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18 septembre 2025
BOOFO, À FORCE DE PERSÉVÉRANCE
La vie ne lui a pas fait de cadeau, mais Mamadou Thioub s’est fabriqué un destin honorable. De l’école coranique à sa carrière d’enseignant, il s’est battu corps et âme pour ne point compromettre sa dignité malgré le sort qui l’a privé d’une jambe
Boofo ou l’infirme en pulaar ! C’est ainsi que tout le monde l’appelle dans son royaume d’enfance et de conscience. Mamadou Thioub, qui a vu le jour à Matam en 1975, a très tôt perdu l’usage d’une jambe après une piqûre intraveineuse. Une épreuve qui a forgé son mental. Ses parents, secoués, ne l’ont toutefois pas abandonné à son sort. Ils l’envoient à l’école coranique à l’âge de cinq ans, supportant les quolibets et les regards de commisération ; et de mépris aussi. « Je suis handicapé, mais je ne me plains pas », confie-t-il, comme pour répondre à tous ceux qui le toisent.
À force d’abnégation, Mamadou Thioub est parvenu à mémoriser le Coran chez Thierno Demba Sall, commençant à dispenser des cours aux petits apprenants. En 1991, son oncle le confie au célèbre marabout Thierno Samassa de Matam pour parachever sa formation. Il s’initie à d’autres disciplines comme la jurisprudence islamique, l’exégèse coranique… Il y obtient le grade de « Alpha » en 2005. Sa soif de connaissances le pousse à aller à Dakar pour parfaire ses connaissances en langue arabe malgré son handicap. « Boofo » continue de gravir les échelons en décrochant le Brevet de fin d’études moyennes en arabe. Ce sésame obtenu, il se présente et réussit à un concours d’enseignement. « C’est à Agnam Thiodaye, dans le département de Matam, que j’ai été affecté. Cependant, ma mère ne voulait pas que j’y aille à cause de mon handicap parce que, estimait-elle, je n’aurais personne pour m’aider », se souvient le persévérant bonhomme.
« J’ai vaincu le mythe du handicap »
Mais c’était peine perdue car il était prêt à montrer à la face du monde qu’un handicapé peut réussir dans la vie sans quémander. Pendant 11 ans, il se charge de dispenser des cours en arabe à l’école élémentaire de ce village. « Je salue le professionnalisme et la bienveillance de mes collègues qui ont été sensibles à sa mon état. Je faisais 28 heures de cours par semaine et chaque classe avait un effectif de plus de 60 élèves. Pour le soulager, ils lui ont conseillé de réduire les heures », renseigne celui qui enseigne depuis 2017 à Wouro Abdoulaye Sow, une localité située entre Ourossougui et Matam. Son tricycle étant en panne, le « besogneux » enseignant souffre le martyre car ses béquilles ne font pas l’affaire.
Cet aléa ne le contrarie pas outre mesure. Ses frères, qui ne sont pas fauchés, voulaient le prendre en charge pour qu’il reste auprès des siens. Cependant, il n’a jamais accepté d’être un « parasite, sans aucune utilité pour la société ». Mamadou veut vaincre le poids du handicap qui pèse sur bon nombre d’infortunés. « J’ai construit mon appartement sans l’aide de personne ».
« Mes enfants m’appellent Boofo »
Il est en train de construire une nouvelle maison à la sortie de Matam pour un budget de 12 millions de FCfa. « Je peux dire que j’ai vaincu le mythe du handicap », soutient-il, fier de sa trajectoire. C’est pourquoi, les regards étonnés et effrontés ne l’incommodent plus. Ils ne le mettent pas non plus hors de lui. « Même mes enfants m’appellent boofo», confie-t-il, non sans se marrer.
« Ma première fiancée m’a laissé tomber parce que, selon ses parents, un handicapé ne peut pas prendre soin d’une femme », dit-il, le visage durci. Aujourd’hui, Boofo est heureux à côté de sa charmante Diyé Diaw, une native de Matam, étoile d’une vie tumultueuse. « J’ai entendu toutes sortes de méchancetés, mais j’ai préféré me concentrer sur l’essentiel : notre famille et l’amour que je lui porte et qu’il me rend bien », se rappelle la « prunelle » des yeux de « Boofo ». Avec ce dernier, ils ont ensemble surmonté beaucoup d’obstacles avant d’entrevoir les lueurs d’espoir avec surtout de magnifiques enfants. L’aîné passera, l’année prochaine, le Brevet de fin d’études élémentaires. Son souhait est de voir tous les handicapés regroupés dans une association pour faire valoir leurs droits. « J’exhorte tous les parents à envoyer leurs fils handicapés à l’école parce qu’ils ont leur place dans la société ». Sa trajectoire en est une touchante illustration.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
ABC, LE MAGNIFIQUE SECOND
EXCLUSIF SENEPLUS - Son intelligence, sa culture crépitaient de mille feux, ne laissant que des miettes à ses compagnons de parti. Le champ politique était un milieu où son tempérament de franchise ne pouvait éclore. C’est comme cela qu’il fût terrassé
J’ai connu des seconds magnifiques. Tenez Merlene Ottey, la coureuse jamaïcaine de 200 mètres, celle qui arrivait invariablement derrière Marie-José Pérec, la championne française. Marlène, comme nous l’appelions familièrement, attirait tous les regards avec sa médaille d’argent. Marie-Joe, bardée de son or clinquant, était désespérément triste et semblait seule sur le podium. Cette image était juste incroyable : une première triste et une seconde joyeuse. Quelqu’un qui n’aurait pas suivi la course, et prendrait le train en marche en ce moment là, penserait que Marlène a remporté la course, tant elle illuminait le monde de par sa grâce, de par son sourire. Marlène était magnifique. Tout le monde l’aimait.
Pourtant, bien souvent le second est malheureux, plus malheureux en tout cas que le troisième. La raison en est que le troisième sait que la première place ne lui était pas accessible et donc, il est content d’être là sur le podium, tandis que le deuxième est souvent frustré d’avoir raté la première place. Il lui a souvent manqué un chouia pour être devant. Mais avec Marlène, tout est différent.
Il y avait en elle une telle acceptation de la seconde place, parce qu’au préalable elle avait donné le meilleur d’elle même. Qu’est-ce qu’elle était belle dans l’effort Marlène Ottey.
J’ai connu d’autres seconds qui se sont rebellés un temps avant de rentrer dans le rang. Tenez, ce fut le cas de Valery Bottas le pilote de Formule 1 de Mercedes. Il avait compris, non sans avoir lutté pendant quelques saisons qu’il n’égalerait jamais Sir Lewis Hamilton le septuple champion du monde de Formule 1. Quand Sir Lewis brillait au firmament tel le Roi-Soleil, Bottas palissait telle une lune perdant de son éclat quand le soleil apparaissait. Comme Léopold Ier* qui voulait gagner sa victoire contre la mort, Bottas n’a pas été le plus fort. On pourra toutefois l’affubler du titre de second récalcitrant, tant sa résistance fut méritoire.
J’ai connu d’autres qui n’ont pas voulu de seconds, ayant peur d’affronter des Merlene Ottey. Qu’ont-ils fait ? Ils ont parfois créé des directoires pour ne pas avoir de second ou tout simplement supprimé le poste de second. Dans un cas comme dans l‘autre, la situation a engendré de facto une foule de prétendants aspirant à être des seconds.
