L'Allemagne a réaffirmé lundi sa volonté d'assumer plus de responsabilité militaire dans la région du Sahel face à la menace djihadiste, comme la France l'y invite, mais le sujet divise profondément le gouvernement d'Angela Merkel.
«La stabilité de cette région constitue un facteur essentiel de notre propre sécurité en Europe et nous observons avec inquiétude la détérioration continue de la situation sur place», a déclaré une porte-parole de la chancelière allemande, Ulrike Demmer, lors d'un point de presse à Berlin. Elle a rappelé qu'aux yeux d'Angela Merkel l'Allemagne «voulait et devait assumer davantage de responsabilité sur place».
Concrètement, la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, présidente du parti conservateur d'Angela Merkel, a plaidé au cours du week-end en faveur d'un mandat renforcé de l'armée allemande dans la partie sud du Sahara. Elle a pris l'exemple de la France «qui est impliquée sur place avec un mandat beaucoup plus robuste» que celui de l'armée allemande, cantonnée pour l'heure essentiellement au Mali à des missions de formation et de surveillance, et sous contrôle étroit des parlementaires allemands.
Dans le même temps, Angela Merkel et son camp conservateurs doivent composer avec le pacifisme traditionnel de l'opinion nationale, fortement ancré depuis la Seconde guerre mondiale, et celui de leur partenaire social-démocrate au sein de la coalition. «Nous n'accepterons aucune offensive militaire mal préparée et pas de redéfinition par le ministère de la Défense de la politique étrangère allemande», a ainsi prévenu la nouvelle présidente du parti social-démocrate (SPD), qui prône un virage à gauche du mouvement, Saskia Esken, dans une interview dimanche.
Résultat de ces frictions : le gouvernement allemand vient d'indiquer avoir déjà refusé à deux reprises des demandes françaises d'envoi de forces spéciales dans le cadre d'un projet de renforts européens pour encadrer la fragile armée malienne. Ce refus a été confirmé dans une réponse écrite confidentielle à une question parlementaire du parti libéral allemand FDP, a indiqué lundi un porte-parole de ce mouvement à l'AFP. Paris a appelé de ses voeux l'envoi de telles forces spéciales européennes au Sahel dans le cadre d'une unité baptisée Combined joint special operations task force (CJSOTF), pour épauler les efforts des 4500 militaires français de l'opération Barkhane. Pour Paris, dont l'armée est présente au Sahel depuis 2013, l'enjeu est d'aider à une montée en puissance des armées malienne, nigérienne et burkinabé face aux attaques djihadistes.
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DIAOBÉ, ENTRE ILLUSIONS ÉCONOMIQUES ET DÉSILLUSION SOCIALE
Le "Louma" de Diaobé est un haut lieu de commerce sous-régional. Ce marché hebdomadaire génère un important flux financier qui passe pourtant sous le nez de la collectivité locale
Maison des Reporters |
Amy Keita |
Publication 30/12/2019
Jouissant de sa position géographique stratégique, le "Louma" de Diaobé est un haut lieu de commerce sous-régional.
Ce marché hebdomadaire génère un important flux financier qui passe pourtant sous le nez de la collectivité locale de Diaobé-Kabendou.
Diaobé : entre illusion économique et désillusions sociales, une enquête de Amy Keita qui revient sur l'importance du louma pour la population de Diaobé. L'occasion également d'interroger les acteurs sur les moyens de tirer davantage profit des opportunités financières qu'offre ce carrefour commercial.
LES DIX "LOOSERS" AFRICAINS DE L'ANNÉE
En attendant les bonnes résolutions de janvier 2020, décembre 2019 offre son lot de bilans plus ou moins glorieux. Côté déprime, voici le palmarès de ceux qui ont trébuché pendant l’année
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 30/12/2019
Au moment où les médias décernent les trophées des « winners » de 2019, certaines personnalités garderont de cette année un goût amer. N’évoquons pas les « déçus en bien » – selon l’expression suisse – , ceux pour qui la déception effective fut bien moindre que la déculottée prévue.
Décagnottées, conspuées ou condamnées, d’autres sommités ont plus franchement chuté en 2019. Tentons, par ordre décroissant, un « hit-parade » des plus gros « losers » de ces douze derniers mois.
10- Martin Fayulu
Dès le début de 2019, Félix Tshisekedi lui a coupé l’herbe sous le pied. Martin Fayulu, qui se présentait comme le plus radical des adversaires au régime sortant en RDC, a vu un « Fatshi » élu composer avec Joseph Kabila.
L’image du prince héritier du trône d’Arabie saoudite n’a cessé de se faner en 2019. S’il n’a pas reconnu avoir commandité le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, « MBS » a dû en assumer « toute la responsabilité », en septembre, à l’occasion d’un documentaire diffusé à la veille du premier anniversaire de la mort du dissident.
Embourbé dans la « sale guerre » yéménite, MBS n’a pas su enrayer la menace terroriste qui s’est manifestée, en septembre, à Abqaiq et Khurais.
Même Henri Konan Bédié a négligé l’affranchi pour se tourner vers Laurent Gbagbo, l’ancien président qui a repris du poil de la bête à la suite de son acquittement par la Cour pénale internationale, en janvier.
L’ancien mentor a même fragilisé directement Affi N’Guessan en soumettant leur rencontre, programmée en mars, à un préalable jugé « méprisant » par l’ancien aficionado, présenté aujourd’hui comme un « Brutus ».
7- Lambert Mende
Même si son camp politique est largement resté aux manettes après l’élection à la présidence de Félix Tshisekedi, l’ex-porte-parole intarissable du régime Kabila connaît une difficile reconversion.
Mauvaise année pour Nidaa Tounes. C’est dans un dossier libyen que l’ancien secrétaire général de la formation politique tunisienne a été condamné, le 12 décembre, à onze ans de prison ferme pour « blanchiment d’argent ».
