Jean Alioune Diop, un catholique sénégalais fondateur de la revue puis des éditions « Présence africaine », a joué un rôle très important dans la participation des Africains au Concile Vatican II.
Il a également nourri la réflexion théologique africaine sur l’inculturation, comme initiateur, en 1956, du célèbre ouvrage « Des prêtres noirs s’interrogent ». Portrait d’un laïc qui a marqué l’histoire de l’Église d’Afrique.
Quand l’on parle d’Alioune Diop, l’on pense souvent à l’homme de culture qui a fondé les éditions Présence africaine dont le nom côtoie souvent ceux de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, David Diop et d’autres auteurs de la négritude. Mais Alioune Diop est également un grand nom de l’Église catholique en Afrique. Ce catholique sénégalais a, en effet, activement participé à la préparation du Concile Vatican II, une rencontre convoquée par le pape Jean XXIII qu’Alioune avait connu à Paris lorsqu’il y était nonce.
Alioune Diop est né en 1910, dans une famille musulmane de Saint-Louis au Sénégal. Ce n’est qu’à l’âge adulte, à Paris, en 1944, qu’il devient chrétien avec comme prénom de baptême, Jean. Homme de lettres, il fonde la revue Présence africaine en 1947, puis les éditions du même nom, deux ans plus tard.
Vatican II
Fondateur et directeur de la Société africaine de culture (SAC), il estime que les catholiques africains doivent s’approprier le Concile Vatican II par une préparation spécifique impliquant laïcs et clergé. Il est, en cela, soutenu par le jésuite camerounais Meinrad Hebga. Pour mener à bien cette préparation, Alioune Diop organise une ambitieuse consultation auprès des intellectuels africains, laïcs et prêtres, parmi « les plus compétents ». L’idée est de recueillir leurs réflexions, recommandations, et propositions concrètes à présenter comme contribution du « génie africain » au Concile Vatican II.
Il y a dans le livre L'âge d'or n'est pas pour demain d'Ayi Kwei Armah, une densité philosophique et une lucidité uniques. Le refermant, je songe à la situation de tant de pays africains et me dis : "L'âge d'or n'est toujours pas pour demain"
Cette année, dix-sept pays africains fêtent le soixantième anniversaire de leur indépendance, dont quatorze anciennes colonies françaises. Nous avons choisi de donner la parole à de jeunes auteurs de la diaspora et du continent, afin qu’ils nous en parlent soit à travers leur expérience, soit à partir d’œuvres africaines qui les ont marqués. Né au Sénégal, en 1990, Mohamed Mbougar Sarr, lauréat de nombreux prix littéraires dont le prix Ahmadou Kourouma 2015, ou encore le prix littérature monde 2018 du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, nous parle du désenchantement postcolonial. Son dernier roman, De purs hommes, est paru aux éditions Philippe Rey. Une série proposée par Christian Eboulé.
La force de L'âge d'or n'est pas pour demain du ghanéen Ayi Kwei Armah repose sur le dilemme qui tourmente son protagoniste (simplement nommé "l'homme") : comment, dans un pays récemment indépendant mais moralement failli, garder son intégrité malgré la pauvreté à laquelle elle condamne ?
Modeste cheminot, "l'homme" contemple, en refusant d'y participer, la corruption généralisée du Ghana, que les indépendants (et Nkrumah [Nkwame Nkrumah, premier président du Ghana indépendant, NDLR]) ont précipitée. Devant l'attitude de son mari, Oyo, qui rêve de sortir de la misère, le qualifie de "chichido", oiseau "qui déteste les excréments mais mange les asticots qui s'y complaisent".
C'est donc sur une double scène (conjugale et collective) que le drame de l'homme, être seul mais lucide, se joue. Un putsch éclate (occasion d'un inoubliable passage où Koomson, ministre corrompu et camarade d'enfance de "l'homme", échappe aux militaires en passant par des latrines débordant de merde). Mais le nouveau pouvoir fera-t-il mieux ? L'âge d'or n'est pas pour demain, lit "l'homme" à l'arrière d'un car. Prédiction pessimiste ou foi en un avenir radieux, lointain mais possible ?
Traduit en français en 1976, ce roman a d'abord paru en anglais en 1968, presque au même moment que d'autres grands livres (Les Soleils des indépendances [de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma], La Plaie [du Sénégalais Malick Fall]) avec lesquels il partage le même désenchantement postcolonial. Mais il y a dans ce livre une densité philosophique et une lucidité que je trouve uniques.
Armah, hélas moins connu qu'Achebe, Soyinka ou Ngugi dans l'espace africain anglophone, me semble pourtant être de leur trempe. On gagnerait à relire ce classique magistral et implacable, qui n'a pas pris une ride.
Le refermant, je songe à la situation de tant de pays du continent et me dis: "L'âge d'or n'est toujours pas pour demain".
Ayi Kwei Armah, L’âge d’or n’est pas pour demain, Présence africaine, 1976, Traduit de l’anglais par Josette et Robert Mane
DEUX ÉTUDIANTS AFRICAINS ACCUSÉS DE NON-RESPECT DU CONFINEMENT EN INDE, LYNCHÉS SUR LE CAMPUS
Plusieurs vidéos les montrant attaqués par des agents de sécurité privée ont circulé sur les réseaux sociaux. Selon certains activistes, ces images sont le reflet du racisme que subissent les personnes originaires du continent dans le pays
Les observateurs de France 24 |
Publication 26/07/2020
Deux étudiants africains du "Roorkee Institute of Technology" dans le nord de l'Inde ont été victimes d'un déchaînement de violences le 15 juillet 2020. Plusieurs vidéos les montrant attaqués par des agents de sécurité privée ont circulé sur les réseaux sociaux dans les jours qui ont suivi, entraînant le renvoi de plusieurs responsables du campus. Selon certains activistes, ces images sont le reflet du racisme que subissent les personnes originaires du continent africain dans le pays.
