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28 juin 2025
LES CHIFFRES EFFARANTS DU VIOL AU SÉNÉGAL
En une année de criminalisation, 414 procédures de viol ont été enclenchées dans 12 des 14 tribunaux de grande instance du pays. Si on les compare avec les années précédentes, le viol, malgré la criminalisation, est en hausse
T. Marie Louise N. Cissé, Pape Ousseynou Diallo, Bernadette Sène et Abdou Mbodj |
Publication 24/12/2020
En une année de criminalisation, 414 procédures de viol ont été enclenchées dans 12 des 14 tribunaux de grande instance du pays. Si on les compare avec les années précédentes, le viol, malgré la criminalisation, est en hausse. Au cours de l’année judiciaire, 565 cas d’infractions à caractère sexuel (viol, attentat à la pudeur…) alors que pour cette première année civile de la criminalisation, 414 affaires de viol ont été répertoriées.
Dakar - 102 dossiers avec 108 inculpés dont 2 mineurs…
Dakar bat le record. Des 12 tribunaux de grande instance étudiés (hormis Saint-Louis et Fatick), celui de Dakar vient en tête. Du 04 février au 17 décembre, 102 dossiers ont été confiés aux 10 cabinets d’instruction. 11 viols sur mineures de moins de 13 ans, 61 affaires, impliquant des mineurs de 13 ans ou plus, gardent en prison des détenus accusés de viol, de pédophilie, de détournement de mineurs, de tentative de viol, parfois accompagnés de séquestration de proxénétisme, de corruption de mineurs, charlatanisme entre autres infractions. 5 affaires d’actes contre-nature, dont l’un est commis par un mineur, 2 viols collectifs, 4 dossiers de viol sur des personnes vulnérables en raison de leur santé, 4 dossiers de viol sur mineurs par une personne ayant autorité sur la victime (avec dans certains dossiers, les infractions de coups et blessures volontaires avec Itt de 21 jours, enregistrement d’images à caractères pornographiques) sont décomptés. A noter que 18 affaires, dont les victimes sont des majeures ayant, selon l’accusation, subies un viol ou une tentative, parfois avec séquestration, diffusion de données personnels, association de malfaiteurs, traite de personnes en réunion, usurpation de fonction, vol… figurent sur la liste. Des mis en cause sont aussi inculpés de complicité de viol.
Thiès - 48 dossiers, 13 viols sur mineurs…
De janvier à décembre 2020, la capitale du Rail totalise 48 dossiers. Avec le cas d’association de malfaiteurs, enlèvement de mineure, viol collectif sur une mineure de moins de 13 ans, pédophilie et détournement de mineure enregistré, le nombre de mis en cause est de 49. 10 dossiers de viol, pédophilie et détournement de mineure, sur une mineure de moins de 13 ans. 13 dossiers de viol sur mineurs, pédophilie, 1 viol et détournement de mineures, 1 viol, pédophilie, 2 dossiers de pédophilie, attentat à la pudeur avec violence sur une mineure de moins de 13 ans, détournement de mineure. 10 personnes sont inculpées de tentative de viol sur mineure, 1 dossier de tentative de viol, vol commis la nuit, 3 dossiers de viol et d’actes contre-nature, 1 cas de viol et vol, et mise ne danger de la vie d’autrui, 3 dossiers de viol, acte contre-nature, évasion par violence ou bris de prison, 2 affaires de viol, pédophilie par une personne ayant autorité sur la mineure et détournement de mineures.
Pikine - 45 cas de viol dont 18 victimes de moins de 13 ans
Du 06 février 2020 au 03 novembre 2020, 45 dossiers de viol impliquant 54 mis en cause sont décomptés au Tribunal de grande instance (Tgi) de Pikine. Des viols supposés commis par des personnes ayant ascendance sur une personne (papa, oncle, grand-père…), des personnes ayant autorités sur la victime (tuteur, enseignant…) des viols sur des personnes souffrant de troubles mentaux, des viols multiples, des viols sur des garçons… De ces 45 dossiers, figurent : 18 cas de viol sur des mineurs de moins de 13 ans, 1 affaire de viol collectif, 5 cas de viol sur une personne vulnérable, souffrant de troubles psychiatriques, 4 affaires d’actes contre-nature, 1 cas de viol commis par un ascendant, 1 cas de viol sur une personne ayant autorité sur la victime. Le reste, ce sont des cas de viol sans ces circonstances aggravantes. Dans certains dossiers, il y a des faits d’association de malfaiteurs, de vol, d’avortement, de pédophilie, de complicité de viol, de détournement de mineure. Au banc des accusés, figurent des habitants de Golf Sud (2) Keur Massar (3) Yeumbeul (2), Malika (2), Wakhiname (6), Thiaroye (3), Guinaw-rails (3), Guédiawaye (3), Sicap-Mbao entre autres localités.
Diourbel - 41 cas de viol, 2 accusés condamnés à 10 ans…
Des deux cabinets d’instruction de la ville Diourbel, 41 cas de viol a été décomptés à la date du 07 novembre 2020. 23 dossiers au premier cabinet et 18 au niveau du second. De ces trois dossiers, trois ont été traités en chambre criminelle. Les deux accusés ont été condamnés à une peine de 10 ans de travaux forcés. Quant au troisième, les faits ont été disqualifiés en attendant à la pudeur et il a écopé d’une peine ferme de deux (2) ans. A noter que dans certains dossiers, il n’y a pas seulement les infractions de viol, pédophilie et détournement de mineures. Des faits d’association de malfaiteurs et de vol en réunion y figurent aussi.
Ziguinchor- 37 affaires, des «victimes» de 3 et 6 ans
Du 16 janvier au 27 novembre 2020, la capitale du Sud a enregistré 37 dossiers de viol dont les deux ont été traités en flagrants délits, car antérieurs à la loi. 16 inculpés, dont les dossiers sont pendants devant la Justice, sont poursuivis de viol sur mineures de moins de 13 ans et (ou) pédophilie et détournement de mineurs. Un 17e dossier, concernant les mineures en dessous de 13 ans, traite d’une tentative de viol. Parmi les victimes, figurent deux enfants de 3 et 6 ans. Des victimes, figurent également celles dont le bourreau a une autorité sur elle ou est son ascendant (papa, grand-père…). Aussi, compte-t-on quatre (4) dossiers de viol sur une personne particulièrement vulnérable en raison de son état de santé. Dans un de ces dossiers, des circonstances aggravantes comme la complicité d’avortement, le charlatanisme, la provocation à l’avortement, ont été retenues. Un (1) viol sur une personne particulièrement vulnérable en raison de son état de grossesse. Dans ce lot de 37 dossiers, figurent 3 traitant d’affaires complexes. Une tentative de viol, injures publiques, menaces de mort sans ordre ni condition, détention d’arme de la 5e catégorie sans autorisation administrative. Une autre d’association de malfaiteurs de séquestration, complicité de séquestration, détournement de mineure, de viol sur mineure. Et un dernier de pédophilie, d’acte contre-nature sur un mineur, tentative de viol. Il y a aussi des dossiers de viol avec corruption de mineures, détournement de mineures, pédophilie, extorsion de fonds. Des mis en cause, deux sont sous contrôle judiciaire. Et deux, après identification, ont été arrêtés suite à un mandat d’arrêt.
