SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 juin 2025
QUAND MACRON RÉINVENTE LA FRANÇAFRIQUE COOL
En perte d’influence au Mali, vilipendée en Afrique du nord, après la récente décision de l’Elysée de réduire les visas accordés aux pays du Maghreb, cette opération séduction auprès de la jeunesse sonne comme le dernier avatar d’une diplomatie française
Septembre 2020 : Emmanuel Macron dénonce, dans un entretien publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique, la "stratégie" menée par la Russie et la Turquie principalement auprès de la jeunesse pour alimenter un sentiment antifrançais en Afrique en jouant "sur le ressentiment post-colonial". “Il ne faut pas être naïf : beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie", fustigeait le locataire de l’Élysée.
Il en a tiré une leçon : la France devrait changer de stratégie pour reconquérir le terrain perdu. Ainsi cette quête d’influence passerait moins par les canaux traditionnels (gouvernements, homme d’affaires, etc) que par la jeunesse et l’intelligentsia.
Un peu plus d’un an après cette sortie, qui fit grand bruit, Macron organise donc ce vendredi 8 octobre à l’Arena de Montpellier un sommet France-Afrique aux contours inédits. Aucun chef d’État du continent n’a été convié, par le leader d’En Marche ! À l’Élysée, l’on veut en finir avec les fantômes de Jacques Foccart, et l’image de cette France toujours acoquinée à des dirigeants au pedigree parfois douteux. À la place des Présidents, douze jeunes issus du continent, entrepreneurs, artistes, sportifs ont été choisis pour discuter de sujets économiques, politiques et culturels.
Ce nouveau format doit permettre, selon la présidence française, “d’écouter la parole de la jeunesse africaine” et de “sortir des formules et des réseaux obsolètes”.
L’architecte de cette formule est un intellectuel très en vue du continent : le Camerounais, Achille Mbembe, un des initiateurs, avec Felwine Sarr et le Pr Souleymane Bachir Diagne, des Ateliers de la Pensée, l’un des rendez-vous phares de l’intelligentsia du continent. L’objectif, renseigne Achile Mbembé, est de “refonder les rapports entre l’Afrique et la France, pour passer d’une relation subie à une relation consentie et volontaire .
“Ambition hégémonique”
Ce rôle d’architecte du sommet a valu de nombreuses critiques parmi ses pairs au théoricien de la pensée post-coloniale. « Sous des airs de modernité, la place accordée à la société civile et à des intellectuels reconnus s’apparente en réalité à une tentative de maintenir une ambition hégémonique de plus en plus contestée », critiquent Lionel Zevounou, Ndongo Samba Sylla et Amy Niang, fondateurs du Collectif pour le renouveau africain, prônant un continent réellement « indépendant et souverain ».
Et en effet, les vieux réflexes de la Françafrique ont la vie dure. Car, par ce sommet, Emmanuel Macron prouve que la France, par d’autres moyens certes, cherche toujours à consolider son héritage colonial en Afrique et son influence. Par des moyens que certains qualifieraient de plus cool, plus branchés, mais l’objectif demeure le même face à la menace grandissante des Chinois, des Russes ou encore des Turcs
En perte d’influence au Mali, vilipendée en Afrique du nord, après la récente décision de l’Elysée de réduire les visas accordés aux pays du Maghreb, cette opération séduction auprès de la jeunesse sonne comme le dernier avatar d’une diplomatie française à bout de souffle.
CES GOULOTS QUI PLOMBENT L’EPARGNE DES MENAGES
Conjoncture internationale difficile, cherté du coût de la vie, salaires indécents, perte d’emploi, des économistes expliquent pourquoi et comment la situation devrait-elle être gérée par les pouvoirs politiques pour se tirer d’affaire
Depuis le déclenchement de la crise sanitaire en décembre 2019, le monde du travail est mis à rude épreuve. Des contrecoups de cette pandémie ont davantage fragiliser la stabilité des ménages, allant même jusqu’à hypothéquer leurs épargnes. Dans ce dossier réalisé par Sud Quotidien, des économistes expliquent pourquoi et comment la situation devrait-elle être gérée par les pouvoirs politiques pour se tirer d’affaire.
NDONGO SAMBA SYLLA, ECONOMISTE, CHARGE DE PROGRAMMES ET DE RECHERCHE AU BUREAU AFRIQUE DE L'OUEST DE LA FONDATION ROSA-LUXEMBURG : «Le déficit budgétaire doit se creuser pour donner de l’oxygène aux entreprises et ménages»
La conjoncture internationale est difficile, et les tensions sociales sont palpables aussi bien au niveau des entreprises que dans les ménages. D’où l’hypothétique problématique de l’épargne des ménages. Pour se tirer d’affaire dans de pareils moments de crise sanitaire, l’Etat peut se permettre de faire fi de l’orthodoxie budgétaire pour soutenir les entreprises et les ménages. «Dans un contexte de pire crise sanitaire mondiale l’Etat doit faire davantage de déficit pour permettre au secteur privé et aux ménages de pouvoir tenir». Et de poursuivre: «Il est tout à fait paradoxal dans ce contexte qu’on demande à nos Etats de revenir vers l’orthodoxie budgétaire». Selon lui : «Normalement, dans de pareilles circonstances, il faut aller vers des déficits supérieurs à 3% mais ciblés pour rehausser le pouvoir d’achat des ménages et permettre aux entreprises de repartir». A l’en croire, «même en temps normal, il y a des déficits». Donc, conseille-t-il : « Il faut surtout travailler à avoir une économie beaucoup plus autocentrée, basée sur les ressources locales et produits locaux. Mais également un agenda politico-économique clair».
