Après une carrière dans le transport et la logistique internationale, Ndèye Fatou Kane a su opérer une reconversion réussie vers des recherches en études sur le genre à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess Paris). Aujourd’hui, elle est l’une des figures du mouvement féministe sénégalais et son essai «Vous avez dit féministe ?» lui a permis de remettre cette question au centre des débats. Mais de plus en plus, ses recherches se tournent vers l’étude des masculinités qui consiste à prendre les hommes comme objets d’étude dans des domaines tels que la sexualité, le pouvoir, les médias.
Vous êtes l’auteure de Vous avez dit féministe ? Pouvez-vous donner une définition du mot féminisme et quelle théorie féministe défendez-vous dans votre ouvrage ?
Vous avez dit féministe ? est un court essai que j’ai publié en 2018. Ayant longuement séjourné au Sénégal entre 2016 et 2018, après une absence prolongée, j’ai avec plaisir retrouvé le pays qui m’a vu naître et grandir. Mais ce retour a aussi été l’occasion de regarder avec des yeux nouveaux cette société sénégalaise, mais surtout de m’interroger sur la place des femmes et le renouveau du féminisme.
Historiquement, le Sénégal est connu comme étant le pays qui a été aux avant-gardes des luttes féministes ouest africaines. Donc il ne me semblait pas normal de ne plus entendre parler – sinon très rarement – de celles qui avaient mené ces luttes. Dans le souci – très modestement – de remettre le féminisme sénégalais au centre des débats, l’idée d’écrire Vous avez dit féministe ? est née.
Après avoir beaucoup lu sur le sujet, je me suis dit que faire une analyse intertextuelle avec les écrits de Mariama Ba, Chimamanda Adichie, Simone De Beauvoir et Awa Thiam, relire ces textes de référence à l’aune de mon engagement féministe, m’a permis de poser les bases de celui-ci. Si je devais définir le féminisme, je dirais que c’est une idéologie politique, traversant le temps et l’espace et vouée à améliorer les conditions de vie, de traitement et de libertés accordées aux femmes. C’est la raison pour laquelle on distingue plusieurs courants féministes tels que le féminisme décolonial, l’afro-féminisme, le féminisme musulman, le féminisme matérialiste et les féminismes africains.
Selon que l’on soit Africaine, Européenne ou Asiatique, y a-t-il une compréhension différente du concept ? Peut-on parler d’un féminisme africain ou pourquoi pas sénégalais ?
Selon le pays et/ou la zone géographique où l’on réside, le concept de féminisme peut connaître des mutations, même si en toile de fond demeure la lutte contre l’oppression que constitue le patriarcat. Bien sûr qu’on peut parler de féminisme en Afrique. On peut subdiviser l’activisme féminisme africain en trois temps : l’époque coloniale, postcoloniale et celle de la décennie 1980-1990. Cette période, avec la décennie des Femmes africaines des Nations unies, a permis l’éclosion de mouvements féministes un peu partout en Afrique. La Conférence mondiale des femmes de Mexico en 1975 marque ainsi le point de départ de l’éveil féministe des Africaines. Et au Sénégal Yeewu yewi, créé en 1984 par Marie-Angélique Savané, peut constituer le début de cette ère féministe structurée. Donc, oui le féminisme est bien présent en Afrique et au Sénégal.
Il y a eu à un moment une sorte de polémique sur le fait qu’une femme africaine ne devait pas se réclamer féministe au même titre que celles occidentales qui n’auraient pas les mêmes visions, car les Occidentales défendent le droit à l’avortement, la liberté sexuelle etc. Qu’avez-vous envie de dire sur cela ?
Tous ces débats qui ont souvent lieu sur les réseaux sociaux, plateformes de revendication s’il en est, me font doucement rire. Parler de la femme africaine est en soi désuet. Il n’existe pas une femme africaine, c’est une caricature qu’imposent souvent les hommes pour freiner les velléités d’égalité féminines. Tout comme je n’aime pas parler d’un féminisme africain, car il y a autant de féminismes que de femmes dans ce beau continent qu’est l’Afrique, parler d’une femme africaine qui ne devrait pas être féministe relève d’une méconnaissance de notre histoire. Les femmes en Afrique, et au Sénégal particulièrement, n’ont pas attendu l’Occident pour vouloir s’émanciper.
Aujourd’hui, être féministe au Sénégal sous-entend que l’on est vieille fille, frustrée ou même libertine. Pourquoi le terme est-il diabolisé, selon vous ?
Le mauvais procès que l’on fait aux féministes au Sénégal doit cesser. C’est le plus souvent le fait des hommes qui, voyant qu’ils ne peuvent plus contrôler les femmes, leur apposent l’étiquette de vieille fille aigrie, frustrée, qui ne trouvera pas de mari. Et quand on voit comment le mariage est sacralisé dans notre pays, ça marche à tous les coups. Mais depuis peu, je vois émerger des féministes qui s’investissent dans des combats tout à fait légitimes et se font entendre. Des causes nobles telles que le droit à l’avortement médicalisé, l’absence de violeurs de la sphère médiatique, la dénonciation du harcèlement dans les transports sont défendues par ces jeunes femmes et c’est à saluer.
Les femmes de Yeewu yewi ont tracé un chemin dans la lutte pour l’émancipation de la femme. Mais y a-t-il eu par la suite une relève, une jeune génération engagée dans ce combat ?
Il est vrai qu’il y a eu un creux après la décennie 1980-1990. Si je prends l’exemple de Yeewu yewi, c’est un mouvement qui a été très percutant durant cette période, avec une ligne de conduite très politique, notamment avec son journal Fippu. En faisant preuve de réflexivité et se voyant comme actrices de changement, les femmes de cette période ont marqué d’une encre indélébile l’activisme féministe de notre pays. Concomitamment à cet engagement féministe, il y a aussi le volet recherche qu’il ne faut pas occulter avec l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (Afard), créée en 1977 et regroupant des femmes africaines chercheuses ayant le genre en partage et comme objectif de mettre au cœur de leurs prérogatives du genre comme objet de recherche, accolée au développement. Même si l’Afard est devenue un peu aphone de nos jours, sa création marque un tournant décisif. Dans cette théorie du genre, je peux citer Fatou Sow qui est incontournable, car ayant produit la majeure partie de la théorie du genre non pas seulement sénégalaise, mais africaine au sens large. Aujourd’hui quand on parle du legs du féminisme sénégalais, d’aucuns parleront du manque de solidarité intergénérationnelle, de l’embourgeoisement des féministes de la première heure, de la religion qui a gagné du terrain… J’y ajouterai le manque de production qui fait que notre féminisme se meurt. L’activisme féministe peut revêtir plusieurs formes : l’écriture de livres, la recherche sur le genre (autant féminin que masculin), ce qui permettra à nos théories de se renouveler. Sinon ça devient statique et on tourne en rond.
Peut-on être musulmane et féministe ?
Oh que oui ! Cette question me fait penser à l’ouvrage Féminismes islamiques de Zahra Ali, une sociologue travaillant sur les questions de genre et de science en relation avec l’islam. Dans ce livre, publié en 2012, elle a convoqué une pluralité de chercheuses, le plus souvent d’Afrique du Nord, qui requestionnent les textes religieux et donc islamiques, sous le prisme du féminisme. Ce livre très pertinent répond à tous ceux qui disent que le féminisme et la religion musulmane sont incompatibles. Cela est souvent dû à une méconnaissance de l’interprétation des textes islamiques. Si ceux-ci sont faits par des hommes envers les femmes, il est clair qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que celles-ci s’émancipent ; d’où la question de la recherche et de la lecture que les femmes doivent privilégier.
Au Sénégal, on aime répéter que l’islam a accordé une place importante à la femme, mais l’affaire Aïda Diallo a montré qu’il y avait des limites strictes à ce qui était permis aux femmes…
Cette affaire a clairement montré la misogynie qui fait office dans le domaine religieux. Quand bien même cette femme, en l’occurrence Aïda Diallo, fait partie d’un mouvement religieux très controversé, elle pratiquait des cérémonies cultuelles du vivant de son guide religieux et mari, et personne n’y trouvait à redire. L’absence de ce guide a fait qu’elle est très critiquée. J’admire son courage, car dans la pratique de l’islam qui est la nôtre au Sénégal, accolée à la culture, les femmes sont dans une rhétorique de devoirs, mais aucunement de droits.
