LA JEUNESSE CONVOITÉE POUR LA PARTICIPATION ÉLECTORALE
Il ne reste plus qu’une semaine pour s’inscrire sur les listes électorales : la révision prendra fin le 8 septembre. Les jeunes, sous-représentés dans l’actuel fichier, sont la cible prioritaire pour les partis politiques
Au Sénégal, il ne reste plus qu’une semaine pour s’inscrire sur les listes électorales : la révision prendra fin le 8 septembre. En ligne de mire, les élections locales fin janvier, avant les législatives l'année prochaine et la présidentielle en 2024. Les jeunes, sous-représentés dans l’actuel fichier, sont la cible prioritaire pour les partis politiques.
« Il faut bien garder le récépissé. » Récépissé d’inscription à la main, Awa, 30 ans, sort tout juste de la commission installée dans un institut de formation du quartier populaire de la Médina. « Je n'étais pas inscrite sur la liste, c'est pour cela que je suis venue ici. Je l'ai appris à la radio, sur les réseaux sociaux. C'est important parce qu'il y a les élections pour la mairie qui arrivent. Je suis Sénégalaise, je dois voter. Voilà ! »
Selon le rapport d’audit du fichier électoral, à peine la moitié (53,8%) des 18-25 ans sont inscrits sur les listes. Abdoulaye Mohamed Diop a 20 ans. Il votera pour la première fois en janvier prochain. « Des fois, j'aborde le sujet avec mes camarades, mais ils refusent de voter parce qu'ils pensent les politiciens sont tous les mêmes. Et si tu es aujourd'hui avec quelqu'un, demain il peut changer et beaucoup n'ont pas confiance en eux. C'est pour ça qu'il y a des manifestations et tout ça. »
CÔTE D'IVOIRE, LA GLAÇANTE RECONSTITUTION D'UN VIOL À LA TÉLÉVISION
La polémique enfle après qu’un violeur « repenti » a détaillé sa manière d’agresser ses victimes sur une chaîne ivoirienne. Internautes et organisations de défense des droits des femmes exigent des sanctions
Jeune Afrique |
Aïssatou Diallo |
Publication 31/08/2021
Yves de Mbella est un animateur habitué des polémiques. En recevant, le lundi 30 août, un homme présenté comme un « ancien violeur » pour parler de ses crimes, il avait réuni tous les ingrédients pour en provoquer une nouvelle. Et, sans surprise, des extraits de l’édition de l’émission La Télé d’ici vacances, diffusée sur la NCI, ont largement été relayés sur la Toile, et n’ont pas manqué de susciter une vague d’indignation. Et il y avait matière.
« Voilà une go, par exemple, signale l’animateur en désignant un mannequin installé sur un podium. Tu attaques par devant ou par derrière ? Montre nous comment tu fais. » L’invité monte sur l’estrade et détaille méticuleusement comment il procède pour étrangler sa victime, lui toucher les parties intimes, la faire tomber, l’immobiliser et la violer. Le tout sous quelques rires à peine étouffés et des relances de Yves de Mbella, glaçantes : « Tu agis seul ou avec quelqu’un ? Comment les choisis-tu ? Minces ou avec des fesses ? »…
Les « conseils » effarants du violeur
La séquence continue. L’animateur demande à son invité quels conseils il peut donner aux femmes afin d’éviter un viol. « La femme doit éviter d’être saoule. Très souvent, lorsqu’elles sont ivres, elles ne se contrôlent plus. L’homme peut en profiter. Évitez de marcher seules tard dans la nuit. Il est difficile de violer dans la journée. Si vous sortez tard, soyez toujours avec quelqu’un », répond l’homme, le plus calmement du monde.
Tonnerre d’applaudissements du public et des autres invités…
Mais en dehors du studio, les réactions n’ont pas tardé. Et sur les réseaux sociaux, c’est un torrent de condamnations outrées qui n’a, depuis, cessé de se déverser. « J’ai été choquée et peinée en tant que survivante de viol, confie Désirée Deneo, militante féministe et secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes. Les violences faites aux femmes sont habituellement banalisées. Mais pas autant et pas à la télévision. Cela va au-delà de la culture du viol. On a touché le fond. »
En plus de la démonstration d’un viol à la télévision et de la culpabilisation des victimes, une question de l’animateur a retenu l’attention. « Les femmes prennent-elles quand même du plaisir lorsqu’elles sont violées ? » a-t-il osé demander à son invité. Et ce dernier de répondre… par l’affirmative.