A l’entendre : «il est tout à fait compréhensible, voire acceptable qu’en de pareils moments difficiles que nos Etats puissent creuser le déficit budgétaire pour faire redémarrer la machine de l’économie». Ce qui est raisonnable semble dire l’économiste puisque nous n’avons pas la possibilité de battre monnaie comme les grandes puissances à l’image des EtatsUnis, de l’Union européenne, de la Chine qui ont décidé d’injecter des centaines de milliards dans leur marché financier pour relancer leur économie. Donc, n’ayant comme seule possibilité, le crédit, il est tout à fait raisonnable de voir notre déficit budgétaire se creuser.
MOR GASSAMA, ENSEIGNANT CHERCHEUR A L’UCAD : « Cela devrait nous amener à revoir notre approche du développement, notamment en matière de lutte contre la pauvreté…»
Cette crise a mis beaucoup « d’entreprises dans l’agonie à défaut de les faire disparaitre purement et simplement», constate le Pr Mor Gassama. Ce qui a entrainé incontestablement des pertes d’emplois et par conséquent de revenus. Dans nos pays en développement où les gens ont du mal à trouver du travail décent et à être en mesure de réaliser des épargnes, « l’inflation notée ces derniers temps contribue à détériorer considérablement leur niveau de vie», relève l’enseignant chercheur. Sous cet angle savoir le Pr : «La conjoncture internationale ne va pas arranger les choses dans un futur immédiat». A l’entendre : «cela devrait nous amener à revoir notre approche du développement notamment en matière de lutte contre la pauvreté et au-delà de l’atteinte de l’émergence». D’où la nécessité de nous concentrer sur notre développement économique à partir de nos propres forces. Et pour ce faire, dans un premier temps il suggère d’«avoir plus de volonté politique dans l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire». En clair, l’expression de sécurité alimentaire devrait être bannie à jamais dans notre langage dans les années à venir. En second lieu, indique-t-il : «créer une articulation entre le secteur primaire et le secteur secondaire en encourageant l’industrialisation et la création d’unités de transformation tout en continuant à promouvoir le consommer local». Il poursuit : «commencer également à réfléchir sur l’utilisation des fonds attendus sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières ». Un rattrapage économique des régions de l’intérieur serait une bonne idée. Et continuer à soutenir le privé national dans l’objectif d’avoir des champions nationaux. Ce qui est extrêmement important pour accompagner notre développement économique et social.
MEISSA BABOU, ECONOMISTE ET ENSEIGNANT AL’UCAD : «Il faut relever les salaires d’au moins de 50.000 FCFA»
La difficile situation économique et sociale due aux facteurs exogènes est très épouvantable pour les populations. «Il faut l’admettre pour le regretter », fait constater de prime abord l’économiste Meissa Babou, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). A l’en croire, c’est la conjoncture de plusieurs facteurs concomitants qui «accroissement la pauvreté». D’abord, soutient-il «les maigres salaires des travailleurs dont 80% de moins d’un million ne suffisent pas pour vivre décemment». En plus, rajoute-t-il : «on note un manque de revenus conséquents pour 70% de nos citoyens artisans et agriculteurs». Sans occulter le coût de la vie que tout le monde constate avec «des loyers et des factures qui dépassent l’entendement», regrette l’économiste. Autant de facteurs exogènes et endogènes qui militent en défaveur du bien-être des populations notamment la nourriture qui pour certains est «aléatoire», affirme-t-il. Pour l’enseignant, notre dépendance du marché extérieur nous impacte négativement. Par conséquent, aucune solution à court terme n’est envisageable. «Il nous faut donc nous résigner même si nous souffrons stoïquement dans le silence et la pauvreté», regrette Pr. Babou. En réponse à cette épouvantable situation, il laisse entendre qu’«il faut relever les salaires d’au moins 50000 FCFA comme sous le régime du président Wade qui avait compris qu’économiquement c’est une façon de booster l’économie», tout en déplorant des contrats avec des salaires de misère gonflant les effectifs sans aucun impact économique et social.
COVID-19 : ALIOUNE SARR RÉAFFIRME LA LEVÉE DES RESTRICTIONS SUR LES VOYAGES
Dakar, 8 oct (APS) - Le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, a rappelé dans un communiqué la levée des restrictions qui pesaient sur les voyageurs à destination du Sénégal et la réouverture des frontières aériennes du pays à "tous les passagers à la seule condition de présenter un Test RT- PCR Covid 19 négatif".
