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12 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
UNE REPRISE DES CLASSES SUR LES CHAPEAUX DE ROUES
Qu’en sera-t-il des écoles qui, après quelques averses, n’auront rien à envier aux étangs que l’on trouve dans la forêt ? Qu’en sera-t-il des 6500 abris provisoires disséminés sur l’ensemble du territoire national ?
Après trois reprises ratées des enseignements et apprentissages, l’Etat semble enfin décidé à rouvrir, contre vents et marées, les écoles primaires, collèges et lycées le 25 juin prochain. Du moins pour les élèves de cm2, de 3e secondaire et de terminale. Mamadou Talla, le ministre de l’Education nationale, et son collègue de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Dame Diop, rouvriront les écoles fermées depuis la première décade du mois de mars. Ainsi, le ministre Talla a dévoilé le nouveau calendrier retenu pour les examens de baccalauréat, Bfem et Cfee. Le Cfee et l’Entrée en sixième se dérouleront fixés à partir du 20 août prochain, le Bfem à partir du 14 septembre. Les sessions de remplacement sont prévues à partir du 15 octobre. Les épreuves anticipées de philosophie se tiendront le 12 août, le bac technique à partir du 31 août et le bac général à partir du 7 septembre. Les autres examens professionnels seront organisés du 3 au 30 août. La nouvelle année académique démarrera dans la première semaine du mois de novembre 2020.
Les syndicalistes et les partenaires sociaux, qui étaient en phase de réflexion, se disent surpris de la décision du ministre de l’Education nationale qui n’a pas tenu compte de leurs propositions. Alea jacta est. Les soldats de la craie seront de retour dans les classes même si le terrain n’est pas encore déminé, même si le climat demeure anxiogène. Dans ces conditions, il est à craindre, dès les premiers jours, de voir des établissements fermés mis en quatorzaine pour cause d’un enseignant ou d’un élève atteint du covid-19. Mais quelle est la solution prévue pour ces élèves qui perdront durant ces deux mois de cours au moins 14 jours ? Qu’en sera-t-il des établissements où le protocole sanitaire ne sera pas respecté totalement surtout que la logistique mise en place devra durer deux mois ? Qu’en sera-t-il des écoles qui, après quelques averses, n’auront rien à envier aux étangs que l’on trouve dans la forêt ? Qu’en sera-t-il des 6500 abris provisoires disséminés sur l’ensemble du territoire national surtout que l’hivernage s’est installé dans les zones sud et centre ?
Autant de questions dont les réponses n’ont pas été trouvées auprès des ministres concernés par la reprise. Certaines autorités de l’Education nationale soutiennent toujours avec naïveté qu’il y a des pays où il pleut 8 mois sur 12 et que, par conséquent, enseignants et élèves travaillent sous la pluie. Il faut préciser que dans ces pays, les autorités ont pris toutes les dispositions pour que la pluie ne soit pas un facteur rédhibitoire pouvant compromettre le travail à l’école.
Certes le Sénégal, à l’instar de tous les autres pays, traverse une situation exceptionnelle, mais cela ne doit pas être un prétexte pour imposer la reprise des cours dans des conditions pas encore claires. La conférence des gouvernements scolaires se désole d’être écartée des séances de réflexion auxquelles la tutelle avait convié acteurs et partenaires de l’école. Cette instance représentative des élèves n’exclut pas de s’opposer à la reprise d’autant plus que certains de ses membres des zones sud et centre, concernés par la reprise, ont déclaré ne plus être en mesure de retourner à l’école parce qu’ils doivent cultiver leurs champs qui les nourrissent et qui assurent leurs frais de scolarité. Quant aux élèves des classes intermédiaires, ils peuvent déjà entamer leurs vacances puisque le ministre cherche avec les acteurs comment faire pour décider de leur passage ou redoublement. Par ailleurs, il est prévu dans l’agenda scolaire de la rentrée du mois de novembre quelques semaines de consolidation pour combler le gap du 2e semestre que ces élèves n’effectueront pas. Il est clair que l’objectif du gouvernement, c’est de tout faire pour organiser les examens mais non de finir le programme scolaire.
Ainsi les autorités académiques, pour plus de cohérence, devraient procéder à un redimensionnement du programme, fixer les limites dans lesquelles se tiendront les évaluations pour éviter de perdre du temps sur des chapitres bâclés qui risquent de saturer les élèves. Cela permettra aux enseignants de bachoter pour préparer intensément les élèves dont l’unique objectif est de réussir à l’examen. Bien sûr au détriment du savoir.
par Siré Sy
QUAND LA COVID-19 MET À NU LE PSE (3/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette crise vient rappeler que le PSE est davantage obnubilé par la croissance que par le développement économique et le progrès social - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c’est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République.
Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacré au président Macky Sall.
Pour cette troisième épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, quand la Covid-19 met à nu le PSE.
