Pour Jurgen Klopp, le manager de Liverpool, le fait de ramener la Coupe d'Afrique des Nations en janvier "est, pour nous, une catastrophe".
Le tournoi de 2021 a été déplacé en raison des conditions climatiques "défavorables" du pays hôte, le Cameroun.
Et les Reds risquent de perdre l'attaquant sénégalais Sadio Mane, l'ailier égyptien Mohamed Salah et le milieu de terrain guinéen Naby Keita pendant un mois à la mi-saison.
"Si nous devons prendre une décision pour faire venir un joueur, c'est une décision importante", a déclaré le patron d'Anfield.
"Vous savez que pendant quatre semaines, vous ne les avez pas. En tant que club, vous devez y réfléchir. Ça n'aide pas les joueurs africains".
La Coupe des Nations 2019 en Egypte est la première à se dérouler l'été après que le tournoi a été traditionnellement organisé en janvier et février.
La décision, prise en 2017, de repousser le début de la compétition au mois de juin a été largement saluée, notamment par les grands clubs européens.
Le retour au mois de janvier signifie également que la compétition ne va pas empiéter sur le calendrier de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA élargie, qui aura lieu en Chine en juin 2021.
Mais Liverpool est l'un des nombreux clubs de Premier League qui perdront des joueurs de premier plan.
"Je ne pourrais pas respecter la Coupe d'Afrique des Nations plus que je ne le fais car j'aime cette compétition et je l'ai beaucoup regardée dans le passé. C'est un tournoi très intéressant", ajoute Klopp.
"Mais c'est un problème évident que de jouer un tournoi en milieu de saison, alors qu'il est plus logique pour l'Afrique de le jouer en hiver, quand le temps est meilleur pour eux.
"Mais nous n'avons absolument aucun pouvoir. Si nous disons "Nous ne le laissons pas partir", le joueur serait suspendu".
"Si un joueur est blessé et ne peut pas jouer pour nous, nous devons l'envoyer en Afrique et ils font un examen et dans une ou deux semaines, ils sont de retour. Aujourd'hui, ça ne devrait pas se passer comme ça".
FCFA-ECO, UNE QUERELLE IVOIRO-NIGERIANE DERRIERE LA CONTESTATION DE LA ZMAO ?
Le Nigeria verrait bien sa monnaie, le naira, peser lourdement dans la monnaie commune et unique que sera l’eco. Mais Alassane Ouattara lui a damé le pion en transformant le franc CFA en « eco-UEMOA »
Jeune Afrique |
Alain Faujas |
Publication 17/01/2020
La mise en place annoncée fin décembre par Alassane Ouattara d’un « eco-UEMOA », indexé sur l’euro et garanti par la France, est vue par les pays d’Afrique de l’Ouest hors zone CFA comme un parasitage de l’instauration de « l’eco-Cedeao », monnaie unique flexible que les États d’Afrique de l’Ouest ont prévu d’adopter en 2020.
C’est une gifle que viennent d’infliger à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et au président ivoirien Ouattara les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de Gambie, du Ghana, de Guinée, du Liberia, du Nigeria et de la Sierra Leone réunis en Conseil de convergence de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO).
Ils soulignent ensuite que « cette décision n’est pas conforme avec la décision de la Conférence d’État et de gouvernement de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) d’adopter « l’eco comme nom d’une monnaie unique indépendante de la Cedeao ». Ils recommandent « qu’un sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement membres se réunisse prochainement pour examiner en profondeur cette question ».
Que reprochent les signataires de la ZMAO à « l’eco-UEMOA » ?
Ils estiment que l’eco annoncé par le président Ouattara n’est qu’un avatar du franc CFA, parce que celui-ci demeure adossé à l’euro, que son taux de change est garanti par la France et qu’il n’est pas flexible comme le stipulait les documents préparatoires présentés en juin à Abidjan.
S’agit-il d’un affrontement francophones / anglophones ?
Il souhaitait seulement que l’eco adopte un taux de change flexible. La volte-face du Ghana, qui a signé le texte, s’explique par des considérations politiques et non économiques et monétaires.
Les signataires s’inquiètent notamment du leadership pris par la Côte d’Ivoire et son président Alassane Ouattara dans cette affaire, d’autant plus qu’ils ne savent pas si celui-ci sera toujours au pouvoir après la prochaine élection présidentielle du 31 octobre.
La Cedeao, moins intégrée que l’UEMOA
Une partie du problème soulevé par la naissance de « l’eco-UEMOA » tient à la différence d’intégration entre l’UEMOA (8 membres, une seule monnaie, deux langues dont le français pour sept de ses membres et une Banque centrale commune) et la Cedeao (15 membres, huit monnaies, trois langues et pas de Banque centrale commune).
La seconde est en retard par rapport à la première, alors qu’elle a vocation à l’absorber un jour. Certains pays de l’Union ont eu envie d’accélérer le pas après trente ans de piétinement monétaire et de se débarrasser par la même occasion du fardeau politique du CFA.
Mais la transformation du franc CFA en eco suscite les critiques des autres membres de la Communauté, car elle constitue une préemption sur la future monnaie commune et ne respecte pas les principes adoptés en juillet par les Quinze, à savoir la flexibilité du taux de change, la centralisation partielle des réserves de change et la fédéralisation de la future Banque centrale.
La colère du Nigeria
C’est le Nigeria qui a mené la charge contre les annonces du président Ouattara. Avec ses 200 millions d’habitants, le pays pèse 70 % du produit intérieur brut de la Cedeao et est le premier contributeur au budget de la Cedeao, ce qui lui confère le rôle de pilote de la Communauté.
Il verrait bien sa monnaie, le naira, peser lourdement dans la monnaie commune et unique que sera l’eco. Mais Alassane Ouattara lui a damé le pion en transformant le franc CFA en « eco-UEMOA ».
Un spécialiste des questions monétaires, contacté par Jeune Afrique, ne l’envisage pas : « La mise en place de l’eco va durer tellement longtemps, compte tenu de la complexité d’une monnaie commune et des critères de convergence requis pour en faire partie, que les partenaires auront le temps de se mettre progressivement d’accord, de palabres en palabres ».
Il existe pourtant un risque, ajoute-t-il, à savoir « que la réaction des anglophones trouve un écho parmi les chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA qui ne sont pas vraiment convaincus par l’eco tel qu’il a été présenté par Ouattara ». Le président béninois, Patrice Talon a par exemple témoigné plus d’empressement dans ses prises de distance avec le franc CFA. Une crise de la zone monétaire de l’Union serait potentiellement grave pour la région.
LA CASAMANCE TOUJOURS A LA RECHERCHE DE LA PAIX
13 ans après la disparition de l’abbé Diamacoune Senghor, chef spirituel du Mfdc, le processus de paix en Casamance n’a pas connu des avancées significatives.
Jean DiATTA, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 17/01/2020
Ce 13 janvier 2020, cela fera 13 ans jour pour jour depuis que l’abbé Diamacoune Senghor a tiré sa révérence suite à une longue maladie qui avait nécessité son évacuation en France où il a finalement rendu l’âme. Hélas, depuis la disparition du chef spirituel du Mfdc, le processus de paix en Casamance n’a pas connu des avancées significatives. On a plutôt assisté chaque fois à des rendez-vous manqués ou des espoirs déçus. Et les raisons à cette situation sont multiples, pourrait-on dire.
