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9 juin 2025
PAR SALLA GUEYE
BRISER L’INCONSCIENCE SUR NOS ROUTES
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience.
Il y a des images qui s’incrustent dans la mémoire collective comme des éclairs de cauchemar. Deux camions lancés à pleine vitesse sur la route nationale, s’adonnant à une course-poursuite surréaliste à hauteur de Thiaroye. La scène aurait pu sortir tout droit d’un film d’action. Elle s’est malheureusement déroulée sur nos routes réelles, avec des vies en jeu. Le verdict est tombé : trois ans de prison ferme pour le chauffeur fautif, un million de FCfa d’amende, permis annulé pour cinq ans. Son « rival », lui, écope de six mois ferme et d’une suspension de permis.
Peines exemplaires ? Sans doute. Mais à quoi servent les peines lourdes si elles n’ont aucun effet sur la conscience collective ? Si, dans les jours qui suivent, d’autres chauffards, d’autres fous du volant, prennent le relais dans cette course macabre qui transforme nos routes en abattoirs à ciel ouvert ?
Thiaroye n’est qu’un énième chapitre du long livre noir de la route sénégalaise. Sakal, Sékoulo, Khombole : autant de noms devenus tristement célèbres, synonymes de larmes, de drames, d’orphelins. Et pendant ce temps, les mêmes causes produisent les mêmes effets : excès de vitesse, surcharge, défaillance mécanique, fatigue des conducteurs, corruption dans les services de contrôle et une impunité rampante.
Ce n’est pourtant pas l’indifférence qui manque au sommet de l’État. Chaque président, chaque ministre des Transports, chaque directeur de la Sécurité routière a promis, juré, menacé. Mais que vaut un discours si les pratiques restent les mêmes ? Que vaut une répression aveugle si elle ne produit ni peur, ni remords, ni changement ? Il est temps de penser autrement. Il est temps de sortir du piège carcéral. Non, tous les chauffards ne doivent pas finir en cellule. La prison ne résout rien quand elle est systématisée. Pire, elle devient une fabrique de récidives, un gouffre financier pour l’État et un repoussoir à la réinsertion.
Au Burkina Faso, les autorités ont choisi une autre voie. Là-bas, un motocycliste pris en flagrant délit ne se retrouve pas forcément entre quatre murs. Il est envoyé balayer les rues, poser des pavés, nettoyer les caniveaux. Pas de longs procès, pas de sermons. Juste un travail d’intérêt général. Simple, direct, utile. Et surtout : transformateur.
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience. Ces peines alternatives ne visent pas à humilier, mais à responsabiliser. Et elles coûtent moins cher que la détention.
Au Sénégal, nous préférons remplir les prisons. Et avec elles, les dépenses publiques. Chaque détenu, coupable ou non, coûte à l’État en nourriture, en soins, en surveillance. Pendant ce temps, les routes se vident de leurs promesses de mobilité pour ne garder que le goût du sang.
Il faut réformer. Il faut oser. Il faut toucher les poches, les muscles, la fierté des contrevenants. Les amendes doivent être dissuasives, proportionnées aux revenus.
Les fautifs doivent servir d’exemples vivants. Pourquoi ne pas les envoyer repeindre les passages piétons, réparer les glissières de sécurité, assister les blessés dans les centres de soins ? Pourquoi ne pas les faire participer à des campagnes de sensibilisation, devant des jeunes, dans les gares, sur les ondes ?
La peur de la prison ne suffit plus. L’heure est venue d’un électrochoc. Celui d’une justice réparatrice, visible, tangible. Il ne s’agit pas de lâcher du lest, mais d’exiger un retour à la responsabilité citoyenne.
Il faut remettre de l’ordre sur nos routes. Pas seulement par la répression, mais par l’intelligence. Ce ne sont pas seulement des camions qui s’affrontent en duel, ce sont des vies qui se percutent, des familles qui se brisent, un pays qui tangue à chaque carambolage. Alors oui, changeons de braquet. Il y a urgence. Avant que la route ne soit plus qu’un cimetière sans fin.
THIONE BALLAGO SECK, POÉSIE ET PROPHÉTIE D’UN MAÎTRE DE LA PAROLE
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre. Ce fils de Faramareen a bâti son destin contre la volonté paternelle pour devenir l'une des voix les plus marquantes du Sénégal
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre.
Thione Ballago Seck est cette voix de baryton qui a prêché le bien et qu’on continue toujours d’écouter avec le même élan vital. Il a toujours chanté, car ne sachant faire que cela. De Star Band de Dakar à Raam Daan, en passant par l’Orchestra Baobab, sa propre école musicale, son décès en décembre 2021 marque le départ d’un patrimoine vivant, d’un héraut de la bonne parole.