La Covid-19 a montré au président Macky Sall et au gouvernement du Sénégal, ce que vaut réellement le PSE (Plan Sénégal Émergent) sur le terrain, au-delà des slogans, des théories, et des déclarations d’intention. Au-delà de la gouvernance par le verbe et les effets d’annonce. En effet, après avoir bouclé la première phase (de 4 ans) du PSE, la Covid-19 est venue nous rappeler que le PSE était et faisait plus dans l'économisme (obnubilé par la croissance synthétique du PIB) que dans l'Économie (développement économique diffus et progrès social). Parce que le PSE marche sur une jambe (un Plan uni-jambe) parce que ne prenant presque pas, ni assez ni au mieux, l’autre versant de l'émergence, le versant social (emploi et santé).
Pourtant, depuis 2015, le Think Tank Africa WorldWide, n'a cessé d'alerter sur ce fait, en écrivant et en déclarant qu'à la moindre secousse, tout s'effondrerait comme un château de cartes. Comme nous ne sommes pas de l’APR, nous avons été taxés d’opposant encagoulé et de populiste. L’on est allé même jusqu'à nous dire de ‘’rentrer’’ au Maroc….
La Covid-19 vient confirmer, hélas, notre prédiction et le président Macky Sall vient de se rendre compte et cette pandémie vient de révéler, malgré tous ses efforts et ses slogans, du niveau de pauvreté, d'indigence des sénégalais et de la vulnérabilité de notre économie et de son système dont 80% repose sur l’informel. Sans compter, le rachitisme de nos structures médicales et de notre système de Santé en termes d'équipements et de plateaux médicaux. Bref, de notre système de Santé qui est malade et de l'urgence à se soigner au Sénégal.
Erreurs tactiques d'une stratégie de guerre
Dans sa gestion de la Covid-19, Macky Sall, n'a-t-il trop prêté son oreille à l’international ? Le président a-t-il pris peur des prédictions catastrophiques de l’OMS et de l’Occident ? Macky a-t-il paniqué, dans l’exercice ô combien délicat de la prise de décision au plus haut sommet, au point de décréter la guerre avant l'heure, alors qu'il fallait en appeler à une forte mobilisation sociale ? Ainsi, après trois mois de gestion de la Covid-19 et de mise en œuvre de la stratégie de guerre, force est de noter que sur le plan de la gouvernance, Macky a cherché un consensus politique alors qu’il fallait trouver un consensus communautaire.
Sur le plan de la communication du gouvernement sur la Covid-19, celle-ci a été plus une information vers les citoyens (donner le message) qu'une communication avec les populations et les communautés (tisser le lien et nourrir la relation). Sur le plan médical et sanitaire, le gouvernement a plus fait dans la stigmatisation des populations, en les voyant comme des prochaines victimes au lieu de les traiter comme des acteurs, les acteurs de leurs propres santé-sécurité. Sur le plan social, la manière et la distribution des vivres au Sénégal, se sont déroulées comme dans une situation d'aide alimentaire alors que nous sommes dans une crise humanitaire. En faisant exactement le contraire de comment il est largement admis de procéder sur le plan social en contexte de crise humanitaire. Il y a eu un enchaînement d’impairs que cause souvent, la panique et une mauvaise gestion de la peur, quand on prend des décisions dans l’affolement.
C’est à une véritable « révolution intérieure » que s’est livré cousin Baye Doudou dont la vie s’est du même coup transformée de fond en comble. De quasi ivrogne et mécréant qu’il était, il est sans transition devenu un pieux croyant
« Il y avait là, par malheur, un petit animalcule en bonnet carré… » ( Voltaire, « micromégas »)
J’ai beaucoup réfléchi au « cas » de cousin baye doudou et en un moment donné je me suis même demandé si ce n’était pas la peur du coronavirus qui lui avait un peu fêlé le timbre, le faisant basculer dans une sorte de crise mystique proche de la schizophrénie...mais les fréquentes visites que je lui ai rendues, et continue de lui rendre, m’ont convaincu du contraire « couse », m’a-t-il dit un jour, comme s’il avait lu dans mes pensées, « ...je ne suis pas fou dé ! Tu sais, les vrais fous sont ceux qui nient l’existence de dieu, et j’espère que tu n’en fais pas partie ! Mais cousin, tu te rends compte ! Comment un homme sain d’esprit peut-il ne pas croire en dieu et aux prophètes qu’il nous a envoyés, han ?!... » Pris de court, n’ayant pas d’argument à lui opposer ni de réponse à lui donner, j’ai préféré éluder la question et nous avons parlé d’autre chose… bien entendu lorsque je passe chez lui, baye doudou me tient toujours un sermon lénifiant, mais quand même cohérent, sur la nécessité pour chacun de se consacrer à la religion, seul moyen d’assurer le salut de notre âme ici-bas et dans l’au-delà. Selon lui. Selon lui c’est, par les temps qui courent, une nécessité plus que jamais cruciale. Je l’écoute toujours avec une attention polie et en aucune façon n’essaie de le contredire car je sais que cela ne servirait à rien, sinon peut-être seulement à créer un mur d’airain entre nous.
En effet, j’ai bien compris que mon cousin, engoncé dans ses habits neufs de dévot est absolument certain de détenir le monopole de la vérité. N’ayant pas cette prétention, je suis donc conscient que c’est à moi qu’il revient de faire l’effort d’être tolérant afin de sauvegarder notre relation à laquelle je tiens par-dessus tout. Evidemment son prêchi-prêcha n’a pas plus d’effet sur moi qu’une sonate de Mozart sur un masque dogon et ses belles paroles ne font guère mieux que tomber dans l’oreille d’un sourd.
