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21 juillet 2025
par Cheikh Oumar Sow
RÉPONSE À AYMEROU GNINGUE
Alors comme ça, vous le big boss des députés du BBY de Macky Sall avez décidé de répondre à la Questekki de Mamadou Lamine Diallo après la 170ème question
Alors comme ça, vous le big boss des députés du BBY de Macky Sall avez décidé de répondre à la Questekki de MLD après la 170ème question.
Je dois vous l’avouer, en voyant le titre et votre nom en tant qu'auteur, c’était avec beaucoup d’intérêt que je me suis apprêté à lire votre texte. Hélas dès les premières lignes je me suis rendu compte que vous n’êtes pas l’exception qui fait la règle. Vous êtes aussi faible que le reste de l’élite de l'APR. Une élite qui n’a qu'invective et insulte à la bouche, chez qui le débat politique se réduit aux mensonges et attaques ad hominem et ad personam. Mais rien de surprenant car qui se ressemble, s’assemble. Honorable, sachez que, nous à Tekki, nous ne sommes jamais dans de tels débats.
Honorable, vous le grand diplômé en pétrole dans le pays de Franck Timis, dites-moi, ne vous y ont-ils jamais enseigné les techniques de rédaction de texte ?
Votre texte, quelle incongruité, pardon quelle incohérence je veux dire. Comment pouvez-vous vous permettre d’annoncer dans le texte le contraire de ce que vous y relatez ? S’il ne s’agit pas que d’un moment passager d’incongruités, faites le moi savoir, je vous proposerai les services d’un ami pour vous permettre de combler vos lacunes dans la langue de Molière. Bref, je m’égare et comme je ne veux pas tomber dans votre incohérence, je reviens à notre sujet à savoir l’endettement et le débat économique engagé par MLD. Pour précision, Questekki = Question économique de la Semaine de Tekki, (féminin et non masculin telle que vous l’avez laissez l'apparaitre dans votre texte)
Honorable, on dit souvent qu’il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Depuis 02 ans, tous les économistes indépendants dénoncent et mettent en garde contre cet endettement frénétique du régime de Macky Sall. Du Pr. Babou au Dr. Bamba Diagne, tous sont d’accords que notre pays s’endette beaucoup et très mal. MLD, homme politique, économiste et ingénieur polytechnicien de formation a toujours dénoncé ce mauvais endettement, s’il en remet une couche aujourd’hui, c’est que cet endettement a atteint des proportions inquiétantes. Vous narguez le peuple en disant que la dette est à 55% de notre PIB, bien en dessous de la limite de 70% fixée par l'UEMOA. Dites honorable, savez-vous comment est calculé cette limite de 70%, connaissez-vous les paramètres et variables de ce résultat ? Évidemment non. N’est pas Économiste-Ingénieur X-mines de Paris qui veut. A moins que vous estimiez que votre séjour roumain suivi de votre passage au CESAG vous confère ce droit. Car avec vous, on ne sait jamais. Bon encore une fois, je m’éloigne de notre suite et je tombe dans votre piège d’incohérence, pardon d’incongruité. A présent parlons de votre fameuse croissance de 6% structurel stabilisé. J’ai envie de vous dire si et seulement si le ridicule tue encore dans ce pays ? Comment pouvez-vous avoir encore et encore l’audace et la décence de nous tympaniser avec un taux de croissance qui asphyxie le peuple. Dites-moi honorable, vous le grand ingénieur pétrolier roumain, pourquoi diable ce si grand taux de croissance met-il nos entrepreneurs en faillite ? Pourquoi est-il incapable de créer de l’emploi pour les jeunes ? Pourquoi fait-il augmenter le nombre de pauvres dans notre pays ? Je suis tenté de vous répondre par la célèbre formule du Pr. ivoirien Mamadou Koulibaly : « La croissance arrive en hélicoptère et repart en jet privé », mais bon je vous laisse fanfaronner avec votre fantasmatique taux de croissance. Honorable, sachez que quel que soit la durée de la nuit, le soleil finira par se lever. Le réveil du peuple est inéluctable.
Honorable, voilà trois bonnes années, chaque semaine, MLD partage avec le peuple la Questekki dans lequel les questions d’enjeux nationaux et régionaux sont évoquées. De votre camp (BBY), des énergumènes sortent de temps en temps de leur trou pour lui adresser des insanités similaires à celles que vous avez débitées dans votre texte. Et comme je vous l’ai dit, si cela est une valeur cardinale dans votre famille de politiciens prédateurs, à Tekki, cela est contraire à nos valeurs. Néanmoins, nous n’acceptons de personne et surtout de vous de s’attaquer à d’honnêtes citoyens qui sont au service du peuple. Honorable, vous devez le savoir, MLD n’a rien à envier à qui que ce soit dans ce pays. Il n’a pas eu besoin de décret pour se faire un nom, de la Banque Mondiale à l'Union Africaine en passant par la BCEAO et le cabinet du Premier ministre, il a su être l’homme des enjeux. Ni nihiliste, ni obnubilé par le pouvoir, MLD est cet africain convaincu que notre continent est à la croisée des chemins et seule une Afrique responsable pourra relever le défi du développement. Et c’est le sens de son combat politique et de son action citoyenne. Il n’est en aucun cas comparable à votre général mexicain, le lion dormeur. Celui qui a perdu son honneur et sa dignité pour l’accaparement du pouvoir, ce n’est pas Ibrahima Sene qui me démentira. Alors cher Aymerou Gningue, vous le militant de la 24ème heure, après avoir été l’homme de paille de la dynastie FayeSall, vous voilà devenu leur nouveau chien de garde. Mais comme dit le célèbre chanteur Alpha Blondy, « le chien aboie (…), la caravane passe ». Alors, souffrez mon cher, mal gré bon gré les Questekki continueront. Sachez que le Tekki n’est pas une personne mais une idéologie, un état d’esprit, le pire cauchemar des prédateurs.
Cheikh Oumar Sow, Tekki France
LE CESE, PARENT PAUVRE DES INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE ?
Alors que leurs homologues de l’Assemblée nationale, du Haut conseil des collectivités territoriales, entre autres, roulent dans de jolies bagnoles, les membres du Conseil économique, social et environnemental, eux, s’entassent dans le système covoiturage
Alors que leurs homologues de l’Assemblée nationale, du Haut conseil des collectivités territoriales, entre autres, roulent dans de jolies bagnoles, les membres du Conseil économique, social et environnemental, eux, s’entassent dans le système covoiturage ou les taxis. Résultat : les retards sont devenus monnaie courante dans cette institution gérée par Aminata Touré, réputée pourtant être une dame très stricte. Dans cette institution, les rencontres ne se tiennent jamais à l’heure indiquée. Le témoignage de cette conseillère est simplement pathétique. Elle déclare : “La situation est très difficile. En venant, j’ai pris un taxi parce que je n’ai pas de voiture. A hauteur de l’université Cheikh Anta Diop, le taximan m’a sommée de descendre parce qu’il avait oublié qu’il avait un rendez-vous à satisfaire. J’étais déboussolée avant de trouver une autre voiture.’’
Comme si cela avait réveillé une vieille amertume chez les poulains d’Aminata Touré, le président de séance, El Hadj Ibrahima Mbow, lance un appel à l’endroit du président de la République : “Je profite de cette occasion pour lancer encore un appel au président de la République pour faciliter aux conseils le déplacement. L’Etat doit faire des efforts pour aider les conseils qui sont en train de faire un travail formidable, magnifié par toute la population.’’
Convoqué à 8 h 30 mn hier, le panel qui s’intéressait à la sécurité routière n’a pu démarrer qu’après 10 h, au grand dam des journalistes. Ironie de l’histoire, il était question de civisme et de sécurité routière.
PAR ASSANE MBAYE
DILATOIRE AU SOMMET
Depuis 1984, les élections municipales n’ont jamais été tenues à date échue. Provoqué et calculé, le report abusif des Locales permet au président de régenter l’horloge électorale
Le flou total entretenu par le chef de l’Etat sur la tenue des prochaines locales, procède d’un dilatoire sur fond de calculs purement politiciens visant tout simplement à régenter l’horloge électorale et républicaine. Ceci, avec la complicité de la classe politique et même de l’opposition sénégalaise engagée dans un interminable dialogue dit politique.
