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16 juillet 2025
par Hamidou Anne et Sahite Gaye
NARRATIONS PAR LE BAS ET CONTRE-RÉCITS EN TEMPS DE CORONAVIRUS
Le covid-19 a suscité en Afrique un intérêt pour le débat - Le récit observé à partir du continent laisse voir une contemporanéité des initiatives malgré les différences dans les formes énonciatives
Hamidou Anne et Sahite Gaye |
Publication 11/05/2020
Une cartographie du coronavirus se dessine, même si personne n’est capable de prévoir le dénouement de cette crise comme personne n’avait prévu son irruption. Elle s'accompagne d'une série de narrations en compétition les unes avec les autres. Dès lors, toute narration se lit comme construction d’une visée et d'une certaine vision du monde. De l'Afrique, depuis le début de la pandémie, on en a beaucoup écrit, beaucoup parlé et surtout beaucoup pronostiqué.
Depuis des mois des experts annoncent une déferlante de la pandémie en Afrique, continent du manque d'infrastructures de santé, de la malaria, d’Ébola. Leur sentence est la même : le pire est à venir. Et aujourd'hui on voit encore des interrogations surgir sur ce qu'il est convenu d'appeler une spécificité africaine. En effet, le coronavirus jusque-là a faussé les calculs. L'Afrique a été touchée tardivement et pour le moment, elle s'en sort mieux. Un mystère ? Une imperfection statistique ? La jeunesse ? Le facteur climatique… S’interrogent, sous le sceau de l'affirmation, analystes et médias hors du continent.
Au cœur du continent également, des narrations surgissent pour faire le récit du coronavirus. Une appropriation de la parole qui permet à des voix de cohabiter et de raconter ce qui se passe tout en élargissant l'horizon de certaines utopies. L’Afrique nomme sa crise, l’habite et invente ses solutions. Ce nouveau schéma narratif se décline sous différentes formes.
Une narration par le bas
En Afrique, le coronavirus se raconte surtout en dehors des médias classiques. La trame de ce récit est portée par des acteurs peu connus, invisibilisés. Les Africains dans leur diversité s'approprient les plateformes numériques pour parler du coronavirus. Cette polyphonie narrative se veut cash, sans fard, elle épouse les contours de la vie quotidienne. Toutes les langues la permettent. La gestion de la pandémie se jauge en jugeant les pratiques en cours. Les images des dernières innovations africaines pour faciliter la gestion de la pandémie se partagent et s'exhibent comme des trophées. Chaque facilité technologique trouve un public qui fait sa promotion. Le débat autour de la chloroquine sur la toile africaine consacre Didier Raoult comme la figure du héros face à l'industrie pharmaceutique au banc des accusés, notamment au sujet des supposés vaccins covid-19 destinés au continent. Le numérique devient un institut de notation. Tel président suscite le ricanement par les bizarreries de ses recommandations quant à l'usage du mentholatum pour ne pas être infecté par le virus. Tel autre reçoit des applaudissements pour avoir osé proposer une boisson à base de l'artémisia comme remède. Il devient ainsi le chouchou d'une communauté virtuelle à laquelle l'internaute africain peut se sentir appartenir.
Le système faible médico-sanitaire africain n'est pas épargné. Il n'a jamais été au cœur des stratégies de développement dans la quasi-totalité des pays africains. Les formes narratives cohabitent, s'entremêlent et se nourrissent, parfois, de l'infodémie.
Cette narration par le bas a sa propre identité, elle n'est ni apocalyptique ni naïve. Elle raconte le quotidien déstabilisé par le virus et rend compte d'une lecture des enjeux au niveau du continent. Toutefois ces palabres virtuels tout en fournissant des matériaux permettant à leur tour de comprendre les dynamiques en cours, n’ont pas encore le poids discursif performatif propre à l'engagement politique. Ils restent confinés dans un espace symbolique numérique certes important, mais à relativiser par rapports aux autres espaces de formulation et de prise de la décision publique. L’espace par essence de la puissance du politique.
Les contre-récits de l'artémisia et de la dette
En annonçant un remède « vita malagasy » (made in Madagascar) avec ses vertus, le président malgache change la perspective narrative du coronavirus. De ce fait, il installe une controverse scientifique qu'il transforme en controverse sociale à thème scientifique. Ainsi, il introduit une rupture, un élément perturbateur, dans l'habitude de valider le savoir. Andry Rajoelina part de ce que Gramsci appelle le sens commun pour attaquer le discours dominant sur le coronavirus. Le sens commun ici est l'ensemble des conceptions les plus importantes par lesquelles certains Africains perçoivent et interprètent leur vie, leur environnement et leur propre corps. Sous ce rapport le Covid-Organics en confirmant les certitudes de ceux qui dénoncent l'industrie pharmaceutique, bouscule la narration dominante axée sur le respect des protocoles scientifiques. De même, il devient un contre-récit dans cette société du battle, du tacle et du spectacle. Il exploite les lenteurs méthodologiques de l'expérimentation de la recherche d'une solution covid-19 ouverte au grand public, loin des laboratoires et des revues spécialisées. Andry Rajoelina popularise l'artémisia en misant sur des possibles vitaux (la médecine traditionnelle) et le pouvoir d'une nouvelle épistémè locale et ouverte sur le monde. Fort de ce nouvel intérêt, le président malgache interpelle ses pairs africains tout en gardant le contact avec le public via les réseaux sociaux. Ses tweets deviennent de micro-récits qui mettent en lumière son pays tout en ralliant ceux qui sont moins conformistes, moins attachés aux idées toutes faites de l'ordre mondial narratif.
Dans cette même perspective, l’appel à l’annulation de la dette du président Macky Sall s'inscrit dans une logique de rupture narrative. La reprise de son énonciation par le Pape François pendant son homélie avant la bénédiction urbi et orbi de la fête de Pâques et par le président Emmanuel Macron, témoigne de l’appropriation de ce contre-discours. D'ailleurs, le président sénégalais a été désigné pour diriger la task force africaine dans le cadre des négociations pour l’annulation de cette dette. Toutefois, ce contre-discours devrait être l'occasion pour repenser la place de la justice sociale dans les politiques publiques, les priorités de l’accès à l'éducation, à une santé de qualité…Une focalisation externe pour un bien- vivre africain.
Un nouvel intérêt pour l’énonciation publique
Le coronavirus a suscité en Afrique un intérêt pour le débat. Outre les figures habituelles (Souleymane Bachir Diagne, Emmanuel U. Nnadozie, Nadia Yala Kisukidi, Achille Mbembé, Ndongo Samba Sylla, Felwine Sarr, Kako Nubukpo, Aminata Traoré, Boubacar Boris Diop…), les nouvelles énonciations sont produites par des hommes politiques, des ministres en charge de secteurs stratégiques, des artistes, des femmes et des hommes d'affaires… Certains crient les exigences de transformation avec un appel à ne pas se dérober de la réflexion critique sur la place de l'Afrique dans l'après Covid-19 ou à se laisser entrainer par le statu quo. D'autres critiquent les dysfonctionnements conjoncturels et institutionnels des modes de gestion. Dans leur narration revient toujours cette observation : la solution est en nous en exploitant les nouvelles possibilités et en pistant de nouvelles utopies créatrices de sens. Il s’agit de narrations ancrées dans un imaginaire local qui produisent des solutions globales à l’échelle de la pandémie.
Le récit du coronavirus observé à partir du continent africain laisse voir une contemporanéité des initiatives malgré les différences dans les formes énonciatives. En outre, l'hégémonie narrative qui a longtemps favorisé un discours infidèle à la réalité tend à changer. L'on retiendra avec Chimamanda Ngozi Adichie que « lorsque nous rejetons l'histoire unique, lorsque nous nous rendons compte qu'il n'y a jamais une histoire unique pour un lieu donné, quel qu'il soit, nous reconquérons une sorte de paradis ».
par l'éditorialiste de seneplus, Félix Atchadé
LA GLOBAL HEALTH AUX TEMPS DU COVID-19
EXCLUSIF SENEPLUS - La pandémie du coronavirus va-t-elle faire changer nos cadres d’intelligibilité ? Est-on à la veille de ce que Thomas Kuhn appelle une révolution scientifique ?