Néanmoins, comme je l’ai dit, je reste poli et j’écoute avec curiosité et le même intérêt qu’un enfant porterait à des contes de fées les anecdotes imprégnées de merveilleux que me raconte baye doudou dont les talents de conteur ne cessent de m’étonner. par exemple j’ai écouté sans me lasser une seconde le récit du rêve qu’il a fait la veille de sa rupture définitive d’avec ce qu’il appelle à présent « les turpitudes de la vie ».
Cette nuit-là, me dit-il, il avait vu en rêve notre grand’mère Adja Ndèye sokhna K…, la mère de nos deux mamans qui sont en fait des sœurs jumelles. Elle lui était apparue toute de blanc vêtue, souriante et nimbée d’un halo de lumière.
Dans l’une de ses mains elle tenait un grand livre sur la couverture duquel étaient gravés des caractères arabes, tandis que de l’autre, elle lui faisait signe de la suivre. Mais juste à ce moment, une voix céleste avait retenti et notre grand’mère avait disparu comme par enchantement. Alors lui, baye doudou, s’était réveillé en sursaut, inondé de sueur et le cœur battant à tout rompre. Ce rêve singulier l’avait hanté toute la journée du lendemain et le soir même il s’était empressé d’aller faire un tour au « guétapan », histoire de décompresser et de se détendre un peu autour d’un verre avec ses habituels compagnons de beuverie. Quelle ne fut alors passa surprise en arrivant sur les lieux, de constater que les portes et les fenêtres du bar étaient hermétiquement closes. Sur la porte d’entrée principale était accroché un écriteau où l’on pouvait lire les mots suivants :
« Fermé pour cause de coronavirus »
Etonné et déçu, baye doudou avait alors rebroussé chemin et était rentré chez lui où il s’était enfermé dans sa chambre pour écouter la radio. C’est à ce moment qu’il apprit la nouvelle de la mort du célèbre musicien camerounais Manu Dibango de qui il était un fervent admirateur et dont il avait toujours aimé fredonner la fameux « Soul Makossa ».
Un déclic s’était alors produit dans le cerveau de mon « couse » qui avait senti comme un éclair traverser son esprit ! Le reste se passe de commentaire et je crois qu’il n’est pas besoin d’être mage ou sorcier pour deviner la suite. Mes conversations avec baye doudou ont maintenant une autre tournure, mais j’ai quand même réussi à m’y habituer en m’adaptant à la nouvelle donne. Parfois je suis passablement ahuri, ou même irrité, par ses propos et je l’écoute avec une sorte de fascination mêlée de scepticisme.
La dernière fois que je lui ai rendu visite, il a longuement disserté sur le sujet du coronavirus, arguant que ce redoutable petit animalcule n’est en réalité rien d’autre qu’une manifestation de la Toute- puissance divine, un avertissement adressé aux hommes afin qu’ils se repentent de leurs innombrables péchés et méfaits et qu’ils implorent le pardon de leur créateur. Il a particulièrement insisté sur la nécessité d’éduquer notre peuple qui, selon lui, souffre de trois grands maux : l’inconscience, l’indiscipline et l’ignorance. « Encore faudrait-il que les dirigeants de ce pays soient eux-mêmes des modèles de patriotismes, de compétence et d’honnêteté, que nos maigres ressources naturelles soient gérées avec parcimonie et que nous cessions de nous endetter pour enrichir une minorité. Le mensonge, la corruption, le faux, l’enrichissement illicite qui sont la gangrène de ce pays doivent être combattus avec la dernière énergie et punis avec la plus extrême sévérité » a martelé avec véhémence cousin baye doudou dont le bégaiement naturel s’est légèrement accentué. Il avait l’air d’un tribun et parlait d’un ton passionné dans ce langage châtié, et peut être même un peu recherché, des instituteurs de la vieille école. Quand il a eu fini sa diatribe vengeresse je n’ai pas pu m’empêcher de sourire, quelque peu amusé par sa fougue.
Mais au fond j’étais en parfait accord avec lui, et même d’avis que l’on devrait couper la tête à tous ceux qui commettent des crimes économiques ! Baye doudou m’a fait aussi remarquer, ce que je sais déjà, que le coronavirus n’épargne personne, qu’il frappe à l’aveuglette, sans distinction de race, de sexe, de religion ou de statut social et qu’en dépit de leurs moyens colossaux, de leur science avancée, de leur technologie sophistiquée, les pays les plus développés de la planète n’arrivent pas encore à le circonscrire et sont pris de panique face à son inexorable expansion. « C’est un mal que dieu a infligé à l’humanité et dont lui seul saura l’en délivrer » a-t-il conclu d’une voix vibrante d’exaltation. Les propos que m’a tenus mon cousin ce jour-là m’ont plongé dans un abîme de perplexité et je ne savais vraiment plus quoi penser de lui.
