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9 juin 2025
LE SYTJUST MET EN GARDE LE GOUVERNEMENT SUR LE RECLASSEMENT DES GREFFIERS
Le Syndicat des travailleurs de la Justice a relancé ses revendications sur le reclassement des greffiers à la hiérarchie A2, en suspens depuis 2019. Son secrétaire général appelle l'Etat à ouvrir des négociations sérieuses.
Le Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust) a célébré la fête du 1er Mai ce jeudi, une occasion saisie par le secrétaire général Me Aya Boun Malick Diop pour lancer un appel encore au gouvernement sur la question des reclassements des greffiers qui depuis 2019 doivent être alignés à la hiérarchie A2.
A cela s'ajoute, dit-il, "la question liée à la carrière, le reclassement du personnel dans le corps des assistants des greffes de parquet. Le Sytjust a fait preuve de patience depuis que le nouveau régime s'est installé. Cela fait un an qu'il a suspendu son mandat de grève".
"Aujourd'hui nous sommes en train de réfléchir, nous allons enrichir nos arguments avec les produits de la réflexion et nous allons les communiquer au gouvernement. Mais nous demandons à ce gouvernement de nous répondre pour ne pas arriver à un niveau où le secteur public de la justice sera encore un champ de bataille" prévient-il.
"Nous avons fait preuve de responsabilité donc il appartient au gouvernement de faire un pas vers nous et surtout d'ouvrir des négociations sérieuses par rapport au préavis de grève que nous avons déposé. Le préavis est échoué depuis des mois, la fonction publique n'a pas encore pris en compte nos doléances de manière crédible" a-t-il rappelé.
"Donc nous profitons de ce moment de réflexion devant la presse qui est un vecteur de communication pour alerter l'opinion publique mais aussi pour alerter le gouvernement que la question du reclassement des greffiers à la hiérarchie A2, la question du reclassement du personnel dans le corps des assistants est au centre de nos préoccupations et si on n'y prend pas garde peut déclencher encore des conflits dont on pouvait faire l'économie" regrette-t-il.
IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE LEVÉE POUR DEUX DÉPUTÉS CIBLÉS DANS L’AFFAIRE DU FONDS COVID
Les deux anciens ministres, Moustapha Diop et Salimata Diop, sont cités dans un rapport de la Cour des comptes faisant état d’anomalies dans l’utilisation de plusieurs centaines de millions de francs CFA.
L’Assemblée nationale a levé, vendredi, l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Salimata Diop, cités dans l’affaire des malversations présumées liées aux dépenses du fonds de gestion de la pandémie de COVID-19, a constaté l’APS.
Les députés ont adopté à une large majorité les conclusions des commissions ad hoc chargées de statuer sur la levée de l’immunité parlementaire des deux anciens ministres.
Moustapha Diop est cité dans l’affaire relative à la gestion du Fonds de riposte et de solidarité à la COVID-19 alloué au ministère du Développement industriel et des Petites et moyennes industries.
Sa collègue Salimata Diop, alors en charge du ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, est également mise en cause dans cette même affaire, souligne un rapport parlementaire.
Le ministère Développement industriel et des Petites et moyennes industries, alors dirigé par M. Diop, député-maire de Louga, a bénéficié d’un montant 2 milliards 500 millions F CFA pour l’acquisition de masques, selon ce document lu par la députée Marie Angélique Mame Selbé Diouf, rapporteur de la commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains de l’Assemblée nationale.
Il ressort du rapport de la Cour des comptes que le ministère de la Femme “a reçu une enveloppe de 150 millions FCFA au titre du Fonds de riposte et de solidarité à la COVID-19”, mentionne la même source.
Elle ajoute que le rapport de la Cour des comptes a relevé que “les justificatifs de dépenses d’un montant de 36 147 500 FCFA, supposées avoir été réalisées, étaient les mêmes que ceux qui avaient été produits pour les opérations de la caisse +aide et secours+”.
Sur la base des investigations conduites dans cette affaire, des “présomptions graves et concordantes” ont conduit les autorités judiciaires à demander l’ouverture d’une procédure d’instruction contre les deux députés mis en cause.
Conformément à l’article 52 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, seuls pouvaient prendre la parole le président de la commission du bureau des commissions ad hoc chargées de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire des deux députés, le rapporteur, le député ou son défenseur et un orateur contre.
LE PACTE NATIONAL DE VERROUILLAGE SOCIAL
Le FRAPP critique un pacte qui consacre un "syndicalisme d'accompagnement", chargé de maintenir l'ordre social établi, transformant le dialogue social en instrument de co-gestion du désarmement des mouvements populaires
Dans la déclaration ci-dessous parvenue à SenePlus, le FRAPP dénonce le Pacte National de Stabilité Sociale signé le 1er mai 2025, estimant qu'il instaure une trêve de trois ans qui "ressemble bien davantage à une suspension du droit à la lutte qu'à une réponse aux urgences du monde du travail".
