SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 mai 2025
PAR SIDY DIOP
L’ART DE LANTIPONNER
"Le mot est savant, un peu désuet, mais il sied à merveille à notre époque. Il désigne ces discours creux, ces bavardages interminables où l’on parle beaucoup pour ne rien dire. Et Dieu sait si nous sommes cernés."
Lantiponner. Le mot est savant, un peu désuet, mais il sied à merveille à notre époque. Il désigne ces discours creux, ces bavardages interminables où l’on parle beaucoup pour ne rien dire. Et Dieu sait si nous sommes cernés.
Regardez-les, ces experts en tout, perchés sur les plateaux de télévision, enflant de leurs propres mots, noyant le spectateur sous des phrases pompeuses. Ils prétendent expliquer l’économie, la politique, la société… mais surtout, ils s’écoutent parler. Ils commentent sans comprendre, généralisent sans nuances, empilent les lieux communs avec l’assurance des faux prophètes.
La lantiponnerie est devenue un art. On brode, on contourne, on meuble le vide avec du vent. Un problème ? On contextualise. Une erreur ? On reformule. Un silence ? On réaffirme avec insistance la nécessité d’une réflexion approfondie. Mais qui osera leur rappeler que la vraie expertise se nourrit de clarté ?
Que penser, c’est d’abord dire simplement ? En attendant, nous continuons d’écouter ces bavards patentés, maîtres dans l’art de ne jamais répondre.
L’ANGOLA SE RETIRE DE LA MÉDIATION DANS LE CONFLIT À L’EST DE LA RDC
"Le président João Lourenço va se pencher désormais sur les priorités liées ‘’à la paix et à la sécurité du continent dans son ensemble, aux projets des infrastructures, au commerce libre continental, à la lutte contre les épidémies..."
Dakar, 24 mars (APS) – L’Angola a annoncé, lundi, sa décision de se retirer de la médiation dans le conflit entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda afin de se consacrer aux priorités générales de son mandat à la présidence tournante de l’union africaine (UA).
‘’Deux mois passés après la prise de la Présidence en exercice de l’Union Africaine, l’Angola considère qu’il est temps de se libérer de la responsabilité de médiateur de ce conflit à l’Est de la RDC pour se dédier de manière pleine aux priorités générales définies par l’Organisation continentale’’, rapporte un communiqué de la présidence angolaise publié sur X.
Selon la même source, le président João Lourenço va se pencher désormais sur les priorités liées ‘’à la paix et à la sécurité du continent dans son ensemble, aux projets des infrastructures, au commerce libre continental, à la lutte contre les épidémies, endémies et pandémies, au développement économique et social et à la justice des Africains et des afro-descendants par des réparations’’.
L’Angola assure depuis 2022 un rôle de médiateur dans le conflit opposant les forces gouvernementales et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) soutenus par le Rwanda.
Depuis cette date, ‘’l’Angola s’est engagé avec tout le sérieux, l’énergie et les ressources nécessaires, en vue de parvenir à une paix définitive à l’est de la RDC et de normaliser les relations entre les deux pays voisins’’, explique la présidence dans son communiqué.
Luanda a rappelé les nombreuses négociations ayant abouti à d’importants progrès avec des engagements pris par les deux parties.
Le président angolais Joao Lourenço a été désigné, en mai 2022, lors d’un sommet de l’UA à Malabo en Guinée équatoriale pour diriger les efforts de médiation visant à apaiser les tensions et à promouvoir la paix entre la RDC et le Rwanda.
Un nouveau médiateur sera désigné dans les prochains jours, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (UA), indique-t-on.
QUAND LE PENTAGONE DÉVOILE ACCIDENTELLEMENT SES PLANS DE GUERRE
Le rédacteur en chef du Atlantic a vécu une situation inédite : spectateur silencieux des préparatifs d'une opération militaire au Yémen après son ajout par erreur à un groupe Signal des hauts responsables de l'administration Trump
(SenePlus) - Une incroyable faille de sécurité a récemment exposé les plans militaires américains les plus sensibles à un journaliste qui n'aurait jamais dû y avoir accès. Cette histoire extraordinaire, relatée par Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine The Atlantic, révèle comment l'administration Trump a partagé par inadvertance ses stratégies d'attaque contre les Houthis au Yémen dans une conversation de groupe où le journaliste avait été inclus par erreur.
Tout a commencé le 11 mars lorsque Jeffrey Goldberg a reçu une demande de connexion sur Signal, application de messagerie cryptée, d'un utilisateur identifié comme "Michael Waltz", le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Comme il l'explique dans son article: "Je ne supposais pas, cependant, que la demande provenait du véritable Michael Waltz. [...] Il m'est immédiatement venu à l'esprit que quelqu'un pourrait se faire passer pour Waltz afin de me piéger."
Deux jours plus tard, le journaliste se retrouve intégré dans un groupe Signal nommé "Houthi PC small group" - PC faisant référence au "Principals Committee", qui réunit généralement les plus hauts responsables de la sécurité nationale américaine. Un message de "Michael Waltz" annonçait: "Équipe - établissement d'un groupe de principes pour la coordination sur les Houthis, particulièrement pour les 72 prochaines heures."
Le groupe réunissait apparemment plusieurs personnalités de premier plan du gouvernement américain, dont des comptes identifiés comme ceux de Pete Hegseth (secrétaire à la Défense), Marco Rubio (secrétaire d'État), JD Vance (vice-président), Tulsi Gabbard (directrice du renseignement national), et d'autres hauts responsables. Goldberg raconte sa surprise: "Je n'avais jamais entendu parler d'une réunion convoquée via une application de messagerie commerciale."
Le lendemain, les échanges sont devenus encore plus étonnants. Le compte identifié comme celui de JD Vance a exprimé des réserves sur l'opération militaire imminente: "Je pense que nous commettons une erreur. [...] Il existe un risque réel que le public ne comprenne pas cela ou pourquoi c'est nécessaire." Cette position semblait contradictoire avec l'alignement public du vice-président sur les positions de Trump.
Le compte "Pete Hegseth" a répondu: "VP: Je comprends vos préoccupations - et je soutiens pleinement que vous les soulevez avec POTUS. [...] Attendre quelques semaines ou un mois ne change pas fondamentalement le calcul." Ces échanges révélaient des désaccords internes sur l'opportunité et le timing des frappes.