Mbour - 21 dossiers, dont 2 classés sans suite
La Petite Côte n’est pas à la traîne par rapport au crime de viol. 21 cas de viol ont été retenus et portés à l’attention du Procureur. Un chiffre décompté du 27 janvier au 16 décembre. De ses mis en cause, deux (2) ont la chance d’être blanchi. Le juge d’instruction, qui n’a pas pu asseoir la culpabilité à l’ouverture de l’information judiciaire, a classé deux dossiers sans suite. Les dix-neuf (19) autres, toujours en instruction, attendent la fin de l’information pour savoir le sort qui leur sera réservé.
Kolda - 13 cas de viol dont 4 mineurs mis en cause
Ville située sur la haute Casamance, Kolda a, du 02 janvier au 30 novembre 2020, enregistré 13 affaires de viol, 1 tentative de viol, 7 attentats à la pudeur. Des 3 procédures enclenchées avant l’application de la loi, deux (2) des mis en cause ont été relaxés. L’autre a pris (2) ans de prison ferme. Les «victimes» mineures de moins de 13 ans sont au nombre de 8 et sont âgés de 5 à 12 ans. 5 ont 13 ans, 2 ont 14 ans, 2 autres ont 15 et 16 ans. Les autres victimes ont 20, 25, 35 et 36 ans. Deux mineurs sont mis en cause pour attentat à la pudeur. L’un a été relaxé, l’autre est sous contrôle judiciaire et confié à l’Aemo de Kolda. Deux autres, seulement âgés de 17 ans, sont en instruction. L’un pour viol, l’autre pour tentative de viol.
Kédougou - 13 dossiers, seuls 3 sont en instruction
A Kédougou, 13 dossiers de mœurs sont présentés à l’attention du Procureur, de janvier à décembre. Seuls 3 font l’objet d’une instruction. Les 10 autres sont traités en flagrants délits et 6 ont été jugés. De ses affaires, on décompte deux affaires de complicité de détournement de mineure sans fraude ni violence, 1 tentative de viol, pédophilie et détournement de mineur, 1 viol sur mineure, détournement de mineure avec fraude et attentat à la pudeur (instruction), 1 viol et complicité de viol (instruction), 4 histoires d’attentat à la pudeur en flagrant délit, 1 pédophilie, 1 proxénétisme, 1 acte contre-nature (viol) sur mineur.
Matam - 7 cas de viol, les «bourreaux» inactifs durant 7 mois
Matam reste un cas particulier. Des chiffres obtenus par L’Observateur, le viol a été inactif dans la région durant plusieurs mois. De janvier à décembre, seuls 7 cas ont été portés à l’attention du Procureur. De janvier à mars, 3 cas ont été enregistrés, dont 1 par mois. En avril et mai, il n’y a pas eu de cas. Trois affaires en juin et un cas en juillet. Du mois d’août à décembre, aucun cas n’est enregistré. Des cas répertoriés, un a été réglé en flagrants délits avec une relaxe pour le viol et une condamnation à deux ans de prison ferme pour pédophilie. Deux viols sont sur des mineures de moins de 13 ans.
Selon les chiffres tirés d’une enquête menée depuis le début de la criminalisation du délit, 32 affaires de viol, pédophilie et détournement de mineure sont actuellement à la table du magistrat en charge de les instruire. Parmi les victimes, figurent trois (3) élèves âgées de moins de seize (16) ans. Deux (2) maîtres coraniques sont parmi les accusés.
Kaolack - 25 dossiers en instruction
Depuis le début de la criminalisation du viol, les dossiers, à l’image de tous les tribunaux du Sénégal, font l’objet d’une information judiciaire. Interrogé, le substitut du Procureur, Abdoulaye Diagne Guèye, du Tribunal de grande instance de Kaolack a donné les chiffres de l’année. A la date du 04 décembre 2020, 25 affaires de viol sont pendantes en instruction. Un chiffre alarmant qui renseigne à suffisance sur la recrudescence de ce phénomène dans la capitale du Saloum.
Louga - 22 cas de viol, un accusé jugé et relaxé faute de preuves
Au Ndiambour, 22 dossiers ont atterri à la table du Procureur près le Tribunal de grande instance de Louga. Ces affaires sont toutes confiées au juge d’instruction en charge de l’enquête. Sur ces 22 dossiers (dont un acte contre-nature) répertoriés, un seul a été enrôlé par le tribunal correctionnel. Enclenché avant la procédure, le mis en cause a été jugé en octobre dernier en flagrants délits. Accusé d’avoir violé sa nièce (une divorcée de 20 ans), il a été finalement relaxé faute de preuves suffisantes. Un autre justiciable, inculpé pour ce même délit a bénéficié d’une liberté provisoire.
par Cheikh Tidiane Dièye
COMMENT L'INCOMPÉTENCE DU GOUVERNEMENT NOUS MET EN DANGER
L’explosion du puits de gaz naturel SA2, l’un des 16 puits exploités depuis le milieu des années 2000 par la Société Forteza et Petrosen, vient nous rappeler que le manque de rigueur de notre gouvernement pourrait nous valoir les plus grandes désillusions
Au moment où le Sénégal se prépare à faire sa rentrée dans l’ère de l’économie pétrolière et gazière, l’explosion du puits de gaz naturel SA2, l’un des 16 puits exploités depuis le milieu des années 2000 par la Société Forteza et Petrosen, vient nous rappeler que l’incompétence et le manque de rigueur de notre gouvernement pourrait nous valoir les plus grandes désillusions et, pire, nous mettre en danger.
Arrivés sur les lieux de l’accident, le Ministre de l’environnement comme celui du pétrole, ont montré, si non leur manque de maitrise de ces sujets complexes, au moins leur manque de transparence puisqu’ils ont cherché à détourner notre attention du vrai problème. En effet, l’un et l’autre ont évoqué le fait que « le plan de gestion environnemental devrait être passé en revue afin de mieux accompagner la gestion de ces sites qui peuvent être considérés comme dangereux »
Il ne s’agit pas ici de plan de gestion environnemental ni d’étude d’impact. La vraie question, la seule, est celle de savoir si la Société Forteza, qui exploite ce site, a mis en place un Plan d’Opération Interne (POI) conformément aux dispositions de l’Arrêté Interministériel N 4862 du 14 Juillet 1999 « rendant obligatoire l’établissement d’un Plan d’Opération Interne dans certains établissements classés et d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI) dans les Collectivités Locales présentant à l’intérieur de leur périmètre territorial des installations classés soumis à l’élaboration d’un POI ».
Aucune société intervenant dans ces domaines dits à haut risque ne peut intervenir au Sénégal sans avoir un POI. Ce Plan est géré par le ministère de l’environnement, de la même manière qu’il gère et valide l’étude d’impact environnementale. Le POI évalue les risques majeurs de la société et prévoit des contre-mesures pour chaque risque. Pour une société qui exploite du gaz, on ne peut pas ne prévoir un risque incendie et se préparer en conséquence, notamment en identifiant les moyens techniques et humains à mobiliser pour résoudre les problèmes dans les délais les plus courts possibles.
Les pompiers qui ont été appelés à intervenir ont déployé le peu de moyens qu’ils ont pour sécuriser le périmètre. Mais leur compétence s’arrête là. Ils n’ont aucun équipement pour traiter le feu, encore moins l’éteindre. La preuve ils sont arrivés avec de la mousse alors que la mousse est en générale utilisée avec des feux humides selon les experts.