D’abord, le décès de la figure de proue du Mfdc a davantage fragilisé l’unité du mouvement indépendantiste déjà très divisé. cette division se traduit aujourd’hui par l’absence d’un bureau politique du Mfdc. les nombreuses contradictions internes ont fait que, depuis le décès de Diamacoune, le mouvement ne s’est jamais réuni pour désigner son successeur à sa tête. tous les responsables du mouvement qui se prévalent d’un titre quelconque se sont autoproclamés, donc quand ils parlent, cela n’engage pas leurs autres frères. Il y a eu certes une tentative de réorganisation du mouvement afin de pouvoir restaurer l’unité. Et l’initiative était venue des anciens collaborateurs de Sidy Badji, le premier chef d’Atika, la branche armée du mouvement qui, avec l’abbé Diamacoune, étaient les deux principaux responsables du Mfdc. Ils avaient mis en place une structure dénommée ‘’le groupe de contact’’, pilotée par Louis Tendeng, un ancien combattant revenu à la vie civile. cette structure avait pour vocation de ratisser large pour restaurer l’unité des différents clans de l’aile politique qui ont leurs quartiers à Ziguinchor et ensuite descendre dans le maquis pour rapprocher Salif Sadio et César Atoute Badiate, les deux principaux chefs de guerre du mouvement, devenus ennemis jurés. Mais malgré la volonté de louis Tendeng et ses collaborateurs parmi lesquels on peut citer Youssouf Coly, un autre ancien combattant revenu à la vie civile qui était un chargé de mission de Sidy Badji, les choses ne sont pas allées loin. leurs démarches s’étaient vite heurtées à l’intransigeance de certains responsables qui travaillaient dans l’entourage de l’abbé Diamacoune comme Abdou Elenkine Diatta. Lesquelles ne voulaient pas se soumettre à l’autorité de Louis Tendeng qu’ils considéraient comme des pions du gouvernement sénégalais. Donc, à priori, ils soupçonnaient ces membres du groupe de contact de faire un double jeu. les proches de l’ex-secrétaire général du mouvement, Jean Marie Biagui, refuseront, eux aussi, de rejoindre ce groupe qui, finalement, n’a pas réussi son objectif de rassembler le restant de l’aile politique du Mfdc pour ainsi pouvoir essayer de mettre en place un nouveau bureau national.
Salif Sadio et César Atoute, deux chefs de guerre en bisbilles profondes
Du côté du maquis aussi, les actions de ce groupe de contact se sont soldées par un échec. Ils ne réussiront pas à faire taire les querelles entre Salif Sadio et César Atoute Badiate, le premier nommé considérant toujours le second comme un traître qui travaille avec des forces occultes pour faire échouer l’objectif du Mfdc de mener la Casamance à l’indépendance. au contraire, leur division s’est accentuée, tous les ponts sont aujourd’hui coupés entre eux. tous les observateurs avisés sont d’avis que ces deux chefs de guerre ne feront jamais la paix. Pour rappel, ils se sont tirés dessus deux fois dessus, en 2001 et en 2006. et à chaque fois, c’est césar qui avait pris le dessus parce qu’aidé par l’armée bissau-guinéenne.
À l’origine de leur antagonisme, l’abbé Diamacoune voulait limoger Salif Sadio de la tête d’Atika où il avait été nommé par des responsables du Mfdc à l’insu du prélat. ce suite à une rencontre que l’ancien chef de la branche armée du Mfdc, Léopold Sagna, avait eue au palais présidentiel à Dakar en 1994 avec le président Abdou Diouf. ces responsables et une bonne frange du maquis avaient considéré cette rencontre comme une trahison. en réaction, ils avaient intronisé Salif Sadio avant le retour de Léopold dans le maquis. une nomination que l’abbé Diamacoune avait toujours récusée. Ainsi, il avait demandé à maintes reprises à Salif de démissionner, chose que ce dernier avait toujours refusée. Finalement, l’abbé avait pris l’option d’armer césar et compagnie pour le faire partir de force. Pour réussir cette opération, le prélat avait bénéficié d’un important appui du gouvernement bissau-guinéen, sous le règne de Coumba Yala, pour mener cette opération qui avait permis de prendre la base stratégique de Kassolol qui est aujourd’hui le quartier général de césar.
Des réconciliations incertaines
Au final, si les démarches de Louis Tendeng et autres avaient réussi, l’ensemble des franges du mouvement allaient se retrouver en Guinée-Bissau ou en Gambie pour tenir un conclave devant leur permettre de taire toutes leurs querelles et mettre en place de nouvelles instances. Lesquelles allaient former l’équipe devant représenter le Mfdc à la table de négociations face au gouvernement. conscients de la nécessité de ce conclave pour des retrouvailles, gage d’une paix durable, même le groupe de Robert Sagna avait soutenu cette idée et a travaillé pour sa tenue. Mais, jusque-là, ce projet tarde à se réaliser et même devient de plus en plus incertain compte tenu des divergences qui ne cessent de s’accentuer au sein du mouvement.
Cette division a rendu compliqué le travail des émissaires du gouvernement qui tentent de convaincre les indépendantistes de déposer les armes et accepter d’aller à la table de négociations. En fait, Robert Sagna et compagnie n’ont pas d’interlocuteurs au sein de l’aile politique du Mfdc qui n’existe que de nom sur le plan local. Ils sont obligés de prendre langue avec plusieurs groupes à la fois qui ont, souvent, des opinions différentes par rapport aux propositions déclinées par ces négociateurs pour aller à la paix. mieux, même si ces différents groupes donnent un avis favorable par rapport à une proposition, cela sera rejeté par les différentes factions du maquis sur qui ils n’ont aucune influence.
Face à cette situation, certains négociateurs ont pris l’option de négocier exclusivement avec les porteurs d’armes estimant que c’est avec eux qu’il faut faire la paix. Mais là également, il y a des obstacles puisque le plus radical d’entre eux, Salif Sadio, n’accepte pas de les recevoir et césar, de son côté, est devenu de moins en moins accessible. Il a verrouillé son quartier général aux négociateurs de paix depuis plus de trois ans, nous dit-on. et comme pour compliquer davantage les choses, les responsables de l’aile extérieure, c’est-à-dire qui se trouvent en Europe, sont eux aussi divisés en clans aujourd’hui. Chacun d’eux s’autoproclame comme l’unique responsable crédible du Mfdc.
Par conséquent, rien ne se fera sans son implication. ainsi, ils torpillent systématiquement toutes les initiatives de paix ne les impliquant pas en s’appuyant sur les différents groupes qui existent au sein du mouvement et notamment au sein du front sud du maquis où certains d’entre eux sont très écoutés. C’est ce qui se passe depuis plusieurs années maintenant. et chacun de ces responsables fait tout pour contrôler un petit groupe ou une des factions du maquis pour pouvoir exister. Il faut relever que certains collaborateurs du gouvernement de l’époque ont eux aussi une part de responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui au sein du Mfdc.
En fait, leurs conseils ont conduit à la confusion que connaît aujourd’hui l’aile politique du Mfdc. Ces collaborateurs, dès le lendemain de la mort de l’abbé Diamacoune, avaient conseillé au gouvernement de ne pas laisser le mouvement se réorganiser pour trouver un remplaçant à l’abbé Diamacoune au motif que cela pourrait redonner de la force au Mfdc et, ainsi, rendre compliquée la tâche des négociateurs de paix. selon eux, si l’aile politique du mouvement se disloquait, cela allait conduire à la mort, à petit feu, des velléités indépendantistes. Mais, aujourd’hui, force est de reconnaître que leurs conseils n’ont pas produit les effets escomptés. certes, sur le terrain, on note une certaine accalmie depuis plusieurs années mais, de l’avis de la plupart des observateurs, cette situation ne présage pas d’une paix définitive. en témoignent les bandes armées qui se signalent de temps en temps par des attaques armées sur les axes routiers de la Casamance et dans les villages.
Récemment, par exemple, l’une d’entre elles a fait une incursion dans un village non loin de Ziguinchor et y a pris du bétail. Chose qui n’était plus arrivé depuis plus de dix ans dans cette partie de la Casamance. Une attaque qui a fait dire à certains observateurs qu’il y a lieu de craindre un retour aux années de braises quand les bandes armées décimaient des troupeaux entiers de vaches dans cette zone. Au niveau de la zone de Goudomp, on assiste même à des morts d’hommes, tués par les bandes armées qui écument régulièrement la zone.
