142 680 alertes exclusivement liées à la Covid-19 ont été enregistrées par le Service d’assistance médicale d’urgence (Samu) depuis que la maladie a fait son entrée au Sénégal, il y’a de cela un an. L’information a été livrée, ce mardi, par le Pr Mamadou Diarra Bèye, Directeur national du Samu qui faisait le point à l’occasion du bilan annuel sur l’évolution et les stratégies de prise en charge de l’épidémie au Sénégal.
Le professeur Mamadou Diarra Bèye affirme que le Samu a joué un rôle très important dans la régulation des transports médicalisés. Ce qui a permis de mettre des lits d’hospitalisation dans des délais très brefs à la disposition des patients qui étaient atteints de Covid 19 ou qui présentaient des facteurs de risque d’aggravation. Ce qui, pour lui, a pu anticiper sur l’aggravation mais également sur la surmortalité.
Le directeur national du Samu est revenu en chiffres sur la situation annuelle du coronavirus. « Parmi ces patients présentant des risques de gravité, le Samu a eu à réguler 13 662 patients, 1 127 transferts de patients grave à sévère dont les 985 ont été identifiés comme cas graves. L’âge moyen de ces patients était de 64 ans, mais nous avons quand même vu des patients jeunes parce que les extrêmes étaient de 8 ans et de 101 ans. Parmi ces patients que nous avons pris en charge, presque tous présentaient une détresse respiratoire. Ce qui expliquait des besoins en demande d’oxygène » explique Pr Mamadou Diarra Bèye.
D’après lui, les centres de santé occupent la première place dans les lieux d’intervention liés à la Covid avec un taux de 28%. S’en suivent les interventions à domicile avec 26%. Les EPS capitalisent 22% des sorties, les cliniques privées 13% et les aéroports 2% d’interventions. Il n’a pas manqué de souligner une hausse des lits de réanimation et de lits chauds avec l’épidémie.
« L’administration hospitalière a joué un rôle très important. Lors de la première semaine où le coronavirus a fait son entrée, le Sénégal ne disposait que de huit (08) lits de réanimation, huit (08) lits de soins intensifs. Aujourd’hui, on est en train de dénombrer 284 lits de point chaud, de lits avec oxygène disponible, 85 lits de réanimation dont 40 à Dakar et 45 dans les régions. Avant l’épidémie on n’en notait pas autant, en tout cas pas pour le niveau national », renseigne t-il.
«NOUS N’OSONS JAMAIS VOUS RECOMMANDER CE QUI POURRAIT VOUS NUIRE»
En une semaine, le Sénégal a réussi à inoculer le vaccin Sinopharm à 35 299 personnes. Soit 0,2% de la population. Un exploit salué par le Pr Tandakha Ndiaye Dièye
Propos recueillis par Maïmouna FAYE FALL |
Publication 03/03/2021
En une semaine, le Sénégal a réussi à inoculer le vaccin Sinopharm à 35 299 personnes. Soit 0,2% de la population. Un exploit salué par le Pr Tandakha Ndiaye Dièye, lors de la présentation du bilan annuel de l’épidémie de Covid-19 au Sénégal, hier, au ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) qui a axé son intervention sur la vaccination. Le Pr Dièye rassure par ces mots : « Nous n’osons jamais vous recommander ce qui pourrait vous nuire. Au contraire, nous serons plutôt peinés de voir quelque chose vous nuire ».
« Quand on parle de maladie infectieuse, on parle naturellement de vaccin. Depuis l’’apparition de la pandémie en début 2020, la communauté internationale s’est mobilisée fortement pour développer dans les meilleurs délais des vaccins sûrs, efficaces et pouvant freiner la propagation de la pandémie qui a entrainé des bouleversements sanitaires, politiques et socio-économiques sans précédents. Une mobilisation si importante n’a jamais été notée auparavant par des chercheurs, par l’industrie de la vaccination, par les politiques, des bailleurs, des organisations internationales dans le but d’arriver à mettre au point un vaccin. C’est ainsi que beaucoup de candidats au vaccin ont été homologués. Mais la mise au point a mis du temps.
A un moment donné, tout s’est accéléré. Ce qui est quand même incroyable. En un temps record, plusieurs vaccins ont été mis en place. Beaucoup de pays ont entamé leur campagne de vaccination.
Fort de cela, l’Etat du Sénégal a saisi le comité consultatif de la vaccination au Sénégal constitué de 15 membres pour donner un avis éclairé par rapport à ces différents vaccins » souligne le Pr Tandakha Ndiaye Dièye. Ce dernier ajoute qu’ « une tâche extrêmement rude parce que la vaccination rime avec suspicion, avec méfiance, avec défiance. Et pour cela, il faut donner des avis éclairés à l’Etat du Sénégal pour qu’il puisse s’engager. L’Etat, par l’intermédiaire du ministère de la Santé, a saisi ledit comité pour tenir rapidement, le 20 janvier, une réunion, et a toute de suite sorti un document à remettre au ministre de la santé pour engager l’Etat vers la course à ces vaccins qui constituent une denrée extrêmement rare.
Le 26 janvier, nous avons sorti un document bien étayé. Le travail concernait cinq vaccins répartis en trois plateformes. Il y a les vaccins Arm qui sont les plus utilisés dans le monde que sont Moderna, Pfizzer... Et Astra zeneca et le vaccin classique Sinopharm que l’Etat du Sénégal a eu à acheter pour la population. Ce sont des vaccins innovants, très importants qui vont être utilisés, surtout le vaccin Astra Zeneca… des plateformes que l’on connait déjà. Ce sont des vaccins vecteurs.