Plutôt que de répondre à des questions qui ne se posent pas, j’invite les deux ministres à nous apporter des réponses claires sur celles qui suivent :
1. La Société Forteza dispose-t-elle d’un Plan d’Opération Interne validé par les services du Ministère?
2. A-t-on effectué des exercices d’application du POI, au moins deux fois par an, pour vérifier sa fiabilité, afin de combler, au besoin, ses lacunes éventuelles et également pour former le personnel et l’établissement et permettre sa mise à jour de manière continue et régulière?
3. Si tout ce travail a été fait, pourquoi a-t-on évoqué la possibilité de recourir à une expertise étrangère qui prendrait forcément du temps, alors que l’urgence et la menace sont évidentes?
4. Par-delà Forteza, quelles sont les dispositions prises par le Gouvernement pour s’assurer que toutes les compagnies qui interviennent au Sénégal dans ces secteurs à haut risque disposent de procédures éprouvées, pour non seulement prévenir les accidents, mais aussi intervenir avec efficacité et diligence lorsqu’ils surviennent, sans être obligés de faire appel à l’armée française ou à des experts étrangers.
N’ayant manifestement pas les moyens de gérer ces situations complexes, le Gouvernement devrait, sans retard, corriger ces déficiences avant d’entamer l’exploitation du pétrole du gaz. Il est absolument nécessaire, pour protéger les personnels travaillant sur les sites d’exploitation pétrolières et gazières ainsi que les populations environnantes, de s’entourer de toutes les garanties de sécurité nécessaires.
Tous les pays africains qui se sont lancés dans cette activité en ayant en tête que les hypothétiques milliards à gagner, sans égard pour la santé et la sécurité de leur population, se sont souvent retrouvés floués, exploités et délaissés. C’est ce qui conduit à la malédiction des ressources naturelles. Nous pouvons encore l’éviter.
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L'ANNÉE DEUX MILLE VINGT EST-ELLE LA PIRE DE L'HISTOIRE ?
Sans équivoque, les 12 derniers mois ont été particulièrement rudes pour une grande partie de l’humanité, mais l’année écoulée est-elle vraiment la pire de l’histoire ?
La sentence du magazine Time est tombée : « 2020, The Worst Year Ever». Sans équivoque, les 12 derniers mois ont été particulièrement rudes pour une grande partie de l’humanité, mais l’année écoulée est-elle vraiment la pire de l’histoire ?
LA CHAMBRE D’ACCUSATION ANNULE L’ORDONNANCE DE MISE SOUS ADMINISTRATION PROVISOIRE DE L’ASBEF
A peine nommée, Mme Aïda Soumaré Diop «éjectée» ; Mme Myriam Makéba Mingou retourne aux affaires !
Dans une de ses éditions, « Le Témoin » avait invité le président de la République et le ministre de la Justice à mettre l’Association sénégalaise pour le Bien-être familial (Asbef) sous administration provisoire enfin de sauver cette organisation « privée » non gouvernementale (Ong), certes, mais d’intérêt général ou d’utilité publique. Une piste de sortie de crise finalement exploitée par le doyen des juges d’instruction qui avait effectivement mis l’Asbef sous administration provisoire avant de confier cette dernière à Mme Aïda Soumaré Diop. Ce, en remplacement de l’ex-administratrice générale, Mme Myriam Makéba Mingou éjectée de ses fonctions. Hélas, contre toute attente, la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Dakar a annulé l’ordonnance plaçant l’Asbef sous administration provisoire signant ainsi le retour de la très controversée Mme Mingou aux affaires. Un vrai coup de théâtre judiciaire !
Depuis plus de trois ans, l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef) est confrontée à une grave crise de gouvernance qui menace son existence même. Ce au détriment de la famille et de l’enfance pour le compte desquelles cette ONG a accompli des miracles dans notre pays depuis des décennies. Devant la gravité du contentieux opposant l’administratrice générale, Mme Myriam Makéba Mingou, aux agents et cadres de l’Asbef, « Le Témoin » quotidien comme la plupart des administrateurs et observateurs était d’avis que seul le président de la République ou le ministre de la Justice pouvait sauver cette structure privée d’une dissolution. Il fallait donc la mettre sous administration provisoire pour espérer la tirer de son coma. En tout cas, le procureur de la République avait pris un réquisitoire très salutaire en demandant des mesures aux fins de désignation d’un administrateur provisoire. Il a été suivi dans sa requête par M. Samba Sall, doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande instance de Dakar.
Après avoir inculpé Mme Myriam Makéba Mingou et consorts pour détournements de deniers publics, violences et voies de fait, le doyen des juges a rendu une ordonnance en date du 08 juin 2020 pour nommer Mme Aïda Soumaré Diop aux fonctions d’administratrice générale de l’Asbef en remplacement de Mme Myriam Makéba Mingou. Dans la même foulée, c’est-à-dire le 21 septembre 2020, le doyen des juges a pris une autre ordonnance aux fins de désigner Mme Aïda Soumaré Diop comme unique signataire des comptes bancaires de l’Asbef ouverts dans les livres d’Ecobank. Pour preuve, le juge a fait convoquer Mme Diop à la Division des investigations criminelles (Dic) pour lui notifier les deux ordonnances clés. Deux décisions qui auraient dû entraîner la prise de fonction immédiate de la dame. Hélas ! Personne n’aurait imaginé que Mme Aida Soumaré Diop allait devenir l’administratrice provisoire la plus éphémère de l’histoire d’une structure sénégalaise.
En effet, c’est alors qu’elle s’apprêtait à démarrer les activités de l’Asbef qu’une décision de la Chambre d’accusation est tombée comme un couperet pour infirmer voire annuler l’ordonnance prise par le doyen Samba Sall. Autrement dit, Mme Aïda Soumaré Diop n’est plus administratrice provisoire de l’Asbef, c’est plutôt Mme Myriam Makéba Mingou qui reste aux affaires. Un spectaculaire retournement de situation qui sonne comme un vrai coup de théâtre judiciaire ! Il est vrai que la Chambre d’accusation a le pouvoir d’annuler des actes d’instruction. Mais, sauf à ce que des circonstances nouvelles, non prises en compte par le juge d’instruction, soient intervenues, elle confirme généralement la décision du juge d’instruction dont il a été fait appel. Malheureusement, pour ce coup-ci, la Chambre d’accusation n’a pas confirmé la décision du doyen des juges qui avait placé l’Asbef sous administration provisoire avant de la confier à Mme Aïda Soumaré Diop. Y a-t-il eu entre temps des circonstances nouvelles dans le dossier permettant au président de la Chambre d’accusation de prendre le contrepied du doyen des juges d’instruction ? Mystère et boule de gomme !
Face à cette nouvelle donne, Mme Aïda Soumaré Diop, que nous avons contactée, bien que semblant étonnée, se dit néanmoins sereine et réaffirme sa confiance à la justice. « D’ailleurs, c’est pourquoi j’ai formé un pourvoi en cassation par le biais de mon avocat. Car c’est la seule possibilité de contester cette décision… Je m’en arrête là ! » nous a-telle confié en substance. Comment Mme Myriam Makéba Mingou a-t-elle accueilli cette décision qui lui est favorable ? Pour avoir sa version, « Le Témoin » a fait une dizaine d’appels et de messages, mais en vain ! Au finish, Mme Mingou a refusé tout bonnement de nous prendre. Aux origines d’un éternel bras fer …
Pour avoir une idée de l’éternel bras de fer engagé entre l’actuelle administratrice générale Mme Myriam Makéba Mingou et l’éphémère administratrice provisoire, Mme Aïda Soumaré Diop — ancienne journaliste au défunt hebdomadaire satirique « Le Cafard Libéré » —, il est bon de rappeler que l’Asbef est née en 1968, de l’initiative de feu le président Léopold Sédar Senghor. De retour d’une visite officielle en Tunisie, le président Senghor a fortement recommandé la création d’une Association œuvrant pour la promotion du bien-être des populations. C’est ainsi que grâce à la mobilisation d’éminentes personnalités comme feue Mme Caroline Faye (la première présidente nationale de l’Asbef), feue Mme Maïmouna Kane, Mme Tamaro Touré, Mme Seynabou Ndao, feu Pr Paul Corréa, gouverneur Sény Maal, Mme Léna Fall Diagne etc., sans oublier Mme Aminata Touré Mimi qui y fut la responsable du marketing, l’Association a vu le jour.