C'est le samedi 15 mars que l'incroyable se produit. À 11h44, le compte "Pete Hegseth" a partagé des informations opérationnelles détaillées sur les frappes à venir au Yémen, incluant les cibles, les armes qui seraient déployées et la séquence d'attaque. Goldberg écrit: "Je ne citerai pas cette mise à jour... L'information qu'elle contenait, si elle avait été lue par un adversaire des États-Unis, aurait pu être utilisée pour nuire au personnel militaire et de renseignement américain."
Le message indiquait que les premières détonations au Yémen auraient lieu deux heures plus tard. Le journaliste a alors attendu pour vérifier si ces attaques se produiraient réellement : "Vers 13h55, j'ai vérifié X et recherché le Yémen. Des explosions étaient alors entendues dans tout Sanaa, la capitale."
Après les frappes, le groupe s'est félicité de l'opération. "Michael Waltz" a évoqué un "travail incroyable", tandis que "MAR" écrivait "Bon travail Pete et votre équipe !!" et que "Susie Wiles" ajoutait "Félicitations à tous - plus particulièrement à ceux sur le terrain et au CENTCOM ! Vraiment génial. Dieu bénisse."
Face à cette situation extraordinaire, Goldberg a contacté plusieurs responsables pour obtenir des explications. Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a confirmé l'authenticité des messages : "Il semble s'agir d'une chaîne de messages authentique, et nous examinons comment un numéro a été ajouté par inadvertance à la chaîne."
William Martin, porte-parole de Vance, a tenté de minimiser les désaccords apparents : "Le vice-président soutient sans équivoque la politique étrangère de cette administration. Le président et le vice-président ont eu des conversations ultérieures sur cette question et sont en parfait accord."
Cette faille de sécurité soulève des questions juridiques importantes. Selon plusieurs juristes spécialisés en sécurité nationale consultés par Shane Harris, collègue de Goldberg, cette utilisation de Signal pourrait violer plusieurs dispositions de la loi sur l'espionnage, qui régit le traitement des informations relatives à la "défense nationale".
"L'application Signal n'est pas approuvée par le gouvernement pour le partage d'informations classifiées. Le gouvernement dispose de ses propres systèmes à cette fin", explique l'article. Les responsables auraient dû utiliser des installations spécialement conçues comme un "SCIF" (Sensitive Compartmented Information Facility) ou communiquer uniquement sur des équipements gouvernementaux approuvés.
De plus, Waltz avait configuré certains messages pour disparaître après une semaine ou quatre semaines, ce qui soulève des questions sur le respect des lois fédérales sur les archives: "Les SMS concernant des actes officiels sont considérés comme des documents qui doivent être conservés", explique Jason R. Baron, ancien directeur du contentieux de l'Administration nationale des archives et des documents.
Cette extraordinaire série d'événements met en lumière les risques sécuritaires que peuvent poser l'utilisation de technologies modernes par les plus hauts responsables gouvernementaux. Comme le souligne Jeffrey Goldberg: "Je n'ai jamais vu une violation comme celle-ci." Cette affaire rappelle ironiquement les critiques virulentes de Donald Trump contre Hillary Clinton pour son utilisation d'un serveur de messagerie privé lorsqu'elle était secrétaire d'État.
PAR AHMADOU BELLA DIALLO
LE RENIEMENT DU PRÉSIDENT SUR L’INDÉPENDANCE DE LA JUSTICE
Comment une institution censée contrôler et, si nécessaire, sanctionner l’exécutif peut-elle être dirigée par le Président lui-même ? L’absence d’une autorité judiciaire totalement indépendante ouvre la porte à des décisions biaisées
La démocratie repose sur un équilibre délicat entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Ce principe, théorisé par Montesquieu dans De l’esprit des lois (1748), vise à empêcher la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme ou d’une seule institution.
Montesquieu avertissait déjà que :
“Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, des nobles ou du peuple, exerçait ces trois pouvoirs : celui de faire les lois, celui d’exécuter les résolutions publiques et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers.” (De l’esprit des lois, Livre XI, Chapitre 6).
Or, au Sénégal, cet équilibre semble aujourd’hui remis en cause, non seulement par des choix institutionnels discutables, mais aussi par un reniement des engagements pris devant le peuple.
Lors de la dernière campagne présidentielle, l’un des engagements majeurs du candidat victorieux portait sur la suppression du cumul des fonctions de Président de la République et de Président du Conseil supérieur de la magistrature. Cette réforme, perçue comme un levier essentiel pour garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, avait suscité un immense espoir.
Elle promettait une justice plus autonome, libérée des influences politiques et capable de jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Pourtant, une fois élu, ce même président a renié cet engagement, conservant un système qu’il dénonçait auparavant comme une anomalie institutionnelle. Ce revirement, survenu après un recul similaire concernant l’abrogation totale de la loi d’amnistie, illustre un décalage préoccupant entre les promesses de campagne et les décisions prises une fois au pouvoir. Une telle attitude alimente la méfiance des citoyens envers leurs institutions et affaiblit la crédibilité de l’État.
Ce reniement pose une question fondamentale sur l’indépendance de la justice. L’article 88 de la Constitution sénégalaise affirme clairement que “le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif”. Cette disposition vise à garantir que la justice fonctionne sans interférence politique, dans le strict respect des lois et des principes d’équité. Cependant, en maintenant la possibilité pour le chef de l’État de présider le Conseil supérieur de la magistrature, le pouvoir exécutif conserve un levier de contrôle direct sur le système judiciaire. Ce cumul de fonctions pose un problème majeur de séparation des pouvoirs.
Comment une institution censée contrôler et, si nécessaire, sanctionner l’exécutif peut-elle être dirigée par le Président lui-même ? L’absence d’une autorité judiciaire totalement indépendante ouvre la porte à des décisions biaisées, où la justice peut être utilisée comme un outil politique. Une justice perçue comme inféodée au pouvoir exécutif perd en crédibilité et ne peut plus jouer pleinement son rôle de garant des droits et libertés. Montesquieu soulignait déjà que la séparation des pouvoirs est essentielle à la liberté des citoyens :
“Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice.” (De l’esprit des lois, Livre XI, Chapitre 6)
En revenant sur cet engagement, le gouvernement envoie un signal négatif : l’indépendance de la justice semble être reléguée au second plan, au profit de considérations purement politiques.