On ressent tous une euphorie presque mystique, comme une madeleine de Proust qui nous rappelle de beaux temps et de beaux souvenirs, quand on entend sa voix. Cette voix est celle purifiée et scarifiée par Dieu qui est le verbe et qui parle à voix basse à l’âme de Thione. On ne peut imaginer que ce chaman sonore qui sortait de son âme ces rythmes et cette prophétie dans ses paroles pourrait être sous terre où il n’entend plus ces mélodies enfouies dans l’antre du monde. Il n’a eu que quelque 66 années pourtant pour livrer autant de messages qui, comme des reliques, sont devenus un testament du temps. Il existe des consciences qui émergent pour transcender le temps, Thione Seck en est une. Il naquit un jour de lumière, le 12 mars 1955, à la Gueule Tapée, quartier populaire de Dakar. Thione Ballago Seck était le deuxième fils d’un couple pétri de contrastes : Nogaye Ngom, mère discrète et forte, et Cheikh Seck, adjudant de police, homme de rigueur et d’un monde où la musique n’était pas une voie, mais une menace pour l’ordre établi.
Mais dans les veines de l’enfant, coulait un sang plus ancien. Son arrière-grand-père, griot de la cour royale, avait été le chantre du Damel Lat Dior Diop, le héros du Cayor. Le roi, en reconnaissance, lui avait offert le village de Mareen, dans les terres profondes du royaume. De ce legs naîtra un mot devenu mythe : Faramareen, ceux qui portent la dignité du verbe et la noblesse du chant. Pourtant, Thione ne grandit pas sous le regard indulgent des musiciens. Son père le voulait loin des tambours, des nuits sans fin et des ivresses de la scène. Mais l’enfant, dès les premières années, se mit à composer dans l’ombre, à ourler les silences de mélodies secrètes. À l’école où il est allé jusqu’à la classe de Sixième, il créait les airs des pièces jouées par ses camarades. Dans les quartiers, il hantait les « mbappat » (séances de lutte) et les « kassak » (chants pour les jeunes circoncis). Puis un jour, il entendit les musiques venues de l’Inde, ces complaintes lointaines, presque mystiques, qui le frappèrent au cœur. Quelque chose en lui se mit à vibrer autrement. Ce serait cela, désormais : la musique comme destinée, non comme caprice. À seize ans, il franchit la ligne. Définitivement. Il intègre l’orchestre de Bira Guèye, y reste quelque temps, apprend à se taire pour mieux entendre. Puis vient la nuit fondatrice.
À la Jeanne d’Arc de Dakar, au milieu d’un concert animé par l’Ensemble lyrique de Sorano, il est invité à monter sur scène avec Doudou Yaye Katy. Sa voix fend la foule. Dans l’ombre, une oreille attentive écoute, celle d’Abdoulaye Mboup, maître respecté, musicien accompli, figure tutélaire. Séduit, il vient à lui, lui parle, l’écoute encore. Laye Mboup voit plus qu’un jeune talent, il voit un successeur. Il ira jusqu’à rencontrer le père, l’adjudant sceptique, pour le convaincre de confier son fils au destin. Et c’est ainsi que Thione entre dans la musique non par effraction, mais par transmission. Au Star Band, il commence humblement, derrière les percussions. Il compose, notamment « Chéri Coco », mais ne la chantera pas. C’est Pape Djiby Bâ qui la portera au public. Thione ne dit rien. Il apprend. Il engrange. Il attend. Laye Mboup, fidèle à sa promesse, l’emmène ensuite à l’Orchestra Baobab, ce lieu où la musique s’épanouit comme une grande conversation entre l’Afrique et le monde. Là, Thione gagne 6.000 FCfa par semaine, mais bien plus que cela. Il gagne une voix, une place, un nom.
On l’appelle le Benjamin. Mais il est déjà plus que cela. Quand Laye s’absente, c’est lui qu’on désigne pour chanter. Quand Laye meurt, en 1975, c’est Thione que l’on écoute. Il enregistre enfin « Chéri Coco », puis « Sëy » et surtout « Domou Baye », cette chanson déchirante comme une prière à genoux. Mais Thione Ballago Seck, désormais maître de son souffle et gardien d’une voix rare, ne pouvait s’éterniser sous l’ombre d’un nom, fût-il vénéré. Le Baobab, orchestre aux racines profondes, l’accueillait comme l’héritier désigné, mais lui rêvait d’un arbre qu’il planterait lui-même, d’un son qui lui appartiendrait jusqu’à la dernière note. En 1979, il franchit un nouveau seuil. Il enregistre un album sous son propre nom : « Chauffeur Bi », flanqué d’un ensemble façonné à son image, tissé de sang et d’amitié, où figure son jeune frère Mapenda. Ce geste, en apparence musical, est un manifeste. Thione y affirme son autonomie, sa volonté d’écrire hors des canons et des clans.
