COMME D’HABITUDE, MACKY A RÉITÉRÉ SES DIRECTIVES ET COMME D’HABITUDE, ABDOULAYE SEYDOU SOW VA FAIRE LA SOURDE OREILLE
Un air de déjà-entendu à propos de l’effondrement des bâtiments

Le dernier drame en date provoqué par l’effondrement d’un bâtiment à Bel Air faisant six morts a poussé le chef de l’Etat à hausser le ton. En Conseil des ministres, hier, Macky Sall a tapé du poing sur la table pour que de l’ordre soit mis dans le secteur du bâtiment et de la construction surtout en termes d’inspections régulières des constructions et bâtiments. Hélas, ce « coup de gueule » du chef de l’Etat semble être du déjà entendu puisqu’il avait déjà donné des directives le 03 février dernier, sur le même registre du contrôle des bâtiments, à son actuel ministre de l’Urbanisme, M. Abdoulaye Seydou Sow. Lequel, apparemment, n’a rien fait depuis lors. Un laxisme d’autant plus inquiétant que la situation demeure grave puisque, selon la direction de la Protection civile, 976 bâtiments menaçaient de tomber ruines en 2018 et 197 en 2019.
Ce samedi 02 octobre 2021, un bâtiment s’est encore effondré. Cette fois-ci, l’accident est survenu à Hann Bel Air. Dans les ruines de ce qui fut un immeuble, six corps ont été extraits de même que plusieurs blessés graves. Les dégâts matériels sont importants. La récurrence des effondrements de bâtiments pose la lancinante question du sérieux du contrôle régulier des bâtiments et des chantiers en cours.
Face à ce énième drame, le président de la République a haussé le ton hier en direction de son gouvernement. Il estime qu’il y a une urgence à renforcer l’inspection et le contrôle des bâtiments et constructions. Une nouvelle fois, Macky Sall a demandé au ministre en charge de l’Urbanisme, Abdoulaye Seydou Sow, « d’accentuer les inspections régulières des constructions, bâtiments, en mettant l’accent sur les Etablissements recevant du public (ERP), en relation avec les autorités administratives, les services de la Protection civile et les maires ». Il a souligné l’impératif « de veiller à l’identification des chantiers et à la délivrance systématique des certificats de conformité aux plans de construction déclarés et autorisés par les services compétents de l’Etat ». Le Toujours selon le communiqué ayant sanctionné le Conseil des ministres d’hier, le président de la République a rappelé, par ailleurs, au ministre en charge de l’Urbanisme, l’urgence d’accélérer la révision du Code de l’Urbanisme et du Code de la Construction, afin de mieux encadrer le développement des constructions et habitations en hauteur, en particulier, dans la capitale, Dakar. Pour terminer, Macky Sall a invité le ministre en charge de l’Urbanisme à engager une réflexion stratégique sur un Programme national de restructuration urbaine, « à la lumière des impératifs de sécurité civile et des exigences d’amélioration du cadre de vie des populations de plusieurs quartiers de l’agglomération dakaroise ».
Des directives dans ce sens déjà données le 03 février dernier !
Seulement la sortie du président de la République sonne comme une répétition qui va tomber dans les oreilles d’un sourd, à savoir son ministre de l’Urbanisme. En effet, Abdoulaye Seydou Sow avait déjà eu droit le 03 février dernier à des directives présidentielles sur la sécurité des bâtiments dans notre pays. Dans la foulée, et comme pour montrer au président de la République qu’il prenait très au sérieux cette directive, le ministre Abdoulaye Seydou Sow avait effectivement mis en branle l’Inspection générale des bâtiments pour une visite d’inspection de chantiers dans le département de Dakar. C’était le mardi 20 avril 2021.
Accompagné alors par le directeur général de la Construction et de l’Habitat, Amadou Thiam, et l’Inspecteur général des bâtiments, Boubacar Dangnoko, le ministre avait visité quatre sites (Corniche, Mamelles, Almadies, Yoff Virage). Lors de cette visite, le ministre Abdoulaye Seydou Sow et ses collaborateurs avaient constaté sur les chantiers visités certains manquements notamment l’absence de panneaux de chantier, le non-respect des normes de sécurité concernant les ouvriers, l’amoncellement de gravats devant le chantier, l’absence de certains documents législatifs etc. Mais en réalité, il s’agissait beaucoup plus de faire de l’agitation et du cinéma qu’autre chose puisque cette initiative faite devant les caméras est restée sans lendemain. Jusqu’au drame du weekend dernier.
Poussant le président de la République a donner, au cous du Conseil des ministres d’hier, des directives qu’il avait déjà données il y a huit mois seulement ! Entretemps, évidemment, Abdoulaye Seydou Sow, tout occupé à sa guerre contre sa secrétaire d’Etat au Logement, Mme Victorine Ndey, s’était désintéressé de la question de l’inspection des bâtiments et des chantiers pour aller s’occuper de choses plus importantes à ses yeux comme battre campagne pour Me Augustin Senghor pour la présidence de la Fédération sénégalaise de football dont il est un membre du bureau !
976 bâtiments menacent de ruines en 2018 et 197 en 2019
Le rapport d’activités 2018-2019 de la Direction de la Protection civile, entité étatique de référence pour la gestion des risques de catastrophes au Sénégal, avait fait état de 976 bâtiments menaçant ruines en 2018 et 197 en 2019. En 2018, c’est la région de Ziguinchor (sud) qui avait damé le pion aux autres dans ce triste registre avec 384 bâtiments menaçant ruines. Une autre region du Sud, Kolda, était arrivée en deuxième position avec 230 bâtisses. En 2019, Dakar avait pris sa revanche avec 36 immeubles risquant de s’effondrer. Mais le Sud résistait toujours puisque la capitale de notre pays était talonnée cette année-là par la région de Sedhiou avec 37 bâtiments menaçant de tomber. Toujours selon ce rapport d’activités de la Direction de la Protection civile, l’effondrement des bâtisses a occasionné 15 morts sur 166 victimes en 2019. Des chiffres alarmants qui montrent et démontrent à suffisance les calamités causées par la vétusté des édifices, le non-respect des normes de construction ou le non-recours à un architecte, la construction sans autorisation de construire, mais surtout l’utilisation du fer à béton de mauvaise qualité.