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9 juin 2025
DE BAMAKO À LA GRAND-COMBE, L'ESPOIR ASSASSINÉ
Aboubakar Cissé avait 16 ans quand il a traversé désert la mer pour rejoindre l'Europe. Sept ans plus tard, ce jeune Malien a été tué en France de dizaines de coups de couteau dans une mosquée, victime d'un crime islamophobe
(SenePlus) - Le 25 avril dernier, Aboubakar Cissé, un jeune Malien de 23 ans, était sauvagement assassiné dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, petite commune du Gard. Ce crime, dont le caractère islamophobe a été retenu par la justice, a bouleversé la France et le Mali. Retour sur le parcours d'un jeune homme dont le rêve européen s'est transformé en tragédie.
Originaire de la région de Kayes, à l'ouest du Mali, Aboubakar Cissé est né à Abidjan, où s'était installée sa mère, Fatoumata Diagouraga. Son enfance se déroule entre la Côte d'Ivoire et Bamako, où vit son père Babiny Cissé. C'est dans la capitale malienne qu'il est scolarisé, fréquentant une école franco-arabe comme de nombreux jeunes Bamakois.
En 2017, poussé par "l'ombre grandissante de l'insécurité au Mali et par l'espoir d'une vie meilleure", selon Jeune Afrique, il entreprend le périlleux voyage vers l'Europe. À seulement 16 ans, il traverse l'Algérie puis la Libye, avant d'embarquer sur une embarcation de fortune à destination de l'Italie. De là, il gagne la France.
Considéré comme mineur non accompagné à son arrivée à Paris, Aboubakar est pris en charge par les services sociaux. Après deux années dans diverses structures d'accueil, il est orienté vers La Grand-Combe, cette petite ville du sud de la France où il allait trouver ses repères et construire son avenir.
Loin de l'image parfois véhiculée des jeunes migrants, Aboubakar s'intègre parfaitement dans sa ville d'adoption. "C'était un brave garçon. On le voyait souvent en ville, il se baladait beaucoup. Il avait obtenu son CAP de maçonnerie au lycée Pasteur", témoigne Patrick Malavieille, vice-président du département du Gard, cité par JA.
Son frère, Yoro Cissé, rencontré à Paris par le magazine panafricain, dresse un portrait émouvant : "Aboubakar n'était ni un voyou ni un radical. C'était un jeune homme doux, calme, apprécié de tous". Et d'ajouter : "Il me disait à chaque fois qu'il venait me voir à Paris qu'il aimait bien La Grand-Combe, que c'était une petite ville tranquille où il se sentait chez lui. Il n'a jamais eu de problèmes avec personne là-bas."
Le vendredi 25 avril, fidèle à son habitude, Aboubakar s'est levé tôt pour faire le ménage à la mosquée avant la prière collective. C'est alors qu'un homme prétendant vouloir se convertir à l'islam a pénétré dans le lieu de culte. Avec sa bienveillance habituelle, le jeune Malien l'a accueilli, lui expliquant les gestes de la prière.
L'enquête et les réactions
C'est à ce moment que l'individu a saisi l'opportunité pour l'attaquer sauvagement. Selon le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, cité par Jeune Afrique, l'agresseur "lui aurait asséné au moins plusieurs dizaines de coups de couteau", entre 40 et 50 selon certaines sources.
Le corps d'Aboubakar a été découvert vers 11h30 par les fidèles venus pour la prière du vendredi. Les images de vidéosurveillance de la mosquée ont permis de reconstituer l'horreur de la scène, révélant également que l'assassin a filmé son acte, ajoutant à l'atrocité en lançant : "Je l'ai fait, [...] ton Allah de merde !"
Deux jours après les faits, le suspect, un Français d'origine bosniaque de 21 ans nommé Olivier Hadzovic, s'est rendu aux autorités italiennes près de Florence. Une information judiciaire a été ouverte par le pôle criminel du parquet de Nîmes pour "meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion".
En France comme au Mali, l'émotion a été considérable. À La Grand-Combe, une marche blanche a été organisée, tandis que dans plusieurs villes françaises, des manifestations contre l'islamophobie ont rassemblé des centaines de personnes. Le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien à la famille et à la communauté musulmane, affirmant que "le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France".
Au Mali, des personnalités ont également rendu hommage au jeune homme. La chanteuse Oumou Sangaré s'est dite "profondément bouleversée par ce qu'il s'est passé", déplorant qu'"aujourd'hui encore, un enfant du Mali, un enfant du monde, tombe à cause de la haine". Le ministre des Maliens de l'Extérieur, Mossa Ag Attaher, a quant à lui appelé à ce que "toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame".