L’histoire récente nous montre que lorsqu’un chef d’État exerce une influence directe sur la justice, les institutions démocratiques s’affaiblissent et les abus de pouvoir se multiplient. En Russie, Vladimir Poutine a utilisé la justice pour neutraliser ses opposants politiques et modifier la Constitution afin de prolonger son règne. En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan a purgé l’appareil judiciaire et placé des juges fidèles à son régime, réduisant à néant toute contestation légale.
Au Venezuela, Hugo Chávez puis Nicolás Maduro ont transformé la Cour suprême en un outil de répression contre l’opposition politique. Si le Sénégal emprunte une voie similaire, les conséquences pourraient être désastreuses. Un système judiciaire inféodé au pouvoir exécutif compromet l’équilibre démocratique et ouvre la porte à des dérives autoritaires. Un contrôle excessif de la justice exacerberait les tensions entre le pouvoir et l’opposition, limitant la liberté d’expression et fragilisant la stabilité du pays. Un affaiblissement de l’indépendance judiciaire nuirait également à l’image du Sénégal à l’international, dissuadant les investisseurs et compromettant les relations avec les partenaires internationaux.
Le maintien du contrôle de l’exécutif sur la justice s’ajoute au recul sur l’abrogation totale de la loi d’amnistie. Ces renoncements successifs trahissent un schéma préoccupant où les promesses électorales sont rapidement éclipsées par des stratégies de conservation du pouvoir. Ces revirements ne sont pas anodins. Ils participent d’une logique où la primauté des institutions est sacrifiée au profit d’intérêts politiques immédiats. Cette dynamique risque de fragiliser durablement la confiance des citoyens dans leurs dirigeants et de renforcer le sentiment de désillusion à l’égard du processus démocratique.
Face à ces reculs inquiétants, la société civile, les professionnels du droit et l’ensemble des citoyens sénégalais doivent rester vigilants et mobilisés. La démocratie ne saurait se limiter à un simple exercice électoral ; elle repose sur une culture politique qui valorise la transparence, la responsabilité et l’équilibre des pouvoirs. Il appartient à chaque citoyen de défendre l’indépendance de la justice et de refuser toute dérive qui remettrait en cause les principes démocratiques fondamentaux. Montesquieu nous rappelle que : “Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.” (De l’esprit des lois, Livre XI, Chapitre 6)
Si nous restons passifs face à cette situation, nous risquons de voir les acquis démocratiques du Sénégal progressivement remis en cause. Le Sénégal a toujours su préserver un équilibre démocratique malgré les défis politiques. Il est aujourd’hui impératif de garantir que cet héritage ne soit pas sacrifié sur l’autel des intérêts partisans. Si la séparation des pouvoirs est affaiblie, c’est l’ensemble du système démocratique qui est menacé. Exiger le respect des engagements pris devant le peuple est un devoir citoyen. C’est seulement ainsi que nous pourrons protéger l’avenir démocratique de notre nation.
VIDEO
SÉNÉGAL-TOGO, PAPE THIAW FACE À LA PRESSION ET AUX ATTENTES
En conférence de presse de veille de match, le sélectionneur des Lions a abordé le manque d’efficacité de son équipe, les critiques après le nul contre le Soudan et l'importance des coups de pied arrêtés.
iGFM (Dakar) Pape Thiaw a fait face à la presse, ce lundi veille de match Sénégal-Togo, comptant pour la 6e journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
En conférence de presse, le sélectionneur des Lions du Sénégal est revenu sur l'absence d'efficacité et les critiques qui s'abattent sur son équipe depuis le nul (0-0) contre le Soudan. "Les coups de pied arrêtés, il y a les attitudes qui sont très importantes. Ils sont bien tirés, mais ça ne trouve pas preneur. C'est une chose qu'on travaille beaucoup. Car on en a beaucoup. Espérons que ça paiera demain (mardi) car c'est un match qui peut se débloquer sur ça."
Pression et attente
Évoquant la pression suite à une question posée par un journaliste, le technicien sénégalais conscient de l'enjeu du match, reste serein. "Pression positive, on l'habitude de terminer à la fin du bal. On est juste dans la phase aller, il reste 15 points à prendre. On va tout faire pour terminer premier et pourquoi pas prendre les 15 points. On va montrer un autre visage."
S'agissant de l'attente du public sénégalais, pour Pape Thiaw, "c'est le statut du Sénégal qui fait que notre public soit exigeant, avec 2 qualifications au Mondial, la CAN 2022. C'est normal. A nous d'encaisser ça, de l'accepter et de le montrer à partir de demain contre le Togo", a-t-il soutenu à plus de 24h du match face au Togo, au stade Abdoulaye Wade à Diamniadio.
Pour rappel, le Sénégal est troisième du groupe B derrière la RD Congo et le Soudan.
PAPE GUEYE FORFAIT POUR LE MATCH CONTRE LE TOGO
L’ancien joueur de l’Olympique de Marseille devra retourner dans son club pour soigner sa blessure. Son absence représente un nouveau coup dur pour les Lions, déjà privés de Habib Diarra et Ilimane Ndiaye.
Le milieu de terrain des Lions, Pape Gueye, ne pourra pas disputer le prochain match du Sénégal contre le Togo. Touché lors de la rencontre face au Soudan et contraint de quitter le terrain à la pause, le joueur de Villarreal doit déclarer forfait pour cette échéance.
Sur ses réseaux sociaux, l’international sénégalais a exprimé son soutien à ses coéquipiers et encouragé les supporters à venir nombreux les pousser vers la victoire mardi soir. « Restons soudés, on le fera tous ensemble, in sha Allah », a-t-il écrit, accompagné du hashtag #SenegalRek.
L’ancien joueur de l’Olympique de Marseille devra retourner dans son club pour soigner sa blessure. Son absence représente un nouveau coup dur pour les Lions, déjà privés de Habib Diarra et Ilimane Ndiaye au milieu de terrain.
par Thierno Alassane Sall
PASTEF PERSISTE DANS LA TROMPERIE
Face à l'exigence d'abrogation totale, le régime Pastef persiste dans une approche biaisée du droit, mélangeant volontairement les concepts juridiques pour protéger certains auteurs d'infractions tout en exposant d'autres à la justice.
La commission des lois a statué ce vendredi 21 mars sur la proposition de loi (introduite par Pastef) portant interprétation de la loi d'amnistie de 2024. On peut remarquer, avec surprise, que le texte a été entièrement réécrit au moyen d'un amendement déposé par le porteur même de la proposition de loi, le député Amadou Ba. En d'autres termes, le texte à l'égard duquel le président Bassirou Diomaye Faye avait donné un avis (favorable), comme l'exige l'article 60 du Règlement intérieur de l'Assemblée nationale, a complètement disparu dans le fond au profit d'une nouvelle version.