"Le Pacte National de Stabilité Sociale pour une Croissance Inclusive et Durable, signé le 1er mai 2025, prétend ouvrir une nouvelle ère de dialogue et de progrès social. Il consacre pourtant une trêve sociale de trois ans qui ressemble bien davantage à une suspension du droit à la lutte qu'à une réponse aux urgences du monde du travail, captif d’un syndicalisme de connivence.
Présenté comme un compromis tripartite entre l’État, les syndicats et le patronat, ce pacte repose sur des intentions généreuses : élargissement de la protection sociale, formalisation de l’informel, promotion du dialogue social, etc. Mais une lecture attentive révèle une toute autre logique : celle d’un Baara Yeggo scellé entre l’État employeur, le patronat et un syndicalisme domestiqué pour noyer les revendications vitales des travailleuses et travailleurs.
Le texte évoque la protection de tous, y compris celle des travailleurs de l’économie informelle. Mais aucune obligation concrète n’est imposée aux employeurs, aucun financement structurel n’est prévu, et la gratuité des soins n’est même pas mentionnée. En cas de contraintes budgétaires, les droits peuvent être révisés. Le social devient une variable d’ajustement, non un droit garanti.
Le pacte parle des contractuels, des journaliers, des artistes, mais n’organise aucune sortie de la précarité. Il n’engage ni titularisation, ni réforme en faveur des plus vulnérables. L’informel reste toléré comme norme implicite de flexibilité.
Le texte proclame l’égalité de genre, mais reste aveugle aux réalités des travailleuses : inégalités salariales et autres discriminations sexistes, double charge du travail reproductif, absence de mesures de soutien à la maternité. Une invisibilisation institutionnalisée.
Les engagements des employeurs ne sont ni contraignants ni vérifiables. Pas de sanctions prévues, pas de contrôle renforcé. Mieux : des allègements de charges sociales sont envisagés. Le patronat encaisse la paix sociale sans rien concéder.
Ce pacte reconduit une logique de syndicalisme d’accompagnement, chargé « d’inculquer la culture d’entreprise », de contenir les luttes et de préserver l’ordre social. Ce n’est pas du dialogue social, c’est la co-gestion du désarmement populaire.
Le FRAPP considère ce pacte comme une tentative de verrouillage politique des mouvements sociaux sous couvert de stabilité. Il ne redistribue pas le pouvoir, il le reconcentre. Il ne transforme pas les rapports de production, il les préserve.
Le FRAPP appelle :
- Le gouvernement à sortir d’une logique de paix sociale dictée par une élite déconnectée, pour renouer avec les masses de travailleurs ;
- À reconstruire l’autonomie des travailleuses et travailleurs dans leurs luttes ;
- À revendiquer une sécurité sociale universelle, un emploi digne, la fin de la précarité et une politique féministe du travail ;
- À refonder un syndicalisme de combat, ancré dans les bases populaires et non dans les cénacles du dialogue institutionnalisé.
Le véritable pacte, c’est celui qui lie les opprimés entre eux, pour renverser les structures de domination et construire un ordre social nouveau."
LA REDDITION DES COMPTES DOIT SE FAIRE SANS EMOTION
L’ancien président de la Centif Ngouda Fall Kane se veut formel sur la reddition des comptes déclenchée par le tandem Diomaye -Sonko.
En marge d’un déjeuner de presse, le président de l’Alliance contre le crime organisé en Afrique (Acca), Ngouda Fall Kane, s’est prononcé sur la reddition des comptes. L’ancien président de la Centif trouve qu’elle est une démarche normale qui doit se faire «sans émotion» afin de servir de leçons aux nouvelles autorités.
L’ancien président de la Centif se veut formel sur la reddition des comptes déclenchée par le tandem Diomaye -Sonko. D’après Ngouda Fall Kane, «la reddition des comptes est une démarche normale qui doit se faire sans émotion. Et d’ajouter : «ce n’est pas seulement une question de chiffres, mais aussi de résultats». L’ancien inspecteur général d’Etat reste convaincu que cette pratique permettra aux nouveaux tenants du pouvoir d’éviter les erreurs des gestions passées. «Ceux qui gèrent aujourd’hui doivent savoir qu’ils auront à rendre compte demain. Il faut réduire les risques de dérive et cela passe par une reddition des comptes sans conflit d’intérêts», affirme le président de Acca. Revenant par ailleurs sur l’ambition de l’ACCA, il renseigne que celle-ci a pour objectif de contribuer à vulgariser les normes internationales et les bonnes pratiques en matière de lutte contre le crime organisé sous toutes ses formes, d'informer et de former les acteurs et parties prenantes sur les pédagogies de lutte contre le crime organisé, de préparer et de soutenir des actions concertées contre la criminalité transnationale en Afrique en général et en Afrique de l'Ouest en particulier. Il rappelle que le crime organisé concerne des infractions liées à la corruption, le blanchement de capitaux, le financement de terrorisme, le trafic de migrants, le trafic de drogues, le trafic de médicaments, les crimes environnementaux, les crimes numériques.