En supprimant le poste de Premier ministre, perçu comme son second, le président Macky Sall contentait tout le monde. Il rebattait les cartes et créait ainsi une forte émulation dans son camp où, chacun se bousculait pour une place de second. Incidemment il en tirait profit lui même. Il n’avait plus à pâtir de la présence d’un second qui pourrait se révéler être un magnifique second et qui l’éclipserait. Ne l’avait-il pas dit d’ailleurs inconsciemment ? « Si je dis que je ne suis pas candidat, ils (entendez mes collaborateurs) ne travailleront pas (entendez ils travailleront pour eux-mêmes) » et dans ce cas le risque de marginaliser le président deviendrait important. Comme Marlène, ils risqueraient d’être l’argent qui surpasse l’or. Le président n’aimerait pas un tel podium.
Tenez, ABC fut un second magnifique, l’argent qui surpassait l’or, celui qui éclipsait ceux qui étaient autour de lui, de par sa prestance, de par sa façon d’être. Son intelligence, sa culture crépitaient de mille feux, ne laissant que des miettes à ses compagnons de parti. Était-il quelque part, on ne voyait que lui, on n’écoutait que lui. ABC détonait dans ce milieu politique. C’était un milieu où son tempérament profond d’humaniste et de franchise ne pouvait éclore. C’était, pour paraphraser le poète Henri Michaux, un intellectuel qui avait été jeté dans l’arène politique et qui n’a pas essayé pas de lutter, mais de comprendre l’arène. C’est comme cela qu’il fut terrassé. Il avait, fait rare sous notre République, conservé cette liberté fondamentale, celle de tenir tête à tout ce qui contredisait ses convictions fondamentales. Voilà un homme de loi qui avait compris que l’éthique était au-dessus des lois sur le long terme. Oui les lois vont et viennent, l’éthique demeure...Ce fut sa force. Cela lui valu des amitiés de tous bords. Dans son rôle de médiateur, il avait bien compris que si parfois il était obligé de se taire, - il le fit rarement - il n’était pas obligé de dire « oui » à tout, en atteste sa position sans équivoque sur le troisième mandat qu’il avait balayé d’un revers de la main. Il dit avec gravité et fermeté que le président n’avait pas droit à un troisième mandat. Rien ne lui arriva contrairement à d’autres qui s’y étaient déjà essayés. Ceux-là furent défenestrés sans autre forme de procès. Rien de tel ne lui arriva parce que tout lui était déjà arrivé et parce que surtout, on lui reconnaissait cette liberté d’esprit. Encalminé dans un poste de médiateur, privé de tout moyen comme il eût à le dire lui-même, il exerça avec brio sa liberté, agissant sans entraves et construisant le commun quand il le pouvait.
Avec lui, assurément, le syndrome Merlene Ottey guettait le président Sall. De leur vieille amitié, tant vantée en ce jour de sa disparition que dire ? Elle avait disparu quand le président de l’APR est devenu le président de la République. Chateaubriand avait définitivement raison : « L’amitié disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur, ou quand celui qui aime devient puissant ». Et n’est pas puissant celui que l’on croit. Oui, ABC était de la trempe des magnifiques seconds.
Dr Tidiane Sow est Coach en Communication politique
À MÉDINA BAFFÉ, L'ORPAILLAGE PÂLIT L'HÉRITAGE CULTUREL
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village. Aujourd’hui, cette localité est l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par les jeunes tournés vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village de Medina Baffé. Aujourd’hui, cette localité qui est devenue une commune en 2014, n’est que l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par la jeune génération tournée plutôt vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être. La culture survit difficilement à cette ruée vers les sites d’orpaillage qui ont fini de gagner toutes les localités du département de Saraya, n’épargnant pas la contrée de Médina Baffé. La relève culturelle est loin d’être bien assurée dans cette commune habitée uniquement par les Djallonkés qui font partie des minorités ethniques de la région de Kédougou.
Avec ses 15.000 habitants, Médina Baffé, commune située dans le département de Saraya, à 98 kilomètres de Kédougou, est presqu’à la périphérie du Sénégal. La Guinée est à une quinzaine de kilomètres de là. À certains endroits, bien moins. Le Mali aussi est tout près. Cette commune frontalière est habitée entièrement par les Djallonkés, une ethnie à la culture très riche. Mais aujourd’hui, la réalité sur le terrain prouve toute autre chose. Ici, la culture meurt à petit feu, faute de relève de la part des jeunes générations plutôt orientées vers la recherche de l’or, à travers les sites d’orpaillage qui abondent dans la zone. « Auparavant, la culture se portait très bien ici. Mais de nos jours, nous avons un énorme problème car les gens n’accordent plus du temps à la culture. La première cause, je trouve que c’est la recherche de l’or. Les gens passent tout leur temps aux « diouras » (sites d’orpaillage). Avant, quand on était plus jeunes, il y avait beaucoup d’événements et de veillées culturels surtout à la fin de la saison des pluies », se rappelle Sadio Danfakha, maire de la commune de Medina Baffé. Il se souvient également de la ferveur culturelle qui s’emparait de la localité lors des cérémonies de circoncision. Toutes choses qui ont tendance à disparaître, regrette-t-il. « Mais imaginez-vous, il y a juste une semaine, il y a eu la circoncision d’un grand nombre d’enfants mais il n’y a eu aucun cérémonial culturel. On ne pouvait pas imaginer cela dans un passé récent. C’est vrai qu’il y a aussi l’école qui a créé une fissure dans la promotion de la culture. Il n’y a pas eu un transfert de connaissances chez les jeunes. Mais il faut dire aussi que les jeunes ne semblent pas s’intéresser non plus à la culture », renchérit le maire de la commune.
Si Médina Baffé peut espérer compter sur les initiatives entreprises par l’association des minorités ethniques de la région avec qui la communauté a noué un partenariat pour mieux préserver la culture Djallonké, il reste évident qu’il y a du chemin à parcourir pour y parvenir. « Car présentement, il n’y a aucun évènement culturel qui se déroule dans le village », souligne Saibo Danfakha.
Souleymane Samoura, la quarantaine, était un grand danseur lors des évènements culturels. Il est, aujourd’hui, le président du conseil communal de la jeunesse de Médina Baffé. Il se rappelle les années glorieuses culturelles auxquelles ils prenaient part lui et ses camarades de classe d’âge. Seulement, « de nos jours, pour la préservation de la culture, c’est compliqué car il y a un abandon notoire de notre héritage culturel dans la localité, à cause de l’orpaillage principalement. Mais aussi du fait d’un manque d’unité, d’esprit de collectivisme. On se rassemblait et l’on organisait des évènements culturels très denses. Il y avait une parfaite unité entre les jeunes et le respect de l’aîné. Les choses ont changé maintenant », se désole-t-il. Avant de poursuivre : « j’ai vécu ces moments d’intenses évènements culturels, ça me manque énormément aujourd’hui. On assurait, en tant que jeunes, les danses à travers les masques, on battait les tam-tams durant une semaine. Il y avait un mysticisme extraordinaire lors des veillées culturelles ». Il arrivait même à Souleymane Samoura et ses camarades d’aller exprimer leur talent de danseur au-delà des frontières de Médina Baffé et même du Sénégal. « Je me rendais dans les villages environnants jusqu’en Guinée même pour danser. J’ai participé à énormément d’évènements culturels. Nous dansions de la nuit au petit matin. Les évènements culturels se préparaient pendant des mois en amont. C’était des moments très denses. Il n’y a pas eu, hélas, cette transmission culturelle aussi. La jeunesse d’aujourd’hui ne connait pas ces moments forts. Tout ça c’est du passé aujourd’hui », dit-il non sans amertume.
