avec des acteurs africains. Qu’ils soient du Mali, de la Cote d’Ivoire, du Niger, du Nigeria entre autres. Il faut qu’on arrive à unifier notre cinéma. Et, c’est à nous acteurs, et quand je dis acteurs, je ne parle pas des acteurs qui jouent devant la caméra. Mais je parle des acteurs du monde de la culture qui doivent tous faire en sorte que notre cinéma soit compétitif et soit reconnu comme les autres cinémas.
Vous avez commencé par une série qui vous a rendue célèbre mais depuis lors vous avez complètement disparu des radars au niveau des séries. Pourquoi avez vous arrêté ?
Il est très difficile de monter des séries et c’est très compliqué à mettre en place. Il se trouve qu’il y a eu un petit remaniement au Burkina -Faso avec la révolution. De ce fait, les guichets qui pouvaient financer les séries étaient fermés et on est passé à autre chose. Entre temps, je suis revenue au théâtre avec un monologue. J’essaie de ne pas être inactive et de tout faire pour toujours travailler. Et c’est ce qui est normalement le devoir de tous les acteurs. C’est-à-dire de ne jamais se reposer sur des acquis, de continuer à travailler, d’aller voir ce que les autres font, regarder des films et continuer à s’entrainer.
Vous avez fait une formation académique au théâtre, mais vous êtes beaucoup plus présente au niveau du cinéma. Est-ce un choix ou une nécessité ?
Non, ce n’est pas un choix, ni une nécessite, c’est le hasard. Il se trouve que les opportunités, on les prend là où elles se présentent. Et quand c’est au théâtre, je suis au théâtre et quand c’est au cinéma, je suis au cinéma et quand c’est à la télé, je suis à la télé…
Vous êtes une femme mariée. Comment conciliez- vous la famille et ces nombreux voyages ?
Je m’organise ! Tout est question d’organisation (rire). Et ça se passe très bien. Mais là, c’est mon jardin secret et je n’en parle jamais.
Et ce que vous ne regrettez pas d’être venue assez tard au Sénégal et quels sont vos liens avec les Sénégalais ?
Ah non, je ne regrette pas. J’ai toujours des liens forts avec le Sénégal, même si je ne viens pas assez souvent. Mais je pense qu’à partir de maintenant, je vais venir assez souvent.
Est-ce que Mouna est féministe ?
Non, je ne suis pas féministe, mais je défends la cause des femmes. Et je me bats pour que les femmes soient reconnues à leur juste valeur.
Qu’est-ce que les violences entre femmes vous inspirent au vu de tout ce qui se passe actuellement au Sénégal ?
Ah, bon ! Non, je n’ai pas suivi l’actualité. Mais je trouve ça très déplorable et dommage. On ne doit pas se tirer dessus, il y a de la place pour tout le monde. Autant, nous sommes des femmes, autant nous sommes de caractères différents. Autant nous sommes de personnalités différentes, autant nous sommes des points positifs différents. Et on doit se servir de ça pour faire en sorte que l’image de la femme change et que ça avance. Au lieu de se tirer dessus, mettons-nous ensemble. Si les cinq doigts de la main commencent à se taper dessus et à se casser les uns, les autres, on ne pourra plus rien faire. Donc moi, je pense que chacune de nous doit relativiser et ne passe faire la guerre. Parce qu’en se faisant la guerre, les autres vont dire qu’on ne peut rien faire avec eux. On les laisse tomber. Je suis plutôt positive et je sais rassembler et j’espère que ces femmes prendront du recul pour ne pas ternir notre image qui est déjà assez difficile à mettre au-devant. En plus, ces petites querelles n’ont pas de sens pour moi.
Il se trouve que c’est l’homme qui est toujours la cause de toutes ces échauffourées par le biais de la polygamie. Selon vous est-ce que finalement l’homme en vaut la peine ?
Ah, ça, c’est autre chose ! On a toujours besoin des hommes. On ne peut rien faire sans les hommes mais aussi on ne peut rien faire sans les femmes. Maintenant, les histoires de polygamie, ça c’est culturel et c’est propre à certains pays. Au Burkina Fasso, elle n’est pas aussi répandue qu’au Sénégal. Et puis, après, ça dépend de beaucoup de choses et j’avoue que c’est un gros débat. Mais à mon avis, il vaut mieux être polygame que d’avoir une seule femme et avoir trois maîtresses par exemple. Après, il faut voir le juste milieu. Je ne défends ni l’un, ni l’autre. Maintenant, si un homme n’est pas capable de s’occuper de ses quatre femmes et qu’il n’est pas capable de les réunir et de faire en sorte qu’elles s’entendent, ça ne sert à rien. Nous ne sommes pas des objets, on ne peut pas dire : on va prendre quatre femmes parce qu’on a beaucoup d’argent pour faire le malin et dire voilà je peux entretenir quatre femmes, je peux entretenir 15 ou 20 enfants. Non, nous ne sommes pas des objets. Si cela signifie que je suis féministe. Je le revendique ! Oui, je suis une féministe ! Pour les jeunes filles, je leur dirai qu’on ne se marie parce qu’on n’a pas de travail ou parce qu’on veut quelqu’un pour s’occuper de nous. On doit se former, on doit être autonome. Et quand je dis autonome, ça ne veut pas dire qu’il faut rejeter les hommes. Cela veut dire qu’on doit être capable de se défendre, qu’on doit être capable de gagner sa vie, d’être fière et de ne pas dépendre d’une autre personne.