Le Roorkee Institute of Technology, situé dans l'État de l'Uttarakhand dans le nord de l'Inde, a été le théâtre le 15 juillet de violences visant deux étudiants africains. Selon une enquête du média indépendant indien The Quint, Ibrahim Diaby, ressortissant du Nigéria et de la Guinée, était accusé par la direction de l'université de ne pas respecter les mesures de confinement et de sortir du campus sans autorisation. Mais l'un de ses amis a expliqué que l'administration ne lui avait fourni aucune dérogation de sortie depuis le mois de mars et qu'il avait dû tout de même sortir pour "acheter à manger et faire réparer son téléphone et son ordinateur portable".
Selon la police locale, l'administration lui avait alors demandé d'expulser Ibrahim du campus, ce que les forces d'ordre ont refusé de faire, suggérant de régler le problème avec l'ambassade concernée. Toujours selon The Quint, l'administration du campus a alors fait appel à la société de sécurité privée "Hawk Commando" avec qui elle avait déjà travaillé. Cette société a alors dépêché le 15 juillet une équipe de 18 hommes pour expulser Ibrahim de force.
Un autre de ses amis originaire du Ghana, Emmanuel, aurait alors tenté de s'interposer. Son intervention n'est pas clairement visible sur les vidéos circulant à ce jour sur les réseaux sociaux.
Dans les vidéos qui documentent ces violences, les employés de cette société sont reconnaissables à leurs uniformes bleus et leurs casquettes noires. On les voit notamment frapper Ibrahim, le traîner dans des escaliers et le porter par les bras et les jambes pour l'emmener à l'extérieur du complexe universitaire.
Si la diffusion d’images sur les réseaux sociaux en a rajouté au niveau de la gravité des faits de Sacré-Cœur, il faut reconnaître au moins à ces médias une qualité dans cette histoire : leur capacité inégalée à sortir de l’ombre des actes aussi graves
Quel lien y a-t-il entre George Floyd, violenté, humilié et tué par un policier blanc, et la dame violentée, humiliée et filmée à Sacré-Cœur par de stupides tortionnaires de quartier ? L'implication des réseaux sociaux, pardi ! Grâce auxquels bien des causes acquièrent une célébrité difficilement envisageable, s'ils n'avaient pas existé. "Balance ton porc" ou "Black Lives Matter", entre autres nombreux exemples, en sont les témoins. Mais certains imprudents ou esprits naïfs également se méprennent sur leur utilité. L'histoire malheureuse de ce qu'il est convenu d'appeler la "femme de Sacré-Cœur" témoigne de la grande ignorance de certaines personnes qui ne perçoivent pas à quel point les réseaux sociaux peuvent entraîner leur propre perte, une fois qu'ils s'en servent pour médiatiser des faits peu recommandables.
Le ‘’blow’’, pratique exhibitionniste de fils à papa, y est une réalité. Leur dada : exhiber de l'argent à flots et user du sexe et de l'alcool, et parfois de la drogue, sous le regard permanent des réseaux sociaux. Chez eux, il faut avoir, faire et montrer que l'on a de l'argent - bien ou mal acquis - et qu'on en a fait quelque chose qui ressemble souvent à des bêtises. En juin dernier, le FBI a arrêté, à Dubaï Hushpuppi, un instagrammeur nigérian réputé, présumé grand escroc du Net - un brouteur comme on dit ! - et qui ne se gênait pas d'étaler son train de vie princier sur les réseaux sociaux. Le préjudice causé à des entreprises et particuliers à travers le monde est estimé à des centaines de milliards de F CFA. Dans l'appartement où dormait le jet-setteur escroc, pas moins de... 30 millions de livres sterling (plus de 21 milliards de F CFA) y ont été saisis en cash. ‘’Blow’’... quand tu nous tiens !
Le meilleur et le pire - Il y a eu, avant les jeunes de Sacré-Cœur, Penda Bâ ou encore Ami Collé Dieng et leurs énormités sur les réseaux sociaux. Plus loin de chez nous, çà et là dans le monde, des délinquants sont arrêtés pour avoir un peu trop adoré se faire voir sur le Net. Telle cette histoire racontée par le site de France Info.
En décembre 2019, des jeunes ont filmé et diffusé, sur Instagram, le viol d'une mineure. Un autre jeune féru du Net, du nom de Kobz, s'est chargé de traquer leur identité digitale et a ainsi pu dévoiler leurs noms et adresses sur Twitter. Il ne restait plus à la police française que d'arrêter les jeunes criminels.
Plus insolite cette fois, c'est au Canada que l'histoire se passe, il y a une dizaine de jours. Une jeune dame artiste, Safia Nolin, dénonce des avances sexuelles et propos racistes dont elle aurait été victime de la part d'une autre artiste, Maripier Morin. Les faits racontés par le quotidien "Le Soleil" du Québec et qui dataient de plus d'un an, n'ont pas été niés par l'accusée qui, lynchée sur les réseaux sociaux, a tout bonnement avoué être assommée par ces révélations. Elle a déclaré, sans doute détruite par cette dénonciation digitale, se "retirer de la vie publique pour chercher à comprendre et surtout trouver l'aide... et entamer une thérapie".
Mais la justice du Net est plutôt à considérer avec des pincettes. Ses abus peuvent mener très loin, parfois.
Si la diffusion d’images sur les réseaux sociaux en a rajouté au niveau de la gravité des faits de Sacré-Cœur, il faut reconnaître au moins à ces médias une qualité dans cette histoire : leur capacité inégalée à sortir de l’ombre des actes aussi graves et répréhensibles. Combien de femmes se font violenter et même parfois violer dans le secret des quartiers ? Sans suite aucune, le plus souvent ! En cela, les réseaux sociaux sont ce qu'il y a de mieux et de pire en matière d'évolution des mœurs. Et ce n'est pas pour rien aussi que la guerre informationnelle ou propagande se fait via leur canal désormais, tant leur puissant impact sur l'opinion publique est difficilement parable.