La sortie, avant-hier, de la société civile sénégalaise sur le flou qui entoure la tenue des prochaines joutes électorales, aura eu le don de sortir le gouvernement de son inertie voulue sur la question. Dans une note lapidaire signée par le ministre de l’Intérieur et largement médiatisée d’ailleurs, Aly Ngouille rend public l’amendement du gouvernement fait sur le projet de loi portant report des élections locales du 1er décembre 2019 et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. L’amendement en question veut ainsi que les élections départementales et municipales prévues le 1er décembre 2019, soient reportées pour être tenues au plus tard le 28 mars 2021.
La tradition du report des Locales
Le dérèglement du calendrier électoral sénégalais ne date pas de l’ère Macky Sall. Depuis 1984, les élec- tions municipales n’ont jamais été tenues à date échue. Que ce soit sous Abdou Diouf, sous Abdoulaye Wade ou sous Macky Sall. Elles ont toujours fait objet de report et, le plus souvent, sur fond de calculs purement politiciens. Mais le phénomène s’est aggravé sous le règne du président Macky Sall. En moins d’un an, les élections départementales et municipales ont été reportées à deux reprises.
Initialement prévues le 23 juin 2019, elles ont été décalées au 1er décembre 2019, avant d’être repoussées, jusqu’à hier, sine die, sous le regard impuissant et parfois complice de la classe politique et même d’une partie importante de l’opposition sénégalaise.
Selon la société civile sénégalaise qui a produit un mémorandum assez fouillé sur la question, l’histoire des reports des élections locales débouche sur un panorama normatif morcelé. “Si le cadre légal s’affirme comme le lieu adéquat de décision pour légitimer les reports, pour autant, il se prête mal à la détermination d’un système démocratique garant du droit de suffrage et de la libre administration des collectivités territoriales’’.
Elle note ainsi que, depuis 35 ans, le calendrier électoral sénégalais n’a pas cessé d’être modifié. Pour preuve, elle souligne qu’en 1984, les élections locales n’ont pas été organisées à la date initialement prévue. Elles ont été reportées qu’après la généralisation des communes de plein exercice. C’est le même phénomène que l’on observe après 1984. Ainsi, les élections qui devaient se tenir en 1995 furent reportées d’un an, à cause de la politique de régionalisation enclenchée. La même logique fut poursuivie après 1996 où les élections devaient se tenir en 2001, mais reportées d’un an, du fait de l’accession du président Abdoulaye Wade à la tête du pouvoir, ainsi que son désir d’expérimenter la provincialisation comme nouvelle forme de décentralisation. Ce qui justifia la tenue des élections en 2002.
Cette pratique récurrente du report des élections va se poursuivre jusqu’en 2007 où les élections initialement prévues la même année furent reportées deux fois, en 2008 puis en 2009, à cause des contestations post-électorales de l’élection présidentielle de 2007 et le boycott des législatives par l’opposition. Après 2009, les élections furent tenues en 2014, même si un report fut décidé pour une durée de 3 mois. En 2019, dans un contexte quasi-similaire, il y a eu un premier report en décembre 2019, puis un deuxième report sans précédent, puisque non encadré.
Contrairement à toutes ces lois portant report des élections, la situation est un peu particulière, pour cette fois. Car, relève la société civile sénégalaise, le projet de loi n°15/ 2019 portant report des élections prévues le 1er décembre 2019 et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux qui doit être soumis à l’Assemblée nationale, ne prévoit pas de date fixe pour l’organisation des prochaines élections locales. La conséquence qui en découle, selon elle, est que ce projet de loi est en totale contradiction avec les dispositions des articles L.232 et L.266 du Code électoral auxquelles il fait référence.
En effet, en vertu de l’article L.232 de la Loi n° 2017-12 du 18 janvier 2017 portant Code électoral, “les conseillers départementaux sont élus pour 5 ans. Sauf cas de dissolution, les élections départementales ont lieu dans les 30 jours qui précèdent l’expiration de la cinquième année après la date du dernier scrutin de renouvellement général des conseillers départementaux’’. Dans la même dynamique, l’article L.266 du même code précise que “les conseillers municipaux sont élus pour 5 ans. Sauf cas de dissolution, les élections municipales ont lieu dans les 30 jours qui précèdent l’ex- piration de la cinquième année après la date du dernier scrutin de renouvellement général des conseillers municipaux’’.
Dilatoire du président Macky Sall
Dans un contexte d’incertitude et de flou total sur le calendrier républicain, un troisième report des élections municipales et départementales n’est pas à écarter. Puisque l’amendement fait par le gouvernement, dans ce sens, n’a pas été aussi explicite qu’il en a l’air. Au contraire, elle participe plus à entretenir l’incertitude des acteurs, étant donné qu’il ne définit jusqu’ici aucune date exacte pour la tenue de ces joutes électorales. Cette situation est inédite dans l’histoire politique du pays.
Loin d’être un concours de circonstances, le report abusif des élections locales est toujours une situation provoquée et calculée par le régime. Dans le cas précis du président Macky Sall, le message est assez clair. Organiser ces joutes dans un contexte national sur fond de contestation politique de sa légitimité et surtout marqué par le scandale Petro-Tim remis au goût du jour par une enquête de la chaine britannique Bbc intitulée “Scandale à 10 milliards’’ impliquant le frère du président de la République, Aliou Sall, serait plus que suicidaire pour le régime de Macky Sall. Il fallait donc, pour le chef de l’Etat, trouver des astuces pour repousser au plus loin possible la tenue de ces élections.
Dans ce dessein, le président Sall a inventé une trouvaille toute faite, englobée dans un dialogue dit national dans lequel il a réussi à enrober tout le monde, même le Parti démocratique sénégalais et ses alliés du Front de résistance nationale qui avaient opté, dans un premier temps, pour le boycott.
Dans l’histoire politique du pays, c’est la première fois qu’un dialogue politique dure autant de temps. Le plus cocasse dans ces concertations, c’est que 90 % des questions qui y sont discutées, depuis le démarrage des travaux le 31 mai dernier, ont été réglées lors des concertations préélectorales de 2017. Démarré le 31 mai 2019, le dialogue politique en est aujourd’hui à sa 34e session. Ce dialogue, le plus long depuis les années 1990, selon le président de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé, est sûrement le plus mal structuré jusqu’ici. Puisque tous les consensus qui y seront trouvés attendront tranquillement dans les tiroirs du ministère de l’Intérieur.
En effet, pendant que le volet politique du dialogue bat son plein, le président du Comité de pilotage du dialogue national attend toujours d’être installé dans ses fonctions. Nommé le 1er mai dernier, Famara Ibrahima Sagna n’a jusqu’ici aucune marge de manœuvre lui permettant de prendre une quelconque décision ou de jouer pleinement son rôle. Le président de la République, qui doit l’installer dans ses fonctions de président du comité de pilotage du dialogue national, prend toujours son temps, six mois après l’avoir nommé. Résultats des courses : “Des décisions ont déjà été actées par la commission cellulaire, mais le dialogue national qui doit les matérialiser, n’existe pas encore.’’
C’est, en effet, le dialogue national qui doit prendre en charge l’audit du fichier électoral revendiqué par l’opposition et acté par le dialogue politique. Même si un consensus a été trouvé sur la question, rien ne peut se faire allant dans le sens de le matérialiser, tant que le comité de pilotage n’est pas fonctionnel. Mais cette situation de blocage ne semble guère déranger le chef de l’Etat qui, il faut le rappeler, au fur à mesure que cette situation d’incertitude persiste, gagne du temps.
Arrivera ainsi un moment où les délais seront très courts et où toute la classe politique sénégalaise sera mise devant le fait accompli. Il sera alors obligé d’organiser les Locales et de reporter les Législatives de 2022 qu’il peut même coupler avec la présidentielle de 2024.
La subtilité, dans cette affaire, c’est que le président de la République, qui entretient également le flou sur un éventuel troisième mandat, ne veut pas prendre le risque de perdre l’Assemblée nationale durant son magistère. Son régime est englué dans les scandales notés depuis le début de son deuxième mandat.
Opposition complice
Dans cette situation pas du tout aisée, l’opposition n’est pas indemne de reproche. Soit elle est complice de cette situation créée par le président Macky Sall, soit elle est en train, impuissamment, de laisser faire. Quoi qu’il en soit, le report des élections locales ne semble point lui déplaire. Tout au contraire, il semble faire son affaire. Puisqu’au sortir de la présidentielle du 24 février 2019, bon nombre des partis d’opposition se sont trouvés complètement désargentés et anéantis. La plupart d’entre eux n’ont jusqu’ici pas les moyens financiers d’engager de nouvelles batailles politiques.