Votre premier roman est sorti il y a déjà quelques années. Un autre est en projet ?
Mon premier roman, Le malheur de vivre, publié en 2014, a marqué mon entrée dans la sphère littéraire. Depuis, beaucoup d’encre a coulé. Même si j’ai débuté par la fiction, je ne veux pas être cantonnée à ce seul et unique genre. En 2016, j’ai participé à un ouvrage collectif à visée panafricaniste, avec la musique rumba en partage, intitulé Franklin l’insoumis. En 2018 sort Vous avez dit féministe ? et en mars 2020, il y a quelques mois, je participe à l’écriture de «Féminismes dans le monde, 23 récits d’une révolution planétaire, panorama des mobilisations pour les droits des femmes dans le monde, avec des récits par pays. J’ai donc écrit le chapitre traitant du Sénégal. Mon projet d’écriture arrive très bientôt, mais autant attendre qu’il soit publié. Nous ne manquerons pas d’en reparler.
COMMENT J’AI VAINCU MON CANCER DU SEIN
Palabres avecThiane Ndiaye, professeur de philosophie et auteure
Thiané Ndiaye est une malade guérie du cancer du sein qui tient à partager sa douloureuse expérience. Professeure de philosophie, elle a aussi été journaliste. Elle s’est servie de sa plume pour témoigner mais également tirer la sonnette d’alarme sur les nombreuses galères vécues par les malades au niveau de la prise en charge. Son ouvrage, « Malades du cancer, l’œil d’une patiente », reste et demeure une parfaite illustration de son courage.
Entretien avec une femme de cœur qui souhaite s’ériger en exemple pour ses sœurs qui vivent cette terrible situation.
Vous venez de publier un livre pour relater votre lutte contre le cancer. Pourquoi ce choix ?
Ce choix se justifie par le fait que tout au long de mon traitement, j’ai été confrontée à beaucoup de difficultés, beaucoup de souffrances. Certaines de ces souffrances me concernaient directement et pour d’autres j’en ai été témoin oculaire. Comme je l’ai indiqué dans le livre, la communication est très mal menée au niveau de nos structures sanitaires. Si vous n’avez pas de connaissances à l’hôpital, vous y vivez des galères de toutes sortes. Et la situation est encore plus difficile pour ceux qui ne comprennent pas la langue française. Il arrive, par exemple, que le malade soit orienté vers un médecin qui ne parle que le français. Il est clair que si le patient ne comprend pas cette langue, on risque d’assister à un véritable dialogue de sourds. Par ailleurs, certains agents de santé font parfois preuve d’une certaine arrogance à l’endroit des malades. A cela s’ajoute la cherté des traitements qui causent beaucoup de problèmes aux patients qui ont rarement les moyens financiers et psychologiques pour faire face à tous ces stress.
Quelle a été votre première réaction en apprenant la mauvaise nouvelle ?
Il est vrai qu’il est toujours difficile d’apprendre une telle nouvelle. Mais, je dois dire que je n’ai pas paniqué sur le coup. En revanche, j’ai tout de suite pensé à mes enfants. J’ai deux filles qui étaient alors âgées respectivement de 6 ans et de 3 ans. Mes premières pensées sont allées vers elles. Je me posais beaucoup de questions : Est-ce que j’allais mourir ? Que deviendraient mes enfants si je meurs, etc. Il faut dire que, comme la plupart des Sénégalais, j’étais victime de cette idée populaire selon laquelle le cancer aboutit inéluctablement à la mort.
Comment avez-vous vécu cette terrible épreuve ?
Il est inutile de dire que cela n’a pas été facile. Comme on le sait, le cancer est une maladie qui fait peur. De plus, elle est très onéreuse. Ce qui veut dire que le patient qui en souffre doit être doublement armé : psychologiquement et financièrement. Psychologiquement, ça allait plus ou moins. J’avais le soutien de mes proches. Mais, le problème, c’était au niveau des moyens. Il faut dire que lorsque j’apprenais la nouvelle, en 2012, je ne travaillais plus. Ce qui fait qu’il m’a fallu attendre 2 ans avant de pouvoir entamer mes traitements. Et c’est en contractant un prêt bancaire, alors que je venais d’intégrer l’enseignement, que j’ai pu démarrer mes traitements. Passée cette étape, il fallait faire face aux lourdeurs des traitements. En effet, la chimiothérapie a des effets secondaires assez terribles sur l’organisme : vomissement, perte de cheveux, détachement des ongles et de la peau, etc. Mais, par la grâce de Dieu, mon organisme a bien supporté le traitement. Même si je dois dire que le premier protocole de chimiothérapie s’était révélé inefficace. C’est donc au second protocole que la maladie a commencé à reculer. J’ai subi une intervention chirurgicale au mois d’octobre 2017 et, aujourd’hui, je suis en rémission. Mais, je continue d’avoir des rendez-vous tous les 6 mois dans le cadre du suivi. Les soins sont très longs et très coûteux.
Où avez-vous trouvé les ressources physiques, mentales et surtout financières pour faire face ?
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai grandement bénéficié du soutien de ma famille. De plus, je suis, naturellement, une personne très sereine qui s’affole rarement. Et je pense que cela m’a beaucoup aidée. Le cancer est une maladie qui ne fait pas bon ménage avec le stress. Ce dernier a tendance à l’accélérer. Physiquement, mon organisme a bien répondu aux traitements. Et sur le plan financier, en plus du prêt bancaire que j’ai contracté, j’ai aussi bénéficié du soutien de la Lisca pour mes trois dernières séances de chimiothérapie.
Ancienne journaliste et professeure de philosophie, cela a-t-il facilité votre décision ?
Je pense que oui. Quand on est journaliste, surtout en presse écrite, on a une certaine maîtrise des techniques d’écriture. Peut-être que mon statut de professeur de philosophie y est aussi pour quelque chose. La philosophie nous apprend à dire non. Et j’ai justement voulu exprimer mon indignation par rapport à toutes ces souffrances auxquelles les malades sont souvent confrontés au niveau des structures sanitaires. Vous avez pris l’attache de la Lisca où vous avez présenté votre livre… J’ai bénéficié du soutien de la Lisca, comme je l’ai indiqué plus haut. Et cela, aussi bien sur le plan financier que psychologique, moral. C’est donc par reconnaissance que j’ai décidé d’organiser, dans leurs locaux, la cérémonie de dédicace du livre.
Quelle appréciation faites-vous du rôle de l’Etat dans la prise en charge du cancer ?
Depuis quelques mois, on parle beaucoup de la gratuité de la chimiothérapie. Ce qui, en soi, est une bonne chose. Mais, le problème qui se pose, c’est par rapport à la disponibilité des médicaments. Il y a, en effet, souvent des ruptures de stocks. Et maintenant que l’Etat a annoncé la gratuité, il est clair que les patients ne bénéficient plus du soutien financier dont ils bénéficiaient de la part de leurs proches. Ce qui fait qu’ils n’ont d’autre option que d’attendre que les médicaments dont ils ont besoin soient disponibles à l’hôpital. Or, si la régularité du traitement n’est pas respectée, cela pourrait remettre en cause tout le traitement. Ce qui signifie qu’on devra prescrire au malade un nouveau protocole de chimiothérapie. Par ailleurs, le patient fait de nombreux examens médicaux avant qu’on lui confirme qu’il souffre ou pas du cancer. Et tous ces examens nécessitent entre 300 et 500 milles francs. Ce qui, évidemment, n’est pas donné à n’importe quel Sénégalais. Personnellement, je pense qu’il aurait été beaucoup plus pertinent de rendre gratuite la mammographie qui permet de détecter le cancer du sein qui est en train de décimer la gent féminine qui représente les 70 / des victimes du cancer. Mieux encore, l’état devrait prendre en charge tout le traitement du cancer du sein, comme cela se fait dans des pays africains tels que la Mauritanie, le Mali et la Gambie. Il est évident que ces pays ne sont pas plus riches que le nôtre. Beaucoup de femmes meurent de ce fléau.