Ils vont être administrés en voie intramusculaire en deux doses de 21 jours séparés ou 28 jours. Des vaccins fortement recommandés dans plusieurs pays. Ce sont des vaccins évalués avec une efficacité allant de 70 à 95%, passant largement le pourcentage de 50% recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (Oms »). « Tous ces vaccins permettent de réduire fortement le nombre de cas graves et le nombre de décès, et surtout l’infectiosité. Donc, ça réduit fortement la propagation du virus. Fort de cela, le Sénégal, à la date du 17 février, a reçu 200 000 doses de vaccins Sinopharm. Les premières doses ont été administrées le 23 février, et c’est le ministre de la Santé qui a donné le bon exemple pour une bonne sensibilisation de la population. Depuis lors, on a vu que le président de la République est passé pour renforcer cette sensibilisation. Au Sénégal, ce sont plus de 37 000 doses administrées en une semaine. On est le quatrième pays en Afrique, en termes de nombre de personnes vaccinées. .
En termes de pourcentage, on est à 0,2% de la population vaccinée sur 11 pays qui a commencé à faire la vaccination en Afrique. Le vaccin constitue un immense espoir dans le monde. 240 millions de doses administrées dans le monde. Et en un seul jour, c’est 6 millions 700 milles doses inoculées à des personnes. Que l’Afrique est loin derrière, mais il y a des pays qui suivent comme l’Israël. L’Etat du Sénégal est disposé à y aller. Il faut qu’on accélère ce rythme. Aujourd’hui, nous recevons des vaccins dans le cadre du Covax. La cible du vaccin, ce sont les personnes de plus de 60 ans, celles qui ont des comorbidités, le personnel de santé… Tout le monde recevra sa dose. Nous n’osons jamais vous recommander ce qui pourrait-vous nuire. Au contraire, nous serons très peinés de voir quelque chose vous nuire. Nous avons une arme redoutable, c’est le vaccin.
L’Afrique a fait de gros efforts pour contenir la maladie. Donner nous cet espoir. Le vaccin, c’est notre seul espoir de survie » conclut le Pr Dièye.
«L’ACQUISITION DES PRODUITS COVID N’A PAS INTERROMPU L’APPROVISIONNEMENT DES AUTRES PRODUITS»
La directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, Annette Seck Ndiaye, a présenté le bilan de l’an 1 des activités de la PNA dans la riposte contre la Covid 19.
Recueillis par Aïda MBOUP SEYE |
Publication 03/03/2021
La directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, Annette Seck Ndiaye, a présenté le bilan de l’an 1 des activités de la PNA dans la riposte contre la Covid 19. En présence du ministre de la Santé et de l’Action sociale et de plusieurs acteurs de la santé, la directrice de la PNA est revenue sur les problèmes nés de la crise sanitaire en termes de risques de pénurie, de la réduction de la mobilité, de la baisse des importations et des exportations, celle des trafics aériens, maritimes et routiers ainsi que des mesures vigoureuses de restriction à l’exportation prises par la plupart des pays producteurs.
La pharmacie nationale d’approvisionnement a joué un rôle essentiel dans la riposte à la Covid 19 malgré un contexte marqué par une crise sanitaire brutale et sans précédente dont les conséquences immédiates ont lourdement affecté les chaines de productions et d’approvisionnements des médicaments et produits essentiels au niveau mondial. Dès l’apparition du premier cas de Covid 19 déclaré en Chine, la PNA s’est ajustée et s’est réorganisée au regard de sa mission pour sécuriser les stocks afin d’être en mesure de faire face aux éventuelles pénuries liées aux conséquences immédiates. Notamment, la réduction de la mobilité, la baisse des importations et des exportations, la baisse des trafics aériens, maritimes et routiers, ainsi que les mesures vigoureuses de restriction à l’exportation prises par la plupart des pays producteurs.
Ainsi la PNA a intégré le dispositif de riposte mis en place par le ministre de la Santé et de l’Action sociale au niveau central et régional afin de mettre en œuvre avec célérité et efficacité les recommandations issues des différents comités de coordination. Le dispositif mis en place par la PNA a été renforcé en application aux directives de M. le président de la République, Macky Sall, qui, lors du Conseil des ministres du 4 mars 2020, a invité le ministre de la Santé et de l’Action sociale à accélérer au sein de la PNA, l’acquisition, la mise à disposition et la distribution des produits et matériels consommables essentiels pour une prise en charge adéquate des cas suspects et confirmés dans les structures sanitaires et à veiller à la constitution systématique d’un stock de sécurité.
Près de 7 milliard 490 millions 94091 FCFA de médicaments pour faire face à la demande
Dans le cadre de l’acquisition et le stockage, la PNA a procédé dans un premier temps à l’évaluation exhaustive des produits de santé nécessaires à la riposte tant en ce qui concerne le volet préventif que pour le volet curatif. Cette évaluation a permis de sélectionner 107 produits traceurs et de procéder aux commandes nécessaires dans le but d’une part de renforcer les stocks existants et d’autre part de rendre disponibles les produits pour prendre en charge les nouveaux besoins des structures sanitaires et des centres de traitement épidémiologique mis en place par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
L’acquisition a été facilitée par les flexibilités appliquées, apportées par le décret 20-20 -781 du 18 mars 2020 pris par le Chef de l’Etat portant dérogation au code des marchés publics pour les dépenses relatives à la lutte contre la Covid 19 dont les médicaments et produits essentiels pour éviter les éventuels lenteurs administratives. Sur la base d’estimation de besoin, la PNA a acquis des médicaments et autres produits de santé destinés à la riposte, mais aussi à la prise en charge des maladies autres que la Covid. Il s’agit pour les produits de la Covid : « des consommables pour le diagnostic, des équipements de protections individuelles, des matériels et consommables de protections et les médicaments pour la prise en charge des cas simples, des cas graves et des cas sévères », a fait savoir Mme Ndiaye.
Ainsi il a fallu acquérir prés de 7 milliard 490 millions 94091 FCFA de médicaments pour faire face à la demande. Les acquisitions ont été de nature différente et au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, particulièrement dans la deuxième vague, avec des besoins spécifiques pour la prise en charge des cas graves avec notamment une forte demande en consommables des services de réanimations, masques à haute concentration, masques pour ventilation non évasif, masques à oxygène, filtres antibactériens etc.….