Dans un communiqué transmis à l’APS, il signale avoir signé la circulaire "numéro 1562 en date du 28 septembre 2021, abrogeant et remplaçant la circulaire N°1386/MTTA/ANACIM/DG du 1er septembre 2021, relative aux conditions de prise de trafic des compagnies aériennes desservant le Sénégal".
Il indique que cette circulaire "consacre la levée des restrictions qui pesaient sur les voyageurs à destination du Sénégal".
Elle "marque ainsi la réouverture de nos frontières aériennes à tous les passagers à la seule condition de présenter un Test RT- PCR Covid 19 négatif, datant de moins de cinq (5) jours délivrés par des services compétents", a-t-il ajouté.
"Par conséquent, souligne-t-il, les compagnies aériennes dont les programmes d’exploitation ont été approuvés par l’Autorité de l’aviation civile ou qui disposent d’une autorisation ponctuelle, sont autorisées à embarquer et débarquer leurs passagers sur présentation d’un test RT-PCR COVID 19 négatif, datant de moins de cinq (5) jours dument délivrés par les services compétents"
LA VICTOIRE DU CASA SPORTS EST LE SUCCÈS DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA CONCORDE NATIONALES
Dakar, 8 oct (APS) - La récente victoire du Casa-Sports en Coupe du Sénégal, suivie de la réception offerte en son honneur par le chef de l’Etat, témoigne de l’intérêt des plus hautes autorités pour la promotion du sport en même temps qu’elle témoigne du "succès de la solidarité et de la concorde nationales", estime le président de l’équipe-fanion de la région de Ziguinchor (sud), Seydou Sané.
"Nous avons été très heureux de cette réception au palais de la République, c’est la première fois qu’un chef d’Etat reçoit une équipe victorieuse après son sacre", a souligné le président du Casa-Sports, dans un entretien avec l’APS
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a reçu les joueurs, le staff technique et administratif et les supporters du Casa-Sports au palais de la République, samedi, après sa victoire (1-0) aux dépens de Diambars, en finale de la Coupe du Sénégal.
Selon Seydou Sané, le président Sall "a certainement aimé ce qui s’est passé autour de cette finale", lors de laquelle les deux équipes engagées ont fait preuve dit-il de "fair-play tout au long de la partie".
"Les vainqueurs et les vaincus se sont félicités, et dans les tribunes, nous avons noté un élan de solidarité nationale autour du vainqueur", a commenté le président du Casa-Sports.
Il ajoute que bien avant la finale, le Casa-Sports avait "noté une importance solidarité" des cadres de la région pendant sa préparation, un élan qui s’est ensuite poursuivi "tout au long du match".
Seydou Sané signale par ailleurs que la victoire du Casa-Sports "intervient en pleine période de consolidation de la paix" dans la partie sud du pays, en proie aux conséquences d’une rébellion armée au début des années 1980 par le Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC).
"Nous avons noté de grandes avancées dans la paix dans notre région, avec le silence des armes et le retour des populations dans leurs villages", a-t-il commenté, se réjouissant que toute la région sud du Sénégal ait pu "vibrer autour de cette finale et de la victoire de son équipe".
"Le football national a donné une très belle image à la veille des assises du football professionnel", a poursuivi Seydou Sané.
Il est revenu sur les assises sous forme de bilan que la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) projette d’organiser les 16 et 17 octobre prochains.
Le président de la République, dit-il, "a montré son intérêt pour le sport en général et le football en particulier avec des investissements importants dans l’érection des infrastructures sportives".
«AU SENEGAL, AVEC UNE HAUSSE DES TEMPERATURES, LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SERONT UNE CATASTROPHE»
Jonathan Pershing, adjoint de John Kerry, Représentant spécial du président américain pour le Climat, en visite à Dakar, parle des dommages que pourraient engendrer les changements climatiques
Jonathan Pershing, adjoint de John Kerry, Représentant spécial du président américain pour le Climat, est en visite à Dakar. Dans cet entretien qu’il a accordé à la Rédaction de Sud Quotidien hier, jeudi 7 octobre, il revient sur les dommages que pourraient engendrer les changements climatiques au Sénégal, mais aussi les axes sur lesquelles l’Administration Biden compte assoir sa collaboration avec le Sénégal en vue de lutter contre les effets des changements climatiques
Qu’est-ce qui explique le choix du Sénégal parmi les pays africains ciblés, pour votre visite ?
C’est important. Nous sommes passés par plusieurs pays d’Afrique, le Sénégal n’est pas le seul. Il est la dernière étape de la tournée. Il y a des pays en Afrique qui jouent un rôle très important dans la lutte contre les changements climatiques. Le Sénégal en fait partie. Ce sont les modèles dans le domaine. Par exemple, beaucoup de pays n’accordent pas, à l’image du Sénégal, de l’importance à l’agriculture qui peut être un bon moyen de lutte contre les changements climatiques. Je pense aussi à l’adaptation aux changements climatiques. Pour chaque région en Afrique, il y a une spécificité. En Afrique du Sud, la première chose pour eux, c’est le charbon. Au Congo Brazzaville et à Kinshasa, c’est la forêt qui est mise en avant. Le bassin du Congo est vaste, mais la déforestation y est importante. Au Sénégal, il y a beaucoup de choses à exploiter comme l’agriculture, le pastoralisme… On doit être en mesure de combiner l’adaptation à la responsabilité, à faire des choses pour le développement durable comme le solaire et l’éolienne. Il y a plus de vent au Sénégal que dans les autres pays, en Afrique de l’Ouest ; ce qui est un atout. Il est donc très important d’avoir ce type de pays pour les 10 prochaines années.
