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3 juillet 2025
NDEYE ASTOU THIAM, PREMIERE FEMME CHAUFFEUR DE BUS TATA
Autrefois réservé aux hommes, le transport en commun n’est plus la chasse gardée de la gent masculine. Il tend à se féminiser puisque des femmes battantes ont fini d’investir le secteur.
Arfang Saloum SANE, (correspondant à Rufisque) |
Publication 16/02/2021
Si les femmes ont investi des secteurs autrefois typiquement masculins comme l’Armée ou la Police, elles restent encore fortement minoritaires dans certaines professions, notamment celui des transporteurs. Zoom sur une pionnière dans un secteur jusque-là exclusivement masculin. Ndèye Astou Thiam, femme de la banlieue dakaroise, fait tomber de nouvelles barrières.
Autrefois réservé aux hommes, le transport en commun n’est plus la chasse gardée de la gent masculine. Il tend à se féminiser puisque des femmes battantes ont fini d’investir le secteur. C’est le cas de Ndèye Astou Thiam vue comme la première femme à manœuvrer le volant d’un bus Tata. Pionnière dans le domaine des transports en commun, la seule femme de l’Aftu (Association pour le financement du transport urbain) arbore fièrement ce statut qui lui confère beaucoup plus de responsabilités. « C’est bien mieux que d’être serveuse à talon haut dans un restaurant ou un bar », estime d’emblée la jeune femme face à notre interpellation sur sa singulière situation.
Native de Yeumbeul (banlieue dakaroise), cette femme de taille moyenne arpente tous les matins les routes sablonneuses du quartier Cheikh pour rejoindre son poste de travail. Le regard émerveillé des autres, elle dit en avoir pris l’habitude. Pour cause, le regard « stigmatisant » de son entourage, comme de la société, l’a beaucoup aidée, insiste-t-elle, à en arriver là où elle est aujourd’hui. Elle a bravé tous les préjugés et les railleries pour se retrouver au volant de ces cars de transport en commun qui sillonnent dans tous les sens la capitale. Puis, elle a su gagner en galon et en respect dans son milieu de travail.
Mon ambition, ce n’est pas rivaliser avec les hommes
Férue de mécanique et de transport depuis sa tendre enfance, la trentenaire, mariée et mère d’un garçonnet, n’est pas entrée dans le métier par une porte dérobée. Sa situation matrimoniale ne l’empêche pas outre mesure de progresser. Permis catégorie poids lourd en poche, cette banlieusarde au physique juvénile n’a jamais voulu que les choses lui soient servies sur un plateau. Débrouillarde depuis toute petite, cette femme de son temps rit sous cape quand elle est étiquetée garçon manqué. « J’adore tout ce qui a trait à la mécanique et au transport. Toute petite, je courais derrière les voitures conduites par les dames. A défaut de pouvoir les rattraper, je suivais ces voitures du regard »,se souvient fièrement l’ancienne pensionnaire du Gie Thiaroye-Yeumbeul qui ne compte pas pour autant rivaliser avec les hommes. Des souvenirs, elle en a gardés dans un coin de sa tête. « La première fois que j’étais au volant d’un bus Tata, les clients étaient abasourdis. Certains étaient conquis à l’idée de savoir qu’il y avait une dame aux commandes. D’autres sont rassurés une fois qu’ils s’aperçoivent que la conduite respecte les normes édictées par le code de la route », confie-t-elle, ajustant d’un geste féminin, par moments, sa coiffure. « Je n’hésite pas à me retrousser les manches, de sortir les béquilles et de tourner la manivelle à cric en cas de crevaison d’un pneu », confie-t-elle, avouant au passage ne pas hésiter à poser des questions pour améliorer ses notions en mécanique.
Son assiduité au travail lui a valu de recevoir le 11 décembre 2020 le prix du meilleur chauffeur de l’Association de financement des transports urbains (Aftu). Ce jour-là, elle est montée sur les marches de la salle des fêtes de Rufisque pour recevoir sa distinction. Une première dans sa jeune carrière. Depuis lors, elle voit l’avenir en grand après le trophée qu’elle a reçu des mains de son président Fallou Samb, responsable en chef de la gare routière de Rufisque. « Cette distinction de mon syndicat constitue un réel motif d’encouragement pour moi », estime Ndèye Astou Thiam. Le 11 décembre, elle a retenu toutes les attentions lors de la cérémonie de remise de diplôme aux chauffeurs les plus assidus au volant. L’assistance n’avait d’yeux que pour elle. La consécration de la seule femme chauffeur de « Tata » avait même bousculé le protocole de l’interview des journalistes avec son patron Fallou Samb. « Arrêtez l’entretien. Il y a Ndèye Astou Thiam qui doit recevoir son attestation ! », s’était même écrié au micro le sieur Kébé l’homme à tout faire du syndicat. Une injonction qui a eu le mérite d’embarquer presque tout ce monde qui constituait peu avant le décor derrière « le chef Fallou Samb » pour le besoin des images de la télévision.
Quand l’AFTU donne l’exemple par le genre
La stigmatisation ayant cessé, la conduite des bus communément appelés Tata n’est plus une affaire réservée exclusivement aux hommes qui constituent l’écrasante majorité des chauffeurs. Cet état de fait Astou et ses camarades du syndicat n’en veulent plus. En réalité, malgré la loi sur la parité qui prescrit l’égalité professionnelle, et les discours politiques lénifiants sur l’égalité homme femme, la typologie des métiers reste encore trop souvent déterminée par le genre. Une chose que le président du syndicat professionnel des transports routiers SPTR compte déconstruire. Car, pour le président Fallou Samb, c’est notre méthode de faire dans le genre. « Nous avons décoré une des nôtres. Un chauffeur de l’Aftu. C’est normal de l’encourager et de montrer une direction pour les autres femmes. Nous aussi à notre niveau nous encourageons le genre », indique Fallou Samb trouvé dans son bureau.