En février, il avait écopé de cinq ans assortis d’une amende de 180 000 dinars pour chèque sans provision. Hafedh Caïd Essebsi, lui, représentant légal de Nidaa Tounes et fils du défunt président Béji Caïd Essebsi, a trouvé refuge en France…
Cité dans une affaire de détournement de fonds publics et de blanchiment, il est déféré – un vendredi 13 – devant le juge d’instruction spécialisé de Libreville et placé en détention préventive.
Commence pour lui un long tunnel judiciaire, loin tout de même de la CPI qui le réclame pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Il était le premier chef d’État en exercice à être inculpé par cette juridiction.
3- Gilbert Diendéré
Quatre ans après la tentative de putsch qualifiée de « coup d’État le plus bête du monde », l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence de Blaise Compaoré est condamné, en septembre, à vingt ans d’emprisonnement. L’autre général inculpé, Djibrill Bassolé, écope, lui, de dix ans de prison.
Verdicts plus cléments que la perpétuité requise par le parquet, après 19 mois de procès, mais conclusion bienvenue pour le Burkinabè lambda qui lorgne désormais du côté des affaires « Thomas Sankara » et « Norbert Zongo ».
En juillet, il avait été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, pour des faits commis en 2002 et 2003 en Ituri, alors qu’il était à la tête du groupe rebelle des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC).
2020 pourrait rimer avec félicité pour certains. Pour les autres, rendez-vous dans douze mois…
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
L'AUTORITÉ DE L'ÉTAT MALMENÉE
L’État c’est notre bien commun, il nous appartient de le préserver et de l’honorer, mais on parle d’abord d’un État juste à l’endroit de tous et non une autorité de l’État faible avec les forts, et très fort avec les faibles
Ca tombe bien, nous en avons quelques-unes pour l'État.
L'État dont l'autorité a été mise à rude épreuve en cette fin d'année.
Vivement que 2020 soit l'année de la restauration de l'Autorité de l'état.
D’un État juste pour tous !
Cahier d'inventaire des bonnes résolutions pour l'année nouvelle,
Chronique signée Abdoulaye Cissé
Il est des séquences dans la vie, quand on y entre on en arrive à regretter que le soleil ne se couche pas plus tôt pour tourner la page de ce genre de jour sombre. Et peu importe la manière d’en sortir, pourvu seulement qu’on tourne la page !
Le sénégal a traversé dernièrement des évènements qui ont mis par terre le mythe de l’autorité de l’État et qu’on a tous intérêt à restaurer et le plus rapidement, car quand tout s’effondre c’est l’État qui doit demeurer debout, stoïque et avec fière allure.
C’est au Sénégal qu’un individu, il parait que c’est un marabout ou chef religieux dans la localité de Mpal dans le Nord du pays, s’est permis de refuser les obsèques et l’inhumation d’un individu dans le périmètre de son petit village. Au seul motif que le défunt est un malfaiteur, un agresseur. L’État s’est bouché les oreilles et détourné le regard comme si on pouvait refuser d’honorer la dignité humaine, fut-elle pour quelqu’un de la pire espèce de son vivant.
Le même soir j’ai regardé un très beau document à la télé sur les dures conditions de vie à la prison de haute sécurité de Anamosa dans l’état de l’IOWA aux États-Unis. Ici, c’est la perpétuité pour tous quand ce n’est pas la peine de mort.
Les familles des prisonniers lâchent prise au fil du temps et ne visitent plus les détenus qui le plus souvent meurent sans possibilité, pour l’administration pénitentiaire, de retrouver un membre de leur famille.
Mais quand la société a tout retiré à ces individus, auteur des crimes les plus odieux tels des délinquants sexuels ou du crime organisé, c’est la mort qui leur rend leur dignité.
L’administration pénitentiaire se fait le devoir de réserver des sépultures dignes. Le protocole et l’office funéraire sont le même pour tout le monde avec toute la solennité, la gravité du moment pour respecter jusqu’à la dernière volonté des détenus. Même l’urne contenant les cendres de ceux qui ont choisi d’être incinérés est traité avec égard et dignité avant l’inhumation.
On fait sonner le clairon au mort, des gradés au petit personnel, tout le monde est là pour honorer le mort. Même en tant qu’inconnus pour le défunt, ils arrivent à pleurer de compassion pour le mort tellement ils sont en union de prières. C’est beau à voir finalement !
L’État n’aurait jamais dû laisser prospérer la sentence de ce marabout, dont on ne sait pas finalement où il a appris ce qu’il récite à ses fidèles.
L’autorité de l’État a été saccagée dernièrement à Mbour dans une scène dont on devrait tous s’indigner où des policiers sont chassés et pourchassés à coup de pierres et de projectiles.
Ça ne doit pas arriver mais ça ne veut pas dire que les policiers n’ont pas eu raison de battre en retraite pour sauver leur peau.
On a tous voulu être solidaire de la justice, quand l’autorité de la justice a été rudoyée par le saccage du tribunal de Louga.
L’État ne doit en aucun cas faiblir, mais quand on a dit ça, ça ne veut pas dire bander des muscles et « mater » de pauvres de manifestants pacifiques comme préconisé par l’autre dont la tête est en sursis. Il s’était trompé quand il recommandait de fusiller les individus de son acabit, c’est la langue qu’il faut leur couper pour leur éviter de sortir des sornettes.
Cette fin d’année, n’a épargné personne. Moins encore l’autorité de l’État en proie à toute sorte de défiance. Et nous devons en prendre garde.
L’État c’est notre bien commun, il nous appartient de le préserver et de l’honorer, mais on parle d’abord d’un État juste à l’endroit de tous et non une autorité de l’État faible avec les forts, et très fort avec les faibles.
Dieu nous en préserve.
Il était temps que cette année se termine. Prenons les bonnes résolutions pour l’année 20-20 qui s’annonce on l’espère, sous de biens meilleurs auspices.
Très belles fêtes de fin d’année à tous et à l’année prochaine !
par Madiambal Diagne
SAUVER L'ÉTAT DE L'HUMILIATION !