LE SENEGAL DANS LA ZONE A RISQUES
«En termes de crimes environnementaux, vous avez vu ce qui s’est passé en Casamance. Des personnes qui ont presque détruit l’essentiel de la forêt casamançaise. Vous avez vu ce qui s’est passé en RDC, des forêts qui sont détruites à cause du bois de rose et les crimes numériques émergents avec des cyberattaques», affirme le président de l’Acca en exhortant les autorités à privilégier la prévention afin de faire face à ces défis. «C’est vrai que s’agissant du Sénégal, nous sommes installés dans une zone à risques. Donc, il faut prendre les devants et donner les bonnes informations. Mais je crois que l’État a pris les mesures qui conviennent pour, en tout cas, mettre en sécurité non seulement le pays, mais les populations», affirme l’ancien président de la Centif, Ngouda Fall Kane.
LE GRAND BAZAR IDÉOLOGIQUE DU PASTEF
Extrême gauche, libéraux, affairistes et islamistes cohabitent tant bien que mal sous la bannière du nouveau parti au pouvoir, expliquant les contradictions d'un régime qui importe les méthodes de Tony Blair tout en invoquant Thomas Sankara
(SenePlus) - Dans son édition de mai 2025, Le Monde Diplomatique met en lumière les confidences d'Ayib Daffé, secrétaire général par intérim du parti présidentiel, qui reconnaît ouvertement que le Pastef n'était pas préparé à une ascension aussi fulgurante. "Notre parti - aux militants jeunes et inexpérimentés - n'avait pas anticipé une prise du pouvoir si rapide," admet-il sans détour au journal français.
Cette confession éclaire d'un jour nouveau les premiers mois de gouvernance du duo Faye-Sonko, marqués par une approche plus mesurée que révolutionnaire. "Ce n'est pas une année perdue, comme on peut l'entendre, c'est une année de transition," défend M. Daffé, esquissant une ligne politique progressive plutôt que radicale. "Nous avons mis en place une méthode. Les cadres ont été posés. Les priorités, définies," poursuit-il.
La révélation la plus frappante de l'article du Monde Diplomatique concerne la nature profondément hétéroclite du Pastef. Un conseiller d'une personnalité de premier plan du gouvernement, cité par le journal, décrit le parti comme "un ovni, par son histoire, par sa composition". Il précise: "On y trouve des gens d'extrême gauche, des libéraux, certains de tendance affairiste, et des islamistes, même s'ils n'ont que peu de poids."
Cette diversité idéologique permet de mieux comprendre les apparentes contradictions dans l'approche gouvernementale actuelle. Entre discours souverainistes et nominations d'anciens du FMI à des postes clés, entre rhétorique anti-néolibérale et importation des "delivery units" de Tony Blair, le Pastef tente de concilier des visions politiques parfois opposées.
L'article du Monde Diplomatique donne également la parole à Madièye Mbodj, vice-président du Pastef chargé de la vie politique et ancien militant maoïste. Ce dernier explique comment le parti a permis à la gauche radicale de surmonter "cinq grandes montagnes" qui l'avaient empêchée de conquérir l'électorat sénégalais jusqu'alors, notamment le manque de communication accessible et une certaine distance avec les préoccupations spirituelles de la population.
Cette gauche, autrefois intransigeante, fait désormais preuve d'un "réalisme" pragmatique. "On doit bien tenir compte du rapport de forces," résume M. Mbodj, justifiant la nécessité de "provisoirement transiger avec le FMI et la Banque mondiale."
Face à ces tensions internes, M. Daffé reconnaît que "dans une organisation traversée par de nombreux courants, la synthèse reste à faire." Un aveu qui fait écho à la conclusion d'un proche du premier ministre, également interrogé par Le Monde Diplomatique, qui confie : "Tout reste à inventer."
Cette enquête du mensuel français offre ainsi un éclairage précieux sur les défis internes d'un mouvement politique confronté aux réalités du pouvoir, entre idéalisme révolutionnaire et pragmatisme gouvernemental, entre promesses de rupture et continuité institutionnelle.
LES MENSTRUES SONT SUJETTES A DES ECHECS SCOLAIRES EXTREMEMENT IMPORTANTS
Paneliste lors de la journée de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle en milieu scolaire, le professeur de philosophie Songué Diouf estime qu’il est important de communiquer sur les menstrues, parce que la question est une source souvent de rejets
L’association éducation, vie, espérance (Eve) a organisé hier une journée de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle en milieu scolaire et le leadership chez les jeunes filles à la médiathèque de Bargny. Il s’agit de sensibiliser les jeunes filles sur les menstrues qui sont sujettes à des échecs scolaires extrêmement importants.
Les menstrues causent d’énormes problèmes aux jeunes filles en milieu scolaire. La plupart d’entre elles, pendant cette période, préfèrent rester chez elles et rater des cours. C’est dans ce sens que Sunu bibliothèque en partenariat avec l’association éducation, vie, espérance (Eve) a organisé une journée de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle.