« Aller au-delà de l’indignation »
Dans la foulée, Désirée Deneo a initié une pétition qui a déjà récolté près de 36 000 signatures. « Au-delà de notre association, nous sommes membres d’un collectif qui lutte pour les droits des femmes. Ensemble nous allons joindre la pétition à des courriers que nous adresserons à la Haute Autorité de la communication et de l’audiovisuel [Haca], au ministère de la Communication et à celui des Droits de la femme. En plus, une plainte sera déposée pour atteinte à la pudeur car l’émission a été diffusée à une heure où des enfants regardent aussi la télé. Exposer un public qui n’est pas sensibilisé aux questions de culture du viol à de telles images est dangereux », détaille la militante. Déposer une plainte et saisir les autorités permet « d’aller au-delà de l’indignation » sur les réseaux sociaux, insiste-t-elle.
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Beaucoup de choses ne sont pas révélées à propos de cette crise. Certains attendent toujours les résultats des tests PCR dont les prélèvements remontent à plus de 15 jours. La question de l’oxygène reste d’actualité
#SilenceDuTemps - C’est à travers un post sur Facebook que l’ancien ministre Babacar Gaye s’interroge sur la fiabilité des chiffres relatifs à la Covid, donnés chaque jour par le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS). Le responsable politique de Kaffrine évoquait le décès d’un proche des suites de complications liées à la Covid-19, un cas qui n’est pas isolé, mais qui est ‘’représentatif de la situation dramatique que vivent nos compatriotes qui n’ont pas l’opportunité de se faire tester’’. Il évoque aussi des cas positifs dans la maison familiale et qui ne sont pas mentionnés dans le communiqué du ministère de la Santé.
Dans le cadre de la gestion de la Covid-19 au Sénégal, tout le monde s’accorde au moins sur une chose : les statistiques journalières publiées dans les médias ne reflètent pas la réalité. Un fait confirmé par le nouveau directeur du Centre des Opérations d'Urgence sanitaire (COUS) sur Sud FM lors de l’émission Objection du 15 août 2021. Le Dr Alioune Badara Ly avait reconnu que le nombre de décès quotidiens déclarés était sous-estimé et que des décès au niveau communautaire échappaient à la comptabilité macabre qui ne concernait que les statistiques des Centres de traitement épidémique (CTE).
Depuis quelques semaines, il est constaté une baisse des cas positifs. Quelle est l’explication ? Des scientifiques vous diront que c’est dans l’ordre normal des choses lors d’une pandémie. C’est l’évolution classique des infections virales : une phase ascendante, un moment de pic, une phase de stabilisation et après une phase descendante.
Quant aux décès, ils restent toujours aigus même si on observe une légère baisse : une moyenne de 10 chaque jour. Un taux très élevé si on se réfère toujours aux chiffres journaliers publiés, et qui sont loin des moins de 2% admis dans le cadre de la Covid-19.
Du côté du MSAS, il est annoncé une évaluation des « déterminants globaux de ce que nous sommes en train de vivre en termes du recul de la vague ». Les autorités sanitaires ont aussi évoqué une plus grande mobilisation des populations pour faire reculer le virus et une plus grande adhésion en faveur de la vaccination. On peut se demander pourquoi elles s’arrogent la paternité de ce prétendu recul de propagation d’un virus qui échappe au monde entier et qui n’a pas encore livré tous ses secrets ?
À ce jour, et partout, trois stratégies permettent de limiter la propagation du virus : la vaccination, le maintien des gestes barrière et la surveillance.
À propos de la vaccination, il faut saluer la clairvoyance de guides religieux, khalifes généraux, appelant les Sénégalais à se faire vacciner. Il est en effet prouvé que le vaccin empêche le développement des cas graves, mais le risque de contracter le virus demeure. C’est pourquoi les mesures barrière consistant à éviter les rassemblements, le port systématique de masques et le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon entre autres doivent être maintenues, surtout face à un virus mutant. Même si 1 million 167 mille 364 personnes ont été vaccinées sur l’étendue du territoire national à la date du 31 août 2021, cela ne peut en aucune manière avoir des effets sur la baisse des cas pour le moment. D’après les scientifiques, il faut une couverture d’au moins 60% pour espérer une immunité collective et donc le recul qui en serait lié, alors que nous sommes à moins de 2% de la population générale si l’on considère les personnes qui ont pris une seule dose, avec une campagne peu active et des ruptures et tensions fréquentes sur les vaccins. Quand dans certains pays le rappel par une troisième dose ARNm semble justifié même s’il n’existe pas encore de données. Le Sénégal se prépare-t-il à cette éventualité ?
