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9 juin 2025
POUR STEVE BANNON, LA RÉVOLUTION MAGA NE FAIT QUE COMMENCER
Universités, cabinets d'avocats, médias : toutes les élites sont dans le collimateur de l'administration Trump, selon ce stratège de sa première campagne. Il dévoile la mécanique implacable d'une conquête du pouvoir minutieusement planifiée
(SenePlus) - Dans un entretien accordé au Monde, Steve Bannon, stratège de la première campagne de Donald Trump et figure influente de l'extrême droite américaine, livre une analyse sans filtre des cent premiers jours du second mandat présidentiel. S'exprimant depuis son studio d'enregistrement aménagé dans le sous-sol de sa résidence washingtonienne, l'ancien conseiller présidentiel affirme que la stratégie actuelle de l'administration Trump est incomparablement plus efficace que lors du premier mandat.
"C'était providentiel que nous ayons gagné en 2016. Une victoire surprise, sans organisation", confie Bannon au quotidien français. Selon lui, la défaite de 2020 - qu'il persiste à qualifier d'"élection volée" - aurait même été bénéfique : "C'était la divine providence. Nous avions besoin de ces quatre années. Quatre ans consacrés à penser et planifier tout ce qui se fait actuellement, chaque jour."
Le mouvement MAGA (Make America Great Again) a profité de cette période pour conquérir méthodiquement le Parti républicain et préparer l'arrivée d'une nouvelle génération de fidèles. "La clé du mouvement MAGA, c'est que des gens du peuple ont pris des responsabilités [au sein du Parti républicain] et sont passés à l'action", explique-t-il au Monde.
L'ancien stratège détaille la préparation minutieuse du "spoils system" - cette pratique consistant à placer des fidèles aux postes clés de l'administration. "L'État compte 2 millions à 2,5 millions d'agents. Mais vous n'en avez que 4 000 qui comptent", précise-t-il. Parmi ces postes stratégiques, "mille sont des nominations confirmées par le Sénat, membres du gouvernement, directeurs d'agences, procureurs fédéraux et juges. Trois mille peuvent être recrutés dès le premier jour."
Ces nominations massives expliquent, selon lui, la rapidité d'action de l'administration actuelle : "Il y en a déjà 2 200 à 2 300 aux postes de pouvoir. Voilà pourquoi c'est extraordinairement plus rapide que la dernière fois."
Bannon expose sans détour la stratégie trumpiste pour paralyser les opposants : "Ces cent premiers jours, c'est action, action, action ! Nous submergeons l'opposition." Il évoque ainsi la technique du "flood the zone" (stratégie de la submersion) avec "10 ou 12 décrets présidentiels signés par jour".
Cette offensive généralisée vise également les contre-pouvoirs traditionnels. "Le pouvoir aux États-Unis est institutionnel. Nous voulons rendre cette révolution permanente, nous emparer des institutions", affirme-t-il sans ambages, justifiant les bras de fer engagés avec la Cour suprême sur des questions comme le droit du sol.
Le stratège se félicite de la pression exercée sur les élites intellectuelles et juridiques : "Nous avons écrasé les cabinets d'avocats. Ils sont le tissu de muscles, les tendons qui relient le Capitole, Wall Street et la classe politique", dit-il après la capitulation du cabinet new-yorkais Paul Weiss face à la Maison Blanche.
Concernant les universités menacées de perdre leurs financements fédéraux, il préconise des mesures radicales : "Il faut purger les professeurs", affirme ce titulaire d'un MBA de Harvard, ciblant particulièrement "les 200 professeurs progressistes les plus dangereux, non pas seulement pour antisémitisme, mais pour leur néomarxisme."
Malgré son rôle crucial dans la campagne, Elon Musk est sévèrement jugé par Bannon : "C'est un homme vaincu. Il va partir dans quelques semaines, sans aucun impact durable." Tout en reconnaissant son soutien financier déterminant (250 millions de dollars en cinq mois) pour élargir l'électorat MAGA, il critique ses promesses économiques : "Elon Musk a promis de dégager 2 000 milliards de dollars par an. [...] C'était un conte pour enfants, clairement absurde."
Bannon fait partie des rares soutiens de Trump à affirmer publiquement qu'il briguerait un troisième mandat, malgré l'interdiction constitutionnelle : "Inutile de changer la Constitution, ne perdons pas une seconde à le faire", dit-il, assurant avoir "les avocats les plus brillants du pays" pour contourner cette limitation.
Il compare Trump aux grandes figures historiques américaines : "Nous avons eu le général Washington pour la naissance de la nation, Lincoln pour la renaissance de la nation, Trump pour la régénération de la nation."
Cette vision quasi-mystique du leadership trumpiste repose, selon Bannon, sur un "lien viscéral" avec les électeurs : "Le président Trump se connecte aux gens au niveau émotionnel. C'est ce qui fait les grands leaders. Et c'est la plus grande menace pour le système."
HAUTE COUR DE JUSTICE : LE PROJET DE MISE EN ACCUSATION DE 5 ANCIENS MINISTRES EXAMINE LE 8 MAI PROCHAIN
Les députés de la 15e législature sont convoqués en séance plénière le jeudi 8 mai à 10 heures pour examiner un projet de résolution visant à traduire devant la Haute Cour de justice cinq anciens ministres du régime de l’ex-président Macky Sall.