LA FIRME TUNISIENNE MEDIS ARRETE SA PRODUCTION ET ENVOIE PRES DE 340 TRAVAILLEURS EN CHOMAGE TECHNIQUE
Le feu couve à Médis. En effet, entre la direction de l’entreprise et les travailleurs, le courant ne passe plus.
Le feu couve à Médis. En effet, entre la direction de l’entreprise et les travailleurs, le courant ne passe plus. A l’origine du conflit, la notification mercredi dernier par la direction de l’usine, d’une procédure de mise en chômage technique de plus de 340 travailleurs pour une durée indéfinie. Une notification qui a fait sortir les employés de leurs gonds. Le témoin a enquêté…
En avril 2017, la firme pharmaceutique tunisienne médis avait racheté le laboratoire Sanofi. Objectif : se développer en Afrique subsaharienne pour une accessibilité géographique et financière du médicament à partir de sa nouvelle base sénégalaise. Mieux, la nouvelle société avait promis de s’investir dans la fabrication de médicaments bio-similaires pour la prise en charge de maladies chroniques comme le cancer, le diabète, l’hypertension artérielle etc. c’était une bonne nouvelle pour le Sénégal, jusque-là confronté au double fardeau des maladies épidémiologiques et des maladies chroniques à soins coûteux. lors d’une cérémonie tenue le 5 avril 2017 dans ses locaux et présidée par le ministre de la santé de l’époque, Pr Awa Marie Coll Seck, le directeur exécutif de médis, Lasaad Boujbel, avait expliqué le choix de Dakar par le «potentiel important» de la société, mais aussi par la qualité du capital humain de notre pays. le repreneur s’était aussi engagé à faire de ce site de production un fleuron de l’industrie pharmaceutique au Sénégal. Une industrie qui, selon lui, allait offrir aux professionnels de santé une gamme de médicaments contribuant directement à l’amélioration de la qualité des soins. Il avait aussi promis, à court terme, un investissement pour élargir la gamme des médicaments à fabriquer localement et ceux déjà enregistrés et commercialisés en Tunisie. a moyen terme, l’entreprise comptait également développer les médicaments spécifiques essentiels et qui pèsent lourd au niveau des dépenses de santé nationales. a long terme, médis promettait des extensions pour répondre aux besoins du marché de la zone pour les produits de première intention dans les hôpitaux et les institutions sanitaires tels que les solutés massifs et les médicaments injectables à usage professionnel (anesthésiques généraux et autres).
Deux ans après le lancement en grande pompe, l’entreprise décide de fermer ses portes…
Deux ans plus tard, ce rêve s’est brisé. la firme industrielle tunisienne a décidé de fermer ses portes. elle l’a fait savoir le mercredi 15 janvier 2020 à son personnel à travers une note d’information signée par le directeur du site, m. Aziz Cissé. Pour savoir les véritables raisons de cette fermeture, votre serviteur a pris langue avec certains délégués du personnel qui ont confirmé cette information avant de confier que les responsables de la boîte les ont rencontrés, il y a de cela quelques jours, pour leur faire part de leur décision de fermer la boîte et les envoyer en chômage technique. le motif serait, selon nos interlocuteurs, dû au fait que médis a connu des pertes financières estimées à plus de 2 milliards de francs. Et cette mauvaise santé financière serait, selon notre interlocuteur, confirmée par le cabinet d’audit Mazars de cheikh Omar Seck, époux de Sokhna Seck, une des responsables influentes de l’entreprise. « mais, quand on nous a fait part de cette décision, nous, délégués, ne sommes pas restés les bras croisés. nous avons mené nos propres investigations et avons découvert qu’il y aurait eu des détournements de la part du directeur du site Aziz Cissé, du responsable financier et comptable Lamine Boye et du responsable des ressources humaines Claude d’Almeida », selon nos sources. les délégués confient avoir, dès les heures qui ont suivi cette rencontre, adressé des correspondance à la présidence de la république, au ministère de la santé et l’action sociale et à la direction de la pharmacie et du médicament (dpm), aux actionnaires aussi entre autres.
Près de 320 travailleurs en chômage technique
Dans ces lettres, les travailleurs ont décrié les malversations et la mauvaise gestion au sein de leur entreprise. « Le directeur de la Dpm, nous a reçus le mardi dernier et s’est insurgé contre la décision de nos employeurs tout en nous faisant savoir que l’entreprise pharmaceutique tunisienne n’a pas le droit d’arrêter sa production sans aviser les autorités concernées », rapportent nos sources. qui confient aussi avoir rencontré le mercredi 15 janvier dernier l’inspecteur du travail qui, à les en croire, les a rassurés que le Sénégal est un pays de droit et que si médis devait envoyer ses employés en chômage technique, elle doit respecter la procédure à cet effet. « Arrogant qu’il est, le directeur exécutif est venu de Tunisie pour nous rencontrer. Selon lui, il n’avait rien à nous dire à part ceci : ’’je n’ai pas beaucoup de choses à vous dire. Juste vous informer que je vais vous envoyer en chômage technique.’’ Pire, ils ont fait sortir tout le personnel de l’usine », révèlent nos interlocuteurs qui soulignent que l’entreprise médis Sénégal compte 120 employés permanents, 200 journaliers et des stagiaires.
Le système sanitaire nationale menacé…
Seule industrie pharmaceutique de Manufacturing du Sénégal dans la mesure où elle fabrique des produits, fait des mélanges de comprimés avant de les mettre sur le marché, l’arrêt de la production de médis va impacter sans doute le système sanitaire du pays. « Avec cette décision de médis d’arrêter sa production et d’envoyer tout son personnel en chômage technique, je peux jurer que le président de la république va échouer avec sa couverture de maladie universelle. Cela est indéniable dans la mesure où même quand médis était là, l’état était obligé de sortir annuellement plus de 130 milliards de francs pour importer des médicaments. Et cela risque d’être pire avec la fermeture de cette entreprise », avertissent nos interlocuteurs
Le personnel convoqué aujourd’hui au ministère de la Santé…
Muet depuis le début de cette crise à médis, le ministre de la santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a, sauf changement de dernière minute, convoqué ce vendredi les représentants du personnel pour échanger sans doute avec eux sur la crise qui sévit actuellement dans leur entreprise occasionnant leur chômage technique. après le ministère de la santé et de l’action sociale, les délégués du personnel seront, informent nos sources, mercredi prochain à l’Inspection générale du travail.
M. Aziz Cissé, directeur du site : « Chaque jour que Dieu fait, on accuse des gens… »
Joint au téléphone par votre serviteur, le directeur du site, m. Aziz Cissé, pense que dans des cas comme ça, c’est la direction générale qui s’organise et choisit ceux qui devront parler en son nom. De ce fait, notre interlocuteur dit ne pas être en mesure de répondre à nos questions. Toutefois, nous avons insisté en l’interpellant sur les malversations dans lesquelles il a été cité. « Je ne pourrais vraiment pas vous répondre. Nous sommes dans une entité organisée. C’est donc à l’entité de répondre à vos questions. Toutefois, vous savez bien que ce n’est pas la première fois qu’on accuse des gens sans fondement. ce n’est pas parce qu’on vous accuse que c’est vrai », réplique m. Cissé qui nous a invités à nous rapprocher des plus hauts responsables de médis qui se trouveraient actuellement en Tunisie.
«LA VRAIE HISTOIRE DES SIGNARES ET DES MANNEQUINS POUR LA LIBYE»
La célèbre styliste et costumière, Oumou Sy, aime surprendre son monde. Cette frêle dame de soixante- sept printemps continue d’émerveiller par des créations hardies. Elle a encore frappé un grand coup avec l’organisation d’un grand spectacle dénommé « Le Bal des Signares ». La grande première a eu lieu hier jeudi au Grand théâtre. Quarante-huit heures avant cette sortie nous l’avons rencontrée pour échanger sur ce concept inédit tout en revenant sur son parcours et ses projets.
Madame, vous êtes l’initiatrice du spectacle « Bal des Signares » Pourquoi ce choix sur les Signares?
