SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
11 juin 2025
WEST AFRICAN ENERGY INJECTE 127 MEGAWATTS DANS LE RESEAU DE LA SENELEC
Cette mise en service partielle fait suite aux essais concluants de la turbine GT11. Elle constitue une étape majeure, tant sur le plan technique qu’institutionnel, dans le renforcement de l’infrastructure énergétique du pays.
La société West African Energy (WAE) a annoncé, ce 4 mai 2025 dans un communiqué, avoir injecté 127 mégawatts (MW) dans le réseau de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).
Ce jalon marque le démarrage progressif de l’exploitation de sa nouvelle centrale électrique à cycle combiné, située à Rufisque, dont la capacité totale atteindra 366 MW une fois achevée.
Cette mise en service partielle fait suite aux essais concluants de la turbine GT11. Elle constitue une étape majeure, tant sur le plan technique qu’institutionnel, dans le renforcement de l’infrastructure énergétique du pays.
« L’injection de ces premiers 127 MW constitue un signal fort, à la fois sur le plan technique et institutionnel. En effet, elle témoigne de la qualité de l’ingénierie déployée, de la mobilisation rigoureuse des équipes et de l’efficacité de la gouvernance mise en place pour assurer le respect des standards les plus exigeants. », a indiqué les dirigeants de WAE
La centrale de Rufisque, l’une des plus ambitieuses du Sénégal, bénéficie d’une ingénierie de haut niveau et d’une gestion rigoureuse. Le projet est dirigé par Monsieur Samuel A. Sarr, qui a su coordonner efficacement les ressources humaines et techniques pour concrétiser cette réalisation stratégique.
Selon West African Energy, «une fois pleinement opérationnelle, la centrale de 366 MW contribuera significativement à la stabilisation du réseau national, à l’amélioration de la qualité du service public d’électricité, et au soutien des politiques industrielles et économiques du Sénégal.»
La société a exprimé sa gratitude envers ses partenaires institutionnels, techniques et financiers, notamment Africa Finance Corporation, Coris Bank International, Afreximbank, General Electric, Çalik Enerji, ainsi que plusieurs bureaux d’ingénierie et de conseil, pour leur soutien déterminant dans la réussite de ce projet.
WASHINGTON VEUT RETIRER SON APPUI À LA BAD
Le soutien américain à la Banque africaine de développement est sur le point de s'effondrer. Donald Trump propose de supprimer la contribution au Fonds africain de développement, dont les États-Unis sont le troisième bailleur bilatéral
(SenePlus) - Dans une décision qui risque d'ébranler profondément le financement du développement en Afrique, l'administration Trump prévoit de mettre fin à la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), le guichet concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD). Cette information, révélée par Jeune Afrique, intervient à quelques jours de l'assemblée annuelle de l'institution à Abidjan, où sera élu un nouveau président.
Cette mesure, qui s'élève à 555 millions de dollars, figure dans le "Fiscal Year 2026 Discretionary Budget Request" transmis le 2 mai au Congrès américain. La Maison-Blanche justifie cette coupe budgétaire par un "réalignement" de l'aide étrangère sur les priorités de l'agenda "America First", comme le rapporte le magazine panafricain.
Si cette proposition est approuvée par les parlementaires américains, elle marquera un tournant historique dans les relations entre Washington et la BAD, que les États-Unis soutiennent depuis plus de quarante ans. Actuellement, l'Amérique est le troisième bailleur bilatéral du FAD-16 (couvrant la période 2023-2025), derrière l'Allemagne (670 millions de dollars) et la France (611 millions de dollars), contribuant à environ 6% du financement du cycle en cours, estimé à 8,9 milliards de dollars.
"La suppression de la contribution de Washington aurait un impact direct sur les capacités d'engagement de la BAD dans une quarantaine de pays africains", indique Jeune Afrique. Le FAD, créé en 1972, est en effet un instrument crucial pour le financement à taux préférentiels de projets dans les domaines essentiels comme la santé, l'éducation, l'électrification rurale ou l'adaptation climatique.
Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement délicat pour l'Afrique. Le président sortant de la BAD, Akinwumi Adesina, qui avait notamment appuyé la création d'un nouveau guichet dédié à l'action climatique pour les pays à faible revenu, verra sans doute d'un œil critique cette décision de Donald Trump. Ce dernier a d'ailleurs qualifié l'accord de Paris sur le climat "d'escroquerie injuste et unilatérale" dès son retour au pouvoir, annonçant le retrait des États-Unis de ce pacte international.