Les députés de la 15e législature sont convoqués en séance plénière le jeudi 8 mai à 10 heures pour examiner un projet de résolution visant à traduire devant la Haute Cour de justice cinq anciens ministres du régime de l’ex-président Macky Sall.
L’annonce a été faite ce jeudi par le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye à l’occasion de la levée de l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Ndeye Saly Diop Dieng.
Les autres personnalités concernées sont Amadou Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima et Ismaila Madior Fall. Elles sont mises en cause dans la gestion controversée des fonds alloués au programme Force Covid-19, destiné à faire face aux conséquences de la pandémie.
La Haute cour de justice est compétente pour juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. L’examen de ce projet marque une étape importante dans les procédures de reddition des comptes engagées depuis l’alternance politique de mars 2024.
HAUTE COUR DE JUSTICE, UN ARSENAL JURIDIQUE DÉPASSÉ
Des textes obsolètes, des lacunes juridiques et des interprétations ambiguës. Tel est le constat d'Alioune Souaré concernant la procédure de mise en accusation d'anciens ministres devant la Haute cour de justice
Une réunion de la Commission des lois en vue de la mise en œuvre de la procédure de mise en accusation devant la Haute cour de justice de cinq anciens ministres du régime de Macky Sall. Alioune Souaré, ancien député et spécialiste du droit parlementaire, nous plonge dans le secret de cette procédure inédite et sans précédent, en livrant, dans cet entretien accordé à Sud Quotidien, les différentes étapes.
Comment appréciez-vous, sur le plan purement technique, la résolution de mise en accusation devant la haute cour de justice d’anciens ministres?
Permettez-moi, de vous dire d’emblée qu’on va vers des procès difficiles où sûrement la bataille de procédure sera très âpre ! Les textes à l’état actuel traînent beaucoup de lacunes, ils sont obsolètes et très ambigus. Prenons l’exemple, avec les articles 99, 100 et 101 qui consacrent la création de la Haute cour de justice dans notre Constitution, ce sont des copiés-collés des articles 67 et 68 du texte originel de la Constitution française de la cinquième république.
La France a évolué pour réformer ces dispositions constitutionnelles depuis 1993, Malheureusement chez nous, c’est le statu quo et c’est pourquoi, on a toujours ce débat avec diverses interprétations du terme « haute trahison » inclu à l’alinéa 1 de l’article 101 précité.
En France, avec la loi 93-952 du 27 juillet 1993 portant révision de la Constitution, ce terme « haute trahison » est supprimé de la Constitution et remplacé par « le manquement à ses devoirs incompatibles au mandat présidentiel et qui est même un motif de destitution ». Là-bas, il n’y que la Haute cour de justice que le président de l’Assemblée nationale dirige qui peut destituer un président de la République ».
Les membres du gouvernement sont jugés par une autre instance de juridiction appelée la Cour de justice de la République présidée par un magistrat de siège et composée de quinze juges dont des parlementaires (sénateurs et députés). La saisine de la Cour de justice de la République s’effectue par le biais de la commission des requêtes. Toujours sur le Bench markéting, on peut parler des textes béninois qui sont très en avant de par leurs clartés, relativement à la Haute cour de justice et à la définition du terme « haute trahison ». La Constitution béninoise accorde le privilège de juridiction au président de la République et aux membres du gouvernement lorsqu’ils exercent la fonction et sont pénalement jugés devant la Haute cour de justice pour des fautes commises. Mais dès qu’ils cessent leurs activités présidentielles ou gouvernementales et on remarque après qu’ils avaient commis des fautes de gestion, ils répondent dans ce cas pour leurs actes devant les juridictions de droit commun (art.136 Constitution). Et puis, dans la composition des membres de la Haute cour de justice, il y a plus d’acteurs judiciaires que de politiciens (6 membres de la Cour constitutionnelle excepté son président, le président de la Cour suprême et 6 députés) et le président est élu à leur sein.
Quelles sont les différentes étapes de cette procédure au niveau de l’Assemblée nationale ?
Les étapes de la procédure concernant les ministres cités, sont retracées par l’art. 101 alinéa 2 et 3 de la Constitution et qui est complété par la loi organique n° 2002-10 du 22 février 2002 portant sur la Haute cour de justice, elle fixe ainsi les règles du jeu. C’est donc à la commission des lois qu’il incombe de préparer et de soumettre un projet de résolution de mise en accusation pour chaque ministre concerné et qui fait l’objet de discussion entre les députés avant d’être adoptée par la plénière. Conformément, à l’article 17 de la loi organique susvisée qui stipule : « la résolution de l’Assemblée nationale votée dans les conditions prévues à l’article 101 de la Constitution et portant mise en accusation devant la Haute de justice, contient les prénoms, les noms, les fonctions des accusé, l’énoncé sommaire des faits qui leur sont reprochés et, dans le cas prévu à l’alinéa 2 de l’article 101 de la Constitution, le visa des dispositions législatives en vertu desquelles est exercée la poursuite».
Qui composent la Commission d’instruction et quel est son agenda de travail ?
La Commission d’instruction est dirigée par le président de la Cour d’appel de Dakar et elle est composée de quatre autres magistrats de la Cour d’appel. Dès réception de la résolution de mise en accusation, elle se réunit sans délai et démarre les enquêtes selon son agenda de travail et suivant la convocation de chacun des ministres accusés.