Kouthia de retour... de l'Au-delà - Samba Sine, le plus célèbre des imitateurs sénégalais, est de retour à l'antenne de la TFM. C'est un exemple de plus qu'il y a bien une vie après le coronavirus. Après deux mois de off, revoilà Abou Bilal, pardon Abou Mouhamad. L'inénarrable comédien s'est mis en scène jeudi dernier, dans sa propre émission, dans le rôle de l'interviewé questionné par son complice Thiamass. Il y raconte sa mésaventure avec le coronavirus qu’il a chopé. "C'est une épreuve décidée par Dieu. Pour moi, ce n'est pas deux mois, mais comme deux années durant lesquelles les Sénégalais m'ont terriblement manqué... Toutes les couches sociales m'ont témoigné leur solidarité. Dieu lui-même m'a dit qu'il allait me montrer à quel point les Sénégalais m'adorent". Et Kouthia, le très modeste, de citer quelques figures religieuses de premier plan qui n'ont pas hésité à l'appeler directement au téléphone.
S'agit-il de conjurer le petit démon Corona ? Désormais, ne dites plus Kouthia comme avant ou encore Abou Bilal mais... Abou Mouhamad. Visiblement amaigri, le comédien n'est plus le personnage rondouillard qui apparaît dans son jingle. Mais sa verve et son imagination quelquefois cynique sont intactes. Ses personnages chouchous, Madické Niang, Cissé Lô, entre autres, en ont fait les frais lors de ce numéro de la ‘’Résurrection’’. Sur cette mutation patronymique issue d'une révélation, Abou Mouhamad explique qu'il a désormais deux objectifs : chasser le stress de la vie des Sénégalais et, plus mystiquement, rendre grâce à son Créateur. "Dieu, n'est-ce pas toi qui m'as fait voyager dans l'Au-delà. Quand j'ai voulu y entrer et jeter un coup d'œil, tu m'as dit non ! Retourne d'où tu viens et continue à régaler les Sénégalais".
La cause est donc entendue : Abou Mouhamad, le revenant, a une mission messianique. Longue vie à notre nouveau prophète du petit écran !
Ndingler : Paix des braves ? - "Mieux vaut partager un pain avec affection qu'un poulet avec affliction." Ce proverbe espagnol pourra inspirer les acteurs de la bataille médiatico-juridique opposant le patron historique de Sedima et les populations de Ndingler. Nul doute que Babacar Ngom, d'ordinaire si effacé, si l'on en juge par sa présence jusque-là discrète dans les médias, en avait assez d'être la tête de gondole des journaux dans la rubrique "Querelles de la campagne". Le gouvernement sénégalais aussi a compris que cette polémique n'était pas sans risques politiques et sociaux pour lui. Si certains se sont offusqués que ce soit un investisseur national qui soit mis à l'index là où, avant lui, bien des étrangers ont acquis des milliers d'hectares sans bruit, force est de penser que, désormais, il y aura un avant et un après Ndingler.
L'on peut espérer que les politiques auront au moins la prudence du serpent avant de toucher au foncier. Les généreuses cessions de terres seront de moins en moins acceptées avec résignation par les populations dépossédées. On verra, dans quelques semaines, si la décision de l'État sénégalais de laisser les paysans retrouver et cultiver leurs terres est un exercice de procrastination ou de hache de guerre définitivement enterrée.
par l'éditorialiste de seneplus, Tidiane Sow
IL FAUT SAUVER LE MALI
EXCLUSIF SENEPLUS - Le problème du pays dépasse la personne d’IBK. Le M5 représente-t-il réellement la majorité des Maliens ? Que propose ce mouvement “mealting pot” au-delà du “ôtes-toi que je m’y mette” ?
Les propositions faites par la mission de la CDEAO menée par Jonathan Goodluck n’ont pas réussi à fédérer les forces politiques maliennes. La majorité présidentielle semble satisfaite de ces conclusions alors que les forces d’opposition regroupées dans le M5-RFP (Rassemblement des Forces Patriotiques) les rejettent. Le point d’achoppement étant : faut-il conserver IBK comme président ou non et si oui à quel rôle doit-on l’astreindre ?
C’est dans ce contexte que cinq chefs d’ Etat de la Cedeao se sont rendus au chevet du Mali ce 23 Juillet pour trouver une issue à cette crise politique dont n’avait surement pas besoin le Mali.
Devant ce dilemne, garder ou pas IBK, deux interrogations sautent aux yeux :
- LE M5-RFP a t –il d’autres choix que celui d’accepter les propositions de résolution faites par la mission Goodluck de la Cedeao ?
- Les cinq présidents de la Cedeao peuvent-ils faire d’autres propositions que celles déja émises et qui ont rencontré une fin de non-recevoir du M5-RFP ?
A la vérité, on a envie de répondre par la négative aux deux questions précédentes. Dès lors, on comprend que les lignes n’aient pas bougé à l’issue de cette journée de rencontre.
Si on se cantonne au fait que la crise malienne est une crise liée aux dernières législatives, les mesures édictées par la Cedeao pourraient suffire.
Si par contre, on considère que la crise électorale est juste un élément supplémentaire qui vient s’ajouter aux nombreuses crises que traversait déjà le pays : crise sécuritaire ; crises sociales, crises alimentaire et éducative, ces mesures sont à l’ évidence insuffisantes.
Clarifier le contexte, définir le cadre de la négociation entre les parties est donc essentiel. Autrement, tout compromis, s’il est atteint, reposera sur un malentendu qui le fragilisera à terme. Il s’agit de trouver des solutions pérennes à une situation qui n’est pas conjecturelle – crise électorale - mais bien structurelle - crises sécuritaire et politique.
Il faut que les parties arrêtent de se regarder en chiens de faïence et sortent de cette attitude de “tout ou rien” qui ne présage rien de bon et qui surtout ne règle rien. Tout le monde se cristallise autour de la ligne rouge matérialisée par le départ ou non d’IBK. Les politiques devraient pour une fois favoriser l’agenda de l’intérêt commun du Mali plutôt que de privilégier leurs propres intérêts.
Le M5 RFP qui continue d’exiger le départ d’IBK au nom des malheurs qu’il a causés, notamment la répression sanglante des manifestations du 10 juillet dernier avec sa cohorte de morts ;
Les cinq de la Cedeao qui persistent à dire que la loi fondamentale se doit d’être respectée et que donc IBK ne saurait être démis comme un vulgaire quidam ; n’arriveront pas à une solution qui sortira le Mali de l’impasse dans laquelle il se trouve.
