Gros rebondissement dans l’affaire des 2 garçons tués au quartier Ndamatou, à Touba. Selon les révélations de Les Echos, de graves soupçons pèsent sur leur père, B. M. T. Le journal qui fait part de ces nouveaux éléments survenus dans ce dossier, signale qu’après une visite du domicile, les enquêteurs ont dû abandonner la thèse selon laquelle le meurtrier serait une personne extérieure. Après également la découverte du couteau ensanglanté, qui aurait servi à égorger les 2 victimes : Serigne Mbacké Touré, 4 ans, et Mame Daouda Touré, 2 ans.
Pour rappel, les 2 mères des victimes ont été transférées, aux premières heures de l’affaire, au commissariat. D’après la source, celles-ci ont été retenues à la police non seulement pour leur propre sécurité, mais également pour amoindrir les risques de traumatisme, notamment à cause de la scène de crime.
La tragédie familiale s’était produite en septembre dernier.
BOCAR SAMBA DIEYE ANNONCE UNE PETITION ET SAISIT L’ASSEMBLEE NATIONALE
Le célèbre importateur de riz, Bocar Samba Dièye, ne sait plus à quel saint se vouer. Alors qu’il a déposé, depuis 2008, une plainte contre la Cbao pour faux et imitation de signature, dit-il, son dossier est rangé aux oubliettes.
Le célèbre importateur de riz, Bocar Samba Dièye, ne sait plus à quel saint se vouer. Alors qu’il a déposé, depuis 2008, une plainte contre la Cbao pour faux et imitation de signature, dit-il, son dossier est rangé aux oubliettes. Se présentant comme une victime de la loi du plus fort, il accuse la banque d’avoir falsifié sa signature pour parler de traite alors qu’il s’agit d’une opération de crédit ordinaire. Avec l’appui de l’Association des Clients et Sociétaires des Institutions Financières (ACSIF), Bocar Samba Dièye entend poursuivre son combat. En attendant, il a lancé une pétition qui vise un million de signatures et dont l’objectif est d’amener l’Assemblée à se prononcer sur le dossier.
Malgré onze (11) ans de péripéties, le différend judiciaire opposant Bocar Samba Dièye à la banque Cbao tarde encore à connaître son épilogue. Le célèbre importateur de riz accuse la banque de faux et d’imitation de signature et d’escroquerie à hauteur de 7 milliards de francs Cfa.
Soutenu par l’Association des Clients et Sociétaires des Institutions Financières (Acsif), l’homme d’affaires a tenu un point de presse samedi dernier pour dénoncer le dilatoire qui entoure ce dossier. Selon le porte-parole de l’Acsif, Karim Cissé, une pétition sera lancée pour obtenir un million de signatures. L’objectif de cette pétition est de pousser l’Assemblée Nationale à se saisir de cette affaire. Compte tenu de la gravité des faits, l’Acsif demande l’aide des autorités étatiques et bancaires pour la restitution des titres ou le remboursement sans délai de la somme de 5,650 milliards Fcfa, ainsi que le montant de 1 518 217 000 Fcfa facturé en agios et commission imputés au débit du compte de Bocar Samba Dièye.
Après avoir fait la genèse de cette affaire de gros sous, l’importateur de riz indique que le rapport d’expertise de l’ordonnance de référé N° 4636 a été rendue le 14 octobre 2015 par le Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar, pour faire le compte des relations financières entre lui et la Cbao. «L’expert en question disait relever un problème d’éthique et de déontologie dans le comportement de la banque. Le premier constat est l’inexactitude des informations communiquées par la banque dans la procédure d’expertise ainsi que de nombreuses contradictions notées dans ses positions», soutient Bocar Samba Dièye qui, par ailleurs, conteste sa soi-disant signature apposée sur la traite et accuse la banque de faux et d’imitation de signature. «Je n’ai jamais marqué mon acceptation par écrit sur la lettre de change. Pis, elle ne figure pas dans le corpus de la traite de mention «bon pour acquit» ou l’endossement de la traite au nom de la bénéficiaire qui l’encaisse», clame-t-il.
A l’en croire, il s’agissait d’une opération de crédit ordinaire qu’il avait l’habitude d’entretenir avec son fournisseur «Ascot commodités» et aucune traite n’était prévue dans le cadre de cette transaction. «La Cbao prétend payer l’intégralité du montant de la traite en dépassement du niveau du découvert autorisé de plus de 2 milliards de francs sans qu’aucun document d’avertissement de son client, ou une invitation à approvisionner son compte en prévision de l’imputation de la traite à sa date d’échéance, ne soient produits», ajoute le plaignant pour confondre la partie adverse. Par conséquent, il estime que cette traite, qui fait l'objet de tout litige, ne semble pas répondre à toutes les conditions de la régularité et de transparence édictées en la matière. C’est pourquoi, il a décidé de poursuivre son combat jusqu’à ce que justice lui soit rendue. Et pour y arriver, il compte sur la contribution de l’Assemblée Nationale.
LES FAMILLES DES FOOTBALLEURS DOIVENT RESTER À LEUR PLACE
Les familles de footballeurs doivent savoir rester à leur place et aider leurs membres joueurs à grandir normalement en confiant leurs intérêts à des spécialistes, a indiqué l’agent franco-ivoirien Michaël N’cho Ibou, qui vient de signer un contrat de par
Dakar, 30 déc (APS) - Les familles de footballeurs doivent savoir rester à leur place et aider leurs membres joueurs à grandir normalement en confiant leurs intérêts à des spécialistes, a indiqué l’agent franco-ivoirien Michaël N’cho Ibou, qui vient de signer un contrat de partenariat avec Mbour Petite-Côte.
"Aujourd’hui, il y a beaucoup de soucis parce que les familles des footballeurs notamment africains ne sont pas dans la réalité, elles rêvent de milliards et impactent négativement sur la carrière de leurs progénitures", a expliqué l’agent basé en France.
IBS Agency, la société de Michaël N’cho Ibou, s’occupe des carrières de plusieurs internationaux africains ivoiriens dont Nicolas Pépé mais aussi Jonathan Kodja (Aston Villa, Angleterre).
"Elles doivent aider les enfants à grandir et prier pour eux et leur mettre la pression pour qu’ils ne s’occupent que de leur football et de leur progression", a-t-il dit.
Or, c’est le contraire que l’on voit, selon Michaël N’cho Ibou, qui séjourne actuellement au Sénégal, à l’invitation du président du Mbour PC, Mbaye Diouf Dia.
Il a accepté de faire le déplacement du Sénégal pour pouvoir entrer en contact avec les familles des internationaux Mohamed Pouye et Pape Ousmane Sakho, anciens sociétaires de la Ligue 1 sénégalaise.
"Il est important de sensibiliser les joueurs mais aussi leurs familles", a-t-il dit, soulignant qu’il faut parfois dire la vérité aux familles pour qu’elles arrêtent de rêver.
Selon l’agent de joueurs, ce n’est pas parce qu’un de ses membres va signer un contrat qu’une famille "va tout de suite gagner des milliards".
"Les transferts, ce n’est pas souvent leur domaine et ils jouent à faire perdre leurs enfants", a-t-il relevé.
Le quotidien privé L’Observateur a récemment rapporté que les entourages des deux stars de l’équipe nationale, Idrissa Gana Guèye (Paris-Saint-Germain, France) et Sadio Mané (Liverpool, Angleterre), ont été victimes d’escroquerie dans le cadre de leurs transferts.
Les familles ont intérêt à confier les affaires de leurs membres footballeurs à des agents et des conseillers ayant pignon sur rue, a-t-il dit, insistant sur la fiabilité, une qualité "très importante dans le monde du football", ce qui veut dire selon lui que "tout ce qui brille ne vient pas forcément des agents occidentaux".
LE GHANA APPROUVE L'ABANDON DU FCFA
La deuxième économie de la sous-région y voit l'opportunité d'accélérer l'adoption de la monnaie commune, mais rejette l'idée d'une parité fixe à l'euro
Près d'une semaine après l'annonce officielle de l'abandon du franc CFA pour l'éco, par les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le gouvernement du Ghana a tenu à clarifier sa position. Il faut souligner que la réaction du pays était très attendue autant que celle du géant nigérian. Car le Ghana ne fait pas partie de l'Uemoa, composée principalement d'anciennes colonies françaises, qui utilisent le franc CFA. Le pays possède sa propre monnaie, le cedi. « Il s'agit d'une décision bienvenue, que le Ghana applaudit chaleureusement. C'est un bon témoignage de l'importance qui est attachée non seulement à la mise en place d'une union monétaire, mais aussi au programme plus large de l'intégration ouest-africaine », peut-on lire dans un communiqué rendu public dimanche 29 décembre. « Au Ghana, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous permettre de rejoindre les États membres de l'Uemoa, bientôt, dans l'utilisation de l'éco, car, selon nous, cela contribuera à éliminer les barrières commerciales et monétaires, à réduire les coûts de transaction, à stimuler l'activité économique et élever le niveau de vie de nos populations », poursuit le texte.
Cependant les autorités ghanéennes ont exhorté les membres de l'union monétaire à abandonner la parité fixe à l'euro pour « l'adoption d'un régime de change flexible ». « Nous avons une opportunité historique de créer une nouvelle réalité pour les peuples de la Cedeao, une réalité de prospérité générale et de progrès. Alors, saisissons-le », écrit encore le gouvernement ghanéen.
En route vers l'éco
Le 21 décembre dernier, le président français Emmanuel Macron en visite en Côte d'Ivoire a annoncé avec le dirigeant ivoirien Alassane Ouattara que les huit pays de l'Uemoa cesseraient d'utiliser le franc CFA au profit d'une nouvelle monnaie commune, l'éco, en cours d'adoption par l'ensemble des 15 pays de la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest. Il est prévu que la nouvelle monnaie soit dans un temps arrimée à l'euro, la monnaie commune des pays de l'Union européenne, tandis que les réserves de change actuellement en Franceseront déplacées. L'ancienne puissance coloniale n'aura plus de siège au conseil d'administration de la banque centrale, la Beceao.