A votre avis que faut-il faire pour arrêter l’hécatombe ?
Je pense que si l’Etat matérialise la prise en charge complète du cancer du sein, les ravages que ce cancer est en train de faire chez les femmes vont sensiblement diminuer. A mon humble avis, c’est la solution idéale car nous vivons dans un pays où les femmes sont très touchées par la pauvreté, où les femmes sont très vulnérables du fait d’un manque d’autonomisation.
Comment vivez-vous votre histoire après avoir traversé cette longue et pénible épreuve ?
Avec tout ce que j’ai vécu, toutes les souffrances auxquelles j’ai été témoin et, surtout, avec le nombre important de femmes que le cancer emporte chaque année dans notre pays, je mesure toute la chance que j’ai d’être, aujourd’hui, au stade de rémission. Mais, comme j’ai eu à le souligner, je suis toujours en suivi car le cancer est une maladie très vicieuse qui peut ressurgir après le traitement.
Peut-on dire que ce livre est une sorte de seconde thérapie ?
Absolument ! Durant le traitement, le patient vit beaucoup de problèmes, particulièrement, dans les hôpitaux où il n’est pas toujours bien traité. Il est obligé, souvent, de prendre sur lui pour ne pas s’attirer les foudres de certains agents sanitaires. Aussi, écrire un livre sur ce vécu est une véritable thérapie. Cela me permet de défouler tout ce que j’ai eu à refouler jusque-là, de sortir toute cette souffrance que je n’ai pas pu exprimer, que d’autres malades n’ont pas pu exprimer par peur d’être victimes de représailles. Par ailleurs, je pense que ce livre pourrait aussi être utile aux patients du cancer puisqu’il retrace les différentes étapes par lesquelles le malade du cancer devra passer, généralement, tout au long de son traitement.
Quels conseils donnerez – vous aux malades ?
Avant tout, qu’ils s’arment d’une grande foi, qu’ils remettent tout entre les mains de Dieu. Il n’y a pas de maladie sans remède, comme nous le dit le Coran. Certes, c’est Dieu qui dispose, mais l’homme doit proposer. Et, dans ce cas de figure, proposer, c’est essayer de trouver les moyens de se soigner.
Comment a été accueillie la sortie du livre ?
Franchement, l’intérêt qu’il a suscité est même allé au-delà de mes espérances. J’ai été invitée sur beaucoup de plateaux de télévisions de la place et je dois dire que j’ai eu de très bons retours par rapport à ces sorties médiatiques.
Vous comptez poursuivre le combat ?
J’entends m’investir pleinement dans la sensibilisation. Je suis enseignante et je pense que la cible est déjà là. D’autant plus que le cancer a tendance, de plus en plus, à toucher des adolescents. Malheureusement, la situation sanitaire ne le permet pas pour le moment, mais je compte aller au niveau des établissements scolaires pour sensibiliser les élèves. Par ailleurs, je compte aussi plaider pour la mise en place d’une Fondation. Avec comme objectif de soutenir les patients dans leur traitement, de soutenir la recherche et même d’octroyer des bourses de spécialisation pour booster la main d’œuvre. Il faut, en effet, souligner qu’il y a un nombre très réduit de cancérologues par rapport à la population touchée par cette maladie qui est en train de devenir un véritable problème de santé publique.
Le mot de la fin…
Je profite de l’opportunité qui m’est offerte pour remercier, encore une fois, toute ma famille pour tout le soutien qu’elle m’a apportée. En particulier ma maman pour ses prières, mais aussi et surtout pour avoir sacrifié sa vie pour notre réussite. Un coucou à mes filles qui ont été, pour moi, une véritable source de motivation pour me soigner, guérir de cette maladie et continuer à les accompagner dans la vie. Merci à vous aussi pour votre contribution à la vulgarisation de ce livre.
QUAND LES SEBILES SE SUBSTITUENT AUX SACS D’ECOLIERS
Contrairement à leurs camarades ayant droit à l’éducation, nos pauvres talibés sont exclus de tout système éducatif. En tout cas moderne. Et condamnés à ne plus se séparer de leurs pots de tomate pour survivre. Récit poignant !
Ecole des « Petits-Pas », jour de rentrée des classes. Deux petits talibés âgés respectivement de 04 et 06 ans s’accrochent aux barreaux du portail de l’établissement pour contempler tristement la cour où l’enthousiasme des retrouvailles entre élèves se fait sentir. Contrairement à leurs camarades ayant droit à l’éducation, nos pauvres talibés sont exclus de tout système éducatif. En tout cas moderne. Et condamnés à ne plus se séparer de leur sébile (pots de tomate) pour survivre. Récit poignant !
Si nous avions eu le réflexe d’actionner notre smartphone et de filmer la scène, la video allait sans doute faire le tour de la toile jusqu’à choquer les âmes sensibles. Tenez ! Jeudi 12 novembre 2020, à l’école élémentaire « Les Petits-Pas » sise Sacré-Cœur 3 à Dakar, comme dans l’ensemble des établissements scolaires du Sénégal, c’est le grand jour de rentrée des classes. La plupart des enfants aiment être accompagnés. Que papa ou maman leur tienne la main, histoire de les rassurer et les encourager sur le chemin prometteur de l’école. Pendant ce temps, des voitures se garent en double file devant l’école pour laisser descendre les enfants qui s’y trouvaient.
Entièrement habillés de neuf (vêtements, chaussures) et munis de sacs à dos, eux aussi, fraichement acquis, ils traversent la rue en courant. Sans doute pressés de rejoindre la cour de l’établissement pour de joyeuses scènes de retrouvailles. Cela est valable, bien sûr, pour les anciens de l’établissement puisque les bleus ont les larmes aux yeux et peinent à se séparer de leurs parents. Dans cette atmosphère de grand rendez-vous de l’espoir et du savoir pour un avenir meilleur, deux jeunes talibés attirent particulièrement notre attention.
Agés respectivement de 04 et 06 ans environ, ces petits garçons frêles en haillons, pieds nus, s’accrochent aux grilles du portail de l’école pour contempler la foule d’élèves. Une foule qui leur est si étrangère ! Sans doute, s’efforçaient-ils de savoir pourquoi cette école jadis désertique était-elle si animée ce jour-là ? Dans notre for intérieur, nous nous empressons de leur répondre ainsi avec désolation. « Aujourd’hui, c’est la rentrée des classes ! Presque tous les enfants de vos âges s’apprêtent à faire leurs premiers pas à l’école synonyme de réussite dans la vie. Accompagnés de leurs parents, ces mômes que vous voyez là-bas vont désormais venir tous les jours dans cet établissement pour apprendre à lire, écrire et compter afin de pouvoir réussir dans la vie ». Nous imaginons également les deux talibés tenter de percer le mystère des sacs à dos que portent gaiement les écoliers.
Pour satisfaire cette curiosité, nous leur filons ceci : « Les sacs à dos contiennent des goûters composés de biscuits, de sachets de chips et autres bonbons à déguster pendant la récréation. Ils renferment aussi des gourdes remplies d’eau ou de boisson ». A cet instant, les deux pauvres talibés aimeraient sans doute s’inviter dans cette cour de l’école très bruyante. Hélas, ils n’y parviendront jamais puisqu’ils ont été chassés du regard par le gardien des lieux. « Eux à l’école, et pourquoi pas nous ? » ont dû s’interroger nos talibés dans leurs pensées.