Toute l’acquisition des produits spécifiques à la riposte n’a pas interrompu pour autant l’approvisionnement des produits hors Covid dont les acquisitions se sont élevées pendant toute la période à 6 milliard 462 millions 95289 FCFA. Il s’agit également de produits destinés à la prise en charge des maladies, les médicaments pour le diabète, les médicaments pour le cancer, les médicaments contre les maladies cardio -vasculaires, les intrants de la dialyse et les autres médicaments essentiels. Tout ceci pour 8 milliard 372 millions 967462 FCFA.
Pour ce qui concerne la distribution en vue de garantir un accès équitable aux produits de santé sur l’ensemble du territoire, la PNA a pris toutes les dispositions logistiques nécessaires pour assurer la distribution des produits de santé au niveau des 42 centres de traitement épidémiologique hospitalier et extra hospitalier. Des hôpitaux n’ayant pas de centre de traitement épidémiologique et des régions médicales à travers les pharmacies régionales d’approvisionnement. Ainsi, près de 5 millions de masques ont été distribués, des gants, des combinaisons, des produits de protection, des thermo-flashs et des médicaments pour la prise en charge. A titre d’exemple, la PNA a distribué prés 50 mille doses d’hydroxy-chloroquine et environ 16 mille doses d’asytromicide.
La fourniture des produits de santé aux structures bénéficiaires et aux patients a été totalement gratuite et entièrement supportée par les fonds post Covid mis en place par L’Etat. Et encore, aujourd’hui, totalement gratuite aussi bien pour les structures sanitaires bénéficiaires que pour les patients. Aussi des produits de santé pour une valeur de 1milliards 400 millions ont été mis à la disposition des bénéficiaires et répartis comme suit : les structures d’aide au diagnostic ont reçu 11 millions, les 14 régions médicales 316 millions, les 42 centres de traitement épidémiologiques 683 millions, les 14 structures non érigées en centre de traitement épidémiologique à Dakar 177 millions et les 12 établissements publics de santé non érigés en centre de traitement épidémiologique (CTE).
97500 doses ont été distribuées lors du premier passage et 67 562 doses seront distribuées dans le deuxième
Au niveau des autres régions, elles ont reçu 209 millions. En dehors de la distribution des produits de santé dans le cadre des fonds de la force Covid 19, le secteur et autres structures de l’Etat ont également été approvisionnés pour un montant total de 305 millions. Dans le cadre de la vaccination, l’Etat du Sénégal a acquis au mois de février 2021, 200 mille doses de vaccin de Sinopharm et la PNA a assuré la mise en œuvre du volet logistique pour ce qui concerne les activités de réception et de stockage dans les conditions optimales de température ainsi que la distribution des vaccins dans l’ensemble du territoire national à travers les 14 régions du Sénégal dans un délai de 4 jours pour permettre le démarrage de opérations de vaccination. Ainsi 97500 doses ont été distribuées lors du premier passage et 67 562 doses seront distribuées dans le deuxième passage avec un stock de sécurité de 28938 mille doses pour permettre aux structures de santé d’administrer les premières et deuxième doses du vaccin dans un délai de 21 jours.
VIVE COLERE DU PATRONAT DU TOURISME ET DE L’HOTELLERIE
Près de 40.000 emplois perdus, 1400 entreprises du tourisme, de l’hôtellerie, du transport, de la restauration, des agences de voyages et de loueurs de véhicules en sursis. En quasi sinistré et l’aide de 50 milliards toujours attendue
Ils ne savent plus sur quels leviers s’appuyer pour sortir du marasme dans lequel est plongé secteur du Tourisme et de l’Hôtellerie. La Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (FOPITS) est en colère. Une colère exprimée de vive voix hier par Mamadou Racine Sy entouré des grosses pointures du secteur. Si l’Etat ne vient pas au secours du secteur en débloquant la bagatelle de 50 milliards de francs du Fonds de relance du tourisme promis, sous peu, près de 1400 entreprises du tourisme, de l’hôtellerie, du transport, de la restauration, des agences de voyages et de loueurs de véhicules pourraient tout simplement disparaître.
Ce scénario catastrophique ne relève guère d’une fiction puisque les dirigeants patronaux de la FOPITS sont à bout de souffle. Un désastre sans précédent mine un secteur qui jadis était d’un apport important dans l’économie de notre pays. Le tourisme et l’hôtellerie représentaient 7% du PIB et généraient environ 200.000 emplois répartis dans près de 1400 structures évoluant dans le tourisme, l’hôtellerie, les agences de voyage, la restauration, la location de véhicules. Le chiffre d’affaires du secteur avoisinait 500 milliards de frs en temps normal avec des effets de leviers sur presque tous les segments de notre économie et un impact réel sur la balance des paiements et l’emploi des jeunes. Ces secteurs avaient surtout un effet positif sur l’aménagement du pays car, partout à travers le pays, on peut trouver au moins un petit réceptif hôtelier. Hélas, ce tableau idyllique risque de s’effondrer si des mesures d’urgence ne sont pas prises par les autorités en faveur du secteur notamment le versement du soutien promis de 50 milliards de frs pour la gestion des charges et des salaires des travailleurs.
Le désastre est déjà là. Mamadou Racine Sy, Aimé Sène (Herz et Fleur de Lys), Mamadou Sow (président Syndicat patronal des agences de voyage), Boubabacar Sabaly, Ibrahima Sarr, Pathé Dia (Saly Portudal), Moussa Faye (Terrou bi), Monique Lam (Fana Hôtel), Mounina Kane Cissé (Hôtel Nina)… parlent d’un quasi sinistre. « Nous pensions que la situation provoquée par la Covid-19 allait se limiter dans le temps à partir de mars 2020. Mais nous nous sommes aperçus que la situation endémique sera un combat au long cours. Nous pensions qu’on allait sortir de l’ornière en 2021, mais il faut avouer qu’on est déjà en mars 2021, cette période de haute saison est déjà perdue. Parce qu’une saison se prépare une année à l’avance.