Comment le Ghana s'est débarrassé de la monnaie coloniale
Depuis cette annonce, les réactions se multiplient, notamment dans les pays qui n'utilisent pas le CFA. Car l'abandon du CFA signifie que les sept autres pays de la Cedeao devront eux aussi abandonner leurs monnaies respectives et adopter « l'éco », comme convenu par les dirigeants au début de l'année. Aucune date n'a été fixée pour l'instant même si le mois de juillet 2020 est régulièrement évoqué. L'histoire monétaire du Ghana va donc encore évoluer. En 1957, la Gold Coast (Côte de l'Or) est le premier pays d'Afrique noire à accéder à l'indépendance. Le pays prend le nom de Ghana sous l'autorité de Kwame Nkrumah. Celui qui a pensé le panafricanisme et a été le précurseur de l'Unité africaine coupe le cordon avec le système monétaire colonial britannique. Son gouvernement choisit la livre ghanéenne, utilisée de 1958 à 1965.
L'introduction du nom « cedi », qui signifie « coquillage de cauris » en langue akan, est intervenue entre 1965 et 1967. Les coquilles de cauris étaient autrefois utilisées comme monnaie dans l'ancienne Gold Coast. Mais après le coup d'État militaire de février 1966, la vague anti-Nkrumah a introduit le « nouveau cedi », qui a circulé de 1967 à 2007. Entre-temps, le pays a expérimenté les sikas, qui veut dire or toujours en langue akan, mais l'expérience s'est arrêtée en 2003. En 2007, sous la direction de l'ancien président Kufuor, il a fallu six mois pour que les nouveaux billets et pièces remplacent les existants. Il faut dire aussi que le « nouveau cedi » a été mis à mal par des décennies d'inflation. Même s'il était facilement reconnaissable dans la sous-région à cause de ses multiples zéros et ces coupures de 1 000, 2 000, 5 000, 10 000 et 20 000 cedis – cette monnaie devenait risquée pour des transactions commerciales et financières. Ces dernières années, le cedi a été sous pression, il est même tombé à un niveau record ce mois-ci (1 cedi est égal à 0,16 euro). Pour la banque Renaissance Capital, cité par Bloomberg, le cedi est désormais l'une des devises les plus sous-évaluées d'Afrique. La faute à un dépassement du déficit budgétaire et au creusement de la dette. Sans compter que la banque centrale est dans l'incapacité à constituer rapidement des réserves de change en raison d'un déficit du compte courant. Pourtant, il y a bien une constante dans l'histoire monétaire du pays qui fait sa fierté : depuis 1958, la Banque du Ghana est la seule chargée d'émettre toutes les devises ghanéennes.
«JE SERAIS RESPONSABLE DES RESULTATS DES EQUIPES NATIONALES»
Nouveau Directeur technique national (Dtn) du basketball sénégalais, Moustapha Gaye dit attendre la notification pour entamer le travail.
Nouveau Directeur technique national (Dtn) du basketball sénégalais, Moustapha Gaye dit attendre la notification pour entamer le travail. Jusque-là coach de l’AS Ville de Dakar, il a passé le témoin à son assistant Ousmane Diallo, en marge de l’Assemblée générale du club qui s’est tenue samedi dernier.
ASSEMBLEE GENERALE DE L’AS VILLE DE DAKAR
« Je rends d’abord grâce à Dieu, car l’année dernière à pareil moment, l’Assemblée générale était vaillamment souhaitée. Mais c’est le titre de champion qui manquait. Nous félicitons l’équipe pour cette performance, car l’objectif a été atteint. Le programme d’activité est en discussion avant qu’on aborde le programme financier. Mais je me réjouis d’appartenir à ce merveilleux club qui est en train de grandir».
BILAN DE LA SAISON
«Je pense que nous avons fait une bonne saison. Nous avons réussi à réaliser le doublé, coupe-championnat. Cela a été une belle performance et je ne peux que féliciter le club, dans toutes ses composantes. Je veux parler des dirigeants, des supporters, des joueuses. Je félicite également mon assistant, mon staff technique. Ils ont fait un travail énorme. Je ne suis que la vitrine, mais à mes cotés, il y a coach Ousmane Diallo et Aida .
OUSMANE DIALLO, NOUVEAU COACH
«Je vais passer le témoin au coach Ousmane Diallo. Compte tenu de mes fonctions nationales, je ne pourrais plus occuper ce poste. Il va prendre le relai. Il est avec moi depuis presque cinq ans. Etje pense que cal va juste être une continuité. Nous allons travailler sur le perfectionnement pour avoir un niveau africain, tout en espérant que les moyens vont suivre pour réaliser ces objectifs ».
SON NOUVEAU POSTE DE DTN
«J’attends la notification qui n’est pas encore parvenus. Après, on discutera de ce que nous allons faire. Le président de la Fédération Sénégalaise de Basket souhaite que je fasse le cumul. Je serais le premier responsable des résultats des équipes nationales. Je suis en réflexion pour créer la meilleure formule pour bien gérer nos équipes nationales. Cela ne va pas être simple et je sais qu’il y aura des décisions à prendre. Nous attendons les jours à venir, avec la notification pour voir la meilleure formule à prendre ».
par Mamadou Sene
DU FCFA VERS L’ECO, EN QUELQUES QUESTIONS
Pourquoi ne pas imaginer une union entre deux zones monétaires, le Nigeria et une UEMOA à quatorze (35% du PIB de la CEDEAO et 48% de la population) ? Elle apparaitrait moins déséquilibrée et aurait meilleure allure
Le 27 janvier 2016, je faisais paraître dans mon blog et dans le quotidien dakarois Le Soleil, un article à propos du franc CFA, que je concluais comme suit : " La réforme est possible, elle est inévitable. Les pays de la Zone franc ont globalement des structures économiques saines, qui leur permettent de gérer en toute indépendance leurs monnaies tout en étant parmi les pays d’Afrique les plus performants et les plus attractifs. Une UEMOA réformée, une CEMAC réformée seront des unions économiques et monétaires ouvertes à d’autres pays, sans distinction d’histoire coloniale ; elles auront vocation à être les matrices d’éventuelles futures monnaies uniques régionales. Osons les réformes ! "
Comme s’il faisait écho à mon propos, - bien sûr, ce n’était pas le cas -, le président Ouattara, président de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), a annoncé le samedi 21 décembre 2019, la réforme du franc CFA, au nom des huit chefs d’Etats des pays membres de l’Union et en présence du chef de l’Etat du pays garant de la convertibilité illimitée du franc CFA. Cette déclaration a été suivie, le 23 décembre 2019, d’un communiqué de presse de la BCEAO signé par son Gouverneur.
En quoi consiste la réforme annoncée ?
La réforme, telle qu’elle a été annoncée, porte sur trois changements majeurs :
Le changement du nom de la monnaie Franc CFA en ECO ; toutefois, le communiqué de la BCEAO précise que le changement de nom se fera qu’au moment où les pays de l'UEMOA intégreront la nouvelle zone ECO de la CEDEAO ;
L’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la fermeture du compte d’opérations et le transfert à la BCEAO des ressources disponibles dans le compte ;
Le retrait de tous les représentants français siégeant dans les organes de décision et de gestion de l’UMOA (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire).
Cependant, le communiqué de presse de la BCEAO précise que les plus hautes autorités de l'UEMOA ont souhaité conserver deux piliers clefs de la stabilité monétaire de la zone :
Le maintien du taux de change fixe par rapport à l’euro, qui assure la parité actuelle (1 EUR = 655,957 F CFA) ;
La garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France.
Le changement de dénomination du franc CFA, l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change des pays de l’UEMOA au Trésor français et la fin de la présence des représentants français dans les organes de décision et de gestion de l’Union Monétaire (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire) étaient devenues des demandes politiques fortes d’une bonne partie de l’opinion publique des pays de l’UEMOA.
Quelle est la portée du changement de nom ?
Pour bon nombre de personnes dans les pays de l’UEMOA, le terme "franc CFA" porte le poids d’un péché originel, celui de sa naissance en 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale. En ce moment-là, la dénomination Franc CFA signifiait " Franc des Colonies françaises d'Afrique" ; puis en 1958, à la faveur de la création de la Communauté Française, elle est devenue "Franc de la Communauté Française d'Afrique" et ensuite en 1960, après les indépendances africaines "Franc de la Communauté Financière Africaine" en Afrique de l’Ouest et "Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale" en Afrique Centrale. Malgré ces changements et malgré les années passées, la dénomination "Franc CFA" rappelle toujours la période coloniale. Aussi, même s’il est de pure forme, même s’il est de l’ordre du symbole, et même si, pour les monnaies, comme pour les humains, l’homonymie n’implique pas forcément une relation de dépendance, comme l’attestent les dizaines de monnaies dans le monde, pourtant indépendantes les unes des autres, qui portent les noms de dollar, livre ou franc, le changement de nom était devenu nécessaire et inévitable ; nécessaire, compte tenu de la charge négative pour certains, que charrie le nom de franc CFA, du fait du relent de néocolonialisme qu’il dégage ; inévitable, parce que les pays de l'UEMOA devront intégrer prochainement la nouvelle zone ECO qui regroupera les quinze pays de la CEDEAO. L’UEMOA a même vocation, à mon avis, à en être la matrice, compte tenu de sa remarquable organisation et de sa réussite avérée, même si certains la contestent, plus pour des raisons politiques qu’économiques.