Cependant, certains villages de la commune à la lisière de la frontière avec la Guinée, sont épargnés par l’orpaillage. « Là-bas, il y a toujours des pratiques culturelles très vivaces. Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs ces villages qui viennent assurer certains rares événements culturels ici à Médina Baffé. On est obligé même de les payer pour leur prestation. Alors que notre Médina Baffé était très ancré dans la culture et organisait des évènements culturels très courus. Je me rappelle qu’à la veille de la circoncision, par exemple, seules les personnes âgées assistaient aux veillées culturelles. C’était risqué pour nous autres d’y prendre part. C’était très mystique », soutient Souleymane, un trémolo dans la voix qui en dit long sur la nostalgie qu’il éprouve très certainement quant à la disparition de ces moments de retrouvailles culturelles.
L’esprit «« khoobédi » et le redoutable masque « wolondin kindindé »
Ces masques sortaient lors des cérémonies de circoncision sous la protection de l’esprit « khoobédi ». Il restait en dehors du village deux jours avant la circoncision. Le deuxième jour qui coïncide au jeudi, il vient à la place publique. « La journée, des danseurs sillonnent le village et les maisons pour faire des quêtes. La nuit, la danse se poursuit jusqu’au petit matin du vendredi et l’on circoncit les jeunes. À l’aube du vendredi, un masque qui s’appelle « wolondin kindindé » fait son apparition. Quand il apparaît, tout le monde reste dans les cases. Personne ne doit le voir sauf les circoncis. Il fait le tour du village. C’est à la fin que les gens sortent de leur cachette », explique le vieux Saibo Camara, notable et ancien danseur redoutable Djallonké.
Makhan Camara, notable coutumier de Médina Baffé se rappelle, lui aussi, ces moments culturels que vivait le village. Le matin, les parents, hommes et femmes sortent danser pour manifester leur satisfaction. Ils apportent aux circoncis des cadeaux. Après quelques semaines, les circoncis reviennent au village et l’on organise des pratiques culturelles secrètes qui vont même jusqu’à définir l’avenir des circoncis. Ils portent leurs nouveaux habits et ils vont remercier tous ceux qui les ont accompagnés dans l’épreuve qu’ils ont subie. « Les jeunes étaient regroupés par classe d’âge, notamment ceux qui ont été circoncis ensemble. Ces groupes s’organisaient pour nettoyer tout le village et les alentours. Les filles étaient chargées de préparer les repas. C’était des évènements qui se tenaient sur trois jours. Chaque groupe avait un chef à qui chacun vouait un respect strict. Le dernier jour, la nuit, on danse jusqu’à l’aube. Il y avait un esprit de solidarité. C’était vraiment le collectivisme », indique-il.
Alpha Samoura, un jeune du village, se souvient, lui aussi, des activités qu’ils menaient pour le compte de la communauté. « Il arrivait, parfois, que les jeunes du village se lèvent et organisent des veillées culturelles et des travaux champêtres avec l‘appui des chefs coutumiers. Ils organisaient, par la suite, la nuit tombée, des danses pour manifester leur totale réjouissance », confie-t-il.
Mais aujourd’hui, Médina Baffé semble avoir perdu cette splendeur culturelle. « Tout ce qui se passait avant, n’existe plus maintenant. Les veillées culturelles nocturnes ont été remplacées par les soirées dansantes. Il y aussi l’association des minorités ethniques qui organise des évènements culturels auxquels nous prenons part. Pour préserver de telles choses, il faut un transfert culturel. Mais le problème c’est que les jeunes ne s’en occupent plus. Ils ont délaissé la culture au profit de la recherche de richesses. Les « diouras » (sites d’orpaillage) ont largement contribué à ce délaissement », renseigne le notable et chef coutumier Makhan Camara. Tout au plus, « les gens cherchent à s’enrichir et n’ont plus le temps. Il y a même un abandon de l’agriculture. L’école aussi a joué un rôle négatif sur la culture locale avec un certain complexe nourri par les jeunes », dit-il, peiné.
Difficile ancrage culturel des filles
Les femmes de Médina Baffé tentent vaille que vaille de maintenir le flambeau légué par leurs ainées. « Aujourd’hui, seules les femmes continuent un peu à organiser des veillées culturelles de danse », de l’avis du notable Makhan Camara. Ainsi, Simiti Keita, responsable coutumière de Médina Baffé, fait partie de ses dames qui contribuent à la préservation de la culture djallonké dans sa localité. « Nous continuons à pratiquer la culture. Nous avons grandi avec, vécu avec depuis l’enfance. Nous ne pourrions délaisser notre culture. Surtout à notre âge. Nous ne pouvons que consolider cela. Mais les jeunes filles ne sont aujourd’hui préoccupées que par les soirées dansantes après l’école. Si une veillée culturelle que nous organisons arrivait à coïncider avec une soirée dansante, le choix est vite fait par les filles : c’est la soirée dansante », admet-elle. « D’ailleurs de nos jours, les filles ne savent ni danser ni chanter », ajoute Simiti Keita avec un large sourire. Quant au rôle des femmes lors des cérémonies de circoncision, Simiti indique qu’elles se préparaient et accompagnaient la danse des masques avec des chansons. Seulement, « aujourd’hui, avec l’abandon de l’excision et des animations culturelles lors des circoncisions, beaucoup de choses disparaissent. Lors des mariages, il y a des danses appelées « Koumbana » que seules les femmes pratiquent. Et ici, à Médina Baffé, il n’y a plus de batteurs de tam-tam. Même si l’on voulait organiser cette danse, ce sera voué à l’échec. À moins qu’on aille chercher les batteurs dans les villages environnants », soutient-elle.
Pour un débriefing du premier tour de l’Afrobasket 2021, on ne pouvait trouver mieux que Malick Daho, consultant à Canal+. Présent à Kigali, cet expert de la «balle orange» décortique pour «Le Quotidien», les trois matchs de poule des Lions.
Match contre l’Ouganda
«Le Sénégal est entré correctement dans la compétition. Il s’est assis sur une très bonne défense à l’intérieur et puis Gorgui Dieng qui avait l’adresse à l’extérieur s’est offert de très bons tirs à trois points. J’avoue que sur la deuxième mi-temps, le Sénégal a plus ou moins géré. Mais lors de la première mi-temps, il fallait plutôt hausser le ton. Ce qu’ils ont très bien fait en défense, en plus du jeu rapide avec le jeune Brancou (Badio) qui score et fait scorer. Il y a une constante tout au long des trois matchs d’ailleurs. Il y a une belle relation intérieur-extérieur. Ce qu’on voyait de moins en moins dans le basket. Parfois, c’est Gorgui qui vient en haut qui va faire un écran pour Youssou (Ndoye) ou vice versa. Ou les autres qui entrent. Et puis, ça aussi, c’est quelque chose qu’on a remarqué.»
Contre le Sud Soudan
«Pour moi, ça devait être un vrai test. On a une équipe du Sud Soudan qui a des joueurs adroits aux tirs, enthousiastes. Ils courent, ils shootent. Ils ont embêté le Sénégal. Mais le Sénégal a été un rouleau compresseur sur ce match. Ils ont pris 20 minutes pour calmer leurs adversaires et après, ils ont déroulé. Mais encore une fois, tout part de leur défense. Les Sénégalais ont une très bonne défense et ils assurent les rebonds. Les gens disent que la taille n’est pas utile au basket, c’est faux. Si on sait l’utiliser, c’est très utile. Le Sénégal a quatre intérieurs. Même quand ils décident de jouer en «Small ball» (petite taille), les intérieurs qui sont sur le parquet, ce sont des gens qui sont à 2 mètres ou plus. Ça aide et le Sénégal prend des rebonds, derrière la relance, ça va très vite avec Brancou, les deux jeunes de l’As Douanes (Cheikh Bamba Diallo et Pape Mamadou Faye). En plus, de tout temps, le Sénégal a été une équipe qui joue à l’extérieur. Et quand on tombe sur une équipe adroite à l’extérieur avec des grands qui sont bons, cela explique un peu la victoire contre le Sud Soudan.»