Au fil des années, bien d’autres personnalités ont assuré la relève tout en la préservant comme organisation non gouvernementale (Ong), certes, mais d’utilité publique. Un établissement situé à Castors (Dakar) et animé par des volontaires, femmes et hommes, soucieux de la protection et de l’amélioration de la santé maternelle et infantile. Sur ce plan, l’Asbef a eu la chance de bénéficier de l’appui des meilleurs spécialistes du corps médical et paramédical ainsi que de l’expertise d’anciens ministres, d’officiers-généraux à la retraite, de professeurs d’université, de hauts fonctionnaires, d’ambassadeurs, de magistrats, de fonctionnaires internationaux etc. Ces compétences multidimensionnelles ont permis à l’Asbef d’acquérir très vite une notoriété sur le plan national et une reconnaissance internationale. L’Asbef déploie sans relâche d’énormes efforts pouvant contribuer à l’épanouissement de la famille sénégalaise, réduire la mortalité maternelle, néonatale et lutter contre les violences basées sur le genre. Elle est également pionnière dans l’offre de services en santé de la reproduction.
Son rôle a été déterminant dans le relèvement du taux de prévalence contraceptif dans notre pays et qui se situe à 26 % aujourd’hui. Malheureusement depuis trois ans, rappelons-le, l’Asbef est en proie à des conflits incessants et nombreux contentieux judiciaires suite à des licenciements abusifs et accusations de malversations financières. Une crise qui a poussé son principal bailleur financier, l’Ippf basé à Londres, à geler tous les fonds. Ce, au grand malheur des malades démunis.
L’arbitrage de l’Etat sollicité…
Devant la gravité de la crise provoquée par des conflits d’intérêt personnel en violation des textes, seul l’Etat pouvait prendre ses responsabilités quitte à mettre l’association sous administration provisoire. Une mesure conservatoire destinée à maintenir une situation de fait ou de droit afin de sauver l’Asbef d’un dépôt de bilan plus que probable au vu de la situation. Justement, pour sauver cette maison du bien-être familial, le doyen des juges avait rendu une ordonnance aux fins de désignation d’un administrateur provisoire en la personne de Mme Aïda Soumaré Diop finalement…éjectée. Au vu des symptômes de cette crise profonde que traverse l’Asbef, il y a lieu de redouter que la structure soit à l’article de la mort. Donc, le président de la République Macky Sall et le ministre de la Justice, Me Malick Sall, sont suppliés de faire valoir leur droit de regard pour une sortie de crise. Toujours est-il que la disparition voulue et programmée de l’Asbef constituerait une grande perte pour le système de santé national. Surtout pour une structure qui s’active à l’échelle du territoire tout entier avec efficacité et abnégation auprès des populations les plus défavorisées de notre pays en leur assurant un accès aux soins de santé de qualité à des tarifs dérisoires qui frisent presque la gratuité. Une réplique légale à…Serigne-bi !
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
DE QUOI LE PROJET DE SUPPRESSION DES VILLES EST-IL LE NOM ?
Si la ville n’existait pas, pourquoi, dans le procès de Khalifa Sall, la mairie de Dakar a-t-elle voulu se constituer partie civile ? Khalifa n’est plus maire mais il continue de troubler le sommeil du président Macky Sall
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 24/12/2020
La décentralisation est un processus d’aménagement institutionnel qui consiste à transférer à des collectivités territoriales les compétences de l’Etat. Ces entités ont pour mission générale de contribuer au développement local selon les compétences qui leur sont transférées. Ces collectivités territoriales, en tant que personnes morales de droit public dotées d’une personnalité juridique propre, disposent de pouvoirs de décision
Au Sénégal, la mise en œuvre d’une politique de décentralisation administrative est antérieure à l’indépendance survenue en 1960. Elle remonte en réalité au 19e siècle avec l’érection des villes de Gorée et de Saint Louis (1872), Rufisque (1880) et Dakar (1887) en communes. Ce processus de décentralisation s’est perpétué avec la loi municipale de 1955 qui étend la communalisation (création de communes de statuts juridiques différents) du territoire sénégalais. C’est en 1960, après l’accession de notre pays à l’indépendance, qu’on va assister à la généralisation des communes de plein exercice. De 1960 à nos jours, le Sénégal a connu quatre textes majeurs sur la décentralisation : la loi n° 66-64 du 30 juin 1966 portant Code de l’Administration communale, la loi n° 72-25 du 25 avril 1972 crée les communautés rurales, la loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales et, enfin, la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales. Dans l’émission Jury du dimanche d’Iradio, le ministre des Collectivités Territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires a fait une déclaration qui ne cesse d’alimenter les discussions. « La situation de Dakar est hybride. Logiquement, si l’on s’en tient au Code général des collectivités territoriales, il y aura un département : Dakar et ses 19 communes. La ville n’a pas sa raison d’être. On ne peut être en même temps département et commune. Aujourd’hui, nous devons nous conformer au code dans lequel uniquement deux entités sont visées : le département et la commune », avait soutenu Oumar Guèye. L’intention était donc manifeste : les villes sont à supprimer. Mais qu’est-ce qui sous-tend un tel projet ? Est-ce un problème de cohérence territoriale, de bonne gouvernance, ou y-a-t-il des calculs politiques derrière ?
Incohérence territoriale
Il est vrai que, quand l’Acte III de la décentralisation a été voté, des experts en décentralisation avaient tôt fait de noter des incohérences entre la ville et le binôme département-commune. Mamadou Abdoulaye Sow, inspecteur principal du Trésor à la retraite, ancien ministre chargé du budget sous le régime du président Abdoulaye Wade, soulignait cette incohérence dans une contribution parue dans le journal L’As du 23 octobre 2014. Il disait à ce propos ce qui suit : « La question se pose de savoir si la ville, comme collectivité locale (et plus précisément comme commune au sens de l’article 167 du CGCL), répond à la définition ci-dessus. Non, de notre point de vue. En fait, si, par analogie, la ville doit être une « mutuelle » pour des communes, elle n’a pas besoin d’un statut de commune au sens du CGCL. La ville étant déjà investie de plein droit de compétences définies par les articles 169 et 170 du CGCL, si elle doit recevoir des compétences à mutualiser, il ne peut s’agir que de compétences choisies parmi celles propres à chaque entité communale. Pour cela, la mutualisation desdites compétences doit résulter d’une convention conclue entre les exécutifs de la ville et des communes concernées et après accord des conseils municipaux. C’est le principe de la libre administration des collectivités locales qui est mis à mal par l’article 167, qui édicte un exercice imposé de mutualisation ». L’ancien ministre du budget avait conclu en disant que « le décret n° 2014- 830 du 30 juin 2014 portant création des villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès viole la loi pour non-respect du principe de libre administration des collectivités locales ». A cela s’ajoute le décret n° 2014-830 du 30 juin 2014 portant création des villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès. Un des points faibles de l’Acte III de la Décentralisation, c’est que des villes ont été créées sans pourtant qu’on ait défini au préalable ses critères, conditions et modalités de création. En sus, il faut se poser la question de savoir si la décision unilatérale du Président de créer les cinq villes est compatible avec la libre administration des collectivités locales expressément garantie par l’article 102 alinéa 1 de la Constitution.