A la suite de l’annonce du président Ouattara, il avait été compris que le changement de nom se ferait en 2020, sans tenir compte du calendrier de l’ECO par la CEDEAO ; ç’aurait été le choix de la politique. Le communiqué de presse de la BCEAO indique clairement que le changement de nom se fera lorsque les pays de l'UEMOA intégreront la nouvelle zone ECO de la CEDEAO ; c’est le choix de la raison, parce que ç’aurait été un défi à la raison et au bon sens que d’engager en 2020 une opération de retrait des billets et pièces de franc CFA, pour les remplacer par des billets et pièces d’ECO fabriqués par l’UEMOA et les retirer, quelques mois ou années plus tard, pour les remplacer par des billets et pièces d’ECO fabriqués par la CEDEAO. Quel gâchis, ç’aurait été !
Quelle est la portéede l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change au Trésorpublic français et, subséquemment, la fermeture du compte d'opération ?
La centralisation d’une partie des réserves de change (50% pour la BCEAO et la BEAC) auprès du Trésor français dans des comptes dénommés "comptes d’opérations" était jusqu’ici une des contreparties de la garantie de convertibilité illimitée accordée par le Trésor français. On peut estimer que c’était un des moyens voulus par la France, pour pouvoir apprécier l’évolution des réserves de change de l’UEMOA et le risque éventuel d‘appel de sa garantie. Comme une police d’assurance ordinaire, la garantie de la France est mise en place, mais aucune des parties prenantes (le garant et le demandeur de la garantie) ne souhaitent que les conditions de sa mise en œuvre se présentent. Dans la pratique, sur les soixante dernières années, elle n’a, semble-t-il, été mise en œuvre qu’une seule fois. En réalité, ce changement fortement demandée par une partie des opinions publiques africaines et finalement convenu entre le garant et les pays de l’UEMOA, n’a pas été le plus difficile à opérer compte tenu de :
La faible probabilité de la mise en œuvre de la garantie, si on se fie à ce qui s’est passé au cours des soixante dernières années ;
L’existence de nombreuses autres possibilités pour le garant de suivre la situation des réserves de change de l’UEMOA, en contrepartie de sa garantie illimitée, sans avoir besoin de leur domiciliation partielle au Trésor Public français ;
A mon sens, l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change de l’UEMOA au Trésor public français est une bonne décision, parce que significative politiquement. Toutefois, elle est presque neutre économiquement. L’UEMOA, qui place déjà où bon lui semble la moitié de ses réserves de change, pourra le faire dorénavant pour la totalité. Mais, dans le contexte économique actuel, elle ne peut pas espérer obtenir la rémunération que lui donnait le Trésor Français (0,75% l’an), les banques centrales européennes payant aux banques déposantes des taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs.
Quelle est la portéedu retraitdes représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l'UEMOA ?
La France, en tant que garant de la convertibilité du franc CFA, participait jusqu’ici aux instances de décision et de gestion de la BCEAO : elle disposait d’un siège au Conseil d’Administration, d’un au Comité de Politique Monétaire et d’un autre à la Commission bancaire au même titre que les Etats-membres.
Une partie des opinions publiques comprenaient de plus en plus mal la présence de la France dans les instances de décision et de gestion de l’UEOMA, pour quelque raison que ce soit. Cette présence était une des contreparties de la garantie donnée par la France, qui estimait nécessaire d’être là où se prennent les décisions pouvant mettre en jeu sa garantie. On ne peut pas le lui reprocher. Mais on ne peut pas non plus ne pas noter l’incongruité des sièges de la France dans les instances de décisions de l’UEMOA, en matière de banque et de finance.
Même si, à ma connaissance, les accords signés entre Romuald Wadagni, président du Conseil des Ministres de l’UEMOA, et Bruno Lemaire, ministre français de l'Économie et des Finances, ne sont pas encore publiés, on peut sans peine, imaginer que des dispositions d’information complète du garant y sont prévues. Aucun Etat ou aucune personne morale ne donnent une garantie sans être informés des décisions et de la gestion du demandeur de la garantie.
Selon moi, le retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l'UEMOA est bon à tout point de vue, surtout politiquement.
Quelle est la portée du maintien de la parité avec l’euro et de la garantie de la France ?
Les autorités de l’UEMOA ont adopté momentanément la continuité à propos du maintien de la parité avec l’euro et de la garantie de la France ; ils l’ont aussi fait à propos de la liberté totale des transferts au sein de la Zone Franc et la détermination des règles communes de discipline macroéconomique ou critères de convergence. Au stade actuel, le choix de la continuité peut se comprendre, étant donné que la présente réforme n’a pas pour objet de refonder l’UEMOA, mais de préparer son intégration dans la nouvelle zone monétaire ECO et de répondre à des demandes politiques des opinions publiques africaines. Mais la réforme ne doit pas inquiéter les milieux économiques, les investisseurs et les épargnants et elle ne doit pas donner lieu à des anticipations qui pourrait nuire à la stabilité de la monnaie, entrainer une fuite des capitaux et provoquer une poussée inflationniste et une dégradation de l’activité économique.
Il semble évident que la question de la parité de la monnaie et celle de la garantie de la France, seront résolues au plus tard au moment de la création de l’ECO à quinze. A ce moment-là, prendra inévitablement fin la garantie de la France, parce que les pays de la future zone ECO ne voudront pas la demander et la France ne voudra pas la donner. La CEDEAO aura les moyens de défendre seule efficacement sa monnaie. Il faudra uniquement à ses membres de la rigueur dans la gestion de leurs économies nationales et de la discipline dans la gestion de leur monnaie unique.
Pour ce qui est du taux de change aussi, il reste fixe par rapport à l’euro, le temps de l’arrivée de l’ECO à quinze. L’ECO à quinze ne sera sans doute pas arrimé à l’euro comme l’est le franc CFA, ni à une autre seule monnaie. Le choix sera fait entre :
Un taux fixe arrimé à un panier de monnaies ;
Un taux partiellement flexible, fluctuant à l’intérieur d’un couloir de fluctuation, au maximum d’un pourcentage donné au-dessus ou en dessous d’un cours pivot fixé vis-à-vis d’un panier de devises ; si le cours a tendance à sortir de ce couloir par le haut ou par le bas, la banque centrale intervient pour le défendre en achetant ou en vendant sa devise, ce qui implique qu’elle dispose des réserves de change suffisantes ;
Un taux flexible, c’est-à-dire un taux déterminé librement par les mécanismes de l’offre et de la demande de l’ECO sur le marché des changes.
Dans tous les cas, avec l’ECO à quinze, les pays de l’UEMOA feront l’apprentissage de la gestion du taux de change d’une monnaie. Si la rigueur dans la gestion, la discipline monétaire et les performances économiques sont au rendez-vous, les cours iront là où veulent les amener les politiques monétaires de la Zone. S’ils ne sont pas au rendez-vous, les cours de la monnaie dégringoleront et les prix des biens importés grimperont jour après jour, mois après mois, scénario que connaissent l’immense majorité des pays voisins des pays de l’UEMOA ; scénario que connaissent beaucoup moins les pays de l’UEMOA. La valeur de la monnaie est un des meilleurs baromètres de l’état d’une économie. Elle n’a que faire de l’idéologie, des incantations et des imprécations.
Selon moi, le maintien momentané de la parité avec l’euro et celui de la garantie de la France sont de bonnes mesures, dans l’attente des décisions que prendront ensemble formellement les pays membres de la future zone ECO en matière de régime de change et, plus généralement, de politique monétaire.
La réforme de l’UEMOA est-elle une étape significative dans le processus de création de l’union monétaire à quinze ?
La réforme de l’UEMOA est en effet une étape significative dans le processus de création de l’union monétaire à quinze parce qu’elle a entamé la déconstruction des relations monétaires historiques entre la France et les pays de l’UEMOA, tout en rassurant les investisseurs et les épargnants. L’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la fermeture du compte d’opérations et le retrait de tous les représentants français des organes de décision et de gestion de l’UMOA (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire) sont des étapes importantes de cette déconstruction. C’est aussi l’avis des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO exprimé lors de leur 56ème Conférence tenu le 21 décembre 2019 : "S’agissant du dossier de la monnaie unique de la CEDEAO, après avoir entendu l’exposé de son SEM Alassane Ouattara, président de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA, la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO a pris acte des transformations importantes en cours au niveau de la zone monétaire de l’UMOA. Cette réforme de la zone monétaire de l’UMOA facilitera son intégration dans la future zone monétaire de la CEDEAO (ECO). Les chefs d’Etat et de Gouvernement se sont félicités des évolutions de la zone monétaire de l’UMOA."
La prochaine et dernière étape dans la déconstruction des relations monétaires historiques entre la France et les pays de l’UEMOA est l’arrêt de la garantie de convertibilité illimitée du franc CFA par la France, au plus tard à la création de la future zone monétaire de la CEDEAO. A mon avis, cette prochaine et dernière étape n’a pas été franchie immédiatement pour deux raisons :
Le sens des responsabilités amène les autorités de l’UEMOA à engager une déconstruction méthodique, organisée et consensuelle, qui ne brise pas soixante années d’intégration économique et régionale ; l’UEMOA, avec ou sans l’ECO à quinze, devra mettre en place le dispositif de substitution à la garantie de la France susceptible de rassurer les investisseurs et les épargnants, de ne pas entraîner la fuite des capitaux étrangers et locaux et le retour de l’inflation, car l’UEMOA n’a pas vocation à avoir, avec ou sans la France, une monnaie qui rapidement rejoint, dans l’échelle de valeur des monnaies, la cohorte de devises africaines qui ne brillent que par la dégradation continue de leurs taux de change. La monnaie de l’UEMOA, quelle qu’elle soit, à huit ou à quinze, doit rester une monnaie qui inspire confiance aux investisseurs étrangers et locaux et aux épargnants et qui protège le pouvoir d’achat des populations.