Contre le Cameroun
«Avec les problèmes qu’a connus le Cameroun dans cette compétition, ça n’a pas été facile pour eux. Mais même sans cela, il aurait été difficile de battre le Sénégal qui est quand même resté professionnel. Et c’est cela que j’ai aimé chez Boniface (Ndong). Ils sont restés concentrés pour faire un bon match et l’ont gagné de la meilleure des façons. Ils auraient pu encore faire 100 points s’ils le voulaient, mais quand c’est comme ça, il faut aussi donner du temps de jeu aux autres, il faut concerner tout le groupe. De l’extérieur, c’est ce que j’ai compris. Boni a ouvert son banc pour donner du temps de jeu à ceux qui n’en ont pas beaucoup pour les impliquer parce qu’un groupe, c’est cela aussi.»
Quart de finale contre l’Angola
«Le Sénégal doit éviter de regarder un peu l’Angola de haut. Mais on peut compter sur Boni pour garder tout le monde concentré. Maurice Ndour qui a de l’expérience, Gorgui, Youssou Ndoye, je pense qu’ils ne vont pas s’amuser à regarder l’Angola de haut. C’est une sorte de résurrection. Ils étaient au bord du précipice, ils n’y sont pas tombés et là ils reviennent comme une équipe qui n’a plus rien à perdre. Et parfois, des équipes comme ça, il suffit qu’ils retrouvent un peu d’adresse (comme contre l’Egypte), ça peut être dangereux. On va dire le premier quart-temps pour le Sénégal sera d’imposer sa façon de jouer.».
Parfum de revanche pour les Lions
«En effet, non seulement ça peut être une revanche, mais connaissant un peu la presse sénégalaise, elle ne cesse de rappeler que cela fait 24 ans que les gars n’ont plus gagné. Et les joueurs sont conscients de cela. Il y a la revanche, mais le Sénégal ne vient pas pour être deuxième ou troisième. Il y a eu beaucoup d’investissements à tous les niveaux pour que toute l’équipe soit ce qu’elle est, et c’est la plus complète dans tous ses compartiments. Elle ne vient pas pour autre chose que la médaille d’Or.»
Correctifs et impairs
«Je crois que c’est au niveau de la communication en défense. Parfois sur des «Pick and roll», ils ont du mal à communiquer, à s’adapter. Bien qu’ils soient adroits, il y a pas mal de shoots précipités. Une meilleure sélection de shoots serait mieux. Mais ce sont plus des ajustements à faire que des défauts. Parfois même, ils se font avoir sur des rebonds offensifs parce qu’il n’y a pas eu de communication.»
Par Yoro DIA
AFGHANISTAN, ILLUSIONS GEOPOLITIQUES ET REALITES HISTORIQUES
Aujourd’hui, les jihadistes sont en train de se bercer d’illusions géopolitiques en célébrant la victoire des «jihadistes en sandales» sur l’armada américaine
Dans le fameux livre Cavaliers sous la bannière du prophète, qui est devenu à l’islamisme ce que le Capital de Marx est au marxisme, l’Egyptien Ayman al Zawahiri, l’éminence grise d’Al Qaeda, explique comment les moudjahidines, à l’instar de leurs glorieux prédécesseurs de la génération du Prophète (Psl), devaient détruire les «deux empires». Les musulmans des premières générations avaient réussi à venir à bout des empires, à savoir l’empire perse et l’empire byzantin. La nouvelle génération, sous l’impulsion d’Al Qaeda, devait aussi détruire les deux empires qui leur sont contemporains, pour un nouvel ordre mondial où l’islam serait mieux représenté.
Al Zawahiri et les jihadistes, qui sont convaincus qu’ils sont à la l’origine de la destruction de l’empire soviétique, dont le déclin a commencé en Afghanistan, pensaient qu’il fallait maintenant s’attaquer à l’autre empire : les États-Unis ; d’où les attentats du 11 septembre et la stratégie d’attirer les Etats-Unis en Afghanistan. Zawahiri est certes un grand intellectuel, mais comme beaucoup de penseurs il prend des rêves et ses illusions pour des réalités. La première illusion géopolitique est sa conviction qu’ils ont détruit l’empire soviétique. La réalité est beaucoup plus prosaïque.
Les moudjahidines, devenus jihadistes, ont rapidement oublié qu’ils n’ont été que des instruments des Américains dans le jeu d’échec de la guerre froide. Quand un intellectuel, un penseur ou un universitaire se trompe, c’est juste une hypothèse de travail qui n’a pas fonctionné. Mais quand un homme politique, un homme d’Etat ou le chef d’une organisation politique se trompe, les conséquences se paient cash. Cette illusion géopolitique de Zawahiri a été très chèrement payée par Al Qaeda, mis à genoux par les Américains, et qui sera supplanté par Daesh.
Aujourd’hui, les jihadistes sont en train de se bercer d’illusions géopolitiques en célébrant la victoire des «jihadistes en sandales» sur l’armada américaine. Paradoxalement, toute la galaxie jihadiste mondiale s’agrippe à cette illusion géopolitique, sauf les talibans.
Les Américains sont partis après avoir obtenu des garanties que les talibans ne vont pas transformer l’Afghanistan en sanctuaire terroriste et ils ne le feront pas pour deux raisons. Premièrement, les talibans ont payé au prix fort l’hospitalité accordée à Al Qaeda, et deuxièmement, contrairement à Al Qaeda ou à Daesh, ils n’ont jamais eu une ambition internationale ou même l’idée d’exporter leur conception primitive de la religion et leurs pratiques moyenâgeuses. En d’autres termes, pour les Américains, la liberté et la démocratie en Afghanistan ne valent pas une guerre, car elles étaient les effets collatéraux de la traque contre Al Qaeda. Les Afghans, au contraire, se sont bernés d’illusions géopolitiques comme c’est peut-être le cas de la Chine qui relance le jeu d’échec stratégique sur Taiwan. La démocratie en Afghanistan ne vaut pas une guerre, mais protéger Taiwan en vaut une pour les Américains. D’ailleurs, c’est pour se concentrer sur la nouvelle guerre froide avec la Chine que les Américains se désengagent du Moyen Orient et de l’Asie Centrale. Dans les enjeux en Afghanistan, nous avons des illusions géopolitiques, mais aussi la constance de réalités historiques, et l’attentat de l’aéroport de Kaboul rappelle la Grande histoire de la région.
L’attentat a été revendiqué par l’Etat islamique au Khorasan (le pays du Soleil en Perse, ancien nom de l’Afghanistan, mais une des régions de l’Iran actuel), qu’on rencontre aussi chez l’incontournable Omar Khayyam. Rien que le retour et le recours au Khorasan montre que cette région fait partie de la zone d’influence historique de la Perse, et par conséquent, l’Iran sera un des acteurs majeurs de l’Afghanistan post-américain, de même que la Chine et le Pakistan qui a créé les talibans, comme le Dr Frankenstein, et la Russie qui ne voudra pas d’une contagion jihadiste dans les ex-Etats soviétiques restés dans sa zone d’influence.
LE GENERAL MOUSSA FALL ET L’INSPECTEUR GENERAL SEYDOU BOCAR YAGUE SONNENT LA RUPTURE !
Des opérations de grande ampleur qui ont pour but de ceinturer les zones urbaines et mailler le territoire national afin de restaurer la sécurité des citoyens
L’un, c’est le général de division Moussa Fall, haut commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire. C’est un « Rambo » de la sécurité doublé d’un chasseur de criminels. L’autre, le général de police Seydou Bocar Yague, est le directeur général de la Police nationale. Il est un « As » du renseignement et de l’investigation criminelle. Depuis deux mois, les deux corps qu’ils dirigent ont mutualisé leurs forces et rationalisé leurs expertises à travers des opérations conjointes permanentes de sécurisation. Des opérations de grande ampleur qui ont pour but de ceinturer les zones urbaines et mailler le territoire national afin de restaurer la sécurité des citoyens.