En réalité, il s'agit d'une nouvelle proposition de loi portant « interprétation » de la loi d'amnistie. Pastef reconnait ainsi, encore une fois, que sa volonté d'une justice à deux vitesses est rejetée par les Sénégalais. En revanche, au lieu de se résoudre définitivement à appliquer la demande claire du peuple d'une abrogation totale, le système Pastef continue dans la tromperie à travers la nouvelle mouture de sa proposition de loi. En lisant le texte issu de l'amendement, on est frappé par deux choses : l'exposé des motifs relève de l'enfumage, alors que l'interprétation proposée constitue de l'embobinage. Leur faux débat sémantique sur l'abrogation montre aussi qu'ils ignorent le sens de ce terme en droit constitutionnel, qui est différent de son contenu en droit administratif.
L'exposé des motifs : de l'enfumage juridique
Dans un texte de loi, l'exposé des motifs constitue une partie essentielle qui contribue à mieux comprendre l'économie des dispositions législatives. À titre d'illustration, le Conseil constitutionnel sénégalais avait déclaré inconstitutionnel l'article 2 de la loi EZZAN (loi d'amnistie concernant l'affaire Maître Babacar Sèye) au motif que cette disposition ne s'inscrivait pas dans le but poursuivi par la loi au regard de l'exposé des motifs (décision n° 1/C/2005 du 12 février 2005). La proposition de loi de Pastef risque de subir le même sort, tellement son exposé des motifs est (volontairement) confus.
La mention maladroite de jurisprudences étrangères, de surcroît inutiles, dans l'exposé des motifs
Pour donner le sens d'une loi interprétative, Pastef a jugé utile d'aller chercher dans la jurisprudence de la Cour de cassation française et de la Cour constitutionnelle béninoise. Le plus amusant est que les décisions citées ne nous apprennent absolument rien sur la loi interprétative. On y lit grosso modo qu'une loi interprétative fixe le sens exact d'une loi antérieure et pourrait être rétroactive. On ne peut pas dire que les Sénégalais seront plus instruits en lisant cela.
Alors qu'elles n'apportent aucune information nouvelle, les jurisprudences béninoise et française citées ne s'imposent pourtant pas au Sénégal. On aurait compris qu'on cite une juridiction internationale (comme la Cour pénale internationale) ou une juridiction communautaire (comme la Cour de justice de la CEDEAO, la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples, etc.) pour rappeler le droit applicable concernant le Sénégal. C'est à croire que nos « juristes Gondwanais » confondent « exposé des motifs d'une loi » et « note explicative d'une loi ». Ils devraient penser à prendre des cours de légistique (« ensemble des règles, principes et méthodes utiles à la conception et à la rédaction des textes normatifs visant, du point de vue de la forme et du fond, à assurer la cohérence et l'efficacité de ceux-ci »).
L'argument fallacieux de l'ambiguïté de la loi d'amnistie de 2024
L'argumentaire de Pastef pour justifier la loi interprétative repose essentiellement sur l'idée que la loi d'amnistie de 2024 prêterait à confusion en ce qu'elle laisserait entendre en substance que les crimes de sang y sont inclus. Le régime Pastef entretient sciemment une confusion entre son souhait (une amnistie partielle) et le contenu exact et clair de la loi d'amnistie (une amnistie totale). Il faut être malhonnête pour soutenir que la loi d'amnistie de 2024 est l'objet de controverses quant à son champ d'application exact.
L'article 1^er^ de la loi d'amnistie, qui n'avait pas contenu de modification depuis l'initiative jusqu'à l'adoption, a toujours indiqué que cette loi visait à effacer les faits commis dans la période ciblée qui sont susceptibles d'être qualifiés d'infractions criminelles ou correctionnelles se rapportant à des manifestations ou ayant une motivation politique. Le texte est écrit dans un français clair et dans un style simple qui n'est sujet à aucune équivoque. En outre, la loi d'amnistie n'avait fait l'objet d'aucune controverse quant à sa compréhension. Dès qu'elle a été promulguée, la loi d'amnistie avait été appliquée par la justice sans aucune contradiction : tous les prisonniers, dans toutes les prisons du Sénégal, ont été libérés.
À cela, il faut ajouter un fait qui montre une fois de plus que le régime Pastef fait dans la tromperie. Lors de l'examen en plénière de la proposition de loi d'amnistie, les députés de Pastef, par la voix du député Birame Soulèye Diop (actuel ministre de l'Énergie), avaient posé une question inutile qui avait reçu une réponse claire. Le député pastéfien avait posé la question suivante : « est-ce que les crimes de sang sont couverts par la loi d'amnistie » ? La réponse de la ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall était la suivante : « toutes les infractions criminelles, délictuelles font partie du champ d'intervention de l'article 1^er^ de la loi d'amnistie ; c'est clair, c'est net, c'est du français, c'est même pas du droit, on peut lire et comprendre ». Cet échange montre encore, s'il en était besoin, que le sens de la loi d'amnistie n'a jamais été ambigu.
L'énumération du droit pénal pertinent, avec une conclusion décevante
En inventant, dans son propre imaginaire, l'équivoque, l'ambiguïté et la controverse au sujet de la loi d'amnistie, le régime de Pastef a rappelé dans sa nouvelle proposition de loi le droit international et le droit communautaire pertinents au sujet des violations graves des droits de l'homme qui ne peuvent pas faire l'objet d'amnistie. Après avoir énuméré une palette de textes et de jurisprudences qui s'inscrivent dans cette logique, la nouvelle proposition de loi de Pastef a choisi une conclusion peu ambitieuse en optant pour une interprétation qui n'est en réalité qu'une abrogation partielle.
L'exposé des motifs présente à cet égard une grande incohérence par rapport à la proposition finale. On peut être surpris d'ailleurs de constater que l'exposé des motifs omet de citer la jurisprudence pertinente de la Cour de justice de la CEDEAO qui résume le droit international et communautaire en la matière en bannissant l'amnistie concernant des faits similaires à ce qui s'est passé au Sénégal entre le 1^er^ février 2021 et le 25 février 2024. Dans son arrêt Sidi Amar Ibrahim et autres contre La République du Niger rendu le 9 février 2011 (n° ECW/CCJ/JUD/0I/14), la Cour de Justice de la CEDEAO rappelait que « la doctrine et la jurisprudence internationales [...] admettent exceptionnellement que pour les violations graves et massives des droits fondamentaux de l'homme, tels que consacrés par la coutume internationale et les instruments pertinents des droits de homme, retenir application de la loi d'amnistie équivaut à supprimer le droit à un recours effectif devant les tribunaux compétents ». Le régime Pastef a volontairement omis cette jurisprudence de la Cour de justice de la CEDEAO parce qu'elle ne convient pas à leur entreprise d'enfumage et de manipulation.