Ceci pourrait expliquer la raison pour laquelle ils n’ont pas poursuivi le bras de fer engagé, dès le début, contre l’Etat, pour le respect du calendrier républicain. Tous ou presque tous se sont rangés. Aucun son discordant ne s’échappe du côté de l’opposition, pour s’insurger contre le report des élections locales.
LA PRESSE ENJOINT DE RESPECTER LA RÉGLÉMENTATION SUR L'INTERDICTION DE LA PUBLICITÉ DES PRODUITS DE DÉPIGMENTATION
Le CNRA appelle les éditeurs audiovisuels à prendre "les mesures appropriées" pour arrêter la diffusion de messages publicitaires concernant des produits interdits, ceux servant à la dépigmentation surtout
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) appelle les éditeurs audiovisuels à prendre "les mesures appropriées" pour arrêter la diffusion de messages publicitaires concernant des produits interdits, ceux servant à la dépigmentation surtout.
Dans un communiqué parvenu mercredi à l’APS, le CNRA "appelle les éditeurs audiovisuels à prendre les mesures appropriées pour ne pas diffuser des messages publicitaires concernant les produits dont la publicité ou la promotion fait l’objet d’une interdiction législative ou règlementaire ou à mettre un terme définitif à de pareils manquements".
Il rappelle que la diffusion, par les médias audiovisuels (radios et télévisions), de messages publicitaires relatifs aux produits de dépigmentation, est interdite par la loi.
De même signale-t-il à ce sujet que "l’entité titulaire d’une autorisation de diffusion de programmes radio est responsable du contenu des émissions qu’elle diffuse".
Le régulateur, citant l’article du Code de la presse relatif à ce sujet, ajoute que la violation de ce texte "explique les observations envoyées par le CNRA aux radios et télévisions pour l’arrêt de la diffusion de tous les messages publicitaires relatifs aux produits de dépigmentation’’.
L’organe de régulation invite aussi ‘’les éditeurs qui n’ont pas encore signé des contrats de sponsoring ou autres à refuser toute offre de publicité relative à ces produits’’.
par Amadou Tidiane Wone
LA STRATÉGIE DU LANGAGE À DOUBLE FOND
Le dialogue entre dans le cadre d’une anesthésie générale avant une opération chirurgicale qui va désarticuler l’opposition et ouvrir la voie à la troisième candidature. Le bouleversement du calendrier électoral est un avant-goût
Le président Macky Sall a bien tiré les leçons de son premier mandat. Emporté par l’excitation de la campagne d’entre les deux tours en 2012, et sous l’euphorie des premiers mois de son accession à la magistrature suprême, il s’était laissé aller à plusieurs déclarations, hasardeuses et contradictoires, au sujet du mandat présidentiel. On lui a suffisamment rappelé lesquelles, avec les archives sonores et visuelles désormais à la portée de tout le monde. On ne l’y reprendra plus. Ni lui ni quelqu’un des siens ! Les mesures récentes prises à l’encontre de quelques téméraires qui ont abordé le sujet brûlant du troisième mandat sont édifiantes à cet égard.
En réalité, la question qui fâche est sans objet pour peu qu’elle soit mieux posée. La Constitution du Sénégal, en son article 27 dispose en effet :
« La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. »
Le président Macky Sall nous a récemment rappelé que la Constitution sénégalaise était rédigée en français ( !) Bien fait pour les 70% de sénégalais qui ne parlent ni ne lisent dans cette langue. Traduisons quand même pour les malentendants qui restent :
Le président Macky Sall a effectué un premier mandat de sept ans. Dans son esprit, comme dans celui des rédacteurs de sa Constitution, sept ne veut pas dire cinq… en bon français en tous cas ! Donc, ce mandat-là ne fait pas partie du décompte. J’attends d’être démenti. Autrement dit, le mandat en cours est son premier mandat de cinq ans. Il pourra, si le cœur lui en dit, se présenter pour un second mandat de cinq ans. La question juridique est donc sans objet.
Il reste la question politique : celle de la troisième candidature. Celle-ci interpelle toute la classe politique, du pouvoir comme de l’opposition, mais surtout et en dernier ressort le peuple qui choisit ceux qui doivent conduire ses affaires. A tous de se demander si le bilan du président Macky Sall à la tête du Sénégal est si élogieux que personne ne puisse lui refuser un nouveau bail ? Du côté du pouvoir, n’y aurait-il personne qui se sente, digne et capable, de prétendre à la succession du président Macky Sall ? Et d’abord, une question préjudicielle : était-il dans l’esprit du référendum, après les batailles de principe de l’année 2011 sur l’idée d’un troisième mandat, de piéger les électeurs dans un article à double fond taillé sur mesure pour le président Macky Sall ? Il appartient au peuple sénégalais de trancher la question et de se mobiliser pour dire son fait aux uns et aux autres. Car en effet, on peut être candidat et perdre ! Le « troisième mandat » est hors du champ de la volonté humaine. Il suffit de demander aux deux prédécesseurs du président Sall...
Au lieu donc de spéculer sur la mauvaise question du « troisième mandat » qui ne dépend, en principe que de la volonté du peuple sénégalais, l’opposition gagnerait à être vigilante sur les voies et moyens de sécuriser le processus électoral de bout en bout. Et d’abord tirer les leçons du dernier scrutin présidentiel, analyser les pièges du système du parrainage, se préparer en conséquence par la formation des personnels qui auront en charge toutes les opérations électorales. Je proposais la mise sur pied d’un état-major de crise aux différentes composantes de l’opposition, entre autres pour mutualiser les informations et préparer les prochaines échéances en se donnant les moyens d’anticiper les mauvais coups de l’adversaire. Parce qu’il semble désormais établi que la politique est devenu l’art de la tromperie et de la manipulation, et que les élections peuvent être programmées pour favoriser un candidat au pouvoir ! Il est temps que les leaders de l’opposition se consacrent à la sécurisation de notre système électoral afin que seule la volonté du peuple souverain sorte des urnes. Ce travail profitera à tous et ne devrait pas être l’objet de rivalités. Bien au contraire, des synergies inattendues pourraient naitre d’une meilleure identification des compétences et des tempéraments des uns et des autres. Dans les deux prochaines années, telles me semblent être les tâches prioritaires. Car, et je suis au regret de le dire, les suites du « dialogue politique » tel qu’il est engagé ne me semblent pas prometteuses. J’ai même le sentiment que cela entre dans le cadre d’une anesthésie générale avant une opération chirurgicale qui va désarticuler l’opposition et ouvrir la voie à la troisième candidature. Eh ! Oui ! La stratégie du langage à double fond nous invite à toujours nous attendre au pire. Le bouleversement du calendrier électoral nous en offre un avant-goût…
ALBERT TÉVOÉDJRÈ EST DÉCÉDÉ
Éminente figure intellectuelle béninoise, fin politicien, celui que l'on surnommait « le renard Djrègbè » fut notamment l'un des artisans de la transition démocratique
Jeune Afrique |
Fiacre Vidjingninou et Matthieu Millecamps |
Publication 06/11/2019
Albert Tévoédjrè est décédé ce mardi 6 novembre à Port-Novo à l'âge de 90 ans. Éminente figure intellectuelle béninoise, fin politicien, celui que l'on surnommait « le renard Djrègbè » fut notamment l'un des artisans de la transition démocratique.
Il était à la fois professeur, intellectuel et homme politique. Il était aussi homme de médiation. Auteur de nombreux livres, dont les plus remarqués furent L’Afrique Revoltée, publié en 1958, et La Pauvreté, richesse des peuples, en 1978, ouvrages cultes dans les milieux tiers-mondistes en Afrique, Albert Tévoédjrè est décédé ce mardi 6 novembre dans une clinique de Porto-Novo.
Celui que l’on surnommait le « renard Djrègbè », sa bourgade d’origine, proche de Porto-Novo, avait aussi joué un rôle central lors de la conférence nationale souveraine du Bénin, qui fut le premier acte de la transition démocratique du pays.
Les années militantes
Né le 10 novembre 1929 dans une famille de sept enfants à Porto-Novo, dans ce que l’on appelait alors le Dahomey, Albert Tévoédjrè suit une formation dans les établissements catholiques. C’est à Dakar qu’il fera ses années de lycée, avant de partir pour la France où il suit des études de Lettres et d’Histoire à l’université.