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 11/05/2020
Au 3 mai 2020, le Centre de contrôle des maladies de l’Union africaine (Africa CDC) a dénombré 43029 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 761 personnes sur le continent. L’Afrique du Sud et l’Égypte sont les pays les touchés. Suivis par le Maroc, l’Algérie, le Ghana et le Nigeria. Comparée à celles de l’Europe de l’Ouest ou de l’Amérique du Nord, la situation épidémiologique de l’Afrique est donc sans commune mesure en matière de morbidité et de mortalité. Le temps permettra d’en élucider les raisons si cette situation s’avère définitive. En attendant que la science résolve la question, de nombreuses explications sont avancées : démographiques (jeunesse de la population), météorologiques et/ou climatiques (chaleur, humidité, etc.), virologique (c’est un virus à enveloppe) et économiques (faiblesse des échanges sino-africains), etc. Ces explications, de bon sens, relèvent pour le moment d’extrapolations. Il manque des données empiriques pour les confirmer ou les infirmer. L’étude des situations particulières des pays les plus touchés montre que les déterminants de l’épidémie sont loin d’être connus. La publication par le gouvernement français le vendredi 1er mai 2020 de la carte sur l’état de l’épidémie en France par département, selon les critères de circulation active du virus et des tensions hospitalières sur les capacités en réanimation, montre une situation hétérogène. Les différentes explications données plus haut sont-elles de nature à rendre compte des différences notées dans ce pays ? Jusqu’à présent, la compréhension que la médecine a des épidémies met en relief un germe (virus, bactérie, etc.) et un écosystème qui permet sa dissémination. La pandémie de Covid-19 va-t-elle faire changer nos cadres d’intelligibilité ? Est-on à la veille de ce que Thomas Kuhn appelle une révolution scientifique ?
Si la catastrophe épidémique n’a pas touché le continent, ses conséquences économiques sont bien présentes. Selon la Banque mondiale, la croissance économique en Afrique subsaharienne passera de 2,4% en 2019 à une fourchette comprise entre -2,1 % et -5,1 % en 2020, ce qui constituera la première récession dans la région depuis 25 ans. Des millions d’emplois ont été détruits dans le secteur informel qui occupe plus de 80 % des actifs dans la majorité des pays. Nos gouvernants ont-ils eu une réaction disproportionnée par rapport à la menace ? Une réponse affirmative serait à mon sens injuste. Les épidémies sont, au-delà de leur caractère objectif en matière de données épidémiologiques, des constructions sociales. Les images d’hôpitaux italiens débordés où les patients sont intubés dans les couloirs ou encore celle de professionnels de la santé en France, haut lieu de tourisme médical des élites des pays africains francophones, se plaignant de manquer du minimum de moyens pour faire face à l’afflux de patients infectés, ne pouvait qu’inciter les pouvoirs publics à prendre les mesures les plus radicales pour faire face au risque d’épidémie. Il y a eu également une demande de protection face aux menaces qui étaient en mondiovision. Cette demande s’exprimait dès la mi- février dans divers pays du continent. Et quand on sait qu’il y a des toujours de nettes différences entre les dimensions affectées aux problèmes de santé par l’imaginaire collectif et leur réalité, on ne peut que comprendre l’empressement des gouvernants africains à dupliquer sur leurs territoires les mesures des pays les plus touchés. Les pouvoirs de la périphérie du système-monde voyant les États du centre (États unis, France, Royaume-Uni, Italie) démunis face à la pandémie, sauf à être absolument sûrs de leurs capacités coercitives, ne pouvaient que prendre les mesures de prévention les plus hardies.
Les systèmes de santé africains pourront-ils faire face si l’expression épidémiologique de la pandémie de Covid-19 venait à changer négativement ? Sans entrer dans des généralisations abusives, il est légitime de craindre que les difficultés qu’ont connues les pays touchés par l’épidémie à virus Ebola qui a dévasté de l’Afrique de l’Ouest en 2014-2015 se reproduiront dans divers endroits du continent en cas dissémination du SRAS-Cov2. Et, malheureusement, une telle situation sera une preuve supplémentaire de l’impuissance des systèmes de santé en Afrique subsaharienne et l’échec de la Santé globale ou Global health* fille de la Banque mondiale et de l’idéologie néolibérale.
À suivre
* La santé globale est la santé d’une population dans un contexte global (ou mondial). Le bureau exécutif des Universities for Global Health explique que « la croissance rapide de la vitesse des voyages et de la communication, ainsi que l’interdépendance économique de toutes les nations ont entraîné un degré nouveau et une rapidité nouvelle d’interconnexion globale ou de globalisation qui se répercutent sur la santé des populations partout sur la planète ».
Dénoncé depuis longtemps, surtout par les employés de la Senelec, le contrat liant la société d’électricité avec Akilee n’était, à ce jour, pas encore disponible. Le Quotidien a pu tomber sur un exemplaire qu’il a pris le temps de parcourir.
Dénoncé depuis longtemps, surtout par les employés de la Senelec, le contrat liant la société d’électricité avec Akilee n’était, à ce jour, pas encore disponible. Le Quotidien a pu tomber sur un exemplaire qu’il a pris le temps de parcourir. Le contenu permet de comprendre que les négociateurs de la société d’électricité ont assimilé à leur manière les contes de chez nous, et mis en œuvre le partage de «bouki», au profit de la plus petite entité.
Un partenariat établi pour 10 ans et qui vise à installer, pour cette période, environ 1 million 400 mille compteurs dits intelligents pour le compte de la Senelec. Pourquoi dès lors imposer, dès signature du contrat, à l’un des partenaires d’acquérir environ 2 millions 700 mille compteurs, sous prétexte que l’évolution du marché prévoirait ce développement à l’avenir ?
Le contrat liant la Senelec et Akilee, son partenaire/filiale, dévoile bien de situations incongrues qui laissent à tout le moins perplexe. On se demande, à la lecture, si les parties qui négociaient pour la société nationale d’électricité avaient vraiment mis en avant les intérêts de l’entreprise.
De manière générale, le contrat semble plus déséquilibré en faveur de la start-up Akilee. Au point que les négociateurs avaient même revu l’éventualité d’une sortie du franc Cfa du système monétaire le liant à l’euro. Ainsi, l’art. 10 du fameux contrat indique : «En cas de changement de parité entre le franc Cfa et l’euro, ayant pour effet une augmentation de la contre-valeur en francs Cfa des engagements financiers libellés en euro d’Akilee envers ses partenaires techniques et commerciaux, ou envers les parties financières, que lesdits engagements portent sur des dettes exigibles ou des dettes non échues, Senelec s’oblige à ajuster les montants des parts fixes et variables (…) de sorte à compenser intégralement le coût financier induit par le changement de parité.»
S’agissant de la résiliation du contrat, chose qui semble être à l’ordre du jour ces derniers temps, le contrat permettra à Akilee de ne pas y laisser sa chemise, tout au contraire. Quel que soit le cas de figure envisagé, «Résiliation sans faute, résiliation pour faute d’Akilee, résiliation pour faute de Senelec, cas de force majeure prolongé», la Senelec devra verser à Akilee les montants des factures émises et non payées, les encours après livraison, des indemnités majorées, ainsi qu’un montant correspondant au manque à gagner sur la durée restant du contrat.
Ce contrat comporte 8 annexes qui couvrent un large éventail de sujets, allant de la quantité des compteurs à livrer et de leur plan de livraison et de déploiement, au modèle de lettre de garantie à fournir par Senelec au profit d’Akilee, mais nulle part on ne spécifie les compétences techniques dont Akilee va faire bénéficier la Senelec, alors même qu’elle est présentée comme «une société hautement qualifiée dans le domaine des technologies, notamment celui de l’exploitation et de l’appropriation des systèmes de comptage intelligent».