Depuis trente ans je travaille sur les Signares et les colons. Il est arrivé un moment où je voulais tout laisser tomber. Je suis issue d’une famille religieuse et d’obédience chérifienne. Je suis aussi liée aux familles de Ndiassane, de Tivaouane et de Casamance. Je le dis parce que personne ne m’a jamais interrogée sur mes origines. On m’a toujours questionné sur mon travail. De l’autre côté, je suis apparentée à Maba Diakhou Ba parce que la fille ainée de l’Almamy du Rip était mariée à Cherif Younouss et son fils ainé est le père de ma mère. Cela veut dire que je suis vraiment une vraie sénégalaise avec de nombreuses origines. Je suis chérif, peule, sérère, arabe etc. J’ai vraiment des parents partout. Je suis issue du métissage qui ne signifie pas toujours une peau claire. Je disais tantôt qu’il est arrivé un moment où je voulais vraiment tout laisser tomber. Il y a quelques années, j’avais même arrêté de travailler durant trois mois. Mais un jour, en allumant la radio, j’ai entendu Moussa Ngom chanter le titre : « artiste du danu. Artiste bou Fonk ligéyama artiste du danu ». Je l’ai écouté attentivement. a dire vrai, les chanteurs ne sont pas souvent conscients de la portée réelle de leurs messages. Ils peuvent conseiller les gens rien que par la force du verbe. Et ça, c’est vraiment très louable.
Quand j’ai fini d’écouter Moussa Ngom, je me suis levée pour aller au marché et retrouver mes parents vendeurs de tissus. C’était à Saint-Louis. J’ai réalisé une fresque.
Après avoir fini mon travail, j’ai cherché Jacob Yacouba pour le valider. Parce que moi, j’avais treize ans quand j’ai ouvert mes ateliers. Je ne savais pas où irait mon métier. Je ne savais pas également, à quel niveau je me trouvais. Ce qui fait que j’avais toujours recours à Jacob pour recueillir ses conseils. Quand je l’ai trouvé à la chambre de commerce, il m’a fait savoir que ce jour-là, on célébrait les journées culturelles de saint- louis. Il y avait sur place toutes les autorités de l’ambassade de France et ils n’avaient rien à exposer. Ce qui veut- dire que j’avais sauvé la manifestation. Par la suite, Jacob m’a demandé ce que je faisais le soir car il y avait un grand défilé avec l’ensemble des ASC. et on était en train d’aller vers l’année de la célébration du bicentenaire. Je lui ai alors répondu que je n’avais rien à proposer, mais qu’une fois à la maison, j’allais créée quelque chose. Une fois chez moi, j’ai pris une vieille robe que j’avais et je l’ai transformée en habit de Signares. J’ai appelé ma fille maria qui avait 14 ans à l’époque et je lui ai fait porter la robe d’Anne pépin. Elle était seule ainsi habillée parmi tous les autres participants. Finalement, j’ai gagné le marché de la confection des tenus du bicentenaire. J’ai aussi voulu démontrer que les Signares avaient joué un rôle important dans notre histoire. Il n’était nullement question de la fameuse maxime : « sois belle et tais toi ». Pourquoi on a commencé à Joal ? Parce que tout le monde pense que l’histoire des Signares a démarré là-bas, or leur histoire a débuté à Gorée. Cependant la première Signares est Cathy Louet de Rufisque. C’est vraiment elle qui est la mère de toutes les autres Signares. Il y a aussi le fait que l’on parle toujours des Signares sans jamais mentionner les garçons.
Les Signares n’ont pas fait que des filles. Elles ont aussi fait des garçons. C’est pour cela que l’on retrouve certains noms européens ici au Sénégal. Il faut savoir que la Signares Cathy, la reine Ndatté Yalla et le papa de Senghor ont empêché la vente de nombreuses personnes. Parce que c’est la Signare Cathy qui achetait une partie des esclaves qui arrivaient de la sous-région. L’autre partie était achetée par la reine Ndatté Yalla et le père de Senghor. Après les avoir achetés, ils les laissaient alors libres dans leurs maisons. a l’occasion, ils leur donnaient en mariage à des personnes de passage. C’est ainsi que le Sénégal est devenu un melting pot des peuples et le métissage est très répandu chez nous. Il y a aussi le fait qu’il y a eu de nombreux livres qui ont été écrits sur les Signares, mais il y a très peu d’images. C’est pour combler ce gap que j’ai eu à reconstituer tous ces mulâtres et toutes ces Signares de partout pour faire un livre avec de très belles images. Nous allons également produire un film de cinquante-deux minutes qui va aborder l’histoire de ces Signares, des mulâtres et l’arrivée des colons. Le premier fort qui a été construit en Afrique est celui de Podor. Et moi, je suis née à Podor et c’est pourquoi j’ai tenu à parler à Aba Maal dans cette capsule. Faidherbe a habité à Podor avant que la Gouvernance de saint louis ne soit terminée. et il avait une femme bambara qui s’appelait Dionkounda. Cela veut dire que Faidherbe s’était bien intégré et il allait dans les mariages et les baptêmes. Certains même affirment qu’il s’était converti à l’Islam. Mais sur ce point, les avis divergent car cela n’a pas été écrit. Peut-être que dans le livre, ce point sera éclairci. L’autre célèbre colon, William Ponty, qui a donné son nom à l’école et aussi à la rue, était basé à Sédhiou. C’est un disciple de mon grand-père Cherif Younouss qui était le marabout qui formulait des prières pour William Ponty et il lui a offert sa première femme qui était sénégalaise. Malheureusement, William Ponty n’a eu que des filles. C’est pour cela que le nom de Ponty n’a pas pu s’étendre ici. Voilà en résumé toute l’essence de cet intérêt pour les Signares que je retrace dans le livre et le film à venir.
Avez-vous des partenaires pour mener cet ambitieux projet ?
Je n’en ai presque pas. Mes premiers et uniques partenaires sont le Grand théâtre et le musée des civilisations. Je remercie aussi le ministère de la culture avec la direction de la cinématographie. Il y a également, le ministère de l ’Intérieur qui nous a livrés des autorisations pour pouvoir tourner.
Pouvez- vous nous parler du contenu de ce spectacle ?
Et la chorégraphie sera assurée par Jean tamba. pour le contenu, il faut savoir que j’ai eu à reconstituer les costumes d’époque. le but est de retenir que l’arrivée de tous ces colons n’a pas fait tilt au premier coup. Il a fallu l’arrivée du chevalier de boufflers pour faire tourner la tête à toutes les signares. chaque signare voulait être l’épouse du chevalier de boufflers. mais finalement, c’est anne pépin qui a raflé la mise. auparavant, anne pépin était mariée. mais avec l’arrivée du chevalier, elle a demandé la permission à son ami en lui demandant de la libérer pour qu’elle puisse convoler avec le chevalier. Imaginez-vous cela ? ce qui est sûr c’est qu’aucun sénégalais n’aurait accepté cela de nos jours. C’était une pratique que toléraient certains peuples africains. Il faut donc relativiser tout cela et redorer le blason des Signares. C’est aussi le sens que je donne à cette création. Aujourd’hui, personne ne veut se réclamer Signares car elles avaient une très mauvaise réputation. Pourtant, il faut gommer tout cela et replacer toutes ces pratiques dans un contexte bien particulier
Pourquoi pensez- vous que notre histoire n’est pas toujours bien racontée
Je suis convaincue que notre histoire n’est pas racontée à nos enfants. Dès le départ, tout a été biaisé. on nous parlait de nos ancêtres les Gaulois. Ensuite, on nous a enseignés les parcours de charlemagne, Faidherbe, Victor Hugo et tous ces blancs- là. on ne nous enseigne pas dans nos écoles les véritables raisons de l’exil d’Albouy, les motivations du Jihad de Maba Diakhou. on ne nous dit pas qu’avant de partir, Albouy avait empoisonné les marigots et lacs pour retarder ses poursuivants c’est à l’arrivée de Bouna Albouy que le Walo a pu étancher sa soif. Il faut que nos enfants soient bien imprégnés de tout cela.