En outre les restrictions des déplacements entre le Sénégal et l’Europe, surtout la France notre premier marché émetteur, restent encore des coups durs pour l’industrie du tourisme. Le tourisme intérieur ne peut pas atténuer celui de l’extérieur. La relance ne pourra se faire qu’en 2023 du fait que, peut-être, à ce moment-là on aura fini d’avoir une vaccination à grande échelle » a expliqué le président de la FOPITS, Mamadou Racine Sy. « Nous vivons une situation jamais vue. Nous ne sommes pas morts, mais on ne sent plus nos pouls, nous sommes dans une mutilation de cadavres, un souffle imperceptible. Nous demandons que les mesures d’accompagnement soient prises le plus rapidement possible » ajoute-il.
40.000 emplois perdus, le ministre Alioune Sarr interpellé sur les 50 milliards de la relance
Le secteur a déjà perdu près de 40.000 emplois, souligne Mamadou Sow, vice-président de la FOPITS. « La situation est inédite, extrêmement difficile. Nous sommes presque en rupture. Dans la quasi-totalité, les 1400 structures se retrouvent avec zéro recette. Or, sur le crédit hôtelier de 15 milliards obtenu de l’Etat, 10 milliards ont été effectivement absorbés, mais ils ont suffi seulement à payer environ 3 mois de charges et de salaires qui sont réduits jusqu’à 70 %. Alors depuis Juin 2020, le patronat s’efforce à maintenir le restant des emplois en prenant en charge les salaires et charges. Ce n’est plus possible de continuer. L’Etat a fait des efforts sur l’exonération fiscale qui n’a pas pris en compte les agences de voyage, la restauration et les loueurs de véhicules, le président Macky Sall est resté à notre écoute, il avait approuvé à 100 % notre mémorandum. Il avait promis de débloquer 50 milliards de frs pour accompagner le secteur depuis lors on attend » a encore indiqué le président du Syndicat des agences de voyage, Mamadou Sow.
Le président Mamadou Racine Sy s’est voulu plus ferme. « Il faut le dire clairement, les directives du président de la République ne sont pas respectées souvent. Dans le cas de notre secteur, nous avons un problème de mise en œuvre de cette recommandation du président Macky Sall pour l’appui de 50 milliards de frs. Le problème se situe au niveau du ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr. Le processus est lent et nous risquons tout simplement de disparaître parce qu’on est à bout de souffle. Il faut que l’Etat réagisse rapidement si on ne veut pas assister à la fermeture de nos différentes structures » a martelé le patron du King Fahd, un fleuron qui a dû lui-même licencier 76 travailleurs (voir déclaration Cnts).
D’après Mamadou Racine Sy, il y a un ras-le-bol généralisé dans le milieu. « Nous restons dans la courtoisie encore, les directives du président sont claires, et nous ne comprenons pas ce blocage. La balle est dans le camp du ministre Alioune Sarr. Il est clair que nous ne saurions accepter que ces 50 milliards de frs soient partagés avec le secteur des transports aériens. La totalité de cet argent doit revenir exclusivement au tourisme et à l’hôtellerie, à la restauration, aux agences de voyage, aux loueurs de véhicules. Nous n’avons pas les mêmes cibles, ni enjeux avec les transports aériens» précise Mamadou Racine Sy en élevant la voix.
«J'AIME ME BATTRE POUR MARQUER DES BUTS»
Mbaye Diagne est déterminé à porter à bouts de bras l’attaque deWestBromwich.Recruté pour sauver les Baggies de la relégation, l’attaquant est en mission commando en Angleterre.
Arrivé à West Bromwich lors du mercato hivernal, Mbaye Diagne poursuit son adaptation en Premier League. Auteur d’un but et d’une passe décisive sous ses nouvelles couleurs, l’ancien attaquant de Galatasaray trouve du temps de jeu en Angleterre. A cet effet, il se dit confiant par rapport aux attentes du club sur sa personne.
Mbaye Diagne est déterminé à porter à bouts de bras l’attaque deWestBromwich.Recruté pour sauver les Baggies de la relégation, l’attaquant est en mission commando en Angleterre. Le Sénégalais se dit adapté à la vie en Angleterre. «Je sens que je me suis adapté à la Premier League et à l'Angleterre maintenant. C'était difficile au début pour de nombreuses raisons, notamment la conduite, la langue et un mode de vie différent. J’aime vraiment marquer des buts et aider l’équipe», a déclaré Mbaye Diagne dans le site du club. Malgré la difficulté des rencontres, l’attaquant est revenu sur le niveau de ce championnat. «La Premier League est à la hauteur de sa réputation. J'aime quand les matchs sont durs. J'aime vraiment ce championnat », a-t-il ajouté.
Revenant par ailleurs sur son premier but dans l’élite anglaise, l’attaquant de 29 ans se dit heureux d’avoir marqué contre l'une des équipes les plus célèbres du football. «J'étais vraiment heureux de marquer contre Manchester United il y a quelques semaines. J'étais vraiment content pour l'équipe d'avoir obtenu un match nul important contre une très grande équipe comme Man United », a-t-il soutenu.
Auteur déjà de six matchs, l’ancien buteur de Galatasaray se sent prêt à aider le club anglais à se maintenir en Premier League. «Je veux montrer que je peux marquer des buts contre n'importe quelle équipe. Je veux ressentir à nouveau ces sensations contre Manchester United. Si je marque des buts, j'aiderai mon équipe, ce que je veux surtout faire», a indiqué l’ancien meilleur buteur du champion turc.
Après avoir accroché Manchester United et Burnley, les Throst les ont battu Brighton (1-0). Avec cette victoire, l’ancien de Kasimpasa, ses coéquipiers commencent à retrouver de la confiance. «Avec l'équipe que nous avons en ce moment, nous sommes confiants, nous nous battons et vous pouvez le voir dans notre jeu. Toutes ces choses nous donnent la certitude que nous pouvons rester en Premier League si nous continuons à travailler dur», a affirme Mbaye Diagne.