Quelle appréciation faites-vous du retour des RECIDAK ?
Ah, les RECIDAK ! Je trouve déjà que c’est bien. Je pense qu’il faut que nos Etats, nos dirigeants arrêtent de considérer la culture comme le maillon faible dans le développement d’un pays. Ce n’est pas de l’amusement. Dans certains pays, la culture rapporte plus que l’agriculture. Donc il faut qu’ils arrêtent. J’ai fait le tour du monde et je vois comment dans certains pays, dans certains Etats, le gouvernement investit dans le secteur culturel. Je suis plus connue dans beaucoup de festivals à l’étranger que dans mon propre pays. Cela veut dire ce que ça veut dire. Mieux, j’ai plus de reconnaissance à l’étranger que dans mon propre pays. Parce qu’eux, ils ont compris l’utilité de la culture. Ils ont compris la portée et l’importance de la culture. Quand je voyage, je voyage avec plusieurs drapeaux, je suis fière de porter l’Afrique à l’écran. Je suis fière de défendre et de porter une certaine image de la femme africaine à l’écran. Donc, il faut que les Etats comprennent qu’on contribue à 200% au développement d’un pays. Aujourd’hui, à travers tous les prix que j’ai glanés, tout le monde sait où se trouve le Burkina, où se trouve le Sénégal. J’ai été dans des endroits où des gens pensaient que l’Afrique, c’est un seul pays alors que c’est non. Aujourd’hui, je suis très contente de porter le drapeau africain et particulièrement de la femme qui existe en tant qu’elle-même.
Le bilan de votre long parcours, les bons moments, les déceptions et qu’est-ce qui vous reste à prouver ?
Le bilan de mon long parcours c’est toutes les reconnaissances que j’ai eues. C’est l’invitation que j’ai eu pour les RECIDAK, c’est l’opportunité de pouvoir m’exprimer par rapport aux medias, l’opportunité de pouvoir partager mon expérience. Mais aussi l’opportunité de pouvoir rencontrer des jeunes et transmettre quelque chose. Pour moi, c’est ça les résultats de mon long parcours. Et j’espère que mon passage ici ne fera qu’encourager les jeunes à se battre. C’est vrai que c’est dur, ce n’est pas facile. Et j’espère que nous, on a épluché, on a balayé le chemin et que la suite sera beaucoup plus facile pour eux.
MAME MBAYE INCENDIE L’OPPOSITION
Fichier électoral, Karim, Khalifa, Onu…– «Ils s’organisent pour semer le chaos» – «Je suis déjà patron de l’Apr, on ne m’a pas recruté»
Avec son franc-parler habituel, Mame Mbaye Niang s’en prend bille en tête à tous ceux qui sont susceptibles de gêner une réélection de son candidat Macky Sall au premier tour de la prochaine Présidentielle. Et dans la foulée, il écarte toutes les critiques sur une mise à l’écart de Karim Wade et de Khalifa Sall, indiquant qu’il y a d’autres opposants aussi méritants que ces derniers dans l’arène politique. Et l’homme politique n’écarte pas son propre positionnement au sein de son parti, l’Alliance pour la République.
L’actualité du moment concerne le fichier électoral. L’opposition, à travers le Frn, vient de déclarer qu’elle n’est pas satisfaite du fichier qui lui a été présenté par le ministère de l’Intérieur. Cela ne pousse-t-il pas à croire que la majorité a peur de donner à ses concurrents le véritable fichier ? Pourquoi le cacher ?
Il faut rappeler l’origine de ce fichier. Vous vous rappelez qu’à six mois des élections législatives, la majorité avait proposé de dissoudre l’ancien fichier et de créer un autre fichier. Et on se rappelle que l’opposition avait exigé que si le fichier qu’on allait reprendre à zéro n’atteignait pas 4 millions d’électeurs, que l’on ne parte pas aux élections avec ce fichier. C’est cela le point de départ. Ce sont des conditions définies par l’opposition, à savoir l’atteinte de 4 millions d’électeurs. A la fin, tout le monde a constaté que nous sommes parvenus à 6 millions d’électeurs. Donc, le fichier était fiable. Parce qu’il s’était épuré de scories. On avait enlevé les décès et autres. On est partis aux Législatives avec ce nouveau fichier. Et il y a eu deux périodes de révision électorale, deux fenêtres qui permettaient aux citoyens sénégalais remplissant les conditions, d’aller s’inscrire. Nous, nous avons mobilisé nos militants, nos sympathisants, nos amis. Nous avons fait le travail politique nécessaire pour aller les inscrire. Eux, ils ont préféré occuper les médias, parloter, critiquer, dénigrer, insulter. Aujourd’hui, ils se rendent compte que le fichier est à près de 7 millions d’inscrits et qu’ils n’ont pas fait le travail politique. Au nom de quoi devons-nous violer la loi pour leur donner le fichier intégralement, afin qu’ils puissent régler leurs problèmes de parrainage. Parce que, tous ces gens qui parlent, peu d’entre eux remplissent les critères du parrainage.