Et même si cela n’était qu’une omission, si l’on se rappelle que le patron d’Akilee a été pendant un moment salarié de Senelec, sous les ordres du Dg Makhtar Cissé, avant d’aller fonder sa boîte dans laquelle il a vendu 34% des actions à Senelec, on se demande où et à quel moment il a développé l’expertise qu’il a proposée à son ancien employeur. On comprend alors les récriminations des cadres et des syndicalistes de la Senelec qui parlaient, en leur temps, de «délit d’initié».
Sans oublier le fait, que l’on avait déjà épinglé, qu’Akilee avait été présentée en un moment comme étant une filiale à 100% de Senelec. Et qui se révèle comme un partenaire financier froid et sans état d’âme. Comme un compteur d’électricité.
BARA GUÈYE RELAXÉ, LE RESTE DE LA BANDE CONDAMNÉ À 2 MOIS AVEC SURSIS
Le couple, la mère de la mariée Marième Mané ainsi que quelques-uns des invités ont tous fait amende honorable en présentant leurs plates excuses.
Prolongation du mariage de Mbaye Guèye, patron de « Clean Oil » et de Seynabou Diène. Le couple, la mère de la mariée Marième Mané ainsi que quelques-uns des invités, Aliou Niang alias Niang Kharagne Lo, Alassane Mbaye (le griot des VIP), Ndèye Fatou Diouf alias "Ndèye Diouf mou Serigne Fallou", Mansour Ndao (transitaire) et Ndèye Marie Diallo alias Adja Diallo ont comparu, ce lundi, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour le délit de violation de l’Etat d’urgence notamment interdiction de rassemblement. Devant le prétoire, les prévenus, ayant comparu tous libres, ont nié les faits qui leurs sont reprochés mais, ils ont tous fait amende honorable en présentant leurs plates excuses.
Premier à être interrogé, Niang Kharagne Lô, a déclaré avoir pris part à la cérémonie parce qu’il a été invité. A l’en croire, il y a fait dix minutes. Il est arrivé sur les lieux à 15h et est reparti à 15h10. Sur place, il a trouvé moins de trente personnes. « Je ne savais pas que j’y trouverai autant de personnes. On m’a invité officiellement et je tenais à y être pour honorer la mariée », a déclaré Niang Kharagne qui dit ignorer que les rassemblements de plus de 20 personnes étaient interdits. Sur ce, il regrette son acte qui, rassure-t-il, ne va plus se reproduire. Quant à Bara Guèye, le marié et patron de Clean Oil, il a été relaxé. La mariée, sa mère et les autres prévenus ont été condamnés à 2 mois avec sursis et une amende de 100 mille francs CFA pour chacun.
Transitaire de son état, Mansour Ndao, l’homme qui distribuait les billets de banque lors de ce mariage, informe avoir été invité parce qu’il est proche de la famille de la mariée. Pour lui, c’était un devoir d’assister à la cérémonie. « Votre pays vous assigne un devoir plus important et vous devez vous y conformer. Les billets que vous distribuez, les chants, n’avaient aucun sens », lui fera remarquer le juge. Confus, le prévenu Mansour Ndao finit par présenter ses excuses. « Je demande pardon. Je ne voulais même pas que cette vidéo soit publiée parce qu’elle ne m’arrange pas par rapport aux responsabilités que j’occupe et par rapport à mon métier. Je dois être discret », soutient-il.
Pour sa part, Adja Diallo affirme avoir été sur les lieux pour répondre à l’invitation de la mariée. « J’y suis allée vers 18h et je n’ai même pas duré. Je ne savais pas qu’il y aurait autant de personnes sinon, je ne serai pas parti. Je regrette mon acte », s’excuse-t-elle.
Quant au griot des VIP, Alassane Mbaye, il a expliqué sa présence à ce mariage par le fait que sa famille et celle de la mariée ont signé un pacte social qui les lie depuis longtemps. Mieux, il se considère comme un membre de cette famille parce qu’il est courant de tout ce qui s’y passe. Et, a jugé nécessaire d’être présent à cette cérémonie.
La cantatrice Ndèye Diouf s’est aussi confondu en excuses reconnaissant son tort.
NOUS N’AVONS JAMAIS INVITÉ PERSONNE
Quid de la mariée ? Comptable de son état, Seynabou Diène a, lors de son interrogation, soutenu qu’elle n’a invité personne à son mariage. « Ce n’était pas une invitation. J’ai envoyé à mes amis un message pour les informer de mon mariage. Je n’ai dit à personne que je vous invite à venir assister à mon mariage », a-t-elle expliqué. « Mais, ils sont venus pour vous », lui relance la présidente du tribunal. « Oui, ils sont venus pour moi, mais je les ai juste informés du mariage, je ne les ai pas invités », rétorque-t-elle avec insistance.
« Vous êtes la responsable de ce rassemblement. Nous sommes au Sénégal et ici, les gens ne font pas la différence entre information et invitation. Toute personne à qui vous envoyez un message pensera que vous voudriez qu’elle assiste à la cérémonie », lui rappelle la présidente du tribunal avant de lui demander de respecter, la prochaine fois, les règles édictées.
La mère de la mariée a également fait part de sa surprise de voir autant de gens débarquer à la cérémonie. « J’ai été surprise de voir autant de personnes à la maison. Je n’ai même pas maitrisé la situation. J’ai même essayé d’interrompre les festivités. Je suis allée même jusqu’à les menacer d’appeler la police s’ils ne s’arrêtaient pas. Encore une fois, je n’ai invité personne. Mais, il y a des gens qu’on ne peut pas retenir chez eux. J’ai fait le maximum pour les disperser », explique-t-elle. Avant d’ajouter : « Je n’ai invité aucun membre de ma famille. J’ai dit à mes sœurs ne pas se déplacer parce que la situation actuelle ne s’y prêtait pas. »
Quant à Bara Guèye, le marié, il ne s’est présenté au domicile de son épouse qu’après 19 heures. Et n’a trouvé sur place que les membres de sa belle-famille.
Malgré les excuses présentées à la barre, les prévenus ont été sermonnés part la parquetière. « Vous vous mettez en danger et vous mettez en danger aussi votre famille. Vous ne respectez aucune mesure », constate-t-elle. Poursuivant, la représentante du ministère public pense qu’on ne peut pas permettre certaines choses en cette période où la maladie se propage de plus en plus au Sénégal. « Le virus ne circule pas, ce sont les gens qui le transportent. Nous avons un ennemi en commun nous devons tous lutter pour le vaincre. Quand on vous demande de rester chez vous, c’est pour votre bien », signale-t-elle avant de requérir l’application de la loi.
Les avocats des prévenus ont plaidé la relaxe. Pour eux, l’élément moral fait défaut dans cette affaire. A les en croire, la loi n’interdit pas ces types de cérémonie. Elle s’est tenue dans un endroit fermé et la loi l’autorise. Ce que la loi n’autorise pas, selon les robes noires, c’est le débordement ou que la cérémonie se tienne dans un lieu ouvert au public. Donc, pour eux, la relaxe pure et simple s’impose.
par BabaZou
TRAGÉDIE DES FILS DE….