Quelle est la procédure de comparution des mis en cause devant cette Commission d’instruction ?
La loi organique 2002-10 du 22 février 20O2 relative à la Haute cour de justice dissocie deux niveaux de comparution des accusés, il y a la comparution devant la Commission d’instruction et la comparution de jugement. L’article 21 de ladite loi dispose : « la Commission d’instruction est convoquée sans délai sur ordre de son président qui invite chaque inculpé à faire assurer sa défense par un avocat régulièrement inscrit ou une personne de son choix. Faute par l’inculpé de déférer à cette invitation, il lui désigne un défenseur d’office parmi les avocats inscrits. Jusqu’à la réunion de la Commission d’instruction, son président peut accomplir tous les actes d’informations utiles à la manifestation de la vérité et peut décerner tout mandat contre les accusés. Dès sa première réunion, la Commission confirme, le cas échéant, les mandats décernés par son président ».
Le constat que l’on peut faire après lecture de cette disposition, c’est la restriction des droits et libertés pour la défense des inculpés (assistance par un seul avocat devant la Commission d’instruction), alors que l’article 22 donne plein pouvoir au quatre magistrats instructeurs de disposer en guise d’assistance d’un ou plusieurs magistrats qui reçoivent commission rogatoire pour instruire une ou plusieurs affaires. L’autre déduction, c’est que le président de la Commission d’instruction peut, dès réception de la résolution de mise en accusation et avant la première réunion de sa Commission, décerner un mandat d’arrêt contre les ministres accusés !
Les arrêts de cette Commission d’instruction sont ils susceptibles de recours
Non ! Les actes de la Commission d’instruction ne sont susceptibles d’aucun recours. Elle est saisie des faits qualifiés crimes et délits visés par les dispositions de la loi pénale et énoncés dans la résolution de la mise en accusation. Après instruction, elle ordonne, s’il y a lieu, le renvoi des accusés devant la Haute cour de justice, lorsque la procédure lui paraît complète.
Comment se fait la comparution de jugement
Concernant la comparution de jugement, à la requête du procureur général, le président de la Haute cour de justice fixe la date d’ouverture des débats du procès en jugement et les accusés reçoivent huit (8) jours au plus tard avant leur comparution devant la Haute cour signification de l’ordonnance de renvoi.
Les audiences devant la Haute cour sont-ils ouverts au public ?
Les débats devant la Haute cour sont publics, iIs peuvent exceptionnellement se tenir à huis clos. Après la clôture des débats, la Haute Cour statue sur la culpabilité des accusés et sur l’application d’une peine. II est procédé au vote par bulletin secret à la majorité absolue pour chaque chef d’accusation et pour chaque accusé. Toutefois, s’il y a deux peines distinctes prononcées et dans lesquelles aucune entre elle n’a obtenu la majorité des voix, il est écarté au fil et à mesure la peine la plus forte, le vote se poursuit jusqu’à ce qu’une peine obtienne la majorité des votants. Cependant, il faut relever que ce vote des juges de la Haute cour sur l’application des peines prévu à l’article 34 de la loi organique 2002-10, contraste avec les dispositions de l’article 101 alinéa 3 de la Constitution qui stipule : « la Haute cour est liée par la définition des crimes et délits, ainsi que par la détermination des peines, telle qu’elles résultent des lois pénales en vigueur au moment où les faits ont été commis».
Les jugements rendus par la Haute cour de justice sontils susceptibles de recours ?
Les arrêts de la Haute cour ne sont susceptibles, ni d’appel ni de pourvoi en cassation. IIs peuvent cependant faire l’objet de révision dans les formes et conditions légales. Cela pose le problème du respect du principe de double degré de juridiction en matière de procès civil. On se rend compte que pour la Commission d’instruction comme pour la Haute cour de justice, les accusés n’ont aucune possibilité de faire un recours, comme c’est dans les juridictions de droit commun.
TOURNANT DECISIF POUR L’AS VILLE DE DAKAR
Battue une deuxiéme fois par l’équipe de Kriol Star du Cap Vert (95-92), l’As Ville va jouer ce samedi 3 et demain dimanche, à Dakar Arena, sa qualification pour la phase finale du Basketball Africa League.
L’AS Ville joue son va-tout ce samedi et demain dimanche dans la Conférence du Sahara qui baisse ses rideaux avec ses dernières journées. Relégué à la 3e place suite à une défaite face au Kriol Star du Cap Vert, le champion du Sénégal fera face ce samedi à Dakar Arena (17H30) à une revancharde équipe angolaise de Petro de Luanda. Il terminera son parcours demain dimanche par un duel tout autre décisif face aux Tunisiens de l’Us Monastir.
Après quatre journées, le suspense rester entier dans ce tournoi où les quatre équipes se tiennent de prés au classement avec deux victoires et deux défaites chacune. Le club dakarois aura l’obligation de succés pour pouvoir valider sa qualification aux play-offs ou phases finales de BAL qui regrouperont les six équipes qualifiées directement dans les Conférences du Nil, du Sahara et de Kalahari ainsi que les deux meilleures équipes classées troisièmes.
Battue une deuxiéme fois par l’équipe de Kriol Star du Cap Vert (95-92), l’As Ville va jouer ce samedi 3 et demain dimanche, à Dakar Arena, sa qualification pour la phase finale du Basketball Africa League.