Paneliste lors de cette journée, le professeur de philosophie Songué Diouf estime qu’il est important de communiquer sur les menstrues, parce que la question est une source souvent de rejets et d'échecs scolaires. «C'est vrai que les pouvoirs publics accompagnent à travers un programme qui s'appelle l'Éducation à la vie familiale (Evf), dans tous les établissements. Mais nous avons vu tout à l'heure que le quantum horaire qui était affecté était tel que véritablement, ils avaient du mal à dérouler ce programme de sensibilisation», regrette-t-il. «Donc des actions comme celles de Eve vont dans le sens d'aider à comprendre véritablement que c'est un phénomène naturel. Et décomplexer encore une fois nos jeunes filles, faire en sorte qu'on n'ait pas honte d'aller à l'école, qu'on n'ait pas honte de fréquenter l'espace scolaire, simplement parce qu’on voit ses menstrues», dit-il.
A l’en croire, il y a tellement de blocages dans l'inconscient imaginaire du Sénégalais et de l'africain en général, faisant que la question de la sexualité, surtout féminine, n'est pas prise en charge. « Aujourd’hui, les menstrues sont sujettes à des échecs scolaires extrêmement importants. Donc, il faut que les gens brisent le tabou et qu’on puisse accompagner ces filles à bien gérer leurs menstrues tout en continuant à aller à l’école», dit-il.
Vice-présidente de l'Association Éducation, Vie, Espérance (Eve) Fatou Mballo Thiam soutient que leur association vise à intervenir dans les milieux scolaires surtout défavorisés pour enseigner, éduquer, transmettre un message autour de l'hygiène menstruelle et des menstrues.
Présidente de l’association Sunu bibliothèque, Rokhaya Ndiaye soutient qu’ils sont ravis d'accueillir ici l'association Eve, qui contribue immensément à leur mission d'éduquer, d'inclure toutes les parties prenantes de la communauté, surtout les jeunes filles qui sont les femmes de demain, les mettre à l'aise dans leur transition de jeune femme.
LE REVIREMENT DES 'ANTISYSTÈME'
Ndongo Samba Sylla regrette "un cadre macroéconomique légué par la colonisation" que le nouveau pouvoir perpétue. Dans ce contexte, même les plus révolutionnaires comme Madièye Mbodj reconnaissent qu'il faut "provisoirement transiger avec le FMI"
(SenePlus) - Le gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko se retrouve confronté à des critiques croissantes concernant sa politique économique, malgré les promesses de rupture qui ont porté le parti Pastef au pouvoir. Dans son édition de mai, Le Monde Diplomatique analyse les contradictions et difficultés auxquelles font face les nouvelles autorités.
L'économiste Ndongo Samba Sylla, connu pour ses positions critiques envers le franc CFA, exprime de sérieuses réserves quant à l'orientation économique du gouvernement. "Les dirigeants du Pastef sont des inspecteurs des impôts et domaines, cela se voit", déplore-t-il, pointant le formatage professionnel des principaux leaders du parti. Selon l'économiste, malgré leurs discours de rupture, ces derniers "réfléchissent toujours dans le cadre macroéconomique légué par la colonisation", privilégiant l'impôt et les taxes comme leviers d'action, alors que "d'autres options existent".
Plus inquiétant encore, Sylla craint un "scénario à la Syriza", en référence au parti grec de gauche qui, une fois arrivé au pouvoir en 2015, a dû abandonner ses ambitions réformatrices face aux pressions des institutions financières européennes. Les nominations de plusieurs technocrates issus des institutions financières internationales à des postes clés alimentent cette inquiétude : Cheikh Diba aux Finances, ancien du FMI et ex-directeur de la programmation budgétaire sous Macky Sall, ou encore Abdourahmane Sarr à l'Économie, également ancien du Fonds.
La réalité économique du pays invite effectivement à la prudence. Le rapport de la Cour des comptes publié en février a révélé une situation catastrophique des finances publiques, avec une dette avoisinant les 28 milliards d'euros (99,67% du PIB contre 70% annoncés par le précédent gouvernement) et un déficit budgétaire réel de 12,3% contre 4,9% officiellement déclarés. Dans ce contexte, l'agence Moody's a dégradé la note souveraine du Sénégal au rang B3, celui des "obligations considérées comme spéculatives et soumises à un risque de crédit élevé".
Face à cette situation, même les militants historiques de gauche ralliés au Pastef semblent avoir tempéré leurs ambitions révolutionnaires. M. Madièye Mbodj, vice-président du parti et ancien militant maoïste, reconnaît qu'il faut "tenir compte du rapport de forces" et "provisoirement transiger avec le FMI et la Banque mondiale". Un pragmatisme assumé qui tranche avec les discours enflammés de la campagne électorale.