Le respect des gestes barrière, notamment le port de masque n’est pas respecté. Pour preuve, 48 heures après la publication d’un communiqué du ministère de l’Intérieur rappelant que l'arrêté nº 17602 du 29 avril 2021 prescrivant le port obligatoire de masque de protection dans les lieux publics et privés est prorogé pour une durée de trois (3) mois à compter du 30 juillet 2021 sur l'ensemble du territoire national, et demandant une application stricte des mesures édictées dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus, 1 173 personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint lesdits ordres. Les rassemblements de tout genre sans applications des mesures édictées continuent. Il en est de même en ce qui concerne le domaine du transport. L’hésitation vaccinale, le déni de la maladie et le fatalisme sont toujours constatés.
Notons que le climat estival joue un rôle non négligeable dans le ralentissement de la circulation du virus (avis du Conseil scientifique sénégalais du 6 juillet 2021).
Pourquoi alors crier encore victoire et annoncer que la situation est maîtrisée ? Les populations ne respectent plus les gestes barrière dès qu’une baisse de nombre de cas est annoncée. N’est-ce pas cela qui va introduire le doute chez les plus sceptiques si une 4e vague devait arriver ? Ne doit-on pas communiquer juste en disant la vérité aux populations comme l’avait préconisé le Khalife général des Tidianes ?
L’apparition en Afrique du Sud en mai 2021 d’un nouveau variant C 1.2 qui s'éloigne davantage de la souche originelle et déjà présent dans sept pays, sur les continents européen, africain, asiatique et océanique, est préoccupante et appelle à la précaution et donc à une surveillance accrue, mais surtout à la collecte et la diffusion d’informations de santé en temps voulu à des fins d'évaluation et d'une action de santé publique. Sur le plan de la gouvernance, la mise en place d’un comité scientifique suggéré par des experts à la place du CNGE pourrait aider à régler ces manquements. Les membres de ce comité scientifique surveilleraient, mais alerteraient aussi si nécessaire, services et autorités sanitaires, population, médias, partenaires. Ceci est d’une importance capitale puisque les résultats des analyses vont conduire à la prise de mesures correspondantes à la situation.
- Rupture des tests de dépistage : cause de la tendance baissière ? -
À la date du vendredi 20 août 2021, près de 3 000 tests ont été réalisés. Le nombre de tests réalisés varie entre 3 600 et 2 500 depuis quelque temps. Des chiffres isolés : aucune synthèse, quelle est la tendance, d’où viennent les contaminations, sur quelle base parler de tendance baissière ?
Pourquoi le MSAS ne fournit pas des données désagrégées et ne renseigne pas régulièrement et à temps sur le taux d’incidence qui est une base scientifique tangible permettant d’étudier la dynamique de l’épidémie et dire si elle progresse ou recule ?
La faible incidence de la Covid-19 en Afrique s’expliquerait en partie par les capacités insuffisantes de tests qui conduiraient à sous-estimer l’épidémie (Kambole & al., 2020).
Les autorités politiques et sanitaires ont peu explicité les motivations et les indicateurs qui orientaient leurs décisions en matière de stratégie de dépistage. Aucune information permettant de préciser les circonstances qui ont présidé à la décision de la passation d’un test n’est disponible[1].
La disponibilité des tests reste le problème majeur. La Coalition pour la Santé et l’Action Sociale (COSAS) a toujours recommandé ‘’l’augmentation du nombre de tests, par une décentralisation dans les laboratoires régionaux, en s’entourant de toutes les garanties de sécurité pour les techniciens de laboratoires’’.
Pire et coïncidant comme par hasard à « cette tendance baissière », nous apprenons au début du mois d’août qu’il y a une rupture des tests de dépistages rapides (TDR) et PCR dans au moins 7 régions médicales du pays ; fait sur lequel le ministère n’a jamais communiqué.
Beaucoup de choses n’ont pas été révélées dans la gestion de la pandémie au Sénégal. L’utilisation des fonds Force Covid a soulevé des vagues, tout comme le démantèlement prématuré des centres de traitement des épidémies (CTE). Ils sont nombreux les patients qui ont brandi des factures alors que la prise en charge est déclarée gratuite. Ils sont aussi nombreux les Sénégalais qui attendent toujours les résultats de leurs tests PCR dont les prélèvements datent de plusieurs semaines. Le débat sur la disponibilité en qualité et en quantité de l’oxygène est toujours d’actualité. Un reportage d’une chaîne étrangère au début du mois d’août 2021 a montré la rupture quasi-totale de ce produit précieux, indispensable pour la prise en charge des cas graves. Les cliniques qui en possédaient le facturaient à un tarif exorbitant, hors de portée de la grande majorité des patients. Une forte spéculation avait été observée, obligeant l’État à réquisitionner toute la production d’oxygène dans le pays, à prendre en charge l’approvisionnement en oxygène des structures privées qui ont des CTE et à commander 35 générateurs. Deux centrales à oxygène de 40 m3 viennent d’être réceptionnées (19 août) pour les hôpitaux Dalal jamm et Fann.