Relegué à la 3e place avec deux victoires et autant de défaites,le représentant du Sénégal engage un tournant décisif face à Petro de Luanda qu’il affronte pour le compte de la 5e journée de la Conférence du Sahara. Des retrouvailles qui s’annoncent décisives dans la course vers la qualification à la final 8 prévue au mois de juin prochain à Pretoria, en Afrique du Sud.
Après quatre journées, c’est le statu quo et les quatre équipes se tiennent de prés au classement. L’As Ville de Dakar est encore attendue par un public. Elle devrait encore se sublimer face à une revancharde formation angolaise qu’elle avait réussi, lors de la phase aller à battre sur le fil (65-64). Ce précieux succès face aux tenants du titre a, sans doute, été le match référence pour le club dakarois. Surtout après un jeu presque indigent livré lors de la première défaite contre l’équipe du Cap-Vert.
Contre les Angolais, les hommes du coach Libasse Faye avaient vite rectifié le tir, en affichant un meilleur visage devant les coéquipiers de l’intenable Patrick Gardners. Impérial sous la raquette et sur les tirs à mi distance, le joueur angolais avait fini comme meilleur marqueur avec 19 points et 9 rebonds. L’As Ville de Dakar est donc prévenue. L’explosivité de Makhtar Guèye, auteur d’un double-double et un des tops scoreurs du team sénégalais, ajoutée à la vista du meneur Will Perry, la puissance sous la raquette du pivot Atar Majok ou encore l’adresse de Abdoulaye Harouna, la team ne manque pas d’arguments pour rééditer son coup.
L’As Ville de Dakar boucle son parcours demain dimanche par un ultime retrouvaille avec l’Us Monastir qui occupe la deuxième place du classement. En cas de nouveaux succés, le champion du Sénégal pourrait valider l’un des deux places qui ménent au play-off ou Final 8. A défaut d’espérer terminer parmi les deux meilleures équipes classées troisièmes des Conférences du Sahara, du Nil et de Kalahari.
PROGRAMME
SAMEDI 3 MAI 2025
14H30 : Kriol Star-US Monastir
17H30 : Petro Luanda-ASCVD
DIMANCHE 4 MAI 2025
14H30 : Petro Luanda-Kriol Star
17H30 : US Monastir-ASCVD
GUINEE BISSAU, L’OPPOSITION SCELLE L’UNION SACREE ET SOLDE SES COMPTES AVEC EMBALLO
Deux coalitions de l’opposition majoritaire en Guinée Bissau, l’Alliance pour la paix et l’intégrité API – CG dirigé par Nuno Nabiam et PAI-Terra Rank de Domingos Simoes Preira ont signé un accord à Paris, à six de la présidentielle
La présidentielle en Guinée Bissau est prévue dans six mois. Dans cette perspective, l’opposition se mobilise et scelle l’union sacrée pour faire face à l’actuel président Umaro Cissoco Embalo.
Deux coalitions de l’opposition majoritaire en Guinée Bissau, l’Alliance pour la paix et l’intégrité API – CG dirigé par Nuno Nabiam et PAI-Terra Rank de Domingos Simoes Preira ont signé un accord à Paris en France. Un accord qui marque un tournant majeur dans la perspective des élections générales prochaines.
Quatre anciens Premiers ministres, Nuno Nabiam, Domingos Simoes Preira, Bassirou Dia, Aristide Gomes se sont donné la main, promettant de taire leurs ambitions personnelles pour être au service des populations bissau guinéennes. Ils disent être déterminés à faire front devant l’objectif d’Emballo de diviser l’opposition.
Dans une déclaration dite « déclaration de Paris » ces leaders de l’opposition font un diagnostic sans complaisance de la situation actuelle du pays et critiquent la gestion actuelle du pays. « Aujourd’hui plus que jamais, dans le contexte de l’histoire contemporaine de l’Etat de Guinée Bissau, notre peuple est confronté à un processus d’institutionnalisation du clientélisme et du néopatrimonialisme, alimentée par une corruption et une répression endémique. Le régime d’Umaru Cissoco ELMBALLO a été basé sur une capture personnelle progressive de toutes les institutions de l’Etat pour les subordonner à sa personne de manière exclusive » peut-on lire dans la déclaration, qui liste les maux qui gangrènent le pays.
Et de poursuivre : « le régime d’Umaro Embalo encourage la banalisation des trafics de toutes sortes et du crime organisé en raison de l’affaiblissement programmé des institutions dédiées à la lutte contre ces maux, leur infligeant une concurrence illégale, forcée et criminelle de la part de ses milices retranchées dans le palais de la République ».
La dissolution jugée illégale de l’Assemblée Nationale, celle de la Cour suprême, l’entrave par la force de la tenue de l’élection présidentielle sont autant de passifs que les leaders de l’opposition dénoncent. A quelques mois de la présidentielle, la tension politique monte en Guinée Bissau où l’opposition qui a décidé de taire les ambitions personnelles se met en ordre de bataille
Par THECONCERSATION
COMMENT LE RÉGIME MILITAIRE MOBILISE L'HISTOIRE ET LES EMOTIONS POPULAIRES AU MALI
Les données d'une enquête menée par le réseau panafricain Afrobaromètre et MaliMètre, dirigée par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung depuis 2012, indiquent un niveau élevé de satisfaction à l'égard du régime militaire
Le président de transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, arrivé au pouvoir à la suite du coup d'État du 18 août 2020, jouit d’un large soutien populaire. Les données d'une enquête menée par le réseau panafricain Afrobaromètre et MaliMètre, dirigée par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung depuis 2012, indiquent un niveau élevé de satisfaction à l'égard du régime militaire.