Quels seront les axes de coopération entre les USA et le Sénégal ?
Ils sont divers. Premièrement, c’est l’expertise. Le ministre de l’Agriculture des Etats-Unis viendra au Sénégal. Ce sera l’occasion de partager les politiques à mettre en œuvre : par exemple, s’il y a moins de pluies, des inondations, que faire ? Aussi, des informations seront fournies par la «National oceanic and atmopheric administration» (Noaa) qui a des satellites qui peuvent donner des informations fiables sur le climat et le réchauffement climatique. Avec celles-ci, le Sénégal pourra mieux avancer et donner aux agriculteurs les informations utiles à leurs activités. Les Etats-Unis peuvent travailler avec le Sénégal dans le secteur énergétique, pour développer la technologie afin qu’elle soit disponible dans chaque village. Le solaire peut être une grande source d’énergie, si la technologie nécessaire est mise en place. On doit avoir une institution pour renforcer les lois. Le dernier axe est le financement qui est une question très difficile. Les Etats-Unis ont commencé un programme pour accompagner des finances pour les nouveaux projets. C’est le cas de Centrale éolienne du Sénégal. Le président Joe Biden a doublé la contribution américaine sur la question climatique, en avril 2021. En septembre dernier, il a encore doublé le montant que le régime du président Obama avait accordé aux changements climatiques. D’autres partenaires viendront se joindre à nous pour appuyer la réponse sénégalaise.
A combien s’élèvera l’appui américain ?
On n’a pas encore fait la répartition ; mais il y a beaucoup de demandes sénégalaises. Nous sommes en train de choisir les programmes qui sont adaptés aux objectifs de financements que nous avons
Quelle analyse faites-vous de l’impact des changements climatiques au Sénégal ?
Au Sénégal, une hausse de l’impact des changements climatiques sera catastrophique pour certaines communautés. Si ce n’est pas spécifiquement pour le Sénégal, mais pour tous les autres pays. Si le monde ne change pas sa trajectoire, on risque une catastrophe pour des pays comme le Sénégal. Il y a beaucoup de choses ; l’érosion côtière constitue un grand problème. Et, à St-Louis déjà, les pêcheurs ne peuvent plus vivre de leurs activités. Des maisons sont détruites par les inondations connues ces derniers années et l’augmentation du niveau de la mer. Il y a aussi la hausse des températures qui influe négativement sur les moyens de subsistance des ménages. La variabilité de la saison des pluies, les paysans n’ont plus une maîtrise du leurs cultures, savoir quoi planter et quand le faire. Les risques sanitaires et les déplacements des personnes sont énormes. Des choses comme ça, sont presque une catastrophe.
Comment concilier les exigences de développement économiques et la lutte contre les changements climatiques ?
On ne peut pas séparer les deux. Rien ne marche avec les changements climatiques. L’alimentation dépend de la saison des pluies, le climat. Également si on ne peut pas avoir une relance de l’économie, on ne pourra pas utiliser les nouvelles technologies. Il y a des opportunités avec la lutte contre les changements climatiques, des positions nouvelles et du travail. On peut avoir des opportunités beaucoup plus importantes avec le vent, la forêt et le solaire ainsi que l’agriculture.
L’ÉCONOMIE ET LA POLITIQUE PRÉOCCUPENT LES QUOTIDIENS
Dakar, 8 oct (APS) – Le projet de loi de finances de l’année 2022 constitue, avec d’autres sujets économiques et la politique, le menu proposé par les quotidiens pour leur édition de ce vendredi.
‘’Priorité sociale’’, écrit EnQuête, qui constate que l’éducation, la santé, l’emploi et l’entrepreneuriat seront les secteurs les plus financés par l’Etat en 2022.
‘’Les dépenses sociales occupent presque 50 % du budget de 2022. Quinze milliards pour le recrutement de 5.000 enseignants contractuels’’, souligne le journal.
‘’Macky Sall gâte les jeunes, les femmes et les agriculteurs’’, constate Le Témoin Quotidien à la suite de l’adoption du projet de loi de finances de l’année 2022.
Mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement a adopté ce projet de loi en vertu duquel il a évalué les besoins de l’Etat à 5.150 milliards de francs CFA.
‘’L’Etat casse la tirelire pour les femmes, les jeunes et les agriculteurs’’, titre Libération, annonçant d’‘’importantes dotations financières’’ pour ces trois catégories socioprofessionnelles.
‘’Les programmes sociaux et de développement communautaire restent une priorité’’, écrit Le Soleil, faisant état d’‘’une situation macroéconomique solide, à consolider’’.