Retour sur les lieux du crime
Lundi 14 décembre 2020. Presque un mois après la rentrée des classes, les deux talibés, comme deux « larrons » à la rue, retournent devant le portail de l’école ou les lieux du crime social. En errant dans les ruelles de la cité à la recherche de l’aumône, les deux mômes mendiants s’arrêtent pratiquement chaque jour devant l’école. Derrière les barreaux du portail, ils contemplent les enfants de leur âge s’amuser dans la cour de récréation. Selon le vieux S. Diop, presque chaque matin à 10 heures, ces petits talibés viennent s’émerveiller devant l’ambiance de récréation où les enfants apprivoisent des règles de vie et de jeux collectifs. « Monsieur Ndiaye (votre serviteur), vous avez constaté vous-mêmes comment ces petits talibés sont rejetés par le système éducatif sénégalais. Le fait qu’ils squattent la devanture de l’école montre leur désir d’aller, eux aussi, à l’école, mais ils en sont empêchés par la société. C’est vraiment triste ! » déplore ce patriarche du quartier. Ayant fait le même constat, B. Cissé se défoule sur l’irresponsabilité des élus locaux dont les communes abritent ces daraas de la mendicité. « Tous ces enfants errant dans les rues de Sacré-cœur viennent du village de Ouakam devenu tristement le sanctuaire des talibés de la zone. Les autorités communales de Ouakam doivent faire des efforts pour recenser et confiner ces talibés âgés entre 4 et 6 ans afin de les scolariser ou, à défaut, les alphabétiser ! Pourquoi ne pas subventionner ces daraas, histoire de couvrir leur manque à gagner pour convaincre les maitres coraniques à laisser les enfants aller à l’école…française », suggère notre interlocuteur.
Avant de s’étrangler en ces termes : « Vous dites squatter les alentours de l’école ? Mais cet endroit est le moindre mal ! Pour ne pas dire que c’est le lieu où il devraient être pour leur intérêt et leur bienêtre pour ne pas dire leur futur ! Allez devant la mosquée de Sacré-cœur lors des prières de Tabaski ou de Korité, vous verrez que ces enfants n’ont jamais connu le bonheur d’une fête de famille. Au moment où leurs camarades bien habillés sont accompagnés de leurs parents pour la grande prière, ces tout-petits talibés, eux, jalonnent les trottoirs menant vers la mosquée pour mendier. J’ai mal de voir ces enfants abandonnés par la société et exclus par le système éducatif… » se plaint ce père de famille, enseignant du supérieur. « Vous savez, le daara ou l’ecole coranique est fait pour mieux pratiquer sa religion car elle dispose de contenus d’enseignement exclusivement tournés vers le Coran. Par contre, l’école française est un chemin incontournable pour l’avenir et la réussite dans la vie. Juste pour vous dire que Daara et Ecole sont deux systèmes, deux chemins qui vont de pair ! Malheureusement, les talibés ne fréquentent ni l’un, ni l’autre…», dénonce-t-il à propos de ces enfants de la rue appelés à ne plus se passer de leurs sébiles (des pots de tomate en l’occurrence) pour survivre.
Une tragédie sociale !
L’exemple de ces deux talibés réduits en spectateurs devant l’ambiance de rentrée des classes résume le triste sort de ces enfants de la rue. Une tragédie sociale plus qu’une scène de rue qui remet en question la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Dans cette même Charte des Nations-Unies, les peuples reconnaissent également que l’éducation est un droit essentiel qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s’épanouir dans sa vie sociale. Donc conviendrez avec « Le Témoin » que l’école est un droit humain qui doit être accessible à tous les enfants, sans aucune discrimination.
Hélas, les éminents législateurs et ratificateurs de ces chartes des droits fondamentaux n’auraient sans doute jamais imaginé qu’à l’orée du troisième millénaire, dans un pays nommé le Sénégal, une importante frange de la jeunesse composée d’enfants-talibés serait privée de son droit à l’éducation. Pire, ces enfants sont parfois enfermés, enchainés, entassés et violentés dans des daraas insalubres, s’ils ne sont pas transformés en de lucratifs esclaves livrés à la rue pour mendier. Une situation que déplore Bamba Cissokho, membre du Collectif des résidents de Sacré Cœur III Vdn-Extension. Pour mieux se faire comprendre, ce père de famille tient d’abord à rappeler que la plupart des talibés sont des enfants de villageois sénégalais, maliens et nigériens ayant atteint le seuil d’extrême pauvreté. Ou alors des enfants de parents qui sont eux-mêmes d’anciens talibés etc. Dans l’impossibilité de prendre en charge leurs enfants, explique Bamba Cissokho, ces parents les confient à des marabouts soit pour qu’ils aient une éducation différente de celle reçue par ceux qui les ont mis au monde soit pour qu’ils soient éduqués à la dure. Ce selon le principe qui veut que trop d’affection et d’attention peut nuire. « Car, on a vu des enfants de pachas qui ne manquaient de rien et qui ont viré comme de vulgaires voyous », relativise-t-il avant de méditer sur le triste sort des talibés carrément « exclus » de l’école et livrés à la rue où il est quasiment impossible de réussir. « Parce que la rue est un milieu plein de dangers et de tentations qui compromet tout processus éducatif. Non seulement les talibés sénégalais sont mal éduqués, mais très mal nourris contrairement aux talibés ivoiriens qui paient de leur poche pour manger dans des gargotes avec l’argent collecté, etc. Avant de chercher les voies et moyens de scolariser les talibés, il faut d’abord s’attaquer à leur cadre de vie informel non accompagné par l’état et qui montre le délaissement total et intégral par ce dernier face à cette situation non maîtrisée depuis belle lurette » se désole M. Cissokho, un habitant de Sacré-Cœur III VDN.
A l’en croire, « le problème des talibés est une équation complexe et très difficile à résoudre puisqu’il ne se limite pas seulement à leur retrait de la rue. Il faut d’abord attaquer le mal à la racine c’est-à-dire développer le monde rural pour que les parents pauvres dénués de tout ne se séparent plus et inutilement de leurs enfants ». Bamba Cissokho propose de déclassifier le domaine national afin que l’homme rural ou le villageois soit propriétaire et actionnaire dans les activités des sociétés industrielles et autres fermes agricoles qui viennent s’installer sur son terroir etc. ».
« Alara biranane » de tous les dangers
En tout cas, la poignante présence de ces talibés devant le portail de l’école « Les Petits-Pas » n’est que la partie émergée de l’iceberg ! Pratiquement dans tous les quartiers de Dakar, ces petits garçons se débattent et vivotent dans des conditions misérables et lamentables. Un « Alara biranane » de tous les dangers dès lors que, partout dans le monde, la rue représente le plus grand danger de perdition des enfants. L’enfant de la rue en général, le talibé en particulier, est en rupture sociale et quotidiennement en proie aux dangers de (accidents, enlèvements, drogue, banditisme, sévices sexuels etc.).
Selon Khadimou Rassoul Mbacké, président de l’Amicale des moniteurs des daaras modernes du Sénégal (Amdms), ces enfants talibés n’ont pas demandé à naitre. « Donc, l’irresponsabilité incombe à ceux qui les ont fait naitre c’est-à-dire les parents. De même qu’aux autorités étatiques ! Malheureusement, c’est amer de le dire mais la plupart des talibés mendiants sont des délinquants potentiels pour avoir été déjà initiés au goût de l’argent et non du savoir du Livre-Saint », regrette ce maître coranique. Il se désole du fait que le phénomène des enfants talibés mendiants est devenu une chose qui prend de l’ampleur de jour en jour. Une triste réalité qui nous renvoie aux récentes études de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes : l’effectif des daaraas de Dakar est estimé à près de 50.000 talibés. Et 91 % de ces enfants-talibés mendient dans les rues de Dakar pendant plus de 15 heures par jour. Le département de Dakar enregistre 32 % de ces enfants qui tendent la sébile (ou le pot de tomate !), Pikine 27 %, Rufisque 24 % et Guédiawaye 19 %. Hélas !
ATTENTION AU MARCHE ILLICITE DE VACCINS ANTI-COVID-19 !
Une personne malintentionnée annonce l’arrivée de flacons de vaccins anti-covid vendus à 20 000 francs l’injection
« Le Sénégal n’a encore ni les moyens, ni les capacités encore moins le profil épidémiologique pour faire venir un vaccin anti-Covid », selon un expert de la santé.