Ce fichier a été audité par l’Union européenne, et a donné des résultats.
Vous devez quand même leur donner le fichier, parce qu’ils vont chercher des parrainages. Ils ont besoin de savoir qui sont les électeurs inscrits et où se trouvent ces derniers…
Non, non. Le parrainage…
…ce sont les électeurs inscrits !
… Oui, dépositaires d’une carte d’électeur où il y a un numéro. Si on vous donne ce fichier, vous avez accès à ce numéro-là. Absolument rien ne nous prouve que vous n’allez pas prendre ce fichier-là, mettre des numéros et remplir pour vous un système de parrainage. Ça, c’est d’un. De deux, ce sont des données personnelles, qu’on ne peut pas remettre à 320 partis politiques, qui peuvent en faire ce qu’ils veulent. Ce que le ministre de l’Intérieur a proposé, c’est de leur donner le fichier sans les numéros.
C’est ce qu’ils contestent
Ce que la loi prévoit, c’est que le fichier doit être disponible pour les candidats à 15 jours des élections. Et cela se fera. Avant les Législatives, le fichier était disponible ! Et donc, eux, ils ont, en principe, une partie du fichier, celui de 6 millions d’inscrits. Donc, en fait, ces gens-là veulent nous distraire. Ils ne sont pas prêts pour aller aux élections. Ces gens-là essaient de discréditer les prochaines élections, parce qu’ils savent qu’ils ont déjà perdu.
Mais de votre côté, est-ce que vous ne participez pas à ce discrédit ? Quand le Premier ministre déclare qu’il n’y aura pas 5 candidats face à Macky Sall, cela ne signifie-t-il pas que nous avons mis en place toute une stratégie pour écarter les autres ?
Non ! Le Premier ministre a un candidat. Et on n’a pas besoin d’être dans des services de renseignement pour savoir que ces gens n’ont pas de parrainage. Vous avez vu qu’il y a des morceaux qui essaient de se recoller. La première personne à se tirer est Me Mame Adama Gueye, qui a vu qu’il ne remplit pas les conditions. Ensuite, vous avez eu Habib Sy, et très prochainement, vous allez en voir d’autres. Donc, il y a des gens qui se sont organisés pour avoir une plateforme pour pouvoir parler, négocier et discuter pour ensuite aller marchander. C’est ça les règles du jeu, nous avons compris !
Le Pm a un candidat ; il a un discours politique pour ce candidat. Il y a donc un travail politique que nous devons faire en dehors de nos responsabilités ministérielles. Ce discours du Pm se tenait à la Convention des cadres républicains, qui investissaient un candidat. Il faut donc nettement faire la part des choses. Mais nous tous, nous savons qu’en réalité, le parrainage va permettre de réguler le nombre des candidats. Est-ce qu’il faut violer la loi pour leur faire plaisir, je ne pense pas !
Mais ne faut-il pas mettre tous les candidats au même niveau ? Vous avez accès au fichier et pas eux
Oui, mais c’est parce que le président de la République bénéficie de la confiance des Sénégalais, et nous, nous bénéficions de la confiance du Président. De l’autre côté, il y a un travail politique à faire, et ces gens-là sont des paresseux. Ils ont laissé passer ces deux fenêtres qui leur étaient offertes pour inscrire leurs militants. Ils se rendent compte de l’erreur politique qu’ils ont commise, ils se rendent compte qu’ils ont déjà perdu. Mais ils se donnent le moyen de discréditer les élections. Le candidat qui va remplir les conditions de parrainage et de caution, naturellement, la loi oblige l’organisation chargée d’organiser les élections, à mettre à sa disposition le fichier, avec une répartition claire et nette, invariable. C’est comme cela que ça s’est toujours passé et c’est comme ça que cela va se passer.
D’autant plus qu’on s’est arrangé pour écarter en amont les éventuelles personnes susceptibles d’avoir des candidatures…
Non ! On ne peut pas dire que Malick Gackou, Idrissa Seck ou même Ousmane Sonko et Abdoul Mbaye ne sont pas des potentiels candidats. Ce sont des personnes qui s’opposent, qui passent leur temps à critiquer et à injurier. Ils ne sont pas expatriés, ils ont décidé de rester sur place et de se battre. Si moi, j’avais la possibilité de les écarter sur la base de ma volonté, je les écarterais. Mais je n’en ai pas.
Mais on ne va pas s’en prendre à une personne qui était maire, ordonnateur de dépenses, administrateur de crédits, avec des accusations, sur la base d’un rapport de l’Ige… Il s’est écarté de lui-même. L’autre, il a décidé de manière arbitraire de s’exiler et de maintenir une tension artificielle. Mais il ne viendra jamais.
Parce qu’il y a l’épée de Damoclès des 138 milliards de la Crei sur sa tête !