Même si je continue de nourrir une réelle amitié et une sincère affection à son endroit, je ne cesse de me poser un tas de questions au sujet du spectaculaire changement de cap de cousin baye doudou. Mon scepticisme est d’autant plus grand que, depuis que je le connais, baye doudou n’a jamais manifesté le moindre signe de religiosité en ma présence. Lui et moi n’avons d’ailleurs jamais discuté des choses de la foi et je ne l’ai jamais vu faire la prière chez lui ni à la mosquée, sauf à l’occasion des fêtes de la Korité et de la Tabaski. Cela, me semblait-il, plus par conformisme social que par piété véritable. C’est ce côté apparemment libertin voire iconoclaste qui m’a toujours plu chez baye doudou. C’était aussi la pomme de discorde entre lui et Marianne qui est, elle, d’une piété exemplaire, tout comme leur fille mimi d’ailleurs. Pour moi qui suis depuis longtemps agnostique et libre penseur, il allait de soi que cousin baye doudou le fût également. Eh bien, non ! … je me suis planté sur toute la ligne comme le prouve le brusque virage qu’il vient d’opérer et qui crée en moi une sorte de malaise, un bizarre et diffus sentiment de trahison. De tout ce qui vient d’être relaté j’ai déduit qu’en réalité, dans les profondeurs du subconscient de mon cousin, dans les replis les plus secrets de sa psyché, ont toujours subsisté des croyances solidement ancrées et pour ainsi dire, indéracinables. Il aura suffi d’un rêve nocturne associé à deux faits accidentels pour les faire ressurgir de la manière la plus imprévisible et leur redonner toute leur force primitive, leur puissance originelle.
En un tournemain, elles ont radicalement transformée l’existence de cet homme et changé sa vision du monde de fond en comble. « nit dafa lëndëm »* proclame un adage bien de chez nous : la stupéfiante pirouette de mon cousin semble en confirmer la véracité.
Tel un lointain avatar de Janus, il avait deux visages dont je ne connaissais en fait que l’une des faces et dont l’autre vient de se révéler à moi !... ce matin encore, devant ma tasse de café fumant, j’ai longuement réfléchi à l’étrange métamorphose de baye doudou. Un trait d’humour m’a alors traversé l’esprit, me suggérant que pour ce qui le concerne, il serait peut-être plus indiqué d’employer ce mot de mon invention « coronamorphose » !
Ce drôle de néologisme m’a fait sourire et, dans mon for intérieur, je me suis dit que décidément les mystères de l’esprit humain sont aussi impénétrables que les voies du seigneur ! L’histoire de mon cousin baye doudou en est, me semble-t-il, la plus parfaite illustration. Mais n’est-elle pas aussi la preuve que le coronavirus ne provoque pas que des hécatombes et qu’il est peut-être même à l’origine de certains singuliers … « miracles » ?
Hypocrite lecteur mon semblable, mon frère, je te laisse le soin de répondre à cette délicate question !
* « l’homme est un être obscur »
FIN
Saint-Louis-du-Sénégal, Juin 2020
Par Ibou Dramé SYLLA
UN RECIT DE MA VIE A L’ECOLE
Les enseignants – ceux du cours maternel autant que ceux des universités – forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche, toujours vigilante
« Les enseignants – ceux du cours maternel autant que ceux des universités – forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche, toujours vigilante. Armée sans tambour, sans uniforme rutilant. Cette armée-là, déjouant pièges et embûches, plante partout le drapeau du savoir et de la vertu »
Mariama Ba, Une si longue lettre Je me veux très succinct pour ce qui va suivre. En fermant les yeux, en cette veille de la reprise des enseignements-apprentissages, je vois la figure de mon professeur de portugais de la classe de 2nde s2 du lycée Ibou Diallo de l’année scolaire 2006-2007 lisant à notre intention la lettre ouverte du Cusems. J’ai perdu l’exemplaire de cette poignante missive qui me fit verser des larmes. Plus de dix ans après, c’est en enseignant que je me rends compte que rien n’a changé, ou du moins pas grand-chose, dans la condition de traitement de ces soldats du savoir.
Etre enseignant, c’est une vocation, un sacerdoce. Senior Barry avait lu le texte en un mardi soir en faisant les cent pas entre les rangées. La démarche assurée, la voix de stentor et la gestuelle dont le balancement de la tête m’ont fait saisir la gravité de la situation. C’était pour la satisfaction de la plateforme revendicative que le collège de syndicats Cusems avait observé des jours de grève.
Le ministre Sourang, ne pouvant répondre aux attentes pourtant si raisonnables et légitimes de nos maitres, avait demandé, pour sauver l’année, que nous autres élèves soyons évalués pour passer en classe supérieure sur la base de la seule moyenne du premier semestre. Le monstre froid dont parlait Nietzsche venait de montrer que les enfants de la république seraient les agneaux du sacrifice au lieu d’ajuster les dépenses faramineuses de la classe politico-affairiste sur la santé et l’éducation. Ce fut pénible tant l‘incertitude avait gagné les esprits. Finalement, nos dignes et braves maîtres avaient reculé pour avoir compris que la bêtise avait élu domicile dans le cœur de nos gouvernants d’alors. En cette vieille de la reprise des cours suspendus pour protéger les élèves et enseignants de la covid-19, j’ai mesuré la portée de mon choix de suivre les pas de mes maîtres en devenant un des leurs. Travaillant pour semer la vertu et l’amour du beau, du Juste et du Vrai dans le cœur des jeunes de notre pays, les enseignants sont de ceux qui ont un haut degré du patriotisme.