C’est vrai que la République du Mali est laïque et qu’il est curieux de voir un aéropage de religieux sulfureux et de partis d’opposition républicains s’allier au sein du M5 RFP pour réclamer le départ d’un président élu et réélu démocratiqument. Tout comme il n’en demeure pas moins vrai qu’on ne saurait laisser le Mali sombrer par la faute d’un président, coupable de tous les maux, à sa tête pour la seule et unique raison du respect de la constitution.
Au fond, respectent-ils tant que ça la constitution ? N’invoquent-ils pas son respect seulement quand cela les arrange ? Ne la changent-ils pas ou ne lui donnent-ils pas une interprétation partisane dans le seul but de favoriser leurs funestes desseins souvent à l’opposé des intérêts de leur people ?
Pourquoi IBK n’organiserait-il pas un référendum pour ou contre son maintien et faire en sorte que le peuple de Mali y participle ? Pourquoi cette obsession de pouvoir comme un père de famille inquiet quand on a échoué à ce point à résoudre les problèmes de son peuple ?
Acueilli en sauveur en 2013, espoir de tout un peuple, il n’a depuis lors cessé de décevoir. Sous ses magistères, le Mali a régressé sur tous les plans et continue encore de plonger dans le néant.
Devrait-on assister, impuissants à une mise en bière du Mali au seul motif que la Constitution autoriserait encore IBK à rester au pouvoir pour les quatre prochaines années ?
Le problème du Mali est ailleurs. Il dépasse largement la personne d’IBK. Il ne s’agit point de l’éjecter ou de le maintenir au pouvoir. Il s’agit de définir un programme de sortie de crise, un programme qui adresse tous les maux constatés depuis 1991. Il faudra ramener l’Etat dans le nord et le Centre qui ne sont plus gouvernés depuis longtemps. Il faudra renégocier les accords d’Alger qui font la part belle aux touareg. Il est urgent de désarmer les milices du centre et désamorcer ainsi la guerre entre dogons et peuls. Il faudra rompre la spirale négative qu’empruntent les régions aurifère de Kayes et nourricière de Sikasso. Il faudra éradiquer la corruption présente partout particulièrement dans les institutions d’Etat et qui mine le développement. Il importera enfin, de rétablir les institutions de la République aujourd’hui fantomatiques ou brinquebalantes ; cour constitutionnelle, cour suprême, Haut conseil, assemblée nationale etc.
Force est de constater qu’IBK a perdu la main depuis longtemps et le maintenir au pouvoir ne servirait en aucune manière les desseins des maliens.
A coté de cela, la question qui se pose est de savoir si le M5-RFA représente réellement la majorité de Maliens ? Que propose ce mouvement “mealting pot” au-delà du “ôtes toi que je m’y mette”?
Aider le Mali consisterait à l’aider à édifier un programme robuste qui résolve à minima les maux dont je viens de parler. Il conviendra ensuite, dans une grande concertation nationale, de proposer ce programme aux Maliens pour qu’ils se prononcent sur les propositions qui y seront faites. A la suite de cela seulement, tentera t-on de mettre en place une équipe compétente capable d’exécuter ce programme au profit des maliens. Qu’ importe le format de cette équipe ; gouvernement d’union nationale, équipe gouvernementale transitoire, pourvu qu’elle soit née d’un consensus national et qu’elle dispose des compétences reconnues par tous pour agir.
C’est à ce rôle que devait s’atteler la mission de la CDEAO plutôt que de tenter de sauver le soldat IBK !
LE GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE NE SERA PAS UNE BOUÉE DE SAUVETAGE
Maurice Soudieck Dione, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, ne trouve aucune pertinence à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale au Sénégal
L’enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis ne trouve aucune pertinence à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale au Sénégal. Pour Maurice Soudieck Dione, le pays ne fait pas face à une crise politique, comme le cas du Mali voisin, mais plutôt à une crise sanitaire liée au coronavirus. Aux yeux du docteur en science politique, ce type de gouvernement ne sera pas une bouée de sauvetage pour aider l’Etat à faire face à ses multiples fronts.
Un remaniement ministériel est dans les tuyaux depuis des mois. Est-ce que, selon vous, le contexte actuel sied à un gouvernement d’union nationale dont il est, de plus en plus question ?
Un gouvernement d’union nationale est une solution politique de compromis pour surmonter une crise politique. Or, actuellement, le Sénégal n’est pas dans une crise politique. Un président de la République, Macky Sall, a été élu en 2019 avec 58,27 %. Il gouverne avec les membres de sa coalition Benno Bokk Yaakaar. Le contexte que nous traversons est celui d’une crise sanitaire et non point politique qui justifierait la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Si c’est le cas, serait-il la suite logique des concertations menées par Macky Sall, au début de l’apparition du coronavirus au Sénégal, avec l’opposition. Quels peuvent être les avantages d’une telle configuration pour le Sénégal actuel ?
Je pense qu’il faut dissocier les deux questions. Car les consultations du président Sall, dans le cadre de la gestion de la pandémie, étaient mues par la volonté et la nécessité d’avoir une surface de légitimité la plus grande possible, afin que toute la nation fasse un seul bloc autour de lui pour combattre le fléau. Mais aujourd’hui, ce consensus semble s’effriter, en raison des incohérences dans la communication du gouvernement et le déficit de pédagogie dans l’explication des changements brusques et radicaux de stratégies de lutte, donnant l’impression qu’on a tout d’un coup tout lâché pour ouvrir un boulevard au virus. D’où une certaine rupture de confiance marquée par une remise en cause de la parole publique, expliquant les termes qui circulent : ‘’corona politique’’, ‘’corona business’’.
Le régime est en difficulté sur plusieurs questions d’ordre socio- économique dont les scandales sur le foncier et autres. Un gouvernement d’union nationale peut-il être une bouée de sauvetage ?