Des ‘’ménages [sont] en péril’’ au Sénégal, à cause du ‘’coût de la vie’’, des ‘’salaires indécents’’ et des ‘’pertes d’emplois’’, selon Sud Quotidien.
L’As évoque ‘’la tension sociale’’ de certaines sociétés nationales dont l’Office national des forages ruraux (OFOR) et la SN HLM, la Société nationale des habitations à loyer modéré.
‘’Les travailleurs de l’OFOR sont très remontés contre leur direction générale. Pour cause, une augmentation de salaires de 70 millions de francs CFA pour les directeurs et les conseillers techniques, au moment où les priorités semblent être ailleurs’’ que dans la rémunération des cadres de ladite société, rapporte le journal.
A la SN HLM, le collège des délégués des travailleurs accuse le directeur général de ‘’mauvaise gestion’’. Des délégués syndicaux de la même entreprise accusent les délégués d’être de ‘’mauvaise foi’’, selon L’As.
Les quotidiens se sont également intéressés aux élections municipales et départementales prévues en janvier prochain.
‘’Amadou Ba a entamé hier sa marche pour la conquête de Dakar. Pour ceux qui en doutaient, sa première sortie sur l’avenue Georges-Pompidou, à Sandaga et à Niayes Thioker édifie sur les ambitions’’ de l’ancien ministre des Finances, écrit Le Quotidien.
Amadou Ba fait partie des personnalités sur lesquelles ‘’le président de la République pourrait’’ choisir son ‘’dauphin’’, selon WalfQuotidien.
Les élections municipales et départementales permettront de ‘’faire émerger des prétendants’’ à la succession de Macky Sall, ajoute le même journal, citant également l’ancienne Première ministre Aminata Touré, le ministre des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo, et le ministre des Transports terrestres, Mansour Faye, parmi les ‘’dauphins’’.
S’agissant du financement des prochaines campagnes électorales, le journal Source A s’intéresse au ‘’plan de guerre’’ de la coalition Yewwi Askan Wi, dirigée par Khalifa Sall et Ousmane Sonko. ‘’Chaque parti ou mouvement [est] appelé à contribuer à l’effort, selon ses moyens’’, révèle-t-il.
La comparution de Guy Marius Sagna devant le tribunal des flagrants délités de Dakar est commenté par les quotidiens.
‘’L’activiste Guy Marius Sagna risque deux ans d’emprisonnement dont six mois ferme, si le procureur suit le réquisitoire du parquet’’, lit-on dans L’Observateur.
M. Sagna est placé en détention depuis lundi et est jugé pour le délit présumé de diffusion de fausses nouvelles. Il lui est reproché d’avoir écrit sur les réseaux sociaux que le ‘’déshonneur’’ était devenu ‘’la nouvelle devise de la Gendarmeries sénégalaise’’.
‘’Le parquet n’a pas été tendre avec Guy Marius Sagna’’, commente Le Quotidien, selon lequel la décision du tribunal des flagrants délits sera rendue jeudi prochain.
‘’Guy Marius Sagna assume tout le contenu de son post’’, constate Le Soleil.
Selon ses avocats, il est arrêté pour des raisons politiques. ‘’Sa présence au prétoire s’explique par le seul fait que le coordonnateur de ‘FRAPP France dégage’ est un candidat déclaré aux prochaines élections locales, selon ses conseils’’, rapporte le même journal.
KEEMTAAN GI - LA SOCIETE SI VILE
« À la queuleuleu
À la queuleuleu
À la queuleuleu
À la queuleuleu
À... À... À... À...
Tout l'monde s'éclate à la queuleuleu
Tout l'monde se marre à la queuleuleu
Tout l'monde chante à la queuleuleu
Tout l'monde danse à la queuleuleu
Le jeune président Français, Emmanuel Macron, pourrait bien s’accrocher aux bras de « ses » intellectuels africains avec qui il va discuter de nos problèmes domestiques. Ils pourront ainsi s’offrir un tour de danse avec la chanson du musicien et humoriste français André Bézu. Ça leur changera un peu les idées comme on a pu réussir à laver le cerveau de ce cher Achille Mbembe. Celui-là même au discours incendiaire, invitant l’Afrique à couper le cordon ombilical qui le liait en tant que continent à l’ancienne puissance coloniale. Et il ne serait pas surprenant de le voir brûler tous ces brulots sur la France pour se donner bonne conscience. C’est le même homme avec sa clique d’amis qui seront autour d’une table pour discuter avec Macron des problèmes du continent. Ce cher Macron qui se donne des airs d’intello tout en étant d’une alarmante niaiserie. Quand il convoque ses « Gouverneurs africains », tout le monde rapplique. Personne ne voulant rater la messe. Un sommet France-Afrique qui ne concernera que les sociétés civiles africaine et française. Bien entendu, nos roitelets ne sont pas invités. Macron les jugeant, peut - être, peu dignes de porter la parole du continent qu’il délègue à une société civile devenue si vile à l’instar de celle de ce charmant pays. Eh oui, ces messieurs et dames de la société civile qui disaient porter la voix du peuple et que l’on a réussi à métamorphoser, les rendant amnésiques et dociles. Voir des voix si représentatives du continent se présenter à la queue leu leu devant Macron pour discuter avec lui de nos problèmes nous parait être une aberration. Et si on a réussi à nous changer cette société civile, c’est parce qu’elle ne pouvait continuer à se gaver d’un idéal et mourir bêtement. Visez celle de ce charmant pays. Toute à cirer les bottes du Chef ! KACCOOR BI