Dans la feuille de route qu’il a déclinée lors de sa prise de fonctions à la tête de la gendarmerie nationale, le général de division Moussa Fall a rappelé que les diverses menaces comme le terrorisme, la cybercriminalité, le grand banditisme, le vol de bétail, l’accidentalité routière, les trafics de drogue, les atteintes à l’environnement, les crises sanitaires et la sécurité des personnes sont devenues une véritable préoccupation des citoyens qui, profondément épris de paix, ont un faible seuil de tolérance à l’insécurité.
De ce fait, le général Moussa Fall a dit son ambition de bâtir une gendarmerie professionnelle et quotidiennement opérationnelle. « Face à un contexte stratégique caractérisé par l’imprévisibilité et le recours systématique à une violence aveugle qui nourrissent l’inquiétude et la peur de nos concitoyens. Mon ambition est de bâtir une gendarmerie professionnelle, ancrée dans les valeurs au cœur des institutions républicaines avec un personnel fier et motivé dont les capacités morales seront à la hauteur des défis qui les attendent », avait proclamé haut et fort le tout nouveau haut commandant de la gendarmerie. En même temps, il avait exprimé sa volonté de réduire la violence urbaine et rurale ainsi que la criminalité à l’échelle nationale à leurs plus simples expressions. « La gendarmerie va s’attaquer résolument aux violences urbaines et rurales, au vol de bétail, à la coupe illicite de bois, à l’extrémisme violent, à la criminalité transfrontalière organisée, à la cybercriminalité, au trafic de drogue et d’armes, à l’insécurité routière, mais aussi et surtout, concourir à faire de notre pays un sanctuaire à l’abri de la menace terroriste. Dans ce se sens, toutes les unités opérationnelles de la gendarmerie vont s’appuyer sur la prévention, l’anticipation, la détection et l’intervention » avait rassuré le général Moussa Fall avec fermeté à l’occasion de prise de commandement.
Conscient de la lourde tache qui consistait à faire du Sénégal un pays sûr et de Dakar une capitale sécurisée, le nouveau directeur général de la police nationale, l’Inspecteur général Seydou Bocar Yague avait promis pour sa part que toute son action sera axée autour du renforcement de l’efficacité opérationnelle de la Police nationale, de l’épanouissement social et professionnel des fonctionnaires de la police et du rehaussement de la posture de l’institution policière. « Je prends ici l’engagement, avec l’ensemble des fonctionnaires de la Police nationale, de tout mettre en œuvre pour répondre efficacement aux multiples attentes des pouvoirs publics et des populations. La Police nationale fait face, aujourd’hui, à des menaces sécuritaires multiformes, notamment le grand banditisme, la criminalité nationale organisée et transfrontalière, le terrorisme et la cybercriminalité. C’est la raison pour laquelle il apparait primordial de procéder à une réactualisation de nos dispositifs et réadaptation de notre projet sécuritaire » avait-il indiqué lors de son installation à la tête des flics de ce pays. Puis, le général de police Seydou Bocar Yague avait juré qu’il allait renforcer davantage la collaboration avec les autres forces de défense et de sécurité que sont l’Armée, la Gendarmerie, la Douane etc. Eh bien, le moins que l’on puisse dire c’est que aussi bien le général Moussa Fall que le général Seydou Bocar Yague ont tenu parole puisque, depuis leurs prises de commandements, aussi bien la Gendarmerie que la Police traquent les malfaiteurs jusque dans leurs derniers retranchements !
Feuilles de route mises à exécution
Car depuis plusieurs semaines, sous la supervision du commissaire Ibrahima Diop, directeur de la Sécurité publique (Dsp), policiers et gendarmes ont mutualisé leurs forces et rationalisé leurs expertises à travers des opérations de grande nature sur l’ensemble du territoire national. On peut citer à ce propos les exemples des villes de Touba, Mbacké et Diourbel que policiers et gendarmes ont nettoyées en perspective du Grand Magal. Leurs opérations combinées ont porté leurs fruits avec l’interpellation d’une cinquantaine d’individus dont certains sont des criminels activement recherchés. Dans le cadre de cette traque conjointe, la police et la gendarmerie ont immobilisé 64 véhicules dont 29 pour défaut de visite technique, 12 pour défaut d’assurance, 05 pour transport irrégulier, 10 pour défaut de triangle pré-signalisation et 08 pour signaux non opérant. Après la région de Diourbel, les escadrons du général Moussa Fall et les groupements mobiles de l’inspecteur général Bocar Yague ont ratissé l’axe Mbour-SalyDiass.
Durant trois jours, gendarmes et policiers ont fouillé les coins et recoins de la Petite Côte. Dans leurs filets, elles ont ramené 301 individus pour diverses infractions : meurtres, ivresse publique manifeste, trafic de chanvre indien, agression, prostitution, racolage etc. Sans oublier une centaine de véhicules immobilisées et mis en fourrière. La région de Dakar, épicentre des violences urbaines et de l’insécurité d’une manière générale, a été investie, le weekend dernier, par les unités opérationnelles de Police et de Gendarmerie dans le cadre de la poursuite de leurs opérations conjointes. De Guédiawaye à Pikine en passant par Thiaroye-gare, Yeumbeul, les Parcelles Assainies et autres zones difficiles, flics et pandores ont nuitamment visité les nids de replis pour malfaiteurs. En déployant de gros moyens, ils ont fouillé de fond en comble les coins et recoins interlopes de la banlieue dakaroise. Cette vaste opération conjointe avait pour objectif de traquer et démanteler les durs réseaux de la criminalité qui sévissent dans divers quartiers.
Pour y parvenir, gendarmes et policiers y ont mené plusieurs contrôles de personnes attardées ou louches et d’automobilistes pour vérification d’identité et pièces afférentes à la mise en circulation de leurs véhicules. Bilan : 378 personnes alpaguées dont 114 pour non-respect du port obligatoire du masque, 201 pour vérification d’identité dont 36 individus pour ivresse publique manifeste, une pour conduite de véhicule sans permis ni assurance, 06 pour vol en réunion commis la nuit, 04 pour détention et trafic de chanvre indien, 09 pour détention et usage de chanvre indien, 01 pour extraction illicite de sable marin (charrette), 02 pour détention de produit cellulosique et 01 pour détention d’arme blanche. Pour couronner ces belles prises réussies dans la banlieue, plus de 50 véhicules et 100 motos ou scooters ont été immobilisés pour défaut de pièces.
Le duo Sécurité et Renseignement
Il est vrai qu’entre un « Rambo » de la sécurité territoriale qu’est le Général Moussa Fall et un « As » du renseignement, en l’occurrence l’Inspecteur général Seydou Bocar Yague, la complémentarité ne pouvait que produire de bons résultats. Surtout que les deux corps qu’ils dirigent ont combiné leurs moyens et leurs expertises pour former des forces redoutables. Certes, policiers et gendarmes ont eu, par le passé, à mener des opérations combinées périodiques. Mais cette fois-ci, leurs chefs ont opéré une rupture visant à faire sauter les barrières de zones de compétence pour mieux renforcer la coopération opérationnelle afin d’obtenir une meilleure anticipation des phénomènes, une organisation des dispositifs de lutte contre l’insécurité plus efficace et une meilleure planification des investigations criminelles dans les zones urbaines et rurales. Ce, dans le respect des règles d’organisation et d’emploi de chaque force et sous l’autorité des ministres des Forces armées et de l’Intérieur, du gouverneur de région, du directeur de la Sécurité publique et autres commandants territoriaux. Autant d’autorités qui agissent toutes ensemble de façon cohérente et complémentaire pour assurer la sécurité des personnes et des biens.