Cette évolution idéologique se manifeste également dans l'organisation même du gouvernement. M. Birome Holo Ba, 37 ans, dirige désormais le Bureau opérationnel de coordination et de suivi des projets et programmes (BOCS), structure clé directement rattachée au Premier ministre. Ce cadre formé en France, qui pourrait "aussi bien travailler dans un cabinet de conseil à New York", a mis en place une structure inspirée des "delivery units" de Tony Blair, ces unités créées par l'ancien Premier ministre britannique pour imposer les réformes néolibérales aux administrations réticentes.
Entre les aspirations souverainistes et panafricaines affichées et la réalité des contraintes économiques, le Pastef navigue à vue, recherchant une voie médiane qui risque de décevoir sa base militante tout en inquiétant les observateurs économiques. L'exemple sénégalais pose ainsi avec acuité la question des marges de manœuvre réelles des mouvements politiques alternatifs face aux impératifs du système financier international.
Serigne Saliou Ngom écope de 10 ans ferme
La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Diourbel a rendu son verdict, mardi dernier, dans l'affaire du meurtre du chauffeur Mamadou Seye tué en 2021 à Touba. Le chauffeur Serigne Saliou Ngom a été reconnu coupable de meurtre de son ami et collègue Mamadou Sèye, mardi dernier, par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Diourbel. Mais pour comprendre les dessous de cette sombre affaire qui a défrayé la chronique dans la capitale du Mouridisme durant plusieurs années, il faut remonter au 24 mai 2021 quand vers 20 heures, les gendarmes de Touba Belel ont été informés d'une mort par agression à Touba Alieu.Quand les pandores se sont déplacés sur les lieux, ils ont constaté le corps sans vie de Mamadou Sèye gisant dans une mare de sang, les bras ballants, poignardé au côté gauche de l'abdomen par un objet tranchant. Mais les investigations ont très vite servi des pistes. Un troisième témoin a déclaré aux gendarmes avoir assisté à l'altercation quand Mamadou Sèye est entré en colère parce que Serigne Saliou Ngom s'était mêlé de son problème avec une vendeuse d'eau fraîche. Devant la barre, Serigne Saliou Ngom dit avoir tué son ami et frère sans jamais vouloir sa mort. Rendant son verdict, la Chambre criminelle a reconnu Serigne Saliou Ngom coupable de meurtre etl'a condamné à dix années de réclusion criminelle.
Arrestation de deux individus pour trafic de drogue
Les éléments de la Sûreté urbaine de Dakar ont mis hors d’état de nuire deux présumés trafiquants de drogue. Les limiers ont reçu une information faisant état d’un réseau de trafic de chanvre indien, opérant dans le secteur dît « Marché Boubess ».Un dispositif a été mis en place en vue d’appréhender les trafiquants. C’est ainsi qu’au cours de l’opération, un des suspects a remis à son acolyte se trouvant dans une boutique un sachet en plastique avant de repartir avec un autre sachet. Peu de temps après, renseigne la police, il est revenu les mains vides. Une autre personne s’est approchée de la boutique et a remis au premier nommé la somme de 1.000 F en échange d’un cornet. C’est alors que les limiers sont intervenus pour procéder à l’interpellation des susnommés. Ils ont trouvé par devers eux un sachet en plastique contenant 127 cornets de chanvre indien. Les mis en cause sont placés en garde à vue.
Interpellation d’un individu pour escroquerie en ligne
Restons avec les limiers pour dire que ceux de la Division Spéciale de la lutte contre la Cybercriminalité ont interpellé un individu pour escroquerie en ligne. Cette interpellation fait suite à plusieurs plaintes faisant état d’une vaste escroquerie en ligne orchestrée à partir de ventes en direct sur les réseaux sociaux, notamment sur l’application Tik Tok, renseigne la police. Les investigations ont permis d’identifier plus de cinquante victimes réparties sur le territoire, touchées entre la période du mois de janvier au mois d’avril 2025. Certaines d’entre elles, ajoute la même source, ont pu se présenter aux enquêteurs tandis que d'autres, vivant loin de Dakar, n’ont pas encore pu être entendues. Les policiers ont découvert plusieurs lignes téléphoniques frauduleuses enregistrées au nom d’une femme, dont les documents d'identité ont été utilisés à son insu par son conjoint, principal suspect dans cette affaire.
Trois ans ferme pour le camionneur
Le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye a jugé les deux camionneurs impliqués dans une course-poursuite spectaculaire sur l’autoroute à péage, à hauteur de Sips, le 20 avril 2025. Makhma Nianthio Sané, qui avait percuté le camion de son rival avant de prendre la fuite vers le Port autonome de Dakar, était poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, délit de fuite et dommages à la propriété mobilière d’autrui. Son co-prévenu Mbacké Diouf, était accusé de mise en danger de la vie d’autrui. Les deux hommes ont reconnu les faits. Le procureur de la République avait requis trois ans de prison ferme, une amende de 2 millions FCFA et l’annulation du permis de conduire pour Nianthio Sané, ainsi que deux ans ferme, une amende de 500 000 FCFA et une suspension de permis de six mois pour Mbacké Diouf. À l’issue du procès, Nianthio Sané a été condamné à trois ans de prison ferme, une amende d’un million FCFA, l’annulation de son permis de conduire et une interdiction de demander un nouveau permis pendant cinq ans. Mbacké Diouf a écopé de six mois de prison ferme et d’une suspension de son permis pour six mois.
