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27 septembre 2025
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ENTRE LA FRANCE ET L'AFRIQUE, CHACUN EXAGÈRE L'IMPORTANCE DE L'AUTRE POUR SON DESTIN
François Giovalucchi, ancien chercheur et auteur d'un article publié dans la revue Esprit : "Afrique-France : les miroirs grossissants" revient sur les relations entre la France et l'Afrique et le sentiment antifrançais
François Giovalucchi, ancien chercheur et auteur d'un article publié dans la revue Esprit : "Afrique-France : les miroirs grossissants" revient sur les relations entre la France et l'Afrique et le sentiment antifrançais.
LE SÉNÉGAL BUNKERISE SES FRONTIÈRES SUD-EST
"Le péril le plus subversif pour l’État sénégalais, c’est le grand nombre de djihadistes de multiples nationalités sur le sol du Mali. D’un point de vue prospectif, le chaos malien enverra des islamistes venus de Tchétchénie jusqu’aux abords de Bakel"
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 24/07/2020
En réponse aux conséquences potentielles de la crise sécuritaire malienne, le Sénégal n’en finit pas de se barricader à l’aide d’infrastructures militaires, construites dans le cadre du programme GARSI financé par l’Union européenne.
La médiation –entreprise ce 23 juillet à Bamako par cinq chefs d’État (Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana, Niger et Sénégal) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) auprès des protagonistes de la crise politique et sécuritaire qui frappe le Mali– porte en elle une autre question: le devenir de la zone frontalière entre le Sénégal et le Mali.
Celle-ci est l’objet d’une surveillance accrue de l’armée sénégalaise, encadrée par des experts militaires de l’Union européenne.
Entre mille feux de contagion djihadistes et autres menaces criminelles, le Sénégal blinde petit à petit sa frontière terrestre avec son voisin malien, longue de 480 kilomètres, au-delà de laquelle se dresse Kayes, une des régions du Nord-Mali où règne l’insécurité «criminelle» et djihadiste. À cet effet, la zone sud-est est devenue un véritable chantier de construction d’infrastructures militaires qui obéissent «à une vision stratégique et opérationnelle»: annihiler et/ou contenir les infiltrations de type criminel susceptibles de déstabiliser cette partie du pays.
«Les attaques des organisations extrémistes violentes, le trafic de drogue et d’êtres humains, la criminalité transfrontalière […] constituent des cercles de feu imbriqués qui menacent au quotidien le Sénégal», a déclaré Sidiki Kaba, le ministre sénégalais de la Défense, lors de la pose de la première pierre du camp militaire de Goudiry le 14 juillet dernier.
Me Sidiki Kaba, ministre sénégalais de la Défense, pose la première pierre du camp militaire de Goudiry.
Après avoir dit «niet» au G5-Sahel, le Sénégal n’a pas tardé à intégrer le Groupe d’action rapide – Surveillance et intervention au Sahel. Le GARSI est un projet multinational de l’Union européenne (UE) dont l’antenne sénégalaise est composée de 150 gendarmes sous coordination militaire française.
C’est sur son budget de 4,2 milliards de francs CFA (6,4 millions d’euros) que sera érigé le camp de Goudiry. Depuis octobre 2019, une caserne fonctionnelle a vu le jour à Kidira.
«Le péril le plus subversif pour l’État sénégalais, c’est le grand nombre de djihadistes de multiples nationalités sur le sol du Mali. D’un point de vue prospectif, le chaos malien enverra des islamistes venus de Tchétchénie jusqu’aux abords de Bakel [en territoire sénégalais]. Voilà qui donne un sens stratégique à l’implantation d’un camp militaire à Bakel», écrit le politologue sénégalais Babacar Justin Ndiaye dans une note reprise sur plusieurs sites d’information.
EXCLUSIF SENEPLUS - Perçus comme rebuts de la société, les migrants sont laissés au bord du chemin. Pourtant au fond, la condition des migrants doit empêcher de dormir tant elle rappelle qu’en nous, une part d’humanité est en déconstruction
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 24/07/2020
« Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts… mais qu’y circule librement la brise que nous apportent les cultures de tous les pays ». Gandhi
Ils sont migrants apatrides, ou apatrides migrants. Qu’importe le statut de ces hommes et femmes jetés hors de leur propre histoire par les guerres, les persécutions, la famine, les tragédies qui défigurent l’humanité. On les voit, victimes des catastrophes naturelles ou cherchant simplement à survivre, chavirant sur les océans et les mers, agonisant en traversant les déserts. Leur désarroi est assurément une écharde sur la conscience humaine. Et Pourtant !
Ils ne savent où jeter l’ancre, ne voient pas le phare d’un havre de paix. Ils ploient sous le poids de l’hostilité, plus souvent du mépris, lorsqu’avec leurs maigres baluchons qu’agrippe une ribambelle d’enfants, ils réalisent leur condition de pestiférés, rejetés et étrangers qu’ils sont, face aux portes qui, à leur arrivée, se ferment.
Ils échouent devant les frontières mais aussi devant une haine identique sinon pire que celle qui les a poussés à chercher une terre d’accueil. Sans papiers, jugés sans âme, ces migrants sont considérés comme une nouvelle race d’envahisseurs venant prendre le travail des nationaux et ôter le pain de leur bouche. Une source de tous leurs maux. Ils sont décrits comme ennemis, terroristes, voleurs, violeurs, familles nombreuses, le résumé de toutes les tares du genre humain. Déracinés dans leur dénuement, les migrants n’ont pas de répit dans la solitude, le froid ou la chaleur. L’horizon où ne pointe nul espoir est sans fin pour eux.
Ils sont aussi les victimes de piètres politiciens, manipulateurs des angoisses, des frustrations, des peurs du vulgum pecus, ce petit peuple sans présent ni lendemain, proie facile.
Tantôt réservoirs de voix électorales, tantôt boucs émissaires pour expliquer les maux de la société, les migrants sont toujours alibis de démagogues sans foi ni principe qui instrumentalisent la différence entre êtres humains. Cette différence devient alors éloignement plutôt qu’attraction, opposition plutôt que complémentarité.