AFFAIRE PASSEPORTS AÏSSATA TALL SALL BRISE ENFIN LE SILENCE ET SE PRONONCE…
Aïssata Tall Sall a enfin brisé le silence sur l’affaire des passeports diplomatiques. Pendant longtemps, le ministre des Affaires étrangères, qui observait avec un étonnant silence ce dossier qui concerne en premier chef son département ministériel, n’avait pas voulu se prononcer. Mais une telle posture la desservait. Alors hier en marge du lancement du 7e Forum international sur la paix et la sécurité qui doit se tenir au mois de décembre à Dakar, la patronne de la diplomatie sénégalaise a été évasive. « Cette affaire, je l’ai apprise comme tous les Sénégalais l’ont apprise. Je suis un ministre de la République. Une République dans laquelle l’État de droit est une réalité. L’opinion passe tout son temps à nous faire la leçon sur l’Etat de droit. La leçon par la preuve, c’est cette affaire » précise d’emblée le ministre des Affaires étrangères. Seulement, elle ne s’est pas limitée à cela puisqu’elle a ajouté que « étant un ministre de la République et aussi, évoluant dans un Etat de droit (mon œil !), il y a deux séparations de pouvoirs et un secret d’enquête qui m’empêchent de me prononcer sur cette affaire. La première séparation des pouvoirs, c’est entre l’exécutif et le législatif dans cette affaire qui serait partie de l’Assemblée nationale. Hors, il y a une séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Donc, je ne peux me prononcer là-dessus compte tenu de l’implication de la deuxième institution. La deuxième, c’est la séparation qui existe entre l’exécutif et le judiciaire. Au Sénégal, un ministre de la République, quel que soit son omnipotence, ne peut s’infiltrer dans un dossier dans le judiciaire pour savoir ce qui s’y passe ». Le ministre Aïssata Tall Sall s’est dit également contrainte par un troisième obstacle, qui est le secret de l’enquête. Compte tenu de ces facteurs, le ministère des Affaires étrangères ne peut pas se prononcer. Cependant, Aïssata Tall Sall tient à soutenir qu’une fois cette affaire tirée au clair, les responsabilités seront situées... remarque que ça, elle n’avait pas besoin de nous le dire puisqu’on le savait déjà !
COURSE À LA MAIRIE DE PODOR RACINE SY LARGUE DE LOIN ME AISSATA TALL SALL
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point » conseillait Jean de La Fontaine dans la course littéraire entre Le Lièvre et La Tortue. Justement, à Podor, le président Mamadou Racine Sy semble partir à point dans la course à la mairie 2022. Depuis quelques mois, le magnat de l’hôtellerie sénégalaise multiplie les actions sociales et humanitaires au profit des populations de la ville Podor. Privés de subvention communale, les associations sportives et mouvements culturels se sont vus soulagés et gâtés par Mamadou Racine Sy. Pour preuve, l’ensemble des Asc de Podor ont reçu une enveloppe globale de 10 millions CFA à répartir. Sans oublier d’importants moyens matériels reçus des mains de Mamadou Racine Sy. Chacune des 11 ASC a reçu une aide de 500 mille FCFA à. En outre, il a également fait une rallonge de 500 mille FCFA à chacune des 5 équipes qualifiées aux départementales. Cet appui d'une valeur globale de 10 millions entre dans le cadre de son vœu de soutenir, d'appuyer et d'accompagner constamment la jeunesse et le mouvement associatif. Pendant ce temps, Me Aissata Tall Sall retrousse les manches pour plaider voire recadrer à « décharge » dans l’affaire des passeports diplomatiques où les services du ministère des affaires étrangères abritent l’imprimerie du faux.
« DOXONTU » PRÉCAMPAGNE AMADOU BA CHAUFFE LE MARCHE SANDAGA
Dans un entretien exclusif récemment accordé au « Témoin » quotidien, l’’ancien chef de cabinet Pape Samba Mboup a plaidé le retour aux affaires des anciens ministres Amadou Ba, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aly Ngouille considérés de brillants collaborateurs du président Macky Sall. Vrai ou faux ? En tout cas, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba a montré que politiquement sa cote de popularité est intacte. Et surtout au niveau de Dakar-Plateau où l’ancien argentier de l’Etat aurait violé les territoires communaux pour se taper un « doxontu » (ballade) digne d’un futur maire de Dakar-Ville. Vers 18h, la nouvelle de la présence d’Amadou Ba à Sandaga s’est répandue comme une traînée de poudre. Riverains, clients, commerçants et marchands ambulants ont convergés vers la personne d’Amadou Ba en chair et en os. Bref, Amadou Ba avait finalement paralysé tout Sandaga au point que certains commerçants ont fermé boutique pour ne pas subir les dégâts collatéraux d’une foule déchainée.