La décision américaine reflète une réorientation stratégique dans le financement du développement. Selon Jeune Afrique, "si la Maison-Blanche renonce au FAD, elle prévoit en parallèle de verser 3,2 milliards de dollars à l'IDA-21, le guichet équivalent de la Banque mondiale, et de renforcer la Development Finance Corporation (DFC), bras armé des investissements américains à l'étranger."
Ce choix intervient alors que les besoins de financement du continent africain sont colossaux. La Commission économique pour l'Afrique les estime à plus de 100 milliards de dollars par an pour les infrastructures, tandis que la BAD évoque un montant de 400 milliards d'ici 2030 pour rattraper le retard sur les autres pays en développement.
Pour la BAD, le défi est donc double. D'une part, il lui faudra convaincre d'autres bailleurs de combler le vide laissé par Washington, et d'autre part, elle devra peut-être "redéfinir en profondeur ses modèles de financement", comme le suggère Jeune Afrique. Ce retrait américain confirme en tout cas que, pour l'administration Trump, la solidarité multilatérale n'est plus un pilier de la politique étrangère des États-Unis.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DU 5 MAI 2025 – ENTRE REMOUS POLITIQUES, REVELATIONS JUDICIAIRES ET TRIOMPHES SPORTIFS
La presse de ce jour illustre parfaitement les tensions et espoirs : une scène politique en recomposition, des affaires judiciaires lourdes de conséquences, une société en quête de repères et de justice, mais un peuple fier de ses sportifs
(SenePlus)La presse sénégalaise de ce jour est particulièrement riche, entre secousses politiques, affaires judiciaires sensibles, actualité religieuse et exploits sportifs. Tour d’horizon des principaux sujets qui font la une des journaux nationaux.
JUSTICE ET SCANDALES FINANCIERS : LES DOSSIERS EXPLOSIFS REFONT SURFACE
Plusieurs titres s’accordent sur un climat judiciaire sous haute tension. Le quotidien Libération ouvre un dossier économique majeur sous le titre-choc : « Nestlé-Suisse dans les nasses du Fisc ». Il y est question de soupçons d’évasion fiscale impliquant la multinationale, avec en toile de fond le transfert de René Capain Bassène vers le Pavillon spécial, suggérant un traitement pénitentiaire sévère.
Dans la même veine, L’Observateur (L’Obs) titre en lettres rouges : « 5 bombes judiciaires entre les mains du PJF ». Le journal évoque des dossiers explosifs confiés à la Police Judiciaire, notamment sur des cas de blanchiment, de corruption et de détournements de fonds publics.
Le Quotidien choisit une approche plus humaine et évoque les conditions de détention drastiques de certains détenus, titrant : « René Bassène dans une diète noire », allusion à une grève de la faim ou un traitement particulièrement sévère.
Les Échos, de leur côté, alertent sur un autre fléau : les dérives numériques. Dans un contexte d’essor de la solidarité en ligne, le quotidien titre : « Derrière la solidarité numérique, des arnaques à plein régime ». Il y est question d'escroqueries qui se multiplient via les plateformes sociales et les cagnottes.
Enfin, Direct News remet sur la table les procès du passé avec « Révisions de procès historiques en téléchargement », dont celui très sensible de Hissène Habré, relançant le débat sur la justice transitionnelle en Afrique.
VIE POLITIQUE : FISSURES ET REPOSITIONNEMENTS
Sur le terrain politique, la tension monte d’un cran. WalfQuotidien sonne l’alerte avec une une titrée : « L’APR, chronique d’une mort annoncée ». Le journal rapporte des démissions en cascade dans les rangs de l’Alliance pour la République (APR), présageant une crise profonde dans le parti de l’ancien président Macky Sall.
Le journal Tribune braque ses projecteurs au-delà des frontières, avec cette une : « Quand la République de Jammeh refait surface : le peuple meurt à Velngara », soulignant les troubles récents en Gambie liés à l’ancien régime.
Au niveau international toujours, L’Évidence déplore l’isolement croissant de l’Afrique sur la scène mondiale : « Washington tourne le dos au multilatéralisme africain ». Une analyse sévère de la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis du continent.
RELIGIONS ET SOCIETE : ENTRE SPIRITUALITE ET MORALISATION
Dans un ton plus serein, Sud Quotidien et Le Soleil mettent en lumière une actualité ecclésiale majeure. L'installation de Mgr André Gueye à la tête de l’archidiocèse de Dakar est saluée par Sud Quotidien : « Mgr André Gueye installé ». Le Soleil parle quant à lui d'une « Nouvelle aube ecclésiale », mettant l’accent sur l’espérance et la continuité dans la foi.