Une surprise encourageante, selon le sociologue Aly Khoudia Diaw
Selon le sociologue Aly Khoudia Diaw, la conduite des véhicules de transport par les femmes est une surprise encourageante. « Ce n’est pas trop courant de voir une femme conduire et cela donne un effet de surprise. Une femme conduisant un car de transport en commun laissant son mari et ses enfants. Cela donne une image drôle parce qu’on n’imagine pas une femme au volant d’un car de transport en commun », confie notre interlocuteur qui met cet état de fait dans le cadre des progrès et de la mutation de notre société. « Aujourd’hui il est de moins en moins drôle de voir des femmes exercer des métiers qui étaient dédiés aux homme. On a vu une femme directrice de la Police nationale, elles sont dans l’Armée, elles occupent des stations ministérielles et des postes de responsabilité », a ajouté le sociologue Aly Khoudia Diaw à l’autre bout du fil. Les secteurs les plus en retard en termes de féminisation se trouvent être ceux de l’automobile et du bâtiment qui requièrent des qualités présupposées à chaque genre. Aujourd’hui, les femmes se retrouvent de plus en plus au volant des bus de transport, secteur qui était jadis l’apanage des hommes. A titre d’exemple, il y a Massata Cissé dite Mama Africa du Mali, conductrice de camion poids lourd, et la fille du conducteur Pathé Dioum qui exerce ce métier. Des dames qui ont beaucoup inspiré Ndèye Astou Thiam de la banlieue de Dakar.
DES SOCIETES DE MANUTENTION ET DE TRANSPORT MARITIME, DONT MAERSK-LINE, SUSPENDUES PAR LE TRESOR PUBLIC
Dans le cadre de ses investigations, « Le Témoin » a appris que ces transitaires, concessionnaires et commissionnaires agrées en douane sont privés de quitus fiscal et de crédit d’enlèvement puisqu’ils doivent plusieurs milliards de francs au Trésor
L’épidémie de Covid-19 frappe de plein fouet le transport maritime mondial. Au Sénégal, plusieurs entreprises nationales de transit et de manutention ainsi que des compagnies multinationales de transport international ont fait l’objet d’une suspension par le Trésor public. Parmi ces grands manutentionnaires et concessionnaires aux activités de débarquement et d’enlèvement « bloquées » figure le célèbre groupe danois Maersk-Line. Un des leaders mondiaux, si ce n’est le leader mondial du transport maritime ! « Le Témoin » a enquêté…
L’industrie mondiale du transport maritime est en train de sombrer dans les eaux pandémiques du Covid19. L’impact d’un tel naufrage est ressenti jusqu’au port de Dakar. Car, une dizaine d’entreprises nationales de transit et de manutention ainsi que des compagnies multinationales de transport maritime dont le célèbre groupe danois Maersk-Line peinent à être en règle avec le Trésor public. D’où la suspension voire le « blocage » par ce dernier de leurs opérations de débarquement, de dédouanement et d’enlèvement de conteneurs à l’importation. Bien évidemment, si le Trésor public en est arrivé à prendre cette mesure radicale, c’est parce que l’Etat a dramatiquement besoin de recettes pour financer son budget…
Dans le cadre de ses investigations, « Le Témoin » a appris que ces transitaires, concessionnaires et commissionnaires agrées en douane sont privés de quitus fiscal et de crédit d’enlèvement puisqu’ils doivent plusieurs milliards de francs au Trésor public. Surtout au titre du crédit d’enlèvement qui permet aux armateurs et déclarants en douane de débarquer ou d’enlever leurs conteneurs au fur et à mesure des vérifications et avant paiement des droits et taxes. Au 31 janvier de chaque année, rappelons-le, le Trésor public exige le renouvellement des crédits d’enlèvements pour les commissionnaires et concessionnaires ou armateurs maritimes. Cette démarche consiste à revoir si les opérations précédentes ont été effectuées dans les règles de l’art en termes de collecte des droits et taxes sur les déclarations en consommation directe et de respect des dispositions requises sur les régimes suspensifs. En plus de cela, le Trésor vérifie et veille sur la régularité des règlements en Douane.
Ainsi, tout retard de paiement, irrégularité, contentieux, fraude et manquement pourrait entraîner le blocage des activités de manutention et de dédouanement par le Trésor public. Par conséquent, il n’est pas étonnant que ça soit l’armateur qui subisse la rigueur de la loi parce que étant le dépositaire du manifeste, mais aussi le transitaire qui est tenu de respecter les procédures.
D’ailleurs, c’est en vertu de cela que depuis le 31 janvier 2021, beaucoup de commissionnaires agréés en douane et autres armateurs font l’objet d’une suspension. Certains ont pu régulariser leur situation, c’est le cas du groupe français CmaCgm qu’est leader mondial du transport maritime. Ce, contrairement à l’autre multinationale Maersk-Line qui subit toujours le « blocage ». D’ailleurs, c’est ce qui explique les milliers de containers en souffrance au port de Dakar. Cela entraîne bien sûr un retard sur paiement des droits et taxes.
Le cri de détresse des transitaires !
Le transitaire Baye Modou Lo, président de la Commission Douane et Trésor de l’Union Sénégalaise des Entreprises de Transit et Transport Agréées (Usetta), confirme les informations obtenues par « Le Témoin » avant de révéler que, depuis le 03 février 2021, des milliers de conteneurs sont bloqués au port de Dakar « parce que certains concessionnaires et transporteurs ne peuvent pas débarquer ces containers avant de les faire enlever du fait que leurs activités sont suspendues par le Trésor public » déplore-til. « D’ailleurs, permettez moi de remercier le directeur général des Douanes, le colonel Abourahmane Dièye, pour avoir accompagné les transitaires dans cette crise qui frappe le transport maritime et le secteur du transit.