Selon l’adjudant Faye, en service au Bureau des relations publiques de la Police (Brp), ces opérations conjointes ont pour objectif de sécuriser davantage notre pays et, surtout, de raffermir les relations entre la Police et la Gendarmerie. « Désormais, ces opérations combinées seront permanentes sur l’étendue du territoire national. Au delà des capitales régionales et autres zones urbaines, toutes les localités rurales et autres en rase campagne seront visitées et revisitées par les unités de Police et de Gendarmerie sous le commandement du directeur de la Sécurité publique (Dsp), directeur des opérations de sécurisation » a-t-il assuré. Tant mieux pour la sécurisation des personnes et des biens dans un Sénégal sûr et sécurisé où il fera toujours bon vivre en famille et travailler en toute sécurité.
L'ÉTHIOPIE EST UN SYMBOLE DE LA CONSCIENCE PANAFRICAINE
Viols, exode, famine, tortures... Le conflit continue de s'enliser. Des faits dénoncés par une centaine d'intellectuels, dont le philosophe Souleymane Bachir Diagne
Viols, exode, famine, tortures... Le conflit continue de s'enliser. Des faits dénoncés par une centaine d'intellectuels, dont le philosophe Souleymane Bachir Diagne.
Dans la région de Sedhiou, une île encastrée entre 3 communes que sont : Sedhiou, Diendé et Karantaba suscite plusieurs débats. Rien que l’évocation de son nom donne des indications sur l’étrangeté et le caractère funeste du lieu
Dans la région de Sedhiou, une île encastrée entre 3 communes que sont : Sedhiou, Diendé et Karantaba suscite plusieurs débats. Les populations riveraines de l’île la regardent avec terreur. Pour cause, l’île du diable est un lieu hanté. Rien que l’évocation de son nom donne des indications sur l’étrangeté et le caractère funeste du lieu. C’est un endroit où personne ne s’aventure sans véritable motif.
Il reste très ancré dans les consciences populaires des populations qu’un certain diable y a élu domicile après avoir été chassé par le fondateur de Sédhiou. Aux lendemains de batailles épiques entre le fondateur de la ville et le succube, ce dernier sentant sa défaite prochaine, accepta de signer armistice. Dans la clause de l’entente tacite, il était convenu de ne plus revenir à Sédhiou mais qu’en retour, qu’on le laissât tranquille dans l’île où il devrait, à son tour, régner en maitre. Le désormais propriétaire de ce qui deviendra la ville de Sédhiou jugea la proposition juste. Il faudrait dire – pour être exact - qu’en bon visionnaire, il accéda à la requête de l’être maléfique pour éviter qu’après sa mort prochaine le diable ne pût revenir hanter le sommeil des fils de Sédhiou. Car, dans les croyances populaires, il est admis que les djinns, diables ou esprits malfaisants vivent des siècles ; ce qui n’est pas le cas pour le genre humain.
Sous ce rapport, si de son vivant le fondateur de Sédhiou pourrait contenir et repousser les assauts répétés du diable, rien ne garantirait, cependant, une protection après sa mort. C’est donc par souci de permanence de l’entente que le père de Sédhiou eût accepté cet accord. Le gentleman agreement voulût que le désormais maître de la localité intimât l’ordre à ses futurs protégés et à leur descendance de ne plus jamais troubler la quiétude de l’être diabolique désormais propriétaire de la partie insulaire de la ville. En plus, si le démon accepta la présence humaine sur son nouveau territoire, il obtint en retour du créateur de Sédhiou que les lieux soient toujours respectés, que la déférence par rapport à l’environnement y soit une priorité. En d’autres termes, il demanda au fondateur de ce qui deviendra la ville de Sédhiou de dire aux populations qui franchiront les limites iliennes de veiller au maintien de l’ordre et la préservation de l’environnement. Que si elles ne pourraient pas s’empêcher de venir troubler sa quiétude avec des risques encourus, qu’au moins les arbres ne soient pas abattus dans le périmètre insulaire, que les cueillettes suivent un certain ordre, qu’elles pourraient manger les fruits qui s’y trouveraient mais qu’elles ne les emportassent pas avec elles ou pour autre chose, pour éviter un quelconque gaspillage. Certains récits légendaires fustigeront ce pacte avec le succube ennemi du genre humain, d’autres, a contrario, loueront encore sa vision et son pragmatisme.
Les derniers, pour convaincre, affirment que le fondateur de la ville avait accepté ce compromis dans l’intérêt des populations dans la mesure où les questions environnementales sont en droite ligne de leurs intérêts. Car, en scellant ce pacte, il faisait de la partie îlienne de la capitale du Pakao une sorte de forêt classée. Il faisait montre d’une grande vision en ce sens où la déforestation et le gaspillage des ressources pourraient causer la disparition de certaines espèces et la raréfaction des fruits avec comme dommages collatéraux des famines prolongées et autres faims qu’on entend de par le monde. In fine, d’autres vont jusqu’à avancer que le tombeur du diable voulût que l’île soit l’éternel poumon vert de Sédhiou quel que soit son niveau de développement et d’industrialisation. Tout compte fait, il ne s’agit plus pour les populations de jauger de la pertinence ou non de pacte avec le diable. Ce qui pourrait intéresser plus, c’est la matérialisation du pacte et ses conséquences sur la vie des riverains de l’île. Certains récits à porter crédit ou à ranger dans le chapitre de légendes relatent quantité d’histoires à ce propos. On raconte encore à Sédhiou et environs que plus d’une vingtaine de personnes de Souna Balmadou eurent chaviré et trouvé la mort après avoir coupé des arbres et chargé dans leurs embarcations de fortune des troncs, des branches et des fruits. Les arbres, parait-il, reprirent leurs positions et les fruits tels qu’ils étaient avant abattage. Aussi, raconte-on que, quelques années après les indépendances qu’une équipe de chercheurs avaient, semblait-il, espéré trouver un gisement - pétrolier ou gazier ( ?!).
Nonobstant l’appétit que suscitaient les hydrocarbures, après leur départ, personne n’en parla plus, car - paraîtrait-il - des évènements inexplicables y étaient survenus. On raconte encore que pendant ces recherches qui perturbèrent la paix et la quiétude de l’île, des épidémies avaient surgi brusquement à Sédhiou, à Bakoum et à Sandiniéry faisant plusieurs victimes même parmi les chercheurs. Le reste des sondeurs rentra à Dakar et ne revint plus jamais et, depuis lors, aucune recherche ne s’est plus produite sur le site qui présenterait, selon certains dires, des signes potentiels de gisements d’hydrocarbures. On narre également que ce furent les colons français qui la rebaptisèrent « île du diable » à partir de 1937. Pour cause, des phénomènes surnaturels s’y succédaient dès 1936 date à laquelle les Français avaient décidé d’y ériger une prison du moment qu’elle avait tous les atouts pour être un lieu de réclusion. Car, il serait difficile de s’y évader. Malheureusement, vingt-sept prisonniers qui y travaillaient trouveront la mort ne serait-ce qu’au début de l’implantation du chantier.
L’entêtement du colon à vouloir évacuer les avertissements des populations riveraines de l’île se heurta au carnage qui continuait à chaque fois que des travaux de défrichement y étaient menés. Une légende même précisa qu’à chaque fois que des travailleurs revinrent le lendemain, ils trouvèrent le lieu intact comme si aucun défrichement n’y était fait la veille. Le colon en chef finit par abandonner le projet et donna le fameux nom « île du diable » au dioyé. Faut-il faire foi à ces récits ? De toute manière la quasi-totalité des populations y croit dur comme fer ! Ce qui est à ce jour clair, c’est qu’en plus de l’histoire qui fait de cette île un lieu particulier, il y a également la géographie qui la singularise.