Membre de l’Union des étudiants catholiques africains (UECA) et de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) – il sera notamment l’une des plumes de l’Étudiant d’Afrique noire, la revue de la Fédération – Albert Tévoédjrè s’implique dans les mouvements indépendantistes et panafricains. Et n’échappe pas, alors, aux démêlés avec la police française. C’est à cette époque qu’il rédigera L’Afrique révoltée (Éditions Présence africaine), ouvrage qui deviendra rapidement une référence pour toute une génération de jeunes intellectuels et activistes engagés dans la lutte anti-coloniale.
De retour au Dahomey en 1959, il s’engage en politique au sein du Rassemblement démocratique dahoméen (RDD). Sous l’ère d’Hubert Maga, son ascension est alors très rapide. Secrétaire général de la présidence, il deviendra bientôt secrétaire d’Etat à la présidence chargé de l’information.
Carrière internationale
En 1961, il entame sa carrière internationale en devenant secrétaire général de l’Union africaine et malgache. Il en sera cependant écarté deux ans plus tard, sur fond de dissensions avec Hubert Maga. Après une courte traversée du désert, il part aux États-Unis, à Harvard, où il intègre le Bureau international du travail (BIT), dont il devient le coordinateur régional pour l’Afrique en 1966, et directeur général adjoint en 1974.
C’est à cette époque qu’il développera le concept de minimum social commun et celui de contrat de solidarité, une nouvelle approche des relations Nord-Sud, qu’il exposera dans La Pauvreté, richesse des peuples. Alors qu’il évolue depuis dix ans dans l’ambiance feutrée et polie des institutions internationales, Albert Tévoédjrè signe là un brûlot anti-impérialiste, plaidant pour que les États africains reprennent leur souveraineté – économique et politique – confisquée par les anciennes puissances coloniales et les sociétés multinationales.
« Tévoédjrè ouvre la voie à un débat passionnant : celui qui explore les possibilités d’une libération négociée des pays dominés et de la transformation non capitaliste des sociétés autochtones africaines », écrit alors un certain Jean Ziegler, dans Le Monde diplomatique.
Au milieu des années 1980, il quitte le BIT pour fonder le Centre panafricain de prospective sociale (CPPS), qui se consacre à la recherche, à la formation et à la mise en œuvre de programmes en matière de développement socio-économique en Afrique.
Homme de médiation
Parallèlement, il reprend pied avec la scène politique béninoise, alors que les premiers signes de libéralisation commencent à poindre, au crépuscule du régime militaro-marxiste de Mathieu Kerekou. En 1990, il devient rapporteur de la conférence nationale des forces vives de la nation, qui débouchera sur le multipartisme.
Candidat à la présidentielle de mars 1991, il arrive en troisième position, derrière Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, qui prend alors le pouvoir. Après avoir participé, aux côtés de Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji, à la Convention nationale des forces du changement, il finit par se rallier à la candidature de Mathieu Kérékou à la présidentielle de 1996. Il deviendra ministre – au Plan et à la restructuration économique – de 1996 à 1999.
Proche notamment d’Aimé Césaire, il lui rendait alors un hommage appuyé, faisant le parallèle avec son propre parcours : « Il n’est pas uniquement fondateur du concept de négritude – avec Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas -, il a aussi réfléchi sur le phénomène du pouvoir et l’empreinte des puissants sur l’Histoire. Cinquante ans de vie publique ne sont pas parvenus à faire changer mes convictions. Je me suis engagé pour les indépendances africaines après avoir lu le Discours sur le colonialisme. Vous voyez, je retourne aux sources ».
Si ses activités de médiateur et son travail intellectuel l’ont un temps éloigné de son pays, il n’a jamais vraiment quitté la scène politique béninoise. En 2006, après avoir soutenu la candidature de Thomas Boni Yayi à la présidence, il fut nommé médiateur de la République.
Quelques mois après le début du second mandat de ce dernier, un débat sur une éventuelle réforme de la Constitution de 1990 faisait – déjà – rage au Bénin. « La Constitution de décembre 1990, confrontée à l’épreuve du temps et des intrigues politiques, a mis à nu un certain nombre d’insuffisances que reconnaissent les acteurs politiques et la société civile. Depuis Kérékou II, il était question de toiletter la Loi fondamentale. Mais, craignant une révision opportune à des fins de conservation du pouvoir, cette option a été écartée », expliquait-il alors à Jeune Afrique. Avant d’ajouter, immédiatement : « Mais il faut bien que le texte soit révisé un jour, et que quelqu’un en prenne l’initiative. »
LES FORCES ÉTRANGÈRES AU SAHEL DE PLUS EN PLUS CONTESTÉES
Des "forces d'occupation" qui pilleraient les ressources africaines comme au temps des colonies ? "Comment 20.000 soldats étrangers ne parviennent-ils pas à venir à bout de 3.000 terroristes ?"
Des "forces d'occupation" qui pilleraient les ressources africaines comme au temps des colonies ? Sous l'effet d'une guerre qui empire, les troupes étrangères au Sahel font face à un rejet apparemment grandissant chez les habitants du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Il faut entrer dans la cour intérieure d'un immeuble puis passer devant ses habitants avant de tomber sur un petit studio avec quatre micros qui attendent le débat qui va bientôt commencer.Bienvenue à la "Radio patriote", intimiste antenne antisystème qui émet de la capitale malienne, Bamako.
Chaque mardi soir, Ibrahima Kébé, de l'association Faso Kanu, a son émission de débats.Mi-octobre, c'était la présence des forces étrangères sur le sol malien qui était en question.
"Au nom du peuple français, les multinationales pillent nos ressources", lâche-t-il d’emblée en déroulant un narratif bien rôdé : "Il faut que le peuple français comprenne que la politique des dirigeants français sème la misère dans nos pays et pousse nos populations à émigrer chez vous".Les dirigeants de la région sont des "laquais nationaux aux ordres de Paris".
Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à demander le départ des 4.500 soldats de l'opération Barkhane déployés au Sahel, des 13.000 Casques bleus de la Minusma au Mali et d'autres partenaires présents, tous déployés au nom de la lutte antiterroriste et de la protection des civils.
Le 12 octobre, une cinquantaine de conteneurs de la Minusma ont été pillés dans le centre du Mali, alors qu'un millier de personnes se rassemblaient à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso voisin, contre les "forces d'occupation".
- "Ni rejetée, ni conspuée" -
Au Niger, plusieurs manifestations contre la présence étrangère ont eu lieu depuis le début de l'année.
Pour l'heure, cette contestation ne paraît pas coordonnée.Mais la critique est la même. "On ne voit pas le bien-fondé de ces bases, on ne voit pas de résultats sur le terrain", estime Maikoul Zodi, figure de la société civile nigérienne.
Face à une dégradation sécuritaire continue, notamment dans une large partie du Burkina Faso où les attaques sont désormais quotidiennes, "il y a une forme de fatigue et d'impatience", explique Ibrahim Maïga, chercheur à l'Institute for Security Studies."L'insécurité ne recule pas malgré de nombreuses annonces de moyens mis à disposition", ajoute-t-il.
La ministre française des Armées Florence Parly, qui vient d'entamer une tournée au Sahel, s'inscrit en faux."Certains tentent d'instrumentaliser un sentiment antifrançais afin de se positionner sur le terrain politique.Il ne faut rien généraliser sur ce sujet, la France n'est ni rejetée, ni conspuée, ce qui n'empêchera jamais les critiques à l'égard de notre action", assure-t-elle à l'AFP en tenant un langage de "détermination".
Un diplomate français à Bamako évoque une "incompréhension née de l'écart ressenti entre l'ampleur des moyens déployés et l'évolution sur le terrain".Le caractère asymétrique du conflit, a fortiori sur un territoire "vaste comme l'Europe", rend les résultats de Barkhane "moins visibles du grand public qu'en 2012", dit-il.
A l'époque, la menace était cantonnée dans le nord du Mali, et l'opération française Serval avait chassé les jihadistes des principales villes du Nord, suscitant l'adhésion populaire malienne et française.Serval a été remplacée en 2014 par Barkhane qui traque les jihadistes lors d'opérations ciblées au Sahel.
