STATION D'EMISSION INTERARMEES DE RUFISQUE
Dans le sillage du départ des militaires français, la France a remis au Sénégal hier la station d'émission interarmées située à Rufisque, en charge des communications sur la façade atlantique sud depuis 1960. Selon un communiqué, cette restitution fait suite à la décision de la commission conjointe du 16 mai 2025, dans le respect de la procédure établie dans le traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre la République française et la République du Sénégal du 18 avril 2012. La commission conjointe franco-sénégalaise, réunie à nouveau le 16 mai 2025, ajoute le texte, a examiné le calendrier et les modalités de remise à disposition du Sénégal des dernières emprises utilisées par les Éléments français au Sénégal. Pour rappel, explique le document, les emprises Maréchal et Saint Exupéry situées à proximité du parc de Hann ont déjà été restituées le 7 mars 2025, et le quartier « Contre-Amiral Protet » situé sur le port de Dakar a été restitué le 15 mai 2025. Les dernières emprises seront restituées d'ici fin juillet 2025, selon le calendrier communément agréé.
UNE PIROGUE DE MIGRANTS ECHOUE A GUEDIAWAYE
Une pirogue transportant des migrants clandestins en partance pour l’Espagne a échoué hier, sur la plage de Guédiawaye à hauteur de la plage Malibou. Pour le moment, le capitaine de la pirogue dont on ignore l'identité a été interpellé par la police. Nous y reviendrons !
PLUS DE 80 TERRORISTES NEUTRALISES AU MALI
Des terroristes ont pris d’assaut plusieurs localités du Mali. Selon la Direction de l'Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), du Mali, des attaques simultanées et coordonnées ont visé sept positions des Forces armées maliennes (FAMA) à Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, Gogui et Kayes, mardi très tôt. Sur la télévision publique, le patron de la Direction de l'Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), le Colonel-Major Souleymane Dembélé, a affirmé que le bilan provisoire fait état de plus de 80 terroristes neutralisés. A l’en croire, les opérations ont également permis la récupération d'un important arsenal de guerre, composé d'armes, de munitions, de talkie-walkie, ainsi que de nombreux motos et véhicules. Vers un ralentissement du flux entre le Mali et le Sénégal La ville de Diboli (Kayes), située à seulement 1,5 km de Kidira au Sénégal, a été la cible d'une attaque du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM) ce 1er juillet 2025 vers 6h du matin. En réaction à cet événement, le Gouverneur de la région de Kayes, le Général de Brigade Moussa Soumaré, a décrété un couvre-feu de 30 jours, reconductible, sur l'ensemble du territoire régional de Kayes. Ce couvre-feu, qui entre en vigueur ce mardi 1e juillet et qui se poursuivra jusqu'au mercredi 30 juillet 2025, interdit formellement toute circulation de 21h00 à 06h00. Seuls les véhicules des Forces de Défense et de Sécurité etles ambulances disposant d'un ordre de mission valide sont autorisés à circuler durant ces heures. Contactés par Dakaractu, des transporteurs sénégalais estiment que cette mesure aura un fort impact sur les échanges entre le Mali et le Sénégal. La région de Kayes est, en effet, une zone de transit majeure pour les transporteurs des deux pays. La frontière entre le Mali et le Sénégal étant très fréquentée, l'instauration de ce couvre-feu aura inévitablement des répercussions sur les activités économiques et commerciales transfrontalières.
LES GREFFIERS REÇUS PAR PR AMSATOU SOW SIDIBE
La Commission Nationale des Droits de l'Homme du Sénégal (CNDH) a reçu ces derniers jours, les représentants de l'Amicale des Greffiers, de l'Amicale des Greffières ainsi que le Syndicat des travailleurs de la Justice (SYTJUST). Selon un communiqué, ces rencontres, tenues dans les locaux de la CNDH, s'inscrivent dans un esprit d'écoute, d'ouverture et de médiation, face à la situation actuelle marquée par le mouvement de grève des greffiers entamé il y a dix jours. Dans son communiqué, la CNDH salue la disponibilité etla volonté d'ouverture manifestées par les différentes parties prenantes. Si l’on se fie au document, les deux amicales et le syndicat ont exprimé leur attachement à la recherche de solutions pacifiques, privilégiant le dialogue et l'apaisement pour préserver le bon fonctionnement du service public de la justice et garantir les droits des citoyens. La CNDH a également reçu une note du Syndicat des travailleurs de la Justice (SYTJUST), réaffirmant sa disposition à poursuivre les échanges et à œuvrer, pour une issue favorable. La Commission Nationale des Droits de l'Homme encourage ainsi toutes les parties à maintenir cette dynamique constructive et salue, à cet effet, l'esprit de dialogue et d'apaisement du Gouvernement à travers les ministères en charge de la Fonction publique et de la Justice.
DIOMAYE RENCONTRE LES SENEGALAIS D’ESPAGNE
En marge de la 4e Conférence des Nations unies sur le financement du développement, le Président Diomaye a rencontré hier soir la communauté sénégalaise établie en Espagne. Selon une note, cette rencontre conviviale et fraternelle a été l’occasion d’un dialogue direct, d’un moment d’écoute mutuelle et de partage, dans un esprit de proximité et de responsabilité. D’après le texte, le Chef de l’État a salué l’engagement de nos compatriotes vivant à l’étranger, qui contribuent activement à l’essor du Sénégal. Il a ainsi rappelé leur rôle central dans la dynamique de transformation nationale et a réaffirmé sa volonté de construire avec elles et eux une relation fondée sur la reconnaissance, la participation et la protection.
UNE DELEGATION MINISTERIELLE A MATAM
En tournée hier à Matam dans le cadre de l’examen du Baccalauréat, le ministre de l’Education nationale a déclaré que globalement, les instructions données en conseil interministériel ont été bien suivies par tous les acteurs. Selon lui, le ministère de l’Intérieur a mobilisé l’administration et les différents acteurs de son ministère pour accompagner dans toutes les régions les examens des enfants, ajoutant que les autres ministères ont joué aussi leur partition et il y a zéro problème jusqu’ici. Guirassy était accompagné de son collègue de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, ainsi que du ministre de la Formation professionnelle et technique, Amadou Moustapha Ndieck Sarré. Pour Guirassy, leur présence ensemble montre cette cohésion et leur vision d’ensemble. Et que c’est un grand atout pour garantir à chaque sénégalais qui entre dans le système qu’il aura tout ce qu’il faut pour accompagner et lui donner la possibilité d’accompagner la transformation du pays.
28 954 CANDIDATS DONT 61,45% DE FILLES DE THIES
Il est noté à Thiès cette année une plus grande percée des filles dans la liste des candidats au Baccalauréat. Certainement, la promotion de l’éducation des filles est passée par là. En effet, la région compte 28 954 candidats contre 28 079 l’année dernière. Et il y a 61,45% de filles contre 38,55 de garçons, alors que les filles représentaient 59,35%l’année dernière contre 40,65% de garçons. Les candidats à besoins spécifiques représentent moins de 1% des candidats cette année, alors que les candidats libres représentent 8,87% de l'effectif. Les arabisants sont au nombre de 1 536 soit 4% des candidats de la région. Pour cette session 2025, la région a mobilisé 3 354 surveillantes et 1 739 correcteurs ; selon Georges Faye Adjoint au Gouverneur chargé des questions administratives, qui a dirigé la délégation qui a visité quelques centres, tout se déroule normalement, mais il y a encore des efforts à faire quant à la promotion des séries scientifiques.