Au moment où une quatrième vague envahit certains pays, un rebond épidémique est à craindre avec les grands événements religieux qui se profilent ainsi que la rentrée prochaine des classes. Il faut collectivement anticiper en misant entre autres sur une bonne communication, massive, en direction des communautés, élément qui a été et demeure l’un des talons d’Achille de la riposte. Il faut aussi dès maintenant déterminer des protocoles et informer pour guider.
Sur la reprise des points journaliers, les avis divergent, même si le fait d’inviter des experts à parler des liens entre la Covid et leur spécialité peut avoir un impact sur certaines populations. Il faut une lecture scientifique des chiffres, une analyse de leurs limites, des probables biais. Il faut y aller vite, car chaque minute compte avec l’infodémie véhiculée par les réseaux sociaux. L’information doit être complète, c’est-à-dire non lacunaire. Elle doit aussi être fiable, c’est-à-dire non erronée. C’est cela la démarche scientifique et c’est aussi cela la communication.
Mame Lika Sidibé est archiviste diplômée de l’EBAD et journaliste diplômée du Cesti. Elle collabore régulièrement avec SenePlus. Elle est titulaire d’un master II Défense, Paix et Sécurité du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS).
[1]Véronique Petit, Nelly Robin et Nelly Martin : « Spatialité et temporalité de l’épidémie de la Covid-19 au Sénégal. Le processus de production des données sanitaires au regard des discontinuités territoriales » https://doi.org/10.4000/rfst.1150
Par Ibrahima Diakhaté MAKAMA,
LE JAMBADONG OU CARNAVAL A LA CASAMANÇAISE
Cahier Vacances s’intéresse aujourd’hui au Jambadong, une manifestation populaire à plusieurs inconnus.
En cette période de vacances, le Jambadong est la chose du monde la mieux partagée sur l’ensemble de l’espace casamançais et au-delà, avec les localités où vivent de fortes communautés mandingues comme Mbour, Tambacounda, Parcelles Assainies, Keur Massar (malgré les inondations) …
Le Jambadong est une terminologie mandingue qui pourrait être rendue mot à mot, en français, par « danse avec des feuilles » ou, plus exactement, « danse des feuilles ». En d’autres termes, les feuilles en constituent une sorte d’identité remarquable. Mais, il serait caricatural et surtout réducteur de le ravaler de manière stricte à de triviales feuilles ou branchettes d’arbre ; le Jambadong recèle bien plus de secrets. Si vous n’y avez jamais assisté, considérez que c’est une sorte de carnaval coloré où les participants masqués ou déguisés font une longue procession traversant de bout en bout le village - ou la ville, ou ralliant un village à un autre ou une ville à une autre - accompagnée de tam-tams, de chants et de danses à l’aide de feuilles ou branchettes d’arbre que les danseurs agitent sous forme de victoire dans une liesse généralisée. Autrement dit, c’est un type de procession colorée et rythmique où tous les déguisements sont permis. Dans la démarche procédurale de l’initiation il est admis que les populations viennent trouver les circoncis au lieu de lavage et les raccompagner jusqu’à l’orée du Bois Sacré avec un Jambadong.
Toutefois, il n’est pas strictement réservé à l’initiation car, c’est, aussi et surtout, le moment rythmique et folâtre qui inaugure et ferme toutes les festivités en Casamance, en général, et en milieu mandingue, en particulier. Il est donc au début et à la fin de toutes les manifestations. Ce qui est tout de même remarquable, c’est que le Jambadong constitue la partie profane de tous les rituels même ceux sacrés dans le monde mandingue, voire de la Casamance. Le Jambadong fait donc partie du protocole initiatique. Par son côté purement profane de la phase d’initiation, il assure une certaine osmose entre tous les éléments de la stratification sociale : riches, pauvres, vieillards, enfants, sages, initiés, kouyang mansa (maitre du Bois sacré), lambés, kintangos (ces mots équivalent à selbés ou surveillants de circoncis), jeunes et mêmes les femmes - qui sont pourtant bannies de tout ce qui tourne autour du Bois Sacré et du Kankourang – peuvent se côtoyer dans une ivresse collective sans commune mesure.
Cette folie généralisée n’épargne personne, pas même les Kankourangs qui se doivent de contenir au mieux leur côté féroce et punisseur, au moins pour un moment : le moment de l’ivresse collective. C’est seulement au Jambadong qu’on a la chance inespérée de côtoyer le Kankourang et de l’apprécier dans toute sa splendeur avec son apparence énigmatique.