C’est ainsi que la diversité est présentée comme genre méprisable, elle aussi rejetée alors qu’elle n’est qu’enrichissement. Des politiciens en font un épouvantail pour rassembler des simples d’esprit devant, convenons-en, l’indifférence, la lâcheté ou le silence volubile de ceux qui baissent les yeux pour ne rien voir.
Une part d’humanité en déconstruction
Réceptacles des oubliés de la croissance, perçus comme rebuts de la société, les migrants sont laissés au bord du chemin. Pourtant au fond, dans le secret de la conscience humaine, la condition des migrants trouble et perturbe, doit empêcher de dormir tant elle rappelle qu’en nous, une part d’humanité est en déconstruction et pointe un échec de notre monde. Elle démontre qu’en nous triomphe la haine, ce que nous avons de pire, sur l’amour, ce que nous avons de meilleur.
Les migrants symbolisent les monstruosités que sont la pauvreté et la guerre. Des drames humains indicibles sont enfermés, au-delà de toute statistique, dans la profondeur des eaux glacées ou dans le silence sans fin des déserts sahariens, dans des camps de fortune où la précarité est le destin commun.
La couleur de peau, la région, la religion, l’ethnie, sont devenues des barrières infranchissables, semblables aux violentes folies qui ont embrasé les périodes funestes de notre histoire.
Les murs dressés contre les migrants édifient sur le déficit de leadership et révèle, a contrario, les dirigeants ayant la vision et le courage de l’avenir plus préoccupés à sécuriser l’avenir des générations montantes que de chercher à assouvir les fantasmes de leurs électeurs.
Pour l’homme ou la femme d’État, le nombre, même grand, ne commande pas toujours. Un dirigeant montre le mouvement en le précédant, ne sacrifie pas ses convictions sur l’autel des votes à gagner à tout prix. Cette attitude de meneur de peuple est du panache politique.
Les préjugés véhiculant des contre-vérités sur les migrants doivent être combattus. Il y a l’envers du décor bien loin des idées reçues. Sait-on assez que plus de 80% des migrants africains se déplacent à l’intérieur du continent plutôt qu’en Europe et contribuent pour près de 10% au Produit Intérieur Brut (PIB) mondial.
Apport économique et financier
L’apport économique et financier des migrants est masqué par les contraintes sécuritaires, économiques, sociales et climatiques qui obligent 272 millions d’âmes, environ 3,5% de la population mondiale, à chercher refuge ailleurs. A quoi s’ajoutent 80 millions de déplacés à l’intérieur de leur propre pays, selon les Nations Unies. Ce n’est donc pas hasard que les 2/3 des migrants viennent de l’Afrique de l’Ouest, foyer d’insécurité, de guerres fratricides, de tensions climatiques et où la mauvaise gouvernance semble être la feuille de route de certains décideurs. Cette région se vide ainsi de ses bras valides et de ses cerveaux. Autant de départs qui obèrent les programmes de développement.
Ceux qui font de l’opposition à la migration une mode politique ne savent rien de cette belle et généreuse philosophie de vie du Mahatma Gandhi, un des parangons de la migration : « Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts… mais qu’y circule librement la brise que nous apportent les cultures de tous les pays ».
Les experts des questions de migration partagent cette vision de « la grande âme » indienne et estiment que l’ouverture totale des frontières permettrait d’ajouter 78000 milliards de dollars au PIB mondial. Ils précisent que les migrants participent à l’augmentation de la croissance économique ainsi qu’à la productivité en même temps qu’ils contribuent au rajeunissement de la population active dans les pays d’accueil, en particulier en Europe.
La migration, aussi vieille que le monde, est une nécessité humaine naturelle et n’est ni exode ni invasion. Nul ne pourra l’arrêter. Elle a enrichi notre humanité, rapproché les humains, les religions, les idées, le savoir, en un mot, les civilisations.
En cette période où la mode anti-migrant est en vogue dans certains milieux occidentaux obnubilés par le court terme, il existe, heureusement, des résistances à cette facilité. Leur détermination lucide va prospérer, il faut l’espérer.
Le leadership et la vision de dirigeants éclairés ont permis d’accueillir des femmes et des hommes qui ont changé la face du monde dans leur domaine de prédilection. C’est Sigmund Freud pour la psychanalyse, Marie Curie (seule femme titulaire de deux Prix Nobel, en Physique et en Chimie) pour ses travaux sur les Radiations, le Polonium et le Radium avec son époux français Pierre, Albert Einstein pour la théorie de la Relativité, des sportifs célèbres qui enchantent nos stades, le violoncelliste du siècle dernier Mstsilav Rostropovitch et Bob Marley pour la musique, pour ne citer qu’une infime minorité. Et bien sûr Gandhi, que l’écrivain Radu Stonescu, natif de Transylvanie, a décrit comme « l’exilé volontaire ». Que serait devenu le Mahatma (la grande âme), ce monument de la pensée ainsi que de la vie politique de l’Inde et du monde, si l’Angleterre et l’Afrique du Sud ne lui avaient pas ouvert leurs portes ? De même, sans la migration, nous n’aurions pas eu le bonheur de voir Barak Hussein Obama devenir 44è président de la première puissance du monde. Ne désespérons pas de l’humanité.
EN CASAMANCE, LES VICTIMES OUBLIÉES D'UN CONFLIT SANS FIN
Près de quatre décennies de crise ont fragilisé la société casamançaise et son économie. Entre déplacements forcés et départs pour le maquis, cette région agricole, autrefois surnommée le « grenier du Sénégal », manque cruellement de forces vives
Le Monde Afrique |
Mariama Darame |
Publication 24/07/2020
Retour en deux volets sur la plus vieille guérilla du continent qui a laissé, en près de quatre décennies, de nombreuses blessures physiques et morales, et des colères intactes.
« On va tous mourir ici. » Bakary* se souvient de cette phrase chuchotée par sa mère la nuit du 7 novembre 1992. Il avait alors six ans. Allongé face contre terre dans l’obscurité de sa maison, il attendait comme toute sa famille que les coups de feu cessent au dehors. Quelques heures auparavant, des soldats de l’armée sénégalaise avaient pénétré dans son village, Sone, à quelques kilomètres au nord-ouest de Ziguinchor, la capitale de la Casamance, pour en découdre avec des rebelles du Mouvement des forces démocratiques casamançaises (MFDC). Cette nuit-là, les habitations voisines furent brûlées et saccagées. Au petit matin, une fois le calme revenu, plusieurs centaines d’habitants s’enfuirent à pied, la peur au ventre et quelques affaires sous le bras, abandonnant leurs terres et leur bétail pour rallier le village voisin de Niaguis.