Les dispositions : de l'embobinage
Le maintien de l'amnistie pour des criminels présumés
La première chose qu'il convient de retenir au sujet de la nouvelle proposition de loi de Pastef est qu'elle maintient l'amnistie de faits susceptibles d'être qualifiés de crimes. En d'autres termes, si cette proposition est adoptée, des criminels pourraient échapper à la justice. Selon l'article 1^er^ de la nouvelle proposition de loi interprétative, « Au sens de l'article 1^er^ de la loi n° 2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie, les faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle ayant une motivation politique ou se rapportant des manifestations sont entendus des faits des faits liés à l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique ». Si on s'arrête sur cette première partie de l'article 1^er^ de la nouvelle proposition de loi, un criminel présumé pourra échapper à la justice s'il parvient à prouver que son acte était lié à l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique.
La nouvelle interprétation introduit de l'ambiguïté dans la loi d'amnistie qui est claire
Pour être objectif et complet, ce premier alinéa de l'article 1^er^ de la nouvelle proposition de loi doit être lu avec le second alinéa du même article dont le contenu est le suivant : « Au sens de l'article 1er de la loi n° 2024-09 du13 mars 2024 portant amnistie, sont exclus du champ de l'amnistie les faits survenus entre le 1^er^ février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu'à l'étranger, sans lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique et qualifiés, notamment, d'assassinat, de meurtre, de crime de torture, d'actes de barbarie, de traitements inhumains cruels ou dégradants, même si ces faits se rapportent à des manifestations, qu'elle qu'en soit la motivation et indifféremment de leurs auteurs ».
Après avoir lu cet article 1^er^ de la nouvelle proposition de loi interprétative de Pastef, on ne peut pas s'empêcher de se poser cette question : l'interprétation prétendue ne rend-elle pas plus compliquée la loi dont elle est censée établir la signification exacte ? Ce qui est clair dans cette nouvelle mouture, c'est ce qui n'a jamais embêté le Pastef : d'une part, les éléments des forces de l'ordre seront jugés ; d'autres part, les militants politiques seront épargnés. En effet, il suffira, par exemple (aux personnes qui ont incendié l'UCAD, détruit massivement des biens de Sénégalais, incendié les magasins Auchan et les Stations-Services) de soutenir que les faits commis l'ont été par mégarde lors de l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique (droit de manifester) pour bénéficier de la loi d'amnistie.
Par contre, la nouvelle proposition de loi de Pastef introduit de l'ambiguïté et de la confusion. En effet, dans le second alinéa de l'article 1^er^ du texte, il est dit que sont exclus de l'amnistie, c'est-à-dire pourront être jugés, « les faits [...] sans lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique et qualifiés, notamment, d'assassinat, de meurtre, de crime de torture, d'actes de barbarie, de traitements inhumains cruels ou dégradants, même si ces faits se rapportent à des manifestations, qu'elle qu'en soit la motivation et indifféremment de leurs auteurs ». Que doit-on comprendre par « faits sans lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique [...], même si ces faits se rapportent à des manifestations » ? Plus concrètement, les personnes qui ont incendié le bus de Yarakh n'ont-elles pas commis un fait criminel en lien avec l'exercice une liberté publique ou un droit démocratique ? Que devrait-on privilégier ici : « sans lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique » ou « même si ces faits se rapportent à des manifestations » ? Dans la première hypothèse (on considère que l'acte d'homicide a un lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique), les criminels présumés sont couverts par l'amnistie. Dans la seconde hypothèse (on considère que l'acte d'homicide, même se rapportant à des manifestations, sera jugé), les criminels présumés pourraient être jugés.
En conclusion, l'interprétation de Pastef complique davantage la loi d'amnistie dont elle est censée établir la signification qui, en l'état actuel, ne fait l'objet d'aucune ambiguïté.
Ignorance du sens de l'abrogation en droit constitutionnel
Dans leur campagne de manipulation pour refuser l'abrogation totale de la loi d'amnistie de 2024, les partisans du Pastef se sôt engouffrés dans une querelle sémantique ridicule. Depuis quelques jours, leur discours consiste à dire que le terme « abrogation » ne conviendrait pas ici, car l'abrogation ne rétroagit pas et ne vaut que pour l'avenir. Par conséquent, la proposition de loi portant abrogation de la loi d'amnistie déposée par le député Thierno Alassane Sall ne supprimerait pas l'amnistie concernant les personnes qui ont été déjà jugées et condamnées avant l'intervention de l'amnistie.
Le rejet du terme « abrogation » après l'avoir utilisé plusieurs dans leurs promesses d'une abrogation de l'amnistie
Plusieurs questions pour mettre en évidence leur malhonnêteté : quand Ousmane Sonko, de formation juriste, promettait l'abrogation de la loi d'amnistie à Ziguinchor le 1^er^ novembre 2024 et devant l'Assemblée nationale le 27 décembre 2024, avait-il oublié alors ses cours de droit ? Quand le président Bassirou Diomaye Faye, juriste de formation, promettait l'abrogation de l'amnistie dans son discours à la Nation le 31 décembre 2024, lui et ses éminents conseillers juridiques auraient-ils oublié le sens juridique du terme abrogation ? Où étaient nos « juristes Gondwanais » pendant que toutes ces promesses d'abrogation de Pastef étaient faites aux Sénégalais ?
Une confusion entre l'abrogation en droit administratif et l'abrogation en droit constitutionnel
En réalité, Pastef s'accroche à un débat sémantique qu'il ne maitrise absolument pas. Il ne suffit pas d'avoir obtenu un diplôme de droit pour avoir la légitimité de décréter la Vérité juridique sur tous les sujets. Nos « juristes Gondwanais » confondent le droit administratif et le droit constitutionnel quant au sens du terme « abrogation ». En droit administratif, on distingue entre « retrait » et « abrogation » d'un acte administratif. Le retrait supprime l'acte pour le passé et pour l'avenir. L'acte administratif est alors considéré comme n'ayant jamais existé, même ses effets antérieurs au retrait sont supprimés. Quant à l'abrogation, elle ne vaut que pour l'avenir. Elle ne concerne pas les effets antérieurs de l'acte administratif abrogé.