La phase très dynamique de l’initiation qui élimine toutes les barrières sociétales
C’est le moment du Jambadong qui crée l’occasion (faisant le larron) de voir un sage, un père de famille ou une mère esquisser des pas de danse devant ses enfants, un guide religieux chanter, un notable se pavaner avec des habits de fou, un riche avec des haillons. C’est dire que c’est la phase très dynamique de l’initiation ou de la vie en communauté qui élimine toutes les barrières sociétales et met en veilleuse les normes sociales. Tous les âges y sont représentés.
Enfants, jeunes adultes, vieux…, disons toute la société, dans toute sa diversité, est prise par la fièvre du Jambadong qui est aussi un moment de nivellement sociétal. Mais au-delà de l’aspect purement populaire et festif, il se présente comme un fait social déterminant. C’est le moment d’une sorte de dérèglement social généralisé. Ce dérèglement permet tant soit peu aux populations de s’adonner à des pratiques interdites ou de jouer au travesti.
Sous ce rapport, par l’artifice du carnaval, on trouve une facétie pour limiter au maximum les dégâts que peuvent causer les nombreuses règles sociales et autres restrictions. Quelle que soit l’utilité de ces normes, elles peuvent, en retour, comprimer les hommes. Dès lors, il est donc clair que, par la magie du Jambadong, on réussit à faire sauter le verrou des interdits et de la normalité pour faire voler en éclats les restrictions et autres commodités pour ainsi dire, laisser exploser les talents et autres aptitudes enfouis dans les profondeurs abyssales de la conscience du peuple. Ce qui fait que c’est l’occasion de porter les habits de ses fantasmes les plus fous.
Ainsi donc, par la pyrotechnie des déguisements, la femme peut jouer au chef de famille, le pauvre peut jouer au riche, le paysan au militaire, le maçon au journaliste… Au demeurant, le Jambadong est un moment pendant lequel les normes sociales sont en suspens et les rôles sociaux sont inversés ou renversés. Ce qui fait que le Jambadong peut évacuer le sentiment de vivre dans une prison à ciel ouvert avec ces pléthores d’interdits, de limitations et de prescriptions, dans la mesure où il permet de braver les interdits. Un sujet social peut aussi en profiter pour noyer le trop de stress accumulé depuis le dernier carnaval. On pourra alors en déduire sans risque de se tromper que le génie mandingue l’a certainement inventé pour jouer un rôle d’exutoire aux différents problèmes de la vie en société.
Par Ibrahima Diakhaté Makama
Philosophe, écrivain, scénariste
DES COMMERÇANTS «ORGANISENT» UNE PENURIE DE SUCRE POUR POUSSER L’ETAT A AUGMENTER LES PRIX !
Presque 30.000 tonnes de sucre sont stockés actuellement dans les entrepôts de la CSS alors que les commerçants veulent nous faire croire que la denrée est introuvable !
Presque 30.000 tonnes de sucre sont stockés actuellement dans les entrepôts de la CSS alors que les commerçants veulent nous faire croire que la denrée est introuvable !
Quand certains distributeurs grossistes de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) font de la rétention ou détournent le sucre du marché local pour le vendre à des industriels locaux et dans les pays voisins, cela crée une situation de tension, voire de pénurie de sucre. Depuis plusieurs jours ces acteurs de l’informel crient sur tous les toits qu’il y a une pénurie de sucre sur le marché et en profitent pour augmenter le prix de cette denrée. En réalité, rien n’est plus faux puisque, au moment même où l’on parle de « pénurie », la CSS a entreposé dans ses magasins près de 29.000 tonnes de sucre représentant environ 45 jours de consommation nationale. Seule nouveauté cette fois : les commerçants, au-delà du chantage exercé souvent sur l’Etat à travers les DIPA, ont décidé de transférer ce même chantage sur les consommateurs. Une seule raison : la quête des DIPA.
Le sucre est resté trouvable, mais sous tensions savamment entretenu ces dernières semaines chez les demi-grossistes, les détaillants et surtout les consommateurs. Et pourtant, selon des sources proches de la CSS et de la direction du Commerce intérieur, il y a une bonne disponibilité du sucre local. Actuellement la CSS a stocké dans ses magasins près de 29.000 tonnes de sucre, l’équivalent de 45 jours de consommation. D’ailleurs nos mêmes sources indiquent que le directeur du Commerce intérieur s’est déplacé personnellement pour s’enquérir de la situation des stocks de la CSS. Au moment où il était dans les locaux de la CSS, il avait constaté que la compagnie avait plus de 32.000 tonnes de sucre stockées, selon les mêmes sources. Qui trouvent donc que la pénurie est injustifiée. « C’est du « ma taay » organisé par les commerçants ». Comment comprendre cette posture de certains commerçants qui peut être assimilée à « un chantage » exercé sur l’Etat et surtout sur les consommateurs ?