Si les vandales du Tribunal de Louga étaient punis à la hauteur de leur forfait, les pêcheurs de Mbour auraient réfléchi à deux fois avant de pourchasser les policiers et de filmer à cœur joie leurs «exploits»
Le 2 décembre 2019, nous mettions en garde contre «la défiance sans fin à l’autorité publique». Nous ne savions pas si bien dire. La preuve nous a été à nouveau apportée le 23 décembre 2019, avec la débandade des Forces de police pourchassées par une foule en furie de pêcheurs de Mbour, opposés à l’érection d’un nouveau quai de pêche. Si une telle situation a été possible, il faut dire qu’il y a une chaîne de responsabilités qui a failli. Et cela devient récurrent ces derniers mois. L’Etat ne pouvait ignorer les risques de débordement des tensions à Mbour dans le cadre de ce conflit opposant les autorités locales et des pêcheurs. Les médias avaient beaucoup parlé de cette tension et tout le monde savait que la situation allait fatalement dégénérer. Mieux, les autorités de la police devaient pouvoir évaluer les risques avant de savoir quelles forces engager. L’humiliation dont la police a été l’objet affaiblit l’Etat et on ne le dira jamais assez, il aurait été préférable de ne pas engager une opération de maintien de l’ordre si on ne pouvait pas s’entourer de toutes les garanties de réussite. Les images, qui ont circulé dans le monde, de ces policiers pourchassés par des manifestants, se sont révélé une grosse déconvenue. Cette situation est encore d’autant plus regrettable qu’elle ne constitue guère une première. Qui a déjà oublié d’autres faits tout aussi graves, comme par exemple l’envahissement du Commissariat urbain de Kolda, le 17 mars 2017, par des conducteurs de motos Jakarta qui avaient saccagé les locaux de ce haut lieu de sécurité et mis à sac les bureaux ? La foule en furie, dans une expédition punitive contre la police, avait saccagé le domicile du commissaire de police. Cette scène de guérilla urbaine avait paralysé la ville de Kolda pendant quelques jours. Le 15 juin 2019, la gendarmerie de Koungheul avait à son tour été saccagée par d’autres conducteurs de motos Jakarta. Le 13 novembre 2016, des populations du quartier Guet-Ndar à Saint-Louis avaient saccagé une école et un poste de gendarmerie. Les forces de sécurité de l’Etat ont subi les mêmes affronts à Podor et à Kédougou où des installations de la gendarmerie nationale avaient été attaquées. En mai 2018, les gendarmes de Saint-Louis ont dû dégainer en laissant un étudiant sur le carreau pour se sortir de l’étau des étudiants grévistes de l’Université Gaston Berger. Toute cette énumération de faits on ne peut plus graves est loin d’être exhaustive.
Le fort souffle des vents de la rue
A chaque fois, l’Etat perd la face et l’émoi passé, les auteurs de ces forfaits restent impunis ou absous ou tout au plus sanctionnés à de légères peines. Qui n’a pas vu l’auteur de la destruction de biens publics sur le stade de Mbacké revendiquer son geste à travers les médias et défier la police pour en fin de compte être relâché après quelques petits moments d’incarcération ? Les autorités politiques ont toujours fait montre de laxisme coupable dans la gestion de telles affaires et n’ont pas été aidées par les magistrats qui ont eux aussi manqué de prendre leurs responsabilités. Il n’est donc pas étonnant que les institutions judiciaires subissent aussi le même affront avec le saccage du Tribunal de Louga. Cet incident aura été celui qui aura été le plus désastreux pour l’image de l’Etat. Malheureusement, au niveau le plus élevé de l’Etat, on a cherché à le banaliser, sans doute dans la perspective d’absoudre les auteurs d’un tel forfait. Des voix autorisées au sein du gouvernement et de l’appareil d’Etat expliquaient que les dégâts subis pas le Palais de justice de Louga étaient consécutifs à une bousculade du fait de la forte affluence de personnes dans les locaux, alors que la mise à sac des locaux avait fini d’être étalée sur tous les écrans de télévision. Ainsi, nul n’a été surpris de voir que les personnes impliquées dans ces fâcheux événements de Louga demeurent impunis, en dépit des menaces du ministre de la Justice Me Malick Sall. Il est certes difficile de rendre la justice quand les fenêtres du Palais de justice sont ouvertes aux vents de la rue et parfois ces vents soufflent très fort. Cela donne sens à nos mots quand nous disions notamment que : «La chose qui est le plus à regretter dans toute cette situation est la mise à sac du Tribunal de Louga. C’est effroyable. Nous n’avons cessé d’alerter dans ces colonnes sur la défiance répétée à l’autorité publique et sur le manque de respect à la chose commune. Le Sénégal se mue lentement en un Etat où le désordre et la désobéissance sont les voies privilégiées pour se faire entendre. Le respect dû aux institutions se perd et chaque citoyen pense pouvoir faire justice ou rétablir ses droits par la force des insultes, de la violence et d’une pression quelconque. Il revient à l’Etat républicain, pour le bien de tous, de se montrer maître du jeu. Il y a un ordre et une stabilité à garder. L’onction accordée au pouvoir est de veiller à la sécurité et au respect de tous. Quel message est renvoyé à des magistrats dont les audiences peuvent être sabotées par des groupes mécontents ? Quelle image peut-on donner aux forces de sécurité si toute personne mécontente ou insatisfaite se mettait à casser du tout et impunément ? Quelle image renvoie-t-on à un pays majoritairement jeune en sabotant et en troublant l’ordre, même dans la faute ? (…) L’autorité de l’Etat se trouve bafouée à chaque instant et cet Etat est orphelin de défenseur et protecteur.»