Ironie cruelle du destin, Aboubakar, qui avait plaisanté avec son frère en lui disant qu'il retournerait un jour au Mali en avion quand il aurait fait fortune, sera bien rapatrié à Bamako, mais dans un cercueil.
Pour ce jeune homme qui avait bravé le désert et la mer, qui avait su s'intégrer et se faire apprécier dans sa nouvelle communauté, le rêve européen s'est transformé en cauchemar, victime d'une haine aveugle contre laquelle aucun parcours migratoire ne pouvait le préparer.
RADIOGRAPHIE DU PAYSAGE MÉDIATIQUE SÉNÉGALAIS
Le rapport du gouvernement révèle des défis colossaux : journalistes sans protection sociale (86%), entreprises de presse financées sans contrôle, détournement du Fonds d'Appui, et un cadre réglementaire obsolète face à la révolution numérique
(SenePlus) - Le ùinistère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) a publié ce vendredi 2 mai, un rapport exhaustif détaillant les mesures entreprises pour réformer le secteur des médias durant la période d'avril 2024 à avril 2025. Ce document de 38 pages révèle l'ampleur des changements engagés depuis l'arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024.
Dans son avant-propos, le rapport souligne que cette réforme répond à plusieurs impératifs : combler un vide réglementaire persistant malgré l'existence du Code de la Presse de 2017, protéger le public contre la manipulation et les fausses informations, et réguler l'aide financière apportée aux médias. Le président Faye a lui-même affirmé lors d'un conseil des ministres en août 2024 qu'« une presse professionnelle, responsable et respectueuse de l'État de droit demeure un pilier majeur de la démocratie ».
État des lieux du paysage médiatique sénégalais
Le diagnostic établi en 2024 révèle un secteur dynamique mais désorganisé, avec environ :
50 titres de presse écrite (quotidiens, hebdos, mensuels)
150 sites d'information en ligne
300 radios (publiques, privées, commerciales et communautaires)
35 chaînes de télévision diffusées sur la TNT
Cette diversité apparente masque des dysfonctionnements structurels importants :
Non-respect généralisé de l'article 94 du Code de la presse
Absence d'autorisations conformes pour de nombreuses structures audiovisuelles
Prolifération de médias informels servant d'outils d'influence ou de lobbying
Détournement des ressources du Fonds d'Appui et de Développement de la Presse (FADP)
Gouvernance défaillante dans certaines entreprises médiatiques
La précarité alarmante des professionnels
Une enquête de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) citée dans le rapport révèle des conditions de travail particulièrement précaires :
61,7% des journalistes n'ont pas de contrat de travail
54,2% ne bénéficient pas d'un paiement régulier de leur salaire
86% sont privés de couverture sociale et d'assurance maladie
86% ne cotisent pas pour leur retraite
L'une des innovations majeures de cette réforme est la création en août 2024 de la plateforme "Déclaration Médias Sénégal" (DMS), qui centralise et dématérialise l'ensemble des démarches administratives du secteur :
Déclarations de parution
Dépôt légal
Demandes de cartes de presse
Enregistrement des conventions publicitaires
Demandes d'aide publique via le FADP
Une Commission d'examen des déclarations des médias, composée de représentants du MCTN, du Ministère de la Justice, de l'Intérieur, du Travail, du CNRA, du CORED et de la CNCP, a été instituée pour vérifier la conformité des entreprises au Code de la presse.