Mais cette émancipation a un prix. Le Baobab, déjà fragilisé par ses absences de plus en plus longues, réagit avec raideur. Un ultimatum lui est lancé. C’est Barthélémy Attisso, l’homme au jeu de guitare ciselé comme un griot du futur, qui lui apporte le message. Il lui reste quarante-huit heures pour choisir. L’orchestre ou sa route. Et Thione choisit le vertige. C’est un départ sans retour. Il quitte le Baobab, non dans la colère, mais dans une solitude lucide. Il sait que l’on ne bâtit pas une voix libre sans abandonner certains royaumes. À peine parti, le destin lui ouvre une porte en or. Paco Rabanne, couturier de génie, l’invite en France. Il veut créer une troupe panafricaine, mêler les sons et les tissus, faire danser les cœurs sur les podiums d’Europe. Thione s’y rend, poussé par la promesse d’un ailleurs fertile. Mais l’eldorado tourne court. Derrière les projecteurs, rien ne tient. Le rêve s’effondre dans le silence des non-dits. Pire encore, au pays, des rumeurs malsaines circulent.
On le dit arrêté, naufragé dans les méandres de l’exil. Alors il revient. Non pour se justifier, mais pour répondre en musique. « Siiw » naît de cette douleur, chanson douloureuse et fière, voile levé sur les humiliations subies et la dignité conservée. C’est dans cette fièvre que naît Raam Daan, en 1983. Le nom, choisi avec une précision mystique, signifie « ramper et vaincre ». Thione y inscrit sa trajectoire. Il ne possède ni mécène, ni fortune, ni réseaux. Il n’a que sa voix, ses convictions et une ténacité qui ronge la pierre. Le matériel de son orchestre, il l’arrache au destin. Demba Ndir, alors propriétaire du Sunset Sahel, avait acquis des instruments pour monter un orchestre. Le projet échoue. Thione, flairant l’aubaine, approche un organisme de crédit et met en gage la maison familiale. Son père, cette fois, ne s’y oppose pas. Il tend les papiers de la demeure comme on bénit une aventure. Huit millions de FCfa changent de mains, et le rêve devient tangible. Dès les premières répétitions, Thione sait qu’il ne reviendra pas en arrière. Il veut du mbalax, pas du xalam. Sa voix, ample comme une mer intérieure, exige un écrin plus vaste, plus rythmique, plus électrique. Il veut fusionner les racines et le monde. Il devient un architecte du son, un sculpteur d’émotions. Ainsi commence l’aventure du Raam Daan.
LE FLÉAU DE LA "DROGUE DU ZOMBIE" S'ÉTEND AU SÉNÉGAL
Le kush, drogue de synthèse venue de Sierra Leone, fait ses premières victimes dans ce pays. "J'ai vu quelqu'un mourir devant moi et un autre qui a failli y rester. Il n'avait jamais fumé, il a pris trois bouffées et il est tombé net. C'est très violent"
(SenePlus) - Un nouveau stupéfiant ravage les rues de Dakar et menace de s'étendre dans toute l'Afrique de l'Ouest. Baptisé "kush", ce dérivé du cannabis aux effets dévastateurs plonge ses consommateurs dans un état quasi-comateux, d'où son surnom de "drogue du zombie". Son expansion rapide inquiète les autorités sanitaires et sécuritaires de la région.
Contrairement aux rumeurs qui circulent dans la rue évoquant des "ossements humains" ou de la "mort-aux-rats", la composition du kush a été révélée par une étude récente. Selon un rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), cette drogue contient des substances particulièrement dangereuses : "La majorité des échantillons analysés contenaient deux puissants psychoactifs : des cannabinoïdes de synthèse ou des 'nitazènes', des opioïdes en plein essor en Europe et responsables d'une vague de décès en Estonie", détaille l'enquête citée par La Croix.
Ces composants sont particulièrement alarmants : "Ces substances hyperaddictives sont trois à 25 fois plus fortes que le fentanyl, la drogue qui ravage les États-Unis", précise le rapport. D'autres substances comme "de l'acétone, du formol et des feuilles de guimauve" ont également été identifiées.
Dans les rues de Dakar, les consommateurs décrivent un engrenage fatal. Dave (pseudonyme), un Sénégalais de 42 ans, consomme "quotidiennement dix joints de kush" et décrit un cycle infernal : "Tu fumes, tu t'écroules, tu te réveilles et tu recommences jusqu'à ce que tu n'aies plus d'argent, le film d'horreur quoi."