Les autorités sanitaires ont vraiment du pain sur la planche pour s’opposer aux menées des personnes malintentionnées voulant profiter de la pandémie pour s’enrichir. Lesquelles annoncent déjà l’arrivée de flacons de vaccins anti-covid à 20 000 francs l’injection. Leur publicité mensongère intervient au moment où le nombre de décès du covid-19 oscille entre 2 et 4 par jour. Quelles mesures convient-il de prendre d’ores et déjà pour juguler au plus vite ce marché illicite des… pseudo-vaccins anti-covid-19 qui risque de plomber les efforts des autorités sanitaires ? Quelle punition infliger à ces personnes malintentionnées qui divulguent des messages pouvant impacter négativement sur la vaccination normale ?
Attention, ça craint. Et si l’on n’y prend garde, tous les efforts jusque-là consentis par l’Etat dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19 risqueraient d’être anéantis ! Des personnes malintentionnées utilisent des subterfuges pour manipuler l’opinion en ce temps de crise sanitaire. Surtout au moment où la deuxième vague de coronavirus s’est bien installée avec une augmentation sensible des nouvelles contaminations, des décès et des cas graves. Dans l’intervalle d’une semaine, près de 800 personnes ont choppé le virus. Chaque jour, il y a deux, trois voire quatre décès. Du 10 au 17 décembre — donc en 8 jours seulement —, les services du ministère de la Santé ont recensé quelque 786 cas positifs au coronavirus, 26 cas en réanimation et 14 décès.
« Vaccin… déstabilisant d’un certain Modou Mbaye Massira »
Alors que les autorités sanitaires, par la voix du ministre de la Santé et de l’Action sociale (Msa), Abdoulaye Diouf Sarr, affirment haut et fort que « le pays n’a encore porté son choix sur un quelconque vaccin. Et si on allait choisir un, ce serait un vaccin homologué par l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) », les charlatans sont déjà à l’œuvre. Sur le mur Facebook d’un internaute est postée une image sur laquelle un certain « Modou Mbaye Missira » demande à toute personne intéressée de le contacter sur son numéro pour, dit-il, « un arrivage GP de flacons Covid 19 monnayant l’injection au prix forfaitaire de 20 000 francs » !
« Le Sénégal ne dispose même pas de frigo de conservation à moins de 10 degrés encore moins de 60 degrés pour un vaccin anti-Covid ! »
Interpelé sur la question, un professionnel de la santé rassure. « Ce sont des gens malintentionnés qui se font passer pour des Modou-Modou pour créer une tension sociale dans le pays et déstabiliser psychologiquement la population », a expliqué notre interlocuteur. Selon lui, le Sénégal n’a encore ni les moyens, ni les dispositions, ni les capacités encore moins le profil épidémiologique lui permettant de disposer de vaccin contre le coronavirus. « Le pays ne dispose même pas d’un frigo où mettre des vaccins qui nécessitent une conservation de moins 10 degrés, à plus forte raison un vaccin à moins 60 degrés. Aussi, un vaccin onéreux avec des rappels à courte durée n’est pas encore à la portée de pays à faibles revenus comme le nôtre », a expliqué cet expert en santé qui pense que le choix du vaccin le mieux adapté à notre environnement est aussi très important. A l’heure donc de la course au vaccin dans les pays occidentaux, « nous » avons le temps de voir l’impact réel de cette vaccination initiale chez eux. Car, et pour une immunité vaccinale, dit-il, « il faudra toucher environ 60 % de la population. Ce qui est quasiment impossible pour beaucoup de pays. Et c’est pour dire qu’une protection ciblée est une option pour certains pays avec une périodicité inconnue pour l’instant. Ce qui demande un suivi et des moyens colossaux ». « Les pays occidentaux ont progressivement commencé la vaccination. Mais l’Afrique, étant encore moins impactée, ne peut pas être dans cette dynamique ». Une manière pour notre interlocuteur de dire que les vaccins arrivent, mais ils ne sont pas pour autant la solution pour certains pays africains qui n’ont que l’ignorance, les comportements inappropriés, le sous équipement et l’insuffisance des structures comme défis sanitaires. D’où la promotion de l’hygiène et du respect des mesures barrières qui reste le seul vaccin efficace en Afrique contre la pandémie pour le moment !
Par Mamadou Oumar Ndiaye
POLITICIENS, RENDEZ-NOUS NOS MANDATS LOCAUX
Au Sénégal, les citoyens n’ont plus d’emprise sur leurs élus. Lesquels, au contraire, prétendent leur dicter leur agenda. Cela fera bientôt deux ans que ces messieurs et dames discutent sur le sexe des anges électoraux sans une perspective claire
Le Brésil, la Bolivie, le Chili, le Venezuela ont tenu leurs scrutins. Et même la Russie et la Biélorussie ! Pour dire que dans les pays où la démocratie est ancrée — ou même là où on essaie de l’implanter —, le respect du calendrier électoral est sacré. Sauf si le ciel s’abat sur la tête des citoyens de ces pays-là, les élections ont lieu à bonne date.
Le Sénégal constitue l’exception qui confirme la règle, hélas ! Ce qui est désolant dans ce pays où, encore une fois, il n’y a ni conflit armé ni crise sanitaire majeure mais où les politiciens font tout pour refuser de remettre leurs mandats en jeu. Et permettre au peuple qui leur a remis ces mandats soit de les confirmer en les réélisant soit de les révoquer. Car enfin, dans la démocratie, un système à propos duquel l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill a dit qu’il est mauvais « mais elle est le moins mauvais » de tous, les citoyens choisissent leurs dirigeants par le biais des élections.
Ne pouvant pas tous être aux affaires, c’est-à-dire gérer la cité ou légiférer — dans certains pays comme aux Etats-Unis juger —, ils choisissent donc parmi eux des gens dignes de confiance pour les envoyer dans l’Exécutif, le Législatif et, dans certains cas on l’a vu, le Judiciaire. Autrement dit, ils se font représenter. D’où la notion de démocratie représentative comme conçue par ses initiateurs.
Bien évidemment, un tel système, pour bien fonctionner, suppose que les élus remettent à intervalles réguliers leurs mandats au peuple qui les sanctionne positivement ou négativement. Schématiquement, c’est comme cela que les choses doivent fonctionner. Mais apparemment, au Sénégal, les citoyens n’ont plus d’emprise sur leurs élus ! Lesquels, au contraire, prétendent leur dicter leur loi et leur agenda.
Prenant prétexte du fait que la dernière présidentielle n’avait pas été transparente, en tout cas que le processus électoral était vicié et que le fichier n’était pas fiable, nos politiciens refusent d’organiser les élections municipales tant que ce processus ne serait pas évalué et que le fichier ne ferait pas l’objet d’un audit ! L’ennui, c’est que cela fera bientôt deux ans que ces messieurs et dames discutent sur le sexe des anges électoraux sans qu’une perspective claire se dégage. Ce que c’est donc compliqué d’organiser des élections dans ce pays ! Car enfin, bien avant le fameux dialogue national qui s’est terminé en queue de poisson, une « commission politique » dirigée par un général discutait déjà depuis des mois sur l’évaluation du processus électoral ainsi que sur le fichier. Une commission qui a poursuivi ses travaux durant le Dialogue…
De report en report, glissons vers… 2024 !
Jusque-là, en tout cas, le résultat le plus tangible des discussions picrocholines de nos politiciens — mais aussi de la frange politisée de la société civile —, c’est que les locales, qui devaient se tenir en juin 2019, ont été repoussées au mois de mars 2021 « au plus tard » mais ne semblent malheureusement pas pouvoir être organisées à cette nouvelle date ! Car, aussi bien l’évaluation que l’audit n’ont pas été effectués et nul n’est vraisemblablement pressé de voir ces conditions remplies.