DIFFAMATION CONTRE LA GENDARMERIE GUY MARIUS SAGNA RISQUE 6 MOIS DE PRISON
L’affaire Guy Marius Sagna contre la gendarmerie nationale est mise en délibéré pour le 14 octobre prochain. Après le réquisitoire de la procureure qui a demandé à ce que l’activiste soit condamné à 2 ans de prison dont 6 mois ferme et une amende de 200.000, le juge a préféré mettre l’affaire en délibéré avant de donner son verdict le 14 prochain. La Défense a renoncé à sa demande de liberté provisoire. L'activiste a été jugé ce 7 octobre, en flagrant délit devant le tribunal correctionnel de Dakar, pour diffusion de fausses nouvelles relatif à un post considéré comme portant atteinte à l'institution de la gendarmerie. Habillé d'un t-shirt Lacoste bleu, masque au visage, Guy Marius Sagna a comparu devant le juge. Il a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. "Je n'ai jamais eu l'intention de porter atteinte à la gendarmerie que je respecte beaucoup", a-t-il confié au juge. Disant que le post de Guy est de nature à entraîner la désobéissance envers la loi, le parquet a requis une peine de 2 ans dont 6 mois ferme contre l'activiste. Pour le procureur, le texte de Guy Marius Sagna a porté atteinte au moral des citoyens. Le procès a tiré en longueur. Un pool d'avocats composé entre autres des maîtres Moussa Sarr, Khoureychi Ba, Abdoulaye Tall, Assane Dioma Ndiaye a assuré la défense de l'activiste. Pour la tenue du procès, les forces de défense et de sécurité ont quadrillé tous les axes menant au Palais de Justice. Les entrées étaient filtrées à quelque cent mètres de l'institution judiciaire. Les commerçants et autres personnes qui s'activaient quotidiennement aux environs du palais ont été déguerpis des lieux...
SALAIRES PAYES LE 24 SEPTEMBRE OCTOBRE DEVIENT INTENABLE POUR LES FONCTIONNAIRES
Toux ceux qui avaient sauté de joie lorsque les services du ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, avaient annoncé le paiement des salaires et pensions le 24 septembre en prélude du Magal de Touba célébré le dimanche 26 septembre sont en train de vivre un calvaire inouï. Les ménages des fonctionnaires et retraités qui ont bénéficié de cette mesure indiquent que le mois d’octobre qui n’a même pas encore connu une dizaine de jours va être le plus long qu’ils aient jamais connu. Surtout que la période coïncide avec la rentrée scolaire et universitaire. Partout à travers les réseaux sociaux, dans les établissements publics, c’est une grogne quotidienne des travailleurs de l’Etat. Finalement, la mesure de Macky Sall n’a pas été salvatrice. Les ménages des fonctionnaires de l’Etat seront poussés à aller s’endetter de gauche à droite pour prendre en charge le restant du mois d’octobre avant le prochain bulletin de paie. Certains seront tentés de demander une avance sur salaire. D’autres vont courir à la banque pour obtenir un découvert destiné uniquement à la consommation. C’est un cercle vicieux puisque ces prêts d’avance de consommation seront automatiquement débités lorsque le virement du mois sera positionné. Pour s’en relever, il faudrait alors des mois et des mois aux travailleurs.
EXCLUSIF SENEPLUS - 62 et 63 marquent l’avènement très précoce d’une justice aux ordres des gouvernants. Une réalité politique qui ne cessera de se reproduire et de s’amplifier sous les différentes mandatures
Pour comprendre « 63 », il faut remonter à loin. Peut-être même aux années 40. Une jeune élite sénégalaise, portée par les bourses Lamine Gueye, a alors pris rendez-vous avec la destinée du pays. Après un détour en France, nourris de formations et de compagnonnage, ils rentrent au bercail avec une belle charpente intellectuelle et idéologique. Dans le lot, Amadou-Mahtar Mbow, Abdoulaye Ly, Fadilou Diop, entre autres. Amis, intellectuels, frères à bien des égards, à l’avant-garde des combats de libération, entre eux se noue vite une conscience de groupe, bâtie par une énergie commune. Lors de leur retour au pays, première halte : l’incontournable BDS (Bloc démocratique sénégalais) de Senghor. Force centripète en plein épanouissement. Mais très vite, les jeunes font bande à part, mus par d’autres aspirations plus vives et plus offensives. Ils avaient déjà mis sur pied, en France, le Garep..., Groupement Africain de Recherches Economiques et Politiques. Le mouvement est d’obédience marxiste, et il agrège d’autres étoiles montantes, comme Assane Seck ou encore James Benoit.