Dans toute la région du sud du Sénégal, la même histoire s’est répétée au fil des ans. La rébellion qui a débuté en 1983 en Casamance est considérée comme le « conflit de basse intensité » le plus vieux d’Afrique. Les affrontements entre les combattants du MFDC et les forces de sécurité sénégalaises ont provoqué la mort de 4 000 à 5 000 personnes en près de trente-huit ans. Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), les déplacés sont estimés entre 30 000 à 60 000 à l’intérieur de la Casamance et plus de 10 000 réfugiés sont répartis entre la Gambie et la Guinée-Bissau.
Les séquelles demeurent profondes pour les victimes collatérales – et souvent oubliées – de ce conflit sans fin. Les déplacés internes, sans attaches ni reconnaissance officielle de leur statut, ont lutté pour réussir à s’intégrer dans de nouvelles communautés. « Nos parents ont beaucoup souffert pour trouver de quoi nous nourrir », raconte Bakary. Vingt-huit ans plus tard, il vient tout juste de retourner dans son village d’origine, afin de reprendre les terres familiales.
« J’aurais préféré mourir »
A Tandine, village situé à la frontière sénégalo-gambienne, dans la zone du Sindian, Ousmane*, un père de famille, est lui rentré seul en 2004 de la Gambie où il s’était réfugié pendant deux ans. « J’ai laissé mes enfants là-bas avec leur oncle. Je voulais les ramener avec moi, mais mon frère a refusé. Il m’a même dit : si tu péris, ça sera de ta faute. » Dans son village, plusieurs ratissages de l’armée ont eu lieu entre 1998 et 2011, le vidant de la moitié de ses habitants. Depuis 2006, on dénombre 21 « villages fantômes » sur les 142 de la zone.
Depuis juin, l’Etat sénégalais organise des opérations de retour de réfugiés sécurisés par l’armée. Mais la tâche est compliquée. L’argent manque souvent pour reconstruire les maisons et certains, après des années d’exil, ont perdu leurs papiers sénégalais.
Ceux qui sont restés vivre dans la région restent tenaillés par le souvenir des atrocités du conflit. A Darsalam, à quinze kilomètres à l’ouest de Ziguinchor, Aminata Sagna se déplace difficilement à l’aide de sa canne en bois. La quinquagénaire n’a plus ni bras ni jambe gauche. C’est la première de son village à avoir sauté sur une mine antipersonnelle, le 11 juillet 1998. « J’aurais préféré mourir », lâche-t-elle, impassible. Deux ans plus tôt, son père avait disparu dans des circonstances troubles. « On est allés jusqu’en Guinée-Bissau pour le retrouver, mais on ne l’a plus jamais revu, relate-t-elle. Personne ne sait ce qu’il est devenu. » Par peur de représailles, de nombreuses familles ont préféré se taire sans chercher à comprendre ce qui leur était arrivé.
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut impérativement décentraliser les tests de dépistage et engager des acteurs communautaires dans la sensiblisation - Nous aurions pu avoir plus d'empathie vis-à-vis des plus vulnérables - AU FOND DES CHOSES AVEC ABDOUL KANE
Dans cette deuxième partie de l’émission Au fond des choses qui reçoit le Pr Abdoul Kane, le chef du service cardiologie de l’hôpital Dalal Diam et président de la société sénégalaise de cardiologie estime que le Sénégal pourrait circonscrire le mal en mettant plus d’éthique, plus d’empathie et moins de politique dans la gestion déjà trop verticale de la pandémie.
L’invité qui plaide pour des tests massifs partout dans le pays, évoque l’exemple ivoirien qui a mis en œuvre des centres de dépistage volontaire et anonyme (CDVA) pour faire face à la progression de la covid-19.
Sur un autre aspect, le cardiologue, auteur de plusieurs ouvrages dont la vie sur un fil ; l’éthique, le soignant et la société ; et les eaux noires, appelle à une mise à jour régulière et inclusive du code de déontologie médicale, texte de l’ordre des médecins en vigueur depuis 54 ans.
Le professeur Abdoul Kane est au micro de Lika Sidibé. Montage : Boubacar Badji.
500 milliards de FCFA gaspillés en achat de véhicules administratifs. Les remparts ont sauté, l’administration est à la merci des bureaucrates-politiciens. Le président a choisi de se soumettre aux groupes de pression - INTERVIEW DE CHEIKH TIDIANE DIEYE
Titulaire d’un Doctorat en études de développement, auteur d’un livre sur la corruption bureaucratique au Sénégal, Cheikh Tidiane Dièye revient sur les maux de l’Administration sénégalaise et dénonce le manque de volonté du pouvoir actuel d’y apporter des solutions pérennes.
L'Inspection générale d'État a publié, la semaine dernière, les rapports 2016, 2017, 2018 et 2019. Êtes-vous satisfait du travail accompli par les inspecteurs ?
L’Inspection générale d’Etat est une des pierres angulaires du dispositif de contrôle et de reddition des comptes. C’est la loi sur le statut des inspecteurs généraux d’Etat qui impose au vérificateur général de présenter, chaque année, au président de la République un rapport sur l’état de la gouvernance au Sénégal. Ces rapports étaient donc très attendus, ce d’autant plus qu’ils n’étaient plus sortis depuis quelques années. Les inspecteurs généraux d’Etat représentent un corps réputé pour son sérieux, sa rigueur et son intégrité. Les rapports qu’ils produisent sont donc présumés dignes de foi, car étant de grande qualité, au moins au plan technique.
Ce qui est en général en cause, c’est moins leur contenu que leur sort, c’est-à-dire le traitement qui leur est réservé par le président de la République. Et, à ce niveau, les fruits n’ont jamais tenu la promesse des fleurs. Il a révélé lui-même avoir sous le coude une grande quantité de rapports des organes de contrôle. La question est de savoir pourquoi ou pour qui ?