La ville : une entité territoriale existante
Tout cela est incontestable mais, lorsque le ministre Oumar Guèye nie à la ville toute existence territoriale, il y a nécessité d’interroger le Code général des collectivités locales (CGCL). Dans l’exposé des motifs de même que dans l’article 167, il est bien dit que, dans la phase première de la réforme, il s’agit de créer la Ville en vue de mutualiser les compétences des communes la constituant. Et l’article 167 est encore plus clair: « la ville a le statut de commune et ses compétences, ses ressources financières et ses rapports avec les communes qui la constituent sont déterminés par le chapitre 5 qui lui est dédié ». Enfin, 20 articles du Code sont consacrés à la ville. Même si, dans l’article 1, il est dit expressément que « les collectivités locales de la République sont le département et la commune », dans l’article 167, il est stipulé implicitement que la « Ville est une collectivité territoriale qui a le statut de commune ».Dès lors, la Ville, personne morale de droit public, dispose d’un statut juridique et devient une entité territoriale à l’instar de la commune et du département. Le CGCL clôt le débat sur l’existence de la ville en cet article 187 qui dit qu’« en tout ce qui n’est pas contraire au présent chapitre (Chapitre 5, Dispositions relatives à la ville, Ndlr) les dispositions du présent code relatives à la commune sont applicables à la ville ». Par conséquent, il est inconcevable que le ministre Oumar Guèye prenne prétexte de la non-évocation expresse de la ville en tant que collectivité territoriale dans le CGCT pour envisager sa suppression. Si la ville n’existait pas, pourquoi, dans le procès de Khalifa Sall, la mairie de Dakar a-t-elle voulu se constituer partie civile ? Toutes ces considérations posées, les villes peuvent bel et bien être supprimées à condition que le président se conforme à l’article 74 du CGCL qui dit que « lorsque, pendant quatre années financières consécutives, le fonctionnement normal d’une commune est rendu impossible par le déséquilibre de ses finances, sa suppression peut être prononcée par décret, après avis de la Cour suprême ». Etant donné que la ville a le statut de commune, ce processus de suppression lui est applicable. Aujourd’hui, du côté du pouvoir, les discours sur la suppression des villes divergent. Quand certains déclarent que le code ne reconnait pas la ville en tant que collectivité territoriale, d’autres soutiennent qu’il y a des conflits de compétences entre la ville et la commune et parlent d’une incohérence dans la gouvernance locale. Tout cela revient à dire que l’Acte III de la décentralisation a été un échec et n’a pas su corriger les erreurs et imperfections de la réforme de 1996.
Manœuvre politicienne
Mais l’autre explication qui résulte de ce projet de suppression des villes est purement politique. Dans cette éventuelle élimination des villes, c’est Dakar qui intéresse surtout le pouvoir. Depuis 2009, la capitale est aux mains de l’opposition. D’abord, celle au président Wade et maintenant celle au président Macky Sall. Le 22 mars 2009, bennoo Siggil Senegaal avec Khalifa Sall a remporté la quasi-totalité des 19 mairies de Dakar. Le 25 février 2013, dans une longue interview au journal Le Quotidien, Mbaye Ndiaye, ex-ministre de l’Intérieur et directeur des structures de l’Alliance pour la République (APR), prévenait le maire de Dakar en ces termes : « qu’il rejoigne l’APR s’il veut rester maire. Je suis convaincu qu’il aurait pu le faire s’il avait une lecture de responsabilité de la réalité politique. Le président Macky Sall en a pour dix ans. » Mais, malgré cette menace à peine voilée, rien n’y avait fait et Taxawu Dakar avait refait le coup de 2009. Le 29 juin 2014, 15 communes sont tombées dans l’escarcelle de cette coalition dirigée par le maire de Dakar Khalifa Sall, en rupture de ban avec le Parti socialiste. Cette victoire consacrait la défaite de la mouvance présidentielle qui espérait mettre la main sur la capitale. Hélas pour elle ! A défaut de diriger Dakar, il fallait mettre des bâtons dans les roues du maire qui pourrait avoir des ambitions à la présidentielle de 2019. Ainsi, il fallait d’abord le dépouiller de l’essentiel de ses prérogatives avant de le mettre en prison s’il persistait à vouloir se présenter à la présidentielle de 2019. Ce qui a été fait de la manière que l’on sait. Ainsi la gestion des structures sanitaires, des écoles élémentaires, de l’éclairage public, des régies publicitaires lui a été retirée. L’Etat a aussi retiré la gestion des ordures à la ville après que des élus de Rufisque ont été instrumentalisés pour casser l’Entente Cadak-Car. La ville a aussi perdu la taxe sur les stations service. Last but not least, le 17 février 2015, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou bâ, oppose une fin de non-recevoir à l’emprunt obligataire (vingt milliards) de la mairie dont le processus était pourtant enclenché depuis 2011. Ce après avoir délivré un avis de non-objection en 2012 ! Le dossier avait obtenu l’approbation de l’alors ministre de l’Economie et des Finances en novembre 2014 et aussi s’était vu attribuer un numéro de visa en janvier 2015. C’est à la suite de tout cela que le quitus de validation des supports de communication a été obtenu le 16 février 2015 et le lancement approuvé pour le 19 février 2015. La caisse d’avance qui vaudra au maire de Dakar plusieurs mois de prison sera l’épilogue de cette cabale orchestrée contre lui depuis que le président Macky Sall a demandé à l’IGE de fouiller sa gestion à la mairie de Dakar. Aujourd’hui révoqué, Khalifa n’est plus maire de Dakar mais il continue de troubler le sommeil du président Macky Sall parce que son influence, son aura et son soutien aux candidats de Taxawu Dakar risquent de faire encore mal au pouvoir. Les études et sondages effectués par le pouvoir sur les prochaines locales à Dakar montrent nettement l’hégémonie que Taxawu Dakar continue d’avoir dans la capitale même si plusieurs maires pro-Khalifa ont fait défection pour rejoindre le pouvoir. Aujourd’hui, le régime joue au dilatoire pour repousser sans cesse la date des élections locales. Initialement prévue en juin 2019, elles ont d’abord été repoussées en décembre de la même année. Finalement, sous prétexte de Dialogue politique, elles sont reportées à la date du 28 mars 2021. Mais techniquement, tout le monde sait que ce scrutin n’est pas faisable à cette date si l’on doit tenir compte de l’audit du fichier électoral, des nouvelles inscriptions et autres opérations afférentes. Mahmout Saleh, directeur de cabinet du président, a affirmé avec certitude que les locales se tiendront en décembre 2021. Cette date laisse la porte ouverte à un énième report à quelques quatre mois des législatives de 2022. Finalement, la date des locales devient un serpent de mer. Et pendant ce temps, le Sénégal devra continuer à s’accommoder d’élus locaux qui n’ont plus aucune légitimité au sein des conseils municipaux où ils siègent. D’ici l’organisation des locales, il n’est pas exclu que le pouvoir, sans tenir compte de l’article 74 du CGCL, manœuvre illégalement pour trouver la formule de suppression des villes. Mais le président Macky Sall doit savoir qu’on n’abat pas un arbre pour un seul fruit. Il risque d’en pâtir.
