Derrière les prouesses de l'intelligence artificielle se cache une réalité plus sombre : l'exploitation des ressources du Sud. Hady Ba appelle à investir dans le génie sénégalais pour le développement d'une technologie locale
Intelligence artificielle : Hady Ba plaide pour une "IA à la sénégalaise""Il ne faut pas avoir peur de l'IA, c'est un outil", martèle d'emblée Hady Ba, chef du département de philosophie à la Fastef et directeur de l'animation culturelle et scientifique de l'Ucad. Pour ce spécialiste, la crainte généralisée autour de l'intelligence artificielle au Sénégal relève d'une "peur irrationnelle" qu'il faut dépasser.
Si le docteur Ba refuse la diabolisation de l'IA, il n'en minimise pas les dangers. "Comme tous les outils, l'intelligence artificielle entre de mauvaises mains est dangereuse", explique-t-il, citant Jean Rostand : "La science a fait de nous des dieux avant que nous ne méritions d'être des hommes."
L'expert pointe du doigt les biais intégrés dans les systèmes actuels : "Nous sommes en train de créer une intelligence artificielle qui va être sexiste, raciste, parce qu'elle est le reflet de la société occidentale actuelle." Il dénonce également un "nouveau colonialisme" avec l'exploitation des ressources en eau au Chili par Google ou les conditions de travail précaires des annotateurs de données au Kenya.
Face à cette hégémonie technologique, Hady Ba plaide pour une alternative locale. "Si nous voulons que nos valeurs, que nos idées soient transmises, il faut que nous développions, que nous utilisions les outils qui existent pour transmettre nos valeurs", insiste-t-il.
Le chercheur rejette l'idée d'une "IA à la sénégalaise" comme concept technique, préférant parler d'une "intelligence artificielle utilisée et développée par des Sénégalais". La nuance est importante : il s'agit de maîtriser l'outil plutôt que de le subir.
"Est-ce qu'il y a une littérature sénégalaise suffisante pour servir à entraîner l'IA ? Est-ce que nous avons des entreprises qui mettent en ligne des outils ?", interroge-t-il, soulignant l'importance de ces éléments dans la construction d'une IA respectueuse des valeurs locales.
Loin du pessimisme ambiant, Hady Ba rappelle les succès des étudiants sénégalais dans les compétitions internationales : "Il y a quelques années, des étudiants de l'ESP sont allés faire un concours international et ils ont été premiers face à Stanford et toutes les grandes universités américaines."
Pour lui, "la matière grise est là, la compétence est là, l'écosystème n'est pas encore là". Il appelle à des investissements massifs dans les universités et la création de synergies entre le monde académique et les entreprises, à l'image du modèle californien.
L'expert pointe également les lacunes du système éducatif face à cette révolution. "Les enseignants doivent s'adapter", affirme-t-il, critiquant une approche qui consiste à interdire plutôt qu'à former à l'usage approprié de ces outils.
Une étude récente du MIT qu'il cite montre que l'utilisation de ChatGPT réduit la créativité et altère la mémoire, soulignant l'importance d'une formation critique à ces technologies.
"C'est une révolution", conclut Hady Ba, comparant l'IA aux grandes innovations historiques comme l'imprimerie de Gutenberg ou la machine à vapeur. "Que nous en ayons peur ou pas, ça va continuer, ça va changer le monde. La question est : qu'est-ce que nous en faisons ?"
Son message est clair : plutôt que de subir cette transformation, le Sénégal doit s'en saisir activement. "Nous sommes un pays pauvre, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas être ambitieux et de ne pas être créatif", lance-t-il en guise d'appel à l'action.
PAR CHERIF DIOP
QUAND DES POLÉMIQUES FACTICES NOUS AVEUGLENT
« L'indignation » du député Guy Marius Sagna contre « des pratiques d'un autre âge » à l'Assemblée nationale est à ranger dans cette catégorie de polémiques savamment orchestrées par les officines politiques.
Aussi éphémères que le temps d'une bulle de savon, ces polémiques préfabriquées occupent l'espace médiatique. De la poudre aux yeux de la presse, du grain à moudre pour les contempteurs du pouvoir en place.
« L'indignation » du député Guy Marius Sagna contre « des pratiques d'un autre âge » à l'Assemblée nationale est à ranger dans cette catégorie de polémiques savamment orchestrées par les officines politiques. Véritable enfumage médiatique, l'affaire a provoqué une agitation intempestive et vaine.
Le député porteur de l'initiative a fait le tour des plateaux pour s'assurer de la maîtrise des sujets qui font l'actualité, en l'absence d'Ousmane Sonko, roi de l'agenda-setting. Le premier « omnimistre » incarne une forme d'attraction nationale, habitué à décider des sujets qui font le miel de l'opinion. Si le président du Pastef est un aimant permanent pour la presse, il est le punching-ball préféré de l'opposition. Pour toutes ces raisons, il fallait bien fomenter une polémique croustillante pour la presse et pour les contempteurs du pouvoir en place. Laisser l'espace vide, c'est laisser le champ libre de l'opinion à l'opposition pour choisir ses angles d'attaque, mais aussi donner libre cours à la presse de choisir ses propres angles de traitements et de sujets d'actualité.