Sur un registre plus civique, POP s’interroge : « L’éthique nationale à l’épreuve de la reddition des comptes », en lien avec les promesses du gouvernement Diomaye-Sonko de mettre fin à l’impunité. L’AS revient également sur les engagements du président Sonko à l’occasion du Daaka, avec le titre : « Les Daaka-promesses de Sonko ».
SPORTS : LES LIONS RUGISSENT SUR TOUS LES FRONTS
Côté sport, les couleurs nationales brillent. Record consacre sa une au portier des Lions, titrant avec emphase : « Édouard Mendy porté au pinacle ». Récompensé pour ses performances, le gardien emblématique est au sommet de sa carrière.
En beach soccer, le Sénégal continue sa marche victorieuse. Rewmi Sports+ titre : « Le Sénégal se qualifie pour les quarts » après une victoire spectaculaire. Point Actu Sport précise : « Le Sénégal renverse Tahiti (6-3) et s’ouvre la voie des quarts de finale », soulignant l’efficacité des Lions sur le sable.
En football européen, Stades revient sur la domination du Bayern Munich : « Le Bayern récupère son trône », alors que Sunu Lamb évoque les frustrations d’Habib Bèye après une défaite du Toulouse FC.
En basket, l’actualité est plus mitigée. Dakar Times Sport titre : « L’ASC Ville de Dakar ne sera pas à Pretoria », une élimination qui déçoit. Toutefois, le journal reste positif en mettant en avant la performance globale de l’équipe : « Le Sénégal enchaîne et se rapproche des quarts ».
Un ouvrage révèle comment celui qui prônait la démocratisation du continent à La Baule maintenait simultanément une influence paternaliste, dont l'héritage pèse encore sur les relations franco-africaines
(SenePlus) - Un nouvel ouvrage collectif, dirigé par les historiens Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, analyse en profondeur la relation complexe entre François Mitterrand et l'Afrique, depuis ses engagements de jeunesse jusqu'à sa politique présidentielle. Intitulé "François Mitterrand, le dernier empereur. De la colonisation à la Françafrique" (éditions Philippe Rey, 928 pages, 29,50 euros), ce livre massif révèle un parcours marqué par l'ambivalence et l'ambiguïté.
L'ouvrage s'appuie sur des archives inédites et les contributions d'une quarantaine de spécialistes pour décortiquer la position de Mitterrand vis-à-vis de la colonisation et de l'Afrique. Loin d'être une simple erreur de parcours, son positionnement en faveur de la guerre d'Algérie s'inscrit dans une trajectoire coloniale et postcoloniale cohérente.
Comme le souligne Le Monde, cette étude biographique décortique sa trajectoire depuis ses engagements de jeunesse dans les années 1930 en faveur de la conquête italienne et fasciste de l'Éthiopie en 1935 puis à Vichy durant les premières années de la guerre jusqu'au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 en passant bien évidemment par la guerre d'Algérie.
Durant la IVe République, François Mitterrand a occupé onze postes ministériels entre 1947 et 1958, dont certains particulièrement exposés : la France d'outre-mer, l'Intérieur (1954-1955) et la Justice (1956-1957). Ces fonctions coïncident avec les guerres d'Indochine, d'Algérie, ainsi qu'avec les mouvements d'indépendance en Tunisie et au Maroc.
Durant cette période, Mitterrand s'était convaincu qu'il valait mieux lâcher l'Indochine pour mieux se concentrer sur une refonte de l'architecture coloniale en Afrique. Sa vision était claire : réformer, donc, afin de tenter de sauver l'empire secoué par les aspirations indépendantistes.
Le bilan de son passage à la chancellerie est particulièrement lourd : quarante-cinq condamnés à mort algériens seront exécutés durant son passage à la chancellerie.
Entre 1958 et 1981, période durant laquelle il a œuvré à rassembler la gauche pour conquérir le pouvoir, François Mitterrand a habilement remanié son récit personnel. Le journal Le Monde évoque ce magicien de la politique [qui] parvint à effacer la tache de la compromission qui lui fit légitimer l'usage de la force en Algérie ; à faire oublier son passé de conservateur nationaliste de l'empire au profit d'une stature d'homme de gauche.
Cette transformation a été facilitée par le contexte de l'époque marqué par le refoulement généralisé de la guerre d'Algérie après les accords d'Évian.