Le Magal 2021, un grand moment de consommation de denrées comme le sucre annoncé en fin septembre, est toujours une occasion pour ces commerçants animés par le seul appât du gain de mettre la pression sur l’Etat en entonnant la même rengaine usée jusqu’à la corde d’une incapacité de l’industriel local à satisfaire le marché. « Mais cette fois-ci, la pression est faite de façon plus pernicieuse parce qu’il y a une dose de chantage. Tant qu’ils tentaient de faire chanter le ministère du Commerce, nous avons pu faire face et trouver des solutions mais aujourd’hui ils font chanter les consommateurs. Nous avons relevé effectivement que des grossistes, parmi les plus importants en matière de distribution de sucre, privilégient certains industriels et l’extérieur au détriment du consommateur. Ceci relève tout simplement du banditisme économique qui mérite d’être sévèrement sanctionné » s’étrangle-t-on du côté de l’industriel.
Le prétexte du Magal et la flambée du marché international
Ces commerçants veulent gagner sur les deux tableaux en faisant de plus grands profits auprès des industriels utilisant du sucre, mais aussi en entretenant ce sentiment de pénurie en disant que si cela perdure l’Etat sera obligé de prendre des mesures comme la hausse du prix du sucre. « Rien ne justifie ce qui se passe. Sinon, il y a un changement de conjoncture par rapport à l’année dernière. Cette année, les cours mondiaux sont très élevés, la chaîne logistique est totalement perturbée, les coûts du transport se sont fortement renchéris de sorte que les profits mirobolants que ces commerçants réalisaient dans d’autres spéculations ont chuté drastiquement. Ils ont organisé un battage médiatique jusqu’à obtenir des DIPA, et ils continuent la pression pour avoirla hausse du prix du sucre ou la suppression de droits et de taxes pour pouvoir s’en sortir. Ils ont mis en avant une stratégie de chantage orientée cette fois-ci en direction des consommateurs. Ils n’ont qu’à dire aux Sénégalais qu’ils veulent l’augmentation du prix du sucre pour pouvoir faire des bénéfices ! Ils ont râlé pour obtenir des DIPA, maintenant ils continuent à râler » selon une autre source de la Direction du Commerce intérieur.
La CSS dénonce une volonté de nuire aux consommateurs
«Toute cette stratégie est cousue de fil blanc ! Elle procède de cette habitude ridicule déployée à chaque fois que le calendrier indique une fête religieuse importante dont ils veulent profiter, foulant aux pieds toutes les règles de régulation dans le secteur. Le Sénégal a pris l’option résolue de réaliser son indépendance alimentaire en produisant ce dont il a besoin. Les importations devront s’estomper à plus ou moins brève échéance, il faudra que les commerçants le sachent et s’y fassent. Qu’est-ce qui les empêche dès lors d’investir dans la production des biens de consommation courante comme le sucre, l’huile et le riz et d’aider le pays à créer des emplois notamment pourlesjeunes ? » confie Louis Lamotte, Directeur des Ressources humaines de la CSS interpelé par nos soins. Il conclut son intervention en ces termes : « Nous sommes aux côtés des consommateurs et déterminés à déjouer les manœuvres des spéculateurs. Le produit existe, et en toute transparence, avec les Autorités du Commerce, nous sommes en train de déployer une batterie de mesures qui feront que, très bientôt, ces tensions ne seront plus que de vieux souvenirs ». Les consommateurs que nous sommes ne demandent que cela !
LA MOUVANCE PRESIDENTIELLE CHERCHE UN CANDIDAT CREDIBLE ET CONSENSUEL
On s’achemine vers des joutes électorales âprement disputées à Rufisque le 23 janvier prochain
Arfang Saloum SANE, Correspondant permanent à Rufisque |
Publication 31/08/2021
A moins de cinq mois désormais mois des élections municipales, le paysage politique bouillonne déjà à Rufisque où la bataille pour le contrôle de la mairie de ville fait rage entre responsables apéristes. Après les déclarations de candidatures tous azimuts, place aux consultations et autres tractations pour remporter le scrutin majoritaire dans les trois communes de Rufisque mais aussi à la mairie de ville.
On s’achemine vers des joutes électorales âprement disputées à Rufisque le 23 janvier prochain. Plusieurs candidatsse sont déjà signalés pour le contrôle de la ville. Il s’agit de Souleymane Ndoye, président du conseil départemental, de Boubacar Albé Ndoye, actuel maire de la commune de Rufisque Est et par ailleurs premier adjoint à la ville, de Doudou Meissa Wade et de l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall qui multiplie les sorties médiatiques.