Justement, on a l'impression d'être dans un éternel recommencement, avec les mêmes manquements qui reviennent à chaque fois. Pourquoi, selon vous, rien ne change ?
Ces manquements sont les produits ou les effets de pratiques structurelles, ancrées au plus profond des interstices de la machine politico-bureaucratique. Ce sont des pratiques qui se nourrissent de l’impunité et de la protection qui est assurée aux partisans de chaque régime en place. C’est comme si, au-delà des discours et des effets de manche, il n’y avait aucune volonté de combattre la corruption, le détournement et le gaspillage des ressources publiques tant que cela sert les intérêts politiques du camp au pouvoir.
Vous avez raison de parler de recommencement, car il s’agit bien d’une reproduction du système d’accaparement et de prédation qui a traversé les âges. Au Sénégal, l’Etat fonctionne ou dysfonctionne de la même façon depuis qu’il existe. Ces logiques d’appropriation privative des ressources de l’Etat et de redistribution restreinte au sein des cercles comme la famille, le clan, le parti, l’ethnie ou la confrérie, remontent au moins à la naissance de l’État. Chacun des quatre présidents qui ont dirigé le Sénégal a réorganisé la forme de ce système à sa façon, mais tous en ont gardé la structure. Les deux derniers plus que les autres. Et Macky Sall, après seulement un mandat, a déjà égalé, sinon dépassé ses devanciers en matière de mal gouvernance. Le clientélisme est le moteur de sa gouvernance et l’impunité son rempart.
‘’Macky Sall avait tous les atouts pour changer le système’’
Lorsqu’il était candidat, Macky Sall avait fait un diagnostic sans appel de ce système et les pratiques qui le fondent. Il s’était engagé à mener les réformes structurelles nécessaires pour le changer. Il avait tous les atouts pour réussir : des forces politiques, sociales et citoyennes aguerries et motivées, pour avoir mené une lutte victorieuse contre Wade. Un projet de société complet et réaliste élaboré dans le cadre des assises nationales et une charte de gouvernance démocratique consensuelle. Il n’a pas eu l’audace de saisir ces atouts pour changer le Sénégal durablement. Il a choisi la voie la plus facile : se soumettre aux groupes de pression, y compris ceux de son camp politique, pour avoir la ‘’paix’’.
Quel est l'impact de cette mal gouvernance et de cette bamboula sur le budget de l'État et les politiques publiques ?
Ce n’est pas de la bamboula, mais de l’irresponsabilité. Un pays pauvre, endetté jusqu’au cou, au point de lancer une hypothétique campagne africaine pour l’annulation de la dette, devrait avoir la décence de limiter ses désirs à ses capacités. Comme partout en Afrique, nous avons des gouvernements mégalomanes, qui ne se privent de rien pour être dans le luxe et le confort, sans aucune contrepartie pour le peuple en matière de résultats. Figurez-vous qu’entre 2012 et 2018, Macky Sall et son gouvernement ont dépensé près de 120 milliards de F CFA pour l’achat de voitures. En 2019, 3,5 milliards ont été dépensés et plus de 6 milliards étaient prévus pour 2020. Cette somme aurait sans doute été dépensée, si le décret n°2020-474 du 19 février 2020 portant suspension de toute commande ou acquisition de véhicules administratifs n’était pas venu arrêter la folie dispendieuse du gouvernement. De 2000 à 2020, soit en 20 ans, ce sont 500 milliards de F CFA qui ont été gaspillés pour acheter environ 20 000 voitures pour le secteur public et parapublic. Il n’est pas rare de voir, dans le parking d’un ministre ou d’un DG, 2 ou 3 voitures rien que pour le plaisir et le confort de leurs familles. Aucun pays au monde ne peut se développer avec un tel niveau d’irresponsabilité et de gaspillage de ressources.
L'IGE a aussi relevé des incongruités dans la création et le fonctionnement de certaines administrations. Parfois, on a l'impression que tout est fait pour ne pas du tout se conformer aux textes en vigueur. Cela colle-t-il à cette réputation d'administration de qualité prêtée à l'Administration sénégalaise ?
Dans son fond comme dans sa forme, l’Administration ne ressemble que très peu à une administration de type légal, rationnel, obéissant à des procédures et des normes, et organisée en des fonctions hiérarchisées et interdépendantes. L’Administration sénégalaise n’est plus organisée selon des critères objectifs. Elle est au contraire traversée par des intérêts, des clivages et des coqueries importées de la sphère politique qui a fini de l’envahir. La politisation à outrance des échelons supérieurs de l’Administration publique a fortement réduit la capacité de cette dernière à agir avec efficacité. Tout est fait pour répondre à une demande politique plutôt qu’à des exigences sociales et économiques.
Les assises nationales comme la CNRI (Commission nationale de réforme des institutions, NDLR) avaient fortement recommandé que les postes de direction et de responsabilités administratives ne soient pas occupés par les leaders politiques actifs. Il n’en n’a pas toujours été ainsi. En ce qui concerne la gestion bureaucratique, Senghor agissait avec beaucoup de mesure et de décence. Abdou Diouf lui emboitait le pas, quoique dans une moindre mesure. Avec Wade, et surtout avec Macky, on a dépassé toutes les limites. Les remparts ont sauté, laissant l’Administration à la merci de tous les bureaucrates-politiciens, avec leurs réseaux de clients, courtisans et affairistes en tout genre. Je souhaite un retour à cette orthodoxie administrative qui passe nécessairement par l’interdiction formelle de toute nomination politique à certains postes de direction des ministères ou des agences qui doivent être pourvus sur la base du mérite et de la compétence.
Comment expliquez-vous l’instabilité au niveau de certaines agences et services administratifs ?
C’est parce que de telles agences ne reposaient pas, lors de leur création, sur une rationalité guidée par des objectifs clairs de développement. Lorsqu’un service ou une agence est créée pour caser des militants ou du personnel politique de manière générale, sa survie ne peut être que précaire. Chaque ministre en use et abuse à sa guise, selon ses intérêts du moment. Elles deviennent alors très vite des gouffres à milliards qui ne produisent pas de résultats et finissent par peser lourd dans les équilibres budgétaires. Et finalement, lorsqu’elles deviennent impossibles à supporter, disparaissent. La crise économique née de la Covid-19 et les problèmes financiers importants auxquels l’État fait face vont sans doute conduire à la suppression de plusieurs agences. Le gouvernement n’a plus le choix. Il réduira ses dépenses et rationalisera son fonctionnement ou il s’effondrera. Car, avec la crise, les partenaires au développement rechignent à prêter ou à donner à ceux qui gèrent mal et auront de plus en plus du mal à rembourser leur dette.