Les deux septennats de Mitterrand (1981-1995) reflètent les mêmes contradictions. D'un côté, il prononce le discours de La Baule en 1990, appelant à la démocratisation de l'Afrique. De l'autre, il défend avec vigueur le pré carré africain.
Comme le souligne Le Monde, il fut tout à la fois l'homme du discours de La Baule, en 1990, appelant à la démocratisation de l'Afrique, celui de l'antiracisme. Au revers de cette médaille, il n'a cessé de défendre le pré carré africain, toujours convaincu que le rayonnement de la France – et de l'Europe – dépend étroitement de l'influence paternaliste française en direction de l'Afrique.
C'est durant cette période que l'armée française s'érige comme jamais en « gendarme » du continent.
L'ouvrage suggère que le reflux actuel de l'influence française en Afrique pourrait être une conséquence de l'héritage mitterrandien. Ce déclin résulterait d'un examen raté du passé colonial et d'une rupture définitive avec le système dévoyé de la « Françafrique » souvent proclamée par les dirigeants français, mais jamais aboutie.
Le bilan est sans appel : Ses héritiers ont tous considéré l'Afrique et l'Empire comme des éléments du domaine réservé et des politiques parallèles. Le bilan est sur ce point désastreux et (…) les relations France-Afrique sont un champ de ruines.
Ce livre, qui se veut objectif plutôt qu'à charge, égratigne sérieusement l'image que cet homme politique majeur du XXe siècle s'était en partie façonnée lui-même. Il offre une perspective essentielle pour comprendre les racines des relations actuelles entre la France et l'Afrique, tout en éclairant d'un jour nouveau l'une des figures politiques françaises les plus marquantes.
PAR SALLA GUEYE
BRISER L’INCONSCIENCE SUR NOS ROUTES
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience.
Il y a des images qui s’incrustent dans la mémoire collective comme des éclairs de cauchemar. Deux camions lancés à pleine vitesse sur la route nationale, s’adonnant à une course-poursuite surréaliste à hauteur de Thiaroye. La scène aurait pu sortir tout droit d’un film d’action. Elle s’est malheureusement déroulée sur nos routes réelles, avec des vies en jeu. Le verdict est tombé : trois ans de prison ferme pour le chauffeur fautif, un million de FCfa d’amende, permis annulé pour cinq ans. Son « rival », lui, écope de six mois ferme et d’une suspension de permis.
Peines exemplaires ? Sans doute. Mais à quoi servent les peines lourdes si elles n’ont aucun effet sur la conscience collective ? Si, dans les jours qui suivent, d’autres chauffards, d’autres fous du volant, prennent le relais dans cette course macabre qui transforme nos routes en abattoirs à ciel ouvert ?
Thiaroye n’est qu’un énième chapitre du long livre noir de la route sénégalaise. Sakal, Sékoulo, Khombole : autant de noms devenus tristement célèbres, synonymes de larmes, de drames, d’orphelins. Et pendant ce temps, les mêmes causes produisent les mêmes effets : excès de vitesse, surcharge, défaillance mécanique, fatigue des conducteurs, corruption dans les services de contrôle et une impunité rampante.
Ce n’est pourtant pas l’indifférence qui manque au sommet de l’État. Chaque président, chaque ministre des Transports, chaque directeur de la Sécurité routière a promis, juré, menacé. Mais que vaut un discours si les pratiques restent les mêmes ? Que vaut une répression aveugle si elle ne produit ni peur, ni remords, ni changement ? Il est temps de penser autrement. Il est temps de sortir du piège carcéral. Non, tous les chauffards ne doivent pas finir en cellule. La prison ne résout rien quand elle est systématisée. Pire, elle devient une fabrique de récidives, un gouffre financier pour l’État et un repoussoir à la réinsertion.
Au Burkina Faso, les autorités ont choisi une autre voie. Là-bas, un motocycliste pris en flagrant délit ne se retrouve pas forcément entre quatre murs. Il est envoyé balayer les rues, poser des pavés, nettoyer les caniveaux. Pas de longs procès, pas de sermons. Juste un travail d’intérêt général. Simple, direct, utile. Et surtout : transformateur.
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience. Ces peines alternatives ne visent pas à humilier, mais à responsabiliser. Et elles coûtent moins cher que la détention.
Au Sénégal, nous préférons remplir les prisons. Et avec elles, les dépenses publiques. Chaque détenu, coupable ou non, coûte à l’État en nourriture, en soins, en surveillance. Pendant ce temps, les routes se vident de leurs promesses de mobilité pour ne garder que le goût du sang.