Des résultats préoccupants mais instructifs
Au 5 février 2025, le rapport fait état de :
639 médias enregistrés sur la plateforme DMS
Seulement 258 (40%) jugés conformes aux dispositions du Code de la presse
381 (60%) ne respectant pas la réglementation en vigueur
Pour les médias en ligne, le bilan est particulièrement révélateur :
Sur 224 sites d'information enregistrés, seuls 48 sont conformes
Sur 123 médias en ligne ayant soumis des contrats de travail, 43 présentaient des contrats non valides
369 régularisations contractuelles seraient nécessaires pour mettre le secteur aux normes
Des mesures concrètes déjà engagées
Face à ces constats, le MCTN a mis en place plusieurs dispositifs :
Blocage des URL par les fournisseurs d'accès internet pour les sites web non conformes
Arrêtés portant cessation de diffusion pour la presse écrite et les web TV en infraction
Reprise des fréquences dormantes pour les radios communautaires ne remplissant pas les critères réglementaires
Révision à la hausse des redevances audiovisuelles pour alimenter un nouveau Fonds de Développement pour la Diffusion et la Production Audiovisuelle (FDDPA)
Sept projets structurants pour 2025-2026
Le rapport détaille sept réformes majeures en perspective :
Création d'une nouvelle Autorité de Régulation des Médias et de la publicité
Adoption d'un Code de la Publicité modernisé
Mise à jour des Cahiers des Charges des Médias
Réforme du FADP pour renforcer sa transparence et son efficacité
Lancement du Fonds de Développement de la Diffusion et de la Production Audiovisuelle
Encadrement juridique renforcé pour l'accréditation des médias étrangers
Digitalisation complète des procédures administratives
Une réforme du cadre légal ambitieuse
Trois textes législatifs majeurs sont en préparation :
Une loi sur l'accès à l'information publique
Une loi sur la protection des lanceurs d'alerte, annoncée par le président Faye
Un nouveau Code de la publicité pour remplacer les textes obsolètes de 1964 et 1983
Le ministre Alioune Sall a également annoncé la création d'une Autorité Administrative Indépendante en remplacement du CNRA, avec des compétences élargies aux médias en ligne et aux réseaux sociaux, aujourd'hui hors du champ de régulation.
Le rapport souligne l'approche participative adoptée par le MCTN, qui a multiplié les concertations avec les acteurs du secteur :
Rencontres avec les syndicats et associations professionnelles entre mai et août 2024
Dialogue avec la Convention des Jeunes Reporters en janvier 2025
Collaboration avec l'Union des Radios Associatives et Communautaires (URAC)
Ateliers de partage sur les avant-projets de loi
Cette démarche vise à garantir l'adhésion des professionnels à une réforme qui, selon le ministre Sall, n'est « ni une fin en soi ni une simple opération de mise en conformité, mais le socle d'un nouveau contrat entre la presse et la société ».
BOY DJINÉ EN GRÈVE DE LA FAIM
Le célèbre détenu Baye Modou Fall refuse de s'alimenter depuis lundi dernier à la prison du Camp pénal de Liberté VI, protestant contre ce qu'il considère comme du harcèlement de la part des gardes pénitentiaires
De nouvelles de Baye Modou Fall alias ‘’Boy Djiné’’ depuis qu’il a été transféré à la prison du Camp pénal de Liberté VI. Selon nos informations, depuis lundi dernier, il refuse de s’alimenter.
Nos sources de préciser qu’il avait des malentendus avec des gardes de cette prison. ‘’Il y a de cela quelques jours, il a eu un problème avec des gardes et il s’est blessé à l’oreille. Après cela, il a porté plainte au commissariat de Dieuppeul. Mais depuis lors, rien n’a été fait, malgré les multiples démarches de son avocat. Depuis lors aussi, ils continuent de le provoquer dans sa chambre, alors qu’ils n'ont rien à lui reprocher. Baye Modou, depuis longtemps, il ne garde plus rien dans sa chambre, hormis quelques habits. Tout cela pour se faire respecter, mais malgré cela, chaque jour, sa chambre fait l’objet de fouilles. Sa famille ne cesse de lui demander de ne pas céder, car il n’aura pas raison. Mais cette situation ne peut pas continuer définitivement. Il faut trouver une solution, car trop, c’est trop’’, ont rapporté des interlocuteurs.
Selon eux, Boye Djiné a fait l’objet d’audition par les enquêteurs de Diourbel, de même que ses deux co-accusés ont été entendus et l’un a bénéficié d’un bracelet électronique. Mais pour Baye Modou et l’autre, la situation n’a pas bougé depuis bientôt deux ans.
‘’Concernant son dossier, aucune preuve n’a été retenue contre lui. On ne le juge pas et on le maintient en prison. On est allé à plusieurs reprises chez le juge, mais rien n’a été fait dans ce sens. C’est une injustice qu’il vit. On lui fait des misères. Tout le monde sait que devant les gardes, aucun détenu ne peut avoir raison sur eux. Modou est déterminé, il compte poursuivre cette grève jusqu’à son jugement. Qu’on le juge ou le laisse partir et que les gardes le laissent tranquille, car il n’en peut plus. Il se dit innocent depuis bientôt deux ans. C’est une injustice qu’il vit’’, ont conclu nos sources.
PAR SIDY DIOP
LE RÉVOLUTIONNAIRE ET LE POLITICIEN
Dans l’enthousiasme d’une alternance politique, il est parfois difficile de distinguer le mouvement des grandes idées de celui des grandes ambitions.