THIES VIT TOUJOURS DANS LE PARADOXE DE L’ABONDANCE
Sur les revenus globaux de 161 milliards de FCFA générés par le secteur des industries extratives, les 63,3 proviennent de Thiès.
Thiès a abrité hier la première rencontre de dissémination régionale des résultats et conclusions du rapport 2019 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) du Sénégal. Sur les revenus globaux de 161 milliards de FCFA générés par le secteur, les 63,3 proviennent de Thiès.
Mais malgré cette performance, la région vit toujours le paradoxe de l’abondance avec des industries extractives riches à côté de populations locales pauvres. Le rapport de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) du Sénégal, couvrant la période du 1er janvier au 31 décembre 2019, a été publié à Dakar, à travers un atelier de lancement officiel.
Après cette étape, Thiès a accueilli hier le premier acte de la seconde phase, allant dans le sens d’une dissémination régionale des résultats et conclusions du rapport, à travers la caravane qui va sillonner après les régions de Kédougou, Saint-Louis, Fatick et Matam. Il résulte dudit rapport que les revenus générés par le secteur extractif totalisent un montant de 161 milliards en 2019, dont 147,58 milliards sont allés au Budget de l’Etat, contre 122,2 milliards FCFA pour l’année 2018. Pour la région de Thiès, la contribution des sociétés minières s’élève à 63 milliards 300 millions FCFA, ce qui en fait la première région minière du Sénégal en vertu du critère de la contribution. De ces 63,3 milliards de Fcfa, 21,1 proviennent des Ciments du Sahel (CDS), 14,8 de Dangote Industries Sénégal SA, 10,6 de la Grande Côte Opérations (GCO), 5,4 milliards de Fcfa des Industries Chimiques du Sénégal (ICS), etc. Cependant, note Abdoul Aziz Diop Coordonnateur National Adjoint du Forum Civil, Coordonnateur de l’antenne régionale de Thiès de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) et Président de la Commission Communication de l’ITIE, malgré cette contribution, la région vit toujours le paradoxe de l’abondance, avec des entreprises extractives qui font des milliards de chiffres d’affaires, et à côté des communautés riveraines et collectivités pauvres.
Pour Pape Alioune Badara Paye Secrétaire Permanent Adjoint de l’ITIE, le partage du rapport est une excellente opportunité pour dialoguer avec les acteurs au niveau local, afin de renforcer davantage l’accès aux informations fiables relatives aux projets extractifs. Selon lui, « les revenus du secteur minier proviennent pour l’essentiel de l’exploitation des calcaires par les cimenteries (SOCOCIM, Dangote, Ciments du Sahel). Les contributions pour les autres types de substances (zircon-ilménite, phosphates, basaltes etc.) sont en constante hausse parallèlement à l’augmentation de leurs productions.
En outre, les entreprises pétrolières et minières du périmètre de réconciliation ont déclaré un montant global payé aux fournisseurs en 2019, estimé à 891 milliards de FCFA dont 216,4 milliards aux entreprises nationales (209,5 milliards payés par les entreprises minières et 6,9 milliards par les entreprises pétrolières et gazières). Aussi, les sociétés du périmètre ITIE emploient 7 951 personnes en 2019. La majorité des effectifs, soit 95%, sont des nationaux. Les femmes sont au nombre de 668 et représentent 8,40% de l’effectif global. A cela s’ajoute la contribution au titre des dépenses sociales au profit des communautés, qui est d’environ 3,4 milliards FCFA ».
«L’EXPLOSION DE NGADIAGA MONTRE QU’IL FAUT ÊTRE PLUS VIGILANT DANS LE CONTRÔLE»
Mais, explique Pape Alioune Badara Paye, force est aussi de constater qu’au lieu de créer des retombées financières, les activités minières peuvent nuire à l’environnement et perturber les structures sociales et économiques d’une collectivité. D’où à ses yeux la nécessité « d’améliorer le cadre normatif de la réhabilitation, surtout celle progressive, des sites par les entreprises minières. Cela permettra de répondre à l’évolution de l’ITIE en matière de transparence environnementale grâce à la publication régulière des plans de gestion environnementale et de l’étude d’impact environnemental. La gestion des impacts négatifs potentiels du projet extractif sur le plan environnemental doit être renforcée ». D’ailleurs pour lui, l’explosion récente du puits de gaz à Ngadiaga montre qu’il convient d’être plus vigilant dans le contrôle des opérations extractives. Pour sa part, Abdoul Aziz Diop estime que le rapport donne une bonne photographie du secteur extractif, à travers des données fiables et exhaustives, sur toute la chaîne de valeurs.
De 46 milliards en 2013, la contribution globale du secteur extractif est passée à 161 milliards en 2019. Il a insisté sur les données contextuelles de Thiès, la première région minière du Sénégal en termes d’implantation et de contribution, avec 63,3 milliards en 2019 sur les 161 milliards de contribution globale du secteur ressorti dans le rapport. Il souligne qu’à titre d’exemple, seuls 542 millions sont alloués aux 53 collectivités territoriales de la région dont 50 communes et 3 départements au titre du Fonds d’Appui au Collectivités Locales 2019.
Dans le même temps, les dépenses sociales des entreprises sous forme de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) s’élèvent à 1 075 000.000 pour 2019 avec seulement 5% pour la santé, 2% pour l’hydraulique, 27% pour l’éducation et 13% pour le sport. Pour lui, les informations fournies par l’ITIE permettent aux citoyens, propriétaires des ressources de mieux exercer leur droit constitutionnel conféré par l’article 25 de la constitution, en exigeant plus de transparence, d’équité, de redevabilité et de respect de leurs droits surtout environnementaux et socioéconomiques. Pour les gouvernants et autres décideurs, les conclusions des rapports permettent d’orienter leurs prises de décisions et de traduire les recommandations en réformes profitables à tous.
«L’ENTRISME D’IDRISSA SECK ET D’OUMAR SARR EST UNE BONNE CHOSE POUR LA DEMOCRATIE»
S’il y a un membre de l’opposition qui ne désapprouve pas du tout la décision d’Idrissa Seck et d’Oumar Sarr de rejoindre le camp du président Macky, c’est bien l’ancien juge Ibrahima Hamidou Dème.
S’il y a un membre de l’opposition qui ne désapprouve pas du tout la décision d’Idrissa Seck et d’Oumar Sarr de rejoindre le camp du président Macky, c’est bien l’ancien juge Ibrahima Hamidou Dème. Le président du «Mouvement Ensemble», qui n’y voit aucun inconvénient, dénonce avec la dernière énergie le blâme prononcé contre le juge Souleymane Téliko et crie à une tentative de musellement de la justice.
L’AS : Vous vous faites un peu rare dans l’espace politique. Qu’est-ce qui explique cette absence ?
Ibrahima Hamidou Dème : Je ne me fais pas rare. Je suis d’ailleurs très présent et actif. Depuis mon entrée en politique, j’ai choisi de retourner à ma base qu’estThiès. Nous sommes l’une des rares organisations politiques à avoir osé implanter le siège de notre mouvement dans une région autre que Dakar. Nous sommes dans l’opposition et restons très constants.