EXCLUSIF SENEPLUS - La société africaine reconnaissante du Nom leur tend les bras par fidélité ou par respect. Et se montre généreuse en ouvrant son cœur à des fils indignes au nom d’une continuité par le sang de vertus paternelles
En ouvrant ses mains et son cœur à des fils indignes
Au nom d’une continuité par le sang de vertus paternelles
Que des usurpateurs de Nom n’ont point hérité
On leur tolère tous les excès
Ils bravent tous les interdits
Autour d’eux se rallient naïfs profiteurs et jouisseurs
Que le Nom attire et leur sert de cotte de mailles
Pour s’affranchir du devoir et de la responsabilité
Les Fils de…. sont putrescents
Ils sentent l’argent des autres
Ils sentent la chair fraîche de leurs nuits charnelles
Ils sentent les effluves de l’alcool et des herbes nocives
Qui noient leur esprit dans un bain de chloroforme
Ils sont tout ce que l’Afrique de nos pères et de nos Dieux exècre
L’argent hérité ou volé instrument de jouissance
Un air impur qui pollue leur esprit
Et crée un nuage opaque
Dans lequel ils perdent toute lucidité
Leurs parents présents ou disparus
Souvent effrayés par l’horreur du film que joue leur progéniture
Souffrent en silence les sachant coupables
Mais pleurent leur innocence et invoquent la fatalité
Ils souffrent de leur Nom bafoué
Jeté aux orties par une presse et des réseaux déchaînés
Ils souffrent du sang indigne qui nourrit leurs veines
Et jette un doute sur la pureté de leur lignage
Ils souffrent des compromissions et des indignités
Qui les force à venir à genoux implorer une faveur ou un pardon
Ils souffrent d’un au-delà où il n’y a ni Roi ni Riche ni Élu
Et où seuls comptent les actes de chacun
Ils souffrent de se voir quitter cette terre
Laissant derrière eux des fils sans Nom
Ils souffrent du temps et de l’oubli
Qui auront effacé leur œuvre sur cette terre d’Afrique
Pendant que leurs descendants sans repères errent anonymes dans la cité
Les Fils de… vivent l’instant présent
Ils ne se reconnaissent ni dans le passé ni dans le futur
Ne connaissent ni leur histoire ni celle de leurs parents
Qui, partis de rien sont arrivés très loin très haut
Par le travail les sacrifices et les vertus
Imposent le respect par leur vécu et leur œuvre humaine ou sociale
Les Fils de…. sont ces prédateurs des palaces d’Afrique et d’Occident
Mais aussi les hôtes privilégiés des cours d’Orient
Pour y vivre les contes des mille et une nuits
Et forgent malgré eux tous les clichés négatifs
Qui nous mettent en colère
Ils ont le verbe haut
L’allure négligée débonnaire ou sophistiquée jusqu’au ridicule
Drapés d’une sensibilité à fleur de peau
Ils dépensent sans compter une fortune mal acquise
Et se nourrissent des verbes Avoir et Être le Fils de…
Ils entraînent dans leur descente aux enfers
Les fils et les filles d’honnêtes gens
Qui le temps d’une ultime soirée d’une tragédie programmée
Ont manqué de discernement et de caractère
Et finissent tous en faits divers
Comme le peuple des Fils de…personne
Afrique des valeurs de l’Homme et de la Dignité
Retiens tes enfants
Ils sont devenus fous
Réveille de leur mutisme leur cécité et leur surdité
Des parents égarés dans le tourbillon de la vie
Et donne aux Fils de….
Un Prénom dont ils seront dignes et Fiers
VIDEO
"LE PROBLÈME DU COVID-ORGANICS, C'EST QU'IL VIENT D'AFRIQUE"
Selon le président Andry Rajoelina, le traitement issu de la pharmacopée traditionnelle a fait ses preuves à Madagascar, et si un pays européen l’avait découvert, il n’y aurait pas "autant de doutes"
Christophe Boisbouvier, Marc Perelman |
Publication 11/05/2020
Dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI, le président malgache Andry Rajoelina revient sur le controversé Covid-Organic, un remède issu de la pharmacopée traditionnelle de Madagascar, présenté comme efficace contre le coronavirus. Bien que n’ayant pas encore obtenu d’autorisation de mise sur le marché et malgré les mises en garde de l’OMS, le traitement est distribué dans plusieurs pays d’Afrique. Selon le chef d’État, le traitement a fait ses preuves à Madagascar, et si un pays européen l’avait découvert, il n’y aurait pas "autant de doutes".
Pour le président malgache, Andry Rajoelina, le Covid-Organic est efficace non seulement pour prévenir le coronavirus, mais également pour guérir de la maladie. "Le Covid-Organic est un remède préventif et curatif contre le Covid-19, qui fonctionne très bien", déclare-t-il dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI, depuis Antananarivo, la capitale de l’île. "À Madagascar, nous avons eu 171 cas, dont 105 guéris" majoritairement par ce remède.
"Une nette amélioration de l’état de santé des patients ayant reçu ce remède a été observée en 24 heures seulement après la première prise. La guérison a été constatée après sept jours, voire dix jours. Ce remède est naturel, non toxique et non invasif", assure-t-il.
Les éventuels effets du Covid-Organic, breuvage à base d'artemisia, une plante à l'effet thérapeutique reconnu contre le paludisme, n'ont pourtant été validés par aucune étude scientifique et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande des essais cliniques rigoureux, a mis en garde jeudi 7 mai 2020 contre "l'adoption d'un produit qui n'a pas été soumis à des tests pour en vérifier l'efficacité".
Médecine traditionnelle
Le président Andry Rajoelina balaie les doutes sur l’efficacité de ce remède, laissant entendre que ces positions sont dictées par une vision archaïque de l’Afrique. "Si c’était un pays européen qui avait découvert ce remède, est-ce qu’il y aurait autant de doutes ? Je ne pense pas […] Le problème c’est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde".
Il rappelle que Madagascar a une longue tradition de médecine traditionnelle et note, par ailleurs, que de nombreux médicaments autorisés en Occident, se sont révélés nocifs, voire meurtriers, comme le Médiator en France.
Enfin, interrogé sur le litige avec la France à propos des îles éparses, ces quatre îles au large des côtes malgaches, Andry Rajoelina explique que l’objectif annoncé avec le président français de trouver une solution d’ici au 26 juin 2020, date du soixantième anniversaire de l’indépendance de Madagascar, ne pourra être tenu en raison de la crise sanitaire du Covid-19.
Il rappelle que son pays réclame "la restitution" par la France de ces îles et rejette toute idée d’une cogestion.
INTERPOL ALERTE SUR LA PRÉSENCE D’UN FAUX MÉDICAMENT AU SÉNÉGAL
Selon la directrice de la Santé publique, ce produit est un faux médicament utilisé par des faussaires pour tromper les populations.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale sonne l’alerte. Après avoir été saisi par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique qui, lui-même, a été saisi par Interpol d’un produit dénommé Uni-Gold. TM. HIV que des gens malintentionnés sont en train de faire circuler dans certains pays y compris le Sénégal, Marie Khémesse Ngom Ndiaye avertit les populations.
Selon la directrice de la Santé publique, ce produit est un faux médicament utilisé par des faussaires pour tromper les populations. Selon l’OMS, « Uni-Gold ™ HIV est un test de diagnostic rapide à usage unique. Il s’agit d’un test immunologique pour la détection qualitative des anticorps anti-VIH-1 et VIH-2 dans le sérum, plasma et sang total. Uni-Gold ™ HIV est conçu pour être utilisé dans les lieux de soins pour aider au diagnostic d’infection par le VIH-1 et le VIH-2 ».
Ce qui n’a rien à voir avec le Covid-19. « Au Sénégal, la médecine est gérée par des professionnels de santé. S’il doit y avoir un médicament à prescrire aux populations, ce sont eux qui vont le diagnostiquer. Toute personne qui a une proposition allant dans ce sens, nos portes lui sont grandement ouvertes », a fait savoir Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
La Directrice de la Santé publique a profité de l’occasion pour se prononcer sur l’utilisation de l’Artémisia. Après avoir félicité le chef de l’Etat d’avoir commandé le produit chez son homologue malgache, Marie Khémesse Ngom Ndiaye a informé que le produit est dans le circuit normal et va subir tout le protocole nécessaire avant son utilisation au Sénégal.
par Florian Bobin
OMAR BLONDIN DIOP : EN QUÊTE DE RÉVOLUTION AU SÉNÉGAL
Sa mort ne peut être isolée comme un malheureux accident de l’Histoire - Les méthodes autoritaires déployées par l’actuel gouvernement illustrent à quel point l’impunité se nourrit du passé
Le 11 mai 1973, les autorités sénégalaises annoncent la mort d’Omar Blondin Diop, jeune militant et artiste âgé de 26 ans détenu à la prison de Gorée. Depuis près d’un demi-siècle, la version officielle du suicide est largement contestée par de nombreuses voix dénonçant un assassinat. Retour sur le parcours de Blondin Diop et une période de quête de révolution au Sénégal.