Et, il faut bien le dire, nous sommes tous ou presque tombés dans le piège de cette supposée polémique aussi brève que son apparition, le 19 juin 2025, la veille du départ du président du Pastef pour la République populaire de Chine. L'opération est réussie car pendant qu'Ousmane Sonko, accompagné d'une brochette de ministres, enchaîne les rencontres avec les hiérarques de l'Empire du Milieu, Guy et d'autres cadres du Pastef comme Fadilou Keïta et Ismaëla Diallo, premier vice-président de l'Assemblée nationale, se chargent de l'enfumage médiatique en étant les acteurs principaux de cette polémique totalement factice. Un contre-feu face à ce sentiment d'impuissance à enrayer les difficultés socio-économiques que vivent les populations.
Jamais parleurs n'avaient tant parlé. Jamais si peu agi.
Grand par les idées, faibles par les moyens, le Sénégal est loin de sortir de sa précarité budgétaire. Le problème, selon le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, c'est l'héritage d'un déficit budgétaire de 11,6 %. Certes, mais si le régime du président Macky Sall a laissé une bombe, celui du président Bassirou Diomaye Faye en est le détonateur. Cela se fait aux risques et périls des Sénégalais, notamment les plus vulnérables, privés de tout filets sociaux depuis l'avènement du nouvel exécutif.
Il est inquiétant de constater que redresser la barre des finances publiques s'avère extrêmement difficile pour le pouvoir, malgré les discours optatifs et le volontarisme en bandoulière. La Loi de finances rectificative révèle une augmentation du déficit budgétaire à 7,82 % contre 7,08 % prévue dans la Loi de finances initiale. Le dossier du Sénégal au Fonds monétaire international reste toujours en suspens ; le travail de normalisation avec le FMI est en cours, le ministre des Finances a rappelé la nécessité de renouer avec le Fonds.
Cette situation précaire oblige Dakar à trouver des alternatives de financement moins concessionnelles à cause de la dégradation de la prime de risque du Sénégal. En dépit de ce tableau peu reluisant, le rayon de l'espoir pour les ménages pourrait survenir de la prévision dans la LFR des 500,9 milliards destinés aux paiements des arriérés de l'État. L'apurement de cette dette est une condition sine qua non de la relance de l'économie sénégalaise. Le secteur privé étant un canal de ruissellement, gage d'une embellie sociale. Cette amélioration est la seule boussole qui devrait occuper le pouvoir, plutôt que les querelles picrocholines en trompe l'œil.
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RÉMUNÉRATION À LA CDC, FADILOU KEITA SE DÉFEND ET POINTE DES MANIPULATIONS
Refusant d’être pris pour cible, le DG de la Caisse de Dépôt et de Consignation affirme que sa rémunération a été fixée dans les règles et annonce des poursuites judiciaires contre les auteurs de ce qu’il qualifie de campagne de dénigrement.
Invité ce week-end de l’émission En vérité sur Radio Sénégal, Fadilou Keita, Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Consignation (CDC), a répondu sans détour à la polémique autour de sa rémunération. Dénonçant une tentative de manipulation de l’opinion, il a annoncé son intention de traduire en justice ceux qui, selon lui, entretiennent sciemment ce débat dans le but de nuire.
« Ceux qui ont lancé cette polémique répondront devant la justice. Je le dis ici clairement : ils seront poursuivis. » Fadilou Keita assure que son salaire a été fixé dans les règles, et qu’il n’a jamais eu le pouvoir de s’attribuer une rémunération : « Je n’ai pas fixé mon salaire moi-même. Si l’État décide de le revoir à la baisse, je m’y conformerai, comme tout fonctionnaire public. »
Le patron de la CDC déplore également ce qu’il considère comme un traitement à géométrie variable : « On ne les a pas entendus quand on nous avait enfermés 15 mois sans salaire. Plusieurs Directeurs sont passés à la tête de la CDC, certains gagnaient plus que moi, mais cela n’a jamais fait débat. »
Il insiste par ailleurs sur son souci de transparence : « J’ai volontairement révélé mon salaire. Les Sénégalais ont le droit de savoir, mais cela ne doit pas servir à alimenter des campagnes de dénigrement. »
Abordant plus largement la question des salaires dans la fonction publique, Fadilou Keita appelle à un débat de fond sur l’équité et la rationalisation : « Même si on réduisait tous les salaires des DG à cinq millions, cela n’aurait pas un grand impact sur le budget. Le problème est ailleurs : caisses noires, fonds politiques, fonds communs. L’État doit revoir tout cela et instaurer une ligne claire. »
LE JARAAF SACRÉ POUR LA TREIZIÈME FOIS
Le club de la Médina a bouclé en beauté la saison de Ligue 1 en s’imposant 4-1 face aux HLM. L'équipe est désormais tournée vers la finale de la Coupe du Sénégal et sa prochaine campagne en Ligue des champions d’Afrique.