Les scènes observées dans la capitale sénégalaise sont inquiétantes. À proximité d'un dépôt d'autobus, "des jeunes comatent sur un banc ou à même le bitume crasseux. Autour d'eux, les moteurs et les mégaphones des vendeurs ambulants hurlent mais rien ne semble pouvoir les tirer de leur profond sommeil", rapporte la correspondante de La Croix à Dakar.
Plus effrayant encore, les overdoses se multiplient : "J'ai vu quelqu'un mourir devant moi et un autre qui a failli y rester ici. Il n'avait jamais fumé, il a pris trois bouffées et il est tombé net. C'est très violent", témoigne Dave.
Cette drogue, qui se vend à prix modique (environ 500 francs CFA, soit 70 centimes d'euro pour un joint), aurait été introduite au Sénégal depuis la Sierra Leone, où elle fait des ravages.
"Le premier réseau de distribution a été monté en 2017 par un homme surnommé M. Om (un Nigérian expulsé du Royaume-Uni)", explique Lucia Bird Ruiz Benitez de Lugo, directrice de l'Observatoire des économies illicites en Afrique de l'Ouest au sein du GI-TOC.
Le réseau d'approvisionnement s'appuie sur une logistique internationale complexe : "Selon le groupe d'experts, les composés du kush sont importés du Royaume-Uni et des Pays-Bas par voie maritime puis synthétisés localement par des 'cuisiniers'. La Chine, l'un des principaux producteurs d'opioïdes synthétiques, joue également un rôle majeur dans l'approvisionnement."
Les conséquences en Sierra Leone et au Liberia ont déjà conduit ces pays à déclarer l'état d'urgence. "Le kush aurait déjà fait des milliers de morts en Afrique de l'Ouest. En Sierra Leone, les autorités ont dû organiser des crémations collectives à cause des morgues surchargées", rapporte le quotidien français.
Au Sénégal, les professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme. "Si nous n'intervenons pas rapidement, le problème va se propager. Nous avons besoin de faire analyser le produit en laboratoire pour identifier sa composition exacte et trouver un antidote en cas d'overdose", alerte le professeur Idrissa Ba, coordinateur du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar.
Les symptômes observés chez les consommateurs sont extrêmement préoccupants : "Ils sont comme des zombies, ils ont du mal à marcher. Au début, on a pensé au fentanyl parce que l'on voyait les images venues d'Amérique, mais c'est pire que ça", insiste cet addictologue, qui mentionne également des cas de "paranoïa, hallucinations" et même des suicides.
Face à cette crise qui ne fait que commencer, les autorités sanitaires appellent à une action coordonnée pour éviter que ce fléau ne se propage davantage dans la région.
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SEYDI GASSAMA ALERTE SUR LES RESTRICTIONS PERSISTANTES
Invité du Jury du Dimanche, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal a salué des avancées en matière de liberté de manifester, tout en pointant des freins persistants, notamment liés à l'encadrement administratif des rassemblements.
Invité du Jury du Dimanche sur iRadio et iTV, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a reconnu des progrès notables dans le respect des droits et libertés, notamment en matière de liberté de manifester. Il a toutefois plaidé pour davantage de compromis entre autorités, acteurs politiques et société civile afin de garantir l’exercice effectif de ces droits.
Selon lui, les autorités administratives, notamment les préfets, tendent de plus en plus à encadrer les manifestations dès lors qu’elles sont légalement déclarées. Il cite comme exemple les difficultés rencontrées à Dakar, où la mise en service du Bus Rapid Transit (BRT) modifie la donne. « Le BRT traverse les principaux axes où l’on avait l’habitude de manifester, comme les boulevards Mamadou Dia et Bourguiba ou encore la place de la Nation, qui n’est plus adaptée. Le préfet estime qu’une manifestation en semaine pourrait bloquer la circulation entre Dakar et Guédiawaye. Sur ce point, nous sommes d’accord avec lui », a-t-il concédé.
Seydi Gassama appelle ainsi les partis politiques, syndicats et organisations de la société civile à faire preuve de souplesse et à rechercher des accords pour l’organisation des manifestations.
Sur la liberté d’expression, le militant des droits humains se montre plus préoccupé. Il déplore la fréquence des poursuites judiciaires pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles, souvent initiées par auto-saisine du procureur. « Le ministre de la Justice reste responsable de la politique pénale dans ce pays. En attendant des réformes pour mieux protéger les libertés démocratiques, il faut limiter ces poursuites aux cas de troubles graves à l’ordre public », estime-t-il.