Certes, le gouvernement est assailli par plusieurs difficultés sur le plan socio-économique, surtout dans un contexte marqué par la vulgarisation de plusieurs scandales, ce qui donne l’impression que les dirigeants usent et abusent de leurs positions pour s’enrichir de manière éhontée dans ce contexte où le peuple traverse une situation extrêmement pénible. Le gouvernement d’union nationale ne sera pas une bouée de sauvetage, car le régime risque de se discréditer davantage, en donnant l’impression de mener une vaste opération politicienne pour neutraliser d’éventuelles contestations.
Dans l’opposition, il y a une aile qu’on peut considérer comme dure, avec notamment le Pastef et le CRD. Pensez-vous que ces leaders puissent accepter d’entrer dans le gouvernement ?
Ce serait politiquement suicidaire pour l’opposition d’entrer dans un gouvernement d’union nationale que rien ne justifie, car, encore une fois, la crise que nous traversons n’est pas une crise politique. Dans ces conditions, rejoindre le pouvoir risque d’être perçu comme une volonté de défendre uniquement des intérêts personnels et partisans, de chercher à s’associer aux délices et privilèges du régime au pouvoir.
Le PDS vit actuellement une fronde avec le départ d’Omar Sarr et Cie. Le leader de la coalition Tawaxu Senegaal est resté aphone, depuis sa sortie de prison, et le Pur fait également face à quelques difficultés de leadership. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que les membres de ces partis rejoignent la majorité, dans le cadre de la formation d’un gouvernement ?
Je ne le pense pas. Parce que, d’abord, la majorité a gagné sans eux, donc peut gouverner sans eux. Et tout rapprochement actuel entre pouvoir et opposition, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, sera perçu comme une compromission. Si l’opposition le faisait, elle s’affaiblirait davantage.
Dans le même temps, de nombreux bannis du PDS ne cessent de faire des appels du pied à Macky Sall. Pensez-vous qu’ils puissent lui apporter quelque chose d’autant plus qu’ils se trouvent déjà dans l’antichambre de l’APR et ne s’opposent pas ?
C’est une stratégie constante du président Sall d’affaiblir l’opposition par tous les moyens, y compris illégaux et anti-démocratiques : répression, intimidation, cooptation, distribution d’avantages et autres formes d’incitation et de motivation. Mais la doctrine ‘’mackyavélique’’ de la transhumance ne semble pas avoir changé. C’est plus une manière de discréditer toutes ces personnalités politiques, en leur enlevant toute capacité de nuisance, même verbale et communicationnelle, sans les intégrer dans son système de gouvernement, sinon à des positions périphériques où ils n’incarnent ni autorité ni prestige et n’ont aucune visibilité.
C’est le meilleur moyen de les neutraliser, tout en évitant que l’image de son régime ne pâtisse de leur intégration. On a vu, lors des Législatives du 30 juillet 2017, d’anciens responsables du PDS présenter des listes à leurs compatriotes, en disant que leur objectif était de faire gagner la coalition au pouvoir, en se permettant de lancer les critiques les plus virulentes à l’opposition, alors que celle-ci n’était pas impliquée dans la gestion des affaires publiques !
Selon vous, quels doivent être les contours de ce gouvernement d’union nationale ?
Bien entendu, on ne peut pas définir les contours d’un gouvernement d’union nationale pour un pays qui ne traverse pas une crise politique. Dans le cas du Mali, par exemple, ces questions ont un sens, car il y a des protagonistes à un conflit politique qui ont des revendications qu’ils font valoir, tout comme le régime du président Keïta réélu en 2018 pour 5 ans a des intérêts et des arguments y compris juridiques et démocratiques à faire valoir. Dans ces conditions et dans ces contradictions, afin de résoudre cette crise politique et institutionnelle, juridictionnelle aussi, puisque la Cour constitutionnelle malienne est mise en cause, eu égard au traitement du contentieux électoral des Législatives d’avril 2020, en plus des questions d’ordre sécuritaire et de celles liées à la montée des violences fondamentalistes, terroristes et communautaires, il est donc pertinent au Mali, par rapport à cette situation, qu’on puisse parler d’accords politiques, de gouvernement d’union nationale, pour sortir le pays de cette impasse, de cette crise politique.
Voyez-vous des inconvénients à un gouvernement d’union nationale, d’autant que la situation politique du pays est relativement stable ?
Il n’y a aucune pertinence à mettre en place un gouvernement d’union nationale, parce que le pays n’est pas en crise.
Un gouvernement d’union nationale aura un profil beaucoup plus politique. Avec les échéances et les défis économiques qui attendent le pays qui fait face à une pandémie lourde de conséquences, pensez-vous que ces potentiels ministres vont faire l’affaire et relever les challenges ?
De toute façon, le gouvernement a beaucoup de défis à relever, car la situation économique et sociale s’est beaucoup dégradée, avec la pandémie Covid-19.
Pensez-vous que le président de la République puisse rétropédaler et revenir à un gouvernement avec un Premier ministre ?
Le président de la République Macky Sall a pris cette décision importante de supprimer le poste de Premier ministre, au lendemain de l’élection présidentielle de 2019, sans aucune concertation, sans même l’avoir annoncée pendant sa campagne comme une réforme d’envergure et d’en expliquer ses raisons ; et alors même qu’en 2016 un référendum a été adopté par le peuple et que cette question de la suppression du poste n’a jamais été d’actualité. Tout au contraire, que ce soit à travers la charte des Assisses nationales qu’il a signée sans réserve, comme dans les conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) qu’il a mise en place avec un coût de 700 millions, il y avait une constante liée à la rationalisation des pouvoirs du président de la République et non à leur accroissement, pour consolider la démocratie sénégalaise, préserver et renforcer le respect des droits et libertés.
Revenir en arrière sur cette décision de supprimer le poste de Premier ministre prise le 14 mai 2019, soit 14 mois après, révélerait, une fois de plus, de manière flagrante, cette tendance à manipuler les institutions sur une base politicienne.
Or, les hommes passent et les institutions demeurent. On ne peut pas fonder une démocratie digne de ce nom, si chaque président qui arrive se taille de manière très situationniste et opportuniste, partisane, conjoncturelle et personnelle, les institutions de son choix. Ce qui fait qu’on ne capitalise pas sur l’expérience institutionnelle et on met en péril le vivre ensemble qui doit être porté et pérennisé par des institutions fortes comme formes sociales établies, investies de sens et de croyances partagées qui les renforcent et les consolident. En tout état de cause, je ne pense pas que le président Sall revienne sur sa décision d’avoir supprimé le poste de Premier ministre, mais il aura à en assumer seul toutes les conséquences. Car il se retrouve sans bouclier, ni fusible.