Pour débloquer la situation, je lance un appel solennel au président de la République Macky Sall et au ministre de l’Economie et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, afin qu’ils interviennent auprès du Trésor public pour plus de souplesse fiscale à l’endroit des armateurs et concessionnaires. Eux seuls peuvent débloquer cette situation qui paralyse le secteur du transit. Parce que la crise qui frappe le transport maritime impacte nos activités » explique Baye Modou Lo, transitaire et membre du bureau de l’Usetta. Il est vrai que si ces compagnies multinationales de transport maritime n’arrivent pas à régulariser leur situation fiscale avec le Trésor public, c’est parce qu’elles subissent des restrictions aux déplacements.
Et les rares navires ou portes-containers qui viennent au Sénégal ne font que du service minimum sur la ligne commerciale Dakar-Guangzhou (Chine). Pire encore, ces transporteurs sont confrontés à un perpétuel phénomène de déséquilibre entre conteneurs pleins et vides sur l’axe Chine Afrique. « En Chine, il y a une pénurie de containers vides du fait de la baisse du trafic de la circulation des navires. Par exemple, la location d’un containeur vide de 40 pieds qui coûtait 800.000 cfa avant la pandémie est passée à 2 voire 3 millions cfa.
Plus grave, le conteneur peut faire 90 jours soit 03 mois entre la Chine et Dakar au lieu de 40 jours en temps normal » regrette Mb. Diop, commerçant-importateur de marchandises en provenance de Chine mais établi rue Raffenel à Dakar. C’est vrai qu’il y a une pénurie de conteneurs vides et une baisse de trafic maritime mais cela n’explique pas tout. Car l’envolée des prix de transport de la part de ces mêmes concessionnaires et armateurs tend à décourager les importateurs et commerçants sénégalais de faire des transactions vers la Chine et l’Europe. Donc le manque de conteneurs disponibles, couplé au très faible nombre de départs de navires et à la flambée du coût de transport a plombé le secteur import-export dans toutes ses composantes.
«LA GESTION EN MANQUE DE SCIENCE» DU MINISTERE DE LA SANTE DECRIEE
Des patients Covid, bien que testés négatifs au test Pcr, sont souvent positifs au scanner. Hélas, ils ne sont pas pris en compte dans les chiffres du ministère de la Santé !
Les tests positifs ne devraient pas être les seuls indicateurs du ministère de la Santé dès lors que des malades testés négatifs au Pcr, mais qui présentent des arguments clinico-radiologiques (scanner) en faveur de la covid19, ne sont pas comptabilisés dans les chiffres des autorités sanitaires. C’est l’avis de certains spécialistes de la santé qui parlent d’une « gestion en manque de science » face à un monde qui évolue sur la base de statistiques fiables.
Au Sénégal, ce sont les essais cliniques avec Pcr qui déterminent la positivité des cas de covid-19. Ces tests étant centralisés, ce sont donc les autorités sanitaires qui sont les seules habilitées à faire le comptage des cas recensés au niveau du public comme dans le privé. D’où leur litanie quotidienne consistant à informer, tous les matins, à 10 heures précises, sur le nombre de cas de patients testés positifs, les contacts-suivis, les contacts communautaires, les malades en réanimation, ou encore les décès enregistrés… la veille. Une manière de communiquer sur la pandémie qui a fini d’entrer dans les habitudes des Sénégalais. Depuis le premier cas apparu dans notre pays le 02 mars dernier, ce sont au total 31 275 cas positifs qui ont été enregistrés dont 25 635 guéris, 754 décédés, et 4885 patients encore sous traitement dans les hôpitaux ou à domicile. Sauf que les spécialistes de la santé ne sont pas d’accord avec les autorités sanitaires sur leur technique de comptage des cas.
Les tests Pcr ne devraient pas être les seuls indicateurs du ministère
D’après ces spécialistes, la stratégie ministérielle ne permettrait de pêcher qu’un tout petit nombre de cas dans l’océan des contaminés. « Les chiffres du ministère sont à prendre avec des pincettes. Ils sont en dessous du nombre de personnes infectées. On nous parle de 10 à 11 décès en moyenne par jour. Or, il y en a beaucoup plus.
D’ailleurs, le nombre important de levée de corps et d’enterrements au niveau des cimetières pourrait être un indicateur. Les tests ne sont pas fiables à cent pour cent comparés au scanner », soutient un médecin du privé qui signale que, souvent, des patients testés négatifs au Pcr se retrouvent en situation de positifs au scanner.
A en croire notre interlocuteur, le scanner permet de mieux poser le diagnostic chez un malade dont le médecin suspecte quelque chose liée à la Covid. En termes plus clairs, le scanner confirme souvent des cas là où le test a échoué. « Ce sont pourtant des malades suspectés positifs mais avec un Pcr négatif », ajoute ce médecin du privé qui reste convaincu que ces patients devaient figurer dans les chiffres du ministère parce que atteints de Covid. « Encore que parfois, ce sont des malades qui étaient déjà guéris ou qui ont la perte de l’odorat depuis plus de 6 mois. Ce qui est plus grave c’est qu’il y a des malades en réanimation qui n’ont plus le virus dans le corps. Donc, c’est des négatifs. Il y a des malades déclarés guéris et qui, deux à trois jours après, nous reviennent avec des signes de détresse. Il faut dire qu’à un moment donné, le virus n’est plus là mais il avait déjà agi négativement sur une partie du corps ».
Autrement dit, des séquelles peuvent rester après la maladie. C’est pourquoi, explique ce praticien, « personnellement, mes chiffres, ce sont les malades suspects. Parce que le scanner étant plus sensible, les tests ne sont pas fiables à cent pour cent. Par conséquent, quand il y a moins de suspects, il y aura forcément moins de cas ». Pour ce spécialiste de la santé, « la gestion de la pandémie de Covid-19 manque de science. Elle n’est pas bonne car elle est centralisée. Les médecins sont laissés à eux-mêmes avec leurs cas suspects. Il y a des mois où la contamination avait explosé, or la maladie n’était pas sévère. Lors de la première vague, on ne voyait rien, mais cela fait un à trois mois, on voit des cardiaques même chez les jeunes. Cette gestion est catastrophique et la prise en charge à domicile pose problème ».