A propos de l’audit, d’ailleurs, on tend la main à l’USAID pour le financer. Et pourquoi pas l’Etat quand on sait que le Sénégal fait quand même partie des « cinq à six pays du monde à ne pas enregistrer de récession en 2020 », comme le soutient fièrement notre ministre des Finances et du Budget ! Censées donc se tenir en mars « au plus tard », vraisemblablement repoussées au mois de novembre « au plus tôt » — c’est nous qui le disons ! —, les élections locales risquent de se chevaucher avec les législatives prévues en 2022. On voit d’ici le scénario si elles avaient lieu effectivement en novembre. Des partis politiques — sans doute instrumentalisés par le pouvoir — viendraient exiger que l’on évalue encore le nouveau processus, que l’on audite le fichier et l’on repartirait pour un autre tour.
Concertations, dialogue, report des législatives et, par voie de conséquence, de la présidentielle de 2024. Ne riez pas puisque, en République démocratique du Congo (RDC), c’est exactement ainsi que les choses s’étaient passées permettant à l’alors président Joseph Kabila de gagner un an supplémentaire à la tête de ce pays. C’est ce qu’on avait appelé à l’époque le « glissement ». Un glissement fort possible au Sénégal au train où vont les choses.
En tout cas, les politiciens de ce pays mènent les citoyens — les pauvres cons que nous sommes — en bateau. Et plutôt que de rendre des comptes à ce brave peuple, on a plutôt l’impression que c’est ce dernier qui leur est redevable ! Les Sénégalais sont donc priés d’attendre sagement que leurs politiciens au sens large — c’est-à-dire y compris les militants d’organisations de la société civile qui vivent du business des élections — aient fini de discuter de choses sérieuses avant de consentir enfin à fixer la date à laquelle ils souhaitent lui remettre leurs mandats. Tout cela est d’autant plus navrant — exaspérant devrait-on dire — que le Sénégal peut tout de même se prévaloir d’avoir réussi deux alternances au sommet de l’Etat qualifiées d’exemplaires en Afrique. Et au cours desquelles on a vu des présidents sortants battus qui ont appelé leurs adversaires pour les féliciter. Mais bon Dieu, les textes, le fichier et le processus qui ont permis de réaliser des alternances peuvent quand même servir à organiser des élections locales, non ?
Qui peut le plus peut le moins même si, c’est vrai, ces alternances, c’était pendant le printemps démocratique sénégalais… Si l’on n’a bien compris, il convient de ne surtout pas badiner sur les durées de validité des cartes nationales d’identité, des permis de conduire, des attestations d’assurance.
Gare au citoyen ou/ et au conducteur qui se promènerait avec une de ces pièces dont l’échéance aurait expiré. On voit d’ici nos policiers et nos gendarmes se frotter les mains de la bonne affaire qu’ils vont faire en verbalisant — ou rançonnant, c’est selon — le brave citoyen contrevenant en question. En revanche, les mandats de nos élus peuvent avoir expiré depuis des lustres, ces braves gens continueront toujours de nous représenter en toute légitimité ! Mais ne parlons pas de sujets qui fâchent et demandons plutôt à nos politiciens quand est-ce qu’ils cesseront enfin de se foutre de notre gueule ?
GUERRE DE POSITIONNEMENT AU SEIN DE SUQQALI SOPI
Après la nomination d'Oumar Sarr au ministère des Mines, les pro Amadou Sall et les partisans de Babacar Gaye s'affrontent ! Chacun des deux camps revendique le statut de n°2
A peine porté sur ses fonds baptismaux, le parti (Pld/And Suqali Sopi) est déjà miné par une bataille de positionnement. Après la nomination du président Oumar Sarr au ministère des Mines et de la Géologie, les pro Amadou Sall et les partisans de Babacar Gaye s’entretuent ! Chacun des deux camps revendique le statut de N°2 de « Suqqali Sopi » pour se faire servir par le président Macky Sall
And Suqqali-Sopi est-il un parti des opportunistes ou des ambitieux ? Peut-être les deux à la fois ! Toujours est-il que cette nouvelle formation qualifiée de frustrés, de mécontents et de déçus semble être loin d’une organisation durable qui vise à conquérir et à exercer le pouvoir. A peine crée par des anciens cadres libéraux à savoir Oumar Sarr, Babacar Gaye et Me El Hadj Amadou Sall, And Suqqali Sopi s’est aussitôt encastré dans la mouvance présidentielle sans se donner un poids de popularité sur le terrain électoral.
Déjà dans les rangs, les pro-Amadou Sall et les partisans de Babacar Gaye ainsi que d’autres cadres venus d’horizons divers sont engagés dans une guerre fratricide de positionnement. Ragaillardis par la récente nomination de leur mentor Oumar Sarr dans le gouvernement comme ministre des mines et de la géologie, chacun des deux camps revendique le statut de N°2 de « And Suqqali-Sopi ». Il est vrai qu’avec telle casquette en second, Me Amadou Sall ou Babacar Gaye pourrait faire valoir leur légitimité hiérarchique dans l’espoir de se faire servir ou récompenser par le président Macky Sall. Ce, au même titre que leur coordinateur tournant Oumar Sarr bien qu’il s’est autoproclamé président de And Suqqali Sopi.
Du coté des cadres anonymes ou lambdas, c’est la bousculade dans les couloirs du ministère des Mines et de la Géologie. Chacun veut travailler dans le cabinet du ministre Oumar Sarr ou alors dans une des directions rattachées à son ministère. Pendant ce temps, certains militants reprochent aux éternels membres du présidium And Suqqali Sopi à savoir Me Amadou Sall, Oumar Sarr et Babacar Gaye d’entretenir avec certains cadres des relations heurtées eu égard à leurs comportements caractérisés par des positions d’ascendance qu’ils affichent et imposent aux autres.
La salle de réunion du parti baptisée du défunt président Ghanéen « Kwame Nkrumah » n’est pas également du gout des militants et cadres de And Suqqali-Sopi. Pour eux, « Kwame Nkrumah » ne fait pas l’unanimité. Et le de choisir ce « parrain » si étranger sans concertation constitue un très mauvais départ pour le parti alors que les anciens présidents du Sénégal (Senghor, Diouf et Wade) le méritaient plus que tout autre africain « Il faut que Oumar Sarr sache que And SuqqaliSopi n’est pas le parti des ex : Pds, mais des militants et cadres de tous bords ! » avait laissé entendre un cadre de Koungheul en pleine réunion.
Selon certaines indiscrétions, Babacar Gaye qui semble-t-il veut tout contrôler au sein du parti est devenu un cas préoccupant pour un groupe de cadres et de militants fidèles à Oumar Sarr. D’ailleurs, cela commence à faire débat au plus haut sommet de cette nouvelle formation.
En tout cas « Le Témoin » a appris que pour éviter toute entrave ou dualité au sommet de And Suqqali-Sopi, des manœuvres seraient entamées auprès du président Macky Sall pour qu’il « exfiltre » Babacar Gaye, quitte à le nommer dans une représentation diplomatique à l’étranger. Ca c’est un autre débat !
«POUR MOI, UN DEPART EST TOTALEMENT EXCLU»
De retour dans le onze du départ de Julien Stéphan, Mbaye Niang se sent bien en Bretagne.
De retour dans le onze du départ de Julien Stéphan, Mbaye Niang se sent bien en Bretagne. Depuis quelques semaines, l’international sénégalais enchaîne les apparitions. Après la rencontre face à Marseille en championnat, l’ancien joueur de Torino a pris le temps d'évoquer sa situation actuelle et son avenir à court terme.
Tout va très vite dans le monde du foot. Et Mbaye Niang le sait bien. Arrivé à Rennes en 2018, l’attaquant sénégalais avait fini par convaincre les dirigeants bretons de lever son option d’achat à l’issue de la saison. Après son aventure en Italie, l’attaquant a trouvé de la stabilité en s’installant en Bretagne. Grand artisan de la victoire en Coupe de France en 2019 ainsi que de la qualification historique du club breton pour la Ligue des Champions cette saison, le sénégalais avait été une source de convoitises un peu partout en Europe.