Quel apport cette création pourrait apporter à la mode ?
Il faut savoir que la mode est un métier très vaste. Quoiqu’il puisse arriver, les gens vont toujours avoir recours à la mode pour se vêtir. Le fait de s’habiller est intimement lié à la vie de l’homme. Il faut donc savoir que le champ est trop vaste et il faut savoir s’accrocher à la bonne branche de l’arbre. Moi, je suis styliste costumière de cinéma et de théâtre. Pourtant, je ne l’ai appris nulle part. Je n’ai même pas appris à parler français. Parce que je ne suis jamais allée à l’école. Je ne sais ni lire ni écrire. C’est en entendant les gens parler que j’ai pu me former. Quand un mot français sonne mal, il n’est pas beau à entendre. C’est Senghor qui le disait. a force de l’écouter tous les jours à la radio, j’ai vraiment appris à parler français. Je dis souvent que si j’avais été à l’école, Senghor ne serait pas président, ce serait moi qui serais à sa place. Ah, oui car il faut être ambitieux dans la vie. c’est pour cela que je ne suis pas d’accord avec cette philosophie wolof. en éduquant leurs enfants, ils leur serinent toujours que le parent est une pierre et l’enfant un œuf. ce qui fait que ce dernier est craintif et vraiment limité. or chez nous, on te dit que l’enfant est juste un « nawlé » et qu’il doit prendre très tôt ses responsabilités.
Pouvez-vous revenir sur le contenu et le format du livre ?
Ce sera vraiment un livre d’art avec de très belles images. Ça doit être entre trois cent et cinq cents pages. Il y aura des images et aussi des écrits. Mais les images vont dominer. Je ne fais pas un livre pour les intellectuels, mais surtout pour les illettrés et analphabètes comme moi. De ce fait, les images seront bien appréciées car il faut bien que l’on sache lire les images de manière approfondie. Encore une fois, je sors un vrai livre d’art.
Quid du film que vous avez évoqué tout à l’heure ?
Le film sera un documentaire d’une durée de 52 minutes. Il y aura beaucoup d’interviews, car on a voyagé beaucoup. on a fait Gorée, Joal, Dakar, saint louis etc. le fanal de saint louis vient de se terminer et il y a eu le « rindi ségue » 0n va en parler et tout sera bien expliqué.
Qui en est le réalisateur ?
Mais le film sera réalisé et produit par moi-même. Pardi ! Je suis obligée de tout faire toute seule. Je n’ai aucun sponsor. Je n’ai que dieu et le prophète à mes côtés, et cela me suffit. Il y a juste les membres de mon équipe et des partenaires qui me prêtent les salles comme le Grand théâtre et le musée. Il y a aussi les amis qui viennent travailler gratuitement sans oublier les mannequins à qui l’on remet juste le transport de manière symbolique. Il en est de même pour Jean pierre leurs et Jean Tamba. Je n’ai pas d’argent, mais j’ai des amis et c’est la plus grande des richesses.
Peut-on s’attendre à voir des stylistes invités pour le spectacle ?
Je suis costumière et fière de vous dire que je suis la première en Afrique. Il s’agit de mon livre, de mon film, de mes créations, de ma méthode et de ma vision. Je suis seule dans cette aventure. Il s’agit de restituer une recherche de plus de trente ans. Peut-être, qu’il y a des stylistes qui sont plus âgés que moi, mais je suis vraiment ancrée dans ce milieu. Cela fait cinquante-cinq ans que je suis dans le milieu. J’ai eu soixante-sept ans le 18 décembre dernier et je n’ai fait que cela depuis mes débuts à cinq ans. J’ai ouvert mon premier atelier à treize ans et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai très tôt compris que le temps ne m’attend pas. Je suis obligée de courir derrière ce temps. si les autres viennent, ils ne vont certainement pas comprendre ma démarche. Je me dis que le champ est vaste. Je ne suis pas dérangée par la présence massive des chinois. Je suis convaincue qu’il faut créer, creuser sa tête et produire quelque chose que les chinois ne pourront jamais faire. c‘est aussi simple que cela. Il faut toujours créer et ne jamais baisser les bras.
Quels seront alors les artistes invités ?
Il y aura effectivement de nombreux artistes invités. mais durant ce spectacle, ils vont juste danser au cours du bal. Carlo d va danser. Sanekh et les membres de la troupe soleil levant seront aussi des danseurs. Ils ne seront pas des comédiens ou des chanteurs. Viviane sera de la partie et elle mettra le henné. C’est ma fille qui a toujours été à mes côtés. Dj Boubs sera le cavalier de Viviane. on a contacté Wally Seck, mais comme on n’a pas eu sa réponse, on ne va pas trop nous attarder sur ça. tout cela se fera autour d’un repas. Il s’agit de la prise de l’apéro très prisé par les colons. Au menu, il y aura le thiof braisé qui était le repas préféré du chevalier de boufflers. Il y aura du mafé, le plat préféré de William Ponty à sédhiou. et bien entendu, forcément du tiebou dieune. ce sera une occasion de revenir sur cette belle page de notre histoire vécue par les grandes dames du Wallo et le parcours de la reine Ndatté Yalla. la brave femme qui lui concoctait ses repas s’appelle Penda Mbaye et c’est elle qui a créé le fameux plat national le riz au poisson. C’est parce qu’il y avait beaucoup d’invités. un jour qu’elle a été obligée de rajouter de l’eau et de mettre le riz après. C’est ainsi que le thiébou dieune est né. le daim farci était aussi un plat préféré des colons, mais je ne peux pas le garantir car ce n’est pas la période faste pour les daims. Il y aura aussi du couscous et des jus locaux.
Pour organiser cet évènement, il faut un budget. Avez-vous eu l’appui de l’Etat…
Je suis une personne très volontaire. Je ne suis pas du genre à courir derrière les autorités. Je prends toujours le soin d’écrire à tout le monde. Il se trouve que je ne reçois même pas de réponse ou bien on me rétorque toujours que le dossier est dans le circuit. Moi je n’attends pas, car je suis persuadée qu’il y a des embouteillages au niveau des circuits ministériels. Je suis très pragmatique et comme je suis la mère du président, je préfère céder la place aux autres. Je fonce et je déroule mon programme avec mes propres moyens. Il est évident que cela engendre un énorme coût, car les tissus coutent cher. Les mannequins reçoivent leurs frais de transport et tout cela coûte les yeux de la tête. Mais cela ne va pas nous décourager. Je n’ai reçu aucune subvention. Même mes amis m’ont soutenu en nature. Toutefois, je n’ai pas encore reçu de sous venant d’eux. Je suis vaccinée car j’ai toujours fonctionné comme cela. Je ne peux pas donner un chiffre, car cela a pris du temps. C’est un travail de plus de trente ans. Je suis sûre que si on me commandait ces tenues, j’allais réclamer plus de cent millions. mais comme je suis la créatrice et l’épine dorsale de ce projet, je marche à mon rythme.
On a beaucoup glosé sur l’épisode du charter libyen. Qu’en est-il réellement ?
C’est très simple ! le Sénégal était invité d’honneur. le président Wade allait être empêché, car il devait être à Durban tout en nous disant qu’il fallait que le pays montre les facettes de sa culture. en ce moment, il y avait un problème très politique entre le Sénégal et les Etats-Unis. Colin Powell (secrétaire d’état de Georges W. bush) avait fait le tour de l’Afrique sans poser le pied au Sénégal. Bush s’est justifié par le fait que c’est Kadhafi, qu’il considérait comme un terroriste, qui avait financé la campagne de Wade (présidentielle 2000). Il fallait un incident diplomatique pour faire les yeux doux aux Etats-Unis et c’est tombé sur moi. J’ai servi de bouc-émissaire et jusqu’à présent, je n’ai été réhabilitée ni moralement ni financièrement.
Une dernière question. Qu’est- ce qui fait courir Oumou Sy ?