Il faut réformer. Il faut oser. Il faut toucher les poches, les muscles, la fierté des contrevenants. Les amendes doivent être dissuasives, proportionnées aux revenus.
Les fautifs doivent servir d’exemples vivants. Pourquoi ne pas les envoyer repeindre les passages piétons, réparer les glissières de sécurité, assister les blessés dans les centres de soins ? Pourquoi ne pas les faire participer à des campagnes de sensibilisation, devant des jeunes, dans les gares, sur les ondes ?
La peur de la prison ne suffit plus. L’heure est venue d’un électrochoc. Celui d’une justice réparatrice, visible, tangible. Il ne s’agit pas de lâcher du lest, mais d’exiger un retour à la responsabilité citoyenne.
Il faut remettre de l’ordre sur nos routes. Pas seulement par la répression, mais par l’intelligence. Ce ne sont pas seulement des camions qui s’affrontent en duel, ce sont des vies qui se percutent, des familles qui se brisent, un pays qui tangue à chaque carambolage. Alors oui, changeons de braquet. Il y a urgence. Avant que la route ne soit plus qu’un cimetière sans fin.
THIONE BALLAGO SECK, POÉSIE ET PROPHÉTIE D’UN MAÎTRE DE LA PAROLE
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre. Ce fils de Faramareen a bâti son destin contre la volonté paternelle pour devenir l'une des voix les plus marquantes du Sénégal
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre.
Thione Ballago Seck est cette voix de baryton qui a prêché le bien et qu’on continue toujours d’écouter avec le même élan vital. Il a toujours chanté, car ne sachant faire que cela. De Star Band de Dakar à Raam Daan, en passant par l’Orchestra Baobab, sa propre école musicale, son décès en décembre 2021 marque le départ d’un patrimoine vivant, d’un héraut de la bonne parole.
On ressent tous une euphorie presque mystique, comme une madeleine de Proust qui nous rappelle de beaux temps et de beaux souvenirs, quand on entend sa voix. Cette voix est celle purifiée et scarifiée par Dieu qui est le verbe et qui parle à voix basse à l’âme de Thione. On ne peut imaginer que ce chaman sonore qui sortait de son âme ces rythmes et cette prophétie dans ses paroles pourrait être sous terre où il n’entend plus ces mélodies enfouies dans l’antre du monde. Il n’a eu que quelque 66 années pourtant pour livrer autant de messages qui, comme des reliques, sont devenus un testament du temps. Il existe des consciences qui émergent pour transcender le temps, Thione Seck en est une. Il naquit un jour de lumière, le 12 mars 1955, à la Gueule Tapée, quartier populaire de Dakar. Thione Ballago Seck était le deuxième fils d’un couple pétri de contrastes : Nogaye Ngom, mère discrète et forte, et Cheikh Seck, adjudant de police, homme de rigueur et d’un monde où la musique n’était pas une voie, mais une menace pour l’ordre établi.
Mais dans les veines de l’enfant, coulait un sang plus ancien. Son arrière-grand-père, griot de la cour royale, avait été le chantre du Damel Lat Dior Diop, le héros du Cayor. Le roi, en reconnaissance, lui avait offert le village de Mareen, dans les terres profondes du royaume. De ce legs naîtra un mot devenu mythe : Faramareen, ceux qui portent la dignité du verbe et la noblesse du chant. Pourtant, Thione ne grandit pas sous le regard indulgent des musiciens. Son père le voulait loin des tambours, des nuits sans fin et des ivresses de la scène. Mais l’enfant, dès les premières années, se mit à composer dans l’ombre, à ourler les silences de mélodies secrètes. À l’école où il est allé jusqu’à la classe de Sixième, il créait les airs des pièces jouées par ses camarades. Dans les quartiers, il hantait les « mbappat » (séances de lutte) et les « kassak » (chants pour les jeunes circoncis). Puis un jour, il entendit les musiques venues de l’Inde, ces complaintes lointaines, presque mystiques, qui le frappèrent au cœur. Quelque chose en lui se mit à vibrer autrement. Ce serait cela, désormais : la musique comme destinée, non comme caprice. À seize ans, il franchit la ligne. Définitivement. Il intègre l’orchestre de Bira Guèye, y reste quelque temps, apprend à se taire pour mieux entendre. Puis vient la nuit fondatrice.