Non, il n’y a pas d’épée de Damoclès. C’est un discours qu’ils veulent entretenir. Vous noterez qu’il y a eu ce premier ballon de sonde qu’ils ont fait passer par le journal Jeune Afrique, disant que Macky Sall penserait à amnistier les gens. Le Président l’a démenti en précisant qu’il n’a jamais été question d’amnistie. Mais ils ont imposé le sujet. Ce que vous n’avez pas remarqué, ou que vous avez remarqué et refusez de dire, c’est que 3 jours après, ils nous ont ramené l’affaire. Mais en fait, ils veulent marchander ! Ils veulent marchander l’amnistie et se donnent les moyens politiques en théorisant un chaos, en disant au Président, «même si tu gagnes, prends l’engagement que tu vas remettre les cartes à zéro». Cela ne se fera pas !
Mais Macky Sall n’a pas écarté l’hypothèse d’une amnistie sur France 24
Non, la première chose que le Président a faite, a été de démentir l’information de Jeune Afrique. Ensuite, ce n’est pas à lui d’amnistier, c’est à la majorité à l’Assemblée nationale. Donc, cela ne dépend pas que de la volonté du Président. Eux, le Pds, veulent nous imposer un marchandage en créant des conditions politiques, par des menaces de mettre le pays à feu et à sang. Mais pourquoi va-t-on le faire ?
Mais, quand vous voyez que dans toutes les instances internationales où l’affaire Karim Wade a été portée, l’Etat du Sénégal a été condamné, cela ne vous met-il pas mal à l’aise ?
Nulle part le Sénégal n’a été condamné, nulle part.
En dernier, le Comité des droits de l’Homme des Nations unies.
Le Comité des Nations unies n’a pas les prérogatives de condamner ou de disculper. Il donne juste un avis. Quand les Nations unies condamnent, c’est le Conseil de sécurité ou l’Assemblée générale. L’avis d’un comité ne vaut pas une condamnation. Il y a eu deux avis défavorables à l’Etat français par ce comité, il y a de cela 4 mois. Les Etats-Unis en ont reçu une trentaine, parce qu’ils refusent d’expatrier leurs soldats, accusés en Irak. Aux Nations unies, la crédibilité d’un Etat se mesure par le nombre de votants drainés. Les dernières élections auxquelles le Sénégal a participé aux Nations unies, c’était pour le siège au Conseil de sécurité. On a eu plus de voix que le Japon, le 3ème bailleur des Nations unies. Cela montre qu’on est respectés.
Mais un avis défavorable est quand même une tache !
Mais je vous dis que même l’Etat français a eu 3 ou 4 avis. Est-ce qu’on a dit que les Nations unies ont condamné la France ? Les Usa même plus. Ce sont des situations auxquelles les pays sont confrontés, parce qu’ils gèrent des situations. Tout cela rentre dans le cadre du battage médiatique pour se donner le moyen politique de marchander l’amnistie à partir de 2019. On ne va pas jouer à ce jeu. Karim Wade ne va pas venir. Cela fait deux ans qu’on nous dit qu’il revient, il ne vient pas. Par contre, ils s’organisent pour semer le chaos, mais le gouvernement fera face. Et le militant que je suis, avec mes amis, et mes collègues, fera face, c’est aussi simple. Vous semblez minimiser vos opposants, en vous basant sur le bilan de votre candidat. Pourtant, ce bilan est malmené ces derniers temps, quand on entend le ministre des Finances reconnaître des tensions budgétaires, quand on voit que les dettes dues aux universités privées créent des tensions même au sein du gouvernement… Le bilan est vraiment en demi-teinte, non ?
Il faut avoir l’honnêteté de dire que notre bilan est honorable sur tous les plans. Maintenant, la situation économique du pays, on peut en parler. Il n’y a pas de honte à dire qu’il y a des tensions de trésorerie. Cela arrive dans tous les pays du monde.
Pourquoi vous vous comparez à tous les pays ? Parlons du Sénégal !
Oui, on parle du Sénégal. Mais l’économie sénégalaise ne vit pas en autarcie. Nous partageons nos règles avec tout le monde. Il peut arriver que nous ayons des tensions dans le budget. Des dettes, il y en a toujours eu. Nous continuons à payer des dettes contractées du temps du Président Senghor. Les générations futures paieront des dettes que le Président Macky a contractées. C’est le système qui est comme cela. Les pays de référence à l’heure actuelle, sont les Etats-Unis et le Japon. Leur dette s’élève à plus de 300%. C’est dire que nous ne sommes pas gênés. Même si on reconnaît que mon collègue le ministre des Finances devrait apporter plus d’explications. Nous assumons ce que nous avons fait. Nous avons pris des engagements avec notre candidat. Nous sommes prêts à aller vers les populations, et leur dire : «Voilà ce que nous vous avions promis, voilà ce que nous avons fait, et voilà les perspectives qu’on vous propose.» Cela, l’opposition ne le fait pas. Leur programme, c’est accuser Macky Sall et ses amis ou ses souteneurs, insulter… Quand on fait face à une telle opposition, on ne la néglige pas, mais on est rassurés. Parce qu’on sait qu’il y a un travail politique qui permet de convaincre les Sénégalais, et qui n’a pas été fait pas ces gens-là, qui sont circonscrits dans certains médias, dans certaines localités, et ont un discours qui, malheureusement pour eux et heureusement pour nous, ne peut pas convaincre les Sénégalais.