Selon les souteneurs du dernier nommé, des tractations seraient en train de s’opérer en haut lieu pour défendre la candidature du député et président du conseil départemental Souleymane Ndoye. « Ce à quoi noustenons, c’est que ce soit Rufisque qui choisisse ses candidats et pas d’autres à la place des Rufisquois », avait déclaré, mercredi dernier, M. Ismaïla Madior Fall, candidat déclaré à la ville au terme d’une réunion du comité électoral. « Nous avons discuté et nous sommes en train de nous accorder pour présenter, voire positionner des candidats à la fois au niveau de la ville, du département, mais aussi des autres communes », a insisté l’ancien Garde des Sceaux. Le constitutionnaliste a indiqué être en contact permanent avec les responsables du parti au niveau national, avec le président de la République pour arrêter de concert une liste unique pour Rufisque. Une candidature fortement décriée par ses frères de partis à Rufisque Nord.
Disant avoir constaté la présence et l’implication d’Abdou Salam Guèye dans le comité électoral du candidat Ismaïla Madior Fall, ces apéristes ont tenu à préciser que « l’heure n’est pas à la désignation d’un éventuel candidat que ce soit pour le parti ou pour la coalition Benno Bokk Yakaar. L’heure est d’abord à l’unité et aux respects des directives données par le chef de l’Etat. Le moment venu, il va désigner les différents candidats. La déclaration de monsieur Abdou Salam Guèye n’engage que lui », a souligné avec force Isma Diagne, secrétaire administratif des cadres apéristes du Nord.
Dans le camp du maire Albé Ndoye, on rejette toute ingérence du ministre Oumar Guèye comme déclaré dans la presse par Matar Ndoye, chargé de mission à la présidence de la République. « Il n’y a aucun compromis entre le maire Boubacar Albé Ndoye et le ministre Oumar Guèye qui est du reste coordonnateur de la coalition Benno Bokk Yakaar dans le département. La candidature du maire Albé est légitime et répond à un besoin de bâtir la ville de Rufisque autour d’une équipe forte composée de dignes fils de la ville. Il faut dégager toute idée de dualité entre le ministre Oumar Guèye et l’ancien ministre Ismaïla Madior Fall », a précisé Pape Sall, conseiller du maire de l’Est. D’ailleurs, il estime que le ministre est impopulaire à Rufisque où il n’a été connu des populations qu’après sa nomination au gouvernement, il y a juste trois ans. « Ismaïla n’est pas connu des Rufisquois. Il n’a pas de base politique. Tout le contraire du maire Albé Ndoye qui est tout le temps au contact des populations et de sa base », argumente M. Pape Sall.
Hormis les trois candidats déclarés de l’Alliance pour la République (APR), d’autres jeunes aux dents longues affichent eux aussi un réel intérêt pour les communes et même pour la très convoitée ville de Rufisque. Parmi ceux-là, il y a Doudou Meissa Wade, Pca de la SOGIP, le député Seydou Diouf et le maire de Rufisque Ouest, Alioune Fall Mar.
De son côté, Doudou Meissa Wade avait donné un signal fort pour lever toute équivoque sur la probabilité de sa candidature à la ville. Déjà investi par ses souteneurs, le candidat malheureux aux locales de 2014 n’en démord toujours pas. Après une longue période d’absence, il revient avec de nouvelles ambitions. « Nous faisons confiance au chef de l’Etat, Macky Sall, et je suis sûr qu’il va prendre en compte le choix des Rufisquois qui misent sur ma personne. Nous sommes prêts à accompagner le président à condition qu’il respecte le choix des Rufisquois. Nous restons attentifs et patients et attendons sa décision pour nous prononcer », avait fait savoir Doudou Meissa Wade qui ne veut plus accepter ce qu’il appelle une injustice. « Je l’avais prouvé en 2014 et je suis capable de réitérer mon comportement. Ce n’est pas un comportement rebelle, loin de là, mais juste une réaction contre l’injustice et l’iniquité », a-t-il encore réaffirmé mettant sa déconvenue de 2014 sur le compte de la complicité de l’administration territoriale.
VIDEO
SONKO PROMET À MACKY UNE FÉROCE OPPOSITION AUX LOCALES
Le régime excelle dans la persécution des opposants par l'instrumentalisation de la justice. C'est l'ADN d'un dictateur. Un pays ne se gouverne pas par le bâton. Morceaux choisis des salves adressées au président par son principal opposant ce mardi
Que Macky Sall se le tienne pour dit. Il fera face, pour les prochaines échéances électorales, à la plus grande coalition de l’opposition. « Macky Sall n’a jamais mené un combat démocratique dans ce pays. C’est pourquoi, il n’accepte pas une opposition démocratique. Son seul souci est de réduire ses opposants à leur plus simple expression. Mais, c’est peine perdue. Il fera face à l’une des plus grandes forces d’opposition du Sénégal ».