Le Jaraaf de Dakar a été sacré champion du Sénégal pour la 13e fois, dimanche, après sa victoire (4-1) aux dépens de l’équipe des HLM, en match comptant pour la 30e et dernière journée du championnat de Ligue 1.
La rencontre s’est jouée au stade Djagaly Bathily de Grand Yoff, à Dakar.
Mbaye Ndiaye (21e), Babacar Sarr (29e), Souleymane Cissé (67e) et Abdoulaye Oualy (73e) ont inscrit les buts du Jaraaf. El Hadji Fall a marqué le but de la réduction pour les HLM, à la 62e minute de la rencontre.
Avec ce succès, l’équipe de la Médina décroche son troisième titre depuis l’entrée du football sénégalais dans l’ère du professionnalisme, en 2009, après ses sacres de 2010 et 2018.
Le Jaraaf conforte un peu plus son statut de club le plus titré du Sénégal avec ce 13e titre de champion du Sénégal.
Son actuel entraîneur Malick Daff remporte pour sa part son deuxième titre avec les vert et blanc. Il était l’artisan de leur sacre en 2018.
Le Jaraaf va représenter le Sénégal en Ligue des champions d’Afrique l’année prochaine.
Le club de la Médina n’a pu dépasser, cette année, les phases des poules de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF).
Le Jaraaf pourrait réaliser le doublé en remportant la Coupe du Sénégal face à Génération Foot.
L'AFRIQUE PRISE AU PIÈGE DU MODÈLE OCCIDENTAL
De l'aide publique aux crédits carbone, Carlos Lopes, ex-secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies, dénonce un système qui perpétue l'extractivisme sous de nouvelles formes et appelle à l'émancipation du continent
(SenePlus) - À la veille de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement qui se tient du 30 juin au 3 juillet à Séville, Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies, lance un appel sans détour : l'Afrique doit cesser d'attendre des solutions venues d'ailleurs et prendre son destin en main. Dans un entretien accordé au Monde, l'économiste portugo-guinéen dresse un constat sévère des mécanismes actuels de financement du développement et plaide pour une rupture avec le modèle imposé par le Nord.
La conférence de Séville, censée répondre aux besoins de financement du continent africain, déçoit déjà avant même son ouverture. "La déclaration finale a été approuvée avant même l'ouverture de la conférence. Il n'y aura donc pas de négociations à Séville", déplore Carlos Lopes, qui a participé à sa préparation en tant que membre de la commission internationale d'experts.
L'ancien haut fonctionnaire onusien ne mâche pas ses mots : "Je ne parlerai pas d'absence de résultats, mais ils ne sont certainement pas à la hauteur de ce qu'est en droit d'attendre l'Afrique. Le véritable sujet, celui de l'accès aux capitaux à des conditions justes, reste le grand laissé-pour-compte des discussions."
Cette critique souligne l'un des paradoxes majeurs du développement africain : malgré les multiples conférences et initiatives internationales, les pays du continent peinent toujours à accéder aux financements dans des conditions équitables. Les réformes proposées des institutions financières internationales et la création d'instruments pour inciter le secteur privé à investir davantage "vont dans le bon sens, mais c'est secondaire et on reste dans un registre très incantatoire", estime l'expert.
Carlos Lopes dénonce les mécanismes discriminatoires qui pénalisent systématiquement l'Afrique sur les marchés financiers internationaux. "Non seulement les pays africains trouvent difficilement à emprunter sur les marchés internationaux ou auprès des banques mais, lorsque cela est possible, c'est à des conditions prohibitives", explique-t-il au Monde.
L'économiste pointe du doigt le rôle des agences de notation qui "continuent d'évaluer le risque africain à l'aune des dettes souveraines, ce qu'elles font rarement ailleurs". Cette pratique "pénalise le continent car tout le monde est mis dans le même sac, l'entreprise la plus prospère – et il y en a – comme le gouvernement le moins compétent", se traduisant par des primes de risque surévaluées et des coûts d'emprunt élevés.
Plus préoccupant encore, ces notations "reflètent souvent davantage des appréciations politiques que les fondamentaux macroéconomiques", révèle l'ancien responsable onusien. Les règles prudentielles imposées aux banques après la crise de 2008, connues sous le nom de Bâle 3, constituent un autre frein majeur car "elles conduisent les établissements à se tenir à l'écart des marchés africains".