Le triste précédent du massacre des policiers un certain 16 février 1994
Nous restons persuadé que si les vandales du Tribunal de Louga étaient punis à la hauteur de leur forfait, comme l’a été Guy Marius Sagna qui a agressé un gendarme en faction devant le Palais présidentiel, les pêcheurs de Mbour auraient réfléchi à deux fois avant de pourchasser les policiers et de filmer à cœur joie leurs «exploits». Tous ceux qui ont pu rire et s’amuser de telles images viles doivent avoir peur pour leur propre sécurité et pour le devenir de ce pays. Il risque d’arriver un moment où les policiers et les gendarmes, devant une certaine déliquescence de l’Etat et de son autorité, chercheront à sauver leur propre peau plutôt qu’à assurer l’ordre public et notre sécurité collective. On en est arrivé à des situations pareilles dans des pays voisins comme le Mali ou le Burkina Faso, pour que les forces de sécurité se trouvent des cachettes, abandonnent ainsi leurs positions à des hordes de terroristes pour avoir la vie sauve. On a encore en mémoire la débandade des rangs de policiers le 19 février 2012 à Rufisque. Les policiers avaient préféré abandonner leurs positions face à des manifestants politiques. Les policiers disaient à qui voulait les entendre qu’ils avaient à cet instant en mémoire le sort de leurs collègues massacrés le 16 février 1994 à Dakar par des manifestants politiques. L’histoire retiendra que la mort de ces policiers a fini par être passée par pertes et profits à l’autel des «combinazzione» politiques, tout comme l’assassinat du juge du Conseil constitutionnel Me Babacar Sèye le 15 mai 1993. Il est à craindre une démotivation, un désengagement des Forces de police si les éléments ne sentent pas le soutien et la protection de l’Etat.
La grande responsabilité de Macky Sall
Il est sans doute exagéré de dire que le moral des troupes est dans les chaussettes, mais on sent un besoin profond des éléments des forces de sécurité d’être davantage rassurés sur l’importance de leurs missions au service de la Nation. Ce rôle pour les regonfler à bloc incombe au premier plan au chef de l’Etat. Le Président Macky Sall a le devoir et l’obligation de parler aux troupes, de leur délivrer un message qui pourrait les réarmer moralement et chasser tout sentiment de lassitude et de découragement qui s’étendrait davantage dans les rangs. La confiance doit ainsi être restaurée. Il reste que le discours est une chose, mais des actes forts sont attendus. L’Etat doit reconnaître mieux la place et le rôle des forces de défense et de sécurité dans la préservation de la paix collective et de la sécurité nationale. L’Etat du Sénégal a consenti ces dernières années d’importants efforts pour renforcer les effectifs de la police et de la gendarmerie et pour leur fournir des équipements pour rendre leurs moyens d’action plus efficaces, mais il va falloir améliorer les conditions de travail, de rémunération et d’évolution des carrières. Les forces de défense et de sécurité doivent sentir le soutien et la présence des plus hautes autorités de l’Etat à leurs côtés durant les moments difficiles comme de joie. La présence du Chef suprême galvanise toujours les troupes et «booste» leur moral. Les troupes ont également besoin d’avoir des chefs qui les représentent dignement et à travers lesquels ils se reconnaîtront. Tout un chacun a besoin d’éprouver du respect et de l’estime pour son chef, mais cette règle est encore plus exigeante et dirimante au sein des forces de commandement. Il apparaît également nécessaire que l’Etat du Sénégal travaille pour une meilleure intégration des forces de police et de gendarmerie. A défaut de placer ces deux corps sous un même commandement institutionnel, la mise en place d’unités de commandement opérationnel dans certaines zones d’intervention et à des occasions ponctuelles semble nécessaire. Les éléments de la police et de la gendarmerie ne sauraient s’ignorer les uns les autres dans leur travail de tous les jours. Sur cette question, il s’agit simplement de s’inspirer des expériences qui donnent des résultats tangibles dans de nombreux pays dont l’organisation des forces de sécurité et de défense est similaire ou identique à celle du Sénégal. Mais le plus urgent demeure d’imposer la discipline aux Sénégalais. Un climat de désordre, de laisser-aller, une situation de licence à tout faire, une impunité totale auront forcément les conséquences les plus dommageables pour la sécurité collective. Il y a quelques jours, un interlocuteur en Gambie confiait une certaine nostalgie pour le régime de terreur de Yahya Jammeh. En effet, pour lui, la répression du régime féroce de ce dictateur sanguinaire ne faisait pas plus de 3 ou 5 victimes par an, alors que l’indiscipline qui a cours en Gambie depuis son départ fait des dizaines de morts par mois avec les accidents de la circulation et de pirogues causés par des excès de vitesse et des surcharges. Il est évident que notre interlocuteur ne pensait pas le moins du monde ce qu’il disait, mais la caricature est assez parlante.
BITEYE ÉCLAIRE SES DÉFENSEURS
Le Dg de la Senelec a réitéré que les plus petits consommateurs ne devraient subir aucune hausse de leur facture, tandis que la tranche moyenne urbaine, dont la facture varie entre 15 et 25 mille, ne devrait pas subir d’augmentation de plus de 1 191 franc
Le Dg de la Senelec a réitéré que les plus petits consommateurs ne devraient subir aucune hausse de leur facture, tandis que la tranche moyenne urbaine, dont la facture varie entre 15 et 25 mille, ne devrait pas subir d’augmentation de plus de 1 191 francs. Ces explications devraient permettre aux membres du comité du dialogue avec la clientèle, réactivé pour l’occasion, d’être mieux armés pour s’expliquer avec les protestataires.
Le Dg de la Senelec, M. Papa Demba Bitèye, a fait savoir le samedi dernier que 53,9% des clients représentant 611 mille 203 abonnés ne sont pas concernés par la hausse de l’électricité, et que 26,4% correspondant aux 300 mille abonnés payant des factures entre 15 et 25 mille francs vont subir une hausse de 1 191 francs Cfa. Les plus touchés par la mesure représentent les détenteurs de facture de plus de 350 mille francs, représentant 1 375 clients.
A noter encore qu’une hausse de 32 mille 870 francs est appliquée sur les factures comprises entre 300 et 350 mille francs. Ces explications du Dg de la Senelec feront que désormais les nombreux contestataires qui
s’agitent contre la hausse décrétée du coût de l’électricité risquent de buter sur le Comité national du dialogue avec la clientèle (Cndc).