Dans l’enthousiasme d’une alternance politique, il est parfois difficile de distinguer le mouvement des grandes idées de celui des grandes ambitions.
L’avènement de Pastef au pouvoir, porté par le duo Diomaye – Sonko, offre un exemple frappant de cette dualité ancienne : celle du révolutionnaire et du politicien. D’un côté, le révolutionnaire. Il marche, il lutte, il rêve. Il sacrifie sa carrière, sa liberté, parfois sa vie, sur l’autel d’un idéal qu’il croit supérieur à lui-même. Il est l’homme de la nuit des prisons et des matins d’espoir. Dans son discours, la vérité est nue, l’engagement total. Rien n’est négociable. Le pouvoir n’est pour lui qu’un instrument — lourd, dangereux, mais nécessaire — pour transformer radicalement la société. De l’autre, le politicien. Il navigue, il calcule, il compose. Il parle d’idéaux comme on brandit une enseigne, mais ses pas suivent le chemin le plus praticable. Il s’installe dans le pouvoir comme dans un fauteuil un peu large, ajustant les coussins, savourant les honneurs et distribuant les promesses comme des cartes à jouer. L’objectif n’est plus la révolution, mais la longévité ; non plus la rupture, mais l’adaptation.
Aujourd’hui, au banquet de Pastef, les deux approches se retrouvent, assises côte à côte, dans un équilibre instable. Les révolutionnaires sont là, encore portés par la ferveur des meetings, fidèles à l’esprit d’insoumission qui a porté leur cause. Mais, tout autour d’eux, se pressent les politiciens, ces vieux routiers du pouvoir, passés maîtres dans l’art de changer de peau sans changer d’habitudes. Car il faut bien reconnaître à ces politiciens une remarquable capacité d’adaptation. Ils manient à la perfection leurs iridocytes, ces fameuses cellules qui permettent au caméléon de changer de couleur selon les circonstances. Hier chantres d’un système honni, aujourd’hui thuriféraires d’un pouvoir neuf, ils arborent sans ciller les oripeaux de la rupture, tout en perpétuant les réflexes de l’ancien régime. Le paradoxe est frappant : l’anti-système accueille en son sein les enfants du système. Le pouvoir nouveau s’entoure des visages d’hier, grimés en compagnons d’avant-garde. Les mots changent ; les méthodes parfois moins. Le discours se fait révolutionnaire ; les pratiques restent familières. Cette cohabitation n’est pas sans risques. Car l’irritation guette.
Dans un premier temps, l’enthousiasme populaire peut servir de vernis. Les attentes sont immenses, la patience généreuse. Mais bientôt viendra le temps des bilans, et la société regardera de plus près. Elle cherchera à savoir si le pouvoir a vraiment changé de nature, ou seulement d’apparence. Si la rupture annoncée n’était qu’une parenthèse avant un retour au ronron des habitudes. Déjà, certaines tensions affleurent. Les révolutionnaires purs se méfient des compagnons de la dernière heure. Ils redoutent que la noblesse de leur cause soit diluée dans le pragmatisme quotidien, que les grandes espérances se dissipent dans les jeux d’appareil, que la vertu politique se laisse corrompre par la tentation de durer. Les politiciens, eux, observent ces idéalistes avec un sourire indulgent, un peu moqueur : ils espèrent que la réalité du pouvoir use les plus beaux élans et que l’ivresse des débuts cède à l’âpre gestion de l’ordinaire. Le défi de Pastef est là, précisément : ne pas laisser la révolution se dissoudre dans la politique comme un sucre dans l’eau tiède.
Tenir ensemble la ferveur du commencement et l’intelligence de l’exercice du pouvoir. Préserver l’esprit tout en maîtrisant la matière. Garder l’ambition intacte sans céder aux petits accommodements quotidiens qui défigurent les grandes causes. C’est une tâche redoutable, car l’histoire enseigne que les révolutions finissent rarement entre les mains de ceux qui les ont portées au plus haut. L’usure du pouvoir est un fait aussi certain que la gravité. Et la force d’inertie du système, que l’on croyait abattu, est souvent le plus grand adversaire de ceux qui entendaient le renverser. Pour l’instant, la musique est belle, la scène lumineuse.