On le saura après les élections…
Je fais appel à votre sens de l’observation politique et historique. L’histoire récente, c’est le référendum…
Vous étiez en tête, mais vous n’avez pas atteint la majorité absolue.
Au référendum, tous ces messiers, avec une partie de la Société civile, étaient réunis. On les a battus. C’était le baromètre idéal pour tous ces gens-là qui parlent aujourd’hui. Ils avaient battu campagne ensemble, établi ensemble des stratégies. Ils ont mutualisé leurs finances, leur expertise, et tout. Mais on les a battus. Parmi ces gens-là, certains nous ont rejoints aujourd’hui. Donc, leur appareil politique a été affaibli. La logique voudrait que nous soyons réconfortés. Vous parlez des Législatives. Vous dites qu’on a eu 49%, mais il y a des listes qui étaient aux Législatives qui entretemps, nous ont rejoints. Donc, calcul pour calcul, on devrait être renforcés et on passe au premier tour. En dehors de la volonté manifeste que nous avons, de renverser la situation dans la région de Dakar. Nous, nous travaillons d’arrache-pied pour gagner le département de Dakar à 55%, le département de Pikine à 55%, le département de Guédiawaye à 55% et le département de Rufisque. Ce sont nos objectifs et si nous parvenons à réaliser 90% de cet objectif-là, il n’y a pas de raisons à ce qu’on n’ait pas 60% parce que dans le monde rural, les élections précédentes ont prouvé qu’on gagne à 80, 90%.
Sauf à Mbacké ?
Sauf Mbacké oui. Une preuve qu’on ne manipule pas les élections. Parce que sinon, on ne gagnerait pas Dakar à 35%, on ne perdrait pas le département de Mbacké. Donc, ce ne sont pas des résultats préfabriqués.
Vous allez donner leurs cartes à tous ceux qui veulent voter ?
Bien sûr. Ce débat là aussi, en dehors des accusations, des insultes, des tentatives de déstabilisation, nous savons que ce débat-là va venir. Une rétention des cartes, Non ! Au Sénégal, il n’y a jamais eu un taux de participation supérieur à 60%. Les élections précédentes, on a distribué les cartes à 70%, le reste on va le distribuer. Donc, ce n’est pas un sujet. Leur volonté, c’est de discréditer une élection qu’ils ont déjà perdue. C’est normal mais à nous de prendre toutes nos responsabilités pour les crédibiliser. C’est ça le jeu démocratique mais que ça ne donne pas un prétexte pour théoriser le chaos dans ce pays. Personne ne va l’accepter.
Pour parler du département de Dakar, vous avez mis en place la plateforme Sénégal 2035. Vous avez fait un départ tonitruant avec une très grosse mobilisation, et puis le silence ?
Non, ce n’est pas le silence. Si vous remarquez, on est en train de démanteler les appareils de l’opposition. Nous ne recrutons pas dans la mouvance présidentielle, ce n’est même pas notre vocation. Cette mobilisation, c’est une réponse aux gens qui disent qu’on a tout perdu, qu’on a rompu le pacte avec la jeunesse, qu’on n’est plus attractifs. Non, quand on réussit ce genre de mobilisation, où on ne voit pas de militants de l’Apr et de la mouvance présidentielle, ça nous conforte dans notre position comme quoi, on demeure attractif. Maintenant à Dakar, l’opposition a de bonnes bases et parmi ces porteurs de voix de l’opposition, il y a des gens qui ne se sentent pas à l’aise dans l’Apr ou dans la mouvance présidentielle. Donc, nous mettons en place une dynamique qui fédère toutes ces forces-là et avec pour dénominateur commun, pas la personne de Macky Sall, mais le Pse théorisé par Macky Sall. Parce que nous sommes convaincus que ce plan-là, en 2035, va régler ce problème de pauvreté et de pays en difficulté. On va décoller et c’est ça qui nous regroupe. Donc, il n’y a pas le calme plat. En politique, il y a des activités qu’on décide de publier, de booster, mais il y a aussi des activités qu’on ne dit pas. Si par la grâce de Dieu, on finalise notre plan d’actions, en principe l’opposition n’existera plus à Dakar. C’est ça l’ambition de Sénégal 2035. Mais la question, à vous entendre Mame Mbaye Niang, on se dit qu’une fois l’opposition écartée, est-ce que l’Apr ne vas pas se déchirer ? Vous allez vous retrouver avec Amadou Ba qui tient ses activités de son côté, Diouf Sarr qui tient aussi d’autres activités et un Mame Mbaye Niang qui lance Sénégal 2035. Ce n’est pas un monstre à trois têtes qui pose le problème du patron du département ?
Non, il n’y a pas de patron du département, il n’y a pas de patron régional. Je pense que ce serait de la déloyauté que de poser des actes allant dans ce sens. Il faut être vraiment déloyal pour penser usurper ou théoriser cela. Parce que nos victoires à Dakar ont toujours été obtenues en mutualisant nos forces. Par exemple, pour les dernières Législatives, moi je n’étais pas sur la liste, Amadou Ba était tête de liste. Est-ce que je me suis battu, est-ce que j’étais engagé, est-ce que je me suis investi ? Oui, je l’ai fait. A tel point que les gens pensaient que j’étais sur les listes. Nous ne travaillons pas et nous ne théorisons pas nos actions sur la base de tel patron. Personnellement moi et mes amis, on est derrière un homme pour un plan. Nous ne l’avons pas fait il y a de cela deux ans ou trois ans ou quatre ans. C’est depuis le début. Donc, c’est par conviction… En tout cas, si quelqu’un parmi nous est en train de le théoriser, c’est de l’indécence, c’est de la déloyauté et je ne pense pas que Dieu puisse récompenser la déloyauté.