SABOTAGE D'EX-PRESTATAIRES DU PROGRAMME DE CMU
L'Agence Sénégalaise de la couverture sanitaire universelle (SEN-CSU) s’est fendue d’un communiqué hier, pour attirer l'attention de l'opinion sur des actes qu’elle qualifie de sabotage et de défiance perpétrés par d'exprestataires du programme de CMU, dont les contrats avec les organisations mutualistes ont expiré depuis fin décembre 2023. Selon un texte, ces prestataires qui estiment être plus légitimes que les autres Sénégalais ayant postulé aux candidatures lancées par voie de presse en novembre 2024, s'autorisent à s'inviter illégalement aux sessions de formation, destinées aux nouvelles recrues sur le territoire national. Dans le document, la Direction générale prévient ces prestataires, que tout saboteur identifié sera traduit devant les juridictions du pays. L’agence se réserve aussi le droit d'ester en justice contre ceux parmi eux qui diffusent de fausses informations relatives au processus de recrutement confié à un Cabinet indépendant. La Direction générale rappelle que près de 700 prestataires composés d'agents de Bureaux CMU, d'Agents de promotion et de Techniciens Supérieurs en Informatique (TSI) seront sélectionnés sur la base de critères bien définis pour servir dans le processus de développement du programme de Couverture Sanitaire Universelle au Sénégal. C'est ainsi que, rapporte le texte, le cabinet a sélectionné une première cohorte de 300 agents qui répondent parfaitement aux critères en attendant de publier une seconde liste de près de 400 autres, d'ici à la fin du mois de juillet 2025. La Direction générale rappelle également avoir trouvé plus de 1 000 agents dont les contrats avec les mutuelles de santé ont expiré depuis décembre 2023.
LE PRODAC DECROCHE UN DAC A MISSIRAH
La commune de Missirah va bientôt disposer d’un domaine agricole communautaire. Hier, le conseil municipal a donné un avis favorable sur le projet d’installation d’un Dac dans la zone bananière de la commune de Missirah non loin du village de Sankagne. Compte tenu de l’importance de ce projet, c'est le coordonnateur du Prodac himself Cheikh Ahmadou Bamba Ngom qui a tenu à expliquer aux conseillers la vision qu’il veut impulser au Prodac. Claires, précises, les explications du coordonnateur national et des collaborateurs qui l’ont accompagné ont convaincu le conseil municipal qui a voté à l’unanimité le projet qui devrait bientôt prendre forme et contribuer à fixer les jeunes à travers des activités génératrices de revenus notamment dans le domaine agricole, de l’élevage et de la pisciculture. Le patron du Prodac était accompagné du président du conseil de surveillance Abdou Mbacké Samb par ailleurs coordonnateur de Pastef et d’autres directeurs.
SECURISATION DU FONCIER DE MISSIRAH
C’était donc le ballet de Dg à Missirah mardi. Après le patron du Prodac, le maire Amadou Ba a reçu la visite du coordonnateur du Procassef. Mohammad Moustapha Dia et son équipe étaient venus remettre aux populations des titres de propriétés gracieusement. En effet, le Procassef est un projet de la Banque mondiale qui aide les populations à sécuriser leur foncier en proie à une convoitise de la part des spéculateurs. Plus de 400 parcelles ont été identifiées et les titres sont disponibles. C’est presque gratuitement que les populations reçoivent les documents. La cérémonie a été présidée par le sous-préfet Moussa Mbodji. La rencontre a été une occasion pour l’édile de Missirah de saluer ce projet qui vient à son heure puisqu’il enraye les conflits autour du foncier. 24 personnes ont reçu séance tenante leurs titres.
UNE INITIATIVE LOCALE AU RYTHME DE LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE
Les algues qui polluent nos plages et notre environnement marin sont transformées en matière première pour servir à la fabrication de produits agricoles, alimentaires et sanitaires.
Les algues qui polluent nos plages et notre environnement marin sont transformées en matière première pour servir à la fabrication de produits agricoles, alimentaires et sanitaires. A Ngaparou, le Professeur d’université à la retraite Abdourahmane Tamba redonne vie à ces or- durs qui peuvent aujourd’hui participer à l’atteinte de nos objectifs de souveraineté alimentaire.
MBOUR – Dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. A Ngaparou, Abdourahmane Tamba transforme les déchets de la mer en matière première. Dans ce village côtier, situé à 80 kilomètres au Sud de Dakar, les algues marines ont une seconde vie en dehors du grand bleu. Depuis quelque temps, le Professeur d’universités à la retraite s’est trouvé une nouvelle passion. Il donne un nouveau souffle aux algues marines récupérées sur les plages. Cette ressource longtemps négligée est le produit de base d’une grande révolution alimentaire. Désormais, ces déchets qui défigurent nos plages sont utilisés pour nourrir les populations, le bétail, l’agriculture et l’industrie pharmaceutique. « Vous avez vu mes moutons. Ils se nourrissent de fourrage que j’ai fabriqué à partir des algues. Mon bœuf se nourrit aussi des algues transformées et enrichies avec d’autres senteurs », explique le Professeur Tamba, secrétaire exécutif de SOS environnement.
Derrière cette prouesse, c’est tout un protocole qui doit être appliqué pour arriver à ce résultat. Lors de la phase de récupération, les algues non contaminées par la pollution sont choisies. Il s’ensuit un séchage avant que la magie ne puisse s’opérer. Avec ces nombreuses tonnes d’algues qui échouent sur nos plages, l’ancien chef de programme de valorisation des algues marines du Sénégal trouve un moyen rapide et durable de participer à la souveraineté alimentaire. La transformation des algues est aussi un moyen de lutter efficacement contre la pollution des plages de la petite côte, qui constitue la vitrine touristique de la destination Sénégal. « Dans le domaine de la nutrition, nous mangeons mal et nous avons énormément de possibilités avec les algues. Dans le domaine de la santé, les algues contiennent des éléments importants pour la peau, la santé maternelle, la santé infantile. Sur le plan agricole, les algues ont un très grand potentiel pour nourrir le sol. Et dans l’élevage, il est possible de transformer les algues en fourrage, dans un pays comme le nôtre qui a des difficultés à nourrir sa population et son bétail », a-t-il rassuré.
Ainsi, cette nouvelle technologie qui invite à repenser les rapports entre l’eau et la terre est un mécanisme qui se concentre sur la réduction de l’empreinte environnementale, la création d’emplois et la croissance de l’économie locale. Comme pour dire que la mer peut offrir d’autres ressources utiles en dehors des ressources halieutiques. Surtout, les femmes transformatrices de produits halieutiques peuvent aussi se faire une place dans l’industrie des algues.
Quand les femmes intègrent les recettes dans la cuisine
Une fois séchés, ces végétaux marins sont transformés en poudre qui peut bien servir à la consommation humaine. A Ngaparou, les groupements de femmes qui collaborent avec le Professeur Tamba ont déjà expérimenté des recettes à base d’algues marines. Aujourd’hui, elles détiennent les secrets d’une large gamme de produits naturels comme le thiakry, les nems, les fataya ou encore du jus et d’autres compléments alimentaires, le tout soigneusement concocté avec de la poudre tirée de la transformation des algues. Cette machine portée par ces braves dames est un modèle pour stimuler l’esprit entrepreneurial et générer des emplois chez les jeunes et les femmes. « L’algue rouge est un trésor de la mer que nous pouvons intégrer dans nos produits locaux, pour ajouter de la valeur, nourrir, soigner et surtout toucher de nouveaux marchés. Aussi, il faut préciser que l’algue a des propriétés antibactériennes qui lui permettent d’avoir une longue durée de vie après la transformation. Cela ne va pas sans compter les multiples vertus que les algues possèdent en matière de santé et de bien-être. C’est pour ces raisons que la transformation est une entreprise rentable », a expliqué la porte-parole des femmes transformatrices de Ngaparou, Fatou Bineta Tamba.