Dans le sondage Mali-Métre de 2024, neuf répondants sur dix estimaient que le pays allait dans la bonne direction. Pourtant, la situation économique des Maliens se détériore. Dans une analyse récente, la Banque mondiale a souligné que la junte avait du mal à assurer des services publics dans un contexte de croissance morose, d'inflation élevée et d'extrême pauvreté. Le fait que les Maliens semblent toujours très satisfaits de leur dirigeant nécessite quelques explications.
Dans un article récent, fondé sur une vaste expérience de terrain au Mali, nous montrons comment Goïta a construit un nouveau contrat social sur un discours autoritaire, s'érigeant en protecteur du Mali. Le régime a instrumentalisé le mécontentement suscité par les interventions internationales pour présenter Goïta comme un « homme d'exception » pour des “temps exceptionnels”, en s'appuyant sur les mythes et les traditions maliennes. Nous montrons comment le nouveau contrat social du régime ne repose pas sur l'offre de services publics, mais sur l'idée que Goïta est le défenseur et le libérateur du Mali. Le régime a ainsi établi un lien social avec la population qui place la dignité au-dessus de tout.
UN NOUVEAU LIEN SOCIAL
En 2012, le Mali a connu une grave crise déclenchée par une rébellion séparatiste dans les régions du nord du pays. Des groupes insurgés djihadistes ont pris le contrôle de la rébellion, conduisant à un coup d'État militaire. Des interventions internationales ont suivi. La Cedeao, l'ONU et la France ont déployé des efforts pour rétablir la sécurité, la stabilité et la paix. Mais le déploiement de 5 000 soldats français et de 15 000 casques bleus de l'ONU n'a pas empêché la détérioration de la situation sécuritaire. Dans le même temps, les institutions démocratiques maliennes n'ont pas réussi à rétablir le contrôle du territoire et à lutter contre la corruption et la pauvreté, malgré la tenue d'élections régulières. Des manifestations massives réclamant la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta ont ouvert la voie au coup d'État militaire de 2020. Ces échecs ont fourni à la junte un terreau fertile pour asseoir sa légitimité.
Avec Goïta est apparu un nouveau discours, qui ne porte pas sur la construction d'un État libéral et le développement, mais sur le rétablissement de la souveraineté et de la dignité du Mali. Ces idées sont relayées dans des discours prononcés lors de forums tels que l'Assemblée générale des Nations unies et dans des discours publics relayés par les médias, ainsi que par un réseau organisé d'influenceurs en ligne. Les débats publics sur la lutte contre les forces du néocolonialisme et la revendication de la souveraineté sont antérieurs à la junte.
Le régime a exploité ces sentiments. Il oppose des décennies d'humiliation, de faiblesse et de dépendance visà-vis de la France à une vision glorifiée du passé antique du Mali. Les mouvements de protestation populaires tels que Yerewolo Debout sur les Remparts font de même depuis longtemps.
Aujourd'hui, le discours officiel présente Goïta comme un héros capable de mener son peuple vers une nouvelle ère où le Mali sera traité avec respect. Ce cadre a ravivé l'héritage de Thomas Sankara, le défunt chef militaire du Burkina Faso (1983-1987). Souvent surnommé le « Che Guevara » africain, Sankara était un révolutionnaire charismatique connu pour ses discours passionnés, sa position audacieuse contre la corruption et ses efforts pour défier les anciennes puissances coloniales. Il a été assassiné lors d'un coup d'État en 1987, mais son héritage continue d'inspirer les jeunes Africains.
Les figures du régime, en particulier le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, font souvent référence à des légendes et à des récits historiques pour nourrir cette mythification : • des références aux anciennes villes de Gao et Tombouctou avec leurs bibliothèques, leurs mosquées et leurs lieux de culte;
• des récits sur les guildes de chasseurs, ou dozo des peuples bambara et dogon – des héros à la fois craints et respectés;
• des légendes comme celle de Soundiata Keita, héros et fondateur de l'empire du Mali.
Selon les données d'une récente enquête du Mali-Mètre, 70 % des Maliens considèrent la lutte contre l'insécurité comme leur priorité absolue. Cela montre combien de Maliens se sentent confrontés à une menace similaire à celle qui existait lorsque le peuple malinké a supplié Soundiata de devenir leur sauveur.
Ainsi, dans un environnement marqué par le chaos, la guerre, la confusion et le désespoir, un héros chasseur-guerrier est nécessaire. Un homme capable non seulement de sauver la société, mais aussi de restaurer l'ordre, la justice et la dignité à son peuple au prix de sacrifices. Tout récit héroïque a besoin d'un ennemi. Et le régime n'a pas eu à chercher loin.. Il suffisait d'exploiter les frustrations sociales déjà dirigées contre la France et d'autres forces extérieures qui n'avaient pas réussi à combattre les insurgés et à rétablir la sécurité.