Khalifa Sall a démarché le CRD, coalition à laquelle appartient votre mouvement. Sur quels points porte l’accord entre les deux parties?
Je ne participe pas à toutes les réunions du CRD à cause des activités que je mène sur le plan local. Toutefois, selon les informations dont je dispose, il y a eu des rencontres et des discussions notamment avec Khalifa Sall, la coalition Jotna et d’autres organisations politiques de l’opposition. Il y a eu des discussions, mais je ne pense pas que cette rencontre soit dans une dynamique de créer des coalitions pour mettre en avant une personne. Je pense qu’on n’en est pas là. Il nous faut des coalitions stratégiques pour mener certains combats communs et d’intérêt général. Maintenant, on pense souvent à mettre en place des coalitions électorales et à mettre en avant une personnalité. Ce serait une erreur non seulement de l’opposition, mais aussi de toute la classe politique. Notre classe politique est totalement obnubilée par l’élection présidentielle. Les acteurs politiques doivent savoir qu’il y a d’autres élections qui sont aussi importantes que la présidentielle.
Comme Ousmane Sonko qui est de votre génération, votre politique est articulée autour des questions de transparence et de bonne gouvernance. Peut-on s’attendre à une alliance entre vous deux en perspective des prochaines élections ?
Pour les prochaines échéances électorales, il est impératif de s’allier avec d’autres organisations politiques, mais sur des axes programmatiques. Il ne faut pas mettre l’accent sur les personnes, mais plutôt sur les objectifs que les acteurs politiques doivent avoir. Et dans ce cadre, nous n’excluons aucune organisation.
De farouches opposants au régime, Idrissa Seck et Oumar Sarr sont devenus les alliés du président Macky Sall. Quelle lecture faites-vous de ces ralliements au profit du pouvoir ?
Nous sommes en train de vivre un jeu d’alliances. En tout cas, il y a beaucoup plus de visibilité et de lisibilité dans l’opposition. Désormais, les démarcations sont très claires et les différents camps connus. C’est une bonne chose pour la démocratie sénégalaise. Que les vrais opposants s’opposent et que ceux qui détiennent le pouvoir gouvernent.
L’actualité est dominée par la volonté annoncée du pouvoir de supprimer les Villes. Entant que leader politique, comment analysez-vous cette question ?
Depuis 2012, il y a eu une certaine exacerbation de la politique politicienne dans les réformes et dans les choix politiques. Pratiquement, toutes les réformes entreprises depuis 2012 sont imprégnées d’arrière-pensées politiciennes. Il y a, parmi ces réformes, la surprenante suppression du poste de Premier ministre au lendemain de la présidentielle de 2019 alors que cela n’a jamais été l’objet de campagne du candidat Macky Sall. C’est dans cette dynamique qu’il cherche à éliminer de futurs adversaires sérieux pour l’élection de 2024. C’est parce qu’il s’est rendu compte que les moyens qu’il avait utilisés lors de la dernière présidentielle sont désuets que le Président veut jouer maintenant sur les réformes et les institutions en pensant à supprimer les Villes. Cette réforme, si elle passe, va consacrer le recul de la décentralisation. C’est tout simplement une manœuvre politicienne. C’est pourquoi il faut s’y opposer catégoriquement.
Un flou entoure la date pour la tenue des élections locales. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette situation ?
C’est tout simplement un scandale parce que c’est la quatrième fois que les Locales sont reportées. Le dernier report a été acté à la suite d’une loi votée à l’Assemblée nationale qui fixait les Locales avant le 31 mars 2021. Le Président Macky Sall et son gouvernement ont sciemment violé une loi qu’ils ont eux-mêmes adoptée. Tant que le Président Macky Sall n’est pas convaincu qu’il va gagner les Locales, il ne va jamais les organiser. Il est le seul à maîtriser le calendrier électoral. Et c’est dommage pour notre démocratie. Je trouve aussi que la position de l’opposition sur la question est décevante. Parce qu’elle n’a contesté cette violation manifeste du calendrier républicain et de la Constitution que du bout des lèvres. Si c’était une Présidentielle, par exemple, cela allait être une toute autre réaction.
Votre allié au sein du CRD, Thierno Alassane Sall, convoite la mairie de Thiès, ce qui est, du reste, votre cas. Comment comptez-vous vous y prendre?
En tout cas, je m’entends très bien avec Thierno Alassane Sall. Nous discuterons et trouverons des points de convergence par rapport à la mairie de Thiès. Il n’y aura aucun problème entre lui et moi au sujet de la mairie. Nous allons trouver un compromis.
Vous êtes candidat à la mairie de Thiès qui, depuis quelques années, est la chasse gardée de Rewmi d’Idrissa Seck. Pensez-vous avoir des chances de sortir victorieux de ces échéances ?
Nous sommes l’un des rares candidats à habiter Thiès. Nous sommes connus dans la ville. Nous avons beaucoup parlé avec les populations pendant ces deux dernières années. C’est la première fois que nous allons être candidat à une élection, mais nous bénéficions du soutien des populations. Nous pensons que les habitants de Thiès veulent une alternative et d’autres hommes très attachés à leur terroir et à l’éthique politique. Je pense que nous allons y arriver.
Le Sénégal fait face, depuis quelques jours, à une deuxième vague de covid-19. Et pourtant, notre pays est considéré comme l’un des meilleurs élèves dans la gestion de cette pandémie
Je dois dire que depuis le début de la pandémie, notre pays avait pris de bonnes mesures. Toutefois, j’étais contre les restrictions qui n’étaient pas nécessaires à mes yeux.Parce qu’après, on s’est rendu compte que la maladie était beaucoup moins grave dans les pays africains qu’elle ne l’est dans les pays européens. C’est pourquoi, on ne peut pas continuer de fermer l’économie. A propos du vaccin, je pense qu’un pays qui compte 300 morts et moins de 20 000 cas depuis plus de dix mois, ce n’est pas une priorité pour lui. Il faut aussi qu’on entende davantage les spécialistes sur la question. Car, il faut d’abord parler du coût, de l’impact et voir si les populations vont l’accepter. Parce que si un pays qui reste un an sans radiothérapie se permet le luxe de débourser des milliards Fcfa sur une pandémie qui n’est pas aussi mortelle pour lui, c’est qu’on ignore l’ordre de nos priorités.
Etes-vous optimiste quant à la relance de l’économie avec le régime actuel ?
Il y a quelques mois, le ministre de l’Economie avait parlé du réajustement du PAP2 du PSE, et j’ai été très heureux de constater que le gouvernement a reconnu qu’il avait fait fausse route depuis 8 ans. Il faudrait régler nos problèmes vitaux comme la santé, l’éducation avant de s’attaquer à d’autres secteurs. S’il réajuste dans ce sens les politiques publiques en dotant le pays davantage d’infrastructures sanitaires et scolaires bien équipées en investissant sur l’agriculture et l’élevage, ce sera la bonne voie pour sortir le pays de ce cercle vicieux.
Si vous deviez noter la gestion de Macky Sall depuis 2012, quelle note lui auriez-vous attribuée ?
Je suis enseignant à l’Université et j’ai horreur de donner de mauvaises notes à mes étudiants. Mais je pense que le président de la République a été dans le sillage de son prédécesseur. Il s’illustre par une gestion politicienne. Tout ce qu’il fait, il en a des arrière-pensées politiciennes. Mais malheureusement, il n’est pas un bon étudiant, car sa gouvernance est plus catastrophique que celle de son prédécesseur. L’autre aspect de sa gouvernance, c’est son projet mortifère de troisième mandat. Car avec ce projet, il risque de mener directement le pays dos au mur.