Êtes-vous satisfait par le mode de fonctionnement de cet organe de contrôle qu'est l'IGE ?
L’IGE est un organisme d’une grande importance. En tant qu’institution supérieure de contrôle de l’Etat, elle fournit au président de la République les moyens d’évaluer le fonctionnement des structures administratives sous son autorité et de mesurer la performance ou la contreperformance de ces structures ainsi que les facteurs qui les expliquent. Un tel outil entre les mains d’un président libre, équidistant, soucieux de la justice économique, de l’équité sociale et soucieux de la préservation des ressources publiques, aurait sans doute fait faire de grands bonds en matière de bonne gouvernance.
Mais hélas, le travail important qu’elle abat ne débouche presque jamais sur une action sérieuse. Les rapports de l’IGE sont destinés principalement au président de la République et nous savons que cette destination est une voie de garage. Ce qui est donc en cause, c’est moins l’IGE que le traitement qui est fait de ses rapports.
Concrètement, que faudrait-il faire pour que les rapports produits par les différents corps de contrôle puissent être suivis d'effet ?
La démarche la plus simple est de soustraire ces organes de la tutelle du président de la République. Car un président qui fait passer ses objectifs politiques devant la recherche de performance économique et du bien-être de l’ensemble de la population, ne s’en prendra jamais à ceux qui défendent ses intérêts politiques. Parce que, justement, c’est en leur garantissant l’impunité qu’il peut leur faire faire à peu près ce qu’il veut. Le président Macky Sall sait mieux que quiconque ce qu’il faut faire pour installer la bonne gouvernance. C’est qu’il n’en a pas le désir.
Souvent, l'affectation de terres à des projets agro-industriels soulève des vagues. Pensez-vous qu'on peut atteindre la souveraineté alimentaire et même le développement sans ce type d'agriculture ?
Dans des États en construction comme les nôtres, tout est une question d’équilibre. Ceux qui pensent qu’on peut avoir une agriculture de type familial, qui produit pendant trois mois de quoi vivre pendant 9 mois ad vitam aeternam ont tort. Ceux qui pensent que cette agriculture n’est pas performante et qu’elle devrait être remplacée par l’agri-business avec les exploitations à perte de vue, ont aussi tort. La solution se trouve entre les deux, car elles peuvent cohabiter. Il y a des pays qui ont réussi à forger des expériences heureuses sur des modèles contractuels entre les deux formes d’agriculture qui peuvent se renforcer mutuellement. La sécurité alimentaire, ou plus exactement la souveraineté alimentaire, passe par l’articulation des deux.
Mais pour y arriver, il faudrait respecter plus les paysans et reconnaitre leurs droits sur les terres. On a comme l’impression que l’agri-business peut facilement avoir un titre foncier sur des dizaines, voire des centaines d’hectares, alors qu’une exploitation familiale n’aurait pas le droit de posséder 2 hectares. Une réforme foncière est nécessaire et le gouvernement le sait. Mais il n’a pas eu le courage d’assurer les recommandations contenues dans le rapport de la Commission nationale sur la réforme foncière qu’il a pourtant commandité. La gestion de la terre pose, il est vrai, beaucoup de problèmes au Sénégal. Mais le diagnostic est bien établi et les solutions sont à portée de main. Il suffit d’ouvrir le rapport de la commission et d’avoir le courage d’avancer.
En milieu urbain, il est difficile, pour le Sénégalais moyen, d'accéder à la propriété foncière. N'est-ce pas un échec de l'État ?
Oui, c’est l’un des secteurs où l’échec de l’État se donne le plus à voir. Sous Senghor, et même sous Abdou Diouf, il y avait une véritable politique de logement social avec la SN/HLM et la Sicap qui facilitaient un accès plus équitable des populations urbaines au logement. Aujourd’hui, ces politiques ont été démantelées. La SN/HLM, ou ce qui en reste, n’est que l’ombre d’elle-même, tandis que la Sicap n’est plus qu’une structure ‘’para-privée’’ qui gère des programmes hors de portée et souvent réservés à une élite connue d’avance.
Quelles solutions pour de véritables logements sociaux accessibles à la majorité ?
Le Programme des 100 mille logements est déjà une bonne avancée. J’espère que le ministre de l’Urbanisme, qui fait preuve d’un certain volontarisme, saura déjouer les pièges des affairistes et des spéculateurs pour aider le maximum de Sénégalais, y compris les non-salariés, à accéder au logement. Dans les 15 prochaines années, le triangle Dakar, Thiès et Mbour, que j’appelle le ‘’Triangle urbain de l’Ouest (Turbo) sera une seule agglomération. Les populations devraient être déplacées progressivement et installées dans des quartiers aménagés qui répondent à tous les besoins urbains. L’État devrait donc s’assurer que les communes situées dans ce triangle n’accordent plus de terres agricoles d’une certaine étendue à des privés. La SN/HLM et la Sicap ou une structure qui pourrait naitre de leur fusion, ce que je recommande, pourraient, à travers des programmes cohérents, suivis et surveillés, s’assurer de maintenir les prix des terrains à des niveaux acceptables.
Brièvement, quelle note donneriez-vous aux ministres Diouf Sarr, Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye et Mansour Faye par rapport au rôle qu'ils ont eu à jouer dans la lutte contre la Covid-19 ?
Je me garderais bien de distribuer des bons ou des mauvais points à ces ministres. Ils auraient été fautifs même que je ne leur donnerais même pas de note, à fortiori une mauvaise note. Le responsable, c’est leur patron. C’est lui qui s’est mis en face des Sénégalais pour dire. Et ensuite pour se dédire. Les autres n’ont écrit que sous sa dictée.
L’actualité est aussi dominée par l’affaire des gazelles oryx transférées vers la ferme du ministre de l’Environnement. Votre plateforme a sorti un communiqué largement relayé par la presse nationale et même internationale. Qu’allez-vous faire maintenant ?