UN ENNEMI FEDERATEUR
Comme le montrent Afrobaromètre et Mali-Mètre, de nombreux Maliens, aussi pauvres et démunis soient-ils, trouvent du réconfort dans la confrontation entre le régime et des adversaires redoutables tels que la France et l'ONU et dans les victoires qui leur sont présentées.
Avec près de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, le Mali est l'un des pays les plus jeunes du monde. Le cas du Mali montre une population africaine jeune, désespérée de voir un changement social et prête à endurer des épreuves pour atteindre la terre promise.
La situation politique du Mali, comme au Burkina Faso et au Niger voisins, où les conditions sont similaires, invite à reconsidérer le rôle des acteurs locaux. Les citoyens réagissent de manière active et rationnelle à leur contexte politique. Considérer ces personnes comme ignorantes ou naïves empêche de mieux comprendre la nouvelle donne politique.
THECONCERSATION
RENÉ BASSENE MENACE DE METTRE FIN À SES JOURS
Après sept ans et deux mois d'incarcération à la prison de Ziguinchor, le journaliste voit s'évanouir son dernier espoir avec le rejet de son pourvoi en cassation par la Cour suprême
Incarcéré depuis sept ans et deux mois à la prison de Ziguinchor, René Capain Bassène voit son dernier espoir s’envoler. Son pourvoi en cassation a été rejeté par la Cours suprême qui confirme la peine de prison à perpétuité qui a été prononcée dans l’affaire dite du « massacre de Boffa Bayotte (2018).
Déjà très affaibli en détention, le journaliste René Capain Bassène s’effondre davantage après la décision rendue hier vendredi par la Cour suprême. Une décision qu’il aurait très mal vécue, au point de menacer de mettre fin à ses jours, selon des confidences en provenance de la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Ziguinchor.
René Capain Basséne a repris sa grève de la faim depuis ce vendredi, relançant ainsi une diète noire entamée il y a quelques semaines avant d’être suspendue. Très affecté par le rejet de son pourvoi en cassation par la Cour suprême, le journaliste détenu au MAC de Ziguinchor a confié à ses proches : « Après cette décision, il ne me reste plus qu’à trancher. Que personne ne vienne me dire quoi que ce soit. Je ne resterai pas en prison pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai décidé de ne plus manger ni boire, j’entame une diète noire jusqu’à l’extinction… » a-t-il confié René à ses proches.
Condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité, peine confirmée après son procès en appel, la Cours suprême vient de rejetter son pourvoi en cassation, introduit au lendemain du verdict en appel.
Détenu à la maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor depuis janvier 2018, le journaliste René Capain Bassène apparaît de plus en plus affaibli, moralement et physiquement. Il se dit profondément meurtri, convaincu d’avoir été sacrifié dans le dossier Boffa Bayotte, une affaire qu’il estime instrumentalisée sur fond de conflit en Casamance. Clamant inlassablement son innocence, il ne comprend pas le traitement qui lui est réservé, tandis que César Atoute Badiate, condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité, reste en position de négociateur dans le processus de paix avec l’État du Sénégal.
Une situation jugée incompréhensible par René Capain Bassène. Dès les premières heures de l’affaire, il a été affublé de l’étiquette de « cerveau du massacre », un qualificatif qu’il n’a jamais accepté. Dans le dossier Boffa Bayotte, il demeure à ce jour, le seul condamné en détention, aux côtés du chef rebelle César Atoute Badiate, condamné par contumace. Tous les autres prévenus ont été acquittés ou blanchis dans cette affaire qui avait bouleversé le pays. Quatorze coupeurs de bois avaient été exécutés par un commando armé dans la forêt de Boffa Bayotte, en janvier 2018. Un drame qui avait provoqué stupeur, indignation et émotion nationale.
Sept ans plus tard, l’épilogue judiciaire semble se dessiner avec le rejet, vendredi, du pourvoi en cassation de René Capain Bassène par la Cour suprême.
Les accords de paix entre l’État et le MFDC peuvent-ils sauver René Capain Bassene ?
C’est la question que se posent nombre d’observateurs dans le sud du pays. Si certains plaident pour une loi d’amnistie comme seul espoir pour libérer le journaliste, d’autres évoquent une piste politique à travers les discussions en cours avec le MFDC. Les recommandations issues de ces pourparlers évoquent en effet la possibilité d’amnistier des membres du mouvement indépendantiste. Mais dans le cas de Bassène, une difficulté majeure se pose: il n’a jamais été membre du MFDC. Peut-il dès lors bénéficier d’une éventuelle mesure d’amnistie ? L’affaire prend une tournure de plus en plus complexe, d’autant que Bassène a fini d’épuiser ses recours judiciaires. En attendant une hypothétique solution, René Capain Bassène, toujours détenu à la prison de Ziguinchor, poursuit ses grèves de la faim à répétition, dans l’espoir de faire entendre son cri de détresse.
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REVUE DE PRESSE DU 3 MAI 2025 : JUSTICE, LIBERTE DE LA PRESSE ET PERCEE DES LIONS SUR LE SABLE
La presse nationale en fait largement écho, avec des unes consacrées à des affaires judiciaires retentissantes, des tensions politiques, des débats sur la régulation des médias, mais aussi des succès sportifs notables.
(SenePlus) En ce 3 mai 2025, journée mondiale de la liberté de la presse, l’actualité sénégalaise est dense et foisonne de sujets brûlants. La presse nationale en fait largement écho, avec des unes consacrées à des affaires judiciaires retentissantes, des tensions politiques, des débats sur la régulation des médias, mais aussi des succès sportifs notables. Tour d’horizon des grands titres du jour.