L’ingéniosité d’Abdourahmane Tamba attire déjà des partenaires qui s’engagent à accompagner les initiatives. Une manière de soutenir l’économie circulaire qui est un enjeu de taille à l’échelle mondiale, dans un contexte marqué par la pollution et les changements climatiques. Il s’agit pour le Centre africain de la performance et de l’excellence opérationnelle (Capeo) de mettre en place des dispositifs d’accompagnement pour arriver à la création d’entreprises spécialisées dans la transformation des algues marines. Un moyen efficace d’accentuer la lutte contre l’insalubrité de nos côtes, mais aussi de préserver notre environnement tout en créant des milliers d’emplois. « Notre idée, c’est d’amener une approche entrepreneuriale. C’est permettre à ces produits à base d’algues d’atteindre les cibles. L’idée aujourd’hui, c’est de pousser les jeunes et les femmes à avoir l’esprit entrepreneurial et aller vers ces opportunités offertes par les algues pour créer des entreprises », a expliqué Cheikh Moubarack Wade, directeur exécutif du Capeo.
Par Souleymane Diam SY
ÉVITER LE FANATISME
En déclarant que « les chaussures de son guide spirituel ont plus de valeur que le saint coran » - une sortie malheureuse qui a offusqué le commun des croyants -, le sieur Diagne ne s’attendait certainement pas à être arrêté et jugé devant une juridiction
«Est-ce que vous fumez du chanvre indien ? » Cette question devenue presque banale a été adressée par le représentant du parquet au prévenu Cheikh Diagne alias Moussa Diagne, chef religieux. Le mis en cause, tout embarrassé, n’a pas apprécié cette interpellation. Il s’attendait à toute sorte de questions sauf à celle-ci, surtout en présence de ses disciples et de ses parents. Ce qu’il semblait ignorer, c’est que la barre a ses particularités et ses réalités. Elle n’accorde aucune faveur basée sur le statut social, la religion ou la couleur. Au Sénégal, tous les justiciables sont d’égale dignité. Et le juge n’a pas manqué de lui faire cette précision. Mais aussi de lui rappeler que toute partie au procès a le droit de poser toute question qui lui semble appropriée pour éclairer la lanterne du juge.
En déclarant que « les chaussures de son guide spirituel ont plus de valeur que le saint coran » - une sortie malheureuse qui a offusqué le commun des croyants -, le sieur Diagne ne s’attendait certainement pas à être arrêté et jugé devant une juridiction de jugement. Sa déclaration blasphématoire sur l’islam et son Prophète est indigne d’un prétendu guide spirituel qui n’a pas su maîtriser ses émotions. Elle a provoqué une onde de choc auprès de l’opinion publique et suscité partout l’indignation. En effet, rien ne saurait justifier de tels propos.
Jugé le 4 juin 2025 pour discours contraire aux bonnes mœurs, incitation à la discrimination religieuse, discours qui tend à un soulèvement entre citoyens et insulte via un système informatique, il a reconnu les faits. Il a précisé que ses déclarations datent de 2020 et qu’elles ont été sorties de leur contexte. Même s’il a présenté ses excuses, le mal était déjà fait. Nous sommes dans une société où la religion a de beaux jours devant elle. Le défunt Khalife général des Tidianes, Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, n’a jamais cessé de le rappeler : le Sénégal est un terreau fertile en matière de religion. Malheureusement, de nombreux vendeurs de rêve qui prennent des vessies pour des lanternes se voient dans leurs délires en messies, en messagers de Dieu. Or, ils ne sont rien et ne savent pas grand-chose. Et beaucoup de jeunes, des espoirs pour leurs familles, mordent malheureusement à l’hameçon et se font facilement ferrer par ces mercenaires de la religion. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la déclaration du Général à la retraite, Meïssa Sellé Ndiaye, ancien aide de camp du Président Macky Sall. « L’erreur serait de croire que cela n’arrive qu’aux autres ». Cette mise en garde tient toute sa pertinence et intervient dans un contexte si particulier en partageant son inquiétude par rapport à la menace terroriste qui guetterait notre pays. Et il n’a pas tort, car aucun pays n’est à l’abri du terrorisme.
« Ils (les jihadistes) exploitent des facteurs sociaux comme le système des castes ou les séquelles de l’esclavage par ascendance pour convertir des populations marginalisées à un islam qui est présenté un peu comme une sorte de théologie de la libération », alerte François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans la semaine de JA, sur Rfi, publié le 7 juin 2025.
Le seul bémol dans l’alerte du réserviste semble l’indexation d’une communauté identifiable par l’accoutrement, la barbe, la manière de faire leurs prêches dans les écoles et autres lieux de culte pour un retour aux pures sources islamiques.
Garder cette longue tradition de paix, de cohésion sociale et d’harmonie de notre pays suppose donc que l’on évite certaines déclarations malveillantes sur les croyances religieuses. Le Sénégal, pays de la Téranga, est un terreau très fertile du dialogue interreligieux. Nous devons toujours veiller au respect des croyances des uns et des autres. Car, la religion touche le cœur et rien que pour cela, il est primordial de savoir raison garder. Nombre de pays ont basculé dans le chaos, la violence et le désordre à cause des « pyromanes » de type nouveau qui sèment la zizanie. La foi étant sacrée, nous devons bannir tout discours visant à l’ébranler. Nous devons surtout rester vigilants en croyant que cela n’arrive qu’aux autres.
Par Amadou Mbengue dit Vieux
À QUEL CHEIKH DIBA SE FIER ?
S’il a gardé le silence hier, pourquoi faudrait-il croire qu’il dit la vérité aujourd’hui ? L’Etat est un continuum, et les fautes s’il y en a, doivent être portées à la lumière avec rigueur et preuves, non par opportunisme
Lorsqu’un homme traverse les administrations sans éclaboussures, qu’il est encensé pour sa technicité, son humilité et sa rigueur, on est naturellement porté à lui faire confiance. Cheikh Diba, aujourd’hui ministre des Finances et du budget, est de ceux-là. Il n’est pas un homme politique de la première heure, mais un technocrate chevronné, formé dans les arcanes du ministère de l’Economie et des finances. Sa carrière, jusque-là linéaire et discrète, lui a valu le respect de ses pairs, et même celui de ses adversaires.
Mais depuis sa nomination au poste ministériel, un trouble s’installe. L’homme posé, respectueux de la continuité de l’Etat, semble céder le pas à un autre Cheikh Diba : plus politique, plus accusateur, plus prompt à imputer les errements économiques du pays à ses prédécesseurs. Lors du dernier débat d’orientation budgétaire, alors qu’on s’attendait à un discours de transition et de responsabilité, Cheikh Diba surprend. Il affirme, sans détour, que la dette actuelle du Sénégal est «lourde» et résulte des choix budgétaires «irresponsables» de l’ancien régime. Des mots qui tranchent avec la retenue habituelle du haut fonctionnaire qu’il fut.
Cette sortie soulève une interrogation majeure : que devient la neutralité administrative lorsqu’un technocrate entre en politique ? Car il fut un temps, pas si lointain, où ce même Cheikh Diba, en sa qualité de Directeur général de la programmation budgétaire, fut un des artisans silencieux de la stratégie d’endettement du Sénégal. Il participait aux arbitrages, validait les plans, les projections, et apposait sa caution professionnelle sur les orientations macroéconomiques du régime qu’il dénonce aujourd’hui. Etait-il complice ou simplement silencieux ? Savait-il ou faisait-il semblant de ne pas savoir le niveau de la dette ?
Le malaise se renforce lorsqu’on se rappelle le témoignage de feu Mamadou Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du budget, lors de la passation de service. Il a décrit Cheikh Diba comme un collaborateur loyal, compétent et rigoureux, un homme de dossiers qui maîtrise parfaitement les rouages budgétaires et financiers du pays. Il a souligné qu’il n’avait aucun doute sur la capacité de Cheikh Diba à porter la barque financière de l’Etat, tant il avait toujours fait preuve d’un grand professionnalisme et d’un sens élevé de l’Etat. Le problème n’est pas qu’un ministre critique ses prédécesseurs, c’est même de bonne guerre en politique. Le problème, c’est que Cheikh Diba n’est pas n’importe quel ministre. Il fut le témoin direct, voire l’architecte secondaire, des décisions qu’il condamne aujourd’hui. Et s’il a gardé le silence hier, pourquoi faudrait-il croire qu’il dit toute la vérité aujourd’hui ?