En ployant le genou devant les bailleurs qui financent le secteur éducatif, l’Etat a décidé d’envoyer les enseignants et les élèves, futurs élites de ce pays, au front d’une guerre sanitaire aux conséquences probablement désastreuses pour la nation. Qu’en sera-t-il de la relève après l’effondrement ?
Avec les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires, je subirai une amputation dans la gestion de ma salle de classe. Je ne saurai faire les cents pas entre les rangées pour vérifier la prise de note des élèves, je ne saurai donner une barre de craie à l’un d’eux pour la correction d’un exercice au tableau, je ne saurai et je ne saurai… Ils se méfieront de moi comme je me méfierai d’eux. Ce sera très pénible !
Ainsi, la relation pédagogique subit un sacré coup. Tout cela à cause d’un diabolique projet de vouloir mettre en mal les enseignants et les populations. La détermination et le don de soi de cette armée sans armure en fer ou acier ont eu raison de la monstruosité des politiques. Et demain, nous irons à l’école !
ALOYSE DIOUF QUITTE LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ
Le Directeur de Cabinet d'Abdoulaye Diouf Sarr va rejoindre l'OMS Sénégal
C’était la der, pour Dr Aloyse Waly Diouf. Le Directeur de Cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale a présenté, pour la dernière fois, la situation du jour de l’évolution du coronavirus au Sénégal. Pour cause, il a annoncé sa démission du département ministériel. Une nouvelle mission l’attend au bureau de Dakar de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Sur sa page Facebook, il a adressé un message à l’endroit de son désormais ex patron, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr : « Aucune séparation n’est facile ! Monsieur le Ministre, cher ADS (Abdoulaye Diouf Sarr), si au moment d’écrire ces lignes ,ma plume trahit les effluves de mon esprit. C’est parce que ma reconnaissance envers vous à jamais ne tarira. En vous j’ai découvert un leader, un meneur d’hommes et de femmes, un homme qui inspire confiance et qui sait faire confiance. Ces trois années vécues à vos côtés m’ont beaucoup forgé. Aujourd’hui, je vous remercie d’avoir accepté que je puisse partir vers un autre challenge. Vos conseils avisés et vos encouragements me permettront sans doute de faire face à ce nouveau défi. Merci Mr le Ministre, cher ADS ! Diokondial (merci, en sérère) ! »
Selon nos informations, il devrait être remplacé à la direction du Cabinet ministériel par Alphonse Ousmane Thiaw, actuel Conseiller technique du Directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, chargé des affaires juridique et du contentieux.
164 NOUVEAUX CAS ET TROIS DÉCÈS SUPPLÉMENTAIRES
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé vendredi avoir recensé 164 nouveaux cas de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, ce qui porte à 5.639 le nombre de personnes souffrant de cette maladie
Dakar, 19 juin (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé vendredi avoir recensé 164 nouveaux cas de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, ce qui porte à 5.639 le nombre de personnes souffrant de cette maladie, depuis son apparition au Sénégal le 2 mars.
Les 164 nouveaux patients faisaient partie d’un groupe de 1.617 personnes testées au cours des dernières 24 heures, soit un taux de positivité de 10,1%, a informé le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, le docteur Alyose Waly Diouf.
Faisant le point sur la pandémie, docteur Diouf a indiqué que les cas positifs concernent 148 cas contacts suivis par les autorités sanitaires et 16 cas issus de la transmission communautaire.
Les cas issus de la transmission communautaire ont été identifiés à Kounoune, Keur Massar, Thiadiaye, Pikine, Bargny, Médina, Liberté 4, Khombole, Mbour, Yoff, Bène Tally, Mékhé et Touba, a-t-il souligné.
Le porte-parole du ministère de la Santé a signalé que 72 patients ont été testés négatifs et ne sont donc plus porteurs du virus.
Le cumul des personnes sorties des centres de traitement s’élève à 3.788 depuis l’apparition de la maladie.
Dix-sept patients se trouvent toujours dans les services de réanimation.
Le nombre de décès causés par le Covid-19, 79 au total, a connu une nouvelle hausse, avec trois nouvelles pertes en vies humaines ces dernières 24 heures.
L’INQUIÉTUDE DES ENSEIGNANTS POUR LA RÉOUVERTURE DES CLASSES À LA UNE
Les quotidiens reçus vendredi à l’APS semblent douter de la capacité du gouvernement à rouvrir convenablement les classes d’examen dès la semaine prochaine et à organiser des examens scolaires sans couacs.
Dakar, 19 juin (APS) – Les quotidiens reçus vendredi à l’APS semblent douter de la capacité du gouvernement à rouvrir convenablement les classes d’examen dès la semaine prochaine et à organiser des examens scolaires sans couacs.
‘’Alors que le ministre de l’Education est déterminé à faire reprendre les cours pour les classes d’examen, jeudi prochain, les syndicats d’enseignants traînent les pieds et multiplient les préalables’’, écrit Le Témoin Quotidien. Il ajoute que ‘’les syndicats d’enseignants dénoncent une reprise ‘précipitée’‘’ des enseignements suspendus depuis le 16 mars en raison de la pandémie de coronavirus qui a fait 76 morts au Sénégal, selon le ministère de la Santé.