Le référendum de 58, la faille originelle
Premier moment de friction avec Senghor, l’homme fort de l’UPS : le référendum de 58, initié par De Gaulle. Evènement fondateur. L’exemple guinéen de Sékou Touré, son refus, et son magnétisme continental, aiguisent les appétits. D’autant plus qu’en période de galère, le jeune syndicaliste avait eu pour avocat un certain Fadilou Diop. Son parcours résonne ainsi d’autant plus au sein du Garep. Et à la sortie de ce référendum, la jeune bande veut l’indépendance. C’est ainsi que sous la houlette de l’énergique Abdoulaye Ly, naît le PRA-S (Parti du regroupement africain-Sénégal) à la suite de la scission d’avec l’UPS (Union progressiste sénégalaise) qui prend la suite du BDS. Abdoulaye Gueye Cabri en est aussi l’un des membres fondateurs. Une année plutôt, le PAI (Parti africain de l’indépendance) voyait le jour. Deux entités qui joueront les premiers rôles sur la scène politique sénégalaise, la première plus encline à temporiser avec le pouvoir, la seconde plus radicale dans la clandestinité.
L’année 58 est rude, Senghor et Dia cadenassent l’arène, et draguent les barons religieux. Séquence importante qui déconstruit le mythe de la résistance des leaders religieux dans la colonisation. Elle annonce aussi une forme d’alliance du temporel et du religieux, dont le Sénégal se gargarise, pour le meilleur et le pire. C’est ainsi que Senghor, contre la volonté d’une élite souverainiste, gagne et exauce De Gaulle. Le PRA-S calme le jeu et consent à pactiser avec les gagnants, mais ne raccroche pas les gants.
La fraude électorale, une tradition sénégalaise ?
Autre tournant, les élections municipales de 60. Ces élections ouvrent une séquence politique mouvementée, et la traque de la clandestinité du PAI atteint des sommets. Exemple parmi tant d’autres, symbolique de cette tension croissance, à Saint-Louis, le pouvoir est convaincu de fraude aux élections, ce qui conduit à l’arrestation de Majhemout Diop du PAI. A la tête du pouvoir répressif, les rôles sont bien répartis : à Senghor la diplomatie de la stature, et à Mamadou Dia la basse besogne. D’autant plus que « Maodo » s’y plaît. L’image rigide qu’il traine n’est pas une légende, il la cultive et l’entretient. C’est une carte à jouer, qu’il endosse à une rigueur d’ascète. Il est froid et impitoyable. Il envoie sans ménagement les militants du PAI en prison, conduit la répression, en parfaite synergie avec Senghor. Il a l’idée de la prison de Kédougou, pour casser les ailes du PAI, avec ses désirs de révolutions et d’insurrection dans le Sénégal oriental. Ironie du sort, c’est dans sa « demeure » carcérale qu’il sera renvoyé, quand le vent de la fortune et de la romance avec Senghor aura tourné.
Ces différents évènements raidissent le pays. Les grèves s’enchainent. Partout, la grogne monte. La dissidence intellectuelle est bâillonnée et le marxisme étend son emprise intellectuelle. Dans la capitale en proie à des tensions, à des traques, des larcins, intimidations physiques et autres violences contre les politiques, surtout ceux dans l’opposition, l’ambiance est électrique. C’est dans ce climat qu’arrivent les élections de 63, en décembre. Le passif est lourd d’autant qu’en 62, le couple Dia/Senghor divorce dans la violence. Le jour des élections, la fraude est massive. Senghor passe, mais la rue gronde. L’état de grâce du président nouvellement élu ne dure pas, et des allées du centenaire, on scande « le palais, le palais ». La foule est compacte et décidée. Elle est jeune. Et les militants du PAI comme du PRA-S, investissent les cortèges. Le pouvoir accuse l’opposition d’avoir des velléités de violences physiques, de disposer d’armes. La réponse est tragique. Bain de sang. Plus d’une quarantaine de morts, bilan longtemps sous-évalué, et des centaines de blessés. Le climat de terreur prend une nouvelle dimension. L’émoi est général, et même les soutiens français du pouvoir déplorent la tragédie. La traque des responsables désignés commence sur le champ, et c’est ainsi que Dia subit le même traitement qu’il avait infligé aux acteurs de l’opposition, notamment ceux du PAI. Du côté de l’opposition, c’est un coup de filet gigantesque. Tous ceux qui ont chahuté le pouvoir y passent. Abdoulaye Ly est mis aux arrêts et incarcéré, Fadilou Diop passe brièvement par la case prison. Mais la séquence soude encore plus le PRA-S mais révèle nature des dissensions internes.
Le début d’une tempête de plusieurs années
62 et 63 à leur manière installent dans le pays pré-insurrectionnel, marqué par la peur diffuse mais bien réelle face à l’inquisition du pouvoir, l’inclination de ce dernier à enfermer ses adversaires sans ménagement et selon ses préoccupations du moment. C’est l’avènement très précoce d’une justice aux ordres des gouvernants. Une réalité politique qui ne cessera de se reproduire et de s’amplifier sous les différentes mandatures. D’autant plus qu’après 63, les déchirements de la jeune élite politique d’alors iront croissants, avec des réconciliations en chemin, des trêves, mais aussi des conflits jusqu’à la déflagration de 68, qui elle marquera nettement une rupture dans le continuum politique. Ce contre-récit entache l’image de stabilité la démocratie sénégalaise autant qu’il la renforce…