La grande coalition réunira le Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur), l’ancien ministre exilé, Karim Wade, Khalifa Sall et le parti Pastef de Ousmane Sonko. Cette coalition est en train de peaufiner sa stratégie pour faire face au pouvoir. Son objectif est de proposer une alternative crédible au régime de Macky Sall. « La persécution des opposants est l’Adn de Macky Sall et de son régime. Mais, ils vont échouer », a déclaré Ousmane Sonko, au cours d’un point de presse.
62 MILLIARDS PERDUS DU FAIT DE L’AFLATOXINE
Il y a une exposition alimentaire liée à l’aflatoxine dans le Bassin arachidier ou dans les zones à forte consommation d’arachide, selon les résultats d’une étude menée par le Centre anti poison de l’hôpital Fann
Il y a une exposition alimentaire liée à l’aflatoxine dans le Bassin arachidier ou dans les zones à forte consommation d’arachide, selon les résultats d’une étude menée par le Centre anti poison de l’hôpital Fann. La même source révèle que le Sénégal perd chaque année 62 milliards de francs Cfa du fait de la contamination des aliments par l’aflatoxine. Cette dernière est à l’origine du cancer du foie, du retard de croissance des enfants.
La problématique des aflatoxines constitue une priorité nationale en raison des enjeux économiques et sanitaires, avec la forte production et l’autoconsommation qui est la matrice alimentaire la plus contaminée par ces mycotoxines en Afrique subsaharienne. Une étude menée par le Centre anti poison, sur l’impact économique de ces aflatoxines, révèle que 62 milliards de francs Cfa sont perdus chaque années au Sénégal du fait de la contamination des aliments par l’aflatoxine. Selon ce centre logé à l’hôpital Fann, il n’y a pas que la production agricole comme conséquence de la contamination des aliments par ces mycotoxines. «Il y a aussi les impacts liés à la santé qui coûtent très cher», affirme Nar Diène, toxicologue environnemental au Centre anti poison de l’hôpital Fann.
En effet, il suffit qu’une personne sensible soit en contact avec l’aflatoxine pour déclencher une maladie telle que le cancer du foie, un retard de croissance chez les enfants... «Grâce à une étude menée par le Centre anti poison au niveau du Bassin arachidier, on a pu trouver des cancers primitifs du foie de jeunes de moins de 15 ans», confie M. Diène, par ailleurs coordonnateur du Comité sur les contaminants d’origines environnementale et biologique.
Selon lui, «il y a une exposition alimentaire liée à cette aflatoxine dans le bassin arachidier ou dans les zones où il y a une forte consommation d’arachide ou de produits susceptibles d’être contaminés par l’aflatoxine». Hormis, l’arachide, le maïs est un contributeur majeur par rapport à l’aflatoxine. Cependant, comme c’est le cas pour beaucoup de secteurs, la faiblesse de données scientifiques ne permet pas d’évaluer la contamination de l’arachide dans les différentes zones agroécologiques (ou au niveau de certaines régions à haut risque).
Pour une disponibilité de données scientifiques, l‘Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) a accompagné les autorités sénégalaises afin de générer des données scientifiques pour l’établissement de limites maximales autorisées dans la teneur en aflatoxine dans les arachides «prêtes à être consommées». Ce projet de génération de données a permis d’élaborer un guide de bonnes pratiques à partir du code d’usage. La mise en œuvre du projet a permis de générer des données et résultats qui ont été partagés avec les acteurs, à l’atelier bimodal tenu hier. Selon les résultats de cette étude, les pratiques agricoles classiques utilisées par la majeure partie des paysans sont moins exigeantes, moins coûteuses et plus accessibles.
Toutefois, elles présentent beaucoup plus de risques de contamination des arachides par les aflatoxines. La contamination aflatoxinique est hétérogène mais l’étude révèle que la zone de Tambacounda a moins de contamination par rapport à l’aflatoxine, suivie de la Haute Casamance. «L’arachide utilisée là-bas est beaucoup plus résistante par rapport à l’aflatoxine, mais il y a aussi les conditions qui font qu’il y a moins d’infestations par rapport aux insectes, les attaques et moins d’infestations par rapport aux champignons», a dit M. Diène.
L’étude, qui a été menée dans le Bassin arachidier, le Sénégal Oriental et la Haute Casamance, a aussi montré que la contamination commence par le sol. «Même si vous avez des graines, si vous les semez, elles seront contaminées», confirme Mody Guèye, expert en protection des végétaux, ancien chef du laboratoire phytopathologie de la Direction des végétaux