Vous n’avez donc pas l’ambition d’être le patron de Dakar ?
Non. Moi je suis déjà patron de l’Apr parce que je fais partie des 15 personnes qui ont signé pour la création de l’Apr. Moi, on ne m’a pas recruté. J’ai trouvé le Président Macky Sall chez lui et je lui ai dit si vous avez un projet de société, j’y adhère. Je vous fais confiance. C’est parti de ça et ça s’est renforcé. Moi je ne me définis pas de carrière politique. Il y a dix ans, je n’y pensais pas. J’étais cadre de l’aviation civile dans un autre domaine. Le Bon Dieu qui m’a fait quitter ce domaine-là, s’il décide que demain je serai autre chose, personne n’y pourra absolument rien. C’est ça ma vision. Mais faire ce que je dois, je le ferai en toute responsabilité.
Pour le moment, c’est faire gagner le Président au premier tour ?
Absolument. Nous mobilisons nos forces, notre énergie, nos ressources, notre engagement et notre sincérité pour un seul but dans le court terme, faire gagner le Président Macky Sall. Dans le moyen terme et dans le long terme, c’est donner les moyens politiques pour que le Pse reste le seul et unique référentiel pour les politiques publiques. Nous sommes sûrs que ce plan est viable, que ce plan peut régler les vrais problèmes du Peuple sénégalais.
Que dire de plus ? La brèche de Saint-Louis est un mouroir pour les pêcheurs. Trois y ont encore trouvé la mort dans la nuit du mercredi au jeudi. Pour l’instant, 7 sont portés disparus.
Maudite brèche. A Saint-Louis, les pêcheurs doivent prier au moment de l’emprunter pour rentrer chez eux. Dans la nuit du mercredi au jeudi, une pirogue a encore chaviré au niveau de la brèche, devenue le cimetière des Guet-Ndariens : Il y a 3 morts et 7 portés disparus. Alors que les personnes en vie se débattent pour s’en sortir au niveau de l’hôpital. Selon des témoins, la pirogue qui trans¬portait des pêcheurs a chaviré en manœuvrant pour traverser la brèche, après une partie de pêche.
Après cet accident tragique, les pêcheurs sont à nouveau montés au créneau pour réclamer de meilleures conditions de travail et plus de sécurité. Macoumba Dièye, président de l’Union régionale des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis, regrette les nombreuses pertes en vies humaines depuis l’ouverture de cette brèche en 2003. Il dit : «En un mois seulement, plus de 5 pêcheurs ont perdu la vie au niveau de la brèche qui a aussi provoqué des pertes en matériels estimées à plus de 130 millions. On invite le gouvernement à mieux surveiller et règlementer l’activité de pêche en mettant en place un dispositif de surveillance permettant de contraindre les pêcheurs à rester à quai si les conditions ne sont pas réunies pour garantir leur sécurité.» Que faire pour les contraindre ? «Le Président Macky Sall doit mettre à disposition des bateaux de surveillance, car cette situation ne peut pas continuer. Et on sollicite de lui la mise en place d’un dispositif de secours pour venir en aide rapidement aux pêcheurs en cas d’accident», insiste M. Dièye.
Plus de 280 pêcheurs ont péri au niveau de la brèche ouverte en 2003. Cette situation inquiète les acteurs du secteur qui ont plusieurs fois interpellé l’Etat pour son balisage et dragage afin de réduire les risques d’accidents provoqués souvent par l’ensablement du chenal de passage. Il y a quelques semaines, ils avaient d’ailleurs organisé une grande marche à Saint-Louis pour pousser le gouvernement à agir vite.
«IL FAUT QUE LE JUGE AIT LE COURAGE D’ALLER AU-DELA DES INSTRUMENTS QUI SONT ENTRE SES MAINS»
Redevabilité des Etats lorsque des droits sont violés
Informer, sensibiliser sur les voies et moyens dont disposent les citoyens pour réclamer la redevabilité lorsque leurs droits sont violés : C’est le conseil formulé lors du panel organisé hier, dans le cadre de la célébration des 70 ans de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
«Réclamer la redevabilité lorsque nos droits sont violés» : C’est le thème du panel organisé par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme hier. Lors de cette rencontre, les panélistes ont mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser sur les droits, et les voies et moyens dont disposent les citoyens pour les faire respecter. Selon le Pr Samba Thiam, directeur de l’Institut des droits de l’Homme et de la paix, «lorsqu’une demande est formulée, le juge est obligé, même s’il doit vous dire que la loi sénégalaise n’a rien prévu», de l’examiner.