Ce qui me fait courir ? Je veux monter l’immense potentiel du Sénégal et de l’Afrique. J’aime dire que je viens toujours en retard car quand Senghor était là pour aider les artistes, j’étais vraiment trop jeune. Je n’ai pas eu la chance de l’approcher. J’aimais aller l’admirer quand il venait à saint louis à la place Faidherbe. Je ne l’ai finalement rencontré qu’une fois. C’était à l’occasion du bicentenaire à la Galerie nationale. J’allais partir et on m’a dit que c’est Senghor qui devait venir présider. Très vite, je me suis rapidement préparée et je suis allée à l’accueil. Quand est venu le moment de lui serrer la main, je l’ai longuement serrée. Je l’ai retournée à deux reprises et je l’ai longuement serrée. Ensuite, j’ai lâché sa main avant de le fixer du regard très longuement. C’était un message. Je voulais lui faire comprendre qu’il m’avait appris beaucoup de choses grâce à son combat pour la négritude. Il s’attendait à ce que je parle, mais je n’ai rien dit. Finalement, j’ai atteint mon objectif, car on m’a fait comprendre que dans la voiture qui l’amenait, il a demandé qui était cette dame très chaleureuse qui m’a salué d’une manière très profonde et affectueuse. on lui a dit que c’est moi qui avais réalisé l’exposition. Il leur a répondu ceci : « Je suis sûr qu’il ira loin, car elle a une profondeur extraordinaire que personne ne peut soupçonner. Mais moi, je l’ai bien saisie. cela me suffit amplement. Il faut savoir qu’après le Métisicana et Internet, j’ai créé le mardi Gras au Sénégal et cela a fini par faire tache d’huile. c’est cela le sens de mon combat.
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LE BUSINESS DU SEXE A KEDOUGOU
Grand reportage inédit sur la traite des prostitués étrangères dans les sites d'orpaillages à Kédougou notamment à Bantaco et Tenkoto
Dans le cadre du projet RECOLTEHA visant à former les journalistes sur la traite des êtres humains, Jean- Paul Ndour et Ndatté Diop ont effectué deux missions à Kédougou pour un grand reportage inédit sur la traite des prostitués étrangères dans les sites d'orpaillages à Kédougou notamment à Bantaco et Tenkoto.
Par Jean-Alain GOUDIABY
L’UNIVERSITE SENEGALAISE S’EMBOURBE-T-ELLE ?
Les universités sénégalaises ont besoin, pour faire face aux enjeux de gouvernance et de développement, d’une gestion assainie et de l’implication de tous les acteurs concernés tout au long du processus de changement.
Les universités sénégalaises produisent des diplômés et des recherches qui peuvent être de grande qualité. Toutefois, ces établissements connaissent des difficultés plus ou moins importantes en fonction de leur structuration, de leur gouvernance ou encore de l’évolution globale du système d’enseignement supérieur et de recherche. ces difficultés résultent de la combinaison de plusieurs facteurs : l’accroissement du nombre d’étudiants, passé de 93 866 en 2012 à 190 145 en 2018, dont 35 % dans le privé ; la restructuration du marché de l’emploi ; les évolutions des législations et de l’environnement physique et social, etc. l’offre de formation demeure très éclectique et inégale, selon les territoires et les domaines disciplinaires. » on dénombre aujourd’hui huit universités publiques au Sénégal. Cette offre est complétée par les instituts supérieurs d’enseignement professionnel. le premier, celui de Thiès, est déjà en fonctionnement ; les quatre autres sont prévus pour la rentrée 2020. À, cela s’ajoutent, selon la direction générale de l’enseignement supérieur (données d’enquête), plus de 300 instituts et universités privés. ces derniers sont créés soit par des promoteurs nationaux ou étrangers, soit appartiennent à un réseau transnational, soit sont une filiale d’un établissement étranger. en somme, l’offre de formation demeure très éclectique et inégale, selon les territoires et les domaines disciplinaires. l’offre reste principalement concentrée à Dakar et dans les villes de Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor. les formations du tertiaire sont majoritairement dispensées dans les instituts privés, alors que les sciences humaines et sociales (Shs), les sciences et technologies ou encore la médecine sont présentes dans le public.
Le défi de la gouvernance des universités
Les universités publiques au Sénégal ont vu le jour autour des années 1960 avec l’ambition de se construire en rupture avec le modèle colonial. Des aménagements de programmes ont été tentés dans certaines facultés. Toutefois, le contexte économique et politique n’a pas toujours été favorable. De plus, la gouvernance interne a fait parfois défaut et les recteurs, premières autorités de l’université, n’ont pas toujours su traduire en actes concrets les directives nationales. C’est là, parfois, la différence entre les universités publiques et entre le public et le privé. Dans le dispositif des universités privées, en effet, la place de l’état est réduite à son strict minimum, à savoir les agréments pour l’ouverture, compte non tenu de la forte présence des enseignants des universités publiques pour faire exister certaines formations dispensées dans ces établissements privés, ainsi que les travaux de recherche qui y sont menés. le mode de gouvernance des universités privées permet de renforcer leur présence sur le marché des formations tout en bénéficiant d’une souplesse plus adaptée à la rapide évolution des espaces de formation. L’état sénégalais, […] n’a pas toujours une vision claire de la gouvernance des universités et des changements qui s’y produisent. » Les universités publiques, de leur côté, doivent promouvoir leurs intérêts particuliers face à la concurrence nationale et internationale tout en assumant leur rôle de service public.
L’état sénégalais, malgré sa volonté affirmée d’améliorer le secteur ou d’éviter son enlisement, n’a pas toujours une vision claire de la gouvernance des universités et des changements qui s’y produisent. le fait, par exemple, de vouloir orienter tous les bacheliers de 2019 vers des universités publiques sans étude prospective préalable en est une belle preuve. D’ailleurs, les universités ont elles vocation à accueillir tous les bacheliers, quel que soit leur projet professionnel ou de vie ? De même, on peut considérer que l’assujettissement des recteurs au pouvoir politique et aux autres pouvoirs internes peut mettre à mal l’autonomie dans la gestion. on peut analyser les activités du personnel administratif technique et de service comme la résultante de leur dépendance vis-à-vis de l’autorité des recteurs. Cela est d’autant plus vrai qu’une bonne partie de ce personnel peut être choisie par le recteur. Ces différents choix, ainsi que les orientations prises ou non, ont des conséquences sur la marche optimale de l’institution.
Des réformes qui peinent à être mises en œuvre
Les politiques relatives à l’enseignement supérieur et à la recherche connaissent régulièrement des réformes qui cherchent soit à concrétiser les réformes précédentes, soit à poser les bases d’autres transformations, jugées plus adaptées. C’est ainsi qu’en 2013 s’est tenue à Dakar la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Il en a résulté 78 recommandations qui doivent aider à réorienter la politique d’enseignement supérieur et de recherche. des enseignants, en grève depuis plus d’un mois pour exiger de meilleures conditions, manifestent près de l’université de Dakar le 18 janvier 2012. un an plus tard en 2013, la concertation nationale sur l’avenir de l’éducation supérieur sera initiée et débouchera sur la proposition de 78 recommandations. Cette concertation a porté sur le pilotage de l’enseignement supérieur, sur l’accès et la qualité des formations, sur le financement et les liens entre les formations, le marché du travail et le service à la communauté, sur l’internationalisation, la recherche et l’innovation. en cherchant à réorienter les formations vers les stem (acronyme de science, technology, engineering and mathematics) et à mieux articuler ces formations avec le monde du travail, les responsables de la concertation ont voulu retirer le sable de l’engrenage des universités.