La société d’électricité, qui a invité les membres dudit comité le samedi pour une réunion d’information pendant près de six heures, s’attend à ce que le Cndc, mis en place depuis janvier 2017, apporte «la bonne information» aux populations sur les «réajustements tarifaires» en vigueur depuis le 1er décembre.
«En collaboration avec la Senelec, le comité devra organiser des émissions interactives à la radio en langues locales, tenir des forums de quartier pour sensibiliser la population», a expliqué lors de la rencontre Mme Mbaye de la cellule communication de la Senelec.
Dans sa présentation des missions du Cndc, elle a fait savoir par ailleurs que ces «actions attendues» de la structure participent aussi à combattre les risques et dangers électriques, l’occupation anarchique des installations ainsi que le vol d’électricité. En provenance de la capitale et des autres régions du pays, les membres du Cndc, principalement des personnes âgées, ne comptent pas laisser la Senelec se faire électrocuter après les belles performances notées ces dernières années. M. Sy, conseiller municipal à Guédiawaye et premier à se lancer dans les débats après les mots d’ouverture, a engagé le Cndc dans la campagne. «Nous saluons la tenue de la rencontre.
Depuis quelque temps, ce ne sont que les politiciens que l’on entend débattre sur le sujet et aujourd’hui que nous avons la bonne information nous sommes prêts pour faire entendre notre voix», a-t-il posé tout en exhortant à ouvrir davantage le Cndc aux jeunes. «C’est ce que nous voulons, que vous transmettez aux citoyens à travers le pays», a dit le directeur général Pape Demba Bitèye, après avoir déroulé les motivations ayant conduit au «réajustement tarifaire».
Le Dg a indiqué : «Ça ne fait pas plaisir de procéder à une hausse, mais c’est une mesure qui se justifie par une justice et une équité territoriale. L’objectif est de poursuivre l’électrification dans toutes les zones du pays pour un accès universel à l’électricité en 2025.» Papa Demba Bitèye a aussi profité de la rencontre pour expliquer les raisons de la venue de la centrale flottante. «Le 19 juillet, nous avons perdu la centrale de Sendou qui est d’une capacité de 115 mégawatts et qui était la centrale la plus grosse du parc de Senelec. Avec l’approche de la période de pointe, il fallait trouver une solution rapide pour mettre en service une centrale de puissance équivalente.»
L’autre contrainte qui est d’ordre économique est qu’il fallait que la puissance louée ne soit plus au gasoil comme c‘était le cas depuis des années, a-t-il posé, faisant savoir qu’une solution de rechange s’imposait dès lors. «Au regard de cette situation, les ingénieurs de la Senelec ont travaillé pour continuer les négociations sur un projet initialement entamé. C’est comme ça que nous avons négocié avec les Turcs pour louer une puissance de 120Mw à un prix qui est plus compétitif que le prix issu de la production de nos propres centrales», a assuré le Dg qui n’a pas pour autant édifié sur le coût de l’opération. «C’est à la fin des opérations qu’on saura le coup», s’est-il contenté de dire, assurant tout de même qu’«à part l’énergie de Manantali, cette centrale est la plus économique du parc de Senelec».
TIKEN JAH FAKOLY PRET A BARRER LA ROUTE A MACKY SALL
Le chanteur de Reggae, l’ivoirien Tiken Jah Fakoly, reste toujours fidèle à ses positions par rapport à certains dirigeants africains.
Le Reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly n’a pas attendu l’approche de l’élection présidentielle au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Guinée pour invalider les candidatures des présidents de ces trois pays. Le musicien qui était invité du Grand Jury de la Rfm s’est dit opposé à un troisième mandat de Macky Sall, ADO et Alpha Kondé. Il a soutenu qu’il viendra au Sénégal pour combattre une tentative de briguer un troisième mandat de la part de Macky Sall.
Le chanteur de Reggae, l’ivoirien Tiken Jah Fakoly, reste toujours fidèle à ses positions par rapport à certains dirigeants africains. Invité hier de l’émission « Le Grand Jury » sur la Rfm en compagnie du journaliste, ministre conseiller et militant de l’Alliance pour la République (APR), Alioune Fall, le musicien a encore critiqué les présidents Macky Sall, Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé. Un trio à qui l’on prête l’intention de vouloir briguer un troisième mandat.
Tiken Jah Fakoly a annoncé face à Babacar Fall qu’il est prêt à mener le combat auprès des peuples concernés. «Partout où il sera question de 3ème mandat, nous allons nous battre pour barrer la route aux présidents qui tenteraient d’en briguer un nouveau», a lancé le chanteur de Reggae, hier depuis la capitale ivoirienne. Il poursuit en disant qu’il pense que dans le processus démocratique actuel de l’Afrique, les 3èmes mandats ne sont pas bons. «Il faut que les régimes changent. Si un président s’installe pendant un temps, cela devient une dictature. Donc, je suis opposé à un troisième mandat au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Guinée. Partout où il sera question de cette tentative de briguer un nouveau mandat de cinq ans, je viendrais aider les peuples à leur barrer la route», a averti Tiken Jah Fakoly.
Pour ce faire, il appelle les peuples à la résistance face à un éventuel troisième mandat des chefs d’Etat des trois pays que sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Guinée. «Il n’y aura pas de 3ème mandat au Sénégal ou en Afrique, car cela bloque les nouvelles générations. Au Sénégal, le mouvement Y en a marre n’acceptera jamais un troisième mandat de Macky Sall. Et nous allons nous battre contre les Présidents qui ont décidé de se représenter pour un nouveau mandat. Nous allons venir au Sénégal pour barrer la route à Macky Sall s’il se représente à l’élection présidentielle de 2024», a-t-il déclaré depuis la capitale ivoirienne, Abidjan, dans un entretien téléphonique avec le présentateur du Grand Jury, Babacar Fall. Alioune Fall parle de diversion La grande star de la musique Reggae et idole de plusieurs jeunes africains s’est aussi prononcée sur la situation politique qui prévaut dans son pays, la Côte d’Ivoire qui, comme d’autres, va connaître une année électorale avec la présidentielle. Il demande aux trois dinosaures de la politique ivoirienne que sont Alassane Dramane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo de se retirer définitivement de la vie politique.