Diomaye et Sonko incarnent encore cet espoir collectif d’un changement véritable, non pas seulement d’hommes, mais d’esprit et de méthode. Mais dans les coulisses, les vieux réflexes s’aiguisent, les réseaux s’activent, les ambitions s’aigrissent. L’irritation menace, à mesure que les citoyens attentifs reconnaissent dans l’apparat du pouvoir des gestes et des sourires d’un passé qu’ils croyaient révolu. Alors, que restera-t-il de la promesse révolutionnaire ? Un simple passage de témoins entre politiciens de générations différentes, ou l’ébauche d’une véritable mutation politique, sociale et morale ? La réponse n’est pas écrite. Elle se forge chaque jour, dans les choix petits et grands du nouveau pouvoir. Une révolution n’est pas seulement une victoire contre l’adversaire. C’est, surtout, une victoire sur soi-même.
L’ÉLEVAGE, UN LEVIER POUR L'ENVIRONNEMENT ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, SELON DAOUDA NGOM
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique met en lumière des solutions innovantes pour conjuguer durabilité, prospérité et sécurité alimentaire sur le continent.
Alors que l’élevage est parfois perçu comme un frein à la préservation de l’environnement, de nombreuses initiatives africaines montrent qu’il peut au contraire en être un levier. Cet article met en lumière les solutions innovantes et les efforts de collaboration à renforcer pour assurer un avenir durable, prospère et nourricier pour l’Afrique; Un éclairage du ministre de l'Environnement et de la Transition écologique ,Daouda Ngom
Au Sénégal, près de 70 % de nos terres sont utilisées comme terres de parcours et exploitées pour le pâturage du bétail. Dans notre pays et à travers toute l’Afrique, les éleveurs jouent un rôle essentiel dans des systèmes pastoraux et agropastoraux qui sont profondément liés à nos paysages et essentiels pour la sécurité alimentaire, la croissance économique et l’équilibre écologique de nos nations.
Cependant, il est souvent suggéré que, pour garantir un avenir durable, il nous faudrait choisir entre l’élevage et la préservation de l’environnement, certains considérant l’élevage comme une « charge écologique ».
Cette idée est mal comprise. En Afrique, des approches et technologies innovantes sont mises en place pour permettre à l’élevage et à l’environnement de coexister harmonieusement. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce sont davantage d’investissements et de collaborations pour amplifier ces solutions.
Bien que l’Afrique subsaharienne abrite plus de 85 % des pasteurs et éleveurs du monde, elle ne représente que 2,8 % de la production mondiale de viande et de lait. Par conséquent, un Africain sur cinq n’a pas un accès suffisant à des aliments nutritifs, y compris des produits d’origine animale. Pourtant, un simple œuf, un verre de lait ou un petit morceau de viande peut faire une grande différence dans la lutte contre la malnutrition.
Parallèlement, la population en Afrique croît et s’urbanise plus rapidement que dans toute autre région du monde. La demande en viande et en produits laitiers devrait augmenter de 300 % d’ici 2050.
Heureusement, il existe déjà des preuves solides montrant qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier l’environnement pour répondre à cette demande croissante.
Au Sénégal, les éleveurs adoptent des pratiques de gestion pastorale stratégiques, le long des pâturages naturels, en tenant compte des conditions pluviométriques pour éviter le surpâturage. Cette approche contribue à la préservation de la biodiversité, à l’amélioration de la qualité des sols et à la réduction de la végétation sèche, diminuant ainsi le risque d’incendies forestiers. Dans ce cadre, le gouvernement sénégalais met à la disposition des éleveurs des données et des prévisions météorologiques détaillées, leur permettant d’optimiser les pratiques de pâturage et de gérer leur cheptel de manière plus durable et efficace en anticipant les chocs et gérant les risques. Ce type de collaboration avec les communautés locales permet de réduire les conflits liés aux ressources naturelles et aide à restaurer les paysages.
Dans d’autres régions d’Afrique, des programmes de santé animale montrent que la solution à la durabilité n’est pas forcément de réduire le nombre de bétail, mais de l’améliorer. Par exemple, les programmes de vaccination contre la fièvre de la côte Est ont permis de réduire la mortalité des veaux de 95 % dans certains pays. En 25 ans, plus de 400 000 bovins ont été sauvés, ce qui a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 %.
De plus, de nouveaux vaccins thermostables contre la peste des petits ruminants (PPR), comme l’a démontré le Mali, sont une solution prometteuse pour limiter les pertes estimées à 147 millions de dollars chaque année dans le secteur des petits ruminants en Afrique. Améliorer la productivité de ces animaux, plus résilients face aux changements climatiques, sera essentiel pour nourrir la population africaine en pleine expansion.