Pour le compte de la 33ème journée, jeudi, West Brom reçoit Everton. Ainsi pour l’attaquant des Lions, l’objectif est de ramener un résultat positif. «Nous avons fait match nul contre Man United, nous avons fait match nul contre Burnley avec 10 hommes et ensuite nous avons battu Brighton. Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas y aller maintenant et obtenir un bon résultat contre Everton », a-t-il conclu.
Par Ansoumana SANE
PROFESSEURS ET SI ON PARLAIT D’ÉTAT DE DROIT ?
Votre Etat de droit est théorique et suranné, il est pur telle la morale de KANT « qui a les mains pures mais n'a pas de mains». Il est justement désincarné et abscond
Il est heureux que des intellectuels prennent la parole ou plutôt la plume pour éclairer le débat lorsque celui-ci s’enlise ou s’engouffre dans des contradictions. C’est, somme toute, leur rôle de pouvoir expertal pour ne pas « abdiquer leur responsabilité ».
Mais cet exercice délicat se réalise sous la seule réserve de partialité pour le parti de l’objectivité. Mais ne sont-ils pas, ab initio, partisans par le contexte de la publication et le choix du vocable crise d’entrée de jeu ? Plus qu’une analyse c’est d’une critique acerbe qu’il s’est agi, certes voilée d’une grandiloquence indigeste mais là n’est pas le seul problème du texte.
La vision ingénue et toute normative de l’État de droit qui est promue par ce texte sans aucune mise en perspective, sans aucune confrontation avec le réel, sans aucune compréhension des distorsions qu’un principe, une théorie subis lorsqu’ils sont confrontés à l’empirique témoigne de la totale ignorance du discours de la dimension expérientielle. Il est aisé de constater tout au long du texte les affirmations péremptoires sans détour argumentatif s’enchevêtrent pour, au final, offrir un tableau alarmiste du Sénégal qui nierait par sa pratique le sens même de l’État de droit .
Dire que « Les contestations populaires récurrentes et multiformes, sont des manifestations de la crise de l’État de droit » est méconnaitre qu’il s’agit justement là de la sève nourricière de la démocratie, l’affirmer est réfléchir à contre-courant de la pensée politique qui voit dans les contestations un marqueur de la vivacité démocratique. Les grandes évolutions sociales et politiques ne sont-elles pas filles des grandes contestations qui sont les formes nouvelles de la révolte violente et déstabilisatrice ? Au Sénégal la contestation est possible, souhaitée et encadrée. D’ailleurs quel est le pays sans « contestations populaires récurrentes et multiformes » ? Celles-ci ne révèlent pas une crise mais décrivent une normalité au sens de Durkheim.
Chers professeurs, votre Etat de droit est théorique et suranné, il est pur telle la morale de KANT « qui a les mains pures mais n'a pas de mains». Il est justement désincarné et abscond. Votre conception de l’État de droit repose sur une formidable prétention qui donnerait au Droit vocation et aptitude à contrôler entièrement l’ordre social. Ce qui n’est rien d’autre qu’une manifestation du rationalisme constructiviste cependant constamment démentie par la réalité. Elle supposerait également, pour atteindre son ambition démesurée, qu’un système juridique puisse indéfiniment se développer sans générer un état de désordre.
Dans le fond votre prétérition est sans effet, en concevant l’Etat de droit de la sorte vous faite du fétichisme juridique en ignorant que la plupart des rapports sociaux s’établissent en marge du droit. Sur l’indépendance de la justice. De qui doit-elle être indépendante ? Elle doit l’être autant du pouvoir hiérarchique que des pressions sociales, que des pouvoirs de l’argent, que des oukases d’intellectuels qui ont omis d’avoir des yeux d’avant terre. Et d’ailleurs, qu’est-ce que cette indépendance que vous appelez sans la définir ? Est-ce un principe ? Une valeur ? Une responsabilité ? Un standard ? Une garantie ? Certainement le tout à la fois. Beaucoup de questions, bien peu de réponses en définitive.
En réalité les tentatives de définitions de l'indépendance restent suffisamment générales, et généreuses, pour ne pas véritablement en saisir la substance. Au fond, un juge peut-il être indépendant par une mort en tant qu’être sensible et social pour renaitre en tant qu’être épistémique ? Que non ! Les juges américains ne sont-ils pas ouvertement conservateurs ou progressistes, nommés par le président? Sont-ils pour autant coupables de fossoyer l’État de droit ? En vertu de la section 2 de l’article 2 de la Constitution américaine, la nomination des juges de la Cour Suprême est une prérogative présidentielle, qui ne peut toutefois être exercée qu’avec le consentement du Sénat. Le choix du candidat par le Président des États-Unis est totalement discrétionnaire, aucune condition d’âge ou de qualification spécifique n’étant requise. Cette disposition ne disqualifie pas la démocratie américaine, c’est peut-être une condition de sa vitalité. Il est dans tous les cas spécieux de raisonner à coup de clichés essentialistes pour caricaturer toute une corporation.
En fait, votre texte ignore que par l’effet collatéral de pressions voire de tensions de plus en plus les magistrats, subissent sans le vouloir, une contrainte dans une société moderne devenue exigeante voire intransigeante envers eux. Ces pressions qui étaient largement politiques par le passé sont désormais, de façon grandissante, également sociales : ce n’est plus seulement le pouvoir politique qui s’immisce subrepticement dans les affaires de la Justice mais également les citoyens, les médias, les corps intermédiaires, l’opinion publique et ce, par des voies détournées mais toutes convergentes vers ce même objectif inavoué de fléchissement de la liberté dont pourraient jouir les magistrats. N’exercez-vous pas une telle pression ? Une vérité transpire du texte des 102, « l’État de droit ne s’accommode pas de la création de catégories de justiciables ».