Pour la concertation nationale pour l’avenir de l’enseignement supérieur, il convient d’approfondir la « professionnalisation » des formations. Cette approche se justifie foncièrement par les exigences des politiques de développement et du marché du travail. Ce dernier exige des étudiants une aptitude professionnelle : ils doivent être opérationnels dès leur sortie de l’université. Or cela ne semble pas être le cas pour les diplômés issus des cycles de l’enseignement général, qui représentent l’essentiel des formations dispensées. C’est ainsi que les instituts supérieurs d’enseignement professionnel pourraient être l’une des solutions, si le modèle est sauvegardé. aujourd’hui, malgré les directives présidentielles prises à l’issue de la concertation nationale, malgré les contrats de performance qui étaient une occasion de renforcer la politique gouvernementale, les universités peinent à consolider les progrès réalisés, tant la mise en œuvre des réformes se confronte à une gouvernance faible. Il y a quelques années, pour parler de la présence simultanée d’acteurs publics et privés dans l’enseignement supérieur, on utilisait volontiers le terme de « coexistence ». […] Mais dernièrement, la coexistence a progressivement laissé la place à la concurrence. » cela s’explique, entre autres, par le faible engagement de certains responsables pour la cause institutionnelle et par la méconnaissance des publics accueillis (les étudiants notamment) et des liens qu’il faut construire avec le monde économique, tant pour l’insertion professionnelle des apprenants que pour le service à la communauté.
Vers un partenariat public-privé ?
Le Sénégal s’était lancé dans une politique de libéralisation de l’enseignement supérieur – un domaine qui, jusqu’en 1995 était du domaine exclusif de l’état. Celui-ci a renoncé à être le seul fournisseur de formations supérieures mais s’est efforcé d’en rester le seul garant (conservant notamment le contrôle des processus de certification et d’accréditation à travers l’autorité nationale d’assurance qualité). Il y a quelques années, pour parler de la présence simultanée d’acteurs publics et privés dans l’enseignement supérieur, on utilisait volontiers le terme de « coexistence ». Derrière ce vocable, il y avait l’idée de complémentarité. En 2012-2013, le gouvernement du Sénégal avait pris l’option de payer la scolarité de milliers d’étudiants dans les instituts privés. Mais dernièrement, la coexistence a progressivement laissé la place à la concurrence. Les instituts privés ont globalement meilleure presse, avec des coûts de formation très variables. sans mettre en parallèle taux de réussite et frais de scolarisation, il est tout de même notable que la gratuité de certains services puisse être associée au faible engagement des bénéficiaires (étudiants et enseignants). Or, l’engagement ou l’exigence peuvent s’avérer utiles dans la construction d’une formation de qualité, entendue comme pertinente, opérationnelle et à vocation territoriale. Au même moment, pour faire face à cette concurrence, les universités publiques valorisent des formations payantes et les fonctions de service (services supplémentaires que propose l’université : expertise, formations, location de salles…).
Ces activités génèrent des ressources supplémentaires pour les budgets des établissements. Cette nouveauté vise non seulement à satisfaire des besoins économiques et de développement – l’université considérée comme étant au service de la société – mais également à renforcer les capacités financières (plus de certaines composantes de l’université que de l’institution dans sa globalité). certains changements ou transformations que vivent les universités, tels que la gestion axée sur les résultats, ouvrent des perspectives favorables. » ce qui est certain, c’est que l’enseignement supérieur est de plus en plus partagé entre les secteurs public et privé (en termes d’offre de formation), avec une ligne de démarcation qui est rarement nette : public et privé se réorganisent et redéfinissent leur interdépendance. L’implication des secteurs économiques productifs au sein des universités publiques demeure un véritable enjeu. Certains changements ou transformations que vivent les universités, tels que la gestion axée sur les résultats, ouvrent des perspectives favorables. D’autres, comme la mise en œuvre de la réforme Lmd, sont à l’origine de difficultés plus grandes encore pour le Sénégal, d’autant plus que le système est faiblement doté en ressources et en compétences de gestion et de gouvernance. pour éviter l’enlisement, les universités sénégalaises devraient beaucoup moins faire l’objet de changements « induits » (correspondant aux conséquences des transformations antérieures) et ne subir, dans la mesure du possible, que des changements « conduits », c’est-à-dire voulus. les universités sénégalaises ont besoin, pour faire face aux enjeux de gouvernance et de développement, d’une gestion assainie et de l’implication de tous les acteurs concernés tout au long du processus de changement. C’est la condition préalable pour éviter l’enlisement et construire des universités performantes.
Par Jean-Alain GOUDIABY,
Sociologue et enseignant-chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.
AU SENEGAL, 10% DES FEMMES EN AGE DE PROCREER ATTEINTES D'HÉPATITE B
C'est devenue un problème de santé publique d’autant que le taux de prévalence tourne autour de 10 à 17% au niveau national et de 10% chez les femmes en âge de procréer
Le Ministère de la santé a organisé hier un atelier de partage des résultats de recherche sur la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent. D’après les résultats, le taux de prévalence de l’hépatite B chez les femmes est de 10%.
L’hépatite B est devenue un problème de santé publique au Sénégal d’autant que le taux de prévalence tourne autour de 10 à 17% au niveau national et de 10% chez les femmes en âge de procréer. Selon Dr Aldiouma Diallo, chercheur à IAP, la prévalence est actuellement de 10% chez les femmes, ce qui nécessite un dépistage beaucoup plus important chez les femmes pendant les visites prénatales. «Cela permettra d’intervenir en amont avant qu’il n’y ait pas transmission au niveau des enfants. Les stratégies concernées, c’est surtout lorsqu’on dépiste, de faire le suivi pour voir s’il doit être traité ou pas. Depuis 2016, il y a des vaccinations à la naissance dans les 24h et au niveau du programme élargi de vaccination (Pev)», explique-t-il.
Interpellé sur l’utilité de ces recherches si elles ne sont pas utilisées, Dr Aldiouma Diallo déclare : «C’est au ministère de se l’approprier et de voir comment le diffuser. Car nous ne pouvons pas interférer sur la décision au niveau du ministère. Depuis l’introduction de la vaccination pour les enfants en 2005, la prévalence a complètement chuté. Elle est de 1% chez les enfants», dit-il. Selon le responsable de la recherche au Ministère de la Santé et de l’Action sociale, Dr Samba Cor Sarr, les études sont menées sur un certain nombre de domaines auprès des «bajenu gox». «Nous sommes à un niveau assez acceptable pour ce qui concerne les taux de mortalité maternelle, puisque le Sénégal est passé de 401 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2001 à 315 décès pour 100 000 naissances en 2019. Ce taux est encore en baisse. Ce qui montre que nous sommes dans une perspective assez intéressante. Mais nous devons booster ce taux et espérer atteindre les objectifs durables qui sont de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes. Il faut créer des conditions pour être au rendez vous de 2030», plaide-t-il.
PLAIDOYER POUR ALLER AU-DELA DE LA RSE, A TRAVERS LA MISE EN ŒUVRE DU CONTENU LOCAL
Dangote Cement Sénégal (DCs) a ouvert hier ses portes au comité national de l’initiative pour la Transparence dans les industries extractives (iTie). C’est dans le cadre de la semaine initiée à Thiès. Les recommandations faites par l’Itie au terme de la visite et qui s’adresse à toutes les industries cimenteries, c’est d’aller au-delà de la responsabilité sociétale d’entreprise (rse), à travers la mise en œuvre effective du contenu local
Dans le cadre de la semaine initiée à Thiès, Dangote Cement Sénégal (DCS) a ouvert hier ses portes au comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Après un exposé fait par les différents chefs de service sur le processus de fabrication du ciment, les réalisations faites dans le cadre de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) et les perspectives pour 2020, une visite des sites et des mines, l’ITIE a formulé des recommandations adressées à toutes les entreprises de manière générale.
Il s’est agi d’un plaidoyer, pour aller au-delà de la RSE, à travers la mise en œuvre du contenu local. Selon Pape Alioune Badara Paye, secrétaire permanent adjoint du secrétariat technique de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE), le comité est déjà impressionné par le fait qu’il s’attendait à voir beaucoup de poussière à Dangote, mais le constat est que les émissions ne sont pas si importantes. Donc un effort est fait, dans le cadre du respect des normes environnementales. Il s’y ajoute que c’est une entreprise qui contribue beaucoup au budget de l’Etat et le rapport 2018 indique une contribution de 13 milliards. Il y a également des investissements sociaux appréciables dans la zone d’intervention.