- Recette populiste -
On invoque aussi, côté français, le soutien peu ostensible apporté aux forces armées locales.
Mais, contredit Gabin Korbeogo, de l'Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) au Burkina, "leur seul et unique but est de protéger leurs intérêts stratégiques et de consolider leurs positions de domination dans la zone sahélienne".
"Comment 20.000 soldats étrangers ne parviennent-ils pas à venir à bout de 3.000 terroristes ?", renchérit Ibrahima Kébé, l'animateur de l'émission de Bamako.
Les gouvernants sahéliens, qui sollicitent l'aide internationale pour épauler leurs armées, sont entre le marteau et l'enclume: enclins à écouter leurs populations mais dépendants des partenaires.
Au Burkina, les autorités ont toujours été réticentes à demander de l'aide à la France, l'ancienne puissance coloniale qui y a multiplié les interventions militaires ces derniers mois.Un souci d'indépendance hérité de la présidence de Thomas Sankara (1983-1987), père de la révolution burkinabè, anticolonialiste et nationaliste, et dont le souvenir reste révéré au Burkina et dans les pays alentour.
"Les gens sont las de cette guerre", résume un diplomate africain dans la sous-région.Par ailleurs, "certains leaders prennent des faits et rajoutent des éléments complotistes traditionnels, et ça fait recette", juge-t-il.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
EL HADJ HAMIDOU KASSÉ, PAR-DELÀ BIEN ET MAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s’est forgé tant de vies en si peu de temps, qu’il paraît impossible de le juger sur la seule scène politique - Portrait d'un insaisissable dandy en politique - INVENTAIRE DES IDOLES
Philosophe, journaliste, communicant, peintre et poète, El Hadj Hamidou Kassé joue de ses nombreuses casquettes. Ancien directeur du quotidien gouvernemental Le Soleil, il est aujourd'hui un proche conseiller du président Macky Sall. Il nous accorde un long entretien stimulant à retrouver en intégralité sur elgas.fr sur son parcours et sa vision. Sans langue de bois. Portrait d'un insaisissable dandy en politique.
La tentation est grande pour parler de l’iconoclaste El Hadj Hamidou Kassé, de faire un détour par Friedrich Nietzsche et quelques titres de ses ouvrages. Ainsi pourrait-on parler pour qualifier sa bonhommie toute parée de goût pour la poésie et la peinture, du Gai savoir comme le symbole d’un hédonisme et d’une esthétique de la vie. Mais aussi, pour appréhender la complexité des êtres et éviter les jugements hâtifs et binaires, on pourrait songer, toujours pour parler de lui, à Par-delà Bien et Mal. Ou encore pour évoquer sa trajectoire de jeune philosophe rebelle, précocement et insurgé contre « les inégalités et les injustices » à son statut d’actuel baron du pouvoir, d’une forme de Généalogie de la morale ou d’une morale personnelle. Et on pourrait terminer par une note poétique, en forme d’inventaire final, et parler de lui et de son actualité récente comme le Crépuscule d’une ou des idoles ? Tout ceci est bien hypothétique. Et pour cause, le philosophe allemand n’est pas le premier qu’il cite quand on lui demande ses références même s’il n’arrive pas loin après. Il se présente surtout, à l’observer avec minutie, comme un homme curieux, érudit, vivant et joueur, un peu charmeur avec ses lunettes rondes sur visage lisse et barbe finement poivrée ; un témoin privilégié du demi-siècle passé, dans lequel, ses nombreuses casquettes lui ont permis de se rapprocher des épicentres politiques et intellectuels, et d’en approcher le graal et le rebut. Casquettes qui ont aussi cohabité, parfois en harmonie, souvent au prix de quelques contradictions si ce n’est plus.
La France, l’éternelle question
Direction d’abord, la Russie pour parler d’actualité. Quand El Hadj Hamidou Kassé accompagne le chef de l’Etat à Sotchi pour le premier sommet entre le continent et le pays de Vladimir Poutine, il participe à l’ouverture d’un nouveau chapitre diplomatique. Dans les mots du président, face à l’avalanche des commentaires sur l’opportunité ou non de voir encore l’Afrique comme continent se faire infantiliser, il s’agit de « diversifier » les partenaires. Kassé, son conseiller de tous les voyages et de tous les secrets, n’en dit pas plus, il est pragmatique et récite le catéchisme gouvernemental en la mesure : ainsi assure-t-il que « le partenariat [de l’Afrique] avec la Russie est aujourd’hui très faible, à peine un volume d’échange de $20 milliards. Le Sommet de Sotchi peut stimuler les échanges entre Etats et entre secteurs privés » Et puis la Russie présente un avantage non négligeable selon lui pour qui « il ne faut pas oublier que le transcendantal colonial est absent de cette histoire ». Il y a une ligne de crête à tenir. Face à ceux qui critiquent l’emprise encore trop grande de la France et la nécessité de décentrer ce rapport avec son relent colonial, il prône une rupture progressive sans satisfaire les instincts révolutionnaires. La position est mesurée, déterminée, mais se veut lucide. Pour lui qui connaît la place dakaroise, la critique contre la France fédère activistes et élites intellectuelles. S’il comprend cette « « coléreuse impatience », et concède une « lenteur », il l’inscrit dans le cours normal de la relation. Il enchaine avec un constat sur les rapports avec le colonisateur : « le décrochage a bien commencé avec la diversification des partenariats, l’émergence de nouvelles élites et de forces progressistes de part et d’autre. Je pense également que le décrochage ne signifie nullement la rupture avec la France. La France est un allié comme les Etats-Unis, la Chine, la Turquie, l’Inde ou encore la Russie. » El Hadj Hamidou Kassé en est convaincu « le relent colonial est fatalement voué à la péremption ». Il faut donc être patient.
Sur les propos des autres commentateurs qui fustigent l’infantilisation de l’Afrique, il retourne le stigmate : « c’est plutôt la peur de rencontrer l’autre qui relève de l’infantilisme ». Pour enfoncer le clou, il emprunte à Lénine sa phrase célèbre : « le gauchisme maladie infantile du socialisme. » Face aux autres commentaires sceptiques et moqueurs, il dégaine la politique de la responsabilité et du réalisme. Aux uns les avis, aux dirigeants comme lui, le devoir d’agir et de « saisir les opportunités ». A Sotchi donc, pour lui, l’objectif est clair. Ce n’est pas le procès de Poutine, ni celui par ricochet de la Françafrique : il s’agit seulement d’ouvrir l’éventail des partenaires, comme la Chine, la Turquie, entre autres. La tonalité du discours qu’il tient est presque rassurante, c’est la marque de fabrique du ministre conseiller qui aime le débat et qui considère que « le partage, c’est affronter le regard de l’autre, c’est accepter son objection, sa critique, voire sa violence ». Avec un ton doux mais sans concessions, un volontarisme dans la pédagogie sur l’action gouvernementale, les polémiques ne finissent jamais en hystérie avec lui. Il joue de ce sens de la mesure, peu fréquent sur la scène politique et son background intellectuel, son entregent et sa souplesse, lui permettent de glisser sur les sujets avec une langue très diplomatique, qui échappe toutefois aux éléments de langage de la langue de bois, mais pas à la nécessité d’éclaircir certains points.
Romance à risque avec le président
Si cette manière de faire a toujours plus ou moins fonctionné, l’été dernier a failli en sonner le glas. Première secousse dans sa complicité avec le président. En pleine tempête après la révélation de la BBC sur les contrats pétroliers qui épinglent le frère du président, Kassé sur TV5 en dit trop. Arguant la sincérité et la défense transparente, sa sortie qui enfonce un peu plus le frère du président, fait les choux gras de la presse. Pour un expert du discours et un adepte de la maîtrise, la langue pourtant policée dérape. Les conséquences s’en suivent sans ménagement. D’abord secrète, l’annonce de son départ du poste de ministre conseiller en communication est confirmée quelques jours après la sortie médiatique. Si tous les analystes y voient une sanction pour quelques largesses, l’intéressé recourt à une anecdote pour tordre le cou aux rumeurs sur sa mutation : il avait en effet été décidé qu’il serait changé de poste bien avant. Ministre, conseiller toujours auprès du président, mais des Arts et Culture. L’incident n’a fait qu’accélérer le processus de sa « migration choisie », sourit-il. Il prêche la bonne foi et dit avoir confié l’imminence de ce changement à quelques personnes. Après quelques semaines, le bruit a baissé. Les lendemains ont ravalé comme toujours les querelles de la veille, pour entamer les nouvelles et quotidiennes. Le remaniement conforte - à quel prix ? – sa place de choix aux côtés du président dont il reste un serviteur souvent au front.