L'injustice climatique, symbole d'un système déséquilibré
L'accès aux financements climatiques illustre parfaitement ce que Carlos Lopes qualifie d'"injustice climatique". "L'Afrique, qui est le continent qui a le moins contribué au dérèglement climatique et en subit déjà les chocs d'une manière disproportionnée, est là aussi marginalisée et sommée de respecter une longue liste de conditionnalités pour répondre à un problème qu'elle n'a pas créé", dénonce-t-il dans les colonnes du Monde.
Cette situation s'aggrave avec la course aux crédits carbone dans laquelle se lancent les gouvernements africains. "Pour être honnête, c'est un peu le Far West. Des accords bilatéraux se multiplient, sans cadre clair, parfois au détriment des communautés locales", alerte l'expert, qui y voit "le risque de créer une version verte de l'extractivisme, où le carbone des forêts remplace les minerais et le pétrole".
Le retour de Donald Trump au pouvoir et la perspective d'un démantèlement de l'Usaid offrent à Carlos Lopes l'occasion de dresser un bilan critique de l'aide publique au développement. "Au bout de six décennies, cette aide n'a pas permis d'engager une transformation structurelle de leur économie", constate-t-il sans détour.
L'économiste explique cette inefficacité par une mauvaise utilisation des fonds : "En Afrique, à la différence de ce qui s'est passé dans certains pays d'Asie, elle a été utilisée seulement pour compenser ce que les gouvernements n'étaient pas en mesure de fournir, de l'éducation, de la santé… Au lieu d'appuyer des politiques de transformation profonde." Il précise que "80 % de l'aide américaine à l'Afrique est consacrée à l'humanitaire et à la santé".
Cependant, Carlos Lopes ne disculpe pas entièrement les dirigeants africains : "Les donateurs ne sont pas seuls responsables, car c'était aux responsables africains de fixer leurs priorités, de montrer qu'ils ont une vision. Ils n'ont pas été au rendez-vous."
Malgré ce constat sévère, l'ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique se montre résolument optimiste sur le potentiel du continent. Il identifie trois tendances majeures qui rendront l'Afrique "incontournable pour gérer les trois grandes tendances qui vont conditionner le monde de demain".
D'abord, la démographie : "Face à la population vieillissante des pays industrialisés et de la Chine, l'Afrique est le seul continent où le nombre de personnes en âge de travailler va continuer de croître", explique-t-il au Monde. Cette jeunesse sera cruciale car "tous les emplois ne pourront pas être robotisés ou automatisés, le vieux monde aura besoin de la jeunesse africaine".
Ensuite, l'innovation technologique : "La jeunesse est plus à même de s'emparer des nouvelles technologies que les personnes âgées. Elle possède aussi la créativité nécessaire à l'innovation. Et cette jeunesse demain se trouvera en Afrique."
Enfin, la transition énergétique : "Le continent ne détient pas seulement les minerais stratégiques nécessaires à la transition écologique. Elle dispose d'un potentiel en énergies renouvelables – solaire, éolien, hydrogène vert – considérable pour décarboner l'économie mondiale."
Pour Carlos Lopes, la solution réside dans la construction d'un système financier africain autonome. "Ce dont a besoin l'Afrique, ce n'est pas davantage de conseils sur la façon de s'intégrer dans un modèle que je considère comme cassé. L'Afrique doit chercher en son sein les solutions et ne plus attendre des miracles venant des autres", martèle-t-il.
L'expert rappelle que "plus de 2 000 milliards de dollars sont logés dans des fonds de pension et autres véhicules financiers institutionnels en Afrique. Mais la majeure partie de cet argent est placée dans des établissements à l'étranger". Il préconise la création de "mécanismes de garantie" pour rapatrier cette épargne et appelle à "attaquer beaucoup plus le trafic illicite de capitaux", citant l'exemple de "la quantité d'or exportée par des circuits informels vers les Emirats arabes unis [qui] est absolument colossale".
Cette vision d'une Afrique autonome financièrement s'inscrit dans une critique plus large des relations avec l'Europe, que Carlos Lopes juge prisonnière de "l'héritage du passé" et incapable de "réformer sa relation avec l'Afrique". Pourtant, conclut-il, "ensemble, l'Afrique et l'Europe offrent les solutions les plus importantes et les plus stratégiques pour aller vers une transformation mondiale qui permet de préserver la planète et rendre le monde plus équitable".
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LE TRÉSOR CACHÉ DE FAURE GNASSINGBÉ
Hôtel particulier à 10 millions d'euros dans Paris, villa abandonnée dans les Yvelines : pendant que le président togolais dissimule sa fortune en Occident, son peuple meurt dans les rues de Lomé
En avril 2024, le journaliste Thomas Dietrich avait créé un séisme avec son enquête révélant l'ampleur du patrimoine immobilier de Faure Gnassingbé et de son entourage en France et aux États-Unis. Cette investigation mettait au jour un hôtel particulier de 10 millions d'euros dans le 16e arrondissement parisien, propriété de l'État togolais mais utilisé comme résidence privée par le président, ainsi qu'une villa abandonnée dans les Yvelines achetée via un montage financier complexe impliquant une société luxembourgeoise.