A cet effet, le joueur de 25 ans avait émis son envie d’aller voir ailleurs, notamment à l’Olympique de Marseille. Après cet épisode, l'ancien Caennais pensait toutefois filer en prêt du côté de Saint-Étienne durant les dernières heures du mercato avant que l'opération ne tombe à l'eau. Titulaire lors de la première journée face à Lille, Mbaye Niang a ensuite disparu de la circulation. Il s’était retrouvé en dehors des plans de Julien Stéphan, mais il a fallu attendre le 20 novembre dernier lors de la réception de Bordeaux pour le voir fouler les pelouses.
Trouvant du temps de jeu, le sénégalais exclut l’idée de quitter le navire breton lors du prochain mercato hivernal. «Je suis là pour toute la saison. Je vais essayer d'être prêt le plus rapidement possible pour aider l'équipe. On fera le bilan à la fin. Je ne me sens pas concerné par ce mercato-là (d'hiver). Pour moi, un départ est totalement exclu. J'ai la tête au Stade Rennais, je suis bien, je prends du plaisir sur le terrain. Je n'ai aucune raison de me poser la question d'un départ», a annoncé Mbaye Niang.
Profitant de la blessure de Serhou Guirassy, l’attaquant des Lions commence à trouver du temps de jeu. Auteur de 29 buts en 80 matchs avec les Rouge et Noir, l’attaquant compte désormais travailler pour aider son équipe à réaliser une meilleure deuxième moitié de saison. «L'état d'esprit est très bon. Je récupère, j'enchaîne les matchs. C'est à moi de reprendre quelques repères. Le but à Nice m'a fait beaucoup de bien au niveau de la confiance. C'est toujours mieux de travailler dans la victoire. Il faut continuer à travailler. C’était une période où tout footballeur peut vivre. Tout a été clarifié, on s'est mis au travail. Et aujourd'hui, c'est la récompense de mon travail de tous les jours», a-t-il déclaré.
Buteur à Nice (1-0) et titulaire contre l'Olympique de Marseille, le Rennais est revenu sur sa situation avec Julien Stéphan. «La relation avec le coach est bonne. On a un dialogue sincère. Quand j'ai des choses à lui dire, je ne me gêne pas et vice-versa. Après, il y a des choses qui se sont passées et qui ont été dites. Comme je l'ai dit, tant que ce n'est pas sorti de ma bouche, ce ne sont pas forcément des choses que je pense. Le coach sait ce que je pense et je sais ce qu'il pense de moi», a-t-il ajouté.
LE SG DU SUDES-ES DENONCE UN DETOURNEMENT DE FONDS PUBLICS POUR UN PRIVE FRANÇAIS
«La mise en place d’un campus franco-sénégalais montre que le gouvernement français veut bien de l’argent des étudiants africains solvables mais ne veut pas de leur proximité. »
Le Chef de l’Etat a posé, mercredi, en Conseil des ministres, un acte de plus dans la mise en place du campus franco-sénégalais, en nommant le français Jean Peeters à la tête de son Conseil d’Administration. Révolté par la nouvelle, le Secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/section enseignement supérieur et recherche parle d’un détournement de fonds publics au profit d’un étranger, et qui auraient pu servir à relever la carte universitaire en proie à plusieurs difficultés.
«La mise en place d’un campus franco-sénégalais montre que le gouvernement français veut bien de l’argent des étudiants africains solvables mais ne veut pas de leur proximité. » C’est sous cet angle que le SG du Sudes/esr pose le débat sur la mise en place de cet espace universitaire au lendemain de la nomination d’un français à la tête du Conseil d’Administration du campus franco-sénégalais.
Interrogé par « L’As », Oumar Dia affirme ne pas être surpris par cette nomination inédite dans l’histoire du Sénégal. « Nous percevons ce campus comme une façon d’acter et de valider le projet du président Macron qui veut contenir les étudiants africains solvables en Afrique. C’est ce que le gouvernement et le Président Macky Sall ont exécuté à la lettre », s’offusque le syndicaliste. Cette nomination n’est rien d’autre, à ses yeux, que l’attitude du colonisé complexé qui pense que l’expertise n’appartient qu’à l’ancien colon et qui paie cette expertise au coût que lui fixe le colon.
Mieux, il déclare que ce projet « est un détournement de fonds publics pour un privé français. Parce que les fonds publics sénégalais, c’est pour les universités publiques sénégalaises. Le montage du campus franco-sénégalais qui est en train d’être fait, c’est qu’en réalité, on est en train de développer une université privée française au Sénégal sans que le privé français ne débourse le moindre le sou », s’indigne le SG du Sudes/esr.
Par ailleurs, il juge honteux que le gouvernement du Sénégal collabore avec ce projet inique au moment où les universités publiques agonisent faute de moyens. Pour Oumar Dia, cet argent du contribuable sénégalais mobilisé pour financer la mise en place de cette université privée française au Sénégal aurait pu servir à relever la carte universitaire, c’est-à-dire d’achever les chantiers de l’université publique et les conditions de travail des enseignants sénégalais et des étudiants.
Ulcéré, Monsieur Dia assure qu’il n’est pas question pour le Sudes/esr que les fonds publics sénégalais servent à un privé français qui veut développer un enseignement supérieur privé au Sénégal. « L’urgence nationale, c’est d’achever le chantier de l’Université Amadou Makhtar Mbow qui est à l’arrêt depuis longtemps, de continuer les travaux de l’université Sine-Saloum et de mettre en place l’Université du Sénégal Oriental dans la région de Tambacounda, comme cela était prévu par la concertation nationale pour l’avenir de l’Enseignement supérieur de 2013 qui a été acté dans les décisions présidentielles, et qui est resté en l’état 7 ans après », rappellet-il.
Sur cet esprit, renseigne-t-il, le Sudes/esr va protester vigoureusement contre cette situation. Car, estime le syndicaliste, si le gouvernement du Sénégal consent à être humilié par celui français, la communauté universitaire sénégalaise n’acceptera pas d’être humiliée par celle française.
BONS ET MAUVAIS ÉLÈVES DANS L’EXÉCUTION DU FONDS FORCE COVID-19
Au plus tard en février 2021, le chef de l’Etat aura en possession le premier rapport du Comité de suivi du Fonds Force Covid-19. C’est ce qu’a déclaré son porte-parole, Momar Ndao.
Au plus tard en février 2021, le chef de l’Etat aura en possession le premier rapport du Comité de suivi du Fonds Force Covid-19. C’est ce qu’a déclaré son porte-parole, Momar Ndao.
Après le rapport de l'Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) rendu public ces derniers jours, le Président Macky Sall va recevoir celui du Comité de suivi du Fonds Force Covid-19 au plus tard au mois de février. La révélation a été faite par le porte-parole de la structure, Momar Ndao, joint hier au téléphone par « L’AS ».
« On a terminé maintenant, on fait les vérifications de ce que nous avons fait. Mais, on a terminé le premier rapport parce qu’en fait le travail est supposé continuer car on a dit que nous devons poursuivre le travail jusqu’à trois mois après la fin de la pandémie. Il est très difficile aujourd’hui de dire si on arrête ou pas. Donc, on va donner un rapport qui ne sera pas le seul rapport. Nous allons donner un premier rapport en attendant l’évolution des choses. C'est déjà bouclé. Maintenant, on est en train de faire les derniers réglages pour prendre une date de remise. Nous pensons le faire au plus tard en février. Cela dépend du calendrier du président », explique le président de l'Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN). Sur la question de savoir s’il y a eu des bons et des mauvais élèves dans l’exécution du Fonds Force Covid-19, il affirme que cela va figurer dans le rapport qui sera transmis au chef de l’Etat, qui aura la primeur de l’information.
« Une fois le document transmis, on pourra rendre public le rapport. Il y a eu des bons élèves et d’autres qui sont moins bons. Par bons élèves, on va dire des gens qui sans qu’on les sollicite davantage donnaient le maximum d’information qu’on attendait d’eux. Donc il y a d’autres qui donnaient des informations partielles et on est obligé de leur demander de compléter. Donc tout le monde n’a pas fait la même présentation des dépenses qui ont été faites. On est satisfaits mais il y a eu beaucoup de remarques. On est satisfait du fait qu’on leur a demandé des documents, ils nous les ont donnés. Mais il y a aussi des choses à dire bien sûr. Au moins, ils ont été tous coopératifs et ils nous ont donné le maximum d’informations qui nous ont permis de pouvoir nous faire une religion », précise-t-il.