Comment s’est-il trouvé au côté de ce président que la scène intellectuelle tenait en mépris tant ses idées ne paraissaient pas fulgurantes et son charisme pas stellaire ? C’est justement cet homme simple, batailleur, parti de très bras, que son conseiller aime. Il partageait tous les deux : la soif de connaissance. Du président devenu ami, il dit que « c’est un homme curieux de tout ». Il se montre même élogieux : « il est humble et respectueux. Il accepte que nous, ses conseillers, lui disions librement ce que nous pensons. C’est Spinoza qui dit que seuls les hommes libres sont reconnaissants les uns envers les autres ». Cette fibre le convainc de rejoindre l’ancien maire de Fatick pour qui il se dévoue, après une riche carrière de journaliste. Lui, l’intellectuel féru des boudoirs, des grandes idées, occupé par ses diverses passions, libère du temps et monte au front. Généreux avec les invitations, il défend le président à chaque occasion, n’hésite pas à endosser le mauvais rôle de l’avocat impopulaire quand le président emprisonne des opposants. Kassé récite le droit, appelle à dépassionner les débats. Pour lui, on doit au président « beaucoup d'avancées dans la modernisation de notre système démocratique. » Pour preuve, développe-t-il : « la dernière révision constitutionnelle recèle des acquis essentiels qui fortifient la démocratie avec des dispositions d'éternité relative à la matière électorale, le statut de l'opposition et de son chef, l'élargissement des pouvoirs de l'Assemblée nationale, entre autres ». Les opposants, dont Guy Marius Sagna, apprécieront. Le devoir de solidarité gouvernementale, mais encore plus, la proximité avec le chef de l’Etat impliquent-ils de piétiner des principes personnels ? Ça en a tout l’air. Mais une aptitude à rebondir lui empêche de faire le faux pas mortel de la compromission irrémissible. Bilan des courses, il est toujours dans le premier cercle du président, qu’il conseille maintenant sur les Arts et Culture. Il y retrouve un poste à sa mesure, un poste de curieux qui se déplace discrètement pour aller assister aux rendez-vous intellectuels, et qui capte les grands enjeux qu’il transmet au président.
Le compagnonnage avec Macky Sall lui permet de raffermir sa fidélité. Il est loquace et disponible. Au besoin, il recourt aux chiffres pour chanter le bilan du président. On le sent emphatique quand il dresse les listes des mérites et réalisations. Un chapelet long comme le bras qui attesterait de la réussite de son patron. « Nous avons créé plus de cinq cent mille emplois, non compris les emplois agricoles ». Pour Africacheck, site de vérifications, aucune preuve du chiffre avancé. L’avenir tranchera. Kassé cite à tout-va, les réalisations, chiffres à l’appui, du président Sall. Juste, tempère-t-il comme ce jour-là sur le plateau de Confluences, la nécessité de la patience car les réformes structurelles demandent du temps, et que le gouvernement auquel il appartient a entrepris des chantiers de longue haleine. Sans doute pourrait-on lui faire crédit de cette lucide appréhension du temps long dans la gestion politique. Toutefois, on pourrait aussi objecter que nombres de chantiers, dont le plus caricatural, celui du TER, ont justement vu des empressements coupables qui témoignent de l’appétence du pouvoir pour les publicités tapageuses et électoralistes. Dans cette grande coalition politique qui a permis la réélection de Macky Sall, faite de politiciens rôdés et d’opportunistes requalifiés en transhumants, Hamidou Kassé à une place à part. Un procès du « Mackysme » pourrait être très à charge - et à raison - qu’il pourrait personnellement, lui, y échapper, tant sa trajectoire, ses passions, sa manière d’être et de dire, l’immunisent contre les procès vite expédiés. Ces vaccins, contre la politique politicienne, il les a eus le long d’un parcours intéressant à relater.
La base des valeurs
C’est dans un petit village à Sinthiou Mogo, près de Matam, dans le Fouta, qu’il faut aller dans la demeure familiale pour saisir quelques éléments constitutifs de la nature du petit et brillant El hadj Hamidou Kassé. Dans ce Fouta fait de valeurs traditionnelles, la générosité et la bonhommie a comme tissé la toile d’une bienveillance mutuelle. A l’époque où il naît, Matam est une petite bourgade, « agréable, très urbanisée, chaleureuse et très commerciale ». La ville n’est pas encore région, et l’immigration de la vallée du fleuve Sénégal commence timidement vers l’occident. C’est là qu’il grandit avant de gagner la capitale après un détour par Saint-Louis le chef-lieu de la région du nord. Entre un père aimant, généreux, modèle de gens simples dont la demeure est ouverte pour tous. « Mon père voulait que je fasse plutôt des études coraniques pour devenir un grand marabout », rappelle-t-il. La zone est historiquement le lieu d’éclosion de grandes figures religieuses, le vœu du père s’y inscrit. Il y a aussi sa mère à l’humour bien trempé et un entourage bienveillant. Son père a pour lui des rêves religieux et l’école coranique lui charpentera une belle base avant qu’il ne s’inscrive plus tard à l’école dite française. Une base déjà faite d’une aptitude à toucher à tout et à développer une autonomie qu’il relate pas peu fier : « j’ai fait beaucoup de « métiers » : bijoutier, cordonnier, pêcheur, jardinier, lutteur et organisateur de petits combats de lutte, aide-commerçant aux côtés de ma mère, réparateur d’appareils divers, apprenti boucher auprès d’un homme originaire du Baol qui m’aimait beaucoup et qui s’appelle Saer Mbengue, potier, et quoi encore ! » De Matam, le jeune Kassé, brillant, saute des classes et ne tarde pas à gagner l’ancienne capitale et son lycée Charles De Gaulle, ensuite l’université de Dakar.
Il « envisage » d’abord de faire de la sociologie mais sera freiné dans son élan par des contraintes administratives. Rêve déçu. Il s’inscrit en philosophie et sera exaucé dans cette université bouillonnante où les grandes idées du monde viennent s’entrechoquer avec la période des indépendances. Les mentors sont nombreux. Mamoussé Diagne son « maître », grand bonhomme de la philosophie sur le continent, dirige ses travaux, rien que ça. Pour le jeune et énergique garçon, la curiosité sera la clé pour se hisser à un niveau d’érudition. Cette époque, il la connaît bien. L’idéologie qui séduit les jeunes et les intellectuels qui veulent s’émanciper du joug colonial, c’est le marxisme. Il consacre son mémoire de DEA à ce marxisme, dont il pointe les insuffisances. Déjà transgressif, avant même l’ensablement du communisme dans ses crimes et son extinction, le jeune philosophe « maoïste » a pressenti les contours de cet échec sur lequel sa parole actuelle pose des mots savants : « je soutenais, entre autres, que l’éclatement du marxisme en autant d’interprétations et le devenir critique des pays socialistes étaient des signes tangibles de la crise du marxisme dans la mesure où ces « pathologies » introduisaient une opacité référentielle irréversible. » Visionnaire Kassé ? On peut le penser. Avec Amady Aly Dieng, ce genre de remarque n’était pas bien vu à l’époque où le marxisme était une cathédrale sacrée. Cette lucidité lui créera quelques bisbilles avec des compagnons de lutte mais l’essentiel est ailleurs.
Un philosophe à l’affût
La suite de sa formation, il la fera en France, sous la houlette d’un grand professeur, encore considéré aujourd’hui comme le plus grand philosophe français vivant dont il suit en parallèle les cours après s’être officiellement inscrit en sciences sociales, sociologie et infocom. Alain Badiou, pour qui il garde encore une admiration, le conforte dans son choix pour la philosophie. Cette philosophie, il ne la regarde pas uniquement en lecteur passif, il s’implique. D’abord, sur l’existence d’une philosophie africaine, querelle ancienne depuis le livre de père Tempels (La philosophie bantoue), il est au cœur des premiers balbutiements de cette controverse, dont il se fait l’écho notamment avec cette anecdote : « j’avais fait un exposé exhaustif sur le livre du Révérend père Tempels, La philosophie bantoue. C’était en 1986. Le Pr Alassane Ndao, dont le cours portait sur la « pensée africaine », m’avait surnommé « Le Muntu » (l’homme en langues du groupe kongo) ». Sa conviction personnelle, il la rapproche de celle de Souleymane Bachir Diagne, autre mentor avec Paulain Houtondji dont il partage la vision qui postule « que la philosophie africaine, c’est juste l’ensemble des textes produits par les philosophes africains. Il vante la vertu de la traduction, de la circulation, le refus des assignations. L’universel horizontal que Bachir met en place le séduit, comme une voie médiane et sans concession pour célébrer le local et le global. Au niveau de la transmission de la philosophie, l’empreinte de Bachir est encore marquante. A la Fastef de Dakar (Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation) qui les forme, la philosophie étrenne encore son statut de discipline prestige, malgré les déficits de moyens. Kassé sait que les époques ne sont pas les mêmes mais se satisfait de voir les générations honorer cette matière carrefour, qui donne à la réflexion de l’épaisseur.