Certains syndicats d’enseignants reprochent au gouvernement d’avoir choisi unilatéralement la date du 25 juin pour la reprise des cours dans les classes d’examen.
Le Témoin Quotidien estime que le gouvernement ne cherche qu’à ‘’tout faire pour organiser les examens, mais pas de finir le programme scolaire’’. Et ce qui pourrait découler de cette attitude, poursuit le même journal, c’est que les enseignants en arrivent à ‘’bachoter pour préparer intensément les élèves dont l’unique objectif est de réussir à l’examen, bien sûr, au détriment du savoir’’.
Source A relaye les complaintes du G7, une fédération de syndicats d’enseignants, qui déclare que ‘’le gouvernement sera tenu comme seul et unique responsable de tout ce qui peut arriver’’ à la suite de la décision jugée unilatérale de rouvrir les classes d’examen dès la semaine prochaine.
‘’Au sortir de sa réunion d’hier, le G7 retient que cette date n’engage que le gouvernement du Sénégal’’, lit-on dans le journal.
WalfQuotidien estime que la reprise des cours, le 25 juin, ‘’est partie pour être hypothétique’’. ‘’Nous avons déjà rencontré Monsieur le ministre [de l’Education] à la date du vendredi 12 juin 2020. Et lors de cette rencontre, il était question qu’on mette en place un comité stratégique pour (…) trouver ensemble la meilleure période qui pourrait nous permettre de reprendre les enseignements et apprentissages dans un cadre scolaire sein et sécurisé’’, écrit le même journal, citant Malick Youm, responsable d’un syndicat d’enseignants.
Le hic, selon M. Youm, c’est que, ‘’aujourd’hui (…) on nous dit que le ministre a déjà proposé une date’’. ‘’C’est vraiment une surprise’’ pour les enseignants, dit-il.
Selon Tribune, la question que ‘’tout le monde se pose est de savoir si toutes les conditions sanitaires sont remplies pour éviter une vague de contaminations en milieu scolaire’’, puisque la pandémie de coronavirus continue de se propager au Sénégal.
‘’Cette interrogation vient (...) à son heure, quand on sait que des enseignants avaient choppé le virus, poussant les autorités à reporter la rentrée qui était prévue le 2 juin dernier’’, poursuit le même journal.
Les ministres chargés de l’Education et de la Formation professionnelle semblent répondre à la question en affirmant dans un communiqué conjoint relayé par EnQuête que ‘’la volonté de tous les acteurs de sauver l’année scolaire sera toujours sous-tendue par le respect strict du protocole sanitaire validé par le Comité national de gestion des épidémies, afin de garantir la sécurité sanitaire des apprenants et des enseignants’’.
Mieux, Mamadou Talla et Dame Diop assurent que ‘’les ministères concernés ont pris les dispositions nécessaires pour reprendre les enseignements et apprentissages dans les meilleures conditions possibles, à travers une démarche inclusive’’.
Le G7, selon L’As, se désole pourtant de la démarche ‘’unilatérale’’ du gouvernement. Il n’y a donc pas eu de ‘’démarche inclusive’’, selon ses dirigeants. Le résultat, selon L’As : ‘’Les enseignants rejoignent les classes en colère.’’
‘’Le secrétaire général du Sels/A (un syndicat d’enseignants), Abdou Faty, a tenu à clarifier que la date du 25 juin a été prise unilatéralement par le gouvernement sans concertation avec les partenaires sociaux’’, rapporte L’As.
«DIFFICILE DE FAIRE LES COURS EN PERIODE D’HIVERNAGE»
Selon Cheikh Mbow, directeur exécutif Cosydep, Nous avons noté cette nouvelle projection de l’autorité pour les classes d’examen et constater avec regret l’absence d’une réponse globale sur la totalité du scénario de cette reprise pour le 25 juin
«Nous avons noté cette nouvelle projection de l’autorité pour les classes d’examen et constater avec regret l’absence d’une réponse globale sur la totalité du scénario de cette reprise pour le 25 juin. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de fixer la date de la reprise et de la fin de l’année puisque les autres alternatives notamment les réponses aux questions légitimes concernant les classes intermédiaires et la problématique de l’hivernage sont aussi des éléments à prendre en compte.
Je dois aussi rappeler qu’après la reprise avortée du 2 juin, nous avions été consultés par le ministère de l’éducation nationale. Lors de notre rencontre nous avions porté à l’attention de l’autorité un certain nombre de recommandation qui tournaient entre autres, autour de la nécessité de combler le déficit en matériel prévu dans le protocole sanitaire, attiré son attention sur le défi lié à l’état de notre réseau scolaire constitué par la vétusté des infrastructures dont plus 6000 abris provisoires, l’inaccessibilité de certains établissements pendant l’hivernage. Nous avions également insisté sur la nécessité d’accorder une grande attention à l’inclusion scolaire par rapport aux élèves qui sont dans les classes intermédiaires.