Poursuivant Momar Ndao a annoncé que le comité de suivi a dépassé son budget initial. Car, en plus du budget de 628 milliards F CFA initialement prévus, l’État a dépensé près de 60 milliards F CFA supplémentaires. « Le niveau d’exécution est de 109,4%. Donc, on a dépassé ce qui était prévu. A la date du 4 novembre, sur 628 milliards F CFA, de dépenses décaissables, on a un niveau d’exécution de 687,312 milliards, soit un taux de décaissement de 109,4% », fait-il savoir avant d’ajouter : « le budget est en train d’être exécuté. Il n’est pas terminé. Ça va être difficile de dire quand est-ce que l’exécution du budget sera terminé parce que la Covid est encore là. Au fur et à mesure qu’il y aura des cas, il y aura besoin de traitement, donc il y aura toujours des besoins d’investissements. On risque de dépasser la période pour laquelle on avait prévu de dépenser les mille milliards».
MAMADOU DIA A FAIT DES ERREURS
Babacar Diop, patron du FDS, décrypte la figure de l'ancien président du Conseil à travers la crise de 1962 impliquant Leopold Sédar Senghor, et son legs à l'histoire politique du Sénégal
Réhabiliter Mamadou Dia. C’était manifestement l’objectif recherché par le président du parti les FDS en organisant jeudi une rencontre sur la crise politique de1962. Néanmoins, faisant une analyse lucide de cet évènement, Babacar Diop a soutenu que le président Mamadou Dia a commis des erreurs, notamment sur son fétichisme de l’amitié à l’égard de Léopold Sédar Senghor.
Lorsque le président Mamadou Dia a perdu l’usage de ses yeux, Dr Babacar Diop a eu le privilège de lui lire des ouvrages. Les dialogues silencieux du leader des FDS avec son maître en politique sont connus de tous. Et le président Mamadou Dia souhaitait qu’il constitue les germes de ce qu’il a semé. Mais Babacar Diop veut rester cet intellectuel impassible qui analyse les choses objectivement en parlant de l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia.
Jeudi, dans une salle archicomble et devant des étudiants qui voulaient se réconcilier avec la pensée du Président Dia, le philosophe s’est incliné devant la mémoire et l’immense parcours de cet homme politique. Toutefois, il est revenu avec lucidité sur certains manquements notés chez son «maître». «Sur le plan politique, j’assume ma proximité avec Mamadou Dia, mais il y a beaucoup de questions sur lesquelles je ne suis pas d’accord avec lui. Il a fait beaucoup d’erreurs, c’est la vérité historique. Il a commis des fautes. Il n’a pas négocié certains virages. Senghor était plus politique que lui. Il connaissait les faiblesses de Mamadou Dia comme son fétichisme de l’amitié. Et c’est ce fétichisme qui l’a perdu», affirme Dr Babacar Diop après avoir fait une intervention remarquée sur la crise de 1962. Il ajoute : ‘’Le Président Dia dit : « Avec Sédar, j’ai partagé la cola. Il est sérère, je suis halpular, je ne peux pas le trahir. » La responsabilité de Mamadou Dia est engagée dans l’éclatement de la Fédération du Mali. Les Maliens avaient dit à Mamadou Dia de se présenter, il a refusé. Il a dit que c’est Senghor ou personne d’autre. Il a manqué de tact sur certains virages et sur certaines questions.Il y a aussiun moment où il en demandait plus davantage. Il demande aux jeunes d’être concernés par le pays, d’être concernés par le développement. En un moment, les gens ont dit qu’ils ont envie de vivre.
«Il est plus grand que les 4 présidents de la République du Sénégal réunis»
A en croire le leader des FDS, le président Mamadou Dia est un grand homme, un patriote, un grand militant, un panafricaniste, mais il faut avoir la lucidité de savoir ce qu’il faut prendre de lui et ce qu’il faut laisser. «Lui-même a dit qu’un homme politique n’est pas un saint, il fait des erreurs, il fait des fautes», indique Diop. Se présentant comme un ‘’Diaiste‘’ convaincu sur le plan politique, le président du parti FDS considère que personne ne doute de la bonne volonté de l’ancien président du Conseil. «Même ses adversaires lui reconnaissent cette bonne volonté, son intégrité. Il faut regarder tous ceux qui détournent de l’argent, qui construisent des maisons. Le gars, lui, il n’avait pas de maison et ses enfants chômaient», s’exclame le philosophe.
«Mamadou Dia mérite de porter le nom du boulevard de la République ou d’une université»
Selon Babacar Diop, dans la crise de 1962 qui a sonné le glas du bicéphalisme au Sénégal et avec comme dénouement la condamnation à perpétuité de Mamadou Dia, il y a le verdict de la Haute Cour de Justice du 12 mai 1963. «Au-dessus de ce verdict, il y a celui de l’histoire. Et aujourd’hui, c’est l’histoire qui a définitivement réhabilité Mamadou Dia, parce que les acteurs ont témoigné. Le Général Jean Alfred Diallo, chef d’état-major des armées de l’époque, que Senghor a utilisé dans cette crise, a dit que Dia n’a jamais voulu faire de coup d’Etat et qu’il doit être réhabilité. Et que s’il y a quelqu’un qui s’est servi des Forces Armées, ce n’est pas Mamadou Dia, c’est plutôt Senghor. Dans ses mémoires, le juge Ousmane Camara, procureur de la République de l’époque, a dit que Mamadou Dia doit être réhabilité. Aujourd’hui, nous assistons à une réhabilitation de Dia qui a toute sa place dans l’histoire politique de notre pays», déclare Dr Babacar Diop. Dans le même registre, il souligne que dans la crise de 1962, il n’y a pas eu ni de vainqueur ni de perdant entre Dia et Senghor. «Le perdant, c’est le peuple sénégalais. Mamadou Dia avait une vision, un projet de développement économique pour le Sénégal. Si on avait laissé Mamadou Dia travailler, on n’en serait pas à cette situation. Tous les historiens sérieux comme Pr Mamadou Diouf sont d’accord sur ce fait», clame-t-il avant de trancher que «l’ancien président du Conseil Mamadou Dia est plus grand que tous les quatre Présidents du Sénégal réunis».
Face un public conquis, Babacar Diop s’enflamme : «C’est Mamadou Dia qui nous a permis d’être dakarois, c’est Mamadou Dia qui a créé l’ENAM, qui a créé l’ENEA, qui a élaboré le premier Plan de développement du pays. C’est Mamadou Dia qui a signé l’acte de l’indépendance du Sénégal. Il est le concepteur et le bâtisseur de l’Etat moderne du pays. Cet homme mérite le boulevard de la République. Cet homme mérite une université». Quoi qu’il en soit, il affirme que Mamadou Dia sera réhabilité aujourd’hui ou demain. «C’est irréversible», lance-t-il.
Babacar Diop sur la suppression de la ville de Dakar : «Ceux qui gouvernent ce pays n’ont pas de culture»
Le président du parti FDS s’oppose à la volonté du gouvernement de supprimer la Ville de Dakar. En effet, selon Babacar Diop, ceux qui gouvernent le pays n’ont pas de culture. «Ils ne connaissent pas l’histoire du pays, s’ils étaient des hommes de culture à la hauteur de Mamadou Dia ou de Senghor, ils ne penseraient pas à cela. Dakar est un pan de l’histoire de notre pays», indique le philosophe qui pense que le gouvernement va revenir à la raison. «D’autant que j’ai vu des intellectuels qui ne font pas de la politique se prononcer sur cette question», souligne Babacar Diop. «Dakar c’est notre histoire, c’est la ville de Lamine Guèye et on élisait le maire de Dakar bien avant les indépendances. Macky Sall ne peut pas se permettre de la supprimer à cause de la politique politicienne. Nous sommes tous Dakarois sur cette question, c’est notre histoire», fulmine le leader de FDS.