Cette distinction reprise par Pastef pour rejeter le terme « abrogation » au profit de l'interprétation relève sans doute de l'ignorance. Puisqu'il est question de la fabrique de la loi, nous sommes en droit constitutionnel, et non en droit administratif. Or, le droit constitutionnel ne connaît pas la distinction entre le retrait et l'abrogation concernant la loi. Contrairement en droit administratif, l'abrogation n'y est pas une notion consacrée. Ainsi, il n'existe pas de « loi d'abrogation », comme il n'existe pas d'ailleurs de « loi d'amnistie ». On parle plutôt de « loi portant abrogation » ou de « loi portant amnistie ». Dans les deux cas, il s'agit d'une loi qui est régie par le régime de droit commun. Il existe des types de lois particuliers : loi de finances, loi de validation, loi interprétative, etc. La loi portant abrogation d'une loi antérieure constitue une loi simple au sens général.
La loi simple est régie par le principe de non-rétroactivité. En droit pénal, cette non-rétroactivité est consacrée par l'article 9 de la Constitution qui dispose que « nul ne peut être condamné si ce n'est en vertu d'une loi entrée en vigueur avant l'acte commis » (voir aussi l'article 8 de la DDHC de 1789 qui fait partie de notre bloc de constitutionnalité). Au regard de ce principe de non-rétroactivité, une loi portant abrogation ne rétroagit pas en principe. Cette non-rétroactivité n'est pas liée au terme « abrogation », mais plutôt à la loi.
Une loi portant abrogation peut bien rétroagir. Pourquoi ? Le principe de non-rétroactivité de la loi est assorti de trois exceptions : les lois interprétatives, les lois de validation et les lois déclarées rétroactives par le législateur. Concernant la dernière exception, on y apprend qu'une loi peut rétroagir lorsque le législateur le mentionne expressément. Pour revenir à notre affaire, une loi portant abrogation peut donc bel et bien rétroagir si le législateur le précise. Il en résulte donc que, contrairement à ce que soutiennent nos « juristes Gondwanais », l'abrogation n'a pas une signification en droit constitutionnel qui est soit rédhibitoire à la rétroactivité. La non-rétroactivité s'attache à la loi, non au contenu de la loi (l'abrogation). Une loi d'abrogation peut techniquement rétroagir.
Pourquoi il n'était pas nécessaire de préciser que la loi d'abrogation sera rétroactive dans le cas d'espèce ? Une telle précision serait redondante et superfétatoire au regard de la particularité de la loi dont on vise l'abrogation. La loi d'amnistie est une loi à application unique, elle efface des faits susceptibles d'être qualifiés d'infractions pénales. Dès lors, son abrogation viendra restaurer ces faits dans leur entièreté, qu'ils aient été déjà jugés ou non avant l'entrée en vigueur de la loi d'amnistie. Il est irrelevant et insensé de discuter sur le caractère rétroactif ou non de la loi d'abrogation, au regard de la nature même de la loi d'amnistie. La loi d'amnistie ayant visé une période allant du 1^er^ février 2021 au 25 février 2024, une loi qui l'abroge rétroagit naturellement et on n'a pas besoin de le préciser.
Puisque la loi d'abrogation sera rétroactive, que fait-on des droits acquis et du principe de non-rétroactivité de la loi pénale la plus sévère ? Tous les obstacles juridiques invoqués pour rejeter l'abrogation reposent sur la nécessité de protéger les droits des personnes amnistiées. Quid des victimes et de leurs familles respectives ? N'ont-ils pas de droits fondamentaux protégés par le droit pénal international, le droit communautaire et le droit constitutionnel ? Est-il juridiquement admissible d'invoquer le respect des droits acquis en matière pénale pour dénier à d'autres personnes le droit d'obtenir justice ? La réponse est évidemment non, au regard du droit applicable, notamment la jurisprudence de la Cour de justice de la CEDEAO rappelée au haut. La vérité est que cette loi d'amnistie n'aurait jamais dû exister. Une saisine devant le Conseil constitutionnel avant sa promulgation aurait entrainé sa déclaration d'inconstitutionnalité. Pastef avait la possibilité de saisir le Conseil à l'époque car il disposait du nombre de députés requis (au moins 17 députés), mais avait préféré fermer les yeux.
Une proposition de loi faussement interprétative
Par ailleurs, tout en proclamant avoir opté pour la loi d'interprétation pour échapper au principe de non-rétroactivité de la loi, le régime Pastef s'est davantage fourvoyé. Il est vrai que la loi interprétative peut rétroagir car elle précise le sens d'une loi antérieure. Cette exception au principe de non-rétroactivité se justifie par le fait que la loi interprétative n'ajoute rien au texte initial, elle en établit simplement la signification.
Force est de constater cependant que la proposition de loi interprétative de Pastef ne se contente pas de préciser la loi d'amnistie, elle la réécrit totalement. La proposition de loi de Pastef, appelée proposition de loi interprétative, constitue en réalité une modification de la loi d'amnistie. Elle vise à redéfinir, et non à préciser, en effet le champ d'application de l'amnistie ; elle vise à modifier la loi d'amnistie. Par conséquent, elle vient se heurter, si on reste dans leur logique, au principe de la non-rétroactivité de la loi.
À titre illustratif, toujours pour rester dans la logique de Pastef qui cite notamment le juge français, rappelons la jurisprudence de la Cour de cassation (Cour de cassation, Chambre sociale, 8 juin 2011, n° 09-67051, 19 salariés c/ Sté Dalkia France). Selon cet arrêt, « une loi est interprétative lorsqu'elle se borne à reconnaître, sans rien innover, un droit préexistant qu'une définition imparfaite a rendu susceptible de controverse ». Ayant constaté que la loi était faussement interprétative, la Cour de cassation conclut : « ayant ainsi caractérisé l'innovation apportée par le nouveau texte, la cour d'appel en a déduit à bon droit que celui-ci n'avait pas de caractère interprétatif et qu'il n'était pas applicable à des faits antérieurs à son entrée en vigueur ». Le régime Pastef qui cite la jurisprudence de la Cour de cassation française a omis de rappeler que cette même juridiction refuse la rétroactivité des lois que le législateur veut interprétatives mais qui sont réellement dépourvues de caractère interprétatif. Pastef est donc rattrapé par sa fausse polémique sur la rétroactivité.