Et c’est ainsi que nous avions proposé de travailler sur un schéma d’achèvement des cours entre septembre, octobre et novembre pour combler le gap pédagogique. Maintenant que la décision est prise, nous ne pouvons faire que prendre acte parce que nous reconnaissons que c’est au gouvernement que revienne la responsabilité de prendre une décision par rapport à l’école. Donc, en tant républicain nous allons accompagner autant que faire se peut ce dispositif même si nous savons qu’il sera extrêmement difficile de faire les cours en période d’hivernage au Sénégal à cause de l’inondation de certaines écoles même à Dakar».
«JE PREFERE ALLER EN ANNEE BLANCHE PLUTOT QUE DE SACRIFIER CES ELEVES»
Selon Dame MBODJ, secrétaire général Cusems authentique , Le gouvernement s’est toujours aligné sur les positions de la France
«Je dois préciser que je ne suis nullement surpris par cette décision de rouvrir les établissements du moyen secondaire et de l’élémentaire pour les classe d’examens à partir du 25 juin. Le gouvernement s’est toujours aligné sur les positions de la France. Et je m’attendais à une telle décision depuis que la France la réouverture des classes pour le 22 juin alors que tout le monde sait qu’on n’a pas les mêmes réalités que ce pays.
Le président de la République et son gouvernement doivent savoir que l’école, c’est du sérieux. Toute décision qu’on prend, si elle n’est pas minutieusement préparée et basée sur une connaissance scientifique du secteur peut avoir des conséquences énormes pour notre pays. Et aujourd’hui ce qu’ils sont en train faire va avoir un impact sur le système sur une longue période. Ce que j’appelle la génération covid-19 risquent d’être sacrifiée. Ils seront sacrifiés pourquoi ? Parce qu’on n’a pas assez appris cette année. Nous avons enregistré des pertes de temps énormes qu’il faut rattraper. Malgré le slogan creux «Ubbi tay jangue tay », le Sénégal perd le mois d’octobre.
Ensuite, nous avons fait deux mois de grève du G20 et G7, qui sont deux regroupements de syndicats. Et depuis le 16 mars, date de fermeture des classes par le chef de l’Etat, qui en a les prérogatives, jusqu’au jour d’aujourd’hui, nous avons trois mois de perte de temps. Si on n’y ajoute les deux mois qu’on a perdus avant, cela veut dire qu’on ait perdu en tout cinq mois. Perdre cinq mois et vouloir rattraper un seul mois et pouvoir aller aux examens, c’est ça qui est un scandale. On n’a même pas entamé le second semestre. Comment peut-on vouloir faire un mois de cours seulement et commencer les examens.
Les Sénégalais ne mesurent même pas la gravité de cette décision. Il y’a des parents qui disent que l’année blanche est à éviter. Mais moi je préfère aller en année blanche plutôt que de sacrifier ces élèves. Parce que ces élèves qui vont passer en classe supérieure, sans atteindre le niveau d’assimilation des contenus des cours, leur avenir sera hypothéqué. L’Etat s’entête à organiser les examens au mois d’août parce que le gouvernement du Sénégal veut protéger l’oligarchie du privé nichée au cœur de Dakar. Dans le Plateau beaucoup d’écoles privées où apprennent les enfants des responsables du pouvoir notamment les Généraux, les ministres, directeurs de sociétés, les hommes d’affaires de manière générale. Ils veulent organiser le bac en août pour protéger les intérêts de leurs enfants qui ont déjà en poche leur préinscription pour aller à l’étranger parce qu’ils savent que les universités françaises démarrent en début septembre. Et ce, au détriment de la majorité des enfants issus de familles pauvres. C’est ça qui est regrettable».
DISSONANCE DANS LA PRATIQUE
Des Sénégalais en possession d’un permis de conduire de leur pays ne peuvent plus faire l’échange avec celui de la France, après un an de séjour. Ils sont obligés de passer l’examen du Code conduite afin d’avoir l’autorisation de conduire en Hexagone
Des Sénégalais en possession d’un permis de conduire de leur pays ne peuvent plus faire l’échange avec celui de la France, après un an de séjour. Ils sont obligés de passer l’examen du Code conduite afin d’avoir l’autorisation de conduire un véhicule en Hexagone. La mesure est effective depuis le 31 mars 2020. Pendant ce temps, la France qui évoque une harmonisation de la législation, donne la possibilité à certains pays africains d’échanger leurs permis. Mieux, les français basés au Sénégal peuvent procéder au changement des permis de leur pays d’origine avec celui sénégalais.
Depuis le 31 mars 2020, l’Etat français a retiré le Sénégal de la liste des pays dont les permis de conduire nationaux sont susceptibles de faire l’objet d’un échange contre un permis de conduire français, en vertu d’accords bilatéraux et de pratiques réciproques d’échanger des permis de conduire. Au grand dam des ressortissants sénégalais qui y vivent. Certains courent le risque de perdre leurs emplois car, la quasi-totalité des entreprises françaises exigent le permis de conduire, au recrutement. Et, désormais, le Sénégalais qui arrive en France n’a maintenant le droit de conduire avec son permis national que sur une période d’une année. En cas d’expiration, l’échange n’est aucunement possible. En atteste un refus de changement notifié à des compatriotes qui vivent dans ce pays et qui en ont fait la demande. «Votre demande est examinée dans le cadre juridique des dispositions du Code de la route, notamment de l’article R 222-3 de ce code, et de l’arrêté interministériel du 12 janvier 2012 fixant les conditions de reconnaissance et d’échange des permis de conduire délivrés par les Etats n’appartenant ni à l’Union européenne, ni à l’espace économique européen.