À la Jeanne d’Arc de Dakar, au milieu d’un concert animé par l’Ensemble lyrique de Sorano, il est invité à monter sur scène avec Doudou Yaye Katy. Sa voix fend la foule. Dans l’ombre, une oreille attentive écoute, celle d’Abdoulaye Mboup, maître respecté, musicien accompli, figure tutélaire. Séduit, il vient à lui, lui parle, l’écoute encore. Laye Mboup voit plus qu’un jeune talent, il voit un successeur. Il ira jusqu’à rencontrer le père, l’adjudant sceptique, pour le convaincre de confier son fils au destin. Et c’est ainsi que Thione entre dans la musique non par effraction, mais par transmission. Au Star Band, il commence humblement, derrière les percussions. Il compose, notamment « Chéri Coco », mais ne la chantera pas. C’est Pape Djiby Bâ qui la portera au public. Thione ne dit rien. Il apprend. Il engrange. Il attend. Laye Mboup, fidèle à sa promesse, l’emmène ensuite à l’Orchestra Baobab, ce lieu où la musique s’épanouit comme une grande conversation entre l’Afrique et le monde. Là, Thione gagne 6.000 FCfa par semaine, mais bien plus que cela. Il gagne une voix, une place, un nom.
On l’appelle le Benjamin. Mais il est déjà plus que cela. Quand Laye s’absente, c’est lui qu’on désigne pour chanter. Quand Laye meurt, en 1975, c’est Thione que l’on écoute. Il enregistre enfin « Chéri Coco », puis « Sëy » et surtout « Domou Baye », cette chanson déchirante comme une prière à genoux. Mais Thione Ballago Seck, désormais maître de son souffle et gardien d’une voix rare, ne pouvait s’éterniser sous l’ombre d’un nom, fût-il vénéré. Le Baobab, orchestre aux racines profondes, l’accueillait comme l’héritier désigné, mais lui rêvait d’un arbre qu’il planterait lui-même, d’un son qui lui appartiendrait jusqu’à la dernière note. En 1979, il franchit un nouveau seuil. Il enregistre un album sous son propre nom : « Chauffeur Bi », flanqué d’un ensemble façonné à son image, tissé de sang et d’amitié, où figure son jeune frère Mapenda. Ce geste, en apparence musical, est un manifeste. Thione y affirme son autonomie, sa volonté d’écrire hors des canons et des clans.
Mais cette émancipation a un prix. Le Baobab, déjà fragilisé par ses absences de plus en plus longues, réagit avec raideur. Un ultimatum lui est lancé. C’est Barthélémy Attisso, l’homme au jeu de guitare ciselé comme un griot du futur, qui lui apporte le message. Il lui reste quarante-huit heures pour choisir. L’orchestre ou sa route. Et Thione choisit le vertige. C’est un départ sans retour. Il quitte le Baobab, non dans la colère, mais dans une solitude lucide. Il sait que l’on ne bâtit pas une voix libre sans abandonner certains royaumes. À peine parti, le destin lui ouvre une porte en or. Paco Rabanne, couturier de génie, l’invite en France. Il veut créer une troupe panafricaine, mêler les sons et les tissus, faire danser les cœurs sur les podiums d’Europe. Thione s’y rend, poussé par la promesse d’un ailleurs fertile. Mais l’eldorado tourne court. Derrière les projecteurs, rien ne tient. Le rêve s’effondre dans le silence des non-dits. Pire encore, au pays, des rumeurs malsaines circulent.
On le dit arrêté, naufragé dans les méandres de l’exil. Alors il revient. Non pour se justifier, mais pour répondre en musique. « Siiw » naît de cette douleur, chanson douloureuse et fière, voile levé sur les humiliations subies et la dignité conservée. C’est dans cette fièvre que naît Raam Daan, en 1983. Le nom, choisi avec une précision mystique, signifie « ramper et vaincre ». Thione y inscrit sa trajectoire. Il ne possède ni mécène, ni fortune, ni réseaux. Il n’a que sa voix, ses convictions et une ténacité qui ronge la pierre. Le matériel de son orchestre, il l’arrache au destin. Demba Ndir, alors propriétaire du Sunset Sahel, avait acquis des instruments pour monter un orchestre. Le projet échoue. Thione, flairant l’aubaine, approche un organisme de crédit et met en gage la maison familiale. Son père, cette fois, ne s’y oppose pas. Il tend les papiers de la demeure comme on bénit une aventure. Huit millions de FCfa changent de mains, et le rêve devient tangible. Dès les premières répétitions, Thione sait qu’il ne reviendra pas en arrière. Il veut du mbalax, pas du xalam. Sa voix, ample comme une mer intérieure, exige un écrin plus vaste, plus rythmique, plus électrique. Il veut fusionner les racines et le monde. Il devient un architecte du son, un sculpteur d’émotions. Ainsi commence l’aventure du Raam Daan.