A le lire, on peut avoir l’impression, qu’il survole les sujets sans jamais en affronter les écueils. Un art du louvoiement et de l’esquive ? Peut-être, rien n’est moins sûr. C’est l’expression d’une certaine forme d’élégance et de distance, mais peut-on s’affranchir du réel ? Pour lui, que ses parents voulaient marabout, comment appréhender la scène religieuse sénégalaise ? La foi et la raison ? Il a bien préparé ses répliques. Elles ont toujours la même tonalité conciliatrice, qui rend les sujets complexes. « Notre modèle islamique est confrérique avec une longue tradition soufie ouverte et tolérante. Tout comme la religion chrétienne, l’islam au Sénégal est profondément ancré dans le tissu social qui est caractérisé par le brassage », dit-il en s’inscrivant dans la vulgate commune sur « l’exceptionnalité sénégalaise » que nombre de travaux pourtant, de Moriba Magassouba à Mar Fall, ont battu en brèche. Tout cela parce que le bonhomme a changé sans doute, il s’est assagi et satisfait sa figure de notable. De tout l’entretien, le regard sur le religieux est presque romantique. Circulez, il n’y a pas presque pas de problèmes. Il voit d’ailleurs des convergences entre foi et philosophie, en invoquant encore Badiou « les textes religieux peuvent être des points d’appui pour démontrer des énoncés. Je donne l’exemple du texte Badiou « Saint Paul. La fondation de l’universalisme » où il soumet les épitres de l’apôtre à une « exploitation » très rigoureuse. » Du feu follet Nietzschéen à la sagesse acquise avec les lectures et l’âge, il a eu le temps de sonder les abîmes auxquels conduisent les littéralismes. Il arbitre donc au-dessus de la mêlée, sans trahir une conviction potentiellement coupable de fâcher ses différentes affiliations ou attaches. Philosophe, c’est comme ça qu’il se définit d’abord. « Moi, je suis d’abord philosophe et je dois, en toutes circonstances, accepter le regard critique de l’autre, même si je m’impose des limites lorsque je sens une incompatibilité du fait de charges négatives qui obstruent toutes les lignes de communication. » Les principes énoncés, beaux et louables, ne sont pas toujours, exprimés par les actes politiques. Et la philosophie qu’il donne à voir est celle d’un mélange qui tente de s’échapper des dogmes, qui regarde le réel, qui ne fuit pas le politique. C’est justement ce qu’il regrette, que la vie intellectuelle ne soit plus véritablement complice de la vie politique. Il a une conviction « c'est aux intellectuels et universitaires d'investir le champ politique pour l'expérimentation de leurs conclusions conceptuelles et méthodologiques ». Tout un programme. S’il s’en désole, c’est très rapidement, car sa mission avec son nouveau poste c’est d’y veiller, de rapprocher les mondes et de les réenchanter. La promesse peut paraître illusoire tant on n’a pas pressenti depuis longtemps un semblant de politique nourrie par le champ universitaire et intellectuel mais l’espoir est là et les gages qu’il donne paraissent nourris de principes.
Le triumvirat avec la poésie, le journalisme et la peinture
C’est l’autre dilemme de la trajectoire de l’insaisissable monsieur Kassé. Journaliste, formé à Sud Hebdo, à son retour en France il ne tardera pas à intégrer un quotidien gouvernemental, Le Soleil. Le légendaire astre national, qui ne chatouille que très peu le pouvoir, et pour cause, le journal est comme un organe de service public, payé par l’Etat. Il doit veiller au disable et au vendable, même au risque de renier l’idéal libre du métier. El Hadj Hamidou Kassé, journaliste, a appartenu à la presse privée et à la presse publique, ses mots trahissent sa préférence même s’il ne renie rien. Il a été un « commis loyal » en dirigeant le journal. Il s’en tire même avec des pirouettes toniques « je ne pense pas qu’être commis de l’Etat soit moins valorisant qu’être commis du privé ». La liberté pour lui ? « Être libre, c’est être cohérent avec la logique de l’institution qu’on a accepté de servir ». La servitude volontaire de La Boétie ou le sens discret et sans vague de l’Etat ? Mais l’époque de l’intensité, de l’indépendance, c’est à Sud Hebdo. « J’ai été à Sud Communication qui est un groupe privé. C’est là que j’ai appris le journalisme avec des maîtres exceptionnels, aussi rigoureux que généreux. Mon petit livre « Misères de la presse » est d’ailleurs, en partie, une reconnaissance de dette ». Livre âpre et lucide sur la presse : prémonition non encore démentie. On ne peut s’empêcher, à prendre connaissance de sa trajectoire, de remarquer comme une forme sénégalaise du compromis et de paix élégante. Abdication des rêves réinventés à l’épreuve du réel, une forme de renonciation partielle à ses idéaux. Un homme qui paraît, hors de ses engagements, un modèle, un esprit, séduisant et affable mais qui une fois les mains dans les affaires, perd une partie de son crédit. L’action semble ainsi aliénatrice, tant elle oblige des hommes à priori bons à farfouiller parfois dans le non souhaitable. Si Kassé prône la cohérence, la critique elle ne peut manquer de lui faire voir que cette cohérence est sans doute surévaluée et des griefs serait légitimes tant il s’est rendu complice de pratiques du pouvoir tout sauf exemplaires.
Restera sans doute, une trace plus belle et plus impérissable, de ce dandy moderne sénégalais celle de la poésie et de la peinture. La première forgée depuis le jeune âge, passion de 40 ans qui a donné des livres (Les Mamelles de Thiendella, 1994), d’autres recueils et des projets en cours. La poésie comme amante et compagne au long cours qui se déprend de la vie et de ses urgences. L’écriture comme échappatoire ? Non c’est plus vital pour Kassé : l’écriture est une exploration libre de l’infini pour en tirer des mondes. La poésie est le vaisseau pour parcourir cet infini. Il goute l’ivresse douce de ce « versant très dandy, oui, parce que c’est un peu la joie de vivre visitée de temps en temps par l’angoisse, ce sont des rencontres très singulières, c’est le jazz, l’ivresse poétique, les marges, la solitude, en somme des personnages seuls, très seuls, très singuliers. J’étais moi-même jeune quand j’écrivais ce livre et je considérais la vie comme un long poème ». La deuxième, la peinture, découverte grâce à son cousin Kalidou Kassé, et qui a produit des tableaux à l’abstraction sublime.
Les catégories simples de l’échec et de la réussite, du bien et du mal, ne saurait résumer une telle trajectoire. Si El Hadj Hamidou Kassé a déçu un certains nombreux de personnes qui se sont détournés de lui après ses choix politiques, la détestation ou la déception ne semble pas souvent très farouche ; il s’est forgé tant de vies en si peu de temps, qu’il paraît impossible de le juger sur la seule scène politique. Il y a encore beaucoup de jeunes qui le sollicitent pour faire relire « des manuscrits » et sa science de la cordialité et de la courtoisie sur les réseaux sociaux, le rend encore sympathique pour bien de jeunes et moins jeunes. Se dresse en face de nous, l’homme, son discours, ses actes, ses passions, ses attaches, plusieurs cloisons reliées par une généreuses envie de partager. Ce goût de l’adversité et de la contradiction, en font sans doute un homme singulier, un homme d’art, un personnage presque littéraire et philosophique qui n’est pas sans nous rappeler, encore Nietzsche. On pourrait conclure en invoquant d’autre titres de livres : Ainsi parlait, exit Zarathoustra, El Hadj Hamidou Kassé. Ou encore Le cas Kassé. Ou revenir tout simplement à Par-delà bien et mal, comme le symbole de la condition humaine.