Cependant, malgré ces progrès, un défi majeur persiste. De nombreux pasteurs, petits exploitants et agriculteurs de subsistance manquent encore des ressources et des connaissances nécessaires pour adopter ces innovations. Ces groupes représentent la majorité des éleveurs en Afrique, et il est crucial de les inclure afin que ces solutions bénéficient à l’ensemble du continent.
Deux éléments sont nécessaires pour combler cet écart. D’abord, une collaboration renforcée entre les décideurs politiques, les chercheurs, les agriculteurs et les entreprises nous permettra de mieux comprendre les défis auxquels font face les éleveurs et de les aider à produire davantage sans nuire à l’environnement.
Des initiatives collaboratives telles que la Plateforme « Élevage et Solutions Climatiques » initiée et lancée par le Centre International de Recherches sur l’Élevage (ILRI), génèrent des solutions concrètes permettant aux éleveurs de réduire l’impact environnemental de leurs pratiques.
Ensuite, il est crucial d’investir dans ce secteur. Malgré son potentiel évident, l’élevage souffre depuis des décennies d’un manque d’investissements. En 2017, il ne recevait que 0,25 % de l’aide publique au développement. Il est indispensable de rendre financièrement viable l’adoption de technologies et de pratiques durables, sinon cette mission restera sans suite.
Les prochaines Rencontres de Printemps de la Banque mondiale, où seront définis les financements pour le développement, représentent une occasion clé pour amorcer un changement de paradigme et intégrer l’élevage dans les financements verts.
Les pays africains doivent également faire leur part en intégrant l’élevage dans leurs plans de développement économique et leurs stratégies climatiques. Cela permettra de mobiliser des fonds internationaux et d’encourager l’investissement dans des pratiques durables, créant ainsi un effet multiplicateur pour la durabilité de l’élevage à l’échelle du continent.
Les solutions sont à portée de main. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté d’agir résolument pour libérer le potentiel naturel de l’Afrique et bâtir un avenir où la prospérité et la durabilité s’entrelacent.
COUPE DU MONDE DE BEACH SOCCER, LE SÉNÉGAL SURCLASSE L’ESPAGNE
Les Lions du football de plage ont parfaitement lancé leur campagne mondiale en dominant l’Espagne, ce vendredi aux Seychelles, lors de la première journée du groupe C. Ils prennent provisoirement la tête de leur poule.
L’équipe nationale du Sénégal de Beach Soccer a dominé (4-1) celle de l’Espagne, ce vendredi, en match comptant pour la première journée de la Coupe du monde de la catégorie, qui se joue aux Seychelles du 1er au 11 mai.
Sanou Laye Thiaw, Alseyni Ndiaye, Sidy Fall, Mamadou Sylla ont inscrit les buts des champions d’Afrique en titre.
Dans l’autre rencontre du groupe C, le Chili a battu (7-6) Tahiti.
Les Lions du football de plage sont provisoirement leaders de la poule avec trois points, et un gool average positif de 3 réalisations, suivi des Chiliens (3 points, +1). Tahiti et l’Espagne sont respectivement troisième et quatrième.
Après l’Espagne, les protégés de l’entraineur Oumar Ngalla Sylla vont affronter Tahiti, dimanche, et le Chili, mardi.
Les 16 pays en compétition pour la présente Coupe du monde de Beach Soccer sont répartis en quatre groupes de quatre.
Les deux premiers de chaque groupe atteindront la phase à élimination directe, qui comprendra les quarts de finale, les demi-finales, le match pour la troisième place et la finale.
CAN U20, LE SÉNÉGAL TENU EN ÉCHEC PAR LA RCA
Championne en titre, l’équipe des Lions a été accrochée par la République Centrafricaine ce vendredi à Suez, lors de la première journée. Un nul décevant face à l’adversaire présumé le plus faible du groupe C.
L’équipe nationale du Sénégal des moins de 20 ans a été tenue en échec, (1-1), dans la poule C, par celle de la République Centrafricaine (RCA), ce vendredi, à Suez (Egypte), lors de la première journée de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la catégorie.
Les Lionceaux avaient ouvert le score par Cheikh Thiam à la 48e mn, avant de se faire rattraper à la 74e mn par Pengazonia.
Avec ce résultat, le tenant du titre enregistre un résultat décevant face à l’équipe la plus faible du groupe C.
L’attaquant sénégalais Cheikh Thiam a été désigné meilleur jour du match.
Les Lionceaux rencontrent, lundi, le Ghana pour la seconde journée, tandis que la RCA affronte la République démocratique du Congo (RDC).
PAR CHEIKH TIDIANE MBAYE
REVALORISATION SALARIALE DES DOMESTIQUES, MESURES POPULISTES OU POLITIQUES STRUCTURELLES ?