L'enquête révélait également que Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères qui prononce des discours anti-occidentaux virulents, possède deux propriétés aux États-Unis d'une valeur totale de plus de 800 000 dollars, payées comptant malgré son salaire officiel de 3 000 euros par mois.
Ce contraste saisissant entre un pays classé parmi les 30 plus pauvres du monde avec un revenu moyen de 70 euros par mois et près de la moitié des habitants sans accès à l'électricité, et une famille dirigeante qui s'enrichit depuis plus d'un demi-siècle, nourrit aujourd'hui la colère populaire.
En avril 2024, une nouvelle constitution a été adoptée pour instaurer un régime parlementaire, permettant à Faure Gnassingbé de devenir président du Conseil des ministres le 3 mai 2025, une fonction sans limitation de mandat qui lui permet de contourner les limites constitutionnelles précédentes.
Cette manœuvre, dénoncée par l'opposition comme un "acte de haute trahison contre le peuple togolais et la démocratie", a déclenché une vague de contestation sans précédent.
Les manifestations ont débuté en juin 2025, provoquant une répression féroce. Les 5 et 6 juin, des dizaines de personnes ont été arrêtées à Lomé pour avoir protesté contre la répression des voix dissidentes, la cherté de la vie et les changements constitutionnels.
Amnesty International a documenté des allégations de torture sur des manifestants détenus, avec des témoignages faisant état de coups avec des cordelettes et de contusions aux muscles fessiers, appuyés par des certificats médicaux.
La situation s'est dramatiquement aggravée fin juin. Le 26 juin 2025, les manifestations à Lomé ont été caractérisées par "une répression d'une violence inédite" selon le Front "Touche Pas À Ma Constitution", qui accuse le régime d'avoir orchestré "un bain de sang" avec deux manifestants retrouvés morts, des dizaines de blessés et des arrestations massives.
Du 26 au 28 juin, les manifestations se sont poursuivies pour trois jours consécutifs dans plusieurs quartiers de Lomé, notamment Bè et Adakpamé, transformant la capitale en "ville déserte" tandis que les forces de sécurité réprimaient violemment les quartiers en révolte.
Les affrontements ont impliqué des barricades de blocs de béton, des pneus brûlés et l'intervention d'unités militaires d'élite, avec un déploiement massif de forces de l'ordre dans toute la capitale.
L'opposition et la société civile ont appelé publiquement à la "démission immédiate de Monsieur Faure Gnassingbé" et à la "désobéissance civile" à partir du 23 juin. La répression s'accompagne de coupures d'internet dans plusieurs régions et de menaces gouvernementales contre quiconque utilise les réseaux sociaux pour "diffuser des informations susceptibles de provoquer des troubles".
Quatorze mois après les révélations sur sa fortune cachée, Faure Gnassingbé fait face à la plus grave crise de légitimité de son règne de 20 ans. La dynastie des Gnassingbé, qui dirige le Togo depuis 1967, vacille sous la pression d'un peuple qui refuse désormais de subir en silence la confiscation de ses richesses et de sa démocratie.
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COMMENT LA FRANCE A VIDÉ L'AFRIQUE DE SES TRÉSORS
Onze Européens, 20 mois, 3 600 objets arrachés à l'Afrique coloniale. La Mission Dakar-Djibouti de 1931, présentée comme une expédition scientifique, cache en réalité un pillage méthodique que révèle aujourd'hui une contre-enquête historique inédite
Une exposition au musée du Quai Branly révèle les méthodes controversées de la Mission Dakar-Djibouti, expédition scientifique qui a traversé l'Afrique coloniale pour remplir les musées français.
En 1931, en pleine exposition coloniale de Vincennes, Marcel Griaule, jeune ethnologue de 32 ans, lance une expédition d'envergure à travers l'Afrique. Son objectif : prouver que l'ethnologie mérite d'être reconnue comme une vraie science au service de la nation française.
Soutenue par un budget de 700 000 francs accordé par le Parlement, la Mission Dakar-Djibouti rassemble 11 Européens qui vont parcourir le continent pendant 20 mois. Le bilan de cette expédition est impressionnant : 3 600 objets collectés, 6 000 photographies, 200 enregistrements sonores, 370 manuscrits éthiopiens et même une cinquantaine de restes humains transportés vers la France.
Mais comment une poignée de colons européens a-t-elle pu rassembler autant d'objets en si peu de temps ? Hugues Eben, directeur du Musée national du Cameroun et commissaire de l'exposition, utilise un terme juridique précis : les "acquisitions dolosives" - des pratiques entachées d'irrégularité dans un contexte de rapport de force colonial.