TEMPETE JUDICIAIRE ET POLITIQUE : LA HAUTE COUR AU CŒUR DE L’ACTUALITE
Les affaires judiciaires continuent d’occuper le devant de la scène. Le journal Sud Quotidien ouvre son édition sur un dossier lourd impliquant deux députés : « Roues libres vers la Haute Cour », titre-t-il, en référence à la levée de leur immunité parlementaire. Cette procédure, qui vise à traduire certains élus devant la Haute Cour de Justice, cristallise les tensions au sein de l’Assemblée nationale.
Dans le même registre, Les Échos met en lumière « La défense de choc de Moustapha Diop et Ndèye Saly Diop », deux personnalités clés confrontées à la justice. Le journal ajoute : « Cinq anciens ministres de Macky vers la Haute Cour de Justice », soulignant l’ampleur de l’opération mains propres que le pouvoir actuel semble vouloir mener.
De son côté, Libération révèle un chiffre frappant : « Un total de 5 milliards de FCFA consigné » dans le cadre d’un dossier de détournement présumé. Le journal évoque également des peines de prison à vie requises contre des figures impliquées dans des affaires de grande envergure.
L'Évidence, pour sa part, revient sur les accusations portées contre Ousmane Diagne : « Ousmane Diagne détaille les accusations », alors que Rewmi Quotidien publie « Les graves révélations du Garde des Sceaux », confirmant une volonté de transparence — ou de contre-offensive — de la part des autorités judiciaires.
Enfin, Source A s'attaque au dossier médiatique qui secoue la place publique : « Jeune Afrique pendu », écrit-il en une, en parlant de « présumées preuves accablantes » qui viendraient contester des révélations publiées récemment par l’hebdomadaire panafricain.
LIBERTE DE LA PRESSE : ENTRE CELEBRATION ET MALAISE
Alors que le monde célèbre aujourd’hui la liberté de la presse, les médias sénégalais adoptent un ton critique et introspectif. EnQuête titre sobrement : « La presse sénégalaise sous condition », dénonçant les limites à l’exercice du journalisme dans un contexte de plus en plus tendu.
Le Soleil, quotidien d’État, résume la situation par un constat sans appel : « La presse à hue et à dia », signe d’un paysage médiatique fragmenté et en quête de repères. WalfQuotidien alerte sur les frictions entre organes de régulation et institutions étatiques : « Le CDEPS recadre le ministère », en évoquant un bras de fer autour de la conformité des médias.
Sur le plan international, Tribune interpelle sur « Le paradoxe du classement RSF 2025 », qui vient de paraître, et qui suscite déjà de nombreuses critiques. Le journal met en avant les voix discordantes qui « se démarquent du pacte » censé protéger les journalistes.
Dans cette même veine, L’AS titre : « L’État engage la réforme des médias », tandis que Lii Quotidien note que « La commission Soleil est dans le néant », en référence à une initiative de concertation avortée.
VIE POLITIQUE : SONKO PLAIDE UNE TREVE, LES CRITIQUES FUSENT
Sur le terrain politique, une déclaration de l'opposant Ousmane Sonko retient l’attention. Selon Le Quotidien, le leader du Pastef propose « un cessez-le-feu de trois ans » avec le régime actuel. Une main tendue qui divise : ses partisans y voient un geste de responsabilité, mais l'opposition radicale y décèle une stratégie d’endormissement.
Par ailleurs, Direct News revient à la charge contre Jeune Afrique avec ce titre incisif : « Les "mensonges" de Jeune Afrique », dénonçant un article jugé diffamatoire à l’endroit du nouveau régime. L’article évoque aussi les pressions subies par certains proches du pouvoir, victimes de « harcèlement », selon leurs dires.
AFFAIRES PUBLIQUES ET GOUVERNANCE : VERS DES REFORMES EN PROFONDEUR
Le Point livre les détails des prochaines grandes réformes étatiques avec ce titre : « Habibou Dia détaille les nouvelles mesures », en lien avec des décisions attendues dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la fonction publique.
Dans un autre registre, Lii Quotidien revient sur le naufrage d’un programme phare : « La commission Soleil dans le néant », un projet de réforme de la régulation audiovisuelle resté lettre morte.
Quant à L’Info, il parle d’un « Baroud d’honneur des deux députés » qui refusent de céder face à leur mise en accusation, tandis que Vox Populi célèbre les avancées du pays sur la scène internationale avec ce titre optimiste : « Le Sénégal gagne 20 places » dans un classement de performance globale.
VICTOIRE DES LIONS AU BEACH SOCCER : UNE ENTREE EN FANFARE
La note sportive du jour est triomphale. Tous les quotidiens spécialisés saluent la belle entrée du Sénégal à la Coupe du Monde de Beach Soccer 2025. Stades, Sunu Lamb, Wiwsport et Record partagent un même enthousiasme : « Le Sénégal lance idéalement sa campagne en battant l’Espagne ».
Record précise même le score : « Les Lions surclassent la Roja (4-1) », et met à l’honneur Edouard Mendy, homme du match. Wiwsport complète : « Manchester City bat Wolverhampton et se rapproche de la C1 », signalant aussi les derniers développements en football européen.