Pour l’universitaire, il faut commencer d’abord par évoquer cette redevabilité lorsqu’on sent que nos droits sont violés. Soulignant donc cette méconnaissance, le Professeur de droit à l’université recommande l’enseignement des droits de l’Homme. Parlant de la question de redevabilité dans le contexte sénégalais, M. Thiam souligne que c’est «une question d’accès». D’ailleurs, il préconise la mise en place de «l’aide juridictionnelle» parce que, souligne-t-il, «ce que nous avons aujourd’hui c’est l’assistance judiciaire qui existe en matière criminelle». Pour lui, tout est question de volonté politique. Il faut que «l’Etat s’investisse, mette les moyens pour que nous puissions accéder aux droits».
Par ailleurs, l’enseignant a aussi regretté «la timidité des juges» dans l’application de certaines règles. D’après Pr Thiam, «il faut que le juge ait le courage d’aller au-delà des instruments qui sont entre ses mains». Il faut que le juge, estime-t-il, «puisse dépasser le Code de la famille, le Code pénal» et qu’il ait «le courage de dire que : c’est le Sénégal qui a ratifié et instauré dans notre ordonnance juridique des règles, moi le juge donnez-moi les faits, je donne le droit». Poursuivant ses explications, M. Thiam renseigne que «le juge a l’obligation d’aller chercher la règle de droit». Partant de ce fait, il est très facile, d’après lui, «de se contenter du Code de la famille où on parle de puissance paternelle alors que le Sénégal a ratifié le protocole qui parle d’autorité parentale». Pour l’universitaire, «si le législateur traîne les pieds», le juge peut bousculer les choses et la norme législative sera obligée de suivre. «C’est ça qu’on attend du juge administratif, du juge constitutionnel», a-t-il dit.
Le représentant du ministère de la Justice à cette rencontre a pour sa part axé son intervention sur les voies et moyens de recours dont disposent les citoyens lorsque leurs droits sont violés. Julien Ndour, qui est le directeur adjoint des Droits humains dudit ministère, informe que des mécanismes nationaux et internationaux existent pour faire respecter ces droits. S’agissant des mécanismes internationaux comme certaines conventions ratifiées par le Sénégal, il souligne qu’ils n’ont pas un pouvoir contraignant. Selon lui, les Etats ne sont pas obligés d’appliquer la décision de ces comités comme si c’était une décision de justice. Pour M. Ndour, il n’y a pas de contrainte sauf si on doit considérer la réputation de cet Etat au niveau international, la réticence des investisseurs qui tiennent aux droits de l’Homme avant d’y investir, celle de certains pays à avoir des rapports diplomatiques avec cet Etat soutenant qu’il ne respecte pas les droits de l’Homme.
Les cars rapides constituent le principal moyen de transport entre Dakar et sa banlieue. Ils sont impliqués dans la moitié des accidents et tuent chaque année des dizaines de gens sur les routes… Pour rentrer chez moi le soir, j’aime bien prendre le «car rapide», ces tas de ferrailles baroques qui assurent la circulation entre Dakar et sa banlieue. A une heure tardive de la soirée, vers minuit, il y a de fortes chances de trouver votre place à côté d’un ivrogne, de prostituées usées qui finissent leur boulot plus tôt.
Le car rapide, c’est un moyen de transport convivial et franchement, ça détend après une longue journée de travail. C’est dans un car rapide que j’ai surpris un débat entre deux gars complètement bourrés. L’un conseillait à son camarade sur un ton emporté : «N’accepte jamais qu’on donne des suppositoires à ton enfant ! Ça va réveiller chez lui des désirs contre nature. Ces médicaments ont été inventés par des savants pédés pour propager leur vice…»
Mercredi dernier, j’ai été fidèle à mes habitudes de transport. Le car rapide était plein. J’ai trouvé une place dans le «salon», juste derrière le chauffeur. Sauf que ce soir-là, je crois que c’est le chauffeur qui était carrément ivre. Le gars a eu l’idée de faire le rallye entre Dakar et Pikine. A fond la vitesse. Résultat, il a fini sa course dans le ravin, après avoir heurté un 4×4 qui était devant lui et renversé un garde-fou en béton armé sur le trottoir. Voyant l’inévitable arrivé, le passager assis à côté du chauffeur, un jeune homme de 20 ans, s’est précipité pour ouvrir la portière. Mal lui en prit : il s’est retrouvé coincé entre la carcasse du car rapide et la dalle du ravin. Il râlait comme un damné. Il fallait l’entendre. Il a fallu l’arrivée des sapeurs-pompiers pour le tirer de là, les jambes en miettes.
C’est le seul blessé sérieux. Le chauffeur a bien sûr pris la tangente pour éviter le lynchage. Il s’informera sans doute via la presse sur les dégâts qu’il a causés. Eh bien si tu lis ça, espèce de chauffard, sache que t’es un vrai crétin ; et dis à ton apprenti de me rembourser mes 100 F Cfa, tu étais censé me conduire chez moi et pas à la mort…
Les cars rapides sont impliqués dans la moitié des accidents et tuent chaque année des dizaines de gens sur les routes. Mais pour la moitié des Sénégalais, leur tarif est plus accessible. On a tous failli y passer, vu l’allure avec lequel le car rapide roulait. Juste avant le choc, j’étais concentré sur mon portable en train d’envoyer un sms à une amie cinéaste quand j’ai été alerté par un cri de terreur. Presque inhumain… Woooooy. Pour moi, la mort aura ce bruit pour toujours. C’est ainsi qu’elle s’annoncera quand elle viendra un jour toquer à ma porte.