Dans un État normal, aucun d’entre eux ne doit plus diriger un pays. «Ce sont des dirigeants qui appartiennent au passé. Ils ne doivent plus se représenter à une élection présidentielle», dit-il. Il soutient que dans son pays, la société civile n’existe pas comme au Sénégal. Chez lui, il déclare qu’il y a une guerre entre les élites politiques. «Le seul combat des opposants était la libération de Gbagbo. L’opposition ivoirienne n’a jamais combattu pour la défense des intérêts des Ivoiriens», déplore Fakoly.
De son côté, le ministre conseiller et journaliste Alioune Fall qui était lui dans les studios de Rfm n’a pas préféré, comme plusieurs de ses camarades de la coalition au pouvoir, se prononcer sur le troisième mandat. Il a considéré ce débat comme une diversion. «Je n’ai aucune réponse à lui apporter parce que de toute façon, cette question, pour nous, n’est ni d’actualité, ni à l’ordre du jour. Disons qu’il y a des gens qui, dans un souci de diversion de l’opinion, imposent ce débat. Notre position sur la question est très claire. Pour nous, ce n’est pas un débat d’intérêt et nous refusons de nous y prononcer», a-t-il avancé. Pour rappel, deux membres de la coalition au pouvoir ont été démis de leurs fonctions pour avoir donné leur avis sur la question disant que le président de la République est à son dernier mandat.
DAKAR-BAMAKO FERROVIAIRE ACQUIERT SIX LOCOMOTIVES
La société Dakar-Bamako Ferroviaire (DBF) va recevoir six locomotives d’une entreprise sud-africaine, dans le cadre de son "plan de sauvegarde d’urgence"
Dakar, 30 déc (APS) - La société Dakar-Bamako Ferroviaire (DBF) va recevoir six locomotives d’une entreprise sud-africaine, dans le cadre de son "plan de sauvegarde d’urgence", annonce le quotidien Le Soleil dans son édition de lundi.
"La réception prochaine de ces locomotives a été annoncée le 28 décembre par le nouvel administrateur général, Kibili Touré", écrit le journal.
Le "plan de sauvegarde" de Dakar-Bamako Ferroviaire a été élaboré par le nouvel administrateur de la société, en collaboration avec les autorités sénégalaises et maliennes, rappelle Le Soleil.
Kibili Touré a annoncé l’acquisition de ces six locomotives à l’occasion d’un panel organisé samedi dernier sur la relance des chemins de fer.
Cette rencontre a été organisée à l’initiative d’une association dénommée "Allô présidence", selon Le Soleil.
Il précise qu’il s’agit d’une offre de location avec maintenance et entretien assortie de rachat.
L’administrateur général de DBF avait reçu en février dernier, les responsables de l’entreprise sud-africaine spécialisée dans la gestion de locomotives, a rappelé le quotidien.
IDRISSA SECK SE CONFINE DANS SON SILENCE ASSOURDISSANT
Les différents responsables du parti Rewmi se sont donné rendez-vous ce week-end à Thiès. C’était lors d’un séminaire national dédié à la restructuration du parti.
Les différents responsables du parti Rewmi se sont donné rendez-vous ce week-end à Thiès. C’était lors d’un séminaire national dédié à la restructuration du parti. Idrissa Seck était très attendu à l’ouverture de ces importantes assises, mais il a prolongé son silence, en se faisant représenter par le député Déthié Fall
D’aucuns pensaient qu’avec le séminaire national de restructuration du parti Rewmi tenu ce week-end à Thiès, avec la présence de tous les responsables, le Président du parti, en l’occurrence Idrissa Seck, allait rompre son silence assourdissant. Mais finalement, il a préféré être représenté par le Député Diéthié Fall. En effet, depuis la dernière élection présidentielle, le leader de Rewmi, si prompt avant à se prononcer sur les questions politiques brûlantes de l’heure et même à jeter de grosses pierres dans le ‘’Macky’’, est aphone sur le terrain. Cette posture assez surprenante, si l’on se réfère à la situation politique très chargée, a même poussé certains à penser à un deal avec le pouvoir du Président Macky Sall. Mais il est aussi clair, selon certains responsables de Rewmi, qu’un tel comportement répond à des soucis de stratégie de communication, pour mieux consolider un leadership politique et non une volonté de s’éloigner des préoccupations des populations.
Dans ce cadre, Idrissa Seck a déjà goûté à tous les schémas, avec des fortunes diverses. En effet, après les profonds malentendus politiques avec Me Abdoulaye Wade, suivis de sa descente aux enfers et de son exclusion du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), Idrissa Seck avait adopté la stratégie du silence, pour faire face à ses adversaires. Une telle démarche avait payé lors de l’élection présidentielle de 2007.
C’est à cette période d’ailleurs qu’il avait initié la communication par la diffusion de CD. Ce fut de grands moments de communication, qui attiraient l’attention de toute une nation. Il était arrivé second lors de la présidentielle, derrière le Président sortant Me Abdoulaye Wade avec 14,90% des suffrages contre 55,90% pour ce dernier. Après cela, il avait, à un moment donné, emprunté le chemin inverse en multipliant ses sorties au vitriol contre le régime de Me Wade et en ne ratant aucune occasion de se prononcer sur l’actualité nationale. Et au premier tour de la présidentielle de 2012, son score électoral a chuté, allant de 14,92 à 7,86%. Il a poursuivi ce même schéma dès qu’il a claqué les portes de la coalition Benno Bokk Yaakaar, avec une communication à outrance contre le régime du Président Macky Sall, ce qui ne s’est pas positivement traduit dans ses résultats électoraux. C’est donc sans surprise qu’il est revenu sur sa stratégie de départ, en préférant garder le silence et mener son travail politique en toute discrétion.