Nous ferons ce qui doit être fait à un braconnier. D’abord, le dénoncer et ensuite le traduire en justice, y compris la justice internationale. Nous avons déjà informé les plus grandes institutions en charge de la conservation de la nature, notamment l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le secrétariat de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et d’autres organismes non gouvernementaux. Ce ministre et tous ceux qui, comme lui, ont bénéficié de ces gazelles ont terni l’image de notre pays. Dans un pays normal, il aurait démissionné ou aurait été démis de ses fonctions immédiatement.
Qu’est devenue votre alliance avec Ousmane Sonko, dans le cadre de la coalition Jotna ?
Note coalition Jotna se porte bien. Nous sommes en train de l’organiser et la structurer afin qu’elle soit plus apte à jouer son rôle et qu’elle remplisse sa part du contrat qu’elle veut nouer avec les Sénégalais. Nous travaillons à faire émerger et à renforcer les pôles de leadership qui doivent en constituer les piliers.
Êtes-vous de ceux qui pensent que la chance de Macky Sall est surtout de ne pas avoir une opposition à la hauteur ?
Quelle définition donnerait-on à une opposition à la hauteur ? Faut-il être tous les jours dans la rue et brûler des pneus pour mériter ce statut ? Faut-il injurier à longueur de colonnes de journaux ? Je ne le crois pas. L’opposition n’est pas un bloc monolithique. Chacun agit selon ses méthodes, sa stratégie ou son tempérament. Certains parlent et se font entendre, tandis que d’autres font autre chose. Je respecte chaque posture. Dans une République normée, pour qu’il y ait une bonne opposition, il faut un pouvoir responsable qui respecte les lois et un peuple qui comprend les enjeux et accepte de se battre pour son bien-être.
Pour ma part, avec la plateforme Avenir Senegaal Bi Nu Begg, je participe au débat public, critique des politiques ou actions gouvernementales lorsqu’elles vont dans le mauvais sens, félicite les bonnes actions et propose des mesures et des actions. C’est aussi le cas de Mme Ndèye Fatou Diop Blondin qui, en plus d’être coordonnatrice adjointe de la plateforme Avenir, est très active dans l’espace public, dans le cadre d’Aar Li Nu Bokk qu’elle coordonne. C’est ce qui correspond à notre tempérament et à l’orientation de notre mouvement qui est un espace de construction et de proposition d’alternatives. Nous portons une véritable alternative pour changer et refonder le Sénégal. Nous y travaillons en tant qu’acteurs politiques indépendants.
Par Seybani SOUGOU
MACKY SALL EST TENU DE DÉPOSER UNE NOUVELLE DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Chaque prestation de serment doit être accompagnée d’une déclaration de patrimoine, en bonne et due forme : 1 prestation de serment équivaut à 1 déclaration de patrimoine ; 2 prestations de serment = 2 déclarations de patrimoine. C’est clair, net et préci
Macky Sall est tenu de déposer une nouvelle déclaration de patrimoine : il n’y a aucun débat possible à ce niveau. En effet, l’article 37 de La Constitution sénégalaise est extrêmement clair et ne laisse place à aucune forme d’interprétation. « Le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique ». En vérité, l’exigence constitutionnelle de la déclaration de patrimoine du chef de l’état est intimement liée au serment présidentiel qui précède l’installation du Président de la République, moment où il est investi des prérogatives liées à son statut.
Chaque prestation de serment doit être accompagnée d’une déclaration de patrimoine
La prestation de serment inaugure un nouveau mandat présidentiel. Macky Sall a prêté serment à 2 reprises, devant le Conseil Constitutionnel. La première prestation de serment a eu lieu le 02 avril 2012, La seconde prestation de serment s’est déroulée le 02 avril 2019. Chaque prestation de serment doit être accompagnée d’une déclaration de patrimoine, en bonne et due forme : 1 prestation de serment équivaut à 1 déclaration de patrimoine ; 2 prestations de serment = 2 déclarations de patrimoine. C’est clair, net et précis. Un laudateur du régime, ancien administrateur de la Fondation servir le Sénégal, s’est livré à un exercice périlleux en affirmant « Le Président n’a jamais quitté son bureau de la présidence de la république ». Un argument loufoque, digne d’un élève de primaire. Demandez-lui pourquoi Macky Sall a prêté serment une seconde fois et a été installé à nouveau, en tant que Président de la République par le Conseil Constitutionnel ?
La Constitution sénégalaise impose au président de déposer une déclaration de patrimoine en début de mandat, mais n’exige pas d’effectuer une déclaration en fin de mandat.
En France, les élus doivent faire, au cours de leur mandat, plusieurs déclarations : d’abord au moment de la prise de fonction ; puis en cours de mandat si une modification substantielle affecte leur patrimoine (héritage, mariage, divorce, etc…) ; et enfin, ils doivent déposer une déclaration de patrimoine de fin de mandat. Toutefois, la loi est extrêmement claire concernant la déclaration de fin de mandat : « Les élus dont le mandat s’achève doivent déposer une déclaration patrimoniale de fin de mandat deux mois plus tôt et un mois plus tard avant l’expiration de leur mandat », auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), conformément aux dispositions de la loi n°2013-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique. Il convient de préciser que la déclaration de patrimoine de fin de mandat doit intervenir au plus tard un mois avant l’expiration du mandat. Au Sénégal, l’article 37 de la Constitution impose au Président de déposer une déclaration de patrimoine en début de mandat, mais n’exige en aucun cas d’effectuer une déclaration de patrimoine en fin de mandat. L’article 37 de la charte suprême taillade en pièces, l’argument fallacieux de Mounirou Sy selon lequel Macky Sall doit faire sa déclaration de patrimoine en fin de mandat. Cette disposition n’est prévue par aucun texte (ni par la Constitution, ni par loi n°2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine).
A supposer d’ailleurs que Macky Sall doive faire sa nouvelle déclaration de patrimoine en fin de mandat (ce qui est totalement faux, car n’étant prévu par aucun texte), ladite déclaration devait obligatoirement être effectuée avant fin de son premier mandat et donc avant les élections présidentielles du 24 février 2019. Une déclaration de patrimoine de fin de mandat ne doit pas être effectuée, après que l’élu ait quitté la magistrature suprême mais bien avant (au cours du mandat).