L’objectif de la suppression de ce poste est de faire dans le ‘’fast-track’’. A la lumière de ce qui se passe depuis le début du second mandat et de la manière dont les choses sont gérées, notamment la crise Covid, pensez-vous que la décision est opérante ?
C’est une aberration de parler de ‘’fast-track’’ et de supprimer en même temps le poste de Premier ministre, celui-là qui assurait la coordination de l’action gouvernementale et administrative. Le président de la République ne peut pas être partout en même temps et à la fois, il ne peut pas tout faire ; il a des limites objectives en tant qu’être humain. La centralisation excessive du pouvoir entraîne l’apoplexie au centre et la paralysie aux extrémités. Lorsque le président a changé brutalement de cap dans la lutte contre la pandémie Covid-19, l’incohérence communicationnelle a été frappante, car avec moins de cas, on était en guerre, et avec la multiplication des cas, on passe au relâchement.
S’il y avait eu un Premier ministre, il aurait pu monter au créneau et en ce moment, le président aurait une plus grande marge de manœuvre, avec la possibilité de rectifier et d’ajuster les décisions du Premier ministre, et même de le changer pour se redonner un nouveau souffle. Encore qu’un Premier ministre aurait pu, avec les conseils interministériels, coordonner plus efficacement la lutte contre la pandémie et rendre compte au président.
En plus, en supprimant le poste de Premier ministre, le président de la République concentre davantage de pouvoirs entre ses mains. On ne peut, dès lors, ne pas penser au syndrome de la troisième candidature. Car un président qui en est à son second et dernier mandat ne pose pas des actes de cette nature, en renforçant cette tare congénitale du système politique sénégalais qu’est l’hyper-présidentialisation, dangereuse pour la préservation des droits et libertés. Les fondements du constitutionnalisme reposent, en effet, sur la limitation du pouvoir, pour en neutraliser les nuisances politiques et libertaires. Au surplus, dans l’histoire politique du Sénégal, la suppression du poste de Premier ministre est toujours allée de pair avec la montée de l’autoritarisme. D’abord, après la crise de 1962 entre Senghor et Dia, le poste est supprimé avec la Constitution du 7 mars 1963, et le président Senghor construit son hégémonie sur la base d’un autoritarisme modéré qui culmine avec le parti unique de fait en 1966, après l’absorption du Pra/Sénégal.
Tirant les enseignements de la crise de 1968, le président Senghor fait revenir le poste en 1970, confié à Abdou Diouf, et entame une série de réformes démocratique marquées par le multipartisme limité jusqu’à son retrait du pouvoir en 1980.
Le président Diouf, quant à lui, a supprimé le poste de Premier ministre en 1983, lorsqu’il était dans une phase d’affermissement de son pouvoir jusqu’à se heurter à la crise politique de 1988. Le poste revient en 1991 avec le gouvernement de majorité présidentielle élargie et coïncide également avec une série de réformes juridiques et institutionnelles pour renforcer la démocratie : Haut conseil de radiotélévision en 1991, Code consensuel en 1992 et création du Conseil constitutionnel la même année, notamment.
Dès lors, quel sens peut-on donner à l’attitude d’un président qui en est à son second et dernier mandat et qui pose des actes de construction hégémonique comme la suppression du poste de Premier ministre ? L’avenir nous édifiera.
Quelle note donnez-vous à ce premier gouvernement de ce quinquennat ?
L’obsession de la réélection a amené le régime à faire beaucoup de gaspillage, à s’endetter à un niveau très élevé, pour des investissements lourds et colossaux dont la priorité, l’utilité et la rentabilité sont plus que controversées. On peut citer l’exemple du Train express régional (Ter), du Centre international de conférences Abdou Diouf, notamment. En plus de l’insuffisante prise en compte des impératifs de l’aménagement du territoire, en concentrant l’essentiel des ressources sur l’axe Dakar – Diamniadio - Diass. Si on ajoute à cela les conséquences économiques et sociales drastiques et néfastes de la pandémie Covid-19, le gouvernement a encore énormément de travail.
IMAM DICKO, L'AYATOLLAH DE BAMAKO
Décrit comme celui qui fait trembler le palais de Koulouba, il a réussi à s’imposer comme le véritable leader de l’opposition malienne. Retour sur la trajectoire d’un wahhabite aux confluents de la religion et de la politique
Décrit comme celui qui fait trembler le palais de Koulouba, l’imam Mahmoud Dicko a réussi à s’imposer comme le véritable leader de l’opposition malienne, dont le principal chef de file, Soumaila Cissé, est porté disparu depuis plusieurs mois. Retour sur la trajectoire d’un wahhabite aux confluents de la religion et de la politique.
‘’Je voudrais vous dire très sincèrement : nous sommes un peuple debout, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné. Moi, je le dis : je préfère mourir en martyr que de mourir en traître’’. Ainsi s’est exprimé l’imam Mahmoud Dicko, à la sortie de sa rencontre, jeudi, avec la délégation de très haut niveau de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) composée de cinq chefs d’Etat dont le président Macky Sall. Sans langue de bois. La figure de proue du Mouvement du 5 juin a dit tout haut ce que nombre de négociateurs politiques auraient pensé tout bas.
Comme assommé au sortir de son face-à-face avec les émissaires de l’organisation sous-régionale, la terreur de Koulouba peste : ‘’Rien n’a bougé, pour le moment. On ne nous a rien dit que je puisse comprendre. Les jeunes gens qui ont perdu leur vie ne l’ont pas perdue pour rien. Si vraiment ce qu’on s’est dit c’est pour cela qu’ils se sont réunis, je pense que rien n’a été fait pour le moment.’’