Depuis quelques mois, la justice est secouée par de nombreux dossiers comme l’affaire Téliko, l’affaire Ngor Diop et la guéguerre entre magistrats. En tant qu’ancien juge, comment avez-vous vécu ces épisodes ?
La magistrature souffre depuis une vingtaine d'années d’une grave maladie. De l’intérieur comme de l’extérieur, il y a eu des atteintes qui ont des conséquences néfastes sur l’image de la Justice et surtout sur son indépendance. D’ailleurs, le Président Macky Sall, au lieu de réformer la justice, a renforcé ses atteintes. Actuellement, la justice est complètement affaissée. Le constat que nous avions fait il y a deux ans est pire maintenant. Car le magistrat, s’il n’est pas indépendant, il n’est pas magistrat. Et actuellement, le régime est en train de tout faire pour empêcher la justice d’être indépendante. Lorsqu’on va jusqu’à traduire devant le Conseil de discipline la personnalité morale qui défend les intérêts matériels et moraux des magistrats et le sanctionner alors qu’il n’a fait que rappeler une décision judiciaire qui a été rendue par une juridiction communautaire, c'est une sorte de musellement de la justice.
L’affaire du magistrat Aw accusé d’escroquerie sur 50 millions FCFA dans un dossier d’héritage, illustre-t-elle, comme le pensent certains, la corruption au sein de la magistrature ?
Je ne veux pas personnaliser les choses. Le magistrat en question, j’ai travaillé avec lui au parquet pendant quelques mois. Ce cas constitue les conséquences directes de l’impunité qu’on a par rapport à nos gouvernants. Donc, s’il n’y a pas cette exemplarité d’en haut, certains fonctionnaires qui ne sont pas suffisamment patriotes peuvent croire qu’eux aussi peuvent bénéficier de cette impunité et détourner nos maigres deniers publics.
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LE FCFA EST UN VERITABLE PROBLÈME POUR TOUS LES PAYS FRANCOPHONES
Yves Ogan, directeur des services législatifs de l'Assemblée nationale du Bénin, lève le voile sur le mécanisme d'assujettissement des économies africaines par la France à travers le Fcfa
Yves Ogan, directeur des services législatifs de l'Assemblée nationale béninoise, lève le voile sur le mécanisme d'assujettissement des économies africaines par la France à travers le Fcfa, dans cet entretien.
HUIT RADIOTHERAPEUTES POUR 14 MILLIONS D’HABITANTS
Au Sénégal, les maladies chroniques telles que le cancer font des ravages du fait d’un manque de ressources humaines
Dans le but de renforcer les ressources humaines pour une meilleure prise en charge du cancer, cinq (05) médecins ont reçu leurs parchemins hier dans le domaine de la radiothérapie. c’est la première promotion du Diplôme d’Etudes Spécialisées (Des) en radiothérapie.
Au Sénégal, les maladies chroniques telles que le cancer font des ravages du fait d’un manque de ressources humaines. En effet, il n’y a que 08 radiothérapeutes pour les 14 millions d’habitants. Pour remédier à cette situation, 05 médecins spécialisés en radiothérapie ont été formés. Et c’est hier qu’ils ont reçu leurs diplômes.
Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Pr Ahmadou Aly Mbaye, indique que les étudiants qui viennent de recevoir leurs diplômes constituent aujourd’hui la première promotion du Diplôme d’Etudes Spécialisées (Des) en radiothérapie qui est unique dans son genre en Afrique de l’Ouest. «Le chef de l’Etat a dégagé une enveloppe de 4 milliards FCFA destinée à cette formation. Le principal défi auquel le secteur de la santé est confronté, c’est le relèvement du plateau technique», indique le recteur. Quand on parle de santé, poursuit le Pr Mbaye, il y a deux piliers fondamentaux.
«Le premier concerne la formation du personnel. Et sur ce plan, nous n’avons rien à envier aux autres pays, mais la médecine c’est d’abord des outils de pointe qui coûtent cher. Et cela passe par le financement. Et c’est le principal défi auquel nous sommes confrontés et grâce au partenariat que nous avons développé avec l’Etat, nous avons pu résoudre un problème extrêmement important lié à la prise en charge des patients du cancer», soutient-il. Cependant, il exhorte ces médecins sortants à plus d’empathie pour les malades du cancer.
Pour sa part, le coordonnateur du diplôme de radiothérapie de l’Ucad, Pr Macoumba Gaye, estime que le Sénégal vient de loin avec le cancer. «Nous étions en 2016, il y a de cela 4 ans, l’émotion était vive, le seul appareil de radiothérapie totalement obsolète de l’hôpital Le Dantec tombait en panne. Et plus aucune unité au Sénégal et seulement deux diplômés. Telle était la situation en fin 2016 et début 2017. Nous étions dans le creux de la vague et nous étions obligés d’envoyer tous les patients cancer hors du pays aux frais du contribuable», rappelle-t-il.
Poursuivant son propos, il souligne : «En ce moment-là, on se disait peut-être qu’on mettrait 10 ans à se remettre de cette situation. Quatre années après, l’Etat a fait un effort conséquent en mettant plus de 4 milliards FCFA dans des équipements de radiothérapie et nous avons eu un soutien des différents directeurs d’hôpitaux pour que ces établissements sanitaires soient des centres de formation en radiothérapie».
Selon lui, l’Ucad les a soutenus pour créer les premiers diplômés de radiothérapie de l’Afrique de l’Ouest. «Et quatre années après, nous avons eu une des meilleures unités en Afrique et nous sommes devenus le centre formateur de l’agence internationale en énergie atomique en Afrique de l’Ouest. Il faut dire les choses comme elles sont. Cette fois-ci, l’Etat a été au rendez-vous», se réjouit-il tout en ajoutant qu’ils disposent actuellement de 3 accélérateurs linéaires à Dakar, notamment à Dalal Jamm et Le Dantec. Une structure privée aussi s’est installée et des projets ont démarré aussi dans d’autres hôpitaux. «Nous avons maintenant au Sénégal 8 radiothérapeutes diplômés dont deux professeurs agrégés. Et nous sommes le seul pays du Cames à avoir deux agrégés de radiothérapeutes en activité», précise-t-il.
DÉCÈS DE PIERRE NDIAYE
Le Gouvernement annule son face à face avec la presse. Cela fait suite au décès du Secrétaire général du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, décédé hier des suites d’une contamination au Covid-19
Le Gouvernement annule son face à face avec la presse. Cela fait suite au décès du Secrétaire général du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, M. Pierre Ndiaye, décédé hier des suites d’une contamination au coronavirus, qu’il aurait contracté à l’Assemblée nationale, lors d’un passage en commission du ministère de l’Économie et du Plan.
Haut cadre de la BCEAO, M. Ndiaye a été pendant longtemps le patron de la Direction générale de la Prévision et des Études Économiques avant d’être promu en 2014, Directeur de la Direction générale de la Planification et des Politiques Économiques.
C’est par la suite qu’il rejoint le ministère de l’Economie que dirige Amadou Hott. Ce dernier avec son collègue des Finances devraient faire face aux journalistes dans le cadre des rencontres que le porte-parole du gouvernement a initié pour donner l’occasion aux ministres de s’exprimer sur les politiques publiques.