C’est du moins le coup de gueule d’un spécialiste de la santé qui croit dur comme fer que quelque chose de bizarre se passe dans la façon de gérer l’épidémie à coronavirus au Sénégal « par des gens isolés dans les bureaux et qui racontent n’importe quoi. Au moment où ceux qui sont tout le temps sur le terrain n’ont pas droit à la parole. On ne leur tend même pas le micro », se désole-t-il. Il pense qu’ailleurs qu’au niveau de l’Iressef (Institut de recherche en santé et soins épidémiologiques), il devrait y avoir des médecins permanents pour consulter et hospitaliser des malades. Mais aussi faire des tests de diagnostic rapide sur les décès suspects pour voir si c’est des Covid post mortem.
LES 20 JEUNES MILITANTS DE PASTEF DENONCENT LES ACTES DE TORTURE DE LA POLICE
Ils n’oublieront pas de sitôt leur séjour au commissariat de Police de Dieuppeul et au commissariat Central situé au centre-ville.
Libérés après leur garde à vue dans les commissariats de police de Dieuppeul et Central, les 20 jeunes militants de Pastef, arrêtés lors des violences à la cité Keur Gorgui l’autre lundi, ont tenu un point de presse hier. But de ce face-à-face avec les journalistes : dénoncer les actes de torture dont ils ont été victimes de la part des policiers des deux commissariats.
Ils n’oublieront pas de sitôt leur séjour au commissariat de Police de Dieuppeul et au commissariat Central situé au centre-ville.
Les 20 jeunes militants de Pastef arrêtés la semaine dernière lors des affrontements survenus à la cité Keur Gorgui, où réside leur leader Ousmane Sonko, soutiennent avoir été torturés et maltraités par les policiers. Ils ont tenu un point de presse, hier, pour faire part à l’opinion des actes de torture que les policiers leur ont fait subir pendant la période de garde à vue. « Nous avons été arrêtés sans explication.
Beaucoup d’entre nous sont des maçons, des étudiants. D’autres vaquaient tranquillement à leurs occupations. On nous a conduits aux commissariats de Dieuppeul et Central. En cours de route, les policiers nous ont bastonnés. Ils nous reprochaient d’avoir incendié des voitures et brûlé des pneus et de s’être opposés à eux » a raconté d’une voix pudique Adama Diassé, un des vingt jeunes libérés. Ces jeunes militants qui ont été arrêtés avant d’être finalement libérés n’en reviennent toujours pas des actes de barbarie que les policiers leur ont fait subir. Ils ont tous nié être les auteurs des actes de violence perpétrés dans la capitale le lundi 8 février dernier.
« Personne d’entre nous n’a jeté une pierre à des policiers encore moins brulé des voitures. Une fois au commissariat de Dieuppeul, les policiers ont confisqué nos téléphones portables. Des blessés avaient besoin de soins médicaux, ils ont été laissés à eux-mêmes sans assistance. La situation était pire à la Police centrale. Là-bas, les policiers nous ont déshabillés et nous ont ordonné de passer la nuit sur les carreaux avec cette fraicheur sans se soucier si parmi nous il y avait des malades. Personne ne pouvait imaginer cette scène de violence qu’on nous a fait subir dans ces commissariats. Nous ne sommes pas des criminels pour qu’on nous traite de cette sorte. Nous n’avons créé aucune association de malfaiteurs » a soutenu l’un des jeunes manifestants libérés.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
ATTENTION AU FRONT NORD, GENERAL MACKY
Le fait que ce scandale éclate au moment précis où l'armée venait de triompher de l’hydre séparatiste en Casamance n’arrange pas les affaires du président de la République
Le président de la République peut-il avoir reconquis le Sud et perdre…le Nord ? Il s’agit d’une façon de parler, bien sûr, mais c’est tout comme. Car enfin, depuis bientôt 40 ans que les armes crépitent et que les canons tonnent en Casamance, c’est bien la première fois que l’armée nationale inflige une victoire nette et sans bavure — pas un seul mort dans ses rangs ! — à la rébellion du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC).
L’offensive menée par nos braves soldats dans le Sud du pays leur a permis de reprendre les bases de Boumane, Sikoung, Badio et Boussoloum. Des bases fortifiées, solidement défendues et considérées jusque-là comme inexpugnables par les combattants rebelles. Eh bien, il a fallu quelques jours à peine pour les en déloger sous un déluge de feu. Nos forces composées du troisième bataillon d’infanterie de Kaolack, du cinquième bataillon et, surtout, des redoutables Bat’Paras — un corps pour lequel j’ai une grande admiration sans doute parce que j’ai grandi dans un quartier situé aux environs du camp Faidherbe de Thiaroye et où, gamin, je m’émerveillais devant les sauts du lieutenant Almamy Tamba, des adjudants Mamadou Marigo, Manga, El Hadj Sarr et autres Dyna Ndiaye — nos forces, donc, composées aussi du Bataillon des commandos (le fameux Bat-Codos) — ont effectué un excellent boulot et n’ont pas fait de quartier.
Sous leurs assauts, les rebelles ont détalé comme des lapins sans demander leur reste. Cette très belle victoire de l’armée va permettre aux villageois chassés de leurs hameaux et de leurs terres depuis des décennies et errant depuis lors comme des âmes en peine entre Ziguinchor, la Gambie ou la Guinée Bissau, de rejoindre leurs hameaux et de reprendre leurs activités culturales ou de cueillette. Bref, de mener une vie normale.