Ce revirement suscite donc une question cruciale : à quel Cheikh Diba faut-il se fier ? Celui qui se tenait droit dans l’ombre des cabinets ministériels ou celui qui, une fois nommé, s’empresse de désigner des coupables ? La parole publique engage, et plus encore quand elle vient d’un homme de chiffres et de dossiers. Elle doit être cohérente, informée et, surtout, responsable.
En ces temps où la confiance des institutions financières s’effrite, les technocrates devenus ministres ont une responsabilité éthique particulière. Ils doivent rappeler que l’Etat est un continuum et que les fautes, s’il y en a, doivent être portées à la lumière avec rigueur et preuves, non avec opportunisme.
Cheikh Diba a le choix : soit rester fidèle à la rigueur qu’on lui reconnaît, soit céder aux facilités du discours politique. Mais il ne peut être les deux à la fois. Car un pays en quête de vérité et de relance économique a besoin de repères solides, pas de visages à double lecture
Amadou Mbengue dit Vieux est Secrétaire général de la Coordination départementale de Rufisque, membre du Comité central et du Bureau politique du PIT/Sénégal.
Par Baba DIENG
LE DÉRÈGLEMENT DU MONDE
Nombreux sont les Sénégalais qui ont pensé, au soir du 24 mars 2024, que toute violation des droits humains relève, dans ce pays, de l’histoire ancienne. Le parti Pastef s’est toujours présenté comme une victime de la répression du satrape Macky Sall
J’ai une grande admiration pour l’écrivain et académicien Amin Maalouf. Le conteur exceptionnel, celui à qui l’on doit Le Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993), se double d’un essayiste à l’érudition séduisante. Riche de ses différentes civilisations -arabe et occidentale-, son œuvre est une tentative sans répit de réconcilier ces deux mondes séparés par un «mur». Son regard lucide et décentré sur notre monde, facilité par une pensée aux influences multiples, constitue, pour parler comme Michel Foucault, des «boîtes à outils» qui permettent de comprendre les enjeux et périls de notre époque. J’ai lu Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s’épuisent. La guerre entre l’Etat hébreu, soutenu par ses alliés occidentaux, et l’Iran, cette puissance rebelle du Moyen-Orient, est venue faire un travail d’aggiornamento pour ce livre publié en 2009 aux Editions Grasset. Dans cet essai foisonnant qui détaille les thèmes déjà échafaudés dans Les identités meurtrières (1998), Amin Maalouf analyse la manière dont l’effondrement des civilisations dominatrices a bouleversé les équilibres du monde. Pour lui, le dérèglement de celui-ci ne tient pas au «choc des civilisations» dont parle Samuel Huntington dans un livre remarquable, mais à l’épuisement simultané et dramatique de deux grands ensembles culturels : l’Occident et le monde arabe.
Les victoires trompeuses
A la fin des années 1990, au sortir de la Guerre froide qui a consacré la victoire du capitalisme sur le communisme, le modèle occidental était présenté, pour tous les peuples du monde, comme ce que les Grecs appellent le telos, c’est-à-dire le but, l’achèvement de leur modernité. L’on se souvient du livre controversé du politologue américain Francis Fukuyama, La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme (Flammarion, 1992), dans lequel, s’inscrivant dans une perspective hégélienne et téléologique, il déclare que la démocratie et l’économie de marché constituent, pour l’homme, le stade ultime de sa perfection. La civilisation occidentale, qui est sans doute celle qui a plus donné à l’Humanité en matière d’innovations et de progrès, a ainsi régné en maître sur le monde plusieurs générations durant. Mais cette victoire, écrit Amin Maalouf, est «trompeuse» dans la mesure où «l’Occident a gagné, il a imposé son modèle ; mais par sa victoire même, il a perdu». Les richesses que les Occidentaux ont produites n’ont pas pu hélas «s’étendre au-delà de leurs frontières culturelles». A cela s’ajoute leur incapacité à trouver les ressources morales nécessaires pour perpétuer leur domination. Car, par exemple, les valeurs proclamées urbi et orbi -les droits de l’Homme, la Justice, la République, la démocratie, etc.- ont été refusées aux autres peuples, servant ainsi de moyens pour accentuer leurs mécanismes de prédation.
Il ne s’agit pas de dire que la civilisation occidentale a été dépassée par celles des autres, loin s’en faut, mais on constate que les peuples longtemps dominés ont réussi à se former à l’école prolifique de l’Occident. Celui-ci a donc perdu ce qui constituait sa singularité, sa puissance. Le monde est ainsi bousculé, déréglé, car les logiques de domination entre le Nord et le Sud sont redéfinies. Pour l’Occident, il s’agit d’apprendre à avoir l’humilité de cohabiter avec d’autres forces naissantes qui contestent désormais sa suprématie ; pour les pays du Tiers-monde, par contre, cette émergence économique extraordinaire est une manière de défier l’ogre occidental et, mieux encore, de lorgner sa place.
Sur le plan économique, la victoire du capitalisme sur le communisme a accentué, paradoxalement, le déclin de l’Occident. En effet, avec l’effondrement de l’Union soviétique, plusieurs pays, devenus aujourd’hui de grandes puissances économiques, ont réussi à s’extirper du carcan du dirigisme. L’économie de marché à l’occidentale leur a permis de réaliser d’incroyables bonds en avant. L’exemple le plus frappant est celui de la Chine. En 1978, et c’est une information importante pour notre Premier ministre qui ne sait pas choisir ses modèles, un homme de 74 ans, miraculeusement rescapé des purges de la Révolution culturelle de 1966, Deng Xiaoping, hérita des rênes d’un pays communiste plombé par les politiques à tâtons de son prédécesseur plus créateur de slogans que travailleur, et chambarda le cours de son histoire. Il libéra aussitôt le milieu rural, en distribuant aux paysans les terres collectivisées. En approfondissant sa réforme structurelle de l’économie chinoise, le successeur de Mao Zedong décida que les paysans, affranchis de l’omniprésence suffocante de l’Etat dirigiste, pourront désormais choisir eux-mêmes leurs cultures. Les productions agricoles augmentèrent, sans oublier les Investissements directs étrangers (Ide), et la Chine entama sa marche spectaculaire vers le développement. Cet atelier du monde, qui a choisi de mener la guerre économique plutôt que celle militaire contre ses adversaires dont principalement l’Occident, symbolise les bouleversements de la structure classique de notre époque. Pour la petite histoire, soit dit en passant, le plus illustre des Chinois, ce n’est pas Deng Xiaoping, mais Mao. Comme quoi les peuples sont toujours reconnaissants envers les dirigeants qui flattent leur orgueil et leur donnent du rêve. De la grandeur. Une très belle leçon pour nos marchands de cauchemars…
Les légitimités égarées
Le dérèglement de notre monde s’explique aussi par l’absence de légitimité des pouvoirs à la tête de plusieurs Etats. La légitimité, écrit-il, «c’est ce qui permet aux peuples et aux individus d’accepter, sans contrainte excessive, l’autorité d’une institution, personnifiée par des hommes et considérée comme porteuse de valeurs». L’historien et sociologue français Pierre Rosanvallon, lui, parle d’«appropriation sociale des pouvoirs». Quand les pouvoirs politiques ne tiennent que par une gamme privée et/ou publique d’institutions de répression, les révolutions qui en découlent, avec leur lot de dégâts, accentuent, au niveau global, les dérèglements. «Pour que le monde fonctionne de manière à peu près harmonieuse, sans perturbations majeures, la plupart des peuples devraient, estime-t-il, avoir à leur tête des dirigeants légitimes ; lesquels seraient «chapeautés», puisqu’il le faut, par une autorité mondiale également perçue comme mondiale».