Une géographie singulière
L’île n’est pas la seule à avoir un parrain démoniaque. Une autre localité îlienne en Guyane française porte le même nom avec certaines caractéristiques similaires comme l’hostilité de l’environnement. Pourrait-on établir un certain rapport entre les deux ou subsiste-t-il une simple coïncidence ? Ce qui est à ce jour clair en ce qui concerne l’île sédhiouoise, c’est qu’en plus de l’histoire qui en fait un lieu particulier, il y’a également la géographie qui la singularise. Sa position la place juste au milieu du triangle Sédhiou-Bakoum-Sandiniéri. Si l’on donne foi à certaines confidences occultes, ces trois cités ont bénéficié de plus de douas (prières) et autres protections mystiques que nulle autre localité de la contrée. Avec cette position centrale, l’île concentrerait une certaine force vitale. Cette force vitale p e r m e t - trait, selon c e r t a i n s sages, de renforcer le système immunitaire tant physique que spirituel des personnes.
En réussissant à décupler en sa faveur cette force vitale, on parvient à faire face aux phénomènes qui nous entourent et vivre encore plus et en bonne santé. D’après ces sages, il est certes inscrit dans le patrimoine génétique de chaque individu un système de défense. Tout de même, ce bouclier devrait être renforcé par des pratiques mystiques telles que les grisgris, les eaux bénites, certaines décoctions et potions de racines et d’herbes, pour qui maîtrise les lois de la nature et ses subtilités occultes.
La particularité de l’île du diable c’est aussi l’accès difficile. Mais la pénibilité de la conquête n’est pas sa seule singularité ; elle est également, à vrai dire, une presqu’île. En saison sèche, on peut y accéder à pied. Tout de même, il va falloir patauger dans les eaux boueuses et faire patte blanche pour éviter glissades et autres chûtes qui font légion ici. Pire, dès que les pluies deviennent abondantes vers la fin des mois d’aout et de septembre voire jusqu’en décembre janvier, avant que l’évaporation ne fasse effet, pour y être, ce sera à la nage ou en pirogue – comme l’avait fait l’ancien ambassadeur de France, Bigot, lors de sa fameuse visite. En pareil moment, l’eau arrive jusqu’aux reins pour un homme de taille moyenne. Il fallût donc s’appuyer sur des bâtons pour conquérir la terre de l’île.
A propos de terre, il s’agit plutôt de sable boueux en telle enseigne que même à ce niveau, vos pieds vont être couverts jusqu’aux genoux. A n’importe quelle période de l’année, l’accès est difficile et sollicite des efforts physiques énormes. En plus, la nature est très hostile sur ces lieux où la végétation, les eaux ou le sol n’ont nulle autre pareille. Est-ce du fait de la présence du succube ?
Pour nombre de sédhiouois, il n’y a pas l’ombre d’un doute, semble-t-il ! Au total, si les populations riveraines ne s’aventurent pas dans l’île pour des raisons évoquées ci-dessus, des étrangers - notamment des américains - a contrario s’y rendent de manière régulière et y passent la nuit. Pour quelle raison? Eux seuls ont la réponse.
*Extrait du livre LE BOIS SACRE
Ibrahima Diakhaté Makama est philosophe, écrivain, scénariste
«LA HAUSSE DES PRIX DES DENREES EST ESSENTIELLEMENT DUE A LA DESORGANISATION DU SECTEUR DU COMMERCE…»
Selon l’économiste Abdoulaye Seck, serait l’une des principales causes de la montée en flèche des prix des denrées de consommation courante.
La désorganisation du secteur du commerce due à l’inexistence de système de régulation, serait, selon l’économiste Abdoulaye Seck, l’une des principales causes de la montée en flèche des prix des denrées de consommation courante. L’ancien conseiller technique à la présidence de la République préconise la révision des ententes avec les opérateurs étrangers et la création d’une société anonyme chargée de l’exportation des produits agricoles vers l’étranger. Face aux augmentations récurrentes du prix du sucre, le spécialiste des questions économiques préconise de retoucher la convention liant l’Etat à la Compagnie sucrière sénégalaise …
La polémique enfle autour de la tension notée sur le prix des denrées de première nécessité. Du coté du pouvoir, on soutient que cette hausse ne dépend pas de lui mais de la flambée des prix au plan mondial. Pour l’économiste Abdoulaye Seck, il est vrai que cette thèse tient la route mais seulement voilà, il y a d’autres paramètres qui entrent en jeu. S’agissant des facteurs exogènes évoqués par le pouvoir, L’ancien conseiller technique à la présidence de la République admet que l’explication avancée par le pouvoir en place est plausible en ce sens que, selon lui, cette augmentation des prix s’explique effectivement par des causes exogènes qui découlent des conséquences de la pandémie de la Covid 19 notamment la contraction des productions mondiales avec la fermeture de milliers d’industries, les coûts d’approvisionnement et de ceux de production qui flambent et enfin les changements climatiques (inondations, feux de brousse etc.) qui détruisent les cultures et réduisent les espaces cultivables à travers le monde. Cela dit, notre interlocuteur estime qu’il faut aussi tenir compte des facteurs endogènes qui se traduisent par « la désorganisation du secteur du commerce avec l’inexistence d’un véritable système de régulation dans presque ¾ du pays, couplée au comportement véreux de certains commerçants. Il s’y ajoute, la faible contribution de la production intérieure dans la satisfaction de la demande globale des ménages (une contribution inférieure à 7 % précise-t-il) ».
Papa Abdoulaye Seck ajoute à ces causes endogènes les énormes pertes dans ce secteur dues à la crise sanitaire mondiale et qui se situent dans l’ordre de 12.5% du PIB mais aussi l’incapacité pour l’Etat de maintenir sa politique de blocage des prix du fait des autres urgences d’ordre sanitaire et social découlant de la gestion de la crise sanitaire. Last but not least, il y a l’épuisement des stocks nationaux avec le maintien de l’organisation des fêtes et cérémonies religieuses, politiques et administratives qui sont des moments de très grandes consommations par exemple les magals, gamous, Tabaski, Korité, Pâques, manifestations politiques et administratives …
Il faut réviser la convention avec la CSS pour maitriser le sucre…
Sur la question du sucre, notre interlocuteur estime que pour dépasser les problèmes récurrents liés à l’approvisionnement du sucre, il faut impérativement réviser la convention d’établissement de la Compagnie sucrière sénégalaise dans un sens qui maintienne la nécessaire protection de cette industrie nationale tout en lui octroyant un quota raisonnable sur la demande globale en sucre mais également en réglementant la partie à importer en rapport avec les autres acteurs du secteur. Dans le même registre de correction des insuffisances économiques, Pape Abdoulaye Seck explique qu’au sujet de l’huile, rien n’est plus incohérent que de cultiver de l’arachide convoitée par les plus grands pays du monde alors que le Sénégal vit sans cesse des tensions sur l’huile. Sans compter le fait que les Sénégalais consomment de l’huile de faible qualité alors que notre pays exporte son arachide qui sert à produire de l’huile haut de gamme.