D’ailleurs, ce week-end à Thiès, lors de l’ouverture du séminaire national dédié à la restructuration du parti, le député Déthié Fall s’est adressé à tous ceux qui s’interrogent sur le silence du Président Idrissa Seck. Il a déclaré à cette occasion : « Un parti, c’est d’abord des initiatives venant de ceux qui ont des responsabilités. C’est pourquoi, c’est utopique de dire qu’un parti ne fonctionne pas parce que le Président n’est pas visible sur le terrain. Là où il y a un Président, il y a également des secrétaires nationaux qui ont des charges politiques à assumer. Et si chacun des dix secrétaires nationaux tenait une manifestation chaque deux mois et demi, cela garantirait une manifestation par semaine pour le parti. C’est cela la vérité alors que le parti compte plus de quarante secrétaires nationaux. C’est dire à ses yeux qu’il incombe à tout le monde de prendre des initiatives pour animer le parti, d’autant plus que le Président Idrissa Seck a fait tout ce qu’il devait faire. C’est un homme d’une dimension exceptionnelle. Il a contribué très significativement à l’alternance de 2000 et personne ne peut le nier. Mais il n’a fait que 4 ans de pouvoir sous le régime libéral auquel il a tourné le dos dès qu’il a su que les choses commençaient à dévier. Il a préféré se ranger du côté des populations.
En 2012, le même schéma est revenu avec une bonne contribution à la seconde alternance qu’il a quittée un an seulement après, car sachant que les choses n’allaient pas et depuis lors, il est encore du côté des populations. C’est cet homme que tout un chacun, animé d’une volonté de contribuer au développement du pays, doit se prescrire le devoir de l’accompagner et de répondre à son appel partout où il est lancé afin qu’il hérite des rênes du Sénégal. Contrairement ce que d’aucuns croient ou ce que certains veulent faire croire à l’opinion, Idrissa Seck n’est pas détaché des préoccupations des Sénégalais. C’est quelqu’un qui reste concentré tous les jours, toutes les heures, sur les préoccupations des Sénégalais. N’acceptez pas qu’on veuille vous faire croire autre chose».
LA FEUILLE DE ROUTE POUR MASSIFIER LE PARTI
Le séminaire de Thiès a été l’occasion pour Rewmi de décliner le schéma de massification du parti dont Yankhoba Diattara, Secrétaire national à la vie politique et Directeur des structures du parti, est le maître d’œuvre, et de créer les conditions d’une victoire à la prochaine élection présidentielle qui constitue la dernière carte pour Idrissa Seck. Le député Déthié Fall a déclaré à ce sujet : « Si on avait le double de ce que nous avons eu en 2019, on aurait que 40%, soit 1 800 000 voix. C’est pourquoi la massification est une priorité et il y a des efforts à faire encore dans ce domaine.
Dans ce processus, une organisation constitue également une priorité, car on ne voudrait pas demain que notre parti ressemble à certains partis ; suivez mon regard. Il nous faut donc un parti structuré à la base. » Le schéma organisationnel qui porte la stratégie de massification répond à des soucis d’une bonne appropriation des principaux outils, permettant un fonctionnement adéquat du parti, avec des instances régulières. La charpente repose sur un bureau politique de 25 membres autour de chaque bureau de vote des 552 communes du Sénégal. Chaque commune est également appelée à mettre en place un bureau communal de 15 membres, mais aussi un bureau des structures jeunes, femmes, cadres de 15 membres chacune. Et la fédération départementale sera l’émanation de ces bureaux communaux ; et le bureau politique national de 165 membres, équivalent de l’AssembléeNationale, sera à son tour l’émanation des fédérations, au prorata de la population de chaque département et avec 15 représentants de la diaspora. La fédération départementale se réunit chaque mois, avec obligation de dresser un rapport adressé au Président du parti, tandis que les structures régulières des jeunes, des femmes, des cadres, des enseignants se retrouvent chaque trimestre.
Et chaque fois, rapport est transmis au Président du parti. Quant au bureau politique du parti, il se réunit également chaque semestre selon le même format. Au-delà de cette organisation formelle, des rencontres annuelles sont au programme avec l’université hivernale pour les jeunes, le congrès des femmes chaque mois de mars, pour marquer également la journée internationale de la femme, un symposium organisé par les cadres du parti sur des thématiques d’intérêt général, une rencontre des enseignants en marge de la journée annuelle dédiée à l’évaluation de ce dispositif global.
«ABDOUL MBAYE NE PARDONNERA JAMAIS À MACKY SALL DE L'AVOIR VIRÉ»
Les dissensions internes au sein de l'APR, la polémique autour d’un troisième mandat présidentiel et la succession du président, sont les sujets d’actualité évoqués par Aminata Touré dite Mimi, dans cette interview
Les dissensions internes au sein de l’Alliance pour la république (Apr), la polémique autour d’un troisième mandat présidentiel et la succession du président Macky Sall sont les sujets d’actualité évoqués par Aminata Touré dite Mimi, dans l’interview qu’elle a accordée à «L’As». Connue pour son franc-parler et ses positions tranchées, la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) s’est prononcée également sur la hausse du prix de l’électricité que dénonce une bonne frange de la population.
L’As : Six mois après le lancement du Dialogue National, les membres du Comité de pilotage viennent enfin d’être installés. Que peuvent-attendre les Sénégalais de ces concertations ?
Mimi Touré : Il faut d’abord saluer l’initiative elle-même. Pour rappel, le Président Macky Sall a été brillamment réélu, il y a quelques mois, par un scrutin qui s’est bien déroulé. Le Président a par conséquent la légitimité de conduire les politiques et programmes de la Nation. Il a aussi une majorité confortable à l’Assemblée Nationale pour voter les lois. Néanmoins, le Président Macky Sall a proposé un dialogue national pour faire faire un saut qualitatif à notre démocratie en invitant les acteurs politiques, les forces vives de la Nation, les syndicats, le patronat, les représentants des associations de jeunes et de femmes, les acteurs économiques, culturels, etc. à réfléchir sur notre système électoral, mais aussi sur les questions économiques et sociales, le cadre vie, l’environnement, la décentralisation, la paix et la sécurité, les ressources naturelles et la bonne gouvernance. Ces thèmes sont extrêmement importants pour notre présent et notre avenir. Président Macky Sall s’inscrit ainsi dans la tradition ancrée de dialogue. Le Sénégal est un pays de dialogue, disait déjà le Président Senghor. C’est un trait fort de notre culture. Ceci est très important dans le contexte sous-régional qui est le nôtre. Nos voisins font face à des défis sécuritaires importants. Allah nous a épargnés jusqu’à présent. Donc audelà de nos divergences, il est fondamental que nous sachions nous entendre sur l’essentiel afin de préserver notre stabilité. Les divergences nourrissent la démocratie. Ensuite, il nous faut ensemble bâtir des consensus forts pour que le Sénégal continue à s’illustrer en Afrique pour sa stabilité et sa cohésion nationale.
Les associations de femmes sont restées sur leur faim quant au contenu donné au projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie. En tant que femme, êtes-vous sur la même longueur d’onde que ces dernières ?
Pour moi, c’est un grand pas en avant dans la protection de l’intégrité physique des femmes et des enfants de notre pays. Ce sera l’une des législations les plus avancées en Afrique pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Comme Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental, je m’en réjouis tout particulièrement, parce que ce fut le thème d’une de nos sessions cette année. Le Président Macky Sall est à féliciter pour ce projet de loi. Cela fait des années que les organisations de femmes se battent pour obtenir ces progrès.
Votre parti, l’Apr, est miné par des querelles intestines. Dernièrement, l’on a assisté à de violentes disputes entre Moustapha Cissé Lo et Yakham Mbaye, Farba Ngom et Youssou Touré. Comment avez-vous vécu ce malaise ?
Il est toujours préférable de régler nos problèmes internes à l’intérieur de notre parti. Mais la démocratie de nos jours est turbulente et exaspère parfois les citoyens normaux qui préféreraient que les leaders politiques se concentrent sur les problèmes de la Nation et la recherche de solutions. Ceci étant dit, ces disputes sporadiques sont des épiphénomènes et ne sauraient mettre le voile sur les importantes réalisations économiques et sociales faites depuis 2012.
Pourtant, c’est un bilan chaotique du régime de Macky Sall qui est dépeint par Abdoul Mbaye
Abdoul Mbaye ne peut avoir de positions objectives, car ses capacités intellectuelles, par ailleurs indéniables, sont altérées par une rancœur tenace. Il ne pardonne pas au Président Macky Sall de l’avoir remplacé. Je crois qu’il ne le lui pardonnera jamais. Il n’y a pas de poste ni position immuable quand même ! Il ne reconnaît aucun progrès sous le régime du Président Macky Sall, aucun ! Même ceux initiés pendant qu’il était lui-même Premier ministre. Les électeurs lui ont clairement dit ce qu’ils pensaient de son attitude puisqu’aux élections législatives de 2017, il a eu 3 voix dans son propre bureau de vote.
Au niveau national, Abdoul Mbaye a vaillamment obtenu... 14 231 voix sur 3 310 435 électeurs qui sont allés aux urnes, soit 0,4%des suffrages. Et bien entendu, Abdoul Mbaye n’a pas été capable de rassembler le nombre de parrainages requis pour se présenter à l’élection présidentielle. Il souhaiterait que le pays tout entier s’embrase et sombre rien que pour faire payer au chef de l’Etat l’outrecuidance de l’avoir relevé. Si ce n’est pas de la mégalomanie, ça y ressemble beaucoup. Quand on aime le Sénégal, même en étant dans l’opposition, on ne devrait pas lui souhaiter tous ces malheurs qu’Abdoul Mbaye annonce.
Mais avec la hausse du prix de l’électricité fortement contestée par les consommateurs, on serait tenté de croire aux prévisions d’Abdoul Mbaye
Je commencerais par dire que nul n’aime les hausses de prix, ni au Sénégal ni ailleurs. Mais cette mesure s’impose comme une mesure inévitable pour assurer la viabilité de la Senelec. Et néanmoins, cette hausse épargne les ménages les plus vulnérables économiquement. Je comprends aussi la frustration de ceux qui subiront la hausse annoncée. Mais il faut reconnaître aussi que le prix de l’électricité n’a pas bougé depuis plus de sept ans grâce aux énormes efforts du Président Macky Sall qui a eu comme priorité la préservation du pouvoir d’achat dès son arrivée au pouvoir. Des actions économiques importantes ont été entreprises pour maintenir l’inflation à un niveau presque nul pendant une si longue période.
Le Président Macky Sall, dès son arrivée, a relevé le niveau des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Et surtout, il s’est lancé dans un rattrapage sans précédent en matière d’électrification rurale. Pendant longtemps, nos compatriotes ruraux ont été à la marge du développement du pays, y compris dans l’accès à l’énergie. En 7 ans, il a électrifié plus de villages qu’on en a fait depuis 1960. C’est une grande performance. Cela s’inscrit dans sa vision d’un Sénégal plus égalitaire. Mais une économie avec une inflation zéro en permanence, cela n’existe pas. Cela n’existe dans aucun pays du monde. Avec la perspective du gaz et du pétrole, notre souveraineté énergétique sera établie dans le court terme et je suis sûre que notre électricité sera beaucoup moins chère. Pour en venir aux marches, la protestation est effectivement un droit reconnu par la constitution du Sénégal tout comme il faut aussi le dire, la liberté de circulation des citoyens. Un droit n’a de sens que s’il est exercé avec modération, en tenant compte des droits des autres citoyens à vaquer paisiblement à leurs occupations. Si nous restons raisonnables, nous continuerons à exercer nos droits démocratiques, comme cela est le cas depuis si longtemps.