La fin de la Guerre froide a aussi exacerbé la puissance des Etats-Unis d’Amérique qui, il faut le rappeler, émane historiquement des conséquences politiques et économiques de la Grande Guerre. L’Amérique, avec ses redoutables bombardiers B-2 Spirit, confirme encore une fois sa volonté de diriger de fait le monde. L’opposition frontale entre le monde arabe et l’Occident peut s’expliquer en partie par le fait que la domination du second est perçue comme illégitime par le premier. La guerre entre l’Etat hébreu et l’Iran en est une illustration. Pour les Perses, cette confrontation avec l’ennemi (c’est-à-dire le non-semblable dont la présence et l’influence constituent une menace existentielle pour ses semblables) est aussi une expression d’antiaméricanisme dont la base fondamentale est l’exacerbation d’une civilisation riche et millénaire ; tandis que les Américains, eux, n’ont que trois siècles d’histoire. Quant aux Arabes, en outre, il faut développer une autre forme de légitimité, celle dite «patriotique» ou «combattante», pour s’opposer à l’ennemi. Les dirigeants ont l’obligation de porter les voix et aspirations de leurs peuples contre l’Occident, afin d’être perçus comme légitimes.
La méfiance des Arabes vis-à-vis de l’Occident -qui est à l’origine de l’instauration d’un mur séparant, peut-être même définitivement, ces deux mondes, comme celui qui divisa naguère l’Europe- traduit la frustration de ces peuples longtemps bâillonnés et humiliés par l’Occident et ses alliés juifs. Le radicalisme religieux apparu dans les années 1970, et fortement dirigé contre les Occidentaux, est une conséquence des nombreux ratages du monde arabo-musulman. Après les débâcles de 1948 et surtout de 1967 (la guerre des Six Jours) contre l’Etat hébreu naissant soutenu par l’Occident, les peuples arabes commencèrent à se désintéresser du nationalisme panarabe dont l’emblématique dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser fut le chef de file. Cette grande désillusion des Arabes, née d’un immense espoir de renaissance et de revanche après tant de défaites, a créé les conditions propices pour l’essor de l’un des plus grands facteurs de dérèglement de notre monde : le fondamentalisme musulman, qui se nourrit de l’intolérance et de la violence.
Les essais de Amin Maalouf dont celui qui a fait l’objet de cette chronique, sont nourris par les dangers qui nous guettent. Mais aussi par une incroyable lucidité dans la manière d’aborder les problèmes extrêmement complexes de notre époque. Le devenir de l’Humanité semble incertain, mais il reste à construire, puisque le «combat pour «maintenir le monde» sera ardu, mais le «déluge» n’est pas une fatalité. L’avenir n’est pas écrit d’avance, c’est à nous de l’écrire ; à nous de le concevoir, à nous de le bâtir ; avec audace, parce qu’il faut oser rompre avec des habitudes séculaires ; avec générosité, parce qu’il faut rassembler, rassurer, écouter, inclure, partager ; et avant tout avec sagesse. C’est la tâche qui incombe à nos contemporains, femmes et hommes de toutes origines, et ils n’ont pas d’autre choix que de l’assumer». Il faut inventer -car il ne s’agit pas de retrouver les repères et valeurs que nous aurions perdus, ou les opportunités manquées- des «utopies émancipatrices» dont parle la politologue Françoise Vergès, pour créer de nouveaux modes relationnels, une nouvelle manière d’habiter le monde. D’autant plus qu’«il n’y a plus d’étrangers en ce siècle, il n’y a plus que des compagnons de voyage»
POST-SCRIPTUM : L’arrestation arbitraire et baroque du journaliste et chroniqueur Bachir Fofana -cette voix ombrageuse au service de la République- me rappelle cette belle réflexion de l’auteur de Samarcande sur la démocratie : «Ce qui est sacré, dans la démocratie, ce sont les valeurs, pas les mécanismes. Ce qui doit être respecté, absolument et sans la moindre concession, c’est la dignité des êtres humains, de tous les êtres humains, femmes, hommes et enfants, quelles que soient leurs croyances ou leur couleur, et quelle que soit leur importance numérique […].» En d’autres termes, la démocratie est cette merveilleuse forme d’organisation politique qui, à la différence des régimes totalitaires et autoritaires déshumanisants de la première moitié du XXe siècle, sacralise les libertés fondamentales de l’homme. En conséquence, dans un régime qui se veut démocratique, envoyer des citoyens en prison ne doit pas être automatique. La liberté étant la règle, tout ce qui conduit à sa restriction doit relever de l’exception. De la nécessité absolue
Nombreux sont les Sénégalais qui ont pensé, au soir du 24 mars 2024, que toute violation des droits humains relève, dans ce pays, de l’histoire ancienne. Le parti Pastef s’est toujours présenté comme une victime de la répression du satrape Macky Sall. Ce qui est une contrevérité, car ce parti -faut-il le rappeler ?- a d’abord choisi la voie insurrectionnelle pour accéder au pouvoir, avant d’être ramené manu militari sur les sentiers du vote par nos institutions républicaines. Mais l’Histoire nous enseigne que tous les monstres qui torpillent la démocratie sont ses rejetons. Le pouvoir violent de Pastef, par le truchement de sa machine judiciaire, continue de persécuter des citoyens pour leurs idées, pour leur appartenance politique.
Ce que l’on reproche à Bachir Fofana, comme à toutes les autres voix dissonantes qui croupissent illégalement en prison, est très simple : débusquer au Quotidien les déconfitures et incohérences d’un pouvoir manifestement partial, qui sanctionne moins les faits que les appartenances. Un citoyen de bonne foi, fût-il un piètre observateur de la vie politique de notre pays, peut aisément constater qu’il y a une volonté manifeste du pouvoir d’«effacer» -le mot, génocidaire, est de notre bonhomme- les citoyens aux opinions hétérodoxes.
Bachir Fofana, citoyen libre, responsable et surtout rigoureux, s’est prononcé sur cette scandaleuse affaire d’attribution de rutilantes voitures aux parlementaires, qui signe l’entrée fracassante de Pastef, pourtant chantre naguère d’une gestion «sobre et vertueuse» des affaires publiques, dans le triste panthéon des prébendiers de la République. Son arrestation ne nous honore pas. Il faut le libérer, et vite.
EN MAITRISE, LES LIONNES DOMINENT L’ALGERIE (3-0) AVANT LA CAN
Tenues en échec à la pause, les joueuses de Mame Moussa Cissé ont réussi à concrétiser leur domination en seconde période grâce à Nguénar Ndiaye, Hapsatou Malado Diallo et Ndeye Awa Casset.
A la fin de la préparation de la CAN Féminine 2024, les Lionnes ont facilement battu l’Algérie (3-0) en match amical mardi, à Blida, et engrangent plus de confiance avant de rallier le Maroc. Tenues en échec à la pause, les joueuses de Mame Moussa Cissé ont réussi à concrétiser leur domination en seconde période grâce à Nguénar Ndiaye, Hapsatou Malado Diallo et Ndeye Awa Casset.
Les Lionnes, tout en maitrisé, sont prêtes. A une semaine pile de leur entrée en lice à la Coupe d’Afrique des Nations féminine de football, les joueuses de Mame Moussa Cissé ont largement battu l’Algérie, ce mardi, en amical. C’est à partir de cette soirée du Stade Mustapha Tchaker de Blida que tout démarre pour les partenaires de Ndeye Awa Diakhaté. Et tout s’est parfaitement passé pour les Sénégalaises, en pleine confiance. Ce succès acquis avec beaucoup de sérieux, sans l’équipe type, est la dernière répétition générale avant de rentrer dans le vif du sujet avec un premier match à la CAN mardi prochain contre la République Démocratique du Congo.