Manifestement, le Constitutionnaliste Mounirou Sy a une mauvaise compréhension de la temporalité de la déclaration de patrimoine de fin de mandat. L’attestation sur l’honneur de l’actuel Président Français, M. Emmanuel MACRON, suite à sa déclaration de patrimoine (disponible sur le site légifrance) devrait lui rafraichir la mémoire et lui permettre de mieux comprendre le sens de la déclaration de patrimoine de fin de mandat. « Je soussigné : Emmanuel Macron, Certifie sur l’honneur l’exactitude des renseignements indiqués dans la présente déclaration et m’engage, en cas d’élection à déposer deux mois au plus tôt et un mois avant l’expiration de mon mandat de Président de la République ou, en cas de démission, dans un délai d’un mois après celle-ci, une déclaration de situation patrimoniale de fin de mandat, en application du neuvième alinéa du I de l’article 3 de la loi n°62-1292 du 06 novembre 1962 ».
Fait le 16 mars 2017 Emmanuel Macron
Les partisans du régime qui croyaient trouver la parade pour Macky Sall, en invoquant une déclaration de patrimoine en fin de mandat, ne font que l’enfoncer davantage. La déclaration de patrimoine de fin de mandat doit intervenir avant la fin du mandat, pas après (dans cette hypothèse, Macky Sall aurait dû déposer sa déclaration de patrimoine de fin de mandat, avant les élections de 2019). Quel que soit l’angle choisi par les soutiens du régime (déclaration de fin de mandat ou nouvelle déclaration de patrimoine), Macky Sall est pris au piège, et se trouve face à une équation insoluble. En conclusion, la Constitution sénégalaise (article 37) est très claire et impose au Président de déposer une déclaration de patrimoine en début de mandat. En conséquence, Macky Sall qui a entamé son second mandat et dernier mandat est tenu de déposer une nouvelle déclaration de patrimoine, dans les meilleurs délais. Tout le reste relève de la sorcellerie juridique et n’est que pure affabulation. La violation de l’article 37 de la Constitution n’a que trop duré.
DAKAR SOUS HAUTE SURVEILLANCE POLICIERE
A une semaine de la Tabaski (Aïd elKébir) presque tous les rues et carrefours de Dakar sont transformés en points de vente de moutons. Une période propice aux gangs de voleurs de bétail qui multiplient les braquages et les cambriolages à main armée.
A une semaine de la Tabaski (Aïd elKébir) presque tous les rues et carrefours de Dakar sont transformés en points de vente de moutons. Une période propice aux gangs de voleurs de bétail qui multiplient les braquages et les cambriolages à main armée. D’où l’impressionnant dispositif mis en place par le directeur général de la Police pour quadriller nuitamment Dakar.
Le constat est le même ! Partout à Dakar et sa banlieue, les rues, carrefours et terrains vagues sont transformés en points de vente de moutons. Sans oublier certains coins et recoins des concessions érigés en enclos provisoires le temps d’une fête. Pour dire que la capitale est devenue un gigantesque « daral » à ciel ouvert. Une période propice aux gangs de voleurs de bétail qui multiplient les braquages et cambriolages à main armée.
L’année dernière à pareille période, dans certains quartiers de Dakar tels que Hann-Maristes, Patte-d’oie, Cité Lobatt Fall et Yoff-Diamalaye, des cas de cambriolages audacieux et spectaculaires avaient été signalés. Le modus operandi des voleurs est presque partout le même et il ne varie pas d’une zone à une autre. Ainsi, les malfrats font irruption dans des points de vente ou enclos domestiques.
Après avoir violenté et ligoté les vendeurs, ils embarquent les bêtes à bord de leur fourgon ou véhicule de type L200. Pour couvrir leur retraite, ils tirent des coups de feu avant de disparaitre nuitamment dans la nature.
Pour prévenir le risque d’augmentation des cambriolages à la faveur de l’arrivée massive des moutons, le directeur général de la Police national, le général Ousmane Sy et le directeur de la sécurité publique (Dsp), le commissaire Abdou Wahab Sall, ont mis en place un impressionnant dispositif policier à Dakar et sa banlieue. Un dispositif qui rappellerait presque, par son ampleur, le couvre-feu nocturne levé récemment et qui avait été instauré dans le cadre de l’état d’urgence ! Allez-vous aventurer nuitamment dans les rues et ruelles de Dakar, de même qu’aux alentours des points de vente de moutons. Il est aisé d’y constater que des policiers multiplient les contrôles routiers, les patrouilles à pieds, les filatures à bord de scooters ainsi que des vérifications d’identité aux niveau des cars de transports en commun, véhicules particuliers et autres taxis circulant la nuit.
Pour dire que la police nationale est en alerte maximale contre les gangs de voleurs de bétail en cette période de Tabaski. Ce même si ce dispositif impressionnant ne saurait suffire sans la nécessaire vigilance des populations invitées à collaborer c’est-à-dire dénoncer aux policiers le moindre suspect ou lieu de repli pour voyous.
LES AVOCATS AUSSI IMPACTES PAR LA PANDEMIE
La pandémie continue de faire des ravages à travers le monde et n’épargne aucun secteur d’activités. C’est le cas avec les professions libérales avec en tête les d’avocats.
La pandémie continue de faire des ravages à travers le monde et n’épargne aucun secteur d’activités. C’est le cas avec les professions libérales avec en tête les d’avocats. Au Sénégal, plusieurs mesures sont prises par le Barreau pour tenter de préserver ses membres de la redoutable maladie. Selon des robes noires interrogées, la Covid 19 a touché leur secteur et ralenti leurs activités.
A l’instar des autres Barreaux du monde, celui du Sénégal n’est pas en reste pour tenter de protéger les siens de la Covid 19. Dans une note administrative en date du 23 mars dernier, le Barreau du Sénégal a écrit à ses membres pour leur demander de limiter leurs déplacements. « La limitation aux seuls déplacements professionnels insusceptibles d’être différés, résultant d’une obligation de présentation imposée par l’autorité de police administrative ou l’autorité judiciaire, résultant d’une convocation émanant d’une juridiction administrative ou de l’autorité judiciaire, ou aux seules fins de participer à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative », voilà ce qui est demandé aux avocats. La même note interdit la présence des membres du barreau à tout événement mettant en présence de manière simultanée plus de 100 personnes en milieu clos ou ouvert.