Autrement dit être opposant n’offre pas une immunité ou un blanc-seing d’agir en toute impunité. Si tel est le cas, il n’y a ni justiciable au-dessus ou en dessous de la loi. Soit dit en passant la charte du Mandé dit aussi ceci : «Le tort demande réparation» et surtout ceci : «Chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits des lois de sa patrie» Comme vous vous piquez de comparatisme, vous devriez observer qu’un opposant promis à la présidence française a, pour des faits similaires à la cause que vous défendez de façon feutrée dans la toile de fond de votre propos, poursuivi et condamné sans que la clameur universitaire ne honnisse l’État.
L’État de droit c’est la soumission de tous aux mêmes règles, c’est aussi se garder de préjuger en organisant un pré-procès populaire pour distiller une ambiance de défiance et contribuer ainsi à rogner l’indépendance du juge. Un grief majeur qui pourrait surgir à l’encontre du texte des 102 est son absence d’ancrage propositionnel dans la ligne du mouvement général de la pensée africaine.
L’épistémè africaine n’est plus une caisse de résonnance de reliques. Il est précisément une audace de penser autrement le fait africain en sortant d’une servilité dégradante. Penser la démocratie, l’État de droit, l’indépendance de la justice, en contexte africain, par des auteurs africains, doit assumer une dose d’originalité, de sui generis qui le sort des sillons d’une pensée dominante.
Ansoumana SANE
Juriste,
Secrétaire général LAS-AIDB-SUMMA
Y EN A MARRE, PASTEF, FRAPP VOIENT LA MAIN DE LA FRANCE DERRIERE LA VAGUE DES RECENTES ARRESTATIONS
Ces trois organisations annoncent une série de manifestations à partir de vendredi afin de restaurer la démocratie, l’Etat de droit et les libertés individuelles bafouées
Derrière la vague d’arrestations d’activistes et de partisans d’Ousmane Sonko notée depuis le début de l’affaire «Sweet-Beauté», soulignent les membres de «y en a Marre», de «Frapp France-Dégage» et du Pastef, il y a la main visible de la France. Par conséquent, ces trois organisations annoncent une série de manifestations à partir de vendredi afin de restaurer la démocratie, l’Etat de droit et les libertés individuelles bafouées.
«Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, à ses droits et à ses devoirs». Membre de Frapp France-Dégage, Daouda Guèye paraphrase ainsi Jean Jacques Rousseau pour appeler à une large convergence des organisations de la société civile et des partis politiques en vue de faire face au régime de Macky Sall. En effet, les mouvements citoyens Frapp France-Dégage et Y en a Marre et le parti Pastef ont décidé d’unir leurs forces pour exiger le rétablissement de l’Etat de droit, de la démocratie mais également de la levée de la main injuste et inique de Macky Sall sur les libertés individuelles consacrées par la Constitution sénégalaise.
Pour y arriver, ils ont décidé d’organiser une série de manifestations à partir du 5 mars prochain. En attendant, Daouda Guèye et Cie qui étaient en conférence de presse hier, entendent travailler avec la société civile, les syndicats, les partis de l’opposition et également tous les citoyens pour mettre en place une large convergence. Selon Daouda Guèye, le Préfet ne peut pas leur opposer un argument pertinent en vue de fonder ses interdictions. «Dans tous les grands pays du monde, malgré la présence de la pandémie et les mesures qui accompagnent la lutte contre la maladie, des citoyens manifestent en respectant les mesures barrières. D’ailleurs, durant toutes nos marches, à chaque fois qu’il y a débordement, c’est parce que tout simplement ils ont voulu restreindre les libertés en réprimant la manifestation», clament les initiateurs de des manifestations prévues.
Prenant l’opinion à témoin, les camarades de Guy Marius Sagna, d’Aliou Sané et d’Ousmane Sonko déclarent qu’à chaque fois que les manifestations sont autorisées par l’autorité, il n’y a eu aucun débordement. Convaincus qu’il n’y a rien au-dessus de la Constitution, Daouda Guèye et ses camarades estiment que Macky Sall ne doit pas profiter de la pandémie pour restreindre les libertés. Par conséquent, ils appellent l’Etat et les forces de l’ordre à prendre toutes leurs responsabilités.
«FATIMA MBENGUE ET L’EPOUSE DE BIRAM SOULEYE DIOP ONT ETE DESHABILLEES DANS LA CAVE DU TRIBUNAL»
Revenant sur les multiples arrestations survenues ces derniers jours, les camarades de Guy Marius Sagna relèvent un projet de liquidation de toutes les forces qui luttent, à travers des rafles préventives de citoyens. «Aujourd’hui, plus de 50 personnes sont gardées à vue dans les commissariats et prisons du pays. Le comble est la fabrication de preuves pour faire porter le chapeau de ‘’mouvement d’insurrection‘’ à des militants panafricanistes pacifiques», tonnent Daouda Guèye et Cie qui révèlent que leurs camarades ont subi des abus dans les fourgonnettes de la Police. «Le Délégué Général du Frapp, Ousmane Wade,traîne même une blessure à la main. Notre camarade Fatima Mbengue et l’épouse de Biram Soulèye Diop ont été déshabillées dans la cave du tribunal.
À ces traitements inhumains et dégradants, s’ajoute l’arrestation de 17 femmes de Pastef traînées au sol par la police et mises dans une seule fourgonnette de police sans respect des mesures barrières», s’insurgent les mouvements Y en a Marre, Frapp France-Dégage et le Pastef qui appellent la Police nationale à refuser d’être utilisée dans ce vaste complot abject, ridicule et d’une légèreté scandaleuse. Ils accusent également les vigiles du Coud de «kidnapper des étudiants pour les livrer à la Police du Point E avec des substances inflammables et des armes blanches qu’ils ont eux-mêmes apportées pour faire croire» que leurs camarades se prépareraient à mener un mouvement insurrectionnel.