Malgré la fatigue du voyage et des séances successives, les Sénégalaises ont joué tout en maîtrise et ont pressé efficacement des Fennecs, qualifiées pour la CAN mais largement en dessous techniquement et physiquement, comme il y a deux ans au Stade Lat-Dior de Thiès. Plutôt entreprenantes offensivement sur l’entame mais en difficulté en défense, les Algériennes ont permis aux coéquipières de Mama Diop d’enchaîner une troisième victoire sur elles, avec dix buts marqués et seulement un encaissé. Sérieuse et bien en place, Adji Ndiaye a été secouée en début de rencontre, réalisant deux belles interventions face à Bouzid (3e) et Morgane Belkhiter (14e).
UNE SECONDE PÉRIODE DE HAUTE FACTURE
Au milieu de ses deux situations algériennes, Nguénar Ndiaye, idéalement lancée en profondeur par Wolimata Ndiaye, a chauffé les gants de Chloé N’Gazi, obligée de repousser en corner ce piqué subtile de l’attaquante de Bourges (7e). C’est au bout d’un premier quart d’heure équilibré que le Sénégal a pris progressivement la mainmise sur la partie. Alignée au poste d’avantcentre mais souvent placée sur l’aile droite, Mama Diop a constamment mis en danger la défense algérienne, à l’image de cette remarquable action individuelle et ce service au point de penalty pour Ndeye Awa Diakhaté dont la reprise s’écrase sous la barre puis ressort (36e).
VOUS PARTEZ EN GUERRE
Madame Khady Diene Gaye, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Culture a rendu visite hier aux Lionnes du basket à Saly-Portudal dans le cadre de leur préparation pour aborder les compétitions de l'Afrobasket féminin Abidjan 2025 .
En route pour l’Afrobasket, les Lionnes ont reçu hier, mardi, à Saly, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Culture, Khady Diène Gaye. Celle-ci a encensé la bande à Yacine Diop, à trois semaines du coup d'envoi de la 27e édition de l'Afrobasket féminin Abidjan 2025. Tout en exhortant au dépassement car « «Vous partez en guerre», a-t-elle annoncé aux Lionnes du basket, vice-championnes d’Afrique
Madame Khady Diene Gaye, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Culture a rendu visite hier aux Lionnes du basket à Saly-Portudal dans le cadre de leur préparation pour aborder les compétitions de l'Afrobasket féminin Abidjan 2025 .
Prenant la parole devant les Lionnes, elle a salué les membres de l'encadrement technique, administratif, et médical. Madame la ministre des Sports s'est réjouie d’entendre des Lionnes qu’elles sont dans un cadre idéal, un somptueux hôtel 5 étoiles en face de l'océan Atlantique. A l'en croire, toutes les commodités de la haute performance sont réunies pour elles. Elle leur a adressé les encouragements des hautes autorités du pays, en l'occurrence le président de la République Bassirou Diomaye Faye et son Premier Ousmane Sonko. Elle leur a demandé de respecter les consignes et recommandations de l'encadrement et de se donner à fond pour ramener le trophée d'Abidjan, le 3 août 2025.
"Je suis persuadée que cette fois ce sera la bonne. Impossible n'est pas Sénégalais ni Sénégalaise. Je n'ai nul doute que vous êtes conscientes des enjeux de l'heure. Je sais que vous êtes engagées et déterminées à aller compétir pour nous ramener le trophée. Sachez que vous partez en guerre. Certes, vous partez à un championnat mais considérez-le comme une guerre. Une guerre, on la gagne. Ne vous limitez pas tout simplement à gagner des batailles, mais il faudra vaincre l'adversaire qu'il puisse être. Pour cela, il faudra que vous soyez résistantes, résilientes et endurantes ».
La capitaine des Lionnes à remercié Madame la ministre et la fédération des bonnes conditions de préparation avec un hôtel superbe et un bon terrain d'entraînement. La capitaine a rappelé que les Lionnes ont conscience de l'espoir que le peuple sénégalais place en elles et qu'elles vont se battre pour ramener le trophée. Pour rappel, le Sénégal loge dans le groupe C avec la Guinée et l'Ouganda. Finalistes de la dernière édition disputée à Kigali (Rwanda), les lionnes disputeront le premier match de cette 27e édition de l'Afrobasket féminin face aux Guinéennes. Ce derby aura lieu le samedi 26 juillet à 11h30 au Palais des Sports de Treichville à Abidjan (Côte d'Ivoire).
HABIB DIARRA, UN TRANSFERT RECORD POUR UNE PROGRESSION PHENOMENALE
Habib Diarra a officiellement rejoint Sunderland en provenance de Strasbourg contre un chèque de 35 millions d’euros faisant de lui à la fois la recrue la plus chère des Black Cats et la vente la plus onéreuse du Racing.
Le mercato ne fait que commencer mais ça restera probablement l’un, si ce n’est déjà le transfert le plus retentissant d’un footballeur africain cet été. Habib Diarra a officiellement rejoint Sunderland en provenance de Strasbourg contre un chèque de 35 millions d’euros faisant de lui à la fois la recrue la plus chère des Black Cats et la vente la plus onéreuse du Racing.
35 millions d’euros. Tel est le montant du chèque que le Racing Club Strasbourg va recevoir de Sunderland pour la vente de Mouhamadou Habibou Diarra au club anglais. Âgé de 21 ans, le milieu de terrain sénégalais a signé mardi un contrat d’une durée de cinq ans (→2031) et va poursuivre sa progression express en Premier League, sous les couleurs d’une formation qui retrouvera l’élite la saison prochaine après sept années passées dans les Divisions inférieures. La transaction ne défraie pas la chronique uniquement en Alsace. Ce transfert fait aussi couler beaucoup d’encre du côté de Tyne and Wear puisqu’il s’agit de la signature la plus chère de l’histoire de Sunderland.
Comme un Habib peut en effacer un autre… Avec cette vente de Diarra, le record des 18 M€ décaissés à l’été 2023 par Al Shabab pour s’offrir Habib Diallo est explosé, tout comme le record des 23 M€ que Sunderland a déboursés en janvier dernier pour signer l’ancien Lorientais Enzo Le Fée. Pour Habib Diarra, cette arrivée en Premier League ne vient pas seulement couronner une saison 2024-2025 réussie en Ligue 1, marquée par quatre buts et cinq passes décisives en 30 matchs, et un rôle de leader dans la septième place de la jeune équipe du Racing dont il était le capitaine. Ce grand saut témoigne aussi et surtout d’une progression phénoménale vers le très haut niveau.
DÉJÀ UN TAULIER DES LIONS
Né dans la banlieue de Guédiawaye, Habib Diarra est pourtant un enfant de Strasbourg, qu’il a connu de la plus petite catégorie jusqu’en équipe première. Mais c’est en septembre 2021 qu’arrivent les premières récompenses avec ses premières apparitions dans le groupe professionnel. Si ses premiers pas en Ligue 1 interviennent en octobre 2021 face à Saint-Etienne, c’est à la saison 2022-2023, sous les ordres de Julien Stéphan, que le joueur de 21 ans a commencé à s’installer au sein du club alsacien. Le plus souvent remplaçant, Habib Diarra voit son temps de jeu augmenter et le jeune homme marque son premier but en pro le 16 avril 2023, lors d’une victoire contre Ajaccio (3-1).
Après une vraie bonne première saison dans l’élite (29 matchs, 3 buts, 3 passes décisives), le cap est alors franchi et, malgré le départ de Stéphan, Patrick Vieira lui maintient confiance et fait de lui un titulaire indiscutable. Aliou Cissé croit également en lui et le convoque pour la première fois en Equipe Nationale, en mars 2023. Après des premières apparitions anonymes sous le maillot national, dans un rôle très hybride, le désormais ex-capitaine de Strasbourg explose littéralement sous les ordres de Pape Thiaw. Avec quatre buts, dont un doublé contre le Burkina Faso et une réalisation contre l’Angleterre, en onze sélections, Habib Diarra semble déjà indiscutable pour les Lions.