Bien évidemment si nos « diambars » ont pu infliger une telle déroute aux rebelles, ils le doivent à leur professionnalisme et à leur courage. Mais pas seulement car, depuis que ce conflit de basse intensité — qui est aujourd’hui l’un des plus vieux en Afrique — a éclaté, les générations de soldats et d’officiers qui se sont succédé en Casamance depuis le magistère du président Abdou Diouf jusqu’à celui du président Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade bien sûr — ont fait preuve du même engagement, du même courage et du même professionnalisme que les troupes qui, sous le commandement du colonel Souleymane Kandé, commandant de la zone militaire de Ziguinchor, ont porté l’estocade, à la fin du mois de janvier, aux rebelles du MFDC.
Des rebelles qui, ces dernières années, ont multiplié les exactions contre les populations civiles tuant lâchement des coupeurs de bois comme à Boffa Bayotte ou torturant, voire exécutant, de pauvres dames ou des gamins inoffensifs, qui s’aventurent dans des forêts qu’ils considèrent comme leur chasse gardée. Une rébellion qui, c’est vrai, a connu une dérive maffieuse au fil des ans ses combattants ayant versé dans la culture et la vente du chanvre indien, le négoce de noix d’anacarde et le trafic de bois… Sans compter le racket sur les routes !
Armement ultrasophistiqué
Plus que le courage et l’expertise de nos soldats, toutefois, ce qui a fait la différence, cette fois-ci, c’est l’armement redoutable qu’ils ont utilisé. Un armement qui est du même niveau de sophistication que celui dont sont dotées les meilleures armées du monde. C’est que, depuis qu’il a accédé au pouvoir en 2012, le président de la République, constatant le niveau de sous-équipement inquiétant de nos forces armées, a entrepris un effort sans précédent d’équipement en leur faveur. Les traditionnelles parades du 04 avril sur le boulevard du général de Gaulle ont permis aux Sénégalais de se faire une idée de la montée en puissance de nos militaires qui, aussi bien en matière de fusils d’assaut, d’artillerie, d’avions et d’hélicoptères de combat, de drones mais aussi de vedettes a comblé son retard et se trouve désormais parmi les armées les mieux équipées du continent. Un effort herculéen a aussi été fait en matière de moyens de transport et dans le domaine logistique. Cette mise à niveau de nos troupes aussi bien en matière d’équipements et d’intendance — jusqu’au carburant ! — que d’entraînement et opérationnel était déjà effectuée sous le commandement du général de corps d’armée Mamadou Sow « Nogass » et n’a fait qu’être renforcée depuis.
Dans ces conditions, évidemment, l’armée ne pouvait faire qu’une bouchée des combattants du MFDC. Il s’y ajoute que l’environnement géopolitique a évolué favorablement pour le Sénégal et là aussi on le doit au président de la République. En débarrassant la Gambie du dictateur Yaya Jammeh et en aidant son poulain Umaru Cissokho Emballo a accéder au pouvoir en Guinée-Bissau, il créait les conditions de priver la rébellion de ses bases arrière dans ces deux pays. Ainsi devenus des poissons hors de l’eau, les rebelles n’en devenaient que plus vulnérables. Une rébellion qu’il avait d’ailleurs réduite à sa plus simple expression — ah, cette expression ! — après des négociations intelligemment menées par le biais du vieux briscard Robert Sagna. Bref, le président Macky Sall a géré de main de maître la situation en Casamance.
Au Nord, une histoire de viol mettant en cause un fils du Sud…
Et l’on ne comprend justement pas que sa brillante victoire en Casamance — au Sud donc — puisse être éclipsée voire ternie par une minable affaire de moeurs. Une affaire qui se joue au « Nord » — comme disent les Casamançais — et dont le principal protagoniste, justement, est un enfant du Sud. Oui, la région méridionale qui en a fait son champion emblématique sur le plan politique. Car, schématiquement, la (basse) Casamance n’a connu sur le plan politique que trois leaders charismatiques depuis notre Indépendance : Emile Badiane, Robert Sagna et… Ousmane Sonko. Or voilà que ce dernier, englué dans une sordide affaire de viol, se trouve aux portes de la prison ! Comme s’il y avait une sorte de malédiction — à tout le moins une main invisible — qui s’ingéniait à toujours donner aux victoires du président de la République des apparences de défaites. Car enfin, même s’il n’est pour rien dans la commission — ou le dévoilement — des faits qui valent au patron du parti Pastef-les-Patriotes de se retrouver sous la lumière des projections pour des accusations de viol —, le fait que ce scandale éclate au moment précis où il venait de triompher de l’hydre séparatiste n’arrange pas ses affaires.
Pour cause, beaucoup de gens, en Casamance en tout cas, ne manqueront pas de faire un amalgame entre ces deux faits pour se dire que, décidément, on s’acharne sur les Casaçais. Et que, de toutes façons, quoi qu’ils fassent et feront, la seule réponse à laquelle ils ont ou auront droit c’est celle des armes ou de la chicote ! Une réponse de la même eau que celle servie par l’alors ministre de l’Intérieur Français, François Mitterrand qui, en 1954, lorsqu’ont éclaté ce qu’on appelait alors pudiquement « les événements d’Alger », avait dit que la seule réponse que la France avait pour les Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem et autres c’étaient les armes. Les Casamançais entrent en rébellion armée ? On les mate à l’artillerie lourde ! Ils choisissent de s’engager en politique et de jouer le jeu des institutions comme Sonko ? On les jette en prison ! C’est cet amalgame qu’il faut éviter de laisser prospérer.