LE FLÉAU DE LA "DROGUE DU ZOMBIE" S'ÉTEND AU SÉNÉGAL
Le kush, drogue de synthèse venue de Sierra Leone, fait ses premières victimes dans ce pays. "J'ai vu quelqu'un mourir devant moi et un autre qui a failli y rester. Il n'avait jamais fumé, il a pris trois bouffées et il est tombé net. C'est très violent"
(SenePlus) - Un nouveau stupéfiant ravage les rues de Dakar et menace de s'étendre dans toute l'Afrique de l'Ouest. Baptisé "kush", ce dérivé du cannabis aux effets dévastateurs plonge ses consommateurs dans un état quasi-comateux, d'où son surnom de "drogue du zombie". Son expansion rapide inquiète les autorités sanitaires et sécuritaires de la région.
Contrairement aux rumeurs qui circulent dans la rue évoquant des "ossements humains" ou de la "mort-aux-rats", la composition du kush a été révélée par une étude récente. Selon un rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), cette drogue contient des substances particulièrement dangereuses : "La majorité des échantillons analysés contenaient deux puissants psychoactifs : des cannabinoïdes de synthèse ou des 'nitazènes', des opioïdes en plein essor en Europe et responsables d'une vague de décès en Estonie", détaille l'enquête citée par La Croix.
Ces composants sont particulièrement alarmants : "Ces substances hyperaddictives sont trois à 25 fois plus fortes que le fentanyl, la drogue qui ravage les États-Unis", précise le rapport. D'autres substances comme "de l'acétone, du formol et des feuilles de guimauve" ont également été identifiées.
Dans les rues de Dakar, les consommateurs décrivent un engrenage fatal. Dave (pseudonyme), un Sénégalais de 42 ans, consomme "quotidiennement dix joints de kush" et décrit un cycle infernal : "Tu fumes, tu t'écroules, tu te réveilles et tu recommences jusqu'à ce que tu n'aies plus d'argent, le film d'horreur quoi."
Les scènes observées dans la capitale sénégalaise sont inquiétantes. À proximité d'un dépôt d'autobus, "des jeunes comatent sur un banc ou à même le bitume crasseux. Autour d'eux, les moteurs et les mégaphones des vendeurs ambulants hurlent mais rien ne semble pouvoir les tirer de leur profond sommeil", rapporte la correspondante de La Croix à Dakar.
Plus effrayant encore, les overdoses se multiplient : "J'ai vu quelqu'un mourir devant moi et un autre qui a failli y rester ici. Il n'avait jamais fumé, il a pris trois bouffées et il est tombé net. C'est très violent", témoigne Dave.
Cette drogue, qui se vend à prix modique (environ 500 francs CFA, soit 70 centimes d'euro pour un joint), aurait été introduite au Sénégal depuis la Sierra Leone, où elle fait des ravages.
"Le premier réseau de distribution a été monté en 2017 par un homme surnommé M. Om (un Nigérian expulsé du Royaume-Uni)", explique Lucia Bird Ruiz Benitez de Lugo, directrice de l'Observatoire des économies illicites en Afrique de l'Ouest au sein du GI-TOC.
Le réseau d'approvisionnement s'appuie sur une logistique internationale complexe : "Selon le groupe d'experts, les composés du kush sont importés du Royaume-Uni et des Pays-Bas par voie maritime puis synthétisés localement par des 'cuisiniers'. La Chine, l'un des principaux producteurs d'opioïdes synthétiques, joue également un rôle majeur dans l'approvisionnement."
Les conséquences en Sierra Leone et au Liberia ont déjà conduit ces pays à déclarer l'état d'urgence. "Le kush aurait déjà fait des milliers de morts en Afrique de l'Ouest. En Sierra Leone, les autorités ont dû organiser des crémations collectives à cause des morgues surchargées", rapporte le quotidien français.
Au Sénégal, les professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme. "Si nous n'intervenons pas rapidement, le problème va se propager. Nous avons besoin de faire analyser le produit en laboratoire pour identifier sa composition exacte et trouver un antidote en cas d'overdose", alerte le professeur Idrissa Ba, coordinateur du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar.
Les symptômes observés chez les consommateurs sont extrêmement préoccupants : "Ils sont comme des zombies, ils ont du mal à marcher. Au début, on a pensé au fentanyl parce que l'on voyait les images venues d'Amérique, mais c'est pire que ça", insiste cet addictologue, qui mentionne également des cas de "paranoïa, hallucinations" et même des suicides.