Pour Seydi Gassama, la démocratie sénégalaise gagnerait à privilégier la protection des libertés fondamentales, tout en encourageant un climat de dialogue et de tolérance.
par Samboudiang Sakho
MOUSTAPHA KAMARA, UNE VISION DE RUPTURE POUR UN FOOTBALL PLUS ÉQUILIBRÉ À LA FSF
Juriste et spécialiste du droit sportif, il vise la tête du football sénégalais avec un programme axé sur la modernisation économique. Le patron de Coton Sport veut révolutionner la gouvernance d'une fédération jugée trop centralisée
Maître Moustapha Kamara, professeur de droit du sport, auteur d’une dizaine d’ouvrages et fondateur de la Revue Africaine de Droit et d’Économie du Sport (RADES), est officiellement candidat à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF). Originaire de Tambacounda et président du club Coton Sport (N1), il se positionne comme une alternative sérieuse avec une vision moderne et inclusive du football national.
Lors de son intervention sur Walf Sport ce lundi 28 avril, Maître Kamara a dévoilé plusieurs axes majeurs de son programme, axés sur la décentralisation, la structuration économique et la modernisation de la gouvernance du football sénégalais.
L’un des piliers de son projet repose sur la transformation du modèle économique du football national. Il propose un environnement plus favorable aux investissements, la valorisation des droits télévisés, la diversification des sources de financement et un appui concret à l’autonomie financière des clubs, notamment en régions.
Maître Kamara veut mettre fin au déséquilibre historique entre la capitale et le reste du pays. Selon lui, « le football sénégalais ne peut plus être dirigé uniquement depuis Dakar ». Il ambitionne une redistribution équitable des ressources, un soutien accru aux compétitions régionales, ainsi qu’un plan d’investissement dans les infrastructures et centres de formation, pour permettre à tous les talents, sur l’ensemble du territoire, d’éclore dans des conditions dignes.
Fort de son expérience en tant que conseiller auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) et de plusieurs institutions sportives internationales, Maître Kamara plaide pour une gouvernance plus transparente, plus éthique et plus participative au sein de la FSF. Il propose, entre autres, un meilleur encadrement de la gestion financière, l’implication des acteurs locaux dans les prises de décisions, et une limitation des mandats au sein de l’instance dirigeante.
À travers sa candidature, Maître Kamara affirme vouloir impulser une nouvelle dynamique, en plaçant la compétence, l’équité territoriale et l’innovation au cœur du projet fédéral.
OKAPI OIL GROUP DÉMENT TOUT LIEN AVEC UNE AFFAIRE SÉNÉGALAISE
Face à une enquête de la CENTIF impliquant une société portant un nom similaire au Sénégal, le groupe suisse OKAPI OIL GROUP a publié un communiqué pour clarifier la situation et se désolidariser formellement d'Okapi Sénégal Suarl
(SenePlus) - Dans un communiqué parvenu à SenePlus ce dimanche 4 mai 2025, OKAPI OIL GROUP/OKAPI ENERGY GROUP tient à prendre ses distances avec une société homonyme impliquée dans une enquête au Sénégal. Cette mise au point intervient après des informations parues dans la presse concernant une investigation de la CENTIF (Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières) visant une entreprise dénommée Okapi Sénégal Suarl.
"Il n'existe aucun lien juridique, commercial ou opérationnel entre cette entreprise et OKAPI OIL GROUP/OKAPI ENERGY GROUP ni ses directeurs, actionnaires et employés," affirme clairement le groupe dans son texte.
Basée en Suisse, la société OKAPI OIL GROUP se présente comme "un acteur reconnu dans le secteur de l'énergie depuis plus de 9 ans en Afrique subsaharienne". Ses activités sont diversifiées et comprennent le négoce de produits pétroliers, la gestion logistique de la chaîne d'approvisionnement, la distribution de carburants, gaz, lubrifiants et bitume, ainsi que des services de conseil stratégique pour les marchés africains.
Le groupe tient à souligner qu'il "opère avec rigueur, conformité et transparence, en partenariat avec des acteurs majeurs du secteur, dans le respect des réglementations internationales et locales."
Mohamed J. Ndao, fondateur et directeur général d'Okapi Energy Group/Okapi Oil Group, déplore cette confusion qui "nuit à la clarté de notre image et peut semer le doute parmi nos partenaires, clients et autorités." Il appelle chacun "à faire preuve de discernement et à vérifier l'identité des entreprises concernées avant de relayer ou interpréter les faits."
Pour toute information officielle, le groupe invite à consulter son site internet www.okapi-oil.com ou à contacter directement ses équipes.
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SURVIVANCE DE L'ESCLAVAGE DANS LES SOCIÉTÉS ARABES
Dans son roman Symbil et le Décret royal, l’ex-Première Dame du Tchad, Fatimé R. Habré, lève un coin de voile sur la survivance de Noirs esclavagisés dans des sociétés arabes où ils sont discriminés et invisibilisés, parfois interdits de pièces d’identité
La traite transatlantique menée par les Européens, qui ont déporté des Africains vers les Amériques dans le cadre du commerce triangulaire, est bien connue et largement enseignée. En revanche, la traite des Noirs opérée par les Arabes - hier comme aujourd’hui - reste très peu abordée, voire passée sous silence, malgré sa persistance. En effet, dans plusieurs sociétés arabes, des Noirs sont encore victimes de formes d’esclavagisme.