Certes, dans cette vilaine affaire, Ousmane Sonko s’est tiré une balle dans le pied pour ne pas dire qu’il a tiré un mauvais coup (sans jeu de mots !) — car, après les accusations de viol portées par une masseuse d’un salon à l’image assez sulfureuse, c’est son image d’homme politique vêtu de probité candide et de lin blanc qui est bien entachée. Lui qui surfait sur une image de vertu et de bon musulman, voire de père de famille exemplaire, se retrouver dans une situation où son sperme est au centre de toutes les conversations, c’est assurément le plus rude coup qui puisse lui être porté. Lui qui avait bâti son fond de commerce sur l’intégrité par opposition au système « pourri ». Sur une image de « monsieur propre » et d’homme politique vertueux tout simplement. Car même si les circonstances des « viols » qu’aurait subis cette jeune fille sont assez rocambolesques pour ne pas dire plus — personnellement je ne crois pas à cette thèse du viol et notre journal avait mis en garde dès janvier 2020 contre toutes ces accusations imaginaires qui ne manqueraient pas de survenir après la criminalisation de cette pratique —, je ne jurerais pas qu’il n’y a pas eu de rapports sexuels entre la petite Adji Sarr et l’islamiste Ousmane Sonko. Comme quoi, les barbus sont des « kaccoor » comme vous et moi et aiment les belles choses ! Pour autant, je pense que rien que le discrédit porté à sa réputation et les pertes en termes électoraux que cette affaire lui portera suffisent comme châtiment pour Ousmane Sonko. Le tribunal de sa conscience vaudra toutes les cours de justice du monde ! Un peu comme l’œil de Caïn, les accusations de la masseuse du salon « Sweet Beauty » le hanteront sans doute nuit et jour.
Par conséquent, point besoin d’en rajouter et de le jeter en prison. En tout cas, le président de la République n’a vraiment pas intérêt à le faire. Car, en plus d’être taxé d’anti-Casamançais, on ne manquerait pas de l’accuser de s’acharner sur l’opposition ! Une opposition qu’il avait promis de réduire à sa plus simple expression… De fait, après avoir emprisonné Karim Wade et Khalifa Sall, mettre en prison Ousmane Sonko, actuel chef de l’opposition après le ralliement de M. Idrissa Seck, ne peut évidemment pas ne pas être classé dans ce registre de la persécution de l’opposition ! Où l’on retombe du Sud au Nord.
«LA DICTATURE NE RAMPE PLUS, ELLE EST MAINTENANT DEBOUT»
«Faire face !» L’alerte est sonnée par Guy Marius Sagna.
Le chef de file du mouvement citoyen Frapp France-Dégage dénonce avec la dernière énergie les arrestations du coordonnateur de Pastef Dakar, Abass Fall et de l’activiste Fatima Mbengue. Selon Guy Marius Sagna qui participait hier à une conférence de presse organisée au siège de Frapp, le Sénégal a basculé dans un régime dictatorial.
«Faire face !» L’alerte est sonnée par Guy Marius Sagna. Selon l’activiste, les derniers évènements politico-judiciaires notamment les arrestations des proches d’Ousmane Sonko qui fait l’objet de graves accusations de viols répétés et de menaces de mort et des militants citoyens comme Karim Xrum Xax et Fatima Mbengue témoignent de l’avènement de la dictature au Sénégal. «Abass Fall a été arrêté par la Division des Investigations Criminelles en compagnie de notre camarade Fatima Mbengue. Cette dernière est libre, mais le coordonnateur de Pastef reste toujours entre les mains de la Police. Il y avait un processus de dictature rampante au Sénégal, mais au vu des dernières informations, nous sommes dans une dictature debout», a martelé Guy Marius Sagna qui exige la libération immédiate des 27 personnes arrêtés dont 8 à Ziguinchor dans le cadre des manifestations de soutien à Ousmane Sonko. Sur un autre registre, l’activiste a tiré à boulets rouges sur les forces de l’ordre qu’il accuse d’avoir torturé et violenté des manifestants au commissariat Central de Dakar et à la police de Dieuppeul.
Face à ces bavures policières, il a décidé de déposer des lettres de protestation au commissariat Central et à celui de Dieuppeul dans les jours à venir. «Ces violences policières ne nous émeuvent pas. Ce qui est en cours ce n’est pas dirigé contre le Pastef, mais plutôt contre notre liberté. Macky Sall a une liste de noms. Et il se dit que si le pays doit bouger, il y a des gens sur lesquels il faut mettre la main. Mais pour éviter que le pays ne bouge, il faut que le Président Macky Sall mette un terme à sa cabale bassement politicienne qu’il est en train de mener», tonne Guy Marius Sagna qui accuse la Police de chercher un bouc émissaire pour lui imputer la destruction des biens d’autrui.
Dénonçant par ailleurs la manipulation des sentiments religieux, ethniques et confrériques dans le milieu de la Police, il déclare : «Nous savons tous que lutter contre la pauvreté est plus facile que libérer un pays d’un conflit ethnico-religieux. Les histoires de religions, d’ethnies et de confréries sont des matières inflammables qui ont brûlé beaucoup de pays comme le Rwanda. Nous ne souhaitons pas que ce pays puisse être incendié du fait d’un comploteur qui ne vise qu’une seule chose : avoir un troisième mandat et écarter des adversaires politiques». Aussi, appelle-t-il le Président Macky Sall à la responsabilité et à mettre un terme aux pratiques ignobles des forces de défense et de sécurité.
EL HADJI LOUM ET ADAMA DIASSY PARLENT DE LEUR DIFFICILE DETENTION
Face à la presse, El Hadji Loum et Adama Diassy, qui font partie de la quarantaine de jeunes arrêtés par la police lors des éclatement intervenus le 8 février dernier devant le domicile du leader du Pastef Ousmane Sonko, ont relaté les conditions inhumaines de leur garde-à-vue au Commissariat Central et au commissariat de Dieuppeul. «Nous avons été torturés par la Police. Lorsque les forces de l’ordre nous ont arrêtés, elles nous ont demandé de quelles ethnies. Nous n’avions jamais cru que cela existait dans pays. Nous avons été maltraités au commissariat de Dieuppeul.