A l’en croire, l’objectif de la visite était de voir de visu ce qui se fait sur le terrain, pour se rendre compte s’il y a une corrélation entre la réalité et les annonces. « L’entreprise nous a ouvert ses portes, ce qui nous a permis de faire les constats concrets sur le terrain, et nous rendre compte de comment l’exploitation est faite. Deux aspects fondamentaux ont été passés au peigne fin, il s’agit de l’environnement et de la concertation qui se fait autour des interventions sociales », souligne Pape Alioune Badara Paye. Mais, dit-il, le rapport 2018 a mis un accent sur un aspect important, en l’occurrence le contenu local, pour maximiser les retombées sur l’économie locale.
Pour lui, c’est bien de s’investir dans la construction d’écoles, la prise en charge du secteur prioritaire qu’est la santé, mais il faut aussi aider les entreprises locales à capter toutes les opportunités de l’exploitation à travers la fourniture de biens et services. Il faut aussi que Dangote continue à jouer son rôle de leadership dans la protection de l’environnement et que ce modèle soit répliqué dans tout le Sénégal.
Waly Diouf, Directeur des Ressources Humaines de Dangote Cement Sénégal (DCS), affirme que Dangote a pris un engagement fort vis-à-vis de l’Etat du Sénégal et des communautés et les recommandations de l’ITIE seront forcément implémentées, car l’entreprise s’est toujours prescrit le devoir de rendre entièrement à la communauté ce qu’elle mérite.
Pour Abdoul Aziz Diop Coordonnateur régional de Thiès de la coalition « Publiez ce que vous payez », Président de la commission communication de l’ITIE, qui s’exprimait lors du dîner-débat tenu dans le cadre de la semaine de l’ITIE à Thiès, le contenu local est différent de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), qui n’est pas contraignante. Le contenu local offre plusieurs opportunités en terme de création d’emplois, de sous-traitance locale, de fournitures de biens et services, de formation qualifiante, de transfert de technologie.
Le rapport 2018 de l’ITIE ressort que sur les 122 milliards de Fcfa qui représentent la contribution des industries extractives au budget de l’Etat, près des 60 milliards viennent de la région de Thiès contre 40milliards en2016, 50milliards en 2017, soit près de 150 pour les 3 années. Mais pour les dépenses de ces industries, elles sont de plus d’un milliard en 2017 à 503 millions de Fcfa en 2018. Selon lui, c’est insignifiant pour des entreprises qui gagnent des milliards et qui contribuent à hauteur de 60 milliards de Fcfa dans le budget de l’Etat. Il s’y ajoute à ses yeux les incohérences dans les ratios car seuls les 2% sont injectés dans la santé, 2% dans l’environnement alors qu’il est dégradé au quotidien, 3% dans le financement des Groupements d’Intérêt Economique (GIE) locaux, 30% dans le système éducatif.
De l’avis d’Abdoul Aziz Diop, ces entreprises distribuent également des billets pour La Mecque, mais qui profitent à des individus. C’est pourquoi, dit-il, c’est important que le contenu local soit une réalité, car s’il est bien mis en œuvre, il peut booster l’économie locale et même nationale. Mais, dit-il, pour une meilleure efficacité, l’Etat doit accompagner le secteur privé local dans le sens d’avoir une bonne cartographie des activités liées au contenu local. Il doit aussi l’accompagner en terme de mise à niveau pour répondre aux standards de ces entreprises, mais aussi les accompagner en terme de financements, pour qu’elles puissent capter toutes les opportunités. Il ajoute : « sinon, il y a des risques que les multinationales créent leurs propres sociétés de service, ce qui risque d’occasionner une invasion fiscale, un blanchiment de capitaux, la corruption, la concussion, etc.
LA COUR SUPREME CONFIRME LA CREI
La Cour suprême a débouté hier Tahibou Ndiaye et sa famille qui l’avaient saisie d’un pourvoi en cassation pour contester la confiscation de tous leurs biens prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).
La Cour suprême a débouté hier Tahibou Ndiaye et sa famille qui l’avaient saisie d’un pourvoi en cassation pour contester la confiscation de tous leurs biens prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Selon la Cour suprême, la décision de la Crei est bien fondée en ce sens que l’ancien directeur du Cadastre et sa famille se sont enrichis de façon illicite.
La sentence est tombée tel un couperet sur la tête de l’ancien directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye et sa famille. Condamné à cinq ans de prison ferme par la Crei qui a prononcé par ailleurs la confiscation de tous ses biens meubles et immeubles, Tahibou Ndiaye avait introduit, en compagnie de sa famille, quatre pourvois en cassation. Mais ils ont été déboutés puisque la Cour suprême a rejeté leurs pourvois.
De l’avis du juge, les moyens évoqués par les avocats de la défense pour solliciter l’annulation de la décision rendue par la CREI ne sont pas fondés et ne peuvent pas prospérer. « Les juges de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite ont légalement justifié leur décision. Le juge les condamne aux dépens», a déclaré la Cour suprême.
Pour rappel, Tahibou Ndiaye, son épouse et ses deux filles adoptives ont été condamnés par la Crei respectivement à des peines de 5 ans ferme, 1 an ferme et 2 ans avec sursis et une amende de 2 060 924 263 Fcfa pour chacun des prévenus. En sus, la Cour avait ordonné la confiscation de tous leurs biens. Sur les intérêts civils, le juge les avait condamnés à payer solidairement la somme de 1 milliard Fcfa à l’Etat du Sénégal, partie civile dans cette affaire.
En somme, les prévenus devaient payer, pour les amendes et les dommages et intérêts, la somme de 9 243 697 052 Fcfa. Face aux juges de la haute juridiction, les avocats de Tahibou Ndiaye ont plaidé l’annulation de l’arrêt de la CREI. Ils ont ainsi soulevé 20 moyens pour Tahibou Ndiaye et 23 pour ses deux filles et son épouse. La défense estime que la totalité des biens ne peut pas être confisquée étant donné que le requérant a des héritiers.
Selon Me Pape Samba Sow, il y a une violation flagrante des dispositions de l’article 163 bis du Code pénal qui constitue la base de l’enrichissement illicite. «Demander à mon client de justifier ses biens acquis de façon licite, c’est vouloir lui faire une fausse application de la loi», pense-t-il. Lui emboîtant le pas, son confrère Me Demba Ciré Bathily estime que cette décision de la CREI doit être cassée. « Toutes les procédures ont été violées dans cette affaire », dénonce l’avocat.
Dans la même logique, Me Borso Pouye a demandé l’application de la loi car il y a une violation de la loi sur toute la ligne. Quant à Me Abdourahmane Sow dit Lénine, il déclare : « De bout en bout, on a dérogé à la règle. On est allé jusqu’à violer la Constitution. Pour la CREI, tout le monde doit être protégé sauf Tahibou Ndiaye et sa famille. Il y a un problème de base légale. C’est sur une base erronée qu’on l’a poursuivi et c’est sur cette base erronée qu’on l’a condamné. Les interdictions pèsent toujours sur lui. Il ne peut plus sortir du territoire sénégalais. Nous demandons que cela cesse parce que les violations sont énormes.»
Prenant le contre-pied, l'avocat général et les conseils de l'État ont demandé le rejet des trois pourvois. Selon eux, il est impossible de dissocier les biens licites et illicites. Il s'y ajoute que Tahibou Ndiaye a profité de sa position pour s'enrichir indûment. «Il n’y a aucune violation de la loi. La CREI a rendu une décision qui est conforme à la loi. L’affaire Tahibou et autres est l’expression la plus achevée de la mal-gouvernance foncière au Sénégal», indique Me Moussa Félix Sow. Même son de cloche pour le parquet général qui a requis le rejet des pourvois introduits par les avocats de l’ancien directeur du cadastre. Au finish, la Cour a rejeté le recours au motif qu'aucun des moyens n'est recevable.