Le CDPE lance l’opération de retrait des enfants de la rue
Le Comité départemental de protection de l’enfant (Cdpe) de Saint-Louis lance l’opération retrait des enfants de la rue. C’est parti pour cinq semaines. Cette opération vise à retirer les enfants en situation de rue, c’est-à-dire les enfants qui passent la nuit dans la rue et dans des conditions de sécurité assez déplorables, selon Abou Sow, préfet du département de Saint-Louis, non moins président du CDPE. Cette première opération effectuée avec les acteurs a permis de retirer sept enfants de la rue qui sont par la suite placés dans certains centres d’accueil de la vieille ville. Au total, cinq opérations sont prévues dans la commune de Saint-Louis. Chaque mercredi, une équipe va sillonner les artères de la ville pour récupérer éventuellement ces enfants qui sont en situation de rue.
Relance globale de l’économie nationale
Le Premier ministre a indiqué la nécessité de veiller à l’intensification de la redynamisation des secteurs productifs et filières à haute intensité de main-d’œuvre. A cet effet, Ousmane Sonko a demandé au Gouvernement d’accélérer la mise en œuvre des réformes relatives à l’amélioration soutenue de l’environnement des affaires. Le financement adéquat de l’économie avec le reprofilage des actions, des instruments et mécanismes de financement public (CDC, BNDE, BHS, LBA, FONSIS, FONGIP, etc.) s’érige aussi en priorité, d’après le Premier ministre. Par ailleurs, il a demandé au ministre chargé du Travail et de l’Emploi, en relation avec ses collègues de la Famille et des Solidarités et celui de la Santé et de l’Action sociale, d’asseoir le déploiement d’un processus concerté et efficient visant la mise en place, à terme, d’un système durable de protection sociale universelle.
Démarrage de la centrale des achats au mois de juillet
Restons avec le chef du gouvernement qui a informé le Conseil du chronogramme arrêté pour la mise en place de la Commission de Centralisation des Achats de l’Etat. Le projet de décret y relatif, dit-il, sera soumis à l’approbation du chef de l’Etat au cours du mois de mai 2025 avec l’objectif du démarrage effectif de la centrale des achats au mois de juillet 2025.
Fortune capital injecte 65 milliards dont 10 dans le secteur de l'hôtellerie
En partenariat avec des acteurs tels que le Groupe Onomo, le cabinet Atepa et Synequanone & Partners, Fortunes Capital S.A a procédé au lancement du projet Onomo Allure Hôtel à SaintLouis. D'après le directeur général Omar Seck, l'investissement global du complexe immobilier est estimé à 65 milliards dont 10 milliards de FCFA pour l’hôtel Onomo Allure. D'après lui, ce projet participe pleinement à la promotion du contenu local, à la création d’emplois qualifiés et à la valorisation du patrimoine culturel sénégalais. «Le projet pourra générer plus de 1000 emplois directs et 3 000 emplois indirects», affirme le directeur général de Fortune capital. Il reste convaincu que ce projet répond à la vision du Président Bassirou Diomaye Faye pour la promotion du contenu local que le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko met en œuvre avec une détermination sans faille.
Par Ramatoulaye SECK
LE SENEGAL FACE AUX BLOCAGES DE SON DEVELOPPEMENT
Le blocage du développement au Sénégal n’est pas le fruit du hasard. Il résulte d’une combinaison toxique entre perte des valeurs, effondrement éducatif et gouvernance déconnectée des réalités populaires.
Le Sénégal, longtemps cité en exemple pour ses valeurs humaines, sa démocratie apaisée et la qualité de ses élites, traverse aujourd’hui une période d’inquiétante régression. Loin d’être un cas isolé dans un monde en mutation, notre pays présente des particularités internes qui freinent sérieusement son développement. A travers l’effritement des valeurs, la crise de l’éducation et la politisation à outrance de la gouvernance, les symptômes d’une société en perte de repères apparaissent. Il est urgent de poser un regard lucide sur ces réalités pour ne pas compromettre l’avenir des générations futures.
L’effritement des valeurs fondamentales : le miroir d’une jeunesse désorientée
Le Sénégal est avant tout un pays de croyants. A travers l’islam et le christianisme, deux religions monothéistes qui appellent à la crainte de Dieu, à la droiture et au service du bien commun, les fondations morales du pays ont longtemps façonné une société respectueuse, disciplinée et solidaire. Cependant, cet équilibre fragile est aujourd’hui menacé. L’observation quotidienne, notamment à travers les comportements des jeunes sur les réseaux sociaux, en particulier TikTok, révèle un profond changement de mentalité. Entre défis vulgaires, glorification de la violence, de la provocation et du matérialisme effréné, la jeunesse semble évoluer dans un espace où la quête de visibilité prime sur la quête de valeurs.