Le lendemain matin, je me suis réveillé avec un mal de tête affreux. J’ai dû cogner la paroi du car rapide assez sérieusement au moment du choc. J’ai le crâne cabossé, mais je n’ai pas eu de traumatisme. La preuve : je me souviens parfaitement de ma date de naissance : le 25 mars 19… du nom de mon chat (mousmi) de mon plat favori : le riz au poisson. J’ai bu mon café en repensant à l’accident…
Ç’aurait été bête de mourir ainsi. Je pense à tous ces gens qui, une fois qu’ils auraient formulé une pensée pieuse à mon égard, auraient maugréé en silence : «Il a été vraiment idiot de prendre un car rapide à cette heure». «Cela ne me surprend pas, il est radin, ne prend jamais le taxi…»
Ç’aurait été malheureux de quitter ce monde ainsi. Mourir de façon aussi insensée. Surtout pour un gars, comme moi, qui veille sur sa santé comme l’huile sur le feu. Passer toute sa vie à surveiller son alimentation, son taux de sucre, fuir le tabac, l’alcool, faire du jogging chaque matin pour finir comme ça, quel gâchis ! Et puis, si je repense à tout l’effort qu’il a fallu faire pour naître et grandir. Passer entre les mailles des programmes de planning, esquiver le palu, les épidémies… Survivre en Afrique demande une sacrée dose d’ingéniosité. J’ai toujours vu les vieillards comme des gens diablement futés qui ont su (provisoirement) esquiver les nombreuses trappes de la mort.
Je sais qu’on ne me demandera pas mon avis, mais je mérite une mort plus raffinée, plus intelligente. Moi qui suis un fervent passionné de littérature et de jazz et autres douceurs de la vie.
Ça ne me tente nullement de mourir jeune, dans la force de l’âge. Malgré ses avantages certains. Laisser un cadavre en forme. Des funérailles réussies avec la présence des nombreux collègues, des amis. La minute de silence avant le match du dimanche matin. Le morceau de tissu noir au bras des coéquipiers. Je sais que la mort n’avertit pas. Elle viendra en invité surprise et laissera tout en plan. Une chambre à ranger, des livres à lire sur ma table de chevet, un blog en chantier, une dette de 5 275 F à payer au boutiquier, des pantalons à récupérer chez le blanchisseur, un paquet de manix sous mon oreiller, un crédit de 125 sur mon téléphone chinois deux puces, des films en téléchargement sur mon ordi…
Pour rapprocher les acteurs politiques et leur offrir un cadre de discussion en vue d’une élection paisible, le Gradec a organisé un forum des partis politiques.
Organiser une élection libre, transparente, sincère et crédible. C’est le souhait du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec). Pour trouver des solutions aux multiples problèmes qui minent le milieu politique, ces membres de la société civile ont organisé hier un forum des partis politiques en vue d’offrir aux acteurs un cadre de discussion.
L’objectif visé, selon Babacar Fall, est d’instaurer un climat de paix pour dépassionner les débats et rapprocher les positions des uns et des autres. «Nous avons suivi le processus électoral depuis le début et nous avons vu dans la dernière période, avec l’adoption de la loi sur le parrainage, qu’au niveau des acteurs, il y a beaucoup de désaccords, de divergences qui se sont cristallisés autour de la question du parrainage, et de la personnalité en charge de l’organisation des élections», a expliqué le secrétaire général du Gradec.
Selon toujours M. Fall, «tout cela a contribué à alourdir le climat politique». Et à trois mois de l’élection présidentielle, les acteurs ne se parlent pas pour le moment. «Les positions sont très crispées», dit-il. Et c’est pour cela qu’ils ont jugé utile d’organiser le forum d’hier, afin de réunir les acteurs pour tenter de renouer le fil du dialogue.
«C’est un cadre où tout le monde peut se sentir à l’aise pour défendre sa position et se sentir écouté», a ajouté Malick Ndiaye, le président du Gradec.
Les membres du Gradec se disent préoccupés comme tous les Sénégalais de la situation politique qui prévaut. «Nous voulons que ce pays aille vers une élection calme, transparente, sincère et crédible», a souhaité Babacar Fall qui s’empresse de préciser qu’ils n’ont pas la prétention de trouver des solutions aux problèmes qui se posent, mais ils pensent «qu’en réunissant les acteurs pour qu’ils parlent, cela pourrait permettre de reprendre les discussions». Sur les questions qui cristallisent les divergences entre les acteurs, «il y a celle du fichier, des cartes d’électeur et la personnalité qui doit organiser les élections», énumère-t-il.
A son avis, «si on accepte de se mettre autour d’une table pour discuter, il est fort possible de trouver des solutions afin d’aller vers une élection calme et paisible».
Interpellé par rapport à la déclaration de Aly Ngouille selon laquelle c’est lui qui organise les élections, Babacar Fall pense que le plus important est qu’il organise des élections transparentes et qu’il soit impartial en créant des conditions pour que ceux qui sont inscrits puissent recevoir leur carte et voter sans entrave.