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OUSMANE SONKO ARRÊTÉ
L’opposant a été appréhendé par les forces de l’ordre alors que son convoi se trouvait à Mermoz. Dénonçant « une procédure expéditive », son avocat juge que les autorités "ont préféré inventer une infraction pour pouvoir le déferrer"
Convoqué par le juge d’instruction à 9 heures mercredi, l’opposant a été arrêté en début d’après-midi alors que son convoi n’avait pas encore atteint le palais de justice de Dakar.
L’opposant Ousmane Sonko a été arrêté ce mercredi par des éléments des forces de l’ordre alors que son convoi se trouvait dans le quartier de Mermoz, à Dakar, a annoncé l’un de ses avocats à Jeune Afrique. L’information a été confirmée également par un cadre du Pastef, le parti du député.
« Ousmane Sonko sera présenté devant le juge pour n’avoir pas répondu à la convocation », a affirmé l’un des membres de son équipe de défense, Me Diby Diagne, qui attendait son client devant le palais de justice. Dénonçant « une procédure expéditive », ils juge que les autorités « ont préféré inventer une infraction pour pouvoir le déferrer » au plus vite.
Le député avait quitté son domicile en début de matinée, escorté par une foule de partisans. Un important dispositif avait été déployé tôt le matin aux alentours du palais de justice. Vers 10 heures, le convoi de l’opposant a été bloqué par les autorités, et des affrontements sporadiques ont opposé pendant une partie de la journée les forces de l’ordre à des partisans de Sonko.
Accusé de viol et menaces de mort par l’employée d’un « salon de beauté » dakarois, le député a plusieurs fois changé d’avis quant à cette convocation. S’il avait dans un premier temps déclaré être prêt à répondre à la justice dès que son immunité parlementaire serait levée, il était ensuite revenu sur sa décision, arguant de l’illégalité de la procédure parlementaire.
Pour arriver aux sommets à l’oxygène rare où l’on est le patron de l’opposition, la première qualité doit être la cohérence et même l’intransigeance. Mais pour rester longtemps juché sur ces sommets, la qualité essentielle est la subtilité
Ousmane Sonko a donc déclaré ce mardi en soirée : « Nous irons répondre, écouter le juge (aujourd’hui mercredi), mais ce n’est pas une abdication ». Auparavant, le leader de Pastef, accusé de viol et menaces de morts, avait par deux ou trois fois indiqué qu’il n’irait pas répondre à la gendarmerie, puis à l’Assemblée nationale, et après la levée de son immunité parlementaire par cette dernière, qu’il ne déférerait pas à la convocation du juge d’instruction. Sonko se dédit donc finalement, mais on pourrait dire que c’est pour la bonne cause : celle de sa survie politique.
Car un refus de répondre se traduirait par son arrestation de force et sa condamnation en flagrant délit pour rébellion, avec une sanction éventuelle à 6 mois de prison le radiant des listes électorales. Sonko ne s’est pas caché derrière son petit doigt pour expliquer son retournement de boubou tout en continuant à tirer à boulets rouges sur le régime Sall et sa « justice aux ordres ». Pris en etau par la machine judiciaire, Sonko a plutôt pris en otage son guide maraboutique et les émissaires religieux qui l’ont rencontré, ses pairs de l’opposition et la société civile qui l’a aussi sollicité, pour expliquer et justifier ce qu’il qualifie de « nouvelle orientation », nouvelle stratégie pour « s’adapter aux exigences du moment de la lutte ». Il dit s’être rendu aussi « aux demandes » de ses avocats (NDLR : ses avocats lui « demandent » plutôt qu’ils ne le « conseillent », nuance…). Mais Sonko estime avoir gagné la premier manche de cette guerre politico-judiciaire, en s’attirant la sympathie de la majorité de l’opinion nationale, selon lui (90% des Sénégalais, à l’en croire).
Avec cette affaire du Sonkogate, celui qu’il faut bien qualifier de nouveau leader incontestable de l’opposition (pour combien de temps ? Cela dépend en partie de la justice!), Ousmane Sonko donc, apprend vite et bien qu’en politique, le statut d’espoir alternatif des masses vient avec une contrainte : celle qui veut que « il ne faut jamais dire jamais ». Pour arriver aux sommets à l’oxygène rare où l’on est le patron de l’opposition, la première qualité doit être la cohérence et même l’intransigeance. Mais pour rester longtemps juché sur ces sommets, la qualité essentielle est la subtilité, pour ne pas dire la ductilité : apprendre à changer de cheval pour rester dans la course. Ou à ménager sa monture. Une stratégie duale (double jeu?) que Wade a appliqué pendant ses 26 ans d’opposition de 1974 à 2000, l’usant jusqu’à la corde et arrivant à un stade où plus grand monde ne croyait vraiment à ses chances de devenir président de la république, avant la miraculeuse alternance de mars 2000 qui est le fruit d’un incroyable alignement des astres (rajeunissement du corps électoral avec inscription d’un million de jeunes dans le fichier électoral, défections de taille de grands barons dans le camp socialiste mordant dans l’électorat de celui-ci suffisamment pour le mettre en ballotage, diffusion en direct live des résultats des bureaux de vote par téléphone portable par les radios, ministre de l’intérieur apolitique , etc) dont Abdoulaye Wade avait été en capacité de toucher le jackpot uniquement parce que Wade Abdoulaye avait su continuer à se rendre indispensable comme chef de l’opposition, les grandes figures de celle-ci allant le sortir de sa préretraite politique – bouderie dans son antre-boudoir de Versailles.
Tout ceci indique que la route pourrait être longue pour Sonko et cela passe par sa wadisation : à défaut de changer de cheval, Sonko apprend au moins à ménager sa monture. Il y est bien obligé. Et comme Wade en son temps, il pourrait désormais dire, …sans nuances : « je suis un homme nuancé ». Derrière le « oui » ou le « non », il faudra toujours attendre le « mais… ».