J’ai tenu à alerter sur le caractère insuffisamment ambitieux de cette proposition. Elle ne s’attaque pas aux causes structurelles de la précarité des métiers domestiques. Elle semble reproduire une tendance typiquement populiste...
Le gouvernement sénégalais, à travers un arrêté du ministère du Travail, a récemment procédé à la revalorisation des salaires minima catégoriels des employés de maison. Cette mesure, bien que techniquement fondée sur l’application du décret n°2023-1710 relatif au SMIG et au SMAG, s’inscrit politiquement dans la droite ligne des engagements programmatiques formulés par Ousmane Sonko dans son ouvrage Solutions, publié bien avant son accession au pouvoir.
Dans ce livre, l’actuel Premier ministre proposait « d’améliorer le niveau de rémunération des domestiques de maisons en évaluant et en y intégrant les avantages en nature qui sont des contreparties de leur travail, tels l’hébergement, la nourriture et autres petits avantages. » Cette intention, louable en soi, traduit une volonté de reconnaissance symbolique et économique d’un métier longtemps relégué aux marges du système de protection sociale.
Mais dans Sénégal : le système dans tous ses états (2023), j’ai tenu à alerter sur le caractère insuffisamment ambitieux de cette proposition. Elle ne s’attaque pas aux causes structurelles de la précarité des métiers domestiques. Elle semble reproduire une tendance typiquement populiste : répondre à une réalité sociale par des mesures immédiates à forte portée symbolique, mais sans bâtir les fondations d’une transformation durable du système.
Le véritable enjeu ne réside pas uniquement dans la fixation d’un seuil salarial minimum, mais dans la professionnalisation et la formalisation globale des métiers de l’informel. Cela suppose d’engager une réflexion structurelle sur l’économie domestique, sur les conditions de travail, les droits sociaux, les mécanismes de contrôle, la formation, et surtout, le pouvoir d’achat des ménages employeurs.
Sans amélioration du niveau de vie de la majorité des ménages – qui comptent au moins un fonctionnaire ou un travailleur du secteur privé –, toute hausse salariale risque de se heurter à l’incapacité de la demande. Autrement dit, augmenter les salaires des domestiques sans revaloriser ceux des petits et moyens cadres revient à déplacer le problème sans le résoudre.
C’est pourquoi je défendais, et continue de défendre, dans mes travaux, l’idée d’une “moyennisation” de la société sénégalaise, à travers :
Une revalorisation progressive des salaires des agents publics et des travailleurs du privé ;
Un soutien actif au secteur privé local et aux PME ;
Des politiques fiscales et économiques favorisant la redistribution équitable des richesses ;
Un accompagnement à la formalisation des emplois précaires, y compris à travers la régulation des agences de placement, souvent prédatrices.
J’écrivais également que des sociétés émergent aujourd’hui pour professionnaliser le gardiennage ou le travail domestique, mais elles captent l’essentiel de la valeur ajoutée sans pour autant garantir des droits sociaux solides aux employés. La chaîne reste dominée par des logiques de rente, d’exploitation et de sous-traitance déséquilibrée.
En réalité, si l’on veut faire du métier de domestique un métier « comme les autres », il faut d’abord que l’État travaille en connivence avec les acteurs sociaux pour créer une société à forte capacité de consommation, où l’offre et la demande se structurent autour de règles stables, d’un contrat de travail écrit, de cotisations sociales, et d’une protection syndicale.
Lors de la dédicace du livre Solutions à la place de l’Obélisque, j’avais été personnellement invité par Ousmane Sonko pour challenger son programme en tant que sociologue. Je n’avais pas eu le temps, ce jour-là, d’entrer en profondeur sur cette question. J’y suis donc revenu dans Sénégal : le système dans tous ses états, car le vrai débat ne porte pas sur les intentions mais sur la méthode et le cadre systémique.
En somme, la revalorisation des salaires des employés de maison est une avancée symbolique, mais si elle n’est pas adossée à une politique cohérente de reconfiguration des rapports sociaux et économiques, elle risque de générer de nouvelles tensions, voire des effets pervers (licenciements, sous-déclaration, refus d’embauche).
Le Sénégal a besoin non pas seulement de décisions spectaculaires, mais de réformes systémiques profondes pour réconcilier dignité du travail, justice sociale et efficacité économique.
TECHNOLOGIES SPATIALES, UN LEVIER POUR MODERNISER L’AGRICULTURE AU SÉNÉGAL
Cartographie des terres, estimation des rendements, outils gratuits d’aide à la décision… Le géographe Labaly Touré plaide pour l’intégration de ces technologies dans les pratiques agricoles.