Pendant que des spécialistes cogitent sur la forme peu avenante du discours, les partisans du charismatique imam, eux, s’en réjouissent et louent son ‘’honnêteté’’, son ‘’patriotisme’’ et un discours de vérité… Sur la page Facebook ‘’Les amis d’imam Dicko’’, ils s’enflamment. ‘’Ceux qui soupçonnaient l’imam Dicko de traître, êtes-vous sûrs maintenant de son honnêteté ?’’, commente Nouhoun Traoré, lançant le débat. Comme on pouvait s’y attendre devant une communauté totalement acquise à la cause de l’imam malien, les réponses sont plus qu’élogieuses, parfois dithyrambiques.
Il est ‘’sage, honnête et très exemplaire’’, s’exclame Bakary Mintin. ‘’Un musulman pieux comme Dicko ne va jamais trahir’’, crie, pour sa part, Kaoufounekone. ‘’Walay, j’avais des doutes, mais vu ses propos d’aujourd’hui, il m’a vraiment donné de l’espoir’’, soupir un autre sympathisant.
Entre Dicko et la politique, l’idylle remonte à 2009. Il était en croisade contre le projet de nouveau Code de la famille. Censé, selon le gouvernement d’Amadou Toumani Touré, apporter des ‘’avancées majeures’’ aux usages matrimoniaux, familiaux et successoraux, ce code a été combattu par l’imam qui y décelait plutôt des réformes ‘’inadaptées aux valeurs maliennes’’. Lesquelles étaient, d’après lui, fabriquées par une ‘’prétendue société civile financée par les Occidentaux’’. Le moins que l’on puisse dire est que son combat a été sanctionné par un succès éclatant. En mobilisant, cette année-là, 50 000 personnes au stade du 26 Mars, il parvint à faire fléchir le régime d’alors qui commençait à vaciller.
Ascension politique fulgurante
C’était le début d’une ascension politique fulgurante. Depuis lors, l’imam a été presque de tous les rendez-vous majeurs de la vie politique au Mali. En 2013, sur plusieurs candidats, le religieux jette son dévolu sur Ibrahim Boubacar Keita. Encore une fois, son engagement est positivement sanctionné par le peuple malien. Après un compagnonnage serein de quelques années, les deux hommes se séparent. L’une des premières contradictions publiques concerne le projet d’introduction d’un manuel scolaire dans le système éducatif malien. L’imam enfile encore sa tenue de combat et livre sa première grande bataille contre IBK.
Selon les détracteurs du projet, le nouveau manuel vise à promouvoir la débauche, l’homosexualité. Là également, l’imam sort vainqueur de son combat. Il était encore président du Haut conseil islamique du Mali, poste qu’il occupe depuis 2007.
Quelques mois plus tard, le religieux quitte ce poste stratégique, interface entre le pouvoir temporel et la communauté musulmane. Dans la foulée, au mois de septembre, il lance en grande pompe la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants) de l’imam Mahmoud Dicko, un mouvement hétéroclite qui réunit des politiques, des religieux et des gens de la société civile.
Les masques sont ainsi tombés, pour beaucoup d’observateurs. L’imam sonne sa grande rentrée politique. Malgré ses dénégations.
Originaire de la région de Tombouctou, où il a été élevé par un grand-père kadi, l’imam de 66 ans a été formé dans les madrasas mauritaniennes (à Boutilimit et à Néma), informait ‘’Jeune Afrique’’ dans un article publié en 2010. Polygame, père de 10 enfants au minimum, il est ensuite passé par Médine, en Arabie saoudite, où il a parachevé sa formation. Simple imam à ses débuts dans les années 1980, l’homme est, aujourd’hui, incontournable sur la scène politique malienne. Alors qu’on lui prête beaucoup d’ambitions, celui qui est défini comme un wahhabite aime rappeler : ‘’Je dirige la prière depuis 40 ans ; je ne sais faire que ça.’’
KWAME NKRUMAH, LE HÉRAUT GHANÉEN DU PANAFRICANISME QUI ANTICIPA L'ÉTÉ 1960
Le dirigeant a milité sans relâche pour l’indépendance de son pays, dont il est devenu le premier président, avant de verser dans l’autoritarisme
Le Monde Afrique |
Dylan Gamba |
Publication 25/07/2020
Nuit du 5 au 6 mars 1957. Accra, la capitale de la Gold Coast, est en ébullition. La Cour suprême du pays est exceptionnellement illuminée. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont réunies au Old Polo Grounds, tout près de l’océan Atlantique, pour écouter l’homme qui monte à la tribune. « Le Ghana, votre pays adoré, est libre pour toujours », lance Kwame Nkrumah, ajoutant que cette « indépendance n’a pas de sens à moins de la lier avec la libération complète de l’Afrique ». A minuit, les couleurs de l’Union Jack sont descendues et remplacées par un drapeau comportant trois bandes horizontales, rouge, jaune et verte, frappées d’une étoile noire au centre.
La colonie britannique est renommée Ghana et devient l’un des tout premiers pays d’Afrique subsaharienne – après le Soudan, en 1956 – à recouvrer son indépendance. A 47 ans, Kwame Nkrumah, déjà premier ministre du pays, mais sous la tutelle du gouverneur britannique Charles Arden-Clarke, devient le leader d’un pays souverain. « Il faut prendre conscience dorénavant que nous ne sommes plus un peuple colonisé », poursuit-il dans son discours.
« L’Afrique doit s’unir »
Cette nuit est un accomplissement pour le militant de toujours. Originaire d’un petit village du sud-ouest du pays, Kwame Nkrumah, né en 1909, se destinait initialement à la prêtrise avant de se tourner vers l’enseignement. Son intérêt croissant pour la politique le conduit à poursuivre son cursus universitaire aux Etats-Unis. Durant ses années de formation, il s’imprègne des écrits de Marx, Lénine et Gandhi, mais également du Jamaïcain Marcus Garvey, figure du mouvement « Back to Africa », qui milite pour le retour sur le continent des Afro-Américains. Le jeune Nkrumah rencontre aussi des figures du mouvement panafricain, comme George Padmore ou W.E.B. Du Bois. Son engagement le conduit à devenir président de l’Association des étudiants africains et à se rendre en Angleterre en 1945 où il organise, à Manchester, en octobre, le cinquième Congrès panafricain, qui prône le droit à l’autodétermination des peuples colonisés.