La hantise du camp présidentiel, de plus en plus impopulaire, de se disloquer, les pousse à reporter ces élections, qu’ils pourraient coupler avec les législatives, à la faveur d’une dissolution anticipée de l’Assemblée
La logique politique aurait voulu, qu’un pouvoir censé avoir été plébiscité, dès le premier tour de la dernière élection présidentielle, à hauteur de 58%, soit pressé de retourner aux urnes, pour remporter, tout aussi brillamment les élections municipales initialement prévues en juin dernier et reportées, une première fois, au mois de décembre 2019.
Curieusement, le moins qu’on puisse dire, avec ce nouveau report en Mars 2021, est que la coalition présidentielle ne semble pas du tout pressée, même en l’absence d’intempéries, d’organiser ces élections, qui pourtant, pourraient servir à clouer le bec à tous ces opposants sceptiques sur les performances électorales du pouvoir APR – BENNO.
En tout cas, le plébiscite à la dernière présidentielle, patiemment concocté, reposant sur diverses combines politiciennes (élimination d’adversaires politiques, parrainage citoyen, fichier électoral tronqué, corruption électorale, martèlement médiatique, dépenses somptuaires...) a eu paradoxalement comme résultat, une réduction drastique de la marge de manœuvre d’un pouvoir essoufflé, qui a tôt fait d’appeler au dialogue.
Il est vrai, que la détérioration indiscutable de la situation économique et les exigences des officines financières internationales, ont mis au-devant de la scène la nécessité de la décrispation et de la pacification du climat sociopolitique. Il s’y ajoute la pression de forces sociales diverses, particulièrement celle de la classe maraboutique, qui a conduit aux retrouvailles de Massalikul Djinane et à la grâce du maire Khalifa Sall.
Il est clair, cependant, que la coalition Benno Bokk Yakaar, dont l’horizon politique, depuis 2012, se limitait à l’obtention d’un second mandat, est dorénavant obligé de se réajuster, si elle veut survivre politiquement.
Jusque-là, le président de l’APR, avait relégué au second plan, derrière un épais nuage de propagande mensongère (PSE, CMU, BSF...), des questions aussi essentielles que le développement socio-économique de la Nation, la structuration de son parti et la coordination de sa Coalition.
Tant et si bien que la pseudo-victoire à la dernière présidentielle résulte davantage de la superposition de prouesses électorales cloisonnées, obtenues par la fraude et la corruption, que d’une dynamique globale autour de visions et de programmes, encore moins de convergences idéologiques.
Au total, Benno Bokk Yakaar est devenu, encore plus qu’auparavant, un conglomérat hétéroclite sans aucune cohésion politique, ce qui constitue une des pires prémisses pour la participation à des élections locales, sur lesquelles les appareils centraux des partis ont le moins de contrôle. On risque, en effet, d’assister, encore une fois, à une démultiplication des listes issues du camp présidentiel, annonciatrice de défaites électorales inéluctables, qui pourraient constituer le chant de cygne d’un régime en fin de cycle.
Déjà, des remous se font jour au sein de l’APR, avec des protestations véhémentes de militants originels estimant être laissés en rade, au moment où on fait la part belle à des transhumants de la vingt-cinquième heure. On note des bisbilles entre les candidats potentiels de la majorité présidentielle aspirant à diriger les mêmes collectivités territoriales, d’autant que l’unité de façade au sommet est loin de refléter la rivalité féroce des responsables locaux de Benno, à la base, issus de partis différents.
On comprend, dès lors, les lenteurs observées dans le déroulement du dialogue politique et le sabotage programmé du dialogue national, toujours au point mort.
En réalité, en appelant au dialogue, le président Macky Sall, loin d’être motivé par la quête de véritables solutions à la crise sociopolitique manifeste, dans laquelle sa politique a plongé notre pays, cherche plutôt à stabiliser son pouvoir vacillant, en usant d’une double stratégie.
Il s’agit d’abord, de s’ouvrir à de nouvelles forces de l’opposition, dont certaines se caractérisent, soit par leur bienveillance aussi subite que suspecte à son endroit, soit par leur naïveté affligeante, tout en tentant d’isoler les pôles les plus intransigeants.
Il y a également cette volonté de mettre au pas aussi bien les militants de l’APR, privés de leurs droits à une expression libre et sans entrave que ses alliés aussi gloutons que dociles, en les dissuadant, par tous les moyens, de s’émanciper du giron présidentiel, comme on l’a vu avec les récentes nominations de militants socialistes.
C’est cette hantise du camp présidentiel, de plus en plus impopulaire, de se disloquer et de perdre le pouvoir, qui les pousse à reporter les élections municipales, qu’ils pourraient, le cas échéant, coupler avec les législatives, à la faveur d’une dissolution anticipée de l’Assemblée Nationale.
En cas de besoin, certaines personnalités du pouvoir n’excluraient même pas – comme nous le constatons dans des pays voisins - l’hypothèse d’un troisième mandat illégal et anticonstitutionnel pour leur mentor, seul apte à gérer la mosaïque maffieuse, qui nous gouverne actuellement.
Malheureusement, l’opposition politique perd de vue les enjeux de pouvoir, privilégiant fondamentalement sa fonction de lanceur d’alerte et se laissant divertir par des procédures judiciaires aussi stériles qu’improductives dans un régime de gangsters et de prédateurs.
Ce faisant, les différents pôles d’opposition sous-estiment les tâches de rassemblement et de mobilisation populaire autour de programmes portant sur les droits aussi bien politiques que socio-économiques des citoyens de notre pays.
C’est pourtant la seule voie pour leur faire reprendre l’initiative face à Macky Sall.
MACKY FREINE SERIGNE MBAYE THIAM
C’est en plein conseil des ministres que le chef de l’Etat a demandé au ministre Serigne Mbaye Thiam de suspendre le projet de confier la gestion de l’hydraulique rurale à la Sde.
Ejectée de la gestion de l’hydraulique urbaine par l’Etat qui a signé un nouveau contrat d’affermage avec Suez, la Sénégalaise des Eaux (SDE) devait hériter, en guise de consolation de la gestion de l’hydraulique rurale à la suite d’un accord avec l’Office des Forages Ruraux (Ofor). Mais la levée de boucliers des régions du Sud et du nord a vite fait réagir le chef de l’Etat qui a freiné net le ministre Serigne Mbaye Thiam.
C’est en plein conseil des ministres que le chef de l’Etat a demandé au ministre Serigne Mbaye Thiam de suspendre le projet de confier la gestion de l’hydraulique rurale à la Sde. D’après des sources de «L’As», si Macky Sall a pris cette décision, c’est que la vague de protestation allait crescendo et s’est fait sentir jusqu’au Palais de la République.
En effet, l’Etat via l’Ofor (la société de patrimoine) avait paraphé un accord avec la Sénégalaise Des Eaux (Sde) récemment écartée de manière controversée de la gestion de l’eau en milieu urbain au profit du géant français Suez, luimême accusé d’avoir soudoyé l’ancien ministre Mansour Faye. La société dirigée par Abdoul Baal devait dès lors se consoler de la gestion de l’hydraulique rurale jusque-là entre les mains d’Associations d’Usagers des Forages (Asufor) peu orthodoxes en matière de gestion des fonds générés par les forages ruraux.
La pilule est passée en douce dans certaines régions notamment à Tambacounda, Fatick etc, mais ce ne fut pas le cas pour le Fouta, Diourbel et la Casamance. Dans ces régions, les populations ont vigoureusement rejeté le projet arguant qu’elles ne peuvent accepter que leur bien soit géré par l’Etat.
En réalité dans certaines zones, notamment au Fouta et en Casamance, beaucoup de ses infrastructures ont été installées soit par des mécènes ou par des associations d’immigrés. Toutefois, la maintenance est assurée par la Direction de l’Hydraulique rurale via sa direction de l’équipement et de la maintenance, toutes deux phagocytées par l’Ofor qui est la société patrimoine, le pendant de la Sones en milieu urbain.
En fait, le chef de l’Etat ayant compris leurs récriminations a demandé au ministre de se limiter aux régions acquises et de laisser aux autres récalcitrants le choix de rejoindre ou non ce projet qui mettrait de l’ordre dans la gestion des forages ruraux.