La technologie peut aider à optimiser l’agriculture en permettant aux acteurs concernés de disposer de données fiables, en termes de cartographie des terres agricoles et d’estimation des rendements, soutient le géographe et spécialiste de la géomatique Labaly Touré.
L’agriculture “peut être optimisée à travers d’abord la cartographie des terres agricoles, l’estimation et la précision des rendements”, a déclaré l’enseignant-chercheur à l’université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass, évoquant les “possibilités” qu’offrent les satellites et les drones par exemple.
Il intervenait jeudi lors d’une réunion spéciale du comité régional de développement (CRD) portant sur le thème “Le spatial au service de l’agriculture”. Une rencontre organisée dans le cadre de la tournée nationale de la caravane de l’espace dénommée “SPACEBUS”.
M. Touré, par ailleurs le coordonnateur de la filière géomatique de cette université du centre du Sénégal, s’est félicité de la tenue de cette réunion qui, selon lui, a permis d’exposer les applications possibles du spatial dans le domaine de l’agriculture.
Il a souligné la nécessité d’encourager le processus de sensibilisation et la formation des acteurs qui gèrent ces compétences au niveau déconcentré.
De l’avis du docteur Labaly Touré, il est possible d’arriver à “des données fiables sur l’agriculture grâce aux données spatiales et satellitaires”, en accord avec l’idée selon laquelle les technologies géospatiales peuvent aider à innover dans les pratiques agricoles.
Selon lui, “les données sont au cœur de la décision et si on ne les maitrise pas, on fait les choses dans l’à peu-près”.
“L’université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass est au cœur de la recherche et de l’innovation. Nous développons des outils qu’on ne peut pas garder pour nous-mêmes. Il va falloir que les résultats soient disséminés afin que les acteurs se les approprient”, a fait savoir Labaly Touré.
“Le mieux, c’est que ces acteurs s’approprient ces technologies d’abord pour voir dans quelle mesure, au quotidien, ils peuvent les mettre en œuvre. On a développé des outils qui sont gratuits, qu’on mettra à leur disposition pour pouvoir faire des analyses simples sur des statistiques agricoles à l’échelle d’un territoire”, a expliqué le spécialiste.
LE SÉNÉGAL GAGNE 20 PLACES DANS LE CLASSEMENT 2025 DE RSF
Une amélioration saluée par Reporters sans frontières, qui évoque une baisse des arrestations de journalistes, tout en soulignant des défis persistants, notamment économiques, et la nécessité de consolider les acquis.
Le Sénégal est passé de la 94e à la 74e place dans le dernier classement mondial de Reporters sans frontières (RSF), a appris l’APS, vendredi, de cet organisme de défense de la liberté de la presse.
En Afrique, le Sénégal se positionne derrière l’Afrique du Sud (27e), la Namibie (28e), le Cap-Vert (30e), le Gabon (41e), la Mauritanie (50e), le Ghana (52e), le Libéria (54e), la Sierra Leone (56e), la Gambie (58e), la Côte d’Ivoire (64e), le Congo (71e) et la République Centrafricaine (72e).
‘’Une nouvelle période a commencé avec l’arrivée de nouvelles autorités au Sénégal. Nous avons observé au début une certaine accalmie. En termes d’analyse, souvent, c’est assez normal quand il y a des changements’’, a commenté Sadibou Marong, responsable Afrique subsaharienne de RSF lors d’une conférence de presse à Dakar.
Cette progression du Sénégal dans ce nouveau classement s’explique par le fait que les arrestations et détentions de journalistes ont baissé en 2024, contrairement aux années précédentes où on avait noté des tensions au Sénégal, a poursuivi M. Marong.
Face à la presse, il s’est réjoui du fait que tous les journalistes convoqués ces derniers temps sont rentrés libres.
‘’Le président de la République avait envoyé, le 3 mai dernier, une lettre à l’ensemble des acteurs de la presse pour réaffirmer son engagement pour la liberté de la presse’’, a encore magnifié le responsable du bureau Afrique de l’ouest de Reporters sans frontières.
Il a toutefois déploré la “situation économique difficile” des médias au Sénégal, relevant que 48 pays dans lesquels travaille RSF ‘’sont impactés un peu par ce recul très grave de la situation économique des médias’’.
“Il faut dire que, d’une manière générale, c’est une situation qui recule de manière assez régulière, y compris dans le monde”, a-t-il indiqué.