TikTok, Instagram, Facebook sont devenus de véritables vitrines d’une société en perte de repères, où la recherche du sensationnel l’emporte sur le respect de soi et des autres.
La pudeur, autrefois un pilier de l’éducation, cède la place à l’exhibitionnisme ; la modestie est remplacée par la vanité ; l’effort par l’illusion d’une réussite facile et immédiate.
Ce délitement des repères n’est pas anodin. Une société qui perd son ancrage spirituel et moral devient vulnérable à toutes les dérives, sociales comme politiques.
Sans boussole éthique, le développement devient un mirage, car aucune infrastructure matérielle ne saurait remplacer la solidité des âmes et des consciences.
2. La crise de l’éducation : la grande défaite silencieuse
Si l’éducation a longtemps été l’orgueil du Sénégal, elle est aujourd’hui l’un de ses plus grands échecs. Trois dimensions majeures illustrent cette dégradation :
2.1. L’appauvrissement intellectuel
Le niveau de culture générale, de curiosité intellectuelle et de goût pour l’effort a fortement baissé. Nombreux sont les jeunes qui abandonnent précocement les études, convaincus que l’école n’est plus une voie vers la réussite.
Selon les statistiques, près de 40% des jeunes de 15 à 24 ans au Sénégal n’ont pas terminé le cycle fondamental, accentuant une pauvreté intellectuelle qui limite gravement leur capacité à s’adapter à un monde de plus en plus exigeant.
2.2. La méconnaissance des institutions
L’ignorance des mécanismes de fonctionnement d’un Etat de Droit est préoccupante.
Beaucoup de jeunes ne savent ni comment fonctionne l’Assemblée nationale, ni quel est le rôle des collectivités locales, ni même quels sont leurs droits fondamentaux. Or, un citoyen qui ne connaît pas les lois est un citoyen incapable de défendre ses libertés ou de contribuer efficacement à la construction démocratique.
2.3. La vulnérabilité face aux manipulations
Privés d’une base solide de connaissances, les jeunes deviennent des proies faciles pour toutes formes de manipulation : politique, religieuse, économique.
La propagande trouve un terrain fertile dans l’ignorance ; les promesses irréalistes séduisent là où l’esprit critique est absent. En harmonisant ces trois points, il devient évident que sans éducation de qualité, aucun progrès durable n’est possible.
Le savoir est non seulement un outil de réussite individuelle, mais aussi un rempart contre les dérives collectives.
3. Le poids d’une gouvernance tournée vers elle-même : la détérioration du niveau de vie
A cette crise morale et éducative, s’ajoute la défaillance de la gouvernance.
Les priorités politiques semblent souvent éloignées des besoins fondamentaux de la population.
Niveau de vie : une pauvreté persistante
Malgré des taux de croissance macroéconomiques parfois positifs, près de 37, 8% de la population sénégalaise vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Ansd (2023).
Cette pauvreté structurelle signifie un accès limité à une alimentation suffisante, à un logement décent et à des opportunités économiques viables.
Santé : des défis majeurs
Le système de santé reste sous-développé :
• Le Sénégal dispose de 0, 8 médecin pour 10 000 habitants, bien en dessous du seuil recommandé par l’Oms.
• Les infrastructures hospitalières, surtout en milieu rural, sont insuffisantes et souvent mal équipées.
• L’accès aux médicaments essentiels reste un défi pour de nombreux citoyens.
Education : un moteur en panne
Avec un taux d’alphabétisation de 57, 7% (Ansd, 2023), le Sénégal est encore loin d’atteindre les standards nécessaires pour un développement compétitif à l’échelle mondiale.
Le manque d’enseignants formés, les grèves récurrentes et l’insuffisance d’infrastructures freinent encore l’accès à une éducation de qualité.
Inflation : une pression intenable
Après avoir atteint un pic historique de 14, 10% en novembre 2022, le taux d’inflation au Sénégal est redescendu à 1, 80% en janvier 2025, contre 0, 80% en décembre 2024.
Malgré ce recul, les effets cumulés restent visibles : les denrées alimentaires de base ont vu leurs prix exploser de 20 à 30% ces dernières années, fragilisant durablement les ménages.
L’urgence d’un sursaut collectif
Le blocage du développement au Sénégal n’est pas le fruit du hasard.
Il résulte d’une combinaison toxique entre perte des valeurs, effondrement éducatif et gouvernance déconnectée des réalités populaires.
Face à cette situation, il n’y a qu’une seule voie : un sursaut national.
Retrouver nos repères éthiques, investir massivement dans l’éducation de qualité et exiger une gouvernance centrée sur l’humain, telle est la seule trajectoire possible pour sauver l’avenir de notre jeunesse et garantir un développement véritablement durable.