« IL EST PRÊT POUR LA PREMIER LEAGUE »
Capable d’évoluer à n’importe quel poste dans l’entrejeu ou même d’occuper une position plus offensive comme ailier, Diarra n’a rien à envier à Jobe Bellingham qu’il vient remplacer numériquement mais surtout qualitativement chez les Black Cats. Puissant, technique et doté d’une excellente vision de jeu, vrai milieu « box-to-box », il brille par sa polyvalence, sa générosité, lui qui est capable de répéter les efforts tout au long d’une rencontre, et sa maturité. « Habib est un joueur prometteur, et nous sommes ravis de l’accueillir au Sunderland AFC », déclare le directeur sportif du club anglais, Kristjaan Speakman, sur le site officiel des pensionnaires du Stadium Of Lights.
ISRAËL–IRAN, LA GUERRE ÉCONOMIQUE A DÉJÀ UN VAINQUEUR
Alors qu’un cessez-le-feu, fragile et incertain, est entré en vigueur entre la République islamique d'Iran et Israël, une autre guerre, moins visible mais tout aussi décisive, gagne en intensité : la guerre économique
Alors qu’un cessez-le-feu, fragile et incertain, est entré en vigueur entre la République islamique d'Iran et Israël, une autre guerre, moins visible mais tout aussi décisive, gagne en intensité : la guerre économique. Car, au-delà des frappes et des missiles, ce sont les finances publiques, la stabilité monétaire et la résilience industrielle qui façonnent les rapports de force.
L e 20 juin, les États-Unis frappent le site de Fordo, une installation hautement sécurisée construite à flanc de montagne près de Qom, conçue pour résister à d’éventuels bombardements. Ce site incarne l’avancée clandestine du programme nucléaire iranien et sa destruction – inachevée selon plusieurs sources –marque une nouvelle étape dans l’escalade militaire entre Israël et la République islamique d’Iran (RII). Les guerres ne se décident pas seulement sur le terrain militaire. Elles reposent sur les capacités économiques des États qui les mènent. Une armée peut tirer, avancer, frapper, seulement si son pays peut financer ses armes, entretenir ses troupes, réparer ses infrastructures et maintenir sa cohésion interne. Sans ressources, sans capacité de production et sans marge budgétaire, l’effort de guerre s’effondre, quelle que soit la stratégie militaire. C’est ce que plusieurs économistes, issus de traditions intellectuelles variées, ont souligné avec force. Kenneth Boulding affirmait dès 1962 qu’un pays économiquement affaibli voit sa puissance militaire s’éroder mécaniquement. Duncan Weldon rappelle que les Alliés ont gagné la Seconde Guerre mondiale non seulement sur le front, mais surtout par leur supériorité industrielle. Brigitte Granville, dans What Ails France ?, montre comment les déséquilibres macroéconomiques prolongés fragilisent la souveraineté de l’État. Mark Harrison quant à lui insiste sur le lien entre puissance économique, capacité étatique et efficacité stratégique. J. Bradford DeLong, enfin, observe que les régimes autoritaires du XXe siècle ont souvent été défaits non pas par manque de volonté politique, mais par l’incapacité structurelle de leurs économies à soutenir une guerre prolongée.
Tous ces travaux convergent vers un même enseignement : la force militaire dépend de la solidité économique. Une économie dégradée limite les capacités d’armement, désorganise les chaînes logistiques, fragilise la mobilisation de la population – et réduit, in fine, les chances de victoire. Dans cette perspective, et audelà du verdict militaire encore incertain, une question s’impose dès aujourd’hui : dans le conflit ouvert entre Israël et la RII le 13 juin 2025 et interrompu 12 jours plus tard par un cessez-le-feu fragile et incertain qui ne garantit point l'apaisement des tensions, qui gagne la guerre économique – celle qui conditionne toute victoire sur le terrain ?
ÉTAT DES FORCES ÉCONOMIQUES DES BELLIGÉRANTS AU SEUIL DE LA GUERRE
Lorsque la guerre éclate le 13 juin 2025, l’économie de l'Iran est déjà exsangue. Selon le FMI, sa croissance réelle du PIB pour l’année est estimée à seulement 0,3 %, contre 3,7 % pour Israël au premier trimestre. Le chômage illustre également ce déséquilibre. En 2024, il atteint 9,2 % en Iran, chiffre bien en-deçà de la réalité, contre un taux contenu entre 3,0 et 3,5 % en Israël. Ce différentiel traduit une dynamique socio-économique défavorable pour la République islamique, dont la population appauvrie est bien moins mobilisable dans la durée. L’inflation accentue encore cette asymétrie. Elle est projetée à 43,3 % en Iran contre seulement 3,1 % en Israël. L’érosion rapide du pouvoir d’achat rend la mobilisation sociale difficile à maintenir pour le régime, tant sur le plan logistique que politique. Côté finances publiques, le déficit budgétaire iranien atteint 6 % du PIB, alourdi par des subventions ciblées et des dépenses idéologiques. Israël, de son côté, parvient à contenir son déficit à 4,9 %, malgré une forte hausse des dépenses militaires. Là encore, le contraste signale une dissymétrie stratégique structurelle. La situation monétaire renforce ce déséquilibre. Le rial s’est effondré, passant de 32 000 IRR/USD en 2018 à près de 930 000 IRR/USD en 2025.
À l’inverse, le shekel reste stable autour de 3,57 ILS/USD. Une monnaie stable permet à Israël de maintenir ses importations critiques et de financer son effort de guerre dans des conditions soutenables. La RII, au contraire, voit sa capacité de financement militaire minée par une défiance monétaire généralisée.
Enfin, l’ouverture économique creuse davantage l’écart. L’Iran reste largement isolé du système financier international, frappé par les sanctions et déserté par les investisseurs étrangers, évoluant ainsi dans une autarcie contrainte. Israël bénéficie au contraire d’une intégration industrielle et technologique consolidée par ses alliances stratégiques.
Au total, la République islamique d’Iran entre dans le conflit dans une position structurellement défavorable : faible croissance, inflation galopante, déficit public incontrôlé, monnaie en chute libre, isolement économique, et population précarisée mécontente. Israël s’engage quant à lui avec un socle économique solide, des indicateurs de résilience et une profondeur stratégique qui lui permettent d’envisager un effort militaire prolongé.
LE COÛT QUOTIDIEN DE LA GUERRE : UNE PRESSION INÉGALE SUR LES ÉCONOMIES
Le conflit entre Israël et la RII s'est caractérisé par des campagnes aériennes intensives, des bombardements ciblés, des tirs de missiles longue portée et des cyberattaques. Les frappes israéliennes ont prioritairement visé des infrastructures militaires et logistiques. Les dépenses engagées sont considérables : munitions guidées, missiles, drones, avions de chasse, radars, systèmes antiaériens, dispositifs de guerre électronique, salaires et primes militaires, ainsi que toute la logistique liée au front.
Selon le Middle East Monitor, s’appuyant sur des données relayées par le Wall Street Journal, le coût quotidien du conflit s’élèverait à environ 200 millions de dollars pour Israël. Pour la RII, aucune estimation indépendante n’est disponible à ce jour dans des sources reconnues. Toutefois, certains observateurs avancent, sans vérification rigoureuse, une fourchette allant de 150 à 200 millions de dollars par jour. Cette hypothèse doit être prise avec prudence, en l’absence de sources publiques confirmées. Mais ces montants, similaires en valeur absolue, n’ont pas du tout le même poids économique selon les pays. Leurs ef fets, leur soutenabilité et leur impact sur la durée dépendent directement de la structure et de la santé économique de chaque État. Là où Israël peut absorber le choc, l’Iran semble déjà en tension.
FINANCER LA GUERRE : ENTRE RESSOURCES DISPONIBLES ET ÉPUISEMENT DES LEVIERS
Israël soutient son effort de guerre grâce à un environnement financier solide, un accès complet aux marchés internationaux et un tissu productif performant. Il bénéficie aussi d’un appui logistique et stratégique direct des États-Unis (ravitaillements, batteries THAAD, intercepteurs, présence navale) et de renforts britanniques.