Dans son roman Symbil et le Décret royal, l’ancienne Première Dame du Tchad, Fatimé Raymonne Habré, lève un coin de voile sur la survivance d’un phénomène indigne et inhumain. Invitée récemment à une rencontre littéraire à l’Institut français de Dakar, l’autrice a affirmé que des pays comme le Maroc, la Tunisie, la Libye ou encore l’Arabie Saoudite, parmi d’autres, non seulement ont pratiqué l’esclavage des Noirs, mais s’emploient aujourd’hui encore à invisibiliser, dans leurs sociétés, les descendants de ces anciens esclaves.
L’autrice de Symbil et le Décret royal n’a pas manqué de rappeler les cas récents d’esclavage signalés en Libye ces dernières années. Ce qui la choque profondément, c’est le silence - voire l’indifférence - des Africains, en particulier de leurs dirigeants, face à la survivance de l’esclavage, du racisme et des multiples formes de discrimination qui persistent dans les sociétés arabes.
Pour mémoire, Symbil et le Décret royal de Fatimé Raymonne Habré a reçu le Prix Ken Bugul du livre féminin lors de sa première édition. Dans ce roman, l’auteure nous ouvre les portes du harem, entre fantasmes collectifs et réalités vécues.
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LE SÉNÉGAL A-T-IL RENONCÉ À SON RANG ?
Yoro Dia dresse un constat alarmant de la diplomatie sénégalaise. Le politologue regrette l'abandon progressif de l'héritage diplomatique senghorien et appelle à un retour aux fondamentaux qui ont fait du pays une voix respectée à l'internationale
Dans un entretien accordé à Pape Alioune Sarr lors de l'émission "BL Podcast", Dr Yoro Dia, ancien ministre et docteur en sciences politiques, a livré une analyse lucide de la diplomatie sénégalaise et de son évolution à travers les différentes présidences.
"Le Sénégal est un pays de très grande diplomatie. C'est une réalité devenue possible grâce à notre premier président", affirme d'emblée Yoro Dia. Selon lui, Léopold Sédar Senghor a su comprendre que la géographie unique du Sénégal - pays situé à la "porte de l'Afrique", face aux Amériques et à quelques heures de l'Europe - imposait naturellement une politique d'ouverture. Le principe senghorien "d'enracinement et d'ouverture" a ainsi fondé une diplomatie qui a donné au Sénégal un rayonnement international inversement proportionnel à son poids économique.
Cette tradition diplomatique s'oppose frontalement au "souverainisme" prôné par certains dirigeants actuels. Pour Dr Dia, cette posture est anachronique pour un pays comme le Sénégal qui a accédé à sa souveraineté internationale en avril 1960. Contrairement aux pays enclavés comme le Mali, le Burkina ou le Niger, le Sénégal est naturellement tourné vers l'extérieur : "On discute avec tout le monde. On peut être amis, on peut être alliés, mais on n'est jamais alignés. Le Sénégal n'a jamais été dans des histoires de camp, de bloc."
L'expert rappelle que le Sénégal représente une "exception" précieuse en Afrique et dans le monde. Pays majoritairement musulman ayant eu un président catholique pendant vingt ans, démocratie stable dans une région troublée, le Sénégal a toujours eu pour "destinée manifeste" de battre en brèche les thèses culturalistes affirmant l'incompatibilité entre islam et démocratie, ou entre Afrique et multipartisme.
La diplomatie sénégalaise a connu différentes phases. Si Senghor l'a fondée sur la culture et le dialogue, Abdou Diouf l'a davantage militarisée avec des interventions en Gambie et en Guinée-Bissau. Sous Macky Sall, la diplomatie s'est orientée vers le développement économique et la démocratisation des pays voisins, transformant progressivement "le premier cercle de feu" frontalier en "un cercle de paix en attendant d'en faire un cercle de prospérité".
Yoro Dia regrette cependant que le Sénégal ait aujourd'hui "disparu des radars" diplomatiques africains et mondiaux. "Quand on renonce à ses principes, quand on renonce à ses valeurs, quand on renonce à sa destinée historique, on devient un pays banal", déplore-t-il. Le Sénégal devrait, selon lui, retrouver son rôle historique de médiateur et de défenseur des valeurs démocratiques en Afrique, plutôt que de s'aligner sur les régimes autoritaires voisins.
"La force du Sénégal dans le monde, c'est de dire que nous sommes africains et démocrates, nous sommes musulmans et ouverts", insiste le politologue, appelant à une diplomatie fondée sur la "clarté morale" et la défense des valeurs sénégalaises, au-delà des fluctuations de l'opinion publique.