Les archives révèlent que les achats ne représentaient qu'un sixième des dépenses de la mission, malgré un budget spécifique prévu à cet effet. La réalité était tout autre : vols, dons forcés, échanges inéquitables, saisies dans l'urgence.
Le journal de Michel Leiris, publié sous le titre "L'Afrique fantôme", détaille ces pratiques avec une franchise glaçante. À Kéméni et Diabougu, villages de l'actuel Mali, l'équipe vole des masques sacrés Kono en menaçant les chefs de village de représailles policières pour obtenir 10 francs symboliques en échange.
Paradoxalement, cette mission coloniale n'aurait jamais pu réussir sans l'aide d'Africains : guides, porteurs, traducteurs, informateurs. Leurs noms ont été largement effacés de l'histoire officielle.
Mamadou Vad, interprète sénégalais, comprend rapidement ce que cherchent les ethnologues et se met à fabriquer de faux objets rituels que les scientifiques prennent pour authentiques. Dolo, "interprète principal" au Mali, invente des histoires pour donner du sens aux objets collectés sans consultation de leurs gardiens légitimes.
Ces collaborateurs africains développent des stratégies de résistance subtiles, subvertissant parfois les rapports de domination en nourrissant les fantasmes des colons avec des récits mystérieux inventés de toutes pièces.
Des femmes doublement invisibilisées
L'expédition occulte aussi largement les femmes. Les femmes africaines sont ignorées, considérées comme déconnectées des "cultes secrets" qui fascinent les ethnologues. Même Déborah Lifchitz, seule femme ethnologue de l'expédition et pourtant indispensable (elle était la seule avec Griaule à parler les langues locales), sera invisibilisée dans les récits ultérieurs.
Pendant ce temps, les épouses restées en France - comme Jeanne Griaule - organisent, classent et archivent les milliers d'objets expédiés depuis l'Afrique, travail essentiel mais jamais reconnu.
Aujourd'hui, cette histoire interroge directement les musées européens. Hugues Eben réclame le retour des 138 objets camerounais conservés en France, particulièrement les objets rituels : "Tout ce qui est objet rituel doit rentrer, ça se négocie pas."
Malgré les lois françaises d'inaliénabilité qui protègent les collections publiques, des restitutions récentes montrent une évolution possible : 26 pièces d'Abomey sont retournées au Bénin en 2020, le sabre d'El Hadj Omar Tall au Sénégal.
La vision africaine de la restitution est claire : les objets seraient d'abord exposés dans les musées nationaux pour permettre aux peuples de se réapproprier leur patrimoine, puis redistribués vers les communautés d'origine selon des décisions purement africaines.
L'exposition "Mission Dakar-Djibouti, contre-enquête", visible jusqu'au 14 septembre au musée du Quai Branly, marque une rupture. Pour la première fois, un musée français travaille en coopération avec des chercheurs africains pour interroger ses propres collections.
Cette démarche révèle comment l'ethnologie française s'est construite sur le pillage organisé de peuples colonisés, tout en prétendant les "sauvegarder". Elle met aussi en lumière les résistances, les stratégies et l'agentivité des populations africaines face à cette entreprise coloniale.
Reste la question centrale : que faire aujourd'hui de ces objets, de ces images, de ces savoirs ? Comment les citoyens peuvent-ils faire pression pour que s'ouvre enfin un dialogue réel entre la France et les pays africains concernés ?
L'exposition "Mission Dakar-Djibouti, contre-enquête" est visible jusqu'au 14 septembre 2024 au musée du Quai Branly - Jacques Chirac à Paris.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR OU LE GESTE POÉTIQUE, PAR ABOU BAKR MOREAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Abou Bakr Moreau produit une réflexion inédite qui éclaire la personnalité de Léopold Sédar Senghor, celle-là même qui continue de questionner à la fois la grande histoire, le monde politique et l’univers des lettres
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
L’essai littéraire, venant du latin exagium, qui signifiait à la fois pesée exacte et, par extension, épreuve, puis examen, peut aussi signifier juger, examiner, peser. Le mot apparaissait déjà au Moyen Âge dans des locutions du type « faire l'essai » ou « mettre à l'essai ». C’est au XVIe siècle que Michel de Montaigne publie pour la première fois ses Essais, où il donne son état d’esprit, tel un autoportrait. Il expose son point de vue et sa vision du monde sur différents sujets.
En littérature, un essai est une œuvre de réflexion portant sur les sujets les plus divers et exposés par l'auteur. Contrairement à l'étude, l'essai peut être polémique ou partisan. C'est un texte littéraire qui se prête bien à la réflexion philosophique, mais aussi à d'autres domaines : essais historiques, essais scientifiques, essais politiques, etc.