L’OECD Economic Survey : Israel 2025 conclut qu’Israël conserve une stabilité macroéconomique robuste malgré les tensions géopolitiques. La RII, en revanche, reste privée d’aide bilatérale et exclue des marchés de capitaux. Son financement de guerre repose sur :
1) Des exportations pétrolières résiduelles ;
2) Un endettement intérieur via des bons du trésor ;
3) Des collectes informelles religieuses (ṣadaqa maḏhabī, naḏr o niyāz) depuis l’été 2025.
Dans le budget 2025, l’augmentation des crédits alloués aux Gardiens de la Révolution et aux entités religieuses dépasse 35 %, tandis que les salaires publics grimpent de 18 à 20 %, dans un contexte d’inflation estimée à plus de 40 %. Ainsi, l’Iran oriente ses ressources vers la survie idéologique plutôt que la soutenabilité économique à long terme. Conclusion : l’Iran mène la guerre dans une fragilité croissante – sans marges fiscales, sans soutien extérieur et dans un climat de défiance généralisée – tandis qu’Israël conserve pour l’heure une capacité d’action durable.
UNE ASYMÉTRIE STRATÉGIQUE À PORTÉE SYSTÉMIQUE
À l’issue de cette analyse, un constat s’impose : Israël est en train de remporter la guerre économique, indépendamment de l’évolution militaire immédiate. Le pays s’appuie sur des alliances solides, des marges budgétaires substantielles et un environnement financier stable qui lui permettent de soutenir son effort de guerre dans la durée. Ce socle est consolidé par un soutien logistique et diplomatique direct des États-Unis – et, dans une moindre mesure, du Royaume-Uni – qui étend sa profondeur stratégique bien au-delà de ses frontières. La République islamique d’Iran, en revanche, mène ce conflit dans un isolement quasi total, sans appui extérieur et avec des ressources internes de plus en plus fragiles : exportations pétrolières limitées, endettement intérieur peu soutenable, captation de fonds religieux. Cette situation ne reflète pas seulement deux modèles économiques distincts, mais deux trajectoires institutionnelles divergentes, désormais soumises à l’épreuve d’une guerre prolongée. L’histoire récente – de la Yougoslavie des années 1990 à la Russie de 1917, en passant par l’Allemagne impériale en 1918 ou la Syrie après 2012 – montre que l’effondrement économique peut précipiter la défaite, même sans effondrement militaire immédiat. Dès lors, la question centrale devient celle de la soutenabilité.
La République islamique d’Iran peut-elle poursuivre son engagement militaire sans déclencher de ruptures budgétaires, monétaires ou sociales ? Israël, malgré sa solidité, pourra-t-il maintenir le soutien de sa population dans le cas d’un enlisement ou d’un choc stratégique externe ? Dans ce face-à-face, l’économie ne joue pas un rôle secondaire. Elle est le révélateur du déséquilibre stratégique – et peut-être, à terme, le facteur décisif du basculement. Une stratégie comparable à la « guerre des étoiles » de Reagan, qui avait épuisé l’URSS en l’entraînant dans une course aux dépenses militaires insoutenables, semble aujourd’hui appliquée à la République islamique d’Iran.
CRISE AVICOLE DANS LES NIAYES
Des localités emblématiques comme Niacoulrab, Niague et Tivaoune Peulh, jadis prospères, font aujourd’hui face à une série de défis qui menacent la survie même de la filière
Longtemps considérée comme le grenier avicole du Sénégal, la zone des Niayes traverse une crise profonde. Des localités emblématiques comme Niacoulrab, Niague et Tivaoune Peulh, jadis prospères, font aujourd’hui face à une série de défis qui menacent la survie même de la filière. Maladies à répétition, faiblesse de la formation, pression foncière et difficultés d’accès au crédit composent un cocktail dangereux pour ce secteur pourtant crucial pour la souveraineté alimentaire du pays
L’hivernage, avec son cortège d’humidité et de chaleur, favorise l’apparition de pathologies redoutables telles que Gumboro, la grippe aviaire ou encore Newcastle. Le vétérinaire Dr Papa Sylla met en garde : « Les mesures de biosécurité doivent être strictement appliquées pour éviter des pertes catastrophiques. » Une exigence trop souvent négligée sur le terrain, avec des conséquences dramatiques..
À Niacoulrab, plusieurs élevages ont été décimés en quelques jours. Lamine Diallo, ouvrier avicole, témoigne d’une situation alarmante : « Une bande de 1 500 poulets a été entièrement perdue à seulement deux semaines de la vente. » Des pertes qui ruinent les petits éleveurs, parfois après des investissements dépassant 1,5 million de francs CFA.
Pour le Dr Amadou Sylla de la clinique Vetomax, l’un des maillons faibles du système est l’absence de formation : « Beaucoup d’aviculteurs recourent à l’automédication, ce qui entraîne des résidus d’antibiotiques dans la viande et renforce l’antibiorésistance. » Une dérive aux effets sanitaires inquiétants pour les consommateurs. Selon Dr Papa Sylla, la filière est en expansion mais reste vulnérable. « Elle est freinée par la répétition des épizooties et l’usage anarchique de médicaments. La biosécurité et l’encadrement technique sont des priorités. » Il préconise des investissements dans des bâtiments modernes, accompagnés d’un suivi vétérinaire rigoureux.
Le constat est partagé par Serge N’Fally Sadio, président de la Fédération des Acteurs Avicoles (AFA). Il pointe un déficit criant de professionnalisation : « Les petits producteurs, qui assurent 80 % de la production, manquent de ressources et de savoir-faire pour une gestion optimale. » Résultat : des installations souvent inadaptées, des protocoles sanitaires insuffisants et une qualité de viande inégale. « Le consommateur n’est pas toujours protégé », concède le vétérinaire. Des alternatives émergent, comme les formations proposées par le Centre de Référence au Métier de l’Agriculture, mais leur portée reste encore trop limitée face aux besoins.
La situation est aggravée par la pression foncière autour de Dakar. L’urbanisation galopante pousse les exploitants à la périphérie, où les terres se font rares et les infrastructures, inexistantes. « Monter un poulailler devient un luxe », confie un éleveur de Tivaoune Peulh, contraint de reculer toujours plus loin pour exercer son activité.
L’autre frein majeur reste l’accès au financement. Khadi Keta, présidente du collège des femmes de l’AFA, explique que la dépendance aux intrants importés – œufs à couver, maïs, tourteaux – fait exploser les coûts de production. « Le kilo de poulet dépasse aujourd’hui 2 000 francs CFA, un prix prohibitif pour bon nombre de Sénégalais », déplore-t-elle. Pourtant, la durée d’élevage reste courte, autour de 35 jours pour un poids moyen de 2 à 2,5 kg par volaille.
Face à cette impasse, quelques solutions commencent à voir le jour. Des campagnes de sensibilisation sur la biosécurité et des accompagnements techniques visent à réduire les risques sanitaires. Des projets de production locale d’intrants, en particulier de reproducteurs, cherchent à limiter la dépendance extérieure. Côté financement, des outils comme le Fonds Stable ou la Banque Agricole proposent des garanties, encore trop timides selon les professionnels du secteur. Enfin, des appels sont lancés pour renforcer la formation à travers les ISEP et les universités.
Serge Sadio garde espoir : « En levant ces blocages, le Sénégal peut augmenter sa consommation annuelle de volaille, actuellement à 6,5 kg par habitant, très loin derrière le Maroc (18 kg) ou les États-Unis (50 kg). » La filière avicole des Niayes est à un tournant. Faute de soutien structurant en matière de santé animale, de formation et de financement, elle pourrait sombrer, avec des conséquences lourdes pour la sécurité alimentaire nationale. Comme le rappelle le Dr Sylla : « Offrir un poulet sain et abordable, c’est une affaire de choix collectif. »