Dans un monde marqué par la montée des "entrepreneurs identitaires", le journaliste de formation voit le Sénégal comme "une chance pour le monde", un modèle démontrant qu'un pays peut être à la fois musulman, démocratique et stable. Une vision que les dirigeants actuels devraient, selon lui, réaffirmer avec force sur la scène internationale.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LES VEILLEURS DE SANGOMAR DE FATOU DIOME OU LA DÉFENSE ASSUMÉE D’UN IMAGINAIRE ANCRÉ DANS LA CULTURE ET L’HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Par la voix de Coumba, l’auteure affirme son appartenance, tout en signifiant sa connaissance profonde du monde, car l’altérité de la culture sérère est un regard porté sur la condition humaine
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Le genre du roman est protéiforme et il conjugue des usages esthétiques qui peuvent rendre singulier le décor d’une œuvre d'imagination constituée par un récit en prose d'une certaine longueur, dont l'intérêt est dans la narration d'aventures, l'étude de mœurs ou de caractères, l'analyse de sentiments ou de passions, la représentation du réel ou de diverses données objectives et subjectives.
La production de Fatou Diome est un véritable mouvement de création qui s’inscrit dans cette dimension stylistique, représentant un imaginaire personnel et dense tout en s’inspirant du réel et des substances particulières qui constituent les sociétés humaines.
L’intrigue du roman Les veilleurs de Sangomar commence après la période du naufrage du Joola survenu dans l’Atlantique entre Dakar et Ziguinchor en septembre 2002.
Coumba, le personnage phare du roman, est terrassée par le chagrin de la perte de son mari, Bouba, un amour éperdu dont elle refuse le deuil, tant le vide est un trou béant qui ne se referme pas. Avec sa petite fille, elle se réfugie sur son île natale Niodior dans la maison de sa belle-mère. Et même si la tradition le veut, la peine de Coumba ne trouve aucun réconfort auprès de ses mères. Pour elle, seule les murmures du delta et de l’Atlantique peuvent la ramener à la vie.
La pointe de Sangomar est une flèche fragile du delta du Saloum, menacée par l’érosion maritime. Inhabitée, elle est aussi le symbole du village des ombres, là où la parole et l’esprit des ancêtres se réveillent la nuit pour parler aux vivants. Sangomar incarne le Dieu de la mer qui donne et qui reprend, à la fois de manière belle et de cruelle façon.
Le veuvage de Coumba, qui s’étend sur quatre mois et dix jours selon la tradition musulmane, est une épreuve de force. L’entourage de Coumba ne comprend pas son mutisme et son refus de la disparition. Coumba choisit de ne plus parler, ne plus s’alimenter, comme pour faire taire les langues de l’île où chacun s’occupe de l’histoire de l’autre.
En réalité, Coumba retrouve son amour impérissable au royaume des ombres, la seule manière pour elle de revoir Bouba. Elle déniche un carnet confident pour écrire sa solitude et son passage dans le monde des morts car rien ne compte plus que cela, retrouver le visage et les mots de Bouba, et de ceux qui l’ont entraîné dans la torture des vagues, pour comprendre ce qui s’est passé.
À travers ce récit, très fantomatique et romanesque, Fatou Diome convoque le caractère allégorique de la culture sérère et animiste. Au passage, elle égratigne toutes les idées reçues et s’emploie à reformer l’histoire pré-coloniale en s’appuyant sur une incarnation culturelle qui fait renaître les totems essentiels à une identité faite d’un credo inaliénable. À travers ce prisme, elle dénonce aussi tous les actes dévastateurs de la colonisation.
Par la voix de Coumba, l’auteure affirme son appartenance, tout en signifiant sa connaissance profonde du monde, car l’altérité de la culture sérère est un regard porté sur la condition humaine, à travers un paysage, des perceptions sensibles et un langage rare.
La langue de Fatou Diome est particulièrement vive, à la limite du transformisme, et elle chemine avec une expression imagée très solide. Chaque chapitre est construit sur une anaphore qui donne au récit un rythme insolite et des sonorités fabriquées par une langue plurielle.
Habilement construite, la structure du livre tient de la persévérance poétique de Fatou Diome qui se transforme en prose poétique, tout en gardant contact avec le réel. L’auteure s’accapare de la voix de Coumba tout en la dépassant et tout en restant lucide face aux injustices, notamment l’indifférence générale aux drames africains.
La mélancolie de Coumba est au centre de l’intrigue mais celle-ci est transcendée par l’écriture. Cela devient une double confrontation stylistique, celle du personnage et celle de l’auteure. Il y a aussi dans ce formalisme esthétique des emprunts aux procédés cinématographiques qui laissent à voir des images sublimes, découpées dans une variation de lumières métaphoriques.