Pire, dans ce contexte de crise sanitaire, les forces de l’ordre n’ont rien fait pour nous protéger du coronavirus au niveau du commissariat. Il n’y avait même pas de masques. La majeure partie des gens qui sont libérés sont malades», soupire El Hadji Loum. Après avoir abondé dans le même sens, Adama Diassy soutient que la qu’ils ont été arrêtés sans aucune explication. « Beaucoup d’entre nous sont des maçons ou des étudiants. La police nous a accusés d’avoir caillassé et mis le feu sur des voitures d’autrui. Beaucoup d’entre nous ont perdu leurs téléphones au commissariat de Dieuppeul. Au Commissariat Central, c’était pire. On nous a déshabillés et forcés à dormir à même les carreaux. Nous ne sommes pas des malfaiteurs», se plaint-il.
LES AVOCATS DE SONKO VILIPENDENT LE PROCUREUR SERIGNE BASSIROU GUEYE
Les membres du collectif des avocats du député et leader du Pastef Ousmane Sonko ne décolèrent pas contre le procureur de la République. Ils dénoncent la manière du procureur Serigne Bassirou Guèye de diligenter l’affaire du viol présumé sur Adji Sarr.
La procédure de levée de l’immunité parlementaire du député du Pastef Ousmane Sonko est entachée d’irrégularités, selon ses avocats. Ils se désolent entre autres du fait que c’est la première fois dans l’histoire judiciaire du Sénégal qu’un réquisitoire soit pris contre X sans que le juge d’instruction n’ait pris aucun acte et que l’Assemblée nationale soit saisie pour la levée de l’immunité parlementaire de X , identifié avant l’heure comme étant Ousmane Sonko.
Les membres du collectif des avocats du député et leader du Pastef Ousmane Sonko ne décolèrent pas contre le procureur de la République. Ils dénoncent la manière du procureur Serigne Bassirou Guèye de diligenter l’affaire du viol présumé sur Adji Sarr. Et ils ont tenu à le faire savoir à haute et intelligible voix.
Dans une lettre adressée au procureur Serigne Bassirou Guèye, Mes Bamba Cissé, Khoureyssi Ba, Demba Ciré Bathily, Ciré Clédor Ly et Cie ont relevé qu’un avocat et un médecin ont été cités dans la procédure judiciaire qui laisse entrevoir un complot ourdi contre leur client. «L’enquête diligentée par la Section de Recherche bien que révélant qu’un avocat et un médecin ont été cités pour faciliter le déplacement de la plaignante à l’heure du couvre-feu n’a pas été poursuivie», s’insurgent les robes noires. Et d’ajouter dans leur missive : «Ce qui est une curiosité, car le numéro de la personne ayant cité l’avocat et le médecin est connu des enquêteurs».
Tirant à boulets rouges sur le procureur de la République, les conseils de Sonko soutiennent avoir appris que, suite à un rejet par le bureau de l’Assemblée nationale de sa saisine par le juge d’instruction du huitième cabinet, le procureur de la République a diligenté une nouvelle saisine. «Le tout malgré l’existence d’un réquisitoire contre X qui vous dessaisit en vertu de la saisine In rem du juge d’instruction du huitième cabinet qui avait déjà saisi l’Assemblée nationale», lancent les avocats à l’endroit de Serigne Bassirou Guèye.
Et les avocats de lâcher une nouvelle bombe en révélant que le réquisitoire contre X a fait l’objet d’un retrait. «Ce qui serait une violation de la loi, en l’état de l’ouverture d’une information judiciaire sur la base du premier réquisitoire du juge d’instruction du huitième cabinet qui avait déjà saisi l’Assemblée nationale», martèlent Me Bamba Cie et Cie qui soulignent que c’est la première fois dans l’histoire judicaire du Sénégal qu’un réquisitoire contre X est pris sans que le juge d’instruction n’ait pris aucun acte. «Ce dernier s’est attelé à saisir l’Assemblée nationale pour une levée de l’immunité parlementaire de X, identifié avant l’heure comme étant Ousmane Sonko. Le tout à une vitesse de météore», fulminent-ils dans la lettre adressée à Serigne Bassirou Guèye.
«L’IMMUNITE PARLEMENTAIRE DE SONKO NE PEUT ETRE LEVEE SI LA PLAINTE VISE X»
Me Abdoulaye Babou se veut formel. La procédure visant la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef n’est pas fondée si la plainte dans l’affaire Adji Sarr vise X
Me Abdoulaye Babou se veut formel. La procédure visant la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko n’est pas fondée si la plainte dans l’affaire Adji Sarr vise X.
Accusé de viols et de menaces de mort par la jeune masseuse Adji Sarr, le patron du parti «Pastef les Patriotes» pourrait voir la procédure visant à lever son immunité parlementaire par l’Assemblée Nationale, stoppée purement et simplement.
En tout cas, l’avocat Me Abdoulaye Babou estime que cette procédure ne se justifie plus. «Si c’est vrai que la plainte vise X, dans ce cas, personne n’a le droit de lever l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. C’est uniquement parce que Ousmane Sonko, en tant que député du peuple, est incriminé dans cette affaire que la procédure visant à lever son immunité parlementaire a été enclenchée», affirme l’ancien député de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp).
Poussant plus loin son argumentaire, Me Abdoulaye Babou affirme : «Il faut d’abord qu’il soit directement et personnellement accusé de quelque chose, et que le procureur de la République sollicite la levée de son immunité parlementaire par une demande à l’Assemblée nationale. Et même dans cas de figure, deux schémas sont possibles. Soit le dossier est orienté vers une enquête préliminaire, ou bien vers le flagrant délit. Maintenant s’il est vrai, comme nous l’avons appris avec les derniers développements dans cette affaire, que la plainte en question est déposée contre X, alors ne peut lever l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko».
MAME DIARRA FAM INSULTE UN DE SES COLLEGUES
Le processus de désignation des membres de la commission ad hoc qui doivent prendre en charge la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko n’a pas été un long fleuve tranquille
Le processus de désignation des membres de la commission ad hoc qui doivent prendre en charge la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko n’a pas été un long fleuve tranquille. Les débats ont été très houleux avec notamment Mame Diarra Fam qui a insulté un de ses collègues de Benno.