En 2013, la famille d’Omar Blondin Diop organisa une cérémonie commémorative à sa mémoire, quarante ans après sa mort à Gorée. Pendant des siècles, l’île fut un point de transit majeur pour les navires européens déportant d’innombrables captifs asservis africains vers le continent américain. Dans le cadre de la commémoration, ses proches installèrent un portrait de lui dans son ancienne cellule, devenue depuis une salle d’exposition du principal musée historique du Sénégal. Le cliché date de 1970 ; Omar Blondin Diop était alors étudiant-professeur en philosophie, tout juste expulsé de France vers le Sénégal. Il participa, à l’image de nombreux autres étudiants de l’époque, aux manifestations de « Mai 68 ». Quelques années plus tard, le dissident devint martyr. À sa mort en détention, quatorze mois après avoir été condamné à trois ans de prison pour « atteinte à la sureté de l’État », les autorités sénégalaises affirmèrent qu’il s’était suicidé. Mais de nombreuses voix eurent de bonnes raisons de soupçonner son assassinat. Depuis lors, sa famille exige sans relâche que justice soit faite, et militants ainsi qu’artistes ont pris les devants dans le maintien de sa mémoire.
La mort d’Omar Blondin Diop ne peut être isolée comme un malheureux accident de l’Histoire. Il s’agit, au contraire, d’un épisode tragique se situant dans une longue série de violences menées par l’État du Sénégal. Il est peu courant de mettre l’accent sur les mouvements de résistance au régime de Léopold Sédar Senghor, ou de leur donner du crédit, car le premier président du Sénégal (1960-1980) réussit à ériger le pays en « exemple démocratique ». Les récits officiels des décolonisations africaines ont souvent résumé le processus de libération du colonialisme européen à la naissance d’États nouvellement indépendants. Or, la persistance d’intérêts étrangers, soutenus et alimentés par nombre de classes dirigeantes nationales, fut un spectacle courant dès les années 1960. Suite aux indépendances politiques nominales, les autocraties du continent, soutenues par les anciennes métropoles coloniales, firent le pari de maintenir leur pouvoir en étouffant les perspectives révolutionnaires de mouvements appelant à l’émancipation de l’impérialisme et du capitalisme. Le Sénégal n’a certes pas connu les mêmes crises politiques que ses voisins, mais la mythification de « l’humanisme républicain » du « poète-président » Léopold Sédar Senghor a brouillé notre appréciation de son action politique. Sous l’Union progressiste sénégalaise, le parti unique qu’il dirigea, les autorités déployèrent des méthodes brutales de répression ; intimidant, arrêtant, emprisonnant, torturant et tuant ses dissidents [1]. Omar Blondin Diop fit partie de ceux-ci.
Blondin Diop est né dans la colonie française du Niger en 1946. Son père, médecin africain, avait été transféré de Dakar, la capitale administrative de l’Afrique-Occidentale Française, à Dosso, petite ville près de Niamey. Ses positions politiques n’étaient pas des plus radicales, mais les autorités coloniales le soupçonnaient de sentiment anti-français en raison de ses activités syndicales et son soutien à la Section française de l’internationale ouvrière [2]. Craintive du renforcement des mouvements anticoloniaux aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, la métropole surveillait de près ceux qu’elle dénommait « éléments anti-français ». Une fois que sa famille fut autorisée à rentrer au Sénégal, Blondin Diop passa son enfance essentiellement à Dakar. À l’âge de 14 ans, il s’installa en France, où son père reprit ses études de médecine [3].
Blondin Diop vécut en France pour la majeure partie des années 1960. À Paris, il poursuivit des études littéraires et approfondit sa connaissance des classiques de la philosophie occidentale, d’Aristote et Kant à Hegel et Rousseau [2]. Dans la foulée de son admission à l’École normale supérieure, il commença à fréquenter des cercles militants et participa activement aux débats organisés par divers groupes de gauche [4]. C’est une époque où les mouvements anticapitalistes en Europe puisaient leur inspiration de la Révolution culturelle en Chine et s’opposaient avec virulence à l’ingérence militaire américaine au Vietnam. Les étudiants africains en France, au nombre de dix mille en 1968, militaient davantage dans des logiques nationales ou panafricaines. Blondin Diop, pour sa part, avait un pied dans les deux mondes. Peu de temps après avoir entendu parler du militant sénégalais, le cinéaste Jean-Luc Godard le sélectionna pour jouer dans son film La Chinoise (1967) [5]. Inspiré par les écrits de Spinoza, Marx et Fanon [6], Blondin Diop cultivait l’éclectisme théorique – entre le situationnisme, l’anarchisme, le maoïsme et le trotskisme, il puisait sa pensée politique d’une multitude de courants idéologiques, en se donnant la liberté de toujours voir le monde à travers ses propres lunettes [7].
En raison de ses activités politiques, Blondin Diop fut expulsé de France vers le Sénégal à la fin de l’année 1969. Aux côtés d’autres camarades sénégalais ayant étudié en Europe, il participa au Mouvement des jeunes marxistes-léninistes, dont une des scissions donna naissance au front anti-impérialiste And Jëf. Repoussant les structures formelles, Blondin Diop promut la performance artistique et développa le projet d’un « théâtre dans la rue qui dira ce qui préoccupe et intéresse le peuple », étroitement lié au Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal. Se penchant sur l’art et son potentiel révolutionnaire, Blondin Diop écrit : « Avant de jouer dans un quartier il faudra en connaître les habitants, s’implanter parmi eux notamment parmi les jeunes [...]. Notre théâtre ira sur les lieux de rassemblement de la population (marchés, cinéma, stades) [...] S’efforcer donc de donner à chaque thème, à chaque situation, à chaque personnage, une dimension africaine. […] Surtout fabriquer soi-même tout ce qu’il est possible de fabriquer [...] Conclusion morale : Plutôt la mort que l’esclavage » [8].
Le Sénégal indépendant était un espace néo-colonial. Senghor s’était initialement opposé à l’indépendance immédiate, plaidant plutôt pour une autonomie progressive sur vingt ans [9]. Ainsi, lorsqu’il devint président, il appela régulièrement au soutien de la France. En 1962, Senghor accusa hâtivement son collaborateur de longue date Mamadou Dia, président du Conseil des ministres, d’avoir tenté un coup d’État contre lui – Dia fut par la suite arrêté et emprisonné pendant plus d’une décennie [10]. En 1968, à l’éclatement d’une grève générale à Dakar, qui s’étendit au reste du pays, la police réprima le mouvement avec l’aide des troupes militaires françaises [11]. La proximité de Senghor avec la France atteint son apogée en 1971, à l’occasion de la visite d’État du président français Georges Pompidou, ami proche et ancien camarade de classe [12]. Pendant plus d’un an, Dakar s’était préparé à son bref séjour de 24 heures. Sur la voie principale du cortège officiel, les autorités avaient réhabilité routes et bâtiments, tentant d’invisibiliser tout signe de pauvreté dans la capitale.
Pour nombre de jeunes militants radicaux, ce fut la goute de trop ; la réception du président français était une provocation ouverte [3]. Quelques semaines auparavant, un groupe s’inspirant du Black Panther Party américain et des Tupamaros uruguayens incendia le centre cultural français de Dakar. Au moment de la visite, il tenta d’attaquer le cortège présidentiel mais les quelques jeunes furent arrêtés. Parmi les condamnés figuraient deux frères de Blondin Diop. Lui aussi croyait en l’action directe mais n’était pas impliqué dans l’attaque ; il était retourné à Paris quelques mois plus tôt, après la levée de sa mesure d’expulsion [13]. Dans la tourmente, Blondin Diop décida, avec plusieurs amis, de quitter la France afin de s’initier à la lutte armée. À bord de l’Orient-Express, ils traversèrent l’Europe en train, avant d’atteindre un camp syrien composé de fedayins palestiniens et de guérilléros érythréens. Leur plan était d’enlever l’ambassadeur de France au Sénégal en échange de leurs camarades emprisonnés [14]. Au bout de deux mois, Blondin Diop et ses amis passèrent du désert à la ville. Ils avaient l’espoir d’obtenir le soutien du Black Panther Party, qui avait brièvement ouvert un bureau international à Alger. Mais une scission au sein du mouvement les obligea à revoir leur stratégie. Après un court passage à Conakry, ils se dirigèrent à Bamako, lieu de résidence d’une partie de la famille Blondin Diop. De là, ils se réorganisèrent.