En Afrique, plusieurs partis politiques se créent au sortir de la seconde guerre mondiale en vue d’obtenir l’indépendance. A partir de 1947, la United Gold Coast Convention (UGCC) revendique l’autonomie du pays par des moyens constitutionnels. Nommé secrétaire général du parti, Kwame Nkrumah rentre dans son pays natal. En février 1948, des vétérans de la seconde guerre mondiale manifestent dans les rues de la capitale, Accra, pour réclamer le paiement des pensions auxquelles ils estiment avoir droit après avoir combattu aux côtés des troupes britanniques en Birmanie. La police tire et fait trois morts. Des émeutes éclatent un peu partout dans le pays et l’état d’urgence est déclaré. Brièvement jeté derrière les barreaux, Nkrumah plaide pour l’indépendance immédiate.
Figure de plus en plus populaire dans le pays, il quitte l’UGCC en 1949 pour fonder le Convention People’s Party (CPP). Lorsque des troubles éclatent en 1950, il est condamné à trois ans de prison. Mais, en 1951, le CPP remporte largement les élections générales et Kwame Nkrumah, libéré de prison, devient premier ministre en 1952. Une nouvelle victoire du CPP aux législatives de 1956, où le parti remporte les trois quarts des sièges obligeles autorités coloniales à concéder l’indépendance du pays au sein du Commonwealth.
Il faut prendre exemple sur les expériences de l’OMVS avec le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, la Guinée), du Manu River, et des autres expériences similaires sur les lacs et autres cours d’eau en Afrique - APPEL DU PAALAE
SenePlus publie ci-dessous, l’appel de Bafoulabe, à la raison, pour la coopération, la solidarité et le développement africain, relativement aux tensions en cours dans le Nil.
« Depuis dans la sous-région sahélienne, ouest africaine où se trouve son siège, la Pan African Association for Literacy and Adult Education (PAALAE) lance un appel aux dirigeants et aux populations d’ Ethiopie, d’Egypte, des Soudans, du Kenya, de l’Ouganda et de tous les pays traversés par des affluents, défluents et/ou confluents du NIL pour éviter une guerre de l’eau.
Les plaidoyers, les bonnes intentions, les menaces, les confessions théoriques, idéologiques, les bruits de bottes sont entendus.
Mais aucun des pays concernés n’a intérêt à un déclenchement des hostilités militaires. Rien ne justifie la folie meurtrière.
L’Afrique a trop souffert des manifestations extérieures et de l’aventurisme et l’irresponsabilité de certains dirigeants.
Nous saluons la prise de responsabilité de l’Union Africaine et de l’UNESCO, l’Ethiopie qui abrite le siège de notre organisation commune devrait être plus ouverte que quiconque pour écouter, entendre et proposer un modus vivendi et operandi.
Ses voisins immédiats et lointains ne doivent en aucune manière croire qu’ils peuvent tirer profit des contradictions internes de l’Ethiopie pour faire la sourde oreille et saboter ses efforts pour sortir du sous développement.
Que faire alors ?
Prendre exemple sur les expériences de l’Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) avec le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, la Guinée), du Manu River, toujours en Afrique de l’Ouest et des autres expériences similaires sur les lacs et autres cours d’eau en Afrique. D’ailleurs, le professeur Cheikh Anta Diop l’avait suggéré dans son ouvrage « Les fondements économiques et culturels d’un futur Etat Fédéral d’Afrique Noire ».
Il avait averti dans ses travaux antérieurs sur la nécessité de se débarrasser des régimes racistes, monarchiques ou féodaux ; Nasser, Kadhafi et Nkrumah avaient également une claire vision de la nécessité de l’unité africaine. Il revient donc à la génération actuelle des jeunes et des femmes d’Afrique, des adultes et des éducateurs, des activistes de dire :
« Pas de guerre de l’eau »
« Oui à la coopération mutuellement avantageuse entre les Etats Africains »
« Félicitation et encouragements à ceux qui veulent avancer dans la mise en place des Etats Africains Unis »
Gardons à l’esprit que kmt, l’Egypte pharaonique a été grande grâce aux apports fécondants depuis l’Ouganda, la Régions des Grands Lacs, depuis les plateaux éthiopiens ;
Kmt n’aurait pas existé sans Hapy Halay (le NIL), sans Kerma, Kush, Napata, Méroé (Soudans), sans les déserts libyque et arabique
Depuis Dakar, nourri par l’eau du Bafoulabé, du Bafing et du Bakoy. »
ËTTUB TAALIF
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Defu Waxu |
BAABAKAR JÓOB AK NDEY XAYBA FAAL |
Publication 25/07/2020
Sëriñ Baabakar Jóob Callweer ndaanaan la, di bindkat, di gëstukat itam ci làmmiñu wolof. Liggéeyam ak xam-xamam dëgg nag ñi ngi jëm ci teyaatar. Mooy doxal jotaayu léeb bItudd Callweer, cI Mourchid TV.
SAAGA
Saaga du ngànnaay,
du pakk, du ray, du gaañ, du jàpp, du takk.
Saaga du faxas, du raxas, du jubal, du dugal, du ràbb, du nàmm.
Heey yaw mi sa xel nasax, rambax, senax, yonjax, jastindikoo saaga, def ko paaka.
Du jam, du rendi, du fàdd, du ngàdd, du ñàdd.
Su xalaat tërëfee, xel tarxiis, ñàkk, ñëg, ñànki,
Xol nërmeelu, bóli coroxaan, làmmiñ saaga.
Heey saaga, du lay, du way, du yay,
Ku sa xalaat wér péŋŋ, say saaga ne meŋŋ.
II
Soxna Ndey Xayba Faal mi ngi dëkk Ndakaaru, doon jàng xam-xamu melosuuf ca Daara ju mag ju Séex Anta Jόob. Bind na taalif yu bari ci fànn yu wuute, niki bëgg-bëgg ay jafe-jafey àddina, ngëm ak diine, sàkku xam-xam ak coono yi ci aju.