Le destin du Sénégal n’est pas scellé. Il dépend de notre capacité à comprendre les erreurs du présent pour mieux construire l’espoir de demain.
Addendum
Traditionnellement, un régime nouvellement installé se glorifie de créer de l’emploi. Avec ce pouvoir, c’est tout l’inverse. Le Président Bassirou Diomaye Faye est-il réellement informé des pratiques de ses ministres ? Alors qu’il place, ce jeudi 24 avril 2025, l’emploi et l’employabilité au centre des priorités nationales, appelant à l’unité pour réduire un chômage qui atteint 20, 3%, son ministre de la Communication signait, à peine deux jours plus tôt, le 22 avril 2025, un arrêté lourd de conséquences.
Sous prétexte d’appliquer le Code de la presse, cet arrêté impose l’arrêt immédiat de la diffusion, de la parution et du partage de contenus pour tous les médias dits «non conformes».
Concrètement : des centaines de jeunes journalistes, techniciens, créateurs de contenus sont menacés de chômage, dans un secteur déjà éprouvé.
Paradoxe brutal : pendant que le chef de l’Etat promet de créer de l’emploi, son gouvernement organise, en silence, des fermetures massives qui étouffent l’initiative privée et tuent la créativité des jeunes. Et le Cnra dans tout ça ? Quel est son rôle ? Le ministre sait-il réellement ce qui est de son ressort ?
Comment construire un Sénégal souverain, juste et prospère en précipitant sa jeunesse dans le chômage et en muselant ses talents ?
Un pouvoir qui craint les journalistes est un pouvoir qui doute de sa propre légitimité.
Ramatoulaye Seck est journaliste.
CODIFICATION DES DANSES TRADITIONNELLES, DES CHOREGRAPHES EXPRIMENT LEUR DESACCORD
Les chorégraphes et danseuses Germaine Acogny et Gacirah Diagne ont exprimé, mercredi, leur désaccord sur toute idée de codification des danses traditionnelles africaines, invitant les intéressés à plutôt s’immerger dans les danses patrimoniales.
Les chorégraphes et danseuses Germaine Acogny et Gacirah Diagne ont exprimé, mercredi, leur désaccord sur toute idée de codification des danses traditionnelles africaines, invitant les intéressés à plutôt s’immerger dans les danses patrimoniales. «(…) je n’ai pas codifié les danses traditionnelles, j’avais une technique. Et je pense que quand les gens vont en Inde, ils vont s’immerger dans les danses indiennes. L’Espagne ne demande pas aux Indiens de codifier, mais quand il s’agit d’Afrique, c’est toujours la même question. On devient esclaves des autres. Mais non, moi j’ai toujours refusé, il y a de la résistance», a martelé la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny. Elle s’exprimait lors d’une table ronde sur le thème : «De la danse traditionnelle à la danse contemporaine», organisée par le Théâtre national Daniel Sorano dans le cadre de la célébration de son soixantième anniversaire.
Pour la fondatrice de l’Ecole des sables de Toubab Dialaw, il s’agit surtout de «garder nos danses patrimoniales et de demander à ceux qui veulent apprendre de le faire». «Si les gens veulent apprendre, ils apprennent. Il y a même des Européens qui sont de grands danseurs de sabar. Je connais des Chinois et des Japonais qui dansent le sabar d’une façon vraiment incroyable ! Donc, je ne vois pas pourquoi on va codifier. On garde ce qu’on est et les gens viennent apprendre chez nous, comme nous, on apprend nos danses», a insisté la lauréate 2023 du Grand Prix de l’Académie des Beaux-arts section chorégraphie. Elle signale même que sans la codification, les danses traditionnelles africaines sont enseignées dans le monde entier. «Pour comprendre une culture, il faudrait à un moment s’y mettre et que ce soit une façon de s’immerger dans cette culture», a pour sa part dit Gacirah Diagne, qui a une démarche culturelle face au débat sur la codification des danses africaines. Il s’agit, indique-t-elle, d’inviter les autres à s’adapter aux formats des danses traditionnelles africaines plutôt qu’aux Africains de s’accommoder aux formats d’ailleurs. «La codification de nos danses traditionnelles existe déjà», selon le danseur et chorégraphe Jean Tamba, qui estime que contrairement aux autres, les danses africaines suivent un rythme déjà codifié.
Le professeur Amadou Ly, membre du comité scientifique, a soulevé la question de la codification des danses patrimoniales, soulignant que «pour les rendre accessibles au reste du monde, il faut simplifier les choses et transmettre les messages de ces danses». «Essayons de codifier, rendons nos danses accessibles au reste du monde», a-t-il dit
Si la question de la codification divise, celle liée à l’introduction de la danse à l’école a été unanime chez les différents panélistes. Le député Alioune Sène, président de la Commission arts et culture à l’Assemblée nationale, a invité à remettre au goût du jour la danse traditionnelle qui perd «son lustre d’antan».