En définitive, Pastef insiste dans sa volonté initiale d'une abrogation partielle de l'amnistie. Ils ont formulé ce souhait de plusieurs manières : abroger partiellement, rapporter, réécrire, interpréter... Les Sénégalais les rappellent à l'essentiel : la loi d'amnistie doit être abrogée totalement. Le droit international, le droit communautaire et le droit constitutionnel sénégalais ne s'y opposent absolument pas, contrairement à la manipulation de Pastef. Les principes du droit pénal protègent principalement les victimes au détriment des bourreaux. Le discours tenu par le Pastef pour écarter l'abrogation laisse entendre que les droits des bourreaux au regard de l'amnistie priment ceux des victimes qui doivent être restaurés conformément au droit en vigueur. Tout le reste n'est que tromperie et manipulation.
Thierno Alassane Sall est député à l’Assemblée nationale.
LE SÉNÉGAL BRILLE AUX OLYMPIADES FRANCOPHONES DE MATHÉMATIQUES
Avec quatre médailles de bronze et une mention honorable, la délégation sénégalaise signe une performance remarquable pour sa deuxième participation à cette prestigieuse compétition internationale.
Le Sénégal s’est distingué lors de la 6ème édition des Olympiades Francophones de Mathématiques qui s’est déroulée les 22 et 23 mars derniers. La délégation sénégalaise a décroché quatre médailles de bronze et une mention honorable, un résultat impressionnant pour ce pays qui n’en est qu’à sa deuxième participation à cette prestigieuse compétition internationale.
Cette réussite est d’autant plus significative qu’elle a été rendue possible grâce à l’engagement de l’association TerangaMath, créée en 2023, qui a pris en charge l’intégralité du programme de préparation. Les membres de l’association ont financé de leur propre poche l’ensemble des activités, démontrant une détermination exceptionnelle à développer l’excellence mathématique au Sénégal.
« Ces médailles représentent bien plus que des récompenses individuelles. Elles symbolisent ce que nous pouvons accomplir lorsque nous croyons en notre jeunesse », a déclaré Cheikh Fall, Président de TerangaMath. « Obtenir ces résultats face à des nations qui excellent traditionnellement aux compétitions internationales de mathématiques est particulièrement significatif. »
Le programme de préparation mis en place par TerangaMath a été à la fois rigoureux et ambitieux. Pas moins de 70 élèves ont bénéficié d’un entraînement intensif tout au long de l’année scolaire, aboutissant à la sélection d’une équipe d’élite de 12 jeunes talents.
Les cinq lauréats qui ont fait la fierté du Sénégal sont tous issus du Lycée Scientifique d’Excellence de Diourbel, encadrés par le professeur Mafal Diop. Moustapha Mbodj et Isidore Coly ont remporté des médailles de bronze dans la catégorie Junior, tandis que Seydina Mouhamed Diallo et Assane Sène ont obtenu des médailles de bronze dans la catégorie Senior. Awa Ndiaye a quant à elle reçu une mention honorable dans la catégorie Junior.
Cette victoire du Sénégal démontre l’impact significatif que peut avoir une initiative citoyenne, même avec des ressources limitées. Elle souligne également l’urgence d’un soutien institutionnel plus important pour étendre le programme de préparation à davantage d’établissements et assurer la pérennité des activités de TerangaMath.
L’association plaide pour la création d’un centre d’excellence mathématique permanent qui permettrait de faciliter la participation du Sénégal à d’autres compétitions internationales, y compris les prestigieuses Olympiades Internationales de Mathématiques (IMO).
Les Olympiades Francophones de Mathématiques, créées en 2020 pendant la période du confinement, sont devenues l’une des compétitions mathématiques les plus prestigieuses de l’espace francophone. L’édition 2025 a réuni douze pays, dont la France, la Belgique, le Canada, le Maroc et l’Algérie, avec un total de 132 participants répartis entre les catégories Junior et Senior.
CONFLIT À GAZA, LE CAP DES 50.000 MORTS FRANCHI
Trente-neuf Palestiniens, dont un responsable politique du Hamas, des femmes et des enfants, ont péri dans des bombardements visant le sud de Gaza dans la nuit de dimanche à lundi.
Dakar, 24 mars (APS) – Au total, 50.021 personnes sont mortes et 113.274 blessées depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023 dans la Bande de Gaza, gérée par le Hamas, selon des données récentes du ministère de la Santé du mouvement de résistance palestinien.
Trente-neuf palestiniens dont un leader opérant dans l’aile politique du Hamas, des femmes et des enfants ont péri dans la nuit du dimanche dans des bombardements visant le sud de Gaza. Ce qui fait un total de 673 morts depuis la reprise des combats, renseigne les autorités sanitaires de l’enclave.
Ces chiffres exacerbés par l’arrêt des accords de cessez-le-feu entre les deux belligérants par Israël, représentent environ 2,1 % de la population totale de la Bande qui était de 2,3 millions avant l’amorce des hostilités.
Israël qui menace d’une ”destruction” et d’une ”dévastation” complète de Gaza si le Hamas tarde à libérer le reste de ses otages intensifie les incursions terrestres et aériennes pour éliminer les militants du Hamas.
par Birane Diop
UNE ANALYSE APPROFONDIE DES QUATRE ANNÉES DE SANKARA AU POUVOIR
Dans "Enterrer Sankara – Essai sur les économies africaines", Joël Té-Léssia Assoko désacralise le capitaine révolutionnaire en le ramenant à sa condition d’homme, avec ses zones d’ombre, ses failles et ses rétropédalages
Du 14 au 16 mars 2025, s'est tenu à Paris le Salon du livre africain, un événement chaleureux et humain. J’ai assisté à de passionnantes conférences, dont l'une, modérée par le camarade d’esprit Elgas, portait sur la thématique « Partir pour exister ».
Au regard de ma situation, en tant qu’enfant du Sénégal ayant quitté mon pays de naissance et mes premières émotions pour aller en France poursuivre mes études supérieures, et ayant finalement choisi d’y rester pour plusieurs raisons, cette thématique de l’exil me parlait profondément. Cela dit, l’occasion faisant le larron, j’en ai profité pour me procurer le livre Enterrer Sankara – Essai sur les économies africaines, de Joël Té-Léssia Assoko, paru chez Riveneuve. Je l’ai lu en deux nuits : 54 pages la première nuit et 97 pages la nuit suivante.