La police arrêta le groupe à la fin du mois de novembre 1971, quelques jours avant une visite d’État du président Senghor, sa première dans le pays depuis l’éclatement de la Fédération du Mali en 1960. Les services de renseignement maliens, sous la tutelle du directeur notoire de la sûreté Tiékoro Bagayoko, les avaient étroitement surveillés pendant des mois. Dans la poche de Blondin Diop, ils trouvèrent une lettre mentionnant le plan d’évasion de ses camarades en prison. Extradé vers le Sénégal, il fut condamné à trois années de réclusion. Pour la majeure partie de leurs journées à Gorée, les détenus n’étaient pas autorisés à quitter leur cellule. Afin de minimiser les interactions, ils ne pouvaient être en présence de la lumière du jour qu’une demi-heure le matin et une demi-heure l’après-midi. Jours et nuits se confondirent, les nuits s’éternisèrent, la torture y était courante [3].
La nouvelle tomba le 11 mai 1973 : Omar est mort. Il avait 26 ans. L’annonce fit l’effet d’une bombe. Des centaines de jeunes prirent d’assaut les rues et inscrivirent sur les murs de la capitale : « Senghor, assassin ; On tue vos fils, réveillez-vous ; Assassins, Blondin vivra ». D’emblée, l’État du Sénégal maquilla le crime. Allant à l’encontre des ordres officiels, le juge d’instruction chargé de l’affaire inculpa deux suspects. Il avait découvert dans le registre de la prison que Blondin Diop s’était évanoui la semaine précédant l’annonce de sa mort « par suicide » et l’administration pénitentiaire fit comme de rien n’était. Mais avant qu’il n’eût le temps de procéder à l’arrestation d’un troisième suspect, les autorités le remplacèrent par un autre juge qui mit fin aux poursuites judiciaires par « ordonnance d’incompétence » [15]. Tous les 11 mai jusque dans les années 1990, les forces armées encerclèrent la tombe de Blondin Diop afin d’empêcher toute forme de commémoration publique [3].
Depuis des décennies, Omar Blondin Diop a été une source d’inspiration pour militants et artistes [16]. Expositions, peintures et films continuent de revisiter son histoire – une qui fait tristement écho au contexte politique d’aujourd’hui. Les méthodes autoritaires déployées par l’actuel gouvernement du Sénégal illustrent à quel point l’impunité se nourrit du passé. Ces dernières années, celui-ci s’est efforcé de restreindre la liberté de manifestation, détourner les fonds publics et abuser de ses pouvoirs. Tant que la responsabilité politique devant le peuple ne demeure qu’un concept théorique attrayant pour les bailleurs de fonds internationaux, les pratiques du passé sont vouées à perdurer. Être activiste au Sénégal aujourd’hui, c’est courir le risque de se faire intimidé, arrêté, emprisonné arbitrairement ; Guy Marius Sagna et tant d’autres en ont fait les frais. Dans ce contexte, l’État sénégalais ne compte pas réouvrir le dossier Omar Blondin Diop. Toutefois, comme le répète sa famille, « quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil finit toujours par se lever ».
Florian Bobin est étudiant en Histoire africaine. Ses recherches portent sur les luttes de libération dans l’ère post-coloniale, notamment au Sénégal sous la présidence de Léopold Sédar Senghor. Loin d’être une finalité, cet article est une contribution synthétique d’un projet de recherche biographique en cours. Il a été rendu possible grâce aux ressources inestimables et au précieux temps de la famille, des ami(e)s et des connaissances d’Omar Blondin Diop, ainsi que militant(e)s et chercheur(se)s. Profonds remerciements à : Dialo Diop, Cheikh Hamala Diop, Alioune Sall ‘Paloma’, Ousmane Blondin Diop, Pape Konare Niang ‘Niangus’, Alymana Bathily, Jean-Claude Lambert, Omar Blondin Diop Jr, Mareme Blondin Diop, Khaly Moustapha Leye, Antoine Lefébure, Gilbert Vaudey, Bertrand Gallet, Michelle Zancarini-Fournel, Marc-Vincent Howlett, Patrick Talbot, Roland Colin, Aziz Salmone Fall, Ndongo Samba Sylla, Karim Ndiaye, Marie-Angélique Savané, Pape Touty Sow, Amadou Diagne ‘Vieux’, Ibez Diagne, Mansour Kebe, Ousmane Ndongo, Alioune Diop, Papalioune Dieng, Ndèye Fatou Kane, Kibili Demba Cissokho, Bara Diokhane, Barka Ba, Majaw Njaay, Khouma Gueye, Maky Sylla, Alhassane Diop, Hugues Segla, Fatimata Diallo Ba, Khalil Diallo, Awa Mbengue, Vincent Meessen, Pascal Bianchini, Françoise Blum, Martin Mourre, Omar Gueye, Armelle Mabon, Christelle Lamy, Woppa Diallo, Yannek Simalla, Leo Zeilig, David Morton, Tristan Bobin, Njoki Mbũrũ, Njambanene Koffi.
En couverture : Vincent Meessen, Quinconce, 2018. Détail d’une série sérigraphique représentant Omar Blondin Diop lisant le 12ème numéro de L’Internationale situationniste (1969), Dakar, vers 1970. Photo originale de Bouba Diallo.
[2] Cette information provient de Dialo Diop (frère d’Omar Blondin Diop) en conversation avec Cases Rebelles (9 mai 2018) et Omar in Memoriam (11 mai 2018).
[3] Cette information provient de Cheikh Hamala Diop (frère d’Omar Blondin Diop) en conversation avec Florian Bobin (12 juillet 2018 & 4 juillet 2019).
[4] L’historienne Michelle Zancarini-Fournel met l’accent sur le rôle de Blondin Diop dans la mobilisation étudiante en 1968 (leurs chemins s’y sont croisés) dans son avant-propos « En souvenir d’Omar » de l’ouvrage collectif Étudiants africains en mouvement : contribution à une histoire des années 1968 (Éditions de la Sorbonne, 2017, pp. 11-12). « Il n’a probablement pas fréquenté beaucoup les cours cette année-là, mais il était de tous les débats organisés par les groupes politiques d’extrême gauche », écrit-elle.
[5] L’actrice et auteure Anne Wiazemsky décrit la rencontre entre Blondin Diop et Jean-Luc Godard, son partenaire à l’époque, dans son roman Une année studieuse (Gallimard, 2012, pp. 157-158). Après avoir appris que le réalisateur cherchait « un étudiant marxiste-léniniste », Antoine Gallimard proposa Blondin Diop, un ami à lui. Sous le charme du militant sénégalais, Godard le sélectionna par la suite pour jouer « Camarade X » dans le film La Chinoise (1967).
[6] Cette information provient d’Alymana Bathily (ami proche d’Omar Blondin Diop) en conversation avec Florian Bobin (9 juillet 2019).
[7] Alioune Sall ‘Paloma’ (un ami proche d’Omar Blondin Diop) insiste sur la nécessité de comprendre Blondin Diop comme un être complexe, aux multiples facettes, dans son témoignage à l’occasion du 40ème anniversaire de la mort de son ami (10 mai 2013).
[8] L’artiste Vincent Meessen a publié le « Projet de théâtre urbain » de Blondin Diop (vers 1970) dans son livre L’autre Pays (Sternberg Press, 2018, pp. 38-39).
[9] Cette information provient de Roland Colin (directeur du cabinet du président du Conseil sénégalais Mamadou Dia, 1957-1962) en conversation avec Étienne Smith et Thomas Perrot pour Afrique contemporaine (2010, p. 118).