Et c’est de bonne guerre. Dans la stratégie de tension maximale avec le pouvoir en place, c’est la responsabilité du premier opposant de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin et ne pas prendre la rue en otage au point de faire verser celle-ci dans la violence avec effusion de sang et mort d’hommes. Cest la responsabilité, au premier chef, des politiciens (et non de la presse !) de « maintenir la stabilité politique et la cohésion nationale » dont a parlé Macky Sall par deux fois en Conseil des ministres, ces deux derniers mois…pour tancer les sites d’information.
Au total, les 50 nuances de « non » dont fait preuve Ousmane Sonko dans cette affaire, où il ne cède pas un pouce du terrain de la communication politique aux tenants du pouvoir (avec des déclarations de presse quasi quotidiennes) allant jusqu’aux affirmations les plus osées (« Demandez à Macky Sall s’il connaît la masseuse Adji Sarr, il l’a reçu, selon elle ») sont le signe que même en cas de procès pénal en sa défaveur, Ousmane Sonko gardera des cartes dans sa manche pour rester (ou revenir) aux avants- postes de l’opposition en capacité d’alterner le pouvoir. Et les moindres de ces cartes ne sont pas la rue et l’opinion publique nationale et internationale. Mais ce sont des cartes qu’il faut veiller à ne pas abattre sur la table trop vite. Une table de poker où toutes les options doivent toujours être considérées, en tout temps et en tout moment. Avec sa wadisation en cours de finalisation, l’adolescence politique d’Ousmane Sonko s’achève. Il lui faudra les épaules assez larges pour être à l’aise dans ce nouveau costume grande taille. Ou ample boubou froufroutant dont il faudra sans cesse remonter le bas des manches jusqu’aux épaules, pour garder l’équilibre en situation de mouvement. Car le programme politique dégagiste de Pastef, on le connaît désormais suffisamment (quoi qu’on puisse en penser du mal et quoique le ministre de la présidence Seydou Gueye ait beau essayer, dimanche dernier, de dénier à l’opposition tout projet alternatif au PSE, « horizon indépassable » selon celui qui est par ailleurs porte-parole de l’APR). Oui, on connaît le programme à l’instar de celui de Wade qui nous engueulait durant la campagne présidentielle de 2000 (« Ne me demandez pas mon programme ! Tous les Sénégalais le connaissent !). Il reste à définitivement jauger l’homme Sonko. Et d’abord, le juger ?
LA COSYDEP APPELLE A LA PAIX ET LA SECURITE DANS L’ESPACE SCOLAIRE
Les perturbations notées ces derniers jours dans le milieu scolaire et qui sont liées à l’affaire «Sweet Beauté» ne laissent pas indifférente la Cosydep.
Consciente que l’année scolaire 2020-2021 a été frappée de plein fouet par la crise de la pandémie de coronavirus et de menace d’autres maladies contagieuses telles que la fièvre jaune et le virus Ebola, la Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l’Education Publique (Cosydep) tire la sonnette d’alarme. Elle alerte sur les risques de compromission des chances de relever le défi d’un déroulement normal des apprentissages. La Cosydep estime qu’il y a nécessité de préserver la paix et la sécurité dans l’espace scolaire.
Les perturbations notées ces derniers jours dans le milieu scolaire et qui sont liées à l’affaire «Sweet Beauté» ne laissent pas indifférente la Cosydep. Constatant des signaux annonciateurs de perturbations qui risquent de corser la situation de l’école déjà suffisamment fragilisée par les effets de la Covid-19, Cheikh Mbow et Cie appellent les acteurs à préserver la paix et la sécurité dans l’espace scolaire pour éviter d’anéantir les énormes efforts consentis pour un déroulement normal des apprentissages. «L’année 2021, marquée par l’avènement de la deuxième vague de la pandémie et la menace d’autres maladies contagieuses (fièvre jaune et virus Ebola), même s’il y a l’espoir suscité par l’arrivée des premiers vaccins, avait suscité de profondes inquiétudes sur le niveau des élèves des classes intermédiaires, posait aussi le défi du déroulement efficace des apprentissages», soutiennent-ils dans un communiqué parvenu hier à «L’As». Ils déplorent dans la même veine l’arrestation d’un enseignant à Kabrousse, en plein cours, devant ses élèves.
De tels incidents, selon Cheikh Mbow et Cie, constituent une menace réelle qui risque de compromettre les chances de relever le défi d’un déroulement normal des apprentissages. Ils manifestent ainsi leur opposition à toute forme de violation des franchises scolaires susceptible de perturber psychologiquement les apprenants, de démotiver les enseignants ou de ruiner les efforts des parents d’élèves et de la communauté éducative.
«La Cosydep condamne également toute forme de violence physique ou psychologique sur les élèves et leurs enseignants et lance un appel à l’Etat et à tous les acteurs politiques afin que l’espace scolaire soit à l’abri de toute forme d’affrontements physiques et idéologiques», ajoutent les membres de la Cosydep qui rappellent ainsi que l’école, en tant que lieu d’émergence et de réponses pertinentes face aux défis de construction d’une citoyenneté active, a davantage besoin de renforcer sa résilience ainsi que la sécurité des millions d’élèves et d’enseignants.
«C’est pourquoi, nous convions l’ensemble des acteurs à l’apaisement, à la responsabilité et à la sérénité face aux développements qui peuvent découler de cette situation, au détriment des enfants et des jeunes, notamment les plus vulnérables. Nous exhortons les autorités publiques à protéger les libertés individuelles et collectives garanties par la Constitution et à sécuriser particulièrement l’espace scolaire», indiquent Cheikh Mbow et Cie.
Ces derniers rappellent par ailleurs que les turbulences nées des crises ne doivent aucunement éluder les grands défis de l’éducation que sont, entre autres, les déficits en enseignants, en tables-bancs, en supports pédagogiques et en salles de classe ; la prise en compte des analphabètes, des exclus et des enfants vulnérables tout comme le traitement diligent de la question enseignante.