Face à cette crise qui ne fait que commencer, les autorités sanitaires appellent à une action coordonnée pour éviter que ce fléau ne se propage davantage dans la région.
VIDEO
SEYDI GASSAMA ALERTE SUR LES RESTRICTIONS PERSISTANTES
Invité du Jury du Dimanche, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal a salué des avancées en matière de liberté de manifester, tout en pointant des freins persistants, notamment liés à l'encadrement administratif des rassemblements.
Invité du Jury du Dimanche sur iRadio et iTV, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a reconnu des progrès notables dans le respect des droits et libertés, notamment en matière de liberté de manifester. Il a toutefois plaidé pour davantage de compromis entre autorités, acteurs politiques et société civile afin de garantir l’exercice effectif de ces droits.
Selon lui, les autorités administratives, notamment les préfets, tendent de plus en plus à encadrer les manifestations dès lors qu’elles sont légalement déclarées. Il cite comme exemple les difficultés rencontrées à Dakar, où la mise en service du Bus Rapid Transit (BRT) modifie la donne. « Le BRT traverse les principaux axes où l’on avait l’habitude de manifester, comme les boulevards Mamadou Dia et Bourguiba ou encore la place de la Nation, qui n’est plus adaptée. Le préfet estime qu’une manifestation en semaine pourrait bloquer la circulation entre Dakar et Guédiawaye. Sur ce point, nous sommes d’accord avec lui », a-t-il concédé.
Seydi Gassama appelle ainsi les partis politiques, syndicats et organisations de la société civile à faire preuve de souplesse et à rechercher des accords pour l’organisation des manifestations.
Sur la liberté d’expression, le militant des droits humains se montre plus préoccupé. Il déplore la fréquence des poursuites judiciaires pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles, souvent initiées par auto-saisine du procureur. « Le ministre de la Justice reste responsable de la politique pénale dans ce pays. En attendant des réformes pour mieux protéger les libertés démocratiques, il faut limiter ces poursuites aux cas de troubles graves à l’ordre public », estime-t-il.
Pour Seydi Gassama, la démocratie sénégalaise gagnerait à privilégier la protection des libertés fondamentales, tout en encourageant un climat de dialogue et de tolérance.
par Samboudiang Sakho
MOUSTAPHA KAMARA, UNE VISION DE RUPTURE POUR UN FOOTBALL PLUS ÉQUILIBRÉ À LA FSF
Juriste et spécialiste du droit sportif, il vise la tête du football sénégalais avec un programme axé sur la modernisation économique. Le patron de Coton Sport veut révolutionner la gouvernance d'une fédération jugée trop centralisée
Maître Moustapha Kamara, professeur de droit du sport, auteur d’une dizaine d’ouvrages et fondateur de la Revue Africaine de Droit et d’Économie du Sport (RADES), est officiellement candidat à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF). Originaire de Tambacounda et président du club Coton Sport (N1), il se positionne comme une alternative sérieuse avec une vision moderne et inclusive du football national.
Lors de son intervention sur Walf Sport ce lundi 28 avril, Maître Kamara a dévoilé plusieurs axes majeurs de son programme, axés sur la décentralisation, la structuration économique et la modernisation de la gouvernance du football sénégalais.
L’un des piliers de son projet repose sur la transformation du modèle économique du football national. Il propose un environnement plus favorable aux investissements, la valorisation des droits télévisés, la diversification des sources de financement et un appui concret à l’autonomie financière des clubs, notamment en régions.
Maître Kamara veut mettre fin au déséquilibre historique entre la capitale et le reste du pays. Selon lui, « le football sénégalais ne peut plus être dirigé uniquement depuis Dakar ». Il ambitionne une redistribution équitable des ressources, un soutien accru aux compétitions régionales, ainsi qu’un plan d’investissement dans les infrastructures et centres de formation, pour permettre à tous les talents, sur l’ensemble du territoire, d’éclore dans des conditions dignes.
Fort de son expérience en tant que conseiller auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) et de plusieurs institutions sportives internationales, Maître Kamara plaide pour une gouvernance plus transparente, plus éthique et plus participative au sein de la FSF. Il propose, entre autres, un meilleur encadrement de la gestion financière, l’implication des acteurs locaux dans les prises de décisions, et une limitation des mandats au sein de l’instance dirigeante.
À travers sa candidature, Maître Kamara affirme vouloir impulser une nouvelle dynamique, en plaçant la compétence, l’équité territoriale et l’innovation au cœur du projet fédéral.