[10] Depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, le président du Conseil Mamadou Dia appelait avec insistance pour la décentralisation des administrations publiques et le renforcement des collectivités paysannes. Vers la fin de l’année 1962, les tensions grandissantes au sein du parti au pouvoir (l’Union progressiste sénégalaise, UPS) ont vu s’opposer sympathisants de Senghor et de Dia. Au sein des premiers, certains décidèrent de voter une motion de censure à l’encontre du gouvernement Dia. À l’époque, chaque décision passait en premier lieu par le parti, étant entendu qu’il représentait la seule force politique reconnue. Dia s’opposa à une motion qu’il jugeait illégitime et Senghor l’accusa de « tentative de coup d’État ». Le 18 décembre 1962, Senghor ordonna l’arrestation de Dia, aux côtés des ministres Valdiodio N’diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Ils furent incarcérés dans l’aride région de Kedougou jusqu’en 1974. Mansour Bouna Ndiaye (jeune cadre de l’UPS en 1962) et Roland Colin (directeur de cabinet de Mamadou Dia, 1957-1962) partagent leur version de la « crise de décembre 1962 » dans leurs mémoires respectifs Panorama politique du Sénégal ou Les mémoires d’un enfant du siècle (Les Nouvelles Éditions Africaines, 1986, pp. 136-154) et Sénégal notre pirogue : au soleil de la liberté (Présence africaine, 2007, pp. 253-293). Colin témoigna également dans Archives d’Afrique (Radio France Internationale, 2019).
[11] Cette information provient de l’historien Omar Gueye dans son ouvrage Mai 1968 au Sénégal, Senghor face au mouvement syndical (Éditions Karthala, 2017, p. 246).
[12] Léopold Sédar Senghor et Georges Pompidou se rencontrèrent en 1928 au prestigieux lycée Louis-le-Grand. Maintenant une profonde amitié à travers les années, ils collaborèrent politiquement par la suite, de manière quasi continue entre 1962 et 1974. Alors que Senghor fut président du Sénégal (1960-1980), Pompidou devint premier ministre (1962-1968) et président (1969-1974) de la France. Quand Pompidou visita Dakar en février 1971, Senghor déclara sur le tarmac de l’aéroport : « Le peuple sénégalais se sent particulièrement honoré de recevoir le président de la République française […]. Car l’amitié franco-sénégalaise remonte à près de trois siècles. […] Enfin, je suis heureux d’accueillir dans mon pays un vieux camarade de lycée et un ami ».
[13] Les autorités sénégalaises se félicitèrent de l’implication du Président Senghor dans la levée de la mesure d’expulsion du territoire français de Blondin Diop (Livre Blanc sur le suicide d’Oumar Blondin Diop, République du Sénégal, 1973, pp. 14-15). Les historiens Françoise Blum et Martin Mourre exposent ses motivations potentielles dans leur article Omar Blondin Diop : d’un monde l’autre (Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, 2019) : « Les sources de police expliquent cette intervention par le désir de Senghor de débarrasser le Sénégal du très actif Omar Blondin. Il aurait préféré le savoir en France. De notre côté, nous pensons plutôt que Senghor était soucieux que l’étudiant puisse poursuivre des études brillamment commencées et soit donc l’un des fleurons de la future élite sénégalaise ». Il semble évident que Senghor se voyait en Blondin Diop : tous deux étaient Sénégalais, éduqués en France et de formation littéraire classique. Surement percevait-il en son jeune compatriote un potentiel descendant politique. Mais Blondin Diop était réputé pour sa critique acerbe de la politique senghorienne. Le suivant de près à la fin des années 1960, les autorités préféraient sans doute le savoir en dehors du pays.
[14] Cette information provient d’Alioune Sall ‘Paloma’ en conversation avec Françoise Blum et Martin Mourre pour Maitron (8 mai 2019).
[15] Cette information provient de Moustapha Touré (doyen des juges d’instruction du tribunal de Grande instance de Dakar, en charge du dossier Blondin Diop) en conversation avec La Gazette (21 décembre 2009). Dans cet entretien, il raconte les coulisses de l’affaire et l’ingérence de l’État dans la procédure judiciaire : « J’avais pris la décision d’inculper les agents pénitentiaires qui avaient sous leur responsabilité la garde du détenu Oumar Blondin Diop. Ils étaient trois, mais je n’avais prononcé que l’inculpation de deux d’entre eux, en attendant de le faire pour le troisième. A l’époque, nous étions sous le règne absolu d’un parti unique. L’ordre qui était en vigueur laissait peu de liberté de manœuvres aux hauts fonctionnaires que nous étions. Et pourtant, j’avais accompli avec responsabilité et de façon loyale mon devoir de juge, là où d’autres auraient choisi de faire autre chose, en obéissant aux ordres émanant de l’autorité politique. J’avais naturellement refusé et étais arrivé à une décision d’inculpation, car j’étais convaincu, contre l’avis de mon ministère et de l’Etat, que le détenu ne pouvait pas se suicider. Cela était impossible dans les conditions où le rapport d’autopsie présenté voulait faire accréditer la thèse du suicide. J’ai été renforcé dans une telle conviction par les relevées sur la main courante [registre] de la prison. Celle-ci portait des mentions édifiantes à cet égard. Cette main courante mentionnait en effet que le détenu Oumar Blondin Diop s’était évanoui, dans le courant de la semaine où il a été déclaré mort par suicide. Or, il n’a été mentionné nulle part sur cette même main courante d’examen médical ordonné, en vue de déterminer les causes de l’évanouissement constaté. Les circonstances laissaient voir des indices crédibles et concordants, tendant à prouver que le suicide, officiellement évoqué pour justifier la mort d’Oumar Blondin Diop, était en réalité un maquillage. J’ai alors décidé, dans le secret de mon cabinet d’instruction d’inculper. Après cette inculpation, jugée téméraire à l’époque, j’ai immédiatement été affecté. Dix jours après, j’ai été promu président du tribunal de Dakar et conseiller à la Cour d’Appel. Disons qu’à l’époque c’était comme une sorte de promotion-sanction qui tentait de masquer sa vraie nature ».
Visiblement, il y a deux types de Sénégalais : ceux du bas soumis aux lois et règles en vigueur et ceux du haut, intouchables, parce que couverts par un manteau d’inviolabilité qui se justifie soit par leur situation sociale
Le patron de Ecotra, Abdoulaye Sylla, un proche du couple présidentiel, refuse d’obtempérer face aux injonctions de la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (Dscos) saisie par le Syndic du «Village Mangrove» pour l’arrêt des travaux qu’il a entrepris sur leur copropriété à Saly Portudal. Dans un document confidentiel adressé à son ministre de tutelle, le lieutenant-colonel Pape Saboury ndiaye demande à Me Sidiki Kaba d’informer le chef de l’Etat de la situation avant que cela ne dégénère, d’autant qu’Abdoulaye Sylla a recruté des nervis pour en découdre avec les gendarmes.
Visiblement, il y a deux types de Sénégalais : ceux du bas soumis aux lois et règles en vigueur et ceux du haut, intouchables, parce que couverts par un manteau d’inviolabilité qui se justifie soit par leur situation sociale ou par leur proximité avec le prince. Abdoulaye Sylla d’Ecotra semble faire partie de la deuxième catégorie. Homme d’affaires prospère cité dans plusieurs projets à milliards depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, Sylla est étiqueté à tort ou à raison comme un proche du couple présidentiel. Certains, plus téméraires, le soupçonnent même d’être l’homme de paille du pouvoir. Même si ses proches s’en défendent, certains de ses actes ont fini de convaincre les plus sceptiques qu’il est un intouchable.