L’essai se caractérise par des écrits appartenant au genre argumentatif. L’objectif pour l’auteur est de présenter directement son opinion sur un sujet particulier. Pour convaincre et exposer son analyse des faits, il partage son expérience personnelle et adopte une stratégie argumentative. Il s’agit donc d’œuvres littéraires de réflexion ne faisant pas appel à la fiction, contrairement au roman.
À la lecture des premières pages de l’essai d’Abou Bakr Moreau consacré à Léopold Sédar Senghor, on est immédiatement saisi par la pertinence du propos et par l’intelligence de la dynamique didactique que l’auteur a choisie. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’angle retenu par Abou Bakr Moreau, pour parler de l'œuvre du président poète, est particulièrement original, voire audacieux.
Le titre de l’ouvrage lui-même, au départ, ne laisse pas vraiment entendre les conséquences de la posture poétique du premier président de la République indépendante du Sénégal lorsqu’il quitte le pouvoir en 1980. De cette ambiguïté et de cette « rupture épistémologique », Abou Bakr Moreau tire un essai brillant, étonnant et véritablement passionnant.
Pour entamer son récit, Abou Bakr Moreau part de la date du 31 décembre 1980, moment où Léopold Sédar Senghor cède les rênes du pouvoir à Abdou Diouf, son premier ministre de l’époque, dans un geste héroïque et qui confère, en quelque sorte, à l’homme sa légende.
Puis, il remonte le temps, à la lueur du cheminement poétique de Léopold Sédar Senghor. D’abord en évoquant l’engagement de Senghor en tant que poète et intellectuel engagé. Car c’est l’incarnation antérieure, voire primordiale, à celle qui viendra en 1960, au moment des Indépendances, période hautement symbolique dans sa destinée, à sa fonction de chef d’État.
À la lumière d’autres destinées, celles d’écrivains, de poètes engagés dans la politique, on mesure l’épopée historique de Léopold Sédar Senghor.
Que ce soient Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Charles Péguy, Paul Claudel, Saint-John Perse, Romain Gary ou encore André Malraux, hommes de lettres qui ont tous occupé des postes politiques, Léopold Sédar Senghor est le seul à avoir embrassé ces deux fonctions de cette manière si particulière.
Contemporain des Surréalistes d’André Breton ou encore de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, Léopold Sédar Senghor participe tout d’abord, avec Aimé Césaire et Léon Gontran Damas, à la création du mouvement de la Négritude, mouvement à la fois politique, artistique et culturel, en réponse à la dévastation identitaire du monde colonial. Léopold Sédar Senghor est alors un acteur à part entière du monde intellectuel parisien des années 1930.
Léopold Sédar Senghor a ainsi contribué directement à la « rupture inaugurale », chère à André Breton, qui détermine la libre pensée intellectuelle face à la politique enfermée dans des carcans idéologiques. Car comme le souligne Abou Bakr Moreau, Léopold Sédar Senghor n’est pas un idéologue mais un utopiste, inspiré par la création et le faire, détaché des acquisitions matérielles pour mieux faire éclore sa vision, réalisant ainsi l’impossible, c’est-à-dire faire se rejoindre le geste poétique à l’entreprise politique. Car rapidement, Léopold Sédar Senghor est rattrapé par des rêves de grandeur qui rapprocheraient la parole à la réalisation politique. S’engageant dans la députation, il conduit petit à petit sa vocation par un exercice diplomatique qui lui permet d’engager son œuvre.
Devenu président de la République du Sénégal, il incarne alors certaines valeurs éthiques pour rendre la terre africaine libre de la période coloniale. On lui reprochera toutefois ses contradictions, face notamment aux intérêts français qu’il aura du mal à défaire, comme un attachement paradoxal.
De même, et comme s’il n’avait jamais abandonné son rêve littéraire, on mesure les décisions concrètes que Léopold Sédar Senghor a menées, lors de ses mandats, en faveur de la culture. Il a été un créateur, un couseur de vers, au sens plein du terme, comme en adéquation avec ses préoccupations profondes.
Par le renoncement suprême à l’âge de soixante-quatorze ans, Léopold Sédar Senghor s’inscrit donc dans son exégèse et met dans cet achèvement toute sa dimension poétique et littéraire. Car Léopold Sédar Senghor souhaite alors traduire ses idéaux ultimes face à la souveraineté tout en préservant son éthique.
Abou Bakr Moreau y voit tout une symbolique, inventant une posture unique dans l’histoire politique africaine, et sans doute dans l’Histoire tout court.
En effet, il n’y eut personne au monde qui incarna à la fois cette responsabilité au plus haut niveau tout en demeurant un créateur, à travers la poésie, la pensée, l’intellection, à la hauteur de l’exigence littéraire et humaine.