Toutefois, tout espoir n’est pas perdu puisque l’ancien conseiller technique à la Présidence se dit convaincu qu’il est tout de même possible de changer le cours des choses, dans la mesure où, selon lui, la politique industrielle et agricole reste dominée par une exportation de matières premières qui fait que l’essentiel de la production est destinée aux entreprises asiatiques au détriment de la Sonacos et des autres huiliers. C’est ce qui fait que, d’après lui, notre pays n’a aucune capacité d’influence sur la fixation des prix au niveau du marché mondial. Plus grave, se désole-t-il, notre arachide est maintenant taxée de seconde catégorie du fait d’une très forte teneur en aflatoxine. Poursuivant, l’économiste indique que, dans le cas précis du secteur arachidier, le contexte mondial et les nouvelles formes et méthodes d’exploitation exigent un changement de paradigme au niveau de la politique agricole notamment de la SONACOS dans sa politique de collecte, de traitement et de commercialisation de la production arachidière. Ainsi, la nouvelle Sonacos devrait se retrouver au début et à la fin du processus avec plusieurs plateformes d’intervention. Selon l’économiste Pape Abdoulaye Seck, les mesures suivantes pourraient être envisagées. Il s’agit de la révision de la convention avec les opérateurs étrangers dans le but de créer une société anonyme chargée de toute exportation de produits agricole vers les pays européens et asiatiques. Cette société serait dotée d’un capital détenu par la Sonacos, les associations de producteurs, l’Asepex et les partenaires étrangers.
Pour garantir l’autosuffisance alimentaire, il faut corriger les ententes avec les opérateurs étrangers
Notre interlocuteur insiste sur le fait que cette société, qui serait la principale partenaire de la Sonacos, devra préfinancer la restructuration technique de cette dernière puisqu’ayant déjà la garantie d’être le destinataire de l’exclusivité des exportations. Lesquelles seront constituées de produits finis et/ou semi finis. Ce qui aboutira à la réfection et à l’équipement des trois unités industrielles de la Sonacos et l’aménagement d’autres zones de collecte. Glissant sur la posture du ministère du Commerce par rapport à la gestion de la crise notée sur les denrées de consommation courantes, Abdoulaye Seck dit toute sa désolation de constater « qu’il n’y a pas eu de communication gouvernementale sur le sujet ». D’ailleurs, il assume que depuis deux ans il n’y a pas eu de rencontre entre le ministère et les acteurs pour statuer sur les orientations et perspectives du secteur. La dernière sortie du ministre dans ce sens remonte au lancement du système d’achat en ligne de pain lors de la deuxième vague de la Covid 19.
LA BANDE DES QUATRE, UN PROJET MORT-NÉ ?
L’alliance annoncée en grande pompe entre le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal peine à être une réalité. En cause, une suspicion mutuelle entre les différents acteurs couplée à des divergences sur la stratégie à adopter en perspective des locales
L’alliance politique formée par le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal annoncée en grande pompe par Serigne Moustapha Sy le jour de la Tamxarit peine à être une réalité. Depuis l’annonce tonitruante du marabout, rien de concret et aucun acte majeur n’ont été posés malgré la levée de boucliers qu’elle a provoquée. Une alliance qui d’ailleurs pourrait finir en eau de boudin car décriée par de larges franges de l’opposition qui ont dénoncé une discrimination dont elles feraient l’objet de la part de ce qu’elles appellent « la bande des quatre » en référence aux protagonistes de la révolution culturelle prolétarienne chinoise… On parle de saupoudrage.
La première grande rencontre, si ce n’est la réunion de lancement de cette grande coalition de l’opposition, était annoncée pour ce mercredi. Le Témoin est en mesure de vous dire qu’elle n’aura pas lieu puisque rien de concret n’a été posé par les différentes formations politiques présentées comme devant la constituer notamment le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal.
Les négociations entre elles buteraient sur la stratégie à adopter en direction des élections locales du fait que deux camps se dégagent. Le premier prône une alliance préalable entre les quatre avant une éventuelle ouverture aux autres forces de l’opposition. Une manière de truster les positions éligibles sur les listes avant d’ouvrir la porte aux autres. L’autre estime qu’il faut ouvrir la coalition à tout le monde « sans aucun esprit ségrégationniste » selon un de nos interlocuteurs responsable dans un des quatre partis.
Sans être catégorique, il estime qu’on retrouvait dans le premier camp, le PUR, PASTEF et Taxawu Sénégal. Les tenants les plus déterminés de ce camp restent Ousmane Sonko et Khalifa Sall. « Ousmane Sonko joue à un jeu perfide. Au niveau du PDS, les gens sont très remontés contre lui surtout qu’il a été à la base de la cassure des coalitions Jotna et M2D. Tout le monde sait que Serigne Moustapha Sy a été démarché par Ousmane Sonko qui est à la base toute cette manœuvre » souligne notre source. Une source libérale ajoute que « la coalition n’est pas encore créée même si on en parle partout. Les gens ne sont que dans la suspicion. Serigne Moustapha Sy reste un électron libre, il a lancé l’idée, mais la coalition n’existe pas encore. Cela dit, il y en a qui surfent sur cette affaire pour se faire un nom et jouer rapidement aux leaders de l’opposition notamment un Khalifa Sall qui est en train de faire beaucoup de démarches à l’endroit de beaucoup de gens. Pour que demain, quand la coalition sera mise en place, il puisse avoir des alliés, des gens qui lui sont redevables en disant que c’est lui qui les a amenés. Mais en réalité, il ne peut y avoir que deux approches. Soit que les quatre seuls lancent l’affaire et appellent ensuite les autres. Ou alors qu’on appelle tous les acteurs de l’opposition pour qu’ensemble on mette cette affaire sur pied. Sans pour autant qu’il y ait discrimination. Au départ c’est qu’on avait convenu, mais, en cours de route, chacun essaie de tirer de son côté ».
Le PDS pour une coalition ouverte à toute l’opposition
Dans l’autre camp, celui de l’ouverture à tout le monde, on retrouve le Parti démocratique sénégalais. Les Libéraux veulent tout simplement que la coalition s’ouvre à toute l’opposition sénégalaise. « Au niveau du PDS, lorsqu’il y a eu blocage, nous avions proposé qu’on ouvre l’affaire à tout le monde. Mais les autres ont refusé. Maintenant s’ils pensent que cette coalition leur appartient et qu’ils peuvent la faire sans le PDS, c’est autre chose et je ne pense pas qu’il y ait cette prétention. D’autres cadres politiques sont là, notamment le Congrès de Renaissance démocratique (CRD) qui regroupe entre autres Taxaw Tem (Bouba Diop), ACT (Abdoul Mbaye), Tekki (Mamadou Lamine Diallo), République des Valeurs (Thierno Alassane Sall), LD Debout (Pape Sarr), le Front de résistance nationale de Pape Diop, Malick Gakou, Diop Decroix, la coalition Jotna composé d’une vingtaine de partis politiques. Comment peut-on les exclure ou leur demander d’être à la remorque d’une alliance, c’est insensé ! » s’étonne notre source libérale.
Et de se demander « quelle est l’urgence par rapport aux locales ? L’urgence devrait être les inscriptions sur les listes électorales. Ce qui est derrière nous présentement. Après quoi, les partis politiques devraient avoir le temps nécessaire de repenser cette coalition de l’opposition et de l’installer dans les règles de l’art et d’une manière où chaque leader de l’opposition se retrouverait dans la démarche et dans la définition des modalités. Sinon ce serait ségrégationniste de vouloir choisir certains et d’en laisser d’autres ».
Un critique de l’espace politique conclut en raillant la coalition supposée des 4. « Cette coalition, c’est saupoudrage. Vous pensez que des hommes politiques aussi aguerris que Malick Gakou, Pape Diop, Mamadou Diop Decroix, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Assane Sall, Abdoul Mbaye vont se laisser remorquer comme des moutons de Panurge par la coalition des 4 ? Soyons sérieux ! Khalifa Sall est en train de tout faire pour que cette coalition à quatre réussisse. Il est tout simplement manipulé par Barthélémy Dias. C’est du n’importe quoi !» s’exclame cette figure de l’opposition.