Selon Me Mamadou Seck, un avocat, la cohabitation avec la Covid 19 constitue un véritable obstacle à l’exercice de leur métier. « La pandémie nous a causé d’énormes préjudices à plusieurs égards. D’abord, il y a le fait qu’il y a eu une suspension d’audiences de trois mois. Il s’y ajoute qu’avec l’état d’urgence, les avocats n’étaient pas en mesure d’exécuter certaines décisions dE justice surtout des décisions de recouvrement. Moralement, il n’était pas possible en cette période de résilience d’exécuter certaines décisions.
Pour dire vrai, les avocats ont connu un manque à gagner considérable du fait que les audiences ne se sont pas tenues » explique ce membre du Barreau de Dakar. Selon lui, lui et ses confrères sont loin de voir le bout du tunnel avec l’accentuation de la grève des greffiers. « Cela fait cinq mois que le tribunal est au ralenti » a-t-il pesté.
Même constat pour son confrère Me Pape Mor Niang pour qui la Covid 19 a impacté sur leurs activités. « Le Conseil de l’ordre a invité par une note les confrères à avoir des attitudes responsables avec la maladie comme cela se fait dans tous les secteurs, au respect des mesures barrières; au port des masques, au lavage des mains avec du savon ou l’utilisation du le gel hydro-alcoolique » informe l’avocat.
Mesures de précaution renforcées au tribunal Lat Dior
Selon Me Pape Mor Niang, ces mêmes mesures sont respectées au niveau des cabinets car du gel hydro-alcoolique est fourni aux clients à leur arrivée sans compter que le port du masque y est obligatoire. A l’en croire, même au niveau du personnel administratif du cabinet, une rotation a été initiée pour permettre la mise en place de la distanciation sociale.
Au niveau du tribunal Lat Dior, depuis l’annonce de la contamination de quelques membres du Tribunal du travail, et même avant, les mesures de précaution sont renforcées. Le public n’assiste plus aux audiences. A l’entrée du grand portail du tribunal, les forces de sécurité fournissent aux visiteurs du gel alcoolique afin qu’ils s’en enduisent les mains. Dans les salles d’audiences, il y a un tri qui se fait. N’entrent dans les salles que les témoins et autres personnes susceptibles d’être entendues par le tribunal. Ces dernières présentent une convocation en bonne et due forme émanant du parquet.
A la barre, les avocats et les magistrats de siège portent tous des masques et la ventilation de la salle est amoindrie pour ne pas dire inutilisée. Les activités au niveau du tribunal tournent au ralenti et il est rare sinon inexistant de croiser un avocat qui ne porte pas de masque dans le hall du tribunal ou la salle des pas perdus. Comme quoi, la maladie n’épargne personne pas même les privilégiés de la République.
Par Moussa KAMARA
SACERDOCE
Avec la vidéo- surveillance qui est de mise dans toutes les boutiques, les voleurs et rodeurs ne semblent plus être à la fête.
On n’en finit jamais de parler des dégâts causés par le Net. Comme tout le monde s’y met en ignorant pour la plupart les règles les plus absolues de prudence, les conséquences désastreuses et malheureuses s’accumulent forcément sur le bonnet.
Et pour cette fois-ci, les droits de l’hommistes s’en sont donnés à cœur joie dans leurs différentes sorties et saillies. Ces commerçants et gérants de boutiques qui ne pensent qu’à se faire de la pub servent aux internautes toutes leurs lubies. Cette précipitation à créer comme ils disent le buzz, va plus les perdre que les faire connaitre.
Avec la vidéo- surveillance qui est de mise dans toutes les boutiques, les voleurs et rodeurs ne semblent plus être à la fête. C’est bien beau d’accuser quelqu’un de vol encore qu’il faudrait étayer avec des preuves irréfutables. Je ne sais ce que cette pauvre dame a enduré entre les mains, les bras et autres de ces trois individus. Fût-elle une voleuse, rien ne les autorisait à la martyriser. Une personne qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales est facilement identifiable.
Et quand c’est une femme bien galbée, les coureurs et voyeurs ne manquent jamais d’en profiter pour assouvir leurs sinistres désirs. Il y a une justice immanente qui sévit pour tout le monde. Qui défend et venge des personnes que l’on prenait pour des moins que rien. On espère que ce tollé sur le Net dissuadera plus d’un à se faire justice. Certainement un vœu pieux avec ces lynchages trop habituels sous nos yeux de ces voleurs et délinquants pris par la horde.
Et dans cette foule figurent des personnes de tous les âges. Des vieux sadiques aux jeunes colériques qui ne pensent qu’à cogner et à faire mal. Maintenant, le Sénégalais tue facilement son semblable pour des raisons des plus fallacieuses. Certes, il y a toujours eu des marginaux qui tuaient ou amputaient de pauvres gens mais au rythme actuel où de pauvres diables perdent la vie pour des sous ou des femmes, il y a vraiment de quoi s’inquiéter !
Nos sociologues et autres gens doctes s’épanchent sur ces questions mais apparemment, rien n’arrête nos assassins en puissance. Une histoire récente, cocasse pour certains, salace pour d’autres mais un cas d’école tenace pour tous, est celle de cette enseignante qui a jeté le fruit de ses escapades adultérines dans une fosse. Ce n’est point l’histoire d’une gamine qui a quitté l’école très tôt ou qui n’y a jamais été mais d’une dame avec des connaissances solides.
L’islam qu’elle enseigne et la femme pieuse qu’elle serait auraient dû être ses remparts dans cette vie. Il lui a manqué le sacerdoce qui guide les bonnes gens. Ce sacerdoce qui semble manquer à tous ces gens qui font leurs ablutions dans la rue, causant des flaques d’eau et des mini mares sur le passage des piétons obligés de marcher sur la chaussée en feintant pour éviter les véhicules.
Voilà des musulmans pratiquants se considérant pieux et propres après avoir pollué la rue publique. Rien que de faux dévots !