L’article 5-I-A de cet arrêté précise que pour être échangé comme un titre français tout permis de conduire délivré par un Etat n’appartenant pas à l’Union européenne, ni à l’espace économique européen, doit avoir été délivré au nom de l’Etat, dans le ressort duquel le conducteur avait alors sa résidence normale sous réserve qu’il existe un accord de réciprocité entre la France et cet Etat conformément à l’article R 222-1 du Code de la route. Or, il n’existe pas d’accord de réciprocité d’échanges des permis de conduire dont vous avez fait la demande». Il est ainsi signifié à nos compatriotes résidant en Hexagone que pour «conduire un véhicule en France, il lui faut désormais se présenter et réussir l’entretien du permis de conduire en France». Avant cette décision du 31 mars 2020, les Sénégalais avaient la possibilité d’échanger leurs permis avec celui de la France, dans les catégories A1 et B, en vertu des mises à jour du 1er octobre 2019.
LE SENEGAL EFFACE DE LA LISTE DES RECIPROCITES, D’AUTRES PAYS AFRICAINS RESTENT
Alors que le Sénégalais ne peut plus faire l’échange de son permis de conduire avec celui de la France, des ressortissants d’autres pays africains ont cette prérogative. Dans le document de l’autorisation des échanges en date du 31 mars 2020 et publié sur le site officiel des Services publics de la République française, il est clairement mentionné que l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Djibouti et l’Eswatini sont autorisés à changer leurs permis. Le Gabon, l’Ethiopie, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Libéria, la Mauritanie, le Kenya, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, la Namibie, le Maroc et le Niger… sont autorisés à faire l’échange de permis. En dehors de l’Afrique des permis d’autres pays sont aussi acceptés et peuvent être échangés en France.
L’AMBASSADE DE FRANCE A DAKAR PARLE DE RESPECT DE L’HARMONISATION EUROPEENNE EN MATIERE DE CONDITIONS DE DELIVRANCE DES PERMIS DE CONDUIRE
La mission diplomatique française à Dakar, contactée par nos soins, a relevé que c’est en raison de l’harmonisation européenne en matière de conditions de délivrance des permis de conduire que la France s’est engagée dans une réforme de son dispositif d’échange des permis de conduire. Et qu’aussi, les permis de conduire sénégalais ne peuvent plus être échangés en France. Elle a tenu à expliquer que le Sénégal n’est pas le seul pays visé. Cependant, ce qui parait incompréhensible, c’est pourquoi d’autres pays africains ont la possibilité de faire l’échange de permis, en dépit de cette logique d’harmonisation, contrairement au Sénégal ? Toutefois, l’ambassade de la France a également expliqué que les permis de conduire sénégalais régulièrement délivrés restent toutefois reconnus en France, tant qu’ils sont accompagnés d’une traduction en français ou d’un permis de conduire international, pour une durée d’un an, à compter de l’établissement en France de leur titulaire. Mieux, ajoute t-elle, les conducteurs titulaires d’un permis de conduire sénégalais devront, pour pouvoir continuer de conduire en France après expiration de ce délai d’un an, obtenir dans l’intervalle le permis de conduire français par examen. En outre, les titulaires de titres de séjours spéciaux délivrés par le ministère des Affaires étrangères français (diplomates ou fonctionnaires internationaux en poste en France) et les étudiants continuent de bénéficier de la reconnaissance de leur permis de conduire sénégalais durant l’entière durée de leur mission ou de leurs études en France.
LE PERMIS FRANÇAIS ECHANGE AVEC CELUI SENEGALAIS A DAKAR
C’est sur la base de l’absence d’une réciprocité entre les deux pays que la France refuse l’échange du permis sénégalais. Seulement, sur le site officiel, il est dit aux ressortissants français en séjour au Sénégal qu’ils peuvent obtenir leurs permis de conduire sénégalais par échange du permis de conduire français pour un permis de conduire sénégalais. Lors de cette procédure, lit-on sur le site, ils doivent donner leurs permis français aux autorités sénégalaises et ne pourront pas le récupérer ensuite. La procédure commence par l’obtention d’un relevé d’information restreint (Rir), son authentification avant l’obtention du permis sénégalais auprès des autorités locales. Les Français vivant au Sénégal peuvent aussi passer l’examen du permis de conduire. Revenant sur la possibilité d’échange de permis par celui du Sénégal, la mission diplomatique de la France au Sénégal, a informé que la réponse à sa faisabilité est du ressort des autorités en charge du Transport. La rédaction a essayé d’entrer en contact avec les responsables en charge de la délivrance des permis de conduire pour en savoir plus, notamment sur l’absence de réciprocité dans l’échange qui expose nos compatriotes en Hexagone. Ils ont promis de nous revenir, en vain.