L’accouchement s’annonce difficile en ce qui concerne le dossier de l’opposant Osmane Sonko, accusé de viols et de menaces de mort par la masseuse Adji Sarr. En atteste la journée d’hier où il était question pour la commission des Lois de l’Assemblée nationale de statuer sur la commission ad hoc devant prendre le relais dans le cadre de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef. Au moment où ses partisans comme les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) faisaient face à la police, les députés du pouvoir et de l’opposition se crêpaient le chignon au sein de l’Hémicycle.
Selon des informations de «L’As», la tension était à son paroxysme. Tout a commencé, d’après notre source, quand le président du groupe parlementaire «Liberté et démocratie», Serigne cheikh Barra Dolly Mbacké a pris la parole pour dire que la vocation de la commission des Lois n’est pas de lever l’immunité parlementaire d’un député. En effet, sidéré par les propos du partisan d’Abdoulaye Wade, le député de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) Boubacar Biaye, l’a interrompu pour lui signifier qu’il ne sait pas de quoi il parle. Une attitude du responsable de l’Alliance pour la République (Apr) qui n’a pas plu à Mame Diarra Fam du Parti démocratique sénégalais (PDS).
Selon un témoin des faits, cette dernière a carrément insulté Boubacar Biaye de mère. Une vive tension éclaté. Heureusement, leurs collègues ont fini par apaiser la situation. Ainsi, les parlementaires ont poursuivi leurs travaux dans la tranquillité jusqu’au moment du choix du député qui doit représenter les non-inscrits au sein de la commission ad hoc. En effet, les députés non-inscrits désignent chaque mois un coordonnateur et c’est sur cette base que Ndèye Fatou Ndiaye du parti Rewmi, désignée comme coordonnatrice pour le mois de février, a voulu s’autoproclamer la représentante des députés non-inscrits dans la commission.
Estimant que le coordonnateur du mois à la réunion des présidents ne peut et ne saurait s’auto-désigner sans l’accord des non-inscrits, Aïda Mbodj a fait savoir à sa collègue qu’un représentant à une commission ad hoc n’a rien à voir avec le président du mois. Après un débat houleux, le choix de la partisane d’Idrissa Seck a été validée, mais selon certaines informations, les non-inscrits ont finalement désigné Cheikh Bamba Dièye.
Lors de la réunion de la commission des Lois de l’Assemblée nationale hier, seuls les 20 membres de ladite commission sur les 30 ont été autorisés à prendre part à la rencontre, pour répondre aux exigences du respect des mesures barrières édictées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Parmi les 11 députés qui composent la commission ad hoc, 8 sont de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY), 2 sont de l’opposition et le dernier appartient aux non-inscrits.
La majorité est représentée par Dié Mandiaye Ba, Mame Bounama Sall, Adji Mbergane Kanouté, Aymérou Gningue, Mously Diakhaté, Pape Sagna Mbaye, Pape Birame Touré et Demba Babel Sow et Woury Bailo Diallo. Selon nos informations, l’opposition a choisi Moustapha Guirassy et Serigne cheikh Barra Dolly Mbacké. Les membres de la commission ad hoc vont être installés aujourd’hui par le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse.
Une fois installée, la commission va convoquer Ousmane Sonko pour l’entendre. Si le député décide de répondre favorablement à la convocation, il peut être accompagné d’un avocat ou d’un parlementaire. Toutefois, s’il décide de ne pas y déférer, la commission établira quand même son rapport qu’elle va envoyer en plénière samedi prochain, date à laquelle les députés devraient voter la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Réagissant, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakar (BBY), Aymérou Gnigue, a fait savoir que la commission ad hoc n’est pas là pour juger, mais pour faire respecter le règlement.
«EN DIVULGUANT SON DOSSIER MEDICAL, SONKO A CHOISI LE MOINDRE MAL»
Pour Brahima Bakhoum, journaliste formateur et analyste politique, Ousmane Sonko est entre deux feux
«Il faut mettre en balance deux choses. La première, c’est d’être reconnu coupable de viol au Sénégal avec la loi qui prévoit une peine de prison de longue durée. L’autre partie, c’est d’exposer son bulletin médical pour dire voici pourquoi j’étais là ou alors laisser en l’état en disant : «Je protège ma vie privée», quitte alors à se retrouver devant le juge et risquer ou alors la prison ou au moins une fin de carrière politique.
Ousmane Sonko est entre deux feux. Il y a ici un feu qui vient de prendre et là il y a un risque de brasier. Alors, il a à choisir. S’il expose son bulletin de santé en fonction de la pathologie, même là il pourrait se retrouver à devoir justifier aux Sénégalais tant qu’il mesure pouvoir exercer une législature suprême, s’il sait qu’il est malade et que probablement il ne peut pas tenir longtemps.
Alors que les Sénégalais ont besoin d’un président solide. Il se trouve que, dans ce cas-ci, le mal dont il est question n’est pas particulièrement handicapant, pour quelqu’un qui veut être président de la République. Il y a des pathologies handicapantes, si c’était le cas on aurait pu considérer qu’il n’a pas été particulièrement bien inspiré d’exposer cela sur la place publique. Mais si effectivement, on estime que cette maladie ne peut pas empêcher quelqu’un de fonctionner, évidemment il a beau jeu de dire les raisons de sa présence dans ce salon, de nous donner l’historique de la maladie et de nous dire exactement les étapes par lesquelles il est passé pour en arriver là. A ce moment-là, on peut accepter et on peut comprendre.
L’autre aspect, c’est qu’il laisse passer, avec les risques qu’on puisse dire voilà, il a fait ceci, c’est un violeur. S’il fait cela, même si demain cela ne l’empêche pas d’être Président de la République, il va perdre l’estime des Sénégalais. Sur la base de cela donc, il a choisi le moindre mal»