La 16e édition du festival international Stlouis’docs s’est ouverte mardi 29 avril à l’Institut français de Saint-Louis, avec une soirée inaugurale placée sous le signe de l’émotion et de l’engagement.
Mardi 29 avril, à l’Institut français de Saint-Louis, le rideau s’est levé sur la 16e édition du festival Stlouis’docs par une soirée de projection chargée d’émotion et d’histoire. Devant un public attentif, le court-métrage « Afrique sur Seine » de Paulin Soumanou Vieyra a ouvert la séance à 20h, suivi du documentaire « Afrikki » de Gaël Le Roy. Un voyage dans les racines du cinéma africain et dans les luttes d’aujourd’hui. L’évènement se tient du 29 au 3 mai 2025.
C’est à 20 heures précises, mardi 29 avril, que le rideau s’est levé sur la 16e édition de Stlouis’docs, le festival international du film documentaire de Saint-Louis. À l’Institut français, les cinéphiles ont été conviés à une immersion poignante dans deux univers d’Afrique et de mémoire : « Afrikki », un documentaire engagé signé Gaël Le Roy et « Afrique sur Seine », un hommage cinématographique à Paulin Soumanou Vieyra, pionnier du 7e art africain. Deux œuvres, deux visions, une même volonté de faire parler l’image pour dire le réel. Né dans les rues de New York à la fin des années 1970, le hip-hop a toujours été un cri du cœur, une réponse aux injustices vécues par les jeunes marginalisés.
Ce mouvement culturel, d’abord musical et rapidement devenu un phénomène global, a su, au fil des décennies, transcender ses origines pour s’imposer comme une forme de contestation sociale et politique. Son essence repose sur l’idée que la musique, le graffiti, la danse et les mots peuvent servir à briser le silence, à dénoncer les inégalités et à faire entendre les voix des opprimés. De cette énergie brute née dans les ghettos, le rap, art populaire et puissant, a su conquérir le monde. C’est dans ce contexte de lutte pour la liberté d’expression et de justice sociale que « Afrikki », long métrage en compétition, plonge, en suivant le mouvement « Y’en a marre » au Sénégal qui a inspiré beaucoup de pays africains. Ce collectif d’artistes, de journalistes et de militants utilise le rap non seulement comme un moyen d’expression artistique, mais aussi comme un outil de révolte contre un système politique jugé corrompu et déconnecté des réalités sociales.
La voix d’une jeunesse en lutte
En tant qu’extension de ce phénomène global, « Y’en a marre » s’impose comme une incarnation moderne du pouvoir de la culture hip-hop pour susciter le changement et faire face aux défis d’une Afrique en pleine mutation.Depuis 2011, « Y’en a marre » est devenu un moteur de résistance, utilisant le rap comme une arme pour défier un système politique perçu comme corrompu et déconnecté des réalités sociales. Ce n’est pas un hasard si la plupart des membres du collectif sont issus de la scène hip-hop : ils comprennent que, comme le rap l’a fait ailleurs, la musique peut être un catalyseur de changement. Dans un pays où la parole politique officielle est souvent réservée aux élites, le rap et l’art de la rue deviennent des instruments privilégiés pour ceux qui n’ont pas accès aux leviers de pouvoir traditionnels.
« Afrikki » capte cette effervescence et cette énergie collective, mais aussi l’humain derrière la révolte. Plus qu’une simple chronique d’un mouvement musical, le film explore la manière dont le hip-hop devient un langage puissant de résistance. À travers des paroles sans fard et des performances vivantes, les membres de « Y’en a marre » ont usé du rap pour dénoncer la corruption, l’injustice et l’inefficacité des institutions sénégalaises. Et tout comme leurs homologues dans les ghettos de New York, ces artistes parviennent à redonner à la musique une dimension politique, en en faisant le fer de lance d’une révolte pacifique, mais implacable.
Premier court-métrage de l’histoire du cinéma africain
Réalisé en 1955, « Afrique sur Seine » est bien plus qu’un film : c’est une pierre fondatrice. « C’est le premier court-métrage de l’histoire du cinéma africain. Il a été réalisé dans un contexte où cette première génération de cinéastes qui ont fait leurs études en France n’avait la possibilité de filmer en Afrique, car c’était interdit », a rappelé Mamadou Sellou Diallo, réalisateur et producteur, également coordonnateur du Master-Cinéma à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Ce court-métrage nous plonge dans le quotidien des jeunes Africains exilés à Paris dans les années 1950. Caméra à l’épaule, Paulin Soumanou Vieyra capte les errances et les espérances de cette génération entre la butte Montmartre, les quais de Seine et le Quartier latin. Loin des clichés coloniaux, il donne la parole à ceux qu’on ne voyait pas, dans un Paris sans soleil, mais plein de promesses. « Cette 16e édition du festival coïncide avec le centenaire de l’auteur. C’est donc une façon de le célébrer », a indiqué M. Diallo, en se réjouissant de la projection. Né au Dahomey en 1925, Vieyra fut le premier Africain diplômé de l’Institut des hautes études cinématographiques. Cinéaste, critique, historien, il a laissé une œuvre monumentale avant de s’éteindre en 1987. Son film culte, entre poésie urbaine et manifeste identitaire, a inspiré les géants du continent comme Ousmane Sembène ou Djibril Diop Mambéty.