Et Abou Bakr Moreau triture dans tous les sens le mythe de Senghor en l’isolant à la fois des autres poètes engagés dans les affaires d’État, les consuls, les diplomates et autres députés, pour le consacrer seul à avoir occuper la fonction suprême tout en l’abandonnant de manière digne.
Il compare également ce retrait à d’autres renonciations politiques qui elles demeurent des échecs aux yeux de l’histoire et de l’opinion, le départ du Général de Gaulle en 1969 après le refus des Français par référendum ou encore l’abdication de Richard Nixon, aux États-Unis, empêtré dans le scandale du Watergate.
Le seul à qui il reconnaît une bravoure similaire est Nelson Mandela qui, en 1999, cède la place à Thabo Mbeki en Afrique du Sud, prêt à la renonciation pour laisser place à l’Histoire.
Ainsi Abou Bakr Moreau met en lumière une page de l’histoire sénégalaise, de l’histoire africaine et de la généalogie politique mondiale, de manière absolument remarquable.
Car au-delà de l’exercice du pouvoir de Léopold Sédar Senghor qui, comme tout responsable politique, a usé de la manipulation et a connu, au cours de ses mandats, des périodes sombres, l’homme de lettres a su préserver son modèle qui demeure encore au service de la réflexion contemporaine de l’histoire sénégalaise.
Abou Bakr Moreau souligne encore que Léopold Sédar Senghor a bien exercé les deux fonctions en même temps car son œuvre poétique, écrite entre 1945 et 1980, se situe dans le même temps que son action politique.
Le récit d’Abou Bakr Moreau est un récit majeur de la littérature sénégalaise et émérite dans son analyse culturelle, poétique et historique. De cette exigence littéraire, Abou Bakr Moreau produit une réflexion inédite qui éclaire la personnalité de Léopold Sédar Senghor, celle-là même qui continue de questionner à la fois la grande histoire, le monde politique et l’univers des lettres.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Abou Bakr Moreau, Un perpétuel retour en grâce. Après un retrait exemplaire du pouvoir politique en Afrique, collection Dégg galan, éditions Lettres de Renaissances, Paris, 2018
En novembre 2024, le sportif sénégalais et son manager Max Mbargane ont opposé une fin de non-recevoir aux agents venus effectuer un prélèvement d'urine, déclenchant une procédure aux conséquences dramatiques
(SenePlus) - L'Organisation Régionale Antidopage Afrique Zone II & III (ORAD) a rendu sa décision finale concernant Moustapha Senghor : le sportif sénégalais communément appelé Siteu est suspendu pour deux ans pour violation des règlements antidopage. La sanction, notifiée le 27 juin 2025 depuis Niamey, fait suite à un contrôle positif remontant à novembre 2024.
Selon le document officiel de l'ORAD consulté, les faits remontent au 24 novembre 2024, lorsqu'un Agent de Contrôle du Dopage (ACD) de l'ONADS (Organisation Nationale Antidopage du Sénégal) avait été mandaté pour prélever un échantillon d'urine de Moustapha Senghor dans le cadre d'un contrôle en compétition du programme national antidopage.
L'organisation précise que "malgré plusieurs tentatives de la part de l'ACD, un refus catégorique de vous approcher lui a été opposé par votre manager, Monsieur Max Mbargane". Le document révèle que bien que le sportif était "censé connaître les règles et politiques antidopage qui s'appliquent à lui", il ne s'est "pas présenté au poste de contrôle antidopage ou attendant l'équipe antidopage jusqu'à 23h30, le soir du 24 novembre 2024".
La chronologie établie par l'ORAD montre qu'une notification de violation potentielle des Règles Antidopage (RAD) avait été adressée à Siteu le 28 janvier 2025. Le 11 février 2025, l'organisation avait reçu une réponse confirmant que l'athlète ne s'était pas présenté au poste de contrôle, malgré la demande de l'ACD.
Cette absence de coopération constitue, selon l'ORAD, "formellement une violation de l'article 2.3 des RAD", qui stipule : "Se soustraire au prélèvement d'un échantillon, refuser le prélèvement d'un échantillon ou ne pas se soumettre au prélèvement d'un échantillon de la part d'un sportif".
Dans sa décision finale, l'ORAD fait référence aux "dispositions du Code Mondial Antidopage, qui autorise les sportifs en situation de violation des règles antidopage (VRA) de faire appel d'une décision de sanction à compter de la date de réception de la décision de sanction".
Le document précise que "Monsieur Moustapha Senghor n'a pas fait appel de la décision N0 :0037 du 8 mai 2025", confirmant ainsi la période d'inéligibilité selon l'article 2.3 des RAD.
La sanction est claire : "Selon l'article 2.3 des RAD, une période d'inéligibilité de 2 ans est imposée à M. Moustapha Senghor." Cette suspension prend effet "à partir du 24 novembre 2024 et prendra fin le 23 novembre 2026", selon les termes de la décision de l'ORAD.