Je le dis en toute objectivité : ce texte est l’un des plus brillants essais sur l’Afrique et sur certains leaders déifiés, à l’image du capitaine Thomas Isidore Sankara, chef d’État du Burkina Faso de 1983 à 1987, victime d’un coup d’État orchestré par quelques-uns de ses frères d’armes, que j’ai lus ces dix dernières années.
Joël Té-Léssia Assoko, journaliste économique talentueux comptant dix ans d’expérience professionnelle, revient sur l’époque du défunt capitaine révolutionnaire sans langue de bois, en s’appuyant sur une rigueur scientifique et intellectuelle que tout journaliste ou universitaire sérieux devrait avoir dans sa besace lorsqu’il analyse des faits et des événements. Quand on a le sens de l’histoire et surtout un regard dépassionné sur la situation économique des pays africains, on ne peut pas faire autrement. En ce sens, Joël Té-Léssia Assoko est un journaliste qui s’empêche.
Dans ce texte passionnant et lucide, l’auteur désacralise le capitaine révolutionnaire en le ramenant à sa condition d’homme, avec ses zones d’ombre, ses failles et ses rétropédalages. Sankara était un dirigeant cultivé et brillant, mais il demeure un homme avec tout ce que cela implique.
La plume acérée de l’ancien élève du Prytanée militaire de Saint-Louis met en lumière des faits en lien avec le retard économique du Burkina Faso et, par ricochet, de l’Afrique, bien qu’un intellectuel décolonial sénégalais défende la thèse suivante : « L’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi. » Je veux parler de Felwine Sarr, auteur du livre Afrotopia (Philippe Rey, 2016, Paris).
Si celui qu’on surnomme le « Che Guevara africain » a modernisé le Burkina Faso sur certains points pendant ses quatre années au pouvoir, il n’en demeure pas moins que, selon Joël, Thomas Sankara avait mis en place des politiques économiques que d’aucuns pourraient qualifier tout simplement d’hérétiques, pour ne pas dire dangereuses, au regard de leur influence actuelle. En un mot, sa vision économique était bidouillée. Son discours sur l’aide publique au développement n’est pas en reste non plus. Joël écrit ceci à la page 22 - « Sous Sankara :
Les investissements dans le capital humain viennent toujours accompagnés d’une négligence complète du complexe jeu des incitations économiques qui ancrent leur réussite sur le long terme.
La finance n’est plus un ensemble d’instruments spécifiques qu’il faut comprendre et maîtriser, comme l’ont fait la Tunisie, le Sénégal et le Bénin dans les exemples évoqués plus haut. Elle émerge en ogre multipède, écrasant perpétuellement des économies dépourvues de la moindre autonomie ou d’une quelconque capacité d’action.
L’aide au développement s’incarne à la fois en allié silencieux, courtisé en catimini, et en ennemi mortel désigné à la haine des peuples. Durant ses années au pouvoir, malgré la dénonciation publique de la domination occidentale, le gouvernement du capitaine acceptait jusqu’à 14 % de son PIB annuel en aide internationale, principalement des États-Unis et de la France... » À la page 23, Joël enfonce le clou :
« Avec le recul, l’énergie dépensée par Thomas Sankara durant ses années au pouvoir à regarder ailleurs, loin des problèmes réels de l’économie, loin des obstacles à la croissance, reste surprenante. Les prises de parole intempestives et les attaques contre l’ennemi, intérieur ou extérieur, l’impérialisme, les mirifiques et mythiques ressources des économies africaines, le “si seulement l’Afrique, etc.” n’ont jamais cessé. Elles ont empêché Thomas Sankara de répondre concrètement aux défis spécifiques auxquels son pays faisait face. Elles ne lui ont pas permis de comprendre les rapports de force économiques intérieurs et étrangers auxquels sa nation et son gouvernement étaient confrontés. »
Il n’y a pas que cela. L’auteur expose brillamment les coupes budgétaires imposées dans l’administration et les licenciements de masse dont étaient victimes ceux qui étaient en total désaccord avec les politiques menées par le gouvernement de Sankara. Face à la pression intenable, les grévistes sont réintégrés, mais à condition de prononcer ces mots : « Je sollicite la grâce du peuple burkinabé pour la sanction révolutionnaire que j'ai dûment méritée pour avoir participé à la grève pro-im-périaliste et putschiste organisée par des éléments manipulés de l'ex-direction apatride, réactionnaire et contre-révolutionnaire du SNEAHV - Syndicat national des enseignants africains de Haute-Volta. Dorénavant, je m'engage à faire du discours d'orientation politique du 2 octobre 1983 mon guide et à être un serviteur dévoué du peuple burkinabé pour le succès du grand combat qu'il a entrepris depuis le 4 août 1983 pour la liberté, la dignité et le progrès social. »
Joël ne pointe pas uniquement sa plume sur Sankara ; il analyse aussi la vision économique qu'Ousmane Sonko défendait dans son livre Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d'une spoliation (Fauves éditions, 2017), ainsi que les nombreuses contre-vérités que le dirigeant sénégalais a répandues sur l’exploitation des hydrocarbures.
Mohamed Bazoum, victime d’un coup d’État en juillet 2023 et qui, à l’heure où j’écris ces lignes, est encore détenu par des putschistes, peuple aussi ce brillant texte.
Pour rappel, puisque ce texte s’adresse aux esprits dotés de bon sens : des universitaires, journalistes ont tenté de justifier, d’atténuer ou de relativiser ce qui est arrivé à Bazoum. Nous en sommes là : des universitaires qui cautionnent la rupture constitutionnelle.
D’autres éléments méritent d’être soulignés dans ce texte, notamment ces intellectuels qui se lovent dans les bras des populistes autoritaires élus par la voie les urnes, ainsi que ceux qui ont pris le contrôle de l’appareil d’État par les armes. De Dakar à Niamey, en passant par Bamako, ils se reconnaîtront.
À travers cet essai magistral et brillant, Joël Té-Léssia Assoko nous invite à des débats féconds et sérieux, porteurs de lendemains meilleurs pour les millions d’Africains qui végètent dans la pauvreté. Mais ceci se fera loin des vains bavardages et des agitations stériles sur les internet, qui ne changent aucune vie, si ce n'est en nourrissant une fierté nationaliste dangereuse.