En tout cas, ses voisins du «Village la Mangrove», situé à Saly Portudal de Mbour, en sont convaincus, puisqu’il leur fait un pied de nez depuis un an en dépit des sommations qui lui ont été servies par la justice. Pour la petite histoire, l’affaire remonte à mars 2019. Ayant constaté des modifications irrégulières sur la villa 1 de la copropriété, le Syndic de la Résidence «Village Mangrove» a saisi le 4 mars 2019 la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (Dscos) laquelle s’est vu envoyer balader impunément par le maître des lieux. «Les vérifications d’usage ont été effectuées et le sieur Sylla a été sommé d’arrêter les travaux entrepris. Cependant, non seulement le mis en cause n’a pas respecté la sommation, mais aussi il s’est permis de recruter des nervis et il est prêt à en découdre avec les agents de la Dscos», lit-on sur le document confidentiel que le lieutenant-colonel Pape Saboury Ndiaye a adressé au ministre des Forces armées et dont «L’As» détient une copie.
En plus du rapport circonstancié fait au procureur de Mbour par le commandant de la brigade zonale de Thiès, renseigne la même source, le service départemental de l’urbanisme avait saisi le procureur de la République près le tribunal de Grande instance de Mbour qui, par soit-transmis numéro 2525 en date du 21 novembre 2019, a ordonné à la brigade de Thiès de sommer M. Abdoulaye Sylla d’arrêter ses constructions non autorisées. Au regard de cette situation pouvant dégénérer à tout moment, écrit le Lieutenant-colonel Ndiaye à l’intention de Me Sidiki Kaba, «je vous prie de bien vouloir porter cette affaire à la bienveillante attention de son excellence Monsieur le président de la République».
ABDOULAYE SYLLA PORTE PLAINTE CONTRE LA DSCOS POUR ABUS D’AUTORITE ET VIOLATION DE DOMICILE
Auparavant, il faut rappeler que le sieur Abdoulaye Sylla avait tenté d’obtenir une autorisation de construire. Seulement, étant entendu qu’il était en contentieux avec le Syndic, le chef du Service départemental de l’urbanisme n’a pas donné une suite favorable à sa requête. Mieux le 17 mars 2022, Landing Maria saisit le procureur de Mbour pour l’informer que Sylla a sollicité une demande de construction, mais puisque ce dernier est en contentieux judiciaire avec le syndic, il voulait savoir la conduite à tenir en de pareille circonstance.
En réponse, Youssoupha Diallo écrit : «J’accuse réception de votre lettre en référence relative à la demande d’autorisation de construire déposée par M. Abdoulaye Sylla pour sa villa numéro 1 sise à la Résidence, le village de la Mangrove à Saly Portudal. Une enquête a été effectivement ouverte par mon parquet à la suite d’une part d’une plainte de M Abdoulaye Sylla contre le commandant et des agents de la Dscos pour violation de domicile et abus d’autorité, et d’autre part du Syndic de la Résidence contre Abdoulaye Sylla pour violation des règles de construction d’une copropriété».
Cependant, précise-t-il, «je vous informe qu’aucune poursuite n’est engagée dans le cadre de ces deux plaintes suite à la sommation d’arrêt des travaux de construction régulièrement faite à M. Abdoulaye Sylla». Par conséquent, «vos services sont libres de traiter sur le plan administratif la demande», conclut le Procureur Youssoupha Diallo.
Pour beaucoup d’observateurs, il est évident que n’eût été sa proximité supposée ou réelle avec la Première dame Marième Faye Sall, la Dscos n’aurait pas eu de peine à faire appliquer la loi. Qui plus est, depuis quand d’ailleurs faut-il demander l’aval du président de la République pour faire respecter la loi ? Manifestement, l’Etat semble avoir courbé l’échine dans cette affaire qui devrait intéresser et la société civile et les citoyens épris de justice pour que force reste à la loi.
«A PLUSIEURS REPRISES, ABDOULAYE SYLLA A ETE SOMME D’ARRETER LES TRAVAUX, MAIS IL DEFIE L’AUTORITE»
Le bras de fer entre Abdoulaye Sylla, propriétaire de la villa n°1 de la résidence «Village Mangrove» de Saly Portudal, et le Syndic a atterri sur la table du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Le bras de fer entre Abdoulaye Sylla, propriétaire de la villa n°1 de la résidence «Village Mangrove» de Saly Portudal, et le Syndic a atterri sur la table du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Le ministre Abdou Karim Fofana a saisi son collègue des Forces Armées Me Sidiki Kaba pour que la Dscos démolisse toutes les constructions édifiées sur le site. On reproche à Abdoulaye Sylla, patron d’Ecotra, d’avoir violé le Code de l’Urbanisme et le règlement de copropriété de la résidence. Ce dernier a aussi porté plainte contre le Commandant de la Dscos de Mbour pour violation de domicile.
Joint au téléphone, Daro Tall, porte-parole du Syndic confirme le contentieux qui l’oppose à Abdoulaye Sylla et qui est en instance au tribunal de Mbour. Madame Tall et compagnie veulent juste qu’on démolisse les modifications apportées à la villa pour qu’il y ait une uniformité des habitations de la résidence «Village du Mangrove». A l’en croire, une plainte a été déposée au tribunal de Mbour et la Dscos a arrêté les travaux de la villa depuis le 21 novembre dernier. «Mais à tout moment, il peut reprendre les travaux parce qu’il a toujours fait fi de nos recommandations. A plusieurs fois, il a été sommé d’arrêter les travaux, mais il défie l’autorité», renseigne Mme Tall. D’ailleurs Abdoulaye Sylla a traduit également en justice le Commandant de la Dscos de Mbour pour violation de domicile, après la saisie du matériel de construction des ouvriers. «Nous avons dit à M. Sylla que s’il veut quitter la copropriété, il n’a qu’à engager un géomètre à ses frais pour un recalcul ainsi qu’un notaire. Mais il refuse. Nous avons saisi tous les services départementaux pour qu’il ne reprenne pas les travaux. Nos avocats suivent le dossier», renseigne le syndic.
ABDOU KARIM FOFANA DEMANDE LA DEMOLITION DE LA VILLA DE ABDOULAYE SYLLA
Le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, saisi par ses services des actes de défiance d’Abdoulaye Sylla dans cette affaire qui date de 2018, en est ulcéré. Abdou Karim Fofona a saisi à son tour le ministre des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, afin qu’on arrête la construction irrégulière effectuée sur la villa 1 de la résidence «Village Mangrove» de Saly par Abdoulaye Sylla. Il sollicite auprès de son collègue des Forces Armées l’instruction de la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol(Dscos) afin qu’elle procède à la démolition de toutes les constructions édifiées sur le site le site en violation de la règlementation. En effet, le ministre de l’Urbanisme s’est fondé sur un rapport du chef du Service départemental de l’Urbanisme de Mbour pour saisir son collègue.
Dans le document, il est indiqué qu’Abdoulaye Sylla, propriétaire de la villa n°1 dans la Résidence dénommée «Village Mangrove» à Saly Portudal a entrepris des travaux de construction et de modification irrégulières sur l’architecture initiale de ladite villa. Ainsi, il ressort du rapport transmis par le service départemental de l’urbanisme au ministre Abdou Karim Fofana dont « L’As» détient copie que non seulement le mis en cause a augmenté la superficie de la villa avec des aménagements non autorisés, mais il a construit deux étages supplémentaires qui constituent «de sévères troubles de voisinage».
D’après la même source, les modifications apportées par M. Sylla violent les dispositions combinées du décret N°2009- 1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du Code de l’Urbanisme et de l’article 11 du règlement de copropriété de la résidence. Ce texte stipule qu’«aucun propriétaire ne peut édifier sur les parties privatives des constructions qui affectent les parties communes ou la destination de la résidence telle que prévue dans le règlement de copropriété, sauf autorisation expresse du syndic, ni établir un objet sur un lot qui serait un obstacle au droit de vue d’un copropriétaire». M. Sylla poursuit ses travaux en dépit des sommations du syndic et du chef de service départemental «au mépris de toutes les normes urbanistiques».
Pour le ministre de l’Urbanisme, cette «situation illégale est la cause du désordre noté dans la zone où certains voisins de celui-ci, estimant être victimes d’une rupture d’égalité de traitement, veulent entreprendre des travaux en méconnaissances des injonctions du Service départemental de l’urbanisme»