Le lexique est aussi très attaché aux tableaux majestueux de l’Afrique, en particulier ceux de l’environnement du Saloum où les descriptions sont particulièrement riches et recomposées dans un langage d’une grande précision.
Ainsi Les veilleurs de Sangomar est une ode à l’amour, à son caractère immortel quand la mort survient, un récit intense où l’on ressent les émotions de Coumba comme autant de vérités culturelles et de beauté que seule l’écriture et le dialogue avec l’au-delà parviennent à guérir. Fatou Diome fait partie assurément des écrivaines majeures contemporaines de la littérature africaine, avec sous sa plume une poétique universelle qui touche aux racines de notre imaginaire.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Les veilleurs de Sangomar, Fatour Diome, Éditions Albin Michel, 2019.
OMAR VICTOR DIOP, L'ART EN MOUVEMENT ENTRE DAKAR ET PARIS
Le photographe sénégalais franchit une nouvelle frontière artistique en créant sa première sculpture baptisée "Touki". Ce terme évoquant le voyage et l'exil, témoigne de son propre parcours d'artiste migrant et de sa réflexion sur "le droit à la mobilité"
(SenePlus) - Le photographe sénégalais Omar Victor Diop, désormais installé à Paris, poursuit son exploration artistique en se lançant dans la sculpture avec la prestigieuse maison Bernardaud. Cette nouvelle création, baptisée "Touki", marque un tournant dans le parcours de cet artiste aux multiples facettes.
"Ce terme sénégalais signifie voyager, cela peut même évoquer l'exil. Je l'ai choisi en hommage à ceux qui, souvent par la contrainte, sont obligés de partir sans être toujours bien accueillis", explique l'artiste dans un entretien accordé aux Échos Week-End. Ce choix fait écho à sa propre trajectoire, lui qui a quitté le Sénégal pour s'installer en France en décembre 2022. "Touki est ma façon poétique de parler du droit à la mobilité", ajoute-t-il.
Cette collaboration avec Bernardaud représente pour Omar Victor Diop la réalisation d'une ambition ancienne : "La rencontre avec Bernardaud m'a permis de réaliser un vieux rêve d'enfant : fabriquer un objet". Sa sculpture s'inspire de "l'imagerie des représentations totémiques nigérianes et égyptiaques des pharaons de la XXVe dynastie (VIIIe-VIIe siècles av. J.-C.)".
Le photographe partage désormais sa vie entre la France et le Sénégal, développant un attachement particulier pour son pays d'adoption : "Si Dakar est ma mère, la France est en train de devenir mon amour", confie-t-il. Installé dans le IXe arrondissement parisien, "au pied de la butte Montmartre, tout près de la Goutte d'or", il apprécie particulièrement ce quartier qu'il qualifie de "petit Dakar" avec ses tailleurs sénégalais qui lui rappellent ceux de son pays natal.
La couleur indigo occupe une place prépondérante dans les créations du photographe. "J'aime beaucoup l'indigo, une des teintes principales des tenues des élégantes dakaroises", précise-t-il, évoquant le bazin, ce tissu "teint selon la technique du 'tie and dye', souvent avec de l'indigo". Cette teinte est chargée de souvenirs personnels : "L'indigo naturel conserve une odeur proche de celle de l'encre. Un souvenir des boubous de ma mère et des caftans de mon père."
Le photographe entretient également un lien particulier avec le Japon, où il a récemment exposé dans le cadre du festival Kyotographie. Sa passion pour les couleurs et les matières s'y épanouit : "La première fois que je suis allé au Japon, j'en ai ramené une valise pleine de coupons d'indigo". Les camélias japonais ornent aujourd'hui son balcon parisien, témoignant de son attachement à la nature, lui qui confiait enfant vouloir devenir jardinier.
"Il n'y a pas de silence dans ma vie. Qu'elle provienne de mon téléphone, ou qu'elle me trotte dans la tête, je vis de musique", avoue Omar Victor Diop, se décrivant comme "agnostique en la matière". Admirateur de Ravel, il confie apprécier le compositeur "aussi bien pour l'œuvre que pour son rapport à la création", une approche qu'il partage : "La création est pleine de doutes et peut être douloureuse par moments."
La sculpture "Touki" d'Omar Victor Diop fait partie d'une édition limitée de têtes en porcelaine réalisées dans les ateliers de Bernardaud à Limoges. L'artiste expose actuellement au festival Kyotographie jusqu'au 12 mai, au Völklinger Hütte Museum à Sarrebruck avec "The True size of Africa" jusqu'au 17 août 2025, et au Musée de l'homme à Paris avec "Wax" jusqu'au 7 septembre.