Le franchissement de cette dernière étape doit se faire au moment le plus opportun c’est-à-dire coordonné avec l’avancement des travaux de mise en place de la nouvelle monnaie régionale, l’ECO à quinze.
La réforme de l’UEMOA, allant dans le sens de l’abolition des liens monétaires entre la France et l’UEMOA peut faciliter que d’autres pays de la CEDEAO la rejoigne, si l’entrée en vigueur de l’ECO à quinze tardait à se concrétiser, d’autant que la Zone Monétaire Ouest-Africaine, fondée en 2000, regroupant la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone et qui avait vocation à converger avec l’UEMOA, n’a pas pu avancer d’un pouce. Cette approche n’est pas seulement une vue de l’esprit. En effet, une zone ECO regroupant un géant, le Nigeria, et une UEMOA de taille respectable serait plus équilibrée et plus facile à gérer dans l’intérêt de tous les pays. En revanche, une union monétaire entre le Nigeria puissant (65% du PIB de la CEDEAO et 52% de la population), l’UEMOA (21% du PIB de la CEDEAO et 33% de la population) et six autres Etats lilliputiens, ferait de l’ECO, un "Naira new look", comme il a été reproché à l’euro d’être un "deutsch mark new look". La différence importante est que l’Allemagne était moins hégémonique en Europe que ne l’est le Nigéria en Afrique de l’ouest et elle avait, de surcroit, une des gestions économiques et monétaires les plus vertueuses d’Europe, ce qui est loin d’être le cas du Nigeria en Afrique. En matière monétaire, comme dans la vie de tous les jours, les vertus du grand-frère sont contagieuses, ses vices aussi. Alors, pourquoi ne pas imaginer une union entre deux zones monétaires, le Nigeria et une UEMOA à quatorze (35% du PIB de la CEDEAO et 48% de la population) ? elle apparaitrait moins déséquilibrée et aurait meilleure allure.
A quand la création de l’union monétaire à quinze et, donc, de l’ECO ?
Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont fixé un objectif ambitieux et probablement irréaliste de création de l’ECO à quinze : 2020. Aujourd’hui l’espace CEDEAO compte huit monnaies et huit zones monétaires. Les huit monnaies sont l'escudo cap-verdien (CVE), le dalasi gambien (GMD), le cedi ghanéen (GHS), le franc guinéen (GNF), le dollar libérien (LRD), le naira nigérian, le leone Sierra-Léonais (SLL) et le franc CFA des huit pays de l’UEMOA (XOF). Créer une monnaie unique pour les 15 pays de la CEDEAO qui se substitue aux huit monnaies existantes demande un certain nombre de préalables et d’étapes, dont les plus importants sont :
La mise en place des traités et conventions régissant la nouvelle union monétaire et ses institutions, principalement la banque centrale et l’organe chargé de définir et de mettre en œuvre la politique monétaire ;
Le respect par les quinze pays des règles et mécanismes communs de discipline macroéconomique ;
L’uniformisation des textes régissant le secteur bancaire et le marché financier régional ;
Les pays membres de l’union monétaire devront dans les prochains mois ou prochaines années rédiger et signer le traité de l’union monétaire, dont les objectifs devront être clairement définis. Quels qu’ils soient, ils devront intégrer l’atteinte d’une croissance durable porteuse d’emplois, la maitrise de l’inflation, le soutien à l’intégration des différentes économies nationales, etc.
Ils devront également s’entendre sur des règles et mécanismes communs de discipline macroéconomique dont les critères de convergence constituent l’élément essentiel. Ces critères de convergence sont un ensemble de règles de discipline relatifs à des éléments essentiels de la politique économique tels que le déficit budgétaire, le taux d’inflation, le niveau d’endettement, le niveau des réserves de change. Ces règles sont arrêtées collectivement et sont destinées à promouvoir les bonnes pratiques en matière de gestion financière, à assurer la cohérence entre les politiques budgétaires nationales et à faciliter l’intégration économique entre les pays de l’union monétaire. Elles sont en général des valeurs minimales ou maximales que les pays membres de l’union monétaire s’obligent à ne pas dépasser car une union monétaire ne peut être efficace et viable que si les pays qu’elle réunit ont des politiques budgétaires et fiscales cohérentes entre elles et atteignent des performances économiques synchrones. Si ce n’est pas, l’union court sans aucun doute le risque de ne pas profiter à tous et de voler rapidement en éclats. La crise de la dette publique grecque en 2010 a montré de façon parlante à la fois les effets dévastateurs de performances économiques asynchrones, mais aussi les effets salvateurs de la forte solidarité dont une union économique et monétaire peut faire montre.
Ils devront aussi s’entendre sur le type de banque centrale qu’ils veulent avoir. Pour moi, la future banque centrale, une fois et mise en route, devra être indépendante à tous égards des pouvoirs politiques, comme le sont les banques centrales les plus performantes. Si la future banque centrale est assujettie aux pouvoirs politiques, comme c’est souvent le cas en Afrique, notamment à ceux des pays les plus puissants de l’union monétaire, alors elle n’ira pas loin. Il n’est pas inutile de rappeler les principales formes d’indépendance dont jouissent aujourd’hui les banques centrales sont l’indépendance institutionnelle, l’indépendance de son personnel, l’indépendance fonctionnelle et opérationnelle, l’indépendance financière et organisationnelle et l’indépendance juridique.
Les pays membres de l’union monétaire devront aussi tendre vers l’uniformisation ou au moins la mise en cohérence, entre les différents pays, des législations fiscales, des lois bancaires et des mécanismes de fonctionnement des marchés financiers. Construire une union monétaire est un exercice exigeant, au cours duquel la rigueur, l’expertise et la discipline doivent rester les lignes directrices.
Mamadou Sene est ancien Directeur Général de banques
UN AUTRE AJUSTEMENT AU SEIN DE LA ZONE FRANC, QUE FAIRE ?
L’ECO continuera de raffermir les relations de domination de la France sur les pays africains de la zone franc, qui n’ont aucune liberté dans la définition de leur politique monétaire et économique
La France vient de nous imposer de nouveaux ajustements au sein la Zone Franc avec la promotion frauduleuse de l’ECO, projet antérieurement annoncé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour remplacer le franc CFA. Cette « réforme » en trompe l’œil concerne essentiellement le transfert des réserves monétaires des pays africains d’expression officielle francophone de la Banque de France aux banques centrales que sont la BCEAO et la BCEAC et l’annulation de la présence française au sein du Conseil des Gouverneurs des banques centrales de la Zone Franc. Elle laisse intacte l’arrimage meurtrier du franc CFA à l’Euro avec la conséquence massive de l’affaiblissement sans précédent des capacités d’exportation et de la compétitivité économique des pays concernés.
Officialisés en 1945 avec la signature de Charles de Gaule et un communiqué du ministre français des Finances, les accords monétaires franco-africains imposés par la France ont connu les principales étapes suivantes :
Transfert des sièges des banques centrales de Paris respectivement a Yaoundé en 1977 et à Dakar en 1978 suite aux protestations africaines ;
Élargissement de la zone CFA avec l’entrée de la Guinée Équatoriale en 1985 et de la Guinée-Bissau en 1997 ;
Dévaluation du franc CFA unilatéralement décidée par la France en 1994. La rumeur avait été préalablement réfutée par Abdou Diouf qui a dit à l’époque au Sénégalais : « il n’y aura pas de dévaluation du Franc CFA, et si je vous le dis vous devez me croire ».
Diminution en 2005 de 65% a 50% du montant des réserves de monnaie de la zone CFA qui sont déposées dans les comptes d’opérations placées au Trésor public français.
Toutes ces révisions ont été initiées par la France selon ses intérêts propres et le contexte politico-social du moment. Aucun des chefs d’état de la Zone Franc, à l’exception notable du Tchad, les présidents Alassane Ouattara et Macky Sall s’étant invariablement positionnés comme les gendarmes de la monnaie coloniale, n’a osé auparavant faire la plus petite allusion à une possibilité de retouche des accords sur le franc CFA. En réalité, l’«ECO» est la réaction stratégique de la France face aux différentes formes de résistances et pressions exercées sur elle par de jeunes militants anti-impérialistes, des économistes, des chercheurs et des leaders politiques qui ont, au cours des dernières années pour libérer les pays africains l’embastillement financier et de la servitude monétaire.
La parité fixe arrimant l’ECO à la valeur de l’Euro ne change pas. Le Franc CFA est ainsi soumis aux fluctuations d’une monnaie forte sur les marchés financiers et les marchés mondiaux de biens et services. Ceci constitue un réel frein aux potentialités de compétitivité des économies africaines de la zone. Lorsque l’Euro monte en valeur, les produits vendus par la Zone CFA deviennent plus chers et donc moins compétitifs. Vue la faible industrialisation des pays de la zone qui dépendent encore essentiellement de la vente de leurs matières premières, les recettes tirées de l’exportation sont tout à fait amoindries.
Le principe de convertibilité et la libre circulation des flux financiers constituent la base essentielle de l’institutionnalisation de la fuite des capitaux vers la France et vers l’espace européen. Les élites africaines se confortent dans cette situation, en particulier les politiciens corrompus et les criminels économiques, enrichis à la va vite et en quête de paradis fiscaux pour cacher la manne financière illégalement accumulée. Cette convertibilité et libre circulation des capitaux profitent surtout aux entreprises françaises et européennes qui peuvent facilement s’installer, trouver les débouchés commerciaux et ensuite exporter librement leurs bénéfices avec souvent des avantages fiscaux que les entreprises nationales n’ont pas. La percée fulgurante de la multinationale française Auchan dans tous les recoins du Sénégal à l’assaut des plus petites bourses et envahissant le marché local par les produits français en est une illustration. Cette situation représente une menace réelle pour la production et la consommation des produits locaux, surtout dans un contexte ou le secteur privé national peine à convaincre l’État à payer la dette publique. Par contre, la libre circulation des capitaux est ineffective entre les trois zones monétaires africaines du CFA, ce qui entrave le commerce interafricain et frêne l’intégration économique.
Les populations africaines ont déjà payé un très lourd tribut à la France avec la centralisation des réserves de changes des pays membres de la zone franc au trésor public français. Le manque à gagner a été énorme pour les potentialités de financement de l’industrialisation et du développement humain et avec l’augmentation du niveau d’endettement. Ce n’est pas un hasard si les pays de la zone CFA sont encore parmi les plus arriérés de la planète selon le Rapport 2018 du PNUD sur le développement humain. A part le Cameroun qui se place bon dernier parmi les économies ayant un indice de développement humain moyen, les pays de la zone Franc comptent parmi les 30 pays africains ayant le plus bas indice de développement humain. Pire, les deux pays les plus attardés de la planète, la République Centrafricaine et le Niger appartiennent à la zone CFA.
Il est clair que l’ECO reste, comme le Franc CFA, un instrument de domination. Même si les Français sont en dehors du Conseil d’administration avec l’ECO, les rapports de pouvoir qui existent entre la France et les pays de la zone franc, qui permettent à Macron de s’adresser aux chefs d’États africains avec autant d’arrogance, montrent que la France restera maîtresse de toute décision. Par ailleurs, la France a son gendarme, le FMI, pour continuer sa politique de contrôle même si elle ne siège plus au Conseil d’administration. La France dispose d’un contrôle quasi-hégémonique de la nomination du directeur exécutif du Fond ; elle a, en Alassane Ouattara, un allié de taille, qui a été pendant de longues années directeur Afrique du FMI. Les institutions de Bretton Woods veilleront ainsi à pérenniser les politiques de libéralisation du commerce et de l’investissement et sans soutien à une réelle politique d’industrialisation ou de promotion d’un secteur prive endogène. Le contrôle budgétaire sévère exercé sur les dépenses publiques africaines sera toujours assuré par le FMI qui veillera à surveiller les banques centrales africaines et à orienter leur politique monétaire.
L’ECO continuera de raffermir les relations de domination de la France sur les pays africains de la zone franc, qui n’ont aucune liberté dans la définition de leur politique monétaire et économique. Les autres pays de la CEDEAO en dehors de la zone CFA, qui comprennent que l’ECO handicape le développement et freine l’intégration sous régionale, n’accepteront pas de se soumettre à un tel diktat financier de la France. Dans un tel contexte, le Sénégal, comme tout autre pays de la zone franc, a le choix de rester ou d’envisager une stratégie en plusieurs phases :
Mettre sur pied un pool d’experts africains soucieux de sauvegarder la souveraineté monétaire et économique du pays qui travailleraient rapidement pour identifier un panier de devises répondant aux meilleurs critères de flexibilité et de convertibilité et qui mettraient en place un processus de création d’une nouvelle monnaie nationale ;
Créer le cadre institutionnel pour la création de sa propre monnaie ;
Quitter collectivement ou individuellement la zone Franc ;
Créer sa propre monnaie et l’arrimer à un panier de devises ;
Travailler au sein de la CEDEAO pour créer les conditions optimales pour une union économique et monétaire viable qui pourrait finalement intégrer les monnaies des différents pays de la sous-région.
AMADOU BA ROMPT LE SILENCE
Ambition présidentielle, 3eme mandat du président, supposé financement de la campagne de Sonko...
Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, longtemps terré dans un silence assourdissant, était l’invité de l’émission “Jury du dimanche“ de la radio E-radio d’hier, dimanche 29 décembre.
Face à Mamadou Ibra Kane, le ministre Amadou Ba s’est dit très «touché et atteint» par les accusations portées contre sa personne, notamment d’avoir financé la campagne électorale du candidat Ousmane Sonko, lors de la dernière présidentielle. L’ancien ministre des Finances n’a pas manqué de se prononcer, entre autres, sur ses relations avec le président Macky Sall et son mandat, ainsi que ses rapports avec certains responsables de l’Alliance pour la République (Apr).
Les accusations de financement du candidat Ousmane Sonko, lors de la présidentielle de février dernier, ne seraient qu’un «non-sens». C’est du moins la réponse de l’accusé, à savoir le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ba, invité de l’émission “Jury du dimanche“ de la radio privée E-radio, du dimanche 29 décembre.
En effet, l’invité du journaliste Mamadou Ibra Kane s’est dit «particulièrement touché et atteint» par ces accusations portées contre sa personne. Sur les raisons, il précisera que «d’abord, comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis un Haut fonctionnaire de l’Etat, je pense en tout cas connaitre l’Etat. La loyauté est une vertu sur laquelle je ne transige pas. Je ne peux pas être dans un parti, être membre du Secrétariat exécutif d’un parti, avoir la confiance du chef du parti, travailler pour sa réélection et en même temps mettre en œuvre une politique contraire pour donner des moyens ou des ressources à quelqu’un qui cherche à détruire le système». Autant de choses qui lui feront estimer que «c’est un non-sens» de faire de telles accusations.
Poursuivant, le Coordonnateur de l’Apr et de Benno Bokk Yakaar (Bby) aux Parcelles assainies et à Dakar s’est prononcé sur ses rapports avec certains responsables de l’Apr, actuellement en guerre larvée, pour tant soit peu répondre à ceux qui soutiennent que ces derniers ne seraient que son bras armé. Ainsi, tout en assumant son amitié avec les députés Moustapha Cissé Lo et Farba Ngom, ou encore le Directeur général du quotidien national Le Soleil, Yakham Mbaye, le ministre des affaires étrangères a tenu à faire certaines précisions.
Concernant le Premier Vice-président de l’Assemblée, il informe lui avoir donné son point de vue sur son comportement actuel. Il s’agissait, selon lui, notamment de lui faire part de son désaccord quant à son attitude en tant que militant de parti, de lui montrer les limites à ne pas dépasser devant l’institution qu’incarne le président du parti, non moins président d’une Institution, mais aussi de lui faire savoir que toutes les audiences et échanges entre eux sont faits pour le compte du président Macky Sall. Sur ce point, il conclut que «nous avons des relations très saines et ça s’arrête là».
S’agissant du maire des Agnam, Farba Ngom, il dit être beaucoup plus proche de lui et que leurs familles se connaissent, même s’il reconnait à son ami «la liberté de faire son appréciation, tout comme Yakham Mbaye qui est un jeune frère, son grand frère Pape Yama Mbaye a été un de mes collaborateurs pendant 6 ans». Par conséquent, il trouve «qu’il faut qu’on puisse dissocier les relations personnelles que les uns et les autres peuvent avoir des relations de nature politique».
Profitant de la tribune qui lui a été offerte, l’ancien ministre des Finances est revenu sur ses rapports avec le chef de l’Etat, Macky Sall. Il reste formel qu’on ne peut pas confier à une personne les Affaires étrangères si on n’a pas confiance en elle. Poursuivant, il reste catégorique que leurs relations «sont excellentes» et qu’il ne peut pas y avoir de problèmes entre eux. Pour cause, il explique d’abord qu’il a été Chef de Service, Directeur des Impôts et domaines et ministre sans pour autant prendre la carte du parti, à savoir celle de l’Apr, pour ne la prendre qu’en fin 2015 sur invite du président Macky Sall. Deuxièmement, il dit être entièrement au service du chef de l’Etat dans le gouvernement. Selon lui, «je fais le travail qui m’est confié et j’essaie de donner le maximum de moi-même pour réussir ma mission et ça s’arrête là».
Comme troisième argument, Amadou Ba brandit la vision partagée du Plan Sénégal émergent (Pse). A cet effet, il fera savoir que le président Macky Sall «a une vision que je partage. J’ai une intime conviction que c’est le Pse qui peut amener le Sénégal vers l’émergence». Donc, pour lui, la question de la succession du chef de l’Etat Macky Sall «est mal posée». Même son de cloche par rapport au mandat du président. Il confie d’ailleurs que «ce débat est indécent» dans la mesure où il y a des questions plus importantes que celle politique qu’on veut imposer aux Sénégalais.
Par Fatou NDIAYE
LA PROSTITUTION, LE REFUGE DE FILLES MIGRANTES A ZIGUINCHOR
Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Le profil national de la migration de l’année 2018 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), montre une forte concentration des immigrés internationaux à Dakar. Selon le document, Dakar, la capitale du Sénégal, a une forte concentration de migrants, avec 57%. Elle est suivie de Ziguinchor qui en est à un taux de 6,7%. Dans cette dernière région, certaines femmes venues pour de supposées activités telles que le commerce ou les corvées domestiques, se retrouvent dans le travail de sexe. Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Bar Chez Laurent ! Peu après 19 heures dans la soirée du 3 décembre, l’ambiance et au rendez-vous. C’est un bar situé au quartier Lindiane. Niché au bout d’une ruelle mal éclairée, il attire du fait de son animation avec de la musique à flot. Le seuil de la porte franchi, il se découvre à travers ses installations. Des sièges dans la cour, d’autres à l’arrière de la salle, les clients sont présents. L’odeur de la cigarette mêlée aux lampes clignotantes, plonge le visiteur dans l’ambiance des lieux fréquentés par les adeptes de la belle vie.
Assise à l’entrée, l’air insouciant, «Nadia», c’est l’appellation des filles de joie d’origine nigériane dans la capitale du Sud, semble inattentive au vacarme qui l’entoure. Et pourtant, la réalité est toute autre ! Tout son intérêt, c’est de rencontrer un client. Habillée juste d’un top qui a du mal à dépasser ses fesses, elle s’est à peine couverte le corps, malgré sa forte corpulence. «Je suis venue au Sénégal, en février 2017. J’ai choisi le Sénégal et je ne regrette pas. J’ai moins de problème au Sénégal que même dans mon propre pays. Je ne peux pas exercer ce métier au Nigeria, auprès de mes parents», soutient-elle.
Depuis deux ans qu’elle est au Sénégal, les problèmes ne manquent pas. «J’ai été abusée. Mes bourreaux m’ont demandé de ne pas m’en complaindre. J’ai été battue. Je me suis retrouvée avec une jambe cassée pendant trois mois». Cependant, dit-elle, ce travail est meilleure que les corvées domestiques et lui permet de subvenir à ses besoins. «Si je cherche un travail domestique, on va me payer entre 30.000 et 40.000 par mois. Or, avec mon travail, je peux gagner plus. Si je dois faire autre que le travail de nuit, je préfère retourner dans mon pays. Je ne peux pas dire combien je gagne. Mai, cela me permets de bien vivre, payer mon logement et mes frais».
Mieux, ajoute-elle, avec ce qu’elle gagne, elle envoie de l’agent à sa famille. L’intégration n’est pas trop compliquée au Sénégal, à son avis. «Je ne suis pas indexée. Souvent, les gens veulent m’associer, mais il se pose une barrière linguistique. Je ne parle pas bien le wolof. Je n’ai pas de problème avec mon bailleur. L’essentiel, c’est juste de respecter le contrat à chaque fin de mois». Malgré tout, le souhait de cette Nigériane est d’abandonner ce travail pour être au chevet de son petit-frère. «Mes parents sont tous décédés à mon absence. Je ne souhaite que rentrer auprès de mon frère qui vit seul présentement».
LE TRAVAIL DE DOMESTIQUE, JUSTE UN ALIBI
N.F. est d’origine Bissau-guinéenne. Elle est «Péré-Péré», c’est la dénomination des filles de joie originaire de la Guinée-Bissau. Elle est au Sénégal depuis plusieurs années. Avec ses dreadlocks, sa langue percée, son regard perçant, elle fait des va-et-vient entre les tables. Bien dotée par la nature, sa petite robe peine à contenir son «postérieur». «Je suis au Sénégal depuis 2009. En venant au Sénégal, mon intention c’était de travailler comme domestique. Mais, après quelques mois, j’ai viré vers la prostitution. J’ai abandonné le travail de domestique parce que c’est pénible et ce n’est pas bien rémunéré», soutient-elle, avec une voix à peine audible à cause de la musique.
Le virement dans la prostitution est motivé, dit-elle, par l’influence de compatriotes qui gagnaient plus que ses revenus de femme de ménage. «Parfois, à la fin du mois, certaines patronnes me faisaient courir. Quand j’ai commencé à me familiariser avec la vie, surtout avec l’influence des compatriotes qui étaient déjà dans le milieu de la prostitution et qui gagnaient plus que mon salaire, j’ai changé de travail».
La vie de travailleuse de sexe n’est pas de tout repos, pour elle. Entre disputes, récurrents déménagements, cachoteries, N.F. tente vaille que vaille de survivre dans la jungle des «belles-de-nuit». «Il m’arrive de me disputer avec mes ‘’collègues’’. Mais, si les échanges commencent à être tendus, je vide les lieux. Aussi, je déménage beaucoup. Après avoir habité quelques parts, si beaucoup de gens commencent à se rendre compte du travail que j’exerce, je change d’habitation. Au début, j’étais à Bignona ; après, j’ai migré vers Ziguinchor où j’ai habité la première fois que je suis venue au Sénégal».
Du fait des caractéristiques, contraintes et réalités de son métier, elle ne veut plus avoir à faire avec des proches, sauf celles avec qui elle partage le milieu. «Maintenant, je ne fréquente pas régulièrement mes parents. Jadis, j’hébergeais des filles. Mais, à cause des querelles, j’ai fini par y renoncer. Maintenant, quiconque souhaite venir habiter chez-moi, je lui dis que je voyage».
Ses activités ne sont pas connues de ses parents. Du moins, c’est son avis. «Mes parents ne savent pas ce que je fais comme travail. Jamais je ne le leur dirai». Le travail de sexe lui procurait des revenus conséquents à ses débuts. Mais présentement, le marché est saturé et le gain n’est pas consistant. «Le travail n’est pas très lucratif. Les clients ne viennent pas en masse et l’argent ne circule plus. Je ne sais pas si c’est dû au nombre élevé de travailleuses (de sexe), en ce moment. Maintenant, il y a plus de travailleuse de sexe qu’auparavant», constate-t-elle.
Les abus, la maltraitance, la Péré-Péré en a connu. Son attitude face à ces problèmes, c’est de faire face ou de prendre la poudre d’escampette. «Parfois, je rencontre des gens qui veulent abuser de ma personne, mais je me défends. Je n’accepte pas de dispute. Quand les échanges commencent à être tendus et que je sente que je ne pourrai pas faire face, je fuis».
ETRE SEXY, A N’IMPORTE QUEL PRIX
Le mode d’habillement indécent semble être un code chez les travailleuses de sexe. Aucune fille parmi toutes celles rencontrées ou presque n’avaient mis un pantalon ou quelque chose d’assez décent. Juste une petite couverture, qui laisse apparaitre des cuisses très claires ou un corps bien garni dont le moindre mouvement fait attirer le regard, suffit.
Autre place, même constat ! Nous sommes au bar Nakabi situé à Tillène, il est à l’intérieur de ce quartier de Ziguinchor. La pénombre qui sévit dans la ville de Ziguinchor aidant, le lieu semble être un «no man’s land». Et même le taximan du jour n’a pas voulu se pencher sur la question. «L’appellation du bar, que signifie Nakabi ? Est-ce du Macagne ?» «Je n’en sais rien, répond-il, sur un ton sec». Les nombreuses motos Jakarta stationnées à l’entrée, renseignent sur sa très grande fréquentation.
Les travailleuses de sexe y sont présentes. Elles sont à l’entrée du bar, vêtues presque toutes de petites robes qui dépassent à peine les parties intimes. Contrairement à celles rencontrées à Chez Laurent à Lindiane, celles trouvées au Nakabi (à Tillène) sont jeunes, très jeunes, en attestent les trais de leurs visages. Assises en groupes formées par nationalités, elles discutent à haute voix. La plupart d’entre elles sont des étudiantes, confie un habitué du coin. Nakabi est très large. Il y a des sièges presque partout.
Trouvée assise, seule à l’entrée du bar, B.G. n’est pas de ce vacarme qui accompagne la discussion de ses collègues. Elle est d’origine ghanéenne. A notre passage, ce jour-là, ses compatriotes n’y étaient pas encore. N’empêche, elle est dans son milieu, à l’attente de clients. Les boissons sucrées ne sont de ses habitudes. «Je n’en prends pas», dit-elle, répondant à notre invite pour un échange autour d’une table. Sa boisson, c’est du «Gin» dont la petite portion, vendue dans une tasse jetable, coûte 500 F CFA. L’évocation de son métier la met mal à l’aise et elle ne s’en cache pas. «Je suis venue au Sénégal pour étudier. Et je me demande si c’est interdit que je fasse autre chose. Je n’ai pas de problème avec mon travail», répond-elle sur un ton sec.
DES FILLES ABUSEES, MAIS OBLIGEES D’ETRE STOÏQUES
Moulin Rouge, dans le quartier Yamatogne ! Un autre bar, même décor, avec une musique de Youssou Ndour qui égaye l’assistance. Sous les jeux de lumières des lampes multicolores. Les filles de joie sont assises à l’arrière de la salle, en file indienne. «Toutes celles que tu vois là, sont à la recherche de clients», argue un jeune homme rencontré sur place.
L.G., une jeune femme âgée de 27 ans est venue de la Guinée-Bissau pour s’adonner au travail de sexe. Une activité qu’elle couvre par la pratique du petit commerce pour obtenir l’autorisation de ses parents à venir s’installer dans la capitale du Sud. «Je suis venue à Ziguinchor en octobre 2018. Je suis retournée à Bissau. Ma famille est à Bissau et faire ce genre de travail là-bas n’est pas du tout respectueux. En quittant Bissau, j’ai amené avec moi de l’huile de palme pour la vendre. Mais, j’ai arrêté ça, pour m’adonner au travail de sexe».
Divorcée et mère de deux enfants, elle compte sur son activité, soutient-elle, pour l’éducation de sa progéniture. «Avec l’argent que je gagne ici, je paye la scolarité de mes enfants. Je donne aussi de l’argent à mes parents». Les sévices corporels et les abus sont le lot quotidien des problèmes qu’elle vit, avec stoïcisme. «Parfois, je passe du bon temps avec un homme, après il me crée des histoires, il me frappe, il ne me paie ou s’empare de mon argent ou de mon téléphone».
Le comble dans ce genre d’activités, c’est aussi que les victimes ont très souvent peur de porter plainte, souligne-t-elle. «Souvent, j’ai peur d’aller à la Police. En plus, on ne connait pas le lieu de résidence de notre bourreau. Donc, l’ester en justice s’avère difficile». L’autre souci, soutient la travailleuse de sexe, c’est que certains hommes prennent des aphrodisiaques avant de passer à l’acte. Conséquence, elles sortent des rapports sexuels totalement exténuées par le client. Pour exercer son travail, elle a pris l’option de ne pas vivre avec des proches.
Toutefois, l’arrivée massive de jeunes filles qui se prostituent dans la clandestinité n’est pas pour leur faciliter la tâche. Les recettes sont en baisse et la concurrence est rude. «Avant, je gagnais 30.000 à 40.000 F CFA, mais actuellement même si je m’en sort avec 10.000 ou 15.000 F CFA, c’est bon. Les filles sont nombreuses, surtout les Nigérianes. Certaines mêmes n’ont que 15 ans, or cela n’est pas normal. Et c’est risqué. Même nous qui sommes mures, nous sommes fatiguées. Imaginez ce que doit vivre une petite fille ? Les clients aussi préfèrent ces jeunes filles. Et pour cette année 2019, on note une arrivée massive de jeunes Nigérianes», a-t-elle soutenu. A l’en croire, le travail de sexe est un choix par défaut. «J’ai des enfants à nourrir. Mes revenus de commerçantes ne me permettaient pas de couvrir mes besoins. Je songe vraiement à quitter ce milieux, si je trouve mieux».
STRATEGIE DES NIGERIANES... POUR FAIRE FACE A LA CONCURRENCE
Clin d’œil, c’est aussi le nom d’un bar fréquenté par les travailleuses de sexe. Ouvert au quartier Santhiaba, les habitants de Ziguinchor ont fini par faire du coin un repère de «belle-de-nuit». Elles sont assises à l’entrée, des boissons alcoolisées sur la table. Mieux, le bar Clin d’œil est attrayant. Situé en plein centre du quartier, il est à certaines heures de la nuit d’une affluence monstre. «Il faut faire attention. Tu risques d’y être agressée», nous prévient le journaliste Ibrahima Gassama.
Les étrangères professionnelles de sexes ont fini par être la marque de choix dans certains quartiers de Ziguinchor. Elles prennent ne location des appartements, à défaut des chambres, qui servent d’habitations mais aussi de chambres de passe. La location est prise en charge par le nombre d’occupants. Il suffit juste d’un matelas et quelques ustensiles de cuisine et le tour est joué. «Elles préfèrent les quartiers de Tilléne, Goumel, Kandjalan. En somme, les quartiers qui ne sont pas peuplés», soutient la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor, Fatou Cissé.
Les filles viennent principalement de la Guinée-Bissau dont la frontière avec le Sénégal, Mpack, est à seulement un peu plus d’une dizaine de kilomètres. Le coût du transport, de Mpack à Ziguinchor, est de 500 F CFA en taxi clandos et 250 F CFA pour les minibus Tata. L’immigration vers la région sud est devenue importante, plusieurs nationalités y sont rencontrées. Dans le milieu des travailleuses de sexe, la concurrence est très rude à Ziguinchor, surtout depuis l’arrivée de nouvelles vagues de migrants notamment les Nigérianes.
Ainsi donc, pour mieux attirer la clientèle, les travailleuses de sexe ont développé une stratégie leur permettant de mieux tirer profit de leur job. Le procédé, explique-t-on, c’est que ces dernières ont créé un système visant à rendre la passe moins couteuse. Alors que la passe était de 5000 F CFA l’heure, maintenant toutes les offres sont bonnes. Les filles se donnent aux clients moyennent 2000 F CFA, 1500 F CFA et parfois même 1000 F CFA la passe.
PROXENETISME ET TRAITE DES PERSONNES
Fatou Cissé est la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor. Dans la soirée du 6 décembre, elle nous reçoit à son domicile, à Colobane, non loin du Collège Saint Charles Lwanga. Les migrantes travailleuses de sexe, elle en est au courant. Mieux, précise-telle, la pratique est devenue beaucoup plus récurrente ces dernières années. «Avec l’ouverture des universités privées, la pratique est devenue beaucoup plus accrue. Certaines filles l’exercent pour payer leur scolarité et subvenir à leurs besoins. Elles sont nombreuses aussi à déclarer qu’elles travaillent comme domestiques, mais, en réalité, elles sont des travailleuses de sexe. Des Bissau-guinéennes, des Nigérianes, pratiquement beaucoup de ressortissants de pays de la sous-région sont là.»
Fatou Cissé révèle qu’avec la prostitution, certains proxénètes abusent des jeunes filles. «En 2017, j’ai eu un cas. Un groupe déjà de jeunes Nigériannes présent à Ziguinchor a dit à une fille qu’un travail lui a été trouvé. Au moment de venir au Sénégal, la fille pensait que c’est un travail correcte. C’est une fois arrivée, qu’elle a constaté que c’est de la prostitution. Elle était forcée d’avoir des relations multiples avec des hommes. Au finish, elle a pris la fuite pour se réfugier chez les voisins qui ont contacté le chef de quartier qui a porté plainte. Quand j’ai été saisie, j’ai informé le parquet qui a ouvert une enquête. 3 personnes ont été arrêtées par la suite».
Pour rappel, en mai 2016, quatre filles d’origine Bissau-guinéennes avaient été attraites à la barre du Tribunal de grande instance de Ziguinchor pour répondre des délits de prostitution clandestine, non inscription au fichier sanitaire et social et défaut de carnet sanitaire. Face à cette situation de vulnérablité, la Badiénou Gokh trouve que les autorités locales doivent prendre des mesures pour lutter contre la présence des travailleuses de sexe. Il s’agit, dit-elle, de faire un contrôle régulier des bars et auberges et autres lieux de fréquentation des travailleuses de sexe. La Badienou Gokh demande également aux populations de Ziguinchor de dénoncer tout comportement qui peut porter atteinte à l’image de la région. Selon elle, la pratique du travail de sexe par des ressortissantes de la région, peut consituer un influence négative.
EXERCICE LEGAL DE LA PROSTITUTION : 274 personnes régulièrement suivies par les services sanitaires
Pour effectuer le travail de sexe légalement, il faut un carnet de santé délivré par les autorités médicales et faire la visite régulièrement. Pour le moment, informe l’infirmière chef du poste de santé, Angélique Bassène, 274 personnes sont régulièrement suivies dans toute la région. Colette Senghor est le centre de santé de référence pour traiter les infections sexuellement transmissibles (Ist) à Ziguinchor. Les lieux de consultation ne sont pas différenciés pour éviter la stigmatisation des travailleuses de sexe. Angélique Bassène signale qu’il y a aussi des centres de consultation secondaire au Cap Skiring, à Kafountine, à Bignona, à Abéné et à Elinkine.
LE PAIEMENT DES FRAIS MEDICAUX FAIT FUIR LES CLANDESTINES
Le problème dans la prise en charge sanitaire des travailleuses de sexe, c’est au niveau de celles qui exercent dans la clandestinité. Elles ne se présentent pas au niveau des services sanitaires pour diverses raisons. La peur d’être connue comme travailleuse de sexe, mais aussi il ya l’absence de moyens pour prendre en charge les frais médicaux. Dans la passé, explique Angélique Bassène, des médicaments étaient donnés par Enda gratuitement, à travers le Fonds mondial, à tout membre de la cible soufrant de maladie sexuellement transmissible qui n’a pas de quoi acheter des médicaments.
Mieux, il y avait aussi des cliniques mobiles pour consulter les clandestines. Mais, regrette-t-elle depuis l’arrêt de ce projet, certaines travailleuses de sexe qui opérent dans la clandestinité n’ont plus accés aux soins. Une difficulté que vivent aussi les ressortissantes étrangéres.
Les oficielles, elles, sont obligées de faire un suivi régulier des visites. Or, précise l’infirmière chef de poste, l’inscription pour le carnet de santé et volontaire. En conséquence, les professionnels du sexe ne sont pas forcés à ouvrir des dossiers. La cause de cette clandestinité, soutient Angélique Basséne, c’est que certaines ignorent ce qui est prévu par la loi, d’autres, par contre, estiment que si elles ont des carnets, leur travail sera connu. Il y a aussi les inaptes à pratiquer le travail de sexe. Ce sont les jeunes filles âgées de moins de 21 ans.
La présence de filles étrangères dans l’exercice de la prostitution est connue des services de santé. «Les étrangères travailleuses de sexe sont principalement des Bissau-guinéennes, des Guinéennes de Conakry, des Gambiennes, des Libériennes, des Sierra Léonaises…» Cependant, précise Angélique Bassène, cette année est marquée par la présence massive de Nigérianes. «Au temps, c’était les Bissau-guinéennes, mais actuellement, les nigérianes sont beaucoup plus nombreuses, pour cette année 2019».
Pour l’infirmière chef de poste de Colette Senghor, certaines pratiquent le travail de sexe jusqu’à l’âge de 60 ans, mais les 21 - 30 ans sont beaucoup plus nombreuses dans l’exercice du métier. Les moins de 21 ans, elles, ne fréquentent pas le centre de santé, car elles exercent dans la clandestinité. La requérante du carnet sanitaire, s’elle est d’origine sénégalais, doit déposer 2 (deux) copies de pièces d’identité nationale plus 4 photos. Des documents auxquels il doit joindre un agreement du formulaire de consentement et des analyses médicales. Les étrangères devront, à la place de la carte d’identité nationale, joindre une copie de leurs passeports.
DES ETUDIANTES SE PROSTITUENT POUR... VIVRE
Des étudiantes venues de la sous-région s’adonnent à la prostitution pour vivre, informe le point focal VIH de la région médicale de Ziguinchor, Maïmouna Gueye Tall. «Actuellement, il y a des étudiantes qui ont des besoins existentiels. Elles n’ont pas de bourse et se prostituent pour satisfaire leurs besoins».
Parlant toujours de la prostitution, Maïmouna Gueye Tall, précise que les étrangères ne sont pas les seules dans le métier et à l’exercer dans la clandestinité. «De manière générale, les travailleuses de sexe, il n’y pas d’âge. Mais il y a beaucoup de jeunes. Et, parlant de la clandestinité, c’est plus les originaires de la région. Une personne avec multi rapports sexuels, c’est de la prostitution clandestine, même si elle n’est pas dans les campements et autres», explique-t-elle.
Il y a aussi des femmes mariées qui s’adonnent à cette activité clandestinement, ajoute-t-elle. «Elles ne peuvent pas avoir de cartes. On ne peut pas être mariée et se déclarer être une prostituée qui doit être suivie». Comme facteurs expliquant la prostitution, il y a la pauvreté dans la région, la présence d’activités telles que la pêche et le tourisme. Des activités qui font courir les travailleuses de sexe.
Par Maître Djibril War
LES BIENS LES PLUS PRÉCIEUX QUE NOUS AVONS EN COMMUN SONT LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Ainsi un décret, un arrêté comme celui du 20 juillet 2011 communément appelé arrêté Ousmane Ngom) peuvent parfaitement réglementer les manifestations sur la voie publique tout en les soumettant à certaines restrictions
L’actualité de ces derniers jours a été marquée , entre autres par les événements survenus lors de tentatives de marche autorisée ou non des membres de différents mouvements , activistes et les incidents regrettables concernant des journalistes qui auraient été malmenés par des éléments des forces de l’ordre. Il est bon de rappeler au demeurant qu’ils poursuivent tous des missions de service public : les journalistes ayant la mission d’informer les citoyens, les agents des forces de l’ordre chargés d’assurer l’ordre public et de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens. La presse jouera un rôle déterminant dans la pacification de l’espace politique et social en informant juste, et en veillant surtout à son rôle d’avant garde dans la diffusion de l’information. S’agissant du droit et la liberté de manifester, ils sont tous garantis par la Constitution. Mais ils s’exercent dans les conditions prévues par la loi (art 8 et 14 de la Constitution). Il en découle que cette liberté peut faire l’objet de restriction, mais qu’elle doit être justifiée et qu’elle procède au moins indirectement d’une habilitation législative.
Ainsi un décret, un arrêté comme celui du 20 juillet 2011 communément appelé arrêté Ousmane Ngom) peuvent parfaitement réglementer les manifestations sur la voie publique tout en les soumettant à certaines restrictions, dès lors que les conditions d’exercice de ces libertés visent à trouver un équilibre entre la liberté d’organiser de telles manifestations et la sécurité des autres usagers. Ces droits et ces libertés sont d’égale dignité avec d’autres comme les libertés religieuses, le droit à la santé, le droit au travail. Ils se concilient à la nécessité de protéger la tranquillité publique et la préservation de l’ordre public. C’est la position aujourd’hui des juridictions nationales et internationales, notamment le Conseil d’Etat français et la Cour Européenne des Droits de l’homme. Le droit et la liberté de manifestation, garantis par la Constitution ne sauraient justifier l’argument et servir de prétexte conforté en cela hélas par certains juristes pour brandir: « Autorisation ou pas, nous allons faire notre marche, la constitution étant supérieure à la loi, au décret et à l’arrêté du préfet ». Avec les menaces de toutes sortes et les regains de violence des bandes armées criminelles, terroristes dans le monde, la notion de droit individuel aujourd’hui, de plus en plus laisse la place à la notion de « l’intérêt national de sécurité publique ». Il s’y ajoute que ces manifestations peuvent, en raison du lieu et du moment compromettre le droit et la liberté d’autres citoyens de vaquer à leurs occupations comme d’aller travailler, de faire leur activités commerciales. Il en est aussi de même du droit de s’acquitter de ses devoirs religieux comme aller à la prière du vendredi ( Salãt- Al- Jum’ ah) meilleur jour de la semaine chez les musulmans, jour férié même dans certains pays musulmans, et la messe pour la paisible communauté chrétienne. Les citoyens sont tous égaux en droit devant la loi.
Que se passerait-il alors si au moment même où ces marches et manifestations se déroulaient, des fidèles défendaient avec force leur droit constitutionnel d’accomplir dans la quiétude et la sérénité leurs devoirs religieux , le vendredi dans les mosquées jouxtant la Place de l’Obélisque comme la Grande Mosquée Massalikoul Djinâne , celle de la Grande Mosquée de Dakar en face de la maison de la RTS, la Zawiya Elhadji Malick Sy qui avait reçu des grenades en Février 2012 et la Messe du vendredi à la Cathédrale, où avait été cueilli le leader Jean Paul Diaz ? Qui va rembourser les commerçants qui ont pignon sur rue et les vendeurs ambulants de ces journées de mévente, victimes d’actes de destruction ou de vol de leurs marchandises, si ce n’est l’État ou les mairies ? Une proposition de loi visant à interdire les marches et les manifestations aux abords des lieux de cultes certains jours et à certaines heures serait la bienvenue. Avec l’évolution des nouveaux instruments d’information et de communication, les TIC , les réseaux sociaux, le lieu importe peu , sauf à vouloir récupérer les mouvements de foules de citoyens n’ayant rien à voir avec la marche , ou à mettre dans la escarcelle de leur bourse démunie en terme de mobilisation, pour donner une apparence de grande réussite, au moment des évaluations.
Voulait on alors déplacer la Place Tahrir, Sidi Bouzid ou le Centre d’Alger, Printemps Arabe oblige vers la Place de l’Indépendance pour l’avènement d’un “ Harmattan Sahélien” comme le proclament certains, dénonçant avec colère “ le manque de courage des sénégalais qui ne sortent jamais comme c’est le cas dans certains pays “? Nous avons bien suivi ces dernières semaines les marches et manifestations autorisées ou non des mouvements Frapp- France - Dégage , Aar Linu Bokk, Nio Lank Nio Bagne à Dakar et dans les régions, suivies d’interpellations , d’arrestations et de mise en détention de personnes, notamment certains de leurs leaders , suite à l’augmentation du prix de l’électricité. L’on peut bien comprendre leur mécontentement et celui de nombreux citoyens malgré les explications de la direction de la Senelec et celles de la Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité. Mais force est de reconnaître que les bonnes et patriotiques intentions de ces acteurs en vue de corriger et rétablir l’injustice causée à leurs concitoyens avancent des arguments qui résisteraient difficilement à des analyses sérieuses. D’abord, tous les sénégalais, compte tenu de leurs revenus ne disposent pas, il faut oser le dire de la même capacité financière pour satisfaire leur besoin en électricité. Sinon qu’ont ils alors prévu pour les citoyens qui ne disposent pas du pouvoir financier de s’abonner même à la Senelec pour disposer du minimum d’accès à l’électricité? Logique pour logique, pourquoi ne dénoncent ils pas alors la différence du coût de l’essence ou du gasoil comme d’autres denrées selon que l’on se trouve à Dakar ou à l’intérieur du pays?
Comble d’hérésie, comment peut-on lier les avantages bien mérités accordés aux employés d’une entreprise commerciale performante qui donne des résultats satisfaisants avec de gros bénéfices à l’augmentation du prix de l’électricité? Ces altruistes, chevaliers de la cause du peuple devraient ils, au nom du sens très élevé de la justice sociale, dans leur combat contre la cherté de l’électricité laisser en rade leurs concitoyens qui vivent à l’intérieur du pays et qui ne disposent d’aucune commodité ? Ne sont ils pas aussi des sénégalais ? Ont ils connaissance des pénuries d’eau et des délestages d’électricité continus pendant des jours dans des grandes villes comme Johannesburg, Lagos et celles d’autres pays économiquement plus avancés où le coût de l’eau et de l’électricité est d’ailleurs plus élevé qu’au Sénégal? Le credo du Président Macky Sall est: Un Sénégal de l’Accès de l’Énergie Pour Tous, Partout et de manière équitable.
Concernant la mise en place du Comité de Pilotage du Dialogue National, tout en le saluant nous invitons les citoyens à préserver cet acquis. Aujourd’hui les sénégalais de tout bord doivent avoir un regard inquiet sur ce qui se passe dans d’autres pays comme le Mali, le Burkina, le Niger , le Cameroun , le Niger avec ces attaques meurtrières des terroristes. Au moment où la loi portant criminalisation du viol est en voie d’être adoptée par l’assemblée nationale, dans d’autres pays , c’est au quotidien que des africains vivent, impuissants le spectacle de filles mineures , femmes mariées , violées devant leurs proches , pour être transformées ensuite en esclaves sexuelles, taillables et corvéables à merci.
N’est il pas temps alors pour les militants de “Ar Lou gnou Bokk “et autres d’échanger leur dénomination contre « Ar Sou gnou Jamm ak Sou Niou Karangue » et s’atteler à sauvegarder la paix et la sécurité au Sénégal?
Il urge alors pour toutes les femmes, mères, épouses, de s’impliquer dans le dialogue de le faire descendre à la base à partir de leur foyer, leur quartier, en marge du Comité de pilotage. Comme elles ont à le faire par le passé pour l’adoption de la loi sur la Parité, elles devraient impliquer tout le monde, y compris les épouses des hommes membres de l’opposition. En compagnie de l’épouse du Chef de l’Etat, la Première Dame , Marième Faye Sall, elles iront rendre visite au Président Abdoulaye Wade et tous les responsables de l’opposition pour s’asseoir autour d’une table discuter d’autres sujets, comme l’insécurité, les règles de prudence à prescrire , le drame des voyages clandestins des jeunes sénégalais, financés par les parents , les violences faites aux femmes et les nombreux accidents provoqués par des chauffeurs irresponsables . Dans cette noble mission , elles devraient rappeler aux parents de dire à leurs enfants , élèves ou étudiants que les agents des forces de l’ordre sont des citoyens à part entière, des pères et des mères de famille qui méritent respect et obéissance. Qu’ils devraient bien se garder de les défier, de les braver, encore moins d’incendier, de détruire les biens publics pour revendiquer leurs droits.
Maître Djibril War,
Député à l’Assemblée Nationale et au Parlement Panafricain,
Président de la Commission des Lois